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Full text of "Reconnaissance au Maroc, 1883-1884 : ouvrage illustré de 4 photogravures et 101 dessins d'après les croquis de l'auteur"

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- 


RECONNAISSANCE 


A(J 

M  A  R  O  C 


TYPOGRAPHIE  FIRMIN-R1DOT.  —  MESNIL  (EURE). 


Digitized  by  the  Internet  Archive 
in  2019  with  funding  from 
Getty  Research  Institute 


https://archive.org/details/reconnaissanceaufouc 


TIKIRT._  DEMEURE  DU  CHIKH. 


VICOMTE  CM.  DE  FOÜCAUED. 


RECONNAISSANCE 

A  I 

MAROC 

1883-1884 


OUVRAGE  ILLUSTRÉ  DE  4  PHOTOGRAVURES  ET  DE  101  DESSINS 
D’APRES  LES  CROQUIS  DE  L'AUTEUR 


TEXTE 


DAMS 


GH  ALLAMEL  IC  T  G  1  '  ,  É  D  I  T  E  U  R  8 

I.lISliAlHIK  COLONIALE 
O,  lui  K  JACOB,  ET  HUE  FURSTENBEKG,  2 


1  888 


Au  moment  de  livrer  au  lecteur  le  récit  de  mon  voyage,  lorsque  les  événements 
qui  l’ont  rempli,  les  travaux  qui  l’ont  accompagné,  passent  ensemble  devant  mes 
yeux,  que  de  noms,  que  de  choses,  que  de  sensations  montent  en  foule  à  mon  es¬ 
prit!  Parmi  les  souvenirs,  ceux-ci  agréables,  ceux-là  pénibles,  que  cet  instant  évoque, 
il  en  est  un  d’une  douceur  infinie,  un  devant  lequel  tous  les  autres  s’effacent.  C’est  le 
souvenir  des  hommes  en  qui  j’ai  trouvé  bienveillance,  amitié,  sympathie,  de  ceux 
qui  m’ont  encouragé,  protégé,  aidé,  dans  la  préparation  de  mon  voyage,  dans 
son  accomplissement,  dans  les  occupations  qui  l’ont  suivi.  Les  uns  sont  Français,  les 
autres  Marocains;  il  en  est  de  chrétiens,  il  en  est  de  musulmans.  Qu’ils  me  permettent 
de  les  unir  en  un  seul  groupe  pour  les  remercier  tous  ensemble  et  les  assurer  d’une 
gratitude  trop  vive  pour  que  je  puisse  l’exprimer  comme  je  la  sens. 

Que  celui  dont  les  savantes  leçons  ont  préparé  mon  voyage,  dont  les  conseils  l’ont 
dirigé,  dont  la  prudence  en  a  organisé  l’exécution,  que  M.  O  Mac  Cartliy,  président 
de  la  Société  de  Géographie  d’Alger,  protecteur-né  de  quiconque  travaille  pour  la 
science  ou  pour  la  grandeur  de  notre  colonie,  reçoive  le  premier  l’hommage  de  ma 
profonde  reconnaissance. 

MM.  Maunoir  et  Duveyrier  m’ont  encouragé  avant  mon  départ,  accueilli  à  mon 
retour.  Je  leur  dois  la  brillante  distinction  qu’à  peine  revenu,  me  décernait  la  Société 
de  Géographie  de  Paris.  Je  ne  saurais  assez  les  remercier  de  leur  bienveillance. 

Hadj  Bou  Rhim,  Bel  Qasem  el  Hamouzi,  qui  m’avez,  au  risque  de  vos  jours,  pro¬ 
tégé  dans  le  danger,  vous  à  qui  je  dois  la  vie,  vous  dont  le  souvenir  lointain  me 

a 


UECONNAlSSVNCi:  AU  M  Ut  OC. 


VI 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


remplit  d’émotion  et  de  tristesse,  où  êtes-vous  à  cette  heure?  Vivez-vous  encore?  Vous 
reverrai -je  jamais?  Comment  vous  exprimer  ma  reconnaissance  et  mon  regret  de  ne 
pouvoir  vous  la  prouver? 

Enfin  que  tous  ceux  que  je  ne  mentionne  pas,  non  par  oubli,  mais  parce  que  leur 
liste  serait  trop  longue,  reçoivent  l’hommage  de  toute  ma  gratitude. 

Vle  Cn.  de  FOUCAULD. 


Paris,  octobre  1887. 


RAPPORT 


* 


FAIT  A  LA  SOCIÉTÉ  DE  GÉOGRAPHIE  DE  PARIS, 

DANS  LA  SÉANCE  GÉNÉRALE  DU  24  AVRIL  1885, 

TAU 

M.  HENRI  DUVEYRIER, 

SUR  LE  VOYAGE 

DE  M.  LE  VICOMTE  CHARLES  DE  FOUCAULD  AU  MAROC. 


Il  est  un  Etat,  limitrophe  d’un  département  français,  où  le  voyageur  européen  en  général ,  et  le  voya¬ 
geur  français  en  particulier,  n’a  jamais  été  très  bien  vu.  Cet  État  est  le  Maroc.  Nos  cartes  et  nos  ma¬ 
nuels  de  géographie  nous  montrent  bien  un  vaste  territoire  qu’ils  attribuent  comme  domaine  au  sultan 
du  Maroc.  Les  géographes  européens  ont  cherché  ainsi  l’expression  la  plus  simple  pour  rendre  un  état 
de  choses  incertain,  variable,  embrouillé;  sans  s’en  douter,  ils  ont  été  depuis  cent  et  tant  d’années  les 
complices  d’une  fiction.  Car  le  sultan  du  Maghreb,  cet  empereur  d’Occident  des  musulmans,  n’est  pas, 
beaucoup  près,  le  souverain  temporel  de  tout  le  pays  marqué  à  sa  couleur  sur  nos  atlas.  Prenons-nous, 
au  contraire,  sa  souveraineté  sous  le  jour  du  spirituel ,  alors  non  seulement  les  cartes  ont  raison,  mais 
il  faudrait  tellement  élargir  les  limites  de  son  diocèse  que  personne,  ni  à  Paris  ni  à  Constantinople  ,  ne 
consentira  à  reconnaître  que  le  sultan  du  Maroc  peut  juger  comme  d’abus  sur  un  mandement  pastoral 
ou  sur  une  décision  juridique  rendus  à  Alger,  à  Tunis,  à  Tripoli  ou  à  Ben-Ghâzi,  villes  dont  il  est  pour¬ 
tant  juge  suprême  et  le  pape,  et  où  la  logique  voudrait  que  l'imam  de  chaque  mosquée  ,  lors  du  service 
public  du  vendredi,  appelât  les  bénédictions  du  ciel  non  pas  sur  le  président  de  la  République  française 
ou  sur  le  padichàh  de  Constantinople,  mais  bien  sur  le  sultan  du  Maroc,  qui  est  en  même  temps  le 
grand  imàm  de  tous  les  musulmans  mâlekites. 

Mais  le  Maroc  d’aujourd'hui  n’est  plus,  à  beaucoup  près,  celui  d'il  y  a  deux  cent  cinquante  ans,  alors 
que  (de  1590  à  1660  environ)  le  souverain  de  Fàs  envoyait  ses  armées  et  dictait  sa  loi  jusque  sur  les 
rives  du  Niger  et  dans  le  Bâguena  et  le  Tagânt,  au  nord  et  assez  près  du  Sénégal.  Cette  ère-là  s'est  éva¬ 
nouie,  et  quiconque  connaît  bien  la  situation  actuelle  du  Maroc  ne  comprendra  pas  le  rêve  de  son  gouver¬ 
nement  qui  songerait  maintenant  à  faire  valoir  ses  droits  périmés  sur  Timbouktou  et  sur  Djinni.  Sans 
être  resté  indifférent  au  progrès  ni  insensible  aux  événements  ,  l'héritier  des  souverains  de  Fàs  ,  à  la  lin 
du  xixe  siècle,  est  dominé  par  une  situation,  la  résultante  d’un  long  passé;  et,  tandis  que  chez  nous  le 
chef  de  l’État  sait  bien  qu’il  commande  non  seulement  aux  préfets  de  nos  quatre-vingt-dix  départements , 
mais  aux  gouverneurs  de  notre  Inde,  de  la  Cochinchine,  du  Sénégal,  de  nos  Antilles,  etc..  Sa  Majesté 
chérifienne  est  parfois  forcée  de  faire  parler  la  poudre  quand  elle  veut  prélever  l’impôt,  et  cela  jusque 
dans  des  cantons  qui  sont  visibles,  sans  télescope,  de  l'une  quelconque  de  ses  capitales. 


VIII 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


A  côté  de  provinces  ou  de  banlieues  réellement  soumises  à  l’administration  du  sultan,  quelquefois 
même  enclavées  dans  ces  provinces,  qui  forment  le  beled  el  makhzen,  ou  «  pays  des  bureaux  »,  on  trouve 
des  territoires  aussi  sevrés  des  bienfaits  de  la  bureaucratie  marocaine  que  sont  le  Transvaal  ou  la  répu¬ 
blique  d’Andorre. 

Dans  un  Étal  comme  celui-là,  inutile  de  parler  d’ordre  et  de  sécurité. 

C’est  là  pourtant  qu’un  jeune  Français,  M.  le  vicomte  de  Foucauld,  soucieux  de  nous  révéler  ce 
qui  touche  à  nos  portes,  avait  résolu  de  faire  un  voyage  d’exploration.  11  l’a  accompli,  sans  l’aide  du 
gouvernement,  à  ses  frais,  et  en  faisant  avec  le  sacrifice  de  son  avenir  dans  la  carrière  militaire  un  autre 
sacrifice  plus  grand  encore,  si  possible.  11  s’est  résigné  à  voyager  sous  le  travestissement  du  juif,  au  mi¬ 
lieu  de  populations  qui  considèrent  le  juif  comme  un  être  utile,  mais  inférieur.  Prenant  bravement  ce 
rôle,  il  a  fait  abnégation  absolue  de  son  bien-être,  et  c’est  sans  tente,  sans  lit,  presque  sans  bagages, 
qu’il  a  travaillé  pendant  onze  mois  chez  des  peuples  qui ,  ayant  plus  d’une  fois  démasqué  l’acteur,  l’ont, 
à  deux  ou  trois  reprises,  placé  en  face  du  châtiment  qu’il  méritait,  c’est-à-dire  de  la  mort. 

Nous  avions  déjà  vu  un  étudiant  musulman,  René  Caillié,  et  deux  derviches  musulmans,  Richard 
Burton  et  Arminius  Vambéry,  faire  de  très  beaux  voyages  d’exploration;  leurs  cartes  pourtant  prêtaient 
à  la  discussion,  parce  qu’un  faux  étudiant  ou  un  faux  derviche  musulman  doit  rester  fidèle  à  son  rôle 
sous  peine  d’expier  de  sa  vie  un  écart,  un  simple  oubli...  Le  voile  qui  abrite  le  juif  pendant  sa  prière 
a  servi  à  cacher  le  baromètre  et  le  sextant  de  M.  de  Foucauld!  C’est  un  véritable  miracle  qu’il  ait  pu 
rencontrer  partout  et  toujours  des  caravaniers  aussi  complaisants  ou  aussi  indifférents  !  Mais  le  fait  est 
qu’il  vient  placer  sous  nos  yeux  des  itinéraires  et  des  observations  astronomiques  exécutés  d'après  les 
principes  enseignés  à  l’Ecole  de  guerre. 

Ajoutons  tout  de  suite  que  le  rabbin  Mardokhaï  Abî  Souroùr,  celui-là  même  dont  vous  connaissez  déjà 
l’histoire  et  les  travaux,  a  été  le  compagnon  constant  du  vicomte  de  Foucauld.  Cette  association,  qui 
dans  l’espèce  était  un  passe-partout  nécessaire,  a  coûté  à  l’explorateur  bien  autre  chose  que  les  270  francs 
dégagés  mensuels  convenus  ;  les  défauts  de  caractère  prennent  des  proportions  inouïes  quand  on  se 
trouve  dans  l’isolement,  et  vous  permettrez  à  votre  rapporteur  de  déclarer,  à  la  louange  de  M.de  Fou¬ 
cauld,  expérience  faite  en  Seine-et-Oise,  que  le  rabbin  Mardochée  n’est  pas  toujours  un  auxiliaire 
agréable  et  commode. 

Voilà  donc  le  voyageur  dans  son  bien  humble  équipage.  Voyons  maintenant  où  en  était  la  connais¬ 
sance  géographique  du  Maroc  au  moment  où  il  commençait  son  exploration.  En  1845,  un  géographe 
aussi  savant  que  consciencieux,  M.  Émilien  Renou,  avait  donné  une  première  carte  générale  du  Maroc, 
au  1/2,000,000%  qui  a  encore  sa  valeur  aujourd’hui;  trois  ans  plus  tard,  le  capitaine  Beaudoin,  dispo¬ 
sant  de  renseignements  nouveaux,  refaisait,  pour  le  Dépôt  de  la  guerre,  le  même  travail  à  l’échelle  du 
1/1, 500, 000e.  Utilisant  tous  les  documents  et  tous  les  renseignements  qu’ils  avaient  pu  se  procurer,  ces 
deux  géographes  français  avaient  livré  les  modèles  de  toutes  les  cartes  générales  qui  ont  été  publiées 
pendant  les  trente-cinq  années  suivantes.  Mais  le  nombre  des  itinéraires  et  des  déterminations  de  posi¬ 
tions  s’est  accru  entre  temps,  et  le  20  juin  1883,  quand  M.  le  vicomte  de  Foucauld  commençait  à  Tanger 
son  voyage  d  exploration,  les  cartographes  avaient  à  leur  disposition  12  208  kilomètres  d’itinéraires  ja¬ 
lonnés  de  bien  rares  déterminations  de  latitude  et  de  déterminations  de  longitude  plus  rares  encore;  on 
n’avait  fait  de  géographie  astronomique  que  sur  une  vingtaine  de  points  dans  l’intérieur  de  l’empire. 
Ajoutons  qu’ici  la  France  ne  s’était  laissé  distancer  par  personne  et  que,  des  vingt  el  un  auteurs  d’i¬ 
tinéraires  au  Maroc,  seize  étaient  des  Français  ;  que,  sur  le  nombre  des  kilomètres  levés,  9232  l’avaient 
été  tant  par  nos  propres  compatriotes  que  par  deux  étrangers  patronnés  et  subventionnés  par  le  gou¬ 
vernement  français  (Badia  y  Leblich)  ou  par  la  Société  de  géographie  de  Paris  (Mardochée). 

En  onze  mois,  du  20  juin  au  23  mai  1884,  un  seul  homme  ,  M.  le  vicomte  de  Foucauld,  a  doublé  pour 
le  moins  la  longueur  des  itinéraires  soigneusement  levés  au  Maroc.  Il  a  repris,  en  les  perfectionnant, 
089  kilomètres  des  travaux  de  ses  devanciers,  et  il  y  a  ajouté  2230  kilomètres  nouveaux.  Pour  ce  qui  est 


RAPPORT  FAIT  A  LA  SOCIETE  DF  GEOGRAPHIE  DE  PARIS. 


i\ 


de  la  géographie  astronomique,  il  a  déterminé  quarante-cinq  longitudes  et  quarante  latitudes;  et,  là  où 
nous  ne  possédions  que  des  altitudes  se  chiffrant  par  quelques  dizaines,  il  nous  en  apporte  trois  mille. 
C’est  vraiment,  vous  le  comprenez,  une  ère  nouvelle  qui  s’ouvre,  grâce  à  M.  de  Foucauld,  dans  la  con¬ 
naissance  géographique  du  Maroc,  et  on  ne  sait  ce  qu’il  faut  le  plus  admirer,  ou  de  ces  résultats  si 
beaux  et  si  utiles,  ou  du  dévouement,  du  courage  et  de  l’abnégation  ascétique  grâce  auxquels  ce  jeune 
officier  français  les  a  obtenus. 

Jetons  un  coup  d’œil  rapide  sur  ces  résultats,  en  envisageant  séparément  les  travaux  de  M.  de  Foucauld 
au  nord  de  la  chaîne  de  l’Atlas,  puis  ceux  qu’il  a  faits  dans  l’Atlas  même,  et,  enfin  ce  qu'il  ajoute  à  notre 
connaissance  des  contrées  au  sud  de  cette  chaîne. 

Partant  de  Tanger  le  20  juin  1883,  il  fait  d’abord  une  pointe,  par  Tétouàn,  au  sud-ouest,  jusqu’  à 
Chichawân,  où  commence  le  territoire  des  Berbères  indépendants  du  Rîf,  populations  guerrières  dont 
les  tendances  fanatiques  sont  excitées,  ici  dans  l’ouest  du  pays,  par  les  chorfà  (pl.  de  cherîf)  marocains. 
11  est  là,  déjà  à  60  kilomètres  de  Tétouàn,  sur  un  terrain  nouveau  pour  la  géographie.  Le  projet  de 
M.  de  Foucauld  d’atteindre  Fàs  directement  en  partant  de  Chichawân,  et  en  levant  un  itinéraire  des  plus 
précieux,  échoue  devant  l’impossibilité  même  pour  les  indigènes  musulmans  de  traverser  les  territoires 
de  tribus  pillardes  indépendantes,  les  Ghezâwa,  les  Beni-Hamed  et  les  Rehôma.  Il  revient  à  Tétouàn  et 
relie  directement  cette  ville  à  El  Qaçar  El-Kebîr  par  un  chemin  nouveau,  traversant  un  pays  dont  la  po¬ 
pulation  nomade,  de  race  arabe,  est  assez  dense. 

De  là  à  Fàs  et  à  Sefero,  il  ne  fait  que  compléter  les  observations  topographiques  de  scs  devanciers. 

11  y  a  de  cela  quatre  ans,  un  officier  anglais,  le  capitaine  Colville,  accompagné  de  sa  jeune  et  coura¬ 
geuse  épouse,  faisait  le  voyage  de  Fàs  à  Oudjeda  et  rapportait  le  premier  itinéraire  détaillé  fait  dans  cette 
partie  du  Maroc  qui  touche  à  l’Algérie ,  car  son  prédécesseur,  le  célèbre  Espagnol  Badia  y  Leblich,  s’était 
appliqué  principalement  aux  déterminations  astronomiques.  A  son  tour,  M.  de  Foucauld  s’enfonce  dans 
le  dangereux  pays  à  l’est  de  Fàs,  et  il  trace  jusqu’à Tâza  deux  itinéraires  qui  fixent  pour  la  première  fois 
la  configuration  du  cours  et  du  bassin  de  l'Ouàd  Jennawen.  Sans  doute  le  voyageur  voudra  bien  vous 
communiquer  lui-même  les  observations  qu’il  a  faites  dans  cette  contrée ,  où  les  tribus  arabes  des  Ghiâta 
et  même  des  Hiyaïna  ne  laissent  guère  d’autre  liberté  au  représentant  du  sultan ,  le  gouverneur  de  Tâza , 
que  celle  de  végéter  prisonnier  dans  sa  citadelle. 

Mentionnons  pour  mémoire  le  trajet  de  Fàs  à  Meknâs  (Méquinez),  route  tant  de  fois  parcourue  qu’à 
peine  un  explorateur  aussi  sérieux  pouvait-il  y  compléter  les  notions  acquises. 

Mais  à  Meknâs  précisément  commence  une  des  parties  les  plus  nouvelles  et  les  plus  intéressantes  du 
voyage  de  M.  de  Foucauld  ;  de  là  jusqu’à  près  de  cinq  degrés  plus  au  sud ,  son  itinéraire  est  à  proprement 
parler  celui  d’un  voyage  de  découverte  dans  la  province  de  Tâdela  (ici  déjà  l’expression  administrative 
est  illusoire),  et  plus  au  sud,  dans  R  territoire  parfaitement  indépendant  des  Berbères.  Pour  rester  fidèle 
à  notre  programme,  nous  considérerons  maintenant  le  pays  jusqu’à  Qaçba  Beni-Mellâl  (aussi  nommée 
Qaçba-Bel-Kouch) ,  où  commencent  les  premiers  plis  du  soulèvement  de  l’Atlas.  Il  se  présente  d’abord 
avec  une  surface  accidentée,  puis  il  devient  montagneux  et  ici  les  montagnes  sont  boisées.  A  20  kilomè¬ 
tres  de  Boû-El-Dja’d,  le  voyageur  entre  dans  la  plaine  pierreuse  et  aride  de  Tâdela,  qui  s’étend  au  sud, 
montrant  des  signes  de  fertilité  quand  on  se  rapproche  de  l’Ouàd  Ou  mm  Er-Rebîa’,  sur  lequel  est  bâtie  la 
Qaçba  de  Tâdela,  à  l’intérieur  des  murs  de  laquelle  le  sultan  est  obéi  par  un  qâïd  si  désœuvré,  par  suite 
de  l’insoumission  de  ses  prétendus  administrés,  qu’il  passe  ses  journées  à  réciter  son  chapelet.  Entre 
la  Qaçba  de  Tâdela  et  la  Qaçba  Bel  Koûch,  ou  Qabça  Béni  Mellâl ,  bâtie  au  pied  d’une  première  chaîne 
dépendant  de  l’Atlas,  on  passe  dans  un  pays  bien  arrosé  ,  couvert  de  cultures,  de  jardins  et  de  villages. 
—  Toute  cette  partie  du  voyage  est  entièrement  nouvelle. 

Beaucoup  plus  à  l’est,  au  retour,  en  rentrant  en  Algérie,  M.  de  Foucauld  a  relevé,  entre  Dcbdou  et 
Oudjeda,  une  autre  partie  de  la  même  zone  naturelle. 

Nous  arrivons  à  l’Adràr-n-Deren ,  à  la  chaîne  du  seul  véritable  grand  Atlas,  et  à  scs  contreforts.  Qui- 


X 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


conque  a  jelé  une  fois  seulement  les  yeux  sur  la  carte  d’Afrique  a  vu  son  attention  éveillée  par  les  forts 
coups  d’estompe  qui  y  accusent  avec  fermeté  la  chaîne  de  l'Atlas.  Pour  qui  n’est  pas  bien  au  courant  de 
l’histoire  moderne  de  la  géographie,  la  sûreté  du  dessin  rassure  l’esprit,  et  on  se  croit  là  en  terrain  à 
peu  près  sinon  complètement  connu.  Il  n'en  est  pourtant  rien.  De  l'Iguir  Oufrâni,  du  cap  Cuir  de  nos 
cartes,  à  la  frontière  de  l'Algérie,  le  soulèvement  du  grand  Atlas  mesure,  vous  le  savez,  une  longueur 
de  700  kilomètres.  Eh  bien ,  sur  ce  long  développement  de  la  chaîne  ,  les  itinéraires  de  tous  les  voyageurs 
européens  n’avaient  encore  traversé  et  lixé  que  quatre  cols,  en  comprenant  le  col  qui  touche  au  rivage  de 
l'Océan  :  Tizînt  El-Rioût,  Tagherot,  Onq  El-Djemel  et  le  col  sur  l’Iguir  Oufrâni  (cap  Cuir).  Après  René 
Caillié  et  Gérard  ltohlfs ,  M.  le  vicomte  de  Foucauld,  lui  aussi,  a  passé  par  le  Tizînt  El-Rioût;  il  est  le 
premier  explorateur  qui  ait  franchi  et  mesuré  le  Tîzi-n-Guelâwi ,  à  l’est-sud-est  de  Merâkech.  Ses  obser¬ 
vations  du  baromètre  nous  apportent  donc  les  altitudes  de  deux  cols  dans  T  arête  maîtresse  de  l’Atlas; 
ces  chiffres  sont  les  premiers  que  nous  possédions  ,  ni  ltohlfs  ni  Lenz,  qui  avaient  pourtant  des  baromè¬ 
tres,  n’ayant  fait  d’observations  sur  les  points  culminants  de  leurs  deux  itinéraires  dans  le  Maroc.  De 
plus,  sur  une  longueur  de  300  kilomètres  au  moins,  les  itinéraires  de  M.  le  vicomte  de  Foucauld  passent 
à  une  distance  de  l’Atlas  qui  permettait  de  déterminer  sur  la  carte  la  direction  de  la  chaîne. 

Mais  à  50  kilomètres  dans  le  nord ,  à  150  et  à  200  kilomètres  dans  le  sud ,  cette  arête  maîtresse  est  flan¬ 
quée  de  chaînes  parallèles  dont  le  tracé  sur  la  carte  de  M.  de  Foucauld  est  toute  une  révélation.  Malgré  le 
soin  apporté  par  les  géographes  les  plus  habiles,  aucun  d’eux  jusqu'ici  n'avait  trouvé  dans  les  observa¬ 
tions  et  les  renseignements  des  voyageurs  assez  de  données  pour  débrouiller  ce  qui  était  resté  souvent 
un  chaos,  un  enchevêtrement  presque  fantastique  de  sierras  anastomosées.  M.  de  Foucauld  rectifie 
et  simplifie  tout  cela  d’après  ce  qu'il  a  vu  et  observé,  et  les  géographes  ne  seront  peut-être  pas  seuls  à 
s'en  réjouir,  les  géologues,  eux  aussi,  en  éprouveront  de  la  satisfaction.  Au  nord  de  l'Atlas,  court,  nous  le 
savons  maintenant,  une  chaîne  de  300  kilomètres,  qui  prend  les  noms  de  Djebel  Ait  Seri  et  de  Djebel  Béni 
Ouaghaïn;  au  sud,  c’est  d’abord  le  petit  Atlas,  l’Anti-Atlas  de  la  carte  de  Lenz,  avec  son  prolongement 
oriental,  le  Djebel  Sagherou,  et  enfin,  encore  plus  au  sud,  le  Djebel  Banî,  dont  le  rabbin  Mardochée 
nous  avait  appris  le  nom,  et  que  Lenz  a  coupé  sans  s’inquiéter  de  ce  nom. 

Votre  rapporteur  devine  que  vous  voudriez  bien  entendre  aujourd’hui  autre  chose  que  le  résumé  aride 
des  découvertes  purement  géographiques  de  M.  de  Foucauld  ,  que  l’état  des  populations  au  sein  desquelles 
il  a  voyagé  vous  intéresse  aussi,  car  l’homme  se  préoccupe  toujours  d’abord  de  son  semblable.  Sur  ce 
point,  la  moisson  de  M.  de  Foucauld  est  extrêmement  riche;  mais  mieux  vaut  lui  laisser,  à  lui  qui  a 
vu ,  qui  a  senti ,  qui  a  souffert,  l’honneur  de  satisfaire  votre  légitime  curiosité.  A  lui  donc  ,  dans  une  autre 
séance,  de  vous  peindre  les  mœurs  et  la  politique  des  Imazighen,  de  ces  montagnards  berbères  de  l’At¬ 
las,  avec  lesquels  jusqu'à  ce  jour  personne  n'a  fait  une  connaissance  aussi  intime.  Il  vous  montrera  les 
Ait  Alla  d’Amelou ,  et  tous  les  Imazighen  à  l'est  de  Tizi-n-Guelà\vi ,  vivant  dans  des  villages  dont  chacun 
est  dominé  par  un  château  fort  où  les  villageois  emmagasinent  leurs  récoltes  (cette  coutume  existe  aussi 
dans  le  Djebel  Nefousa,  en  Tripolitaine,  où  j’ai  pu  l’observer);  il  vous  montrera  au  contraire  les  Imazi¬ 
ghen  de  la  région  entre  Tizî-n-Guelâwi  et  l’Océan  groupant  leurs  villages  autour  d'un  centre  fortifié  qui 
reçoit  les  récoltes  de  tout  un  canton.  Au  point  de  vue  de  l’administration  que  se  sont  donnée  ces  tribus 
berbères  indépendantes,  il  vous  fera  distinguer  deux  groupes  de  population  :  celles  du  nord,  organisées 
en  démocraties  et  ennemies  de  la  centralisation,  où  chaque  fraction  de  tribu  obéit,  et  obéit  exclusivement, 
à  l’assemblée  de  ses  notables;  celles  du  sud,  qui  ont  adopté  un  régime  mixte  entre  celui  des  communes 
et  celui  de  la  féodalité ,  et  qui  se  sont  donné  des  cheikhs  héréditaires ,  dont  quelques-uns  bravent  le 
sultan  et  pourraient  fort  bien  s’approprier  la  ûère  devise  d'un  haut  baron  français  du  temps  passé  : 

Roi  ne  suis,  ne  duc,  ne  comte  aussi/; 

Je  suis  te  sire  de  Coucy. 

Ces  sires  de  Tikirt,  de  Tazenakht,  etcætera,  ont  des  résidences  fortifiées,  aux  murs  flanqués  de  quinze 


XI 


RAPPORT  FAIT  A  LA  SOCIÉTÉ  DE  GÉOGRAPHIE  DE  PARIS. 


à  vingt  tours.  Leurs  vassaux  aussi  sont  loin  d’inspirer  la  pitié,  car  ils  vivent  dans  des  maisons  à  un  ou 
deux  étages,  construites  en  pisé  épais  et  solide,  et  dont  les  murailles  extérieures  sont  ornées  de  mou¬ 
lures. 

Un  peu  au  sud  et  au  nord  du  30°  degré  de  latitude,  l’arête  du  petit  Atlas  marque  une  division  tran¬ 
chée.  Au  nord  de  cette  chaîne,  nous  apprend  M.  de  Foucauld,  on  est  encore  dans  la  zone  tempérée;  la 
flore  dans  ses  traits  généraux  rappelle  celle  du  midi  de  l’Europe.  Le  versant  sud  du  petit  Allas  est  déjà 
dans  la  zone  saharienne  caractérisée  par  un  climat  à  extrêmes.  Ici ,  le  dattier  et  les  acacias  à  gomme  rem¬ 
placent  le  figuier,  l’amandier,  le  grenadier,  l’olivier  et  même  le  noyer  du  versant  septentrional  et  de  la 
région  plus  au  nord.  Le  dattier,  il  est  vrai ,  cet  arbre  cultivé ,  n’existe  que  dans  les  vallées  que  la  fonte  des 
neiges  et  les  pluies  de  l’Atlas  viennent  mouiller  de  temps  en  temps;  l’acacia  à  gomme  se  trouve  de  loin 
en  loin  sur  les  plaines  d’un  sable  blanc.  Quant  à  l’eau,  on  est  réduit  à  celle  de  sources  cachées  sous  le 
sable. 


Au  milieu  de  cette  plaine  M.  de  Foucauld  trace ,  d’après  ses  observations ,  une  bien  singulière  montagne, 
longue  de  500  kilomètres,  le  Djebel  Bani,  dont  je  mentionnais  tout  à  l’heure  l’alignement  parallèle  avec 
l’Atlas.  C'est,  dit  le  voyageur,  une  simple  arête  rocheuse,  tranchante  au  sommet ,  épaisse  d’un  kilomètre 
à  la  base ,  et  haute  de  200  à  300  mètres  ,  au  sud  de  laquelle  court  la  partie  inférieure  de  l’Ouâdi  Dhera’a, 
le  fleuve  le  plus  important  de  ce  que  nous  appelons  le  Maroc,  si  l'on  ne  mesure  que  la  longueur  du  cours, 
mais  malheureusement  fleuve  sans  eau.  Une  arête  rocheuse,  un  long  tesson,  comme  le  Djebel  Bani,  ne 
peut  naturellement  pas  fournir  une  quantité  appréciable  d’eau  à  un  fleuve;  aussi  les  trois  affluents  nord 
de  l’Ouâdi  Dhera’a,  que  M.  de  Foucauld  a  relevés,  descendent-ils  du  petit  Atlas  et  traversent-ils  le  Djebel 
Bani  par  autant  de  brèches  de  cette  étrange  digue  naturelle.  Au  sud  de  chacune  de  ces  brèches  (le  mot  cassure 


serait  peut-être  plus  exact)  on  trouve,  sous  la  montagne,  de  belles  oasis  :  c’est  Tissint,  c'est  Tatta,  c’est 
Aqqa,  patrie  du  rabbin  Mardochée.  Et  M.  de  Foucauld  ne  nous  fait  pas  attendre  l'explication  du  phéno¬ 
mène  :  les  affluents  nord  de  ce  fleuve  mort,  l'Ouàdi  Dhera’a,  sont  de  belles  rivières  d'eau  courant  à  pleins 
bords.  Telle  est  la  puissance  du  climat  du  Sahara I  Le  lit  de  l’Ouàdi  Dhera’a,  large  de  4  kilomètres,  a 
tellement  soif  que  l'apport  permanent  de  ces  rivières  ne  sert  qu’à  lui  conserver  de  la  fertilité.  Pour  que 
cette  vallée  redevienne  le  fleuve  que  les  Romains  ont  connu  sous  le  nom  de  Darat,  lorsque  venaient  s’y 
désaltérer  et  s’y  baigner  les  éléphants  dont  les  figures  sont  gravées  sur  le  Djebel  Tabayoudt ,  excroissance 
dans  la  chaîne  du  Bani  ,  il  faut  ou  bien  une  fonte  subite  des  neiges  du  Djebel  Dàdès  et  du  Djebel  Guelàwi , 
ou  bien  des  pluies  torrentielles  continues  dans  les  parties  de  l’Atlas  que  nous  venons  de  nommer.  Alors  , 
pendant  deux  ou  trois  jours,  la  vallée  est  entièrement  inondée,  et  le  voyageur  assez  heureux  pour  que  son 
passage  coïncide  avec  une  de  ces  crues  aurait  sous  les  yeux  un  cours  d’eau  de  3  ou  4  kilomètres  de  large. 

Au  mois  de  décembre  1883,  le  vicomte  de  Foucauld  touchait  le  Dhera’a,  au  sud  de  Tatta.  Quelque 
temps  après,  il  le  revoyait,  loin  dans  le  nord-est  de  ce  point,  dans  le  district  de  Mezguîta,  el  là,  sous  le 
Djebel  Sagherou,  c’est  un  beau  et  large  fleuve  permanent,  coulant  avec  une  rapidité  moyenne  au  milieu 
de  plantations  de  dattiers;  je  ne  résiste  pas  au  plaisir  de  vous  faire  part  d’une  découverte  que  M.  de  Fou¬ 
cauld  m’a  fait  faire.  Son  itinéraire  reporte  d’un  degré  plein,  vers  l'ouest,  le  tracé  de  celle  partie  du  cours 
du  fleuve  telle  qu’elle  est  indiquée  sur  la  carte  du  docteur  Rohlfs,  et,  bien  que  les  deux  voyageurs  n’aient 
pas  touché  le  même  point  de  l’Ouâdi  Dhera’a,  la  correction  si  importante  que  je  signale  pourra  sans  doute 
être  utilisée  pour  redresser  l'itinéraire  même  du  docteur  allemand. 

Toute  la  partie  haute  de  l’Ouâdi  Dhera’a  est  constellée  de  villages .  peuplés  d’Imazlghen  et  de  subé¬ 
thiopiens,  de  ces  noirs,  indigènes  du  Sahara  et  parlant  aujourd'hui  la  langue  berbère. 

Plus  haut  encore  en  remontant  vers  le  nord ,  le  voyageur  français  arrive  dans  le  canton  populeux  de 
Dàdès,  arrosé  par  un  affluent  du  Dhera’a.  Ici  déjà  on  entre  dans  le  domaine  des  Ait  Attà,  1  un  des  deux 
grands  groupes  formant  la  fameuse  confédération  des  Berâber,  dont  le  nom  dispense  d  ajouter  qu  ils  sont 
de  race  berbère.  De  toutes  les  tribus  de  cette  expression  géographique ,  le  Maroc,  les  Berâber  sont  la 
plus  nombreuse,  la  plus  belliqueuse  et  à  la  fois  la  plus  riche,  ce  qui  indiquerait  qu'ils  ne  méprisent  ni 


XII 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


les  travaux  des  champs  et  de  l’industrie,  ni  le  commerce  ,  car  chacun  sait  que  la  guerre  et  le  pillage  ne 
sonl  jamais  les  sources  d’une  fortune  durable  pour  un  peuple. 

Toujours  en  terrain  neuf,  M.  de  Foucauld  continue  sa  route  sur  Todegha ,  Ferkela  et  Gherîs ,  trois  oasis 
qui,  dans  son  langage  imagé,  «  s’allongent  comme  trois  tronçons  de  serpent  »  dans  les  lits  de  cours  d’eau 
affluents  du  Zîz.  Il  entre  donc  là  dans  le  bassin  hydrographique  à  l’extrémité  sud  duquel  s’épanouit  le 
Tafilelt,  le  berceau  de  la  dynastie  marocaine  régnante,  le  lieu  d’exil  pour  ceux  de  la  famille  impériale 
qui  pourraient  devenir  des  prétendants,  le  groupe  d’oasis  célèbre,  dans  une  vaste  partie  de  l’Afrique, 
pour  les  cuirs  qu'on  y  prépare  avec  une  grande  perfection. 

Plus  loin  encore,  notre  hardi  et  méritant  explorateur  atteint,  à  Qeçar  Es-Soûq,  le  cours  supérieur 
de  l’Ouâd  Ziz,  séparé  de  ses  premiers  affluents  par  un  désert  des  plus  arides.  Qeçar  Es-Soûq  touche 
l’oasis  de  Medghàra  ou  Medâghra,  où  M.  de  Foucauld  tombe  sur  les  traces  de  René  Caillé  et  du  deuxième 
voyage  du  docteur  Rohlfs,  qu'il  ne  quittera  qu'au  col  de  Telghemt,  ou  Tissint  Er-Rioùt ,  comme  l'appelle 
Itohlfs,  au  moment  où  il  traversera  une  dernière  fois  le  grand  Atlas.  C’est  ici  seulement  que  finit  dans 
la  direction  du  nord-est  le  territoire  des  Berâber,  et  que  commence  celui  des  Ait  Ou  Afella,  tribu  d’Ima- 
zighen  que  nous  aurons  la  surprise  de  compter  parmi  les  loyaux  sujets  du  sultan  du  Maroc.  Du  col  de  Tel¬ 
ghemt,  où  l’Atlas  n’accuse  que  2182  mètres  d’altitude,  M.  de  Foucauld  peut  laisser  planer  sa  vue  sur  la 
vaste  plaine  de  la  Moloûya,  de  ce  fleuve  qui  aurait  formé  une  frontière  si  commode  et  si  naturelle  de 
l’Algérie,  si  l’État  voisin,  du  côté  de  l’ouest,  avait  la  puissance  voulue  pour  la  faire  respecter  de  ses 
nationaux. 

M.  de  Foucauld  touche  la  Moloûya  à  Aqçâbi  Ech-Chorfâ  (c'est-à-dire  les  citadelles  des  chéri  fs),  où  un 
qâïd  marocain  est  gardé  par  une  centaine  de  soldats  avec  deux  canons.  Grâce  à  cette  force,  le  représentant 
du  sultan  se  fait  obéir  dans  un  rayon  d’une  vingtaine  de  kilomètres,  au  delà  desquels  on  retrouve, 
comme  presque  partout  ,  des  tribus  bel  et  bien  libres  de  toute  attache  gouvernementale. 

Avec  le  bassin  de  la  Moloûya,  notre  vaillant  explorateur  trouve,  sur  le  versant  nord  de  l’Atlas,  d’abord 
une  région  dont  la  flore  rappelle  la  nature  des  hauts  plateaux  d’Algérie.  Bientôt  des  groupes  de  villages, 
des  forêts  d’oliviers  et  de  pommiers  et  de  splendides  cultures  accusent  une  transition  rapide  à  la  région 
de  Tell ,  autrement  dit  aux  conditions  naturelles  qui  font,  de  l'autre  côté  de  la  Méditerranée  ,  la  richesse 
de  notre  Provence. 

J’abrège,  car  il  y  a  beaucoup  à  garder  dans  les  résultats  de  la  dernière  partie  du  voyage,  chez  les 
Oulàd  El  llâdj  et  de  là  à  la  ville  algérienne  de  Làlla  Maghnîa  en  passant  par  Debdou  et  Oudjeda,  c’est-à-dire 
sur  un  terrain  qui  touche  aux  dernières  reconnaissances  faites  lors  de  l'expédition  du  général  deMartim- 
prey  contre  les  Boni  Senâsen  (1859).  Le  21  mai  1881,  M.  le  vicomte  de  Foucauld  mettait  le  pied  en  Algérie 
après  avoir  traversé  le  Maroc  du  nord  au  sud  et  du  sud-ouest  au  nord-est.  Sacrifiant  bien  autre  chose  que 
ses  aises,  ayant  fait  et  tenu  jusqu’au  bout  bien  plus  qu’un  vœu  de  pauvreté  et  de  misère,  ayant  renoncé, 
pendant  près  d’un  an  ,  aux  égards  qui  sont  les  apanages  de  son  grade  dans  l’armée,  et  s’étant  consolé  en 
recueillant  les  seuls  et  rares  témoignages  de  bienveillance  auxquels  un  caractère  heureux  pouvait  lui 
donner  quelque  droit,  même  chez  des  peuples  sauvages,  il  nous  avait  conquis  des  renseignements  très 
nombreux,  très  précis,  qui  renouvellent  littéralement  la  connaissance  géographique  et  politique  presque 
tout  entière  du  Maroc.  C’est  là,  disons-le  hautement,  un  mérite  peu  ordinaire,  que  ne  récompenserait  pas 
trop ,  à  1  avis  de  votre  rapporteur ,  la  plus  haute  distinction  que  nous  ayons  à  décerner.  Mais  notre  Société 
ne  doit  jamais  oublier  son  caractère  universel  et  international;  elle  a  dû  tenir  compte  des  mérites  d’autres 
lutteurs  qui  venaient  concourir  à  scs  récompenses,  et,  forcée  cette  année-ci  de  ne  pas  choisir  entre  trois 
concurrents  qu  elle  estime  être  égaux  en  mérites  ,  elle  a  transformé  cette  récompense  en  plusieurs  mé¬ 
dailles  d  or,  dont  elle  attribue  la  première  à  M.  le  vicomte  de  Foucauld. 


AVANT-PROPOS. 


A  la  veille  d’entreprendre  mon  voyage  au  Maroc  se  dressaient  deux  questions  : 
quel  itinéraire  adopter?  quels  moyens  prendre  pour  pouvoir  le  suivre? 

La  première  question  se  résolvait  naturellement  :  il  fallait,  autant  que  possible,  ne 
passer  que  par  des  contrées  encore  inexplorées  et,  parmi  celles-ci,  choisir  les  régions 
qui,  soit  par  leurs  accidents  physiques,  soit  parleurs  habitants,  paraissaient  devoir 
présenter  le  plus  d’intérêt.  Partant  de  ce  principe,  je  me  décidai  pour  l’itinéraire  sui¬ 
vant  : 


Tanger,  Tétouan  ;  de  là  gagner  Fâs  par  une  route  plus  orientale  que  celles  suivies 
jusqu’alors  ;  de  Fâs  aller  au  Tâdla  en  traversant  le  massif  montagneux  occupé  par  les 
Zemmour  Chellaha  et  les  Zaïan  ;  parcourir  le  Tâdla,  gagner  l’Ouad  el  Abid,  passer  à 
Demnât;  franchir  le  Grand  Atlas  à  l'est  des  cols  déjà  explorés,  gagner  le  Sahara  Ma¬ 
rocain  et  en  reconnaître  autant  que  possible  la  vaste  portion  encore  inconnue,  c’est- 
à-dire  le  versant  méridional  du  Petit  Atlas  et  la  région  comprise  entre  cette  chaîne, 
l’Ouad  Dra  et  le  Sahel;  puis  voir  le  haut  bassin  du  Dra  et  les  affluents  de  droite  du 
Ziz;  de  là  revenir  vers  la  frontière  algérienne  en  franchissant  une  seconde  fois  le 
Grand  Atlas  et  en  explorant  le  cours  de  l’Ouad  Mlouïa  :  comme  dernières  étapes, 
Debdou,  Oudjda,  Lalla  Marnia. 

Tel  fut  le  but  que  je  me  proposai.  Restait  la  seconde  question  :  quel  moyen  em- 


d’un  déguisement?  Il  y  avait  lieu  d’hésiter;  d’une  part,  me  donner  pour  ce  que  je  n’étais 
pas  me  répugnait;  de  l’autre,  les  principaux  explorateurs  du  Maroc,  René  Caillé, 


XIV 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


MM.  Rohlfs  et  Lenz,  avaient  voyagé  déguisés  et  déclaraient  cette  précaution  indispen¬ 
sable  :  c’était,  aussi  l’opinion  de  nombreux  Musulmans  marocains  que  je  consultai 
avant  mon  départ.  Je  m’arrêtai  au  parti  suivant  :  je  partirais  déguisé;  une  fois  en 
route,  si  je  sentais  mon  travestissement  nécessaire,  je  le  conserverais;  sinon  ,  je  n’au¬ 
rais  qu’à  le  jeter  aux  orties. 

Ce  premier  point  arrêté,  restait  à  faire  un  choix  parmi  les  déguisements  qu’on  pou¬ 
vait  prendre.  Il  n’y  a  que  deux  religions  au  Maroc.  11  fallait  à  tout  prix  être  de  l’une 
d’elles.  Serait-on  Musulman  ou  Juif?  Coifferait-on  le  turban  ou  le  bonnet  noir?  — 
René  Caillé,  MM.  Rohlfs  et  Lenz  avaient  tous  opté  pour  le  turban.  Je  me  décidai  au 
contraire  pour  le  bonnet.  Ce  qui  m’y  porta  surtout  fut  le  souvenir  des  difficultés 
qu’avaient  rencontrées  ces  voyageurs  sous  leur  costume  :  l’obligation  de  mener  la 
même  vie  que  leurs  coreligionnaires,  la  présence  continuelle  de  vrais  Musulmans 
autour  d’eux,  les  soupçons  même  et  la  surveillance  dont  ils  se  trouvèrent  souvent 
l’objet  furent  un  grave  obstacle  à  leurs  travaux.  Je  fus  effrayé  d’un  travestisse¬ 
ment  qui,  loin  de  favoriser  les  études,  pouvait  y  apporter  beaucoup  d’entraves;  je 
jetai  les  yeux  sur  le  costume  israélite.  Il  me  sembla  que  ce  dernier,  en  m’abaissant, 
me  ferait  passer  plus  inaperçu,  me  donnerait  plus  de  liberté.  Je  ne  me  trompai  pas. 
Durant  tout  mon  voyage,  je  gardai  ce  déguisement  et  je  n’eus  lieu  que  de  m’en  féli¬ 
citer.  S’il  m’attira  parfois  de  petites  avanies,  j’en  fus  dédommagé,  ayant  toujours 
mes  aises  pour  travailler  :  pendant  les  séjours,  il  m’était  facile,  dans  l’ombre  des 
mellahs(l),  et  de  faire  mes  observations  astronomiques  et  d’écrire  des  nuits  entières 
pourcompléter  mes  notes;  dans  les  marches,  nul  ne  faisait  attention,  nul  ne  daignait  par¬ 
ler  au  pauvre  Juif  qui,  pendant  ce  temps,  consultait  tour  à  tour  boussole,  montre,  ba¬ 
romètre,  et  relevait  le  chemin  qu’on  suivait;  de  plus,  en  tous  lieux,  j’obtenais  par  mes 
«  cousins  »,  comme  s’appellent  entre  eux  les  Juifs  du  Maroc,  des  renseignements 
sincères  et  détaillés  sur  la  région  où  je  me  trouvais.  Enfin  j’excitais  peu  de  soupçons  : 
mon  mauvais  accent  aurait  pu  en  faire  naître;  mais  ne  sait-on  pas  qu’il  y  a  des 
Israélites  de  tous  pays?  mon  travestissement  était  d’ailleurs  complété  par  la  présence 
à  mes  côtés  d’un  Juif  authentique  :  le  rabbin  Mardochée  Abi  Serour,  connu  par 
son  séjour  au  Soudan.  Je  l’avais  pris  à  mon  service  et  le  gardai  durant  tout  mon 

(1)  Dans  les  localités  marocaines  où  se  trouvent  des  Israélites,  ils  sont  confinés  dans  des  quartiers  spéciaux; 
ces  quartiers  uniquement  habités  par  des  Juifs  portent  le  nom  de  mellah. 


AYANT- fltOPOS. 


xv 


voyage;  parti  d’Alger  avec  moi,  il  y  revint  de  même.  Son  office  consistait,  d’abord, 
à  jurer  partout  que  j’étais  un  rabbin,  puis  à  se  mettre  en  avant  dans  toutes  les 
relations  avec  les  indigènes,  de  manière  a  me  laisser  le  plus  possible  dans  l’om¬ 
bre;  enfin  à  me  trouver  toujours  un  logis  solitaire  où  je  pusse  faire  mes  observations 
commodément,  et,  en  cas  d’impossibilité,  à  forger  les  histoires  les  plus  fantastiques 
pour  expliquer  l’exhibition  de  mes  instruments. 

Malgré  tant  de  précautions,  je  ne  prétends  pas  que  mon  déguisement  ait  été  im¬ 
pénétrable.  Dans  les  quatre  ou  cinq  points  où  je  séjournai  longtemps,  ni  mon  bonnet 
noir,  ni  mes  nouâders  (1),  ni  les  serments  de  Mardochée  ne  servirent  de  rien  :  la 
population  juive  s’aperçut  tôt  ou  tard  que  j’étais  un  faux  frère;  mais  une  seule  fois, 
et  pour  des  raisons  toutes  particulières,  cela  pensa  me  mettre  en  un  sérieux  péril; 
en  général,  les  Juifs  marocains,  tous  commerçants,  appelés  fréquemment  par  leurs 
affaires  soit  dans  des  ports  où  ils  trouvent  nos  consuls,  soit  en  Algérie,  ont  avantage 
à  être  en  bonnes  relations  avec  les  Chrétiens,  surtout  avec  les  Français.  Aussi  gar¬ 
daient-ils  religieusement  le  secret  qu'ils  avaient  découvert;  rien  ne  transpirait  hors 
du  mellah  ;  même  avec  moi,  ils  étaient  fort  discrets;  rien  ne  changeait  dans  leurs 
manières,  sinon  qu’ils  devenaient  plus  prévenants  encore  et  pins  disposés  à  fournir 
tous  les  renseignements  que  je  demandais.  Quant  aux  Musulmans,  il  ne  m’arriva 
que  bien  rarement  de  leur  inspirer  des  soupçons. 

Il  y  a  une  portion  du  Maroc  où  l’on  peut  voyager  sans  déguisement,  mais  elle 
est  petite.  Le  pays  se  divise  en  deux  parties  :  l’une  soumise  au  sultan  d’une  ma¬ 
nière  effective  (blad  el  makhzen) ,  où  les  Européens  circulent  ouvertement  et  en 
toute  sécurité;  l’autre,  quatre  ou  cinq  fois  plus  vaste,  peuplée  de  tribus  insoumises 
ou  indépendantes  {blad  es  sîba)  (2),  où  personne  ne  voyage  en  sécurité  et  où  les 
Européens  ne  sauraient  pénétrer  que  travestis.  Les  cinq  sixièmes  du  Maroc  sont  donc 
entièrement  fermés  aux  Chrétiens;  ils  ne  peuvent  y  entrer  que  par  la  ruse  et  au 
péril  de  leur  vie.  Cette  intolérance  extrême  n’est  pas  causée  par  le  fanatisme  reli¬ 
gieux,'  elle  a  sa  source  dans  un  autre  sentiment  commun  à  tous  les  indigènes  :  pour 

(1)  Les  nouâder  sont  Jeux  longues  mèches  de  cheveux  que  les  Israélites  marocains  laissent  pousser  au¬ 
près  des  tempes. 


XVI 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


eux,  un  Européen  voyageant  dans  leur  pays  ne  peut  être  qu’un  émissaire  envoyé 
pour  le  reconnaître;  il  vient  étudier  le  terrain  en  vue  d’une  invasion;  c’est  un  es¬ 
pion.  On  le  tue  comme  tel,  non  comme  infidèle.  Sans  doute  la  xieille  antipathie  de 
race,  la  superstition,  y  trouvent  aussi  leur  compte;  mais  ces  sentiments  11e  viennent 
qu’en  seconde  ligne.  On  craint  le  conquérant  bien  plus  qu’on  11e  hait  le  Chrétien. 


RECONNAISSANCE 


AU  MAROC. 


PREMIÈRE  PARTIE. 

VOYAGE. 

I. 

DE  TANGER  A  MEKNAS  (0. 

1°.  —  DE  TANGER  A  TÉTOUAN. 

Je  débarquai  à  Tanger  le  20  juin  1883,  accompagné  du  rabbin  Mardochée. 
N’ayant  aucune  chose  nouvelle  à  voir  en  cette  ville,  qui  est  connue  par  maintes 
descriptions,  j’avais  hâte  de  la  quitter.  Ma  première  étape  devait  être  Tétouan.  Je 
m’informai,  aussitôt, arrivé,  des  moyens  de  m’y  rendre.  Il  y  avait  une  journée  de 
marche;  de  petites  caravanes  partaient  quotidiennement  de  Tanger;  la  route  était 
sûre  :  inutile  de  prendre  d’escorte.  Je  décidai  le  départ  pour  le  lendemain. 

Malgré  le  peu  de  temps  que  je  passai  à  Tanger,  c’en  fut  assez  pour  que  le  ministre 

(1)  Les  trois  villes  que  les  Français  appellent  inexactement  Fez,  Mequinez  et  Maroc  s’appellent  Fris,  Meknris 
et  Merrrikech.  Nous  écrirons  tous  les  noms  propres  marocains  avec  leur  orthographe  véritable,  à  l’exception  de 
trois  auxquels  nous  conserverons  celle  qui  depuis  longtemps  est  adoptée  en  France  :  Tanger,  Tétouan  ,  Mogador. 

Pour  la  transcription  des  mots  arabes,  nous  suivrons  en  général  la  méthode  suivante  :  I,  a,  e  —  b  C,', 
t  —  O,  t  et  rarement  ts  —  dj  —  h  —  £,  kh  —  J,  d  —  -U  d — i,  r  — j,  z  —  s —  ch  —  ç  — 

d,  —  -E  t  —  h,  d  —  £,  a  et  quelquefois  o  —  r  —  s _ $,  f —  q,  g  —  sJA,  k  —  J,  1  —  ç,  m  —  n  —  3,  h  j, 

ou,  o  —  i  —  ï,  a. 

Quant  aux  mots  appartenant  à  la  langue  tamazirt,  qui  ne  s’écrit  plus  au  Maroc,  nous  nous  attacherons  à  les 
reproduire  comme  nous  les  aurons  entendus,  nous  servant  pour  cela  des  lettres  de  notre  alphabet  et  de  cinq 
lettres  arabes,  le  b,  le  kh,  le  d,  le  t  et  le  r. 

Dans  les  noms  imaziren  comme  dans  les  noms  arabes,  toutes  les  lettres  devront  se  prononcer  :  ainsi,  Seli- 
man  ,  Zaian,  Taourirt,  Demnrit,  Ibzâzen ,  etc.,  sC liront  comme  s'il  y  avait,  Selirnane ,  7a liane ,  1  aouvirtc , 

MECONNAISSANCE  \U  MAROC. 


RECONNAISSANCE  ALI  MAROC. 


9 


de  France,  M.  Ordéga,  à  qui  M.  Tirman,  gouverneur  général  de  l’Algérie,  avait 
bien  voulu  me  recommander,  me  fit,  avec  une  bienveillance  et  une  bonne  grâce  sans 
égales,  préparer  des  lettres  pour  ses  agents,  m’en  fit  donner  une  de  Moulei  Abd  es 
Selam,  le  célèbre  cherif  d’Ouazzàn,  ordonnant  à  quiconque  était  son  ami  de  me 
prêter  aide  et  protection,  enfin  me  munit  de  toutes  les  recommandations  qui  pou¬ 
vaient  m’être  utiles  au  cours  de  mon  voyage.  Il  n’en  fut  pas  une  qui  ne  me  servît 
par  la  suite;  aussi  eus-jc  plus  d’une  fois  à  me  souvenir,  avec  reconnaissance,  de 
la  sollicitude  dont  j’avais  été  l’objet. 

21  juin  18813. 

Je  quitte  Tanger  à  3  heures  de  l’après-midi  :  ma  caravane  se  compose  de  six 
on  sept  hommes,  Israélites  la  plupart,  et  d’une  dizaine  de  bêtes  de  somme.  Nous 
traversons  d’abord  une  série  de  vallons  bien  cultivés,  séparés  entre  eux  par  des 
côtes  couvertes"de  palmiers  nains.  Vers  le  soir,  on  s’engage  dans  la  vallée  de  l’Ouad 
Merah  :  nous  y  cheminons  durant  le  reste  de  la  journée,  au  milieu  de  superbes 
champs  de  blé  qui  la  couvrent  tout  entière.  Nous  nous  arrêtons  à  9  heures  un  quart 
auprès  de  quelques  huttes  :  nous  passons  la  nuit  en  ce  lieu.  La  route,  sûre 
le  jour,  cesse  de  l’être  au  crépuscule.  C’est  le  moment  où  les  maraudeurs  se 
mettent  en  campagne.  Aussi  ai-je  vu,  au  coucher  du  soleil,  des  vedettes,  armées 
jusqu’aux  dents,  se  poster  à  l’entrée  des  villages,  auprès  des  troupeaux,  sur  des 
tertres  d’où  elles  surveillaient  les  récoltes.  Les  rôdeurs,  surtout  en  blad  el  makhzen, 
font  une  terrible  guerre  au  pauvre  paysan;  leurs  rapines  d’une  part,  les  exigences 
du  fisc  de  l’autre,  lui  laissent  à  peine,  au  milieu  de  ces  belles  moissons  que  je  viens 
de  traverser,  de  quoi  vivre  misérablement. 

22  juin  1883. 

A  4  heures  du  matin  on  se  remet  en  marche.  Nous  ne  tardons  pas  à  entrer 

Demnâte,  Ibzâzene.  La  lettre  g  sera  toujours  dure  :  ainsi  on  prononcera  Agerd ,  A  g  in  an ,  comme  s’il  y  avait 
Aguerd,  Aguinan. 

Nous  nous  servirons  dans  le  courant  de  cette  relation  de  plusieurs  mots  étrangers  tels  que  qa'id,  taleb ,  tir- 
remt,  agadir ,  cherif,  qçar,  etc.  :  le  singulier  seul  en  sera  employé,  afin  de  faciliter  la  lecture.  Pour  le  pluriel 
on  se  bornera  à  y  ajouter  une  s.  Nous  dirons  des  qaïds,  des  talehs ,  des  tirremts,  des  qçars,  et  non  des  qiad, 
des  tolba ,  des  tir  rematin ,  des  qçour.  Nous  ne  ferons  exception  à  cette  règle  que  pour  trois  mots  appelés  à  re¬ 
venir  très  souvent;  l’un,  nom  de  race;  les  deux  autres,  appellations  par  lesquelles  les  étrangers  désignent  des 
fractions  de  cette  race  :  ce  sont,  d’abord,  Amazir;  puis  Chleuh ,  qui  veut  dire  Amazir  blanc,  et  Ilartâni,  qui  veut 
dire  Amazir  noir.  Nous  dirons  un  Amazir ,  une  Tamazirt,  des  Imaziren,  un  Chleuh,  une  Clileuha,  des  Chel- 
laha,  un  Ilartâni,  une  Ilartania,  des  Ilaratin. 

L'arabe  qui  se  parle  au  Maroc  est  à  peu  de  chose  près  celui  de  l’Algérie  :  il  n’en  diffère  que  par  une  corrup¬ 
tion  un  peu  plus  grande  :  les  mots  étrangers  y  sont  plus  nombreux.  L'accent  présente  quelques  différences 

dont  la  plus  importante  et  la  plus  générale  est  que  le  se  prononce  simplement  J  :  ainsi  l’on  dit,  Jza'ir,  Alger, 

c 

Oujda,  Oudjda.  Quelquefois  la  même  lettre  se  prononce  CL;  exemple  :  ga'iz,  passant. 


DE  TANGER  A  MEKNAS. 


3 

dans  la  montagne.  Nous  nous  élevons  -d’abord  par  des  pentes  douces  couvertes  de 
bois  ou  de  broussailles;  ce  sont  surtout  des  oliviers  et  des  lentisques;  beaucoup  de 
gibier  :  lièvres,  perdreaux,  tourterelles.  A  partir  d’un  fondoq  (1)  devant  lequel  nous 
passons,  le  terrain  change  :  le  sol  devient  rocheux, 
les  côtes  raides,  le  chemin  difficile;  les  arbres  s’éclair¬ 
cissent  et  sont  remplacés  par  le  myrte  et  la  bruyère. 

A  G  heures  et  demie,  nous  atteignons  le  col. 

Voici  le  profil  du  versant  que  nous  venons  de  gravir. 

La  descente,  rocheuse  d’abord,  nous  ramène  en¬ 
suite  dans  une  région  boisée  où  la  culture  réapparaît 
dans  les  fonds.  Peu  à  peu  les  ravins  s’élargissent; 

leurs  flancs  s’abaissent.  Enfin  nous  voici  en  plaine.  Jusqu’à  Tétouan,  ce  ne  sont  que 
larges  vallées  toutes  couvertes  de  grands  champs  de  blé  s’étendant  à  perte  de  vue; 
au  milieu,  des  rivières  roulent  paisiblement  leurs  eaux  limpides.  A  9  heures  et 
demie  nous  voyons  la  ville.  Elle  se  dessine  en  ligne  blanche  sur  un  rideau  de  hautes 
montagnes  bleuâtres;  à  11  heures,  nous  y  entrons. 

Aujourd’hui  comme  hier,  j’ai  rencontré  beaucoup  de  passants  sur  le  chemin,  surtout 
en  plaine  :  c’étaient  presque  tous  des  piétons,  paysans  qui  se  rendaient  aux  champs; 
peu  étaient  armés  :  il  y  avait  un  assez  grand  nombre  de  femmes;  la  plupart  ne  se  voi¬ 
laient  pas.  Hier,  j’ai  vu  une  grande  quantité  de  troupeaux,  beaucoup  de  bœufs;  ces 
derniers  m’ont  frappé  par  leur  haute  taille.  Dans  toute  la  route,  un  seul  passage  dif¬ 
ficile,  les  environs  du  col.  Sol  en  général  terreux.  Un  seul  cours  d’eau  important, 
l’Ouad  Bon  Çfiha  (berges  escarpées  de  5  à  6  mètres  de  haut;  eau  claire  et  courante  de 
6  à  8  mètres  de  large  et  de  0,30  à  0,40  centimètres  de  profondeur;  lit  de  gravier). 
On  le  franchit  sur  un  pont  de  deux  arches  en  assez  bon  état.  11  ne  faudrait  pas  con¬ 
clure  de  là  que  les  ponts  soient  au  Maroc  le  moyen  de  passage  ordinaire  des  riviè¬ 
res  :  ils  sont,  au  contraire,  fort  rares  :  je  ne  pense  pas  en  avoir  vu  plus  de  cinq  ou  six 
dans  mon  voyage.  Je  citerai  en  leur  lieu  ceux  que  j’ai  rencontrés.  Habituellement 
c’est  à  gué  qu’on  traverse  les  cours  d’eau. 

Il  est  inutile,  je  pense,  de  dire  qu’il  n’y  a  point  de  routes  au  Maroc  :  on  n’y  trouve 
qu’un  très  grand  nombre  de  pistes  qui  s’enchevêtrent  les  unes  dans  les  autres,  en 
formant  des  labyrinthes  où  l’on  se  perd  vite,  à  moins  d’avoir  une  profonde  connais¬ 
sance  du  pays.  Ces  pistes  sont  des  chemins  commodes  en  plaine,  mais  très  difficiles 
et  souvent  dangereux  en  montagne. 

Deux  choses  surtout  m’ont  frappé  dans  cette  première  journée  de  voyage  :  d’abord 
l’eau  fraîche  et  courante  qui,  malgré  la  saison,  coule  dans  la  multitude  de 


(1)  Les  fondoq  sont  des  sortes  d'hôtelleries. 


4  RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 

sources,  de  ruisseaux,  de  petites  rivières  que  j'ai  rencontrés;  puis  la  vigueur  extraor¬ 
dinaire  de  la  végétation  :  de  riches  cultures  occupent  la  majeure  partie  du  sol  et 
les  endroits  incultes  eux-mêmes  sont  couverts  d’une  verdure  éclatante  :  pas  de  plan¬ 
tes  chétives,  pas  de  places  sablonneuses  ni  stériles  :  les  lieux  les  plus  rocheux  sont 
verts  :  les  plantes  percent  entre  les  pierres  et  les  tapissent. 

2°.  —  SÉJOUR  A  TÉTOUAN. 

Tétouan  s’élève  sur  un  plateau  rocheux  qui  se  détache  du  flanc  gauche  de 
la  vallée  du  même  nom  et  qui  la  barre  en  grande  partie.  Dominée  au  nord  et  au 
sud  par  de  hautes  montagnes,  ayant  à  ses  pieds  les  plus  beaux  jardins  du  monde, 
arrosée  par  mille  sources,  elle  a  l’aspect  le  plus  riant  qu’on  puisse  voir.  La  ville  est 
assez  bien  construite  et  moins  sale  que  la  plupart  des  cités  du  Maroc  :  ses  fortifica¬ 
tions  consistent  en  une  qaçba  (1),  s’élevant  au  nord-ouest  de  la  ville,  et  en  une  enceinte 
en  briques  de  5  mètres  de  haut  et  de  30  ou  40  centimètres  d’épaisseur  ;  quelques 
canons  hors  d’usage  grimacent  en  manière  d’épouvantails  aux  abords  de  chaque  porte. 
Tétouan  est  grande,  mais  les  quartiers  excentriques  en  sont  peu  habités  et  en  partie 
ruinés  :  beaucoup  de  mosquées  :  pas  de  bâtiment  remarquable,  si  ce  n’est  le  massif 
donjon  du  mechouar.  Le  quartier  commerçant  est  animé,  surtout  le  mercredi, 
jour  de  marché.  Il  y  a  un  grand  mellah,  le  plus  propre  et  le  mieux  construit  que 
j’aie  vu  au  Maroc.  Tétouan  peut  avoir  20000  à  25000  habitants,  dont  environ  6000 


Jardins 
de  Tétouan. 


Revers  nord  des  monts  Béni  Hasan. 


Extrémité  de  la  vallée 
de  l’O.  Mehadjra. 


Revers  nord  des  monts  Béni  Hasan.  (Vue  prise  à  2  kilomètres  de  Tétouan,  du  chemin  de  Tanger.) 

Croquis  de  l’auteur. 


Israélites.  Elle  a  pour  gouverneur  un  qaïd  nommé  directement  par  le  sultan.  L’auto¬ 
rité  de  ce  magistrat  s’étend  sur  le  territoire  situé  entre  la  mer  et  les  tribus  indépen¬ 
dantes  du  Rif  d’une  part,  et  les  provinces  de  Tanger  et  d’El  Araïch  de  l’autre.  Les 
environs  de  la  ville  sont -d’une  grande  fertilité;  les  fruits  de  ses  immenses  jardins 
sont  renommés  dans  tout  le  nord  du  Maroc  :  on  les  exporte  à  El  Qçar  et  à  Fâs.  La 
vallée  de  1  Ouad  Tétouan,  après  s’être  resserrée  en  face  de  la  ville  au  point  d’y  for¬ 
mer  un  véritable  khoneg,  reprend  aussitôt  au-dessous  d’elle  une  grande  largeur  : 


(1)  Citadelle. 


DE  TANGER  A  MEKNAS. 


5 


en  même  temps,  les  montagnes  qui  la  bordent,  et  qui  étaient  très  hautes  jusque-là, 
s’abaissent  et  deviennent  des  collines.  Dès  lors  la  vallée  n’est  plus,  jusqu’à  la  mer, 
qu’un  immense  champ  de  blé  semé  de  fermes  et  de  jardins. 

Je  demeurai  dix  jours  à  Tétouan;  ce  n’est  pas  que  ce  long  séjour  entrât  dans  mes 
projets;  bien  au  contraire.  Mon  désir  était  de  partir  le  plus  tôt  possible  pour  Fàs  : 
mais  je  tenais  à  y  aller  par  un  chemin  déterminé,  passant  par  les  territoires  des 
Akhmâs,  des  Béni  Zerouâl,  des  Béni  Hamed  (1).  Je  me  mis  donc,  dès  mon  arrivée, 
en  quête  d’un  guide  qui  me  conduisit  par  cette  voie.  Je  rencontrai  de  graves  obsta¬ 
cles.  Les  tribus  dont  je  voulais  traverser  les  terres  étaient  insoumises,  et  de  plus  cé¬ 
lèbres  par  leurs  brigandages;  les  caravanes  évitaient  avec  soin  leurs  territoires;  les 
courriers  n’osaient  y  passer  :  on  leur  prenait  leurs  lettres  et  leurs  vêtements;  les  ta- 
lebs  mêmes  ne  s’y  aventuraient  qu’à  condition  d’être  à  peu  près  nus.  —  Bref,  malgré 
mes  recherches,  malgré  mes  offres ,  je  n’avais  encore,  après  huit  jours,  pu  trou¬ 
ver  personne  qui  se  chargeât  de  me  conduire.  Je  fis  une  dernière  tentative  :  je  m’a¬ 
dressai  à  des  cherifs,  à  des  marabouts  de  Tétouan  :  peut-être  avaient-ils  de  l’influence, 
des  amis,  dans  ces  régions,  et  pourrait-on  les  traverser  avec  leur  protection  :  partout 
la  réponse  fut  négative;  mais,  me  disait-on  en  même  temps,  ce  qui  était  impossible 
d’ici  devenait  aisé  de  Fâs;  là  se  trouvaient  des  personnages  pour  qui  me  faire  voyager 
en  ces  tribus  serait  chose  facile.  Ces  dernières  paroles,  que  je  reconnus  plus  tard  être 
la  vérité,  me  décidèrent  à  ne  pas  m’obstiner  davantage.  Je  résolus  de  partir  pour 
Fâs  par  le  chemin  ordinaire,  celui  d’El  Qçar. 

Auparavant  je  consacrai  deux  journées  à  une  excursion  à  Chechaouen,  petite  ville 
du  Bit'  située  à  une  cinquantaine  de  kilomètres  au  sud  de  Tétouan. 

3°.  —  EXCURSION  A  CHECHAOUEN. 

2  juillet. 

Je  sors  de  Tétouan  à  8  heures  du  matin;  un  guide  musulman  est  mon  unique 
compagnon.  D’ici  à  Chechaouen,  nous  avons  à  traverser  les  territoires  de  trois  tri¬ 
bus,  les  Béni  Aouzmer,  les  Béni  Hasan  ,  les  Akhmâs  :  les  deux  premières  sont  sou¬ 
mises  :  on  y  voyage  seul  en  sécurité;  la  dernière  ne  l’est  pas  :  quand  nous  en 
approcherons,  nous  aviserons  à  prendre  nos  précautions. 

Durant  toute  la  route  le  chemin  est  aisé.  On  est  continuellement  en  montagne:  par 
conséquent  beaucoup  de  montées,  beaucoup  de  descéntes,  un  terrain  généralement 
pierreux;  mais  de  passage  difficile,  point.  Au  début,  dans  la  basse  vallée  de  l’Ouad 
Mehadjra,  le  pays  a  un  aspect  sauvage  :  la  rivière  est  encaissée  entre  deux  hauts 

(1)  Cet  itinéraire  est  le  suivant  :  Tétouan,  Béni  Aouzmer,  Boni  Hasan,  Akhmâs,  Boni  Zerouâl,  Béni  Hamed  , 
Rahôna,  Cherâga,  Fâs. 


MECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


fi 

talus  tout  couverts  de  broussailles;  myrte,  bruyère,  palmiers  nains,  et  surtout 
lentisques  :  au  delà  de  ces  talus  on  ne  voit,  à  l’ouest ,  que  de  longues  croupes 
boisées  se  succédant  les  unes  aux  autres;  à  l’est,  que  la  haute  muraille  rocheuse 
qui  couronne  le  Djebel  Béni  Hasan.  Cette  dernière  se  dresse  toute  droite  au-dessus 
de  nos  tètes  :  à  peine  se  trouve-t-il  entre  elle  et  les  lentisques  une  étroite  bande 
de  cultures  :  quant  à  l’ouad,  c’est  un  torrent  aux  eaux  vertes  et  impétueuses.  Mais 
après  quelque  temps  le  paysage  se  modifie  :  la  bande  de  cultures  s’élargit  ;  des 
troupeaux  paissent  dans  les  broussailles;  on  rencontre  des  villages.  On  marche 
encore  :  la  rivière  prend  un  autre  nom  :  un  palmier  solitaire  croissant  sur  sa  rive 
la  fait  appeler  Ouad  en  Nekhla.  A  ce  moment  s’opère  un  changement  complet  :  len¬ 
tisques  et  palmiers  nains  disparaissent  :  les  talus  s’arrondissant  deviennent  des  côtes 
assez  douces,  que  garnissent  des  cultures.  Le  Djebel  Béni  Hasan  présente  maintenant 
un  aspect  enchanteur  :  des  champs  de  blé  s’étagent  en  amphithéâtre  sur  son  flanc 
et,  depuis  les  roches  qui  le  couronnent  jusqu’au  fond  de  la  vallée,  le  couvrent  d’un 
tapis  d’or  :  au  milieu  des  blés,  brillent  une  multitude  de  villages  entourés  de 
jardins  :  ce  n’est  que  vie,  richesse,  fraîcheur. 

Des  sources  jaillissent  de  toutes  parts  :  à  chaque  pas  on  traverse  des  ruisseaux  :  ils 
coulent  en  cascades  parmi  les  fougères,  les  lauriers,  les  figuiers  et  la  vigne,  qui 
poussent  d’eux-mêmes  sur  leurs  bords.  Nulle  part  je  n’ai  vu  de  paysage  plus  riant, 
nulle  part  un  tel  air  de  prospérité,  nulle  part  une  terre  aussi  généreuse  ni  des  habi¬ 
tants  plus  laborieux. 

D’ici  à  Chechaouen,  le  pays  reste  semblable  :  le  nom  des  vallées  change,  mais  pa¬ 
reille  richesse  règne  partout  ;  elle  augmente  même  encore  à  mesure  que  l’on  s’avance. 
J’arrive  dans  la  vallée  de  l’Ouad  Arezaz  :  les  villages  maintenant  se  succèdent  sans 
interruption  :  le  sentier,  bordé  d’églantiers  en  fleurs,  ne  sort  plus  des  vergers;  nous 
cheminons  à  l’ombre  des  grenadiers,  des  figuiers,  des  pêchers  et  de  la  vigne,  dont 
les  rameaux  couvrent  les  arbres  :  les  ruisseaux  sont  si  nombreux  que  l’on  marche 
presque  constamment  dans  l’eau.  C’est  ainsi  que  je  parviens  non  loin  du  confluent 
où  finit,  avec  le  territoire  des  Béni  Hasan,  le  blad  elmakhzen.  Au  delà  commencent 
les  Akhmâs  :  c’est  le  blarl  es  sîba.  Nous  ne  pouvons  aller  seuls  plus  loin.  D’ailleurs 
il  est  7  heures  du  soir.  Nous  nous  arrêtons  dans  un  beau  village  où  l’on  nous  donne 
l’hospitalité. 

Ici  les  habitations  sont  bien  différentes  des  huttes  que  l’on  voit  près  de  Tétouan  : 
ce  sont  des  maisons,  les  unes  de  pisé,  les  autres  de  briques,  toutes  bien  construites; 
la  plupart  sont  blanchies;  elles  sont  couvertes  de  toits,  soit  de  chaume,  soit  de 
tuiles;  point  de  terrasses.  Auprès  de  toute  demeure  est  un  clos  de  gazon;  des  murs 
bas  l’entourent,  de  vieux  figuiers  l'ombragent.  :  là  rentrent  chaque  soir  les  trou¬ 
peaux  qui,  le  jour,  paissent  dans  la  montagne.  Des  ruisseaux  courent  en  tous  les 


DE  TANGER  A  MEKNAS.  7 

sentiers  du  village;  ils  apportent  l’eau  devant  chaque  porte.  Tout  est  propre,  frais, 
riant . 

Toute  la  journée,  il  y  avait  des  passants  sur  le  chemin,  dans  les  champs  une  foule 
de  travailleurs.  Ainsi  que  nous  l’avons  dit,  la  plupart  des  cultures  consistent  en  blé; 
cependant  on  rencontre  aussi  de  l’orge  et,  de  loin  en  loin,  quelques  champs  de 
maïs.  Deux  cours  d’eau  importants  :  l’Ouad  Tétouan  (berges  de  terre  presque  à  pic  de 
4  ou  5  mètres  de  haut;  lit  de  12  mètres  de  large,  rempli  d’eau  courante  et  assez  claire, 
de  50  à  60  centimètres  de  profondeur;  fond  de  sable);  et  l’Ouad  Mehadjra 
(voici  ce  qu’il  est  dans  sa  partie  inférieure  :  berges  à  peine  marquées;  eaux  vertes, 
de  6  à  8  mètres  de  large  et  de  30  ou  40  centimètres  de  profondeur,  serpentant  dans 
un  lit  de  galets  beaucoup  plus  large;  courant  très  rapide).  Le  Djebel  Béni  Hasan 
est  un  massif  extrêmement  remarquable  :  le  versant 
occidental  en  affecte,  dans  sa  partie  nord  ,  la  forme 
suivante  :  a;  dans  sa  région  sud,  celle-ci  :  D ;  les  plus 
hauts  sommets,  dont  les  cartes  marines  nous  don¬ 
nent  les  altitudes,  1410  mètres,  2  210  mètres,  1  818 
mètres,  en  sont  invisibles  du  fond  de  la  vallée;  une 
haute  muraille  de  pierre  grise,  à  crête  dentelée,  le 
couronne  de  ce  côté  et  lui  donne  l’aspect  le  plus 
étrange  :  on  dirait  une  série  de  rochers  de  Gibraltar 
juxtaposés  sur  un  piédestal  de  montagnes  :  quelque  chose 
comme  ceci  :  y.  La  crête  supérieure  de  cette  muraille  me  pa¬ 
rait  être  à  une  altitude  à  peu  près  uniforme  pouvant  varier 

entre  1200  et  1500  mètres.  Au-dessus,  quelques  cultures  entrevues  en  deux  ou 
trois  points  semblent  révéler  l’existence  d’un  plateau. 


P 


a  juillet. 


A  3  heures  et  demie  du  matin,  nous  nous  mettons  en  route;  un  jeune  homme 
du  village  où  nous  avons  passé  la  nuit  nous  accompagne  :  son  père,  qui,  moyennant 
une  faible  rétribution,  nous  a  accordé  son  anaïa,  nous  le  donne  pour  nous  servir 
de  zetat  (1).  11  est  sans  armes,  comme  toutes  les  gens  qu’on  rencontre  de  Tétouan 

(l)LÜaj,  pluriel iLLLj.  Dans  toutes  les  tribus  indépendantes  du  Maroc,  ainsi  que  dans  celles  qui  sont  impar¬ 
faitement  soumises,  la  manière  de  voyager  est  la  même.  On  demande  à  un  membre  de  la  tribu  de  vous  ac¬ 
corder  son  anaïa,  «  protection  »,  et  de  vous  faire  parvenir  en  sûreté  à  tel  endroit  que  l'on  désigne  :  il  s'y 
engage  moyennant  un  prix  qu'on  débat  avec  lui,  zctata  :  la  somme  fixée,  il  vous  conduit  ou  vous  fait  conduire 
par  un  ou  plusieurs  hommes  jusqu’au  lieu  convenu;  là  on  ne  vous  laisse  qu'en  mains  sûres,  chez  des  amis 
auxquels  on  vous  recommande.  Ceux-ci  vous  mèneront  ou  vous  feront  mener  plus  loin  dans  les  mêmes  condi¬ 
tions  :  nouvelle  anaïa ,  nouvelle  zetata ,  et  ainsi  de  suite.  On  passe  de  la  sorte  de  main  en  main  jusqu  a  1  arrivée 
au  terme  du  voyage.  Ceux  qui  composent  l'escorte  sont  appelés  zelal;  Jour  nombre  est  extrêmement  variable, 


8 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


à  Chechaouen.  Nous  descendons  d’abord  les  dernières  pentes  du  Djebel  Béni  Hasan  ; 
puis,  suivant  le  fond  de  la  vallée  qui  se  déroule  à  son  pied,  nous  ne  tardons  pas  à 
entrer  sur  les  terres  des  Akhmâs.  C’est  toujours  la  même  prospérité,  la  même  ri¬ 
chesse  :  l’Ouad  el  Hechaïch  roule  ses  eaux  paisibles  à  l’ombre  d’oliviers  séculaires; 
sa  vallée  est  couverte  de  beaux  champs  de  blé  où  travaillent  gaiement  une  foule  de 
moissonneurs.  Ce  n’est  que  sur  les  premières  pentes  du  Djebel  Mezedjel ,  prolon¬ 
gement  du  Djebel  Béni  Hasan,  trop  raides  ici  pour  recevoir  de  culture,  qu’on  re¬ 
trouve  pendant  quelque  temps  les  palmiers  nains.  Encore  cela  dure  peu  :  le  premier 
talus  franchi,  les  côtes  deviennent  plus  douces,  et  au  milieu  de  champs  dorés,  en 
traversant  des  ruisseaux  innombrables,  je  monte  à  Chechaouen. 

La  ville,  enfoncée  dans  un  repli  de  la  montagne,  ne  se  découvre  qu’au  dernier 
moment  :  on  a  gravi  tous  les  premiers  échelons  de  la  chaîne;  on  est  parvenu  à 
la  muraille  rocheuse  qui  la  couronne;  on  en  longe  péniblement  le  pied  au  milieu  d’un 
dédale  d’énormes  blocs  de  granit  où  se  creusent  de  profondes  cavernes.  Tout  à  coup 
ce  labyrinthe  cesse,  la  roche  fait  un  angle  :  à  cent  mètres  de  là,  d’une  part  adossée  à 
des  montagnes  à  pic,  de  l’autre  bordée  de  jardins  toujours  verts,  apparaît  la  ville. 
Il  était  6  heures  du  matin  quand  j’y  arrivai  :  à  cette  heure,  les  premiers  rayons 
du  soleil,  laissant  encore  dans  l’ombre  les  masses  brunes  des  hautes  cimes  qui  la  sur¬ 
plombent,  doraient  à  peine  le  faîte  de  ses  minarets  :  l’aspect  en  était  féerique.  Avec 
son  vieux  donjon  à  tournure  féodale,  ses  maisons  couvertes  de  tuiles,  ses  ruisseaux 
qui  serpentent  de  toutes  parts,  on  se  serait  cru  bien  plutôt  en  face  de  quelque  bourg 
paisible  des  bords  du  Rhin  que  d’une  des  villes  les  plus  fanatiques  du  Rif.  Che¬ 
chaouen,  dont  la  population  compte  un  grand  nombre  de  cherifs  (1),  est  en  effet  re¬ 
nommée  pour  son  intolérance  :  on  se  raconte  encore  le  supplice  d’un  malheureux  Es- 


je  l’indiquerai  toujours  :  on  verra  qu’un  seul  homme  suffit  parfois,  lorsque  ailleurs,  souvent  très  près,  quinze  ne 
suffisent  pas.  L’usage  de  l’anaïa,  appelé  aussi  mezrag ,  forme  une  des  principales  sources  de  revenu  des  familles 
puissantes.  C’est  à  elles,  en  effet,  que  les  voyageurs  s’adressent  de  préférence,  la  première  condition  chez  un 
zetat  étant  la  force  de  faire  respecter  son  protégé.  Il  y  a  une  seconde  qualité  non  moins  essentielle  qu’il  faut 
chercher  en  lui  :  c’est  la  fidélité.  En  des  lieux  où  il  n’y  a  ni  lois  ni  justice  d’aucune  sorte,  où  chacun  ne 
relève  que  de  soi-même,  des  zetats  peuvent  piller,  égorger,  chemin  faisant,  les  voyageurs  qu'ils  avaient  promis 
de  défendre;  nul  n’a  un  mot  à  leur  dire,  nul  n’a  un  reproche  à  leur  faire;  c’est  un  accident  contre  lequel  rien 
au  monde  ne  peut  garantir  :  une  fois  en  route  avec  des  zetats,  on  est  entièrement  à  leur  merci.  Aussi  faut-il 
les  choisir  avec  la  plus  grande  prudence  et,  avant  de  demander  à  un  homme  son  anaïa,  s’informer  minutieu¬ 
sement  de  sa  réputation.  D’ailleurs,  quoiqu’on  en  voie  un  très  grand  nombre  qui  trahissent,  soit  ouvertement  en 
vous  pillant  eux-mêmes,  soit  par  stratagème  en  vous  faisant  dépouiller  par  un  parti  plus  nombreux  auquel  ils 
donnent  le  mot;  quoiqu’il  y  en  ait  d’autres  qui  vous  abandonnent,  chemin  faisant,  après  s’être  fait  payer  d'a¬ 
vance,  ou  bien  qui  ne  consentent  à  vous  accompagner  jusqu’au  bout  qu’à  condition  d’augmenter  leur  salaire, 
malgré  ces  genres  divers  de  trahison,  genres  que  j’ai  expérimentés  tous  sans  exception,  on  trouve  aussi  des 
hommes  honnêtes  qui,  les  uns  par  sentiment  d’honneur,  les  autres  pour  garder  intacte  une  réputation  source 
de  nombreux  bénéfices,  non  seulement  vous  conduisent  fidèlement  jusqu’à  la  fin,  mais  montrent  même  un 
dévouement  qui  va  jusqu’à  risquer  leur  vie  pour  vous  défendre. 

(1)  Parmi  ces  cherifs,  se  distingue  au  premier  rang  la  famille  des  Oulad  El  Maddjich;  ils  font  partie  de  la 


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y 


CHE  CHAQUE  N 


DE  TA  Mil:  Il  A  MEKNAS. 


'.I 

pagnol  qui,  il  y  a  une  vingtaine  d’années,  voulut  y  pénétrer  :  même  les  Juifs, 
qu’on  tolère,  sont  soumis  aux  plus  mauvais  traitements;  parqués  dans  leur  mel- 
lah,  ils  ne  peuvent  en  sortir  sans  être  assaillis  de  coups  de  pierres  :  sur  tout  le  terri¬ 
toire  des  Akhmàs,  auquel  appartient  la  ville,  personne  ne  passa  près  de  moi  sans 
me  saluer  d’un  Allah  iharraq  bouk ,  la.  el  Ihoudi  (1),  ou  de  quelque  autre  injure 
analogue.  Chechaouen  a  3  ou  4  000  habitants,  parmi  lesquels  une  dizaine  de  familles 
israélites.  Le  marché  s’y  tient  le  dimanche.  C’est  une  ville  ouverte.  Derrière  elle 
s’élève  à  pic  la  haute  muraille  de  roche  qui  couronne  le  Djebel  Mezedjel;  en  avant 
commencent  de  superbes  jardins  qui,  s’étendant  sur  le  flanc  de  la  montagne, 
couvrent  un  espace  immense;  les  fruits  qu’ils  produisent,  leurs  raisins  surtout, 
sont  célèbres  dans  tout  le  nord  du  Maroc.  Chechaouen  est  renommée  aussi  pour 
l’excellence  de  son  eau. 

Pendant  cette  dernière  partie  de  ma  route,  j’ai  encore  rencontré  beaucoup  de. 
personnes  sur  le  chemin.  Celui-ci  ne  cesse  pas  d’être  bon  :  une  seule  côte  un  peu  raide, 
aucun  passage  difficile.  Sol  terreux,  peu  de  pierres.  .J’ai  traversé  deux  cours  d’eau 
assez  importants  :  l’Ouad  Arezaz  (berges  de  terre  d'un  mètre;  eau  claire  et  courante 
de  60  centimètres  de  profondeur;  8  mètres  de  large;  lit  de  galets),  et  l’Ouad  el 
Hechaïch  (il  coule  à  pleins  bords  dans  un  lit  de  gravier  de  10  mètres  de  large;  eau 
claire  et  courante  de  60  centimètres  de  profondeur).  Le  Djebel  Mezedjel,  identique 
au  Djebel  Béni  Hasan,  n’est  que  la  continuation  de  celui-ci  sous  un  autre  nom  :  on 
le  voit  se  prolonger  bien  loin  encore  dans  le' sud,  appelé  alors  Djebel  el  Akhmàs. 

Vers  7  heures  du  matin,  je  quitte  Chechaouen  pour  reprendre  la  direction  de 
Tétouan.  Le  chemin  qui  m’a  conduit  me  ramène.  Pas  de  nouvelles  remarques  à 
faire.  Je  ne  me  lasse  pas  d’admirer  cette  merveilleuse  quantité  d’eau  courante  qu’on 
rencontre  le  long  de  la  route  :  si  ce  n’est  dans  les  hautes  vallées  de  la  Suisse,  je 
n’ai  vu  nulle  part  un  aussi  grand  nombre  de  sources,  de  ruisseaux  grands  et  petits, 
tous  pleins  d’eau  douce  et  limpide.  La  population  sait  tirer  parti  de  tant  de 
bienfaits;  aucune  place  cultivable  qui  ne  soit  ensemencée  :  on  voit  des  champs  sus¬ 
pendus  en  des  points  qui  paraissent  presque  inaccessibles.  —  Chemin  faisant,  je 
rencontre  un  hadj  (2),  qui  suit  la  même  direction  que  nous;  apprenant  que  je 
suis  étranger,  il  me  salue  en  français  et  nous  causons.  J'avais  remarqué  déjà ,  et 

descendance  de  Sidi  Abd  es  Selam  ben  Mechich,  célèbre  saint  marocain  mort  en  1227  de  .1.-0.  et  enterré  non 
loin  de  Tétouan ,  au  Djebel  el  Alain. 

C’est  à  l'obligeance  de  M.  Pilard,  ancien  interprète  militaire,  qui  d'ailleurs  m'a,  ainsi  qu’on  le  verra,  fourni 
la  matière  de  plusieurs  autres  notes,  que  je  dois  ce  renseignement.  Le  Djebel  el  Alain,  où  se  trouve  le  mausolée 
de  Sidi  Abd  es  Selam  ben  Mechich,  est  situé  à  une  journée  de  marche  de  Tétouan,  dans  le  Djebel  Béni  Hasan. 
Il  fait  partie  de  cette  chaîne.  Il  s’élève  sur  son  versant  oriental. 

(1)  Que  Dieu  fasse  brûler  éternellement  le  père  qui  t,'a  engendré,  Juif! 

(2)  Musulman  (pii  a  fait  le  pèlerinage  de  la  Mecque. 


RECONNAISSANCE  \L  M  UlOC. 


10 


RECONNAISSANCE  Al  MAROC. 


c’est  un  fait  que  je  11e  cesserai  de  constater  dans  la  suite,  que  les  hadjs  étaient  géné¬ 
ralement  plus  polis  et  affables  que  les  autres  Musulmans.  C’est  à  tort  qu’on  se 
figure  parfois  qu’ils  reviennent  de  la  Mecque  plus  fanatiques  et  intolérants  qu’ils 
n’étaient;  le  contraire  se  produit  :  leur  long  voyage,  les  mettant  en  contact  avec  les 
Européens,  leur  fait  voir  d’abord  que  ceux-ci  ne  sont  pas  les  monstres  qu’on  leur  avait 
dépeints;  ils  sont  surpris  et  reconnaissants  de  ne  point  trouver  chez  nous  d’hostilité; 
puis  nos  bateaux  à  vapeur,  nos  chemins  de  fer,  les  frappent  d’admiration  :  au  retour, 
ce  n’est  pas  le  souvenir  de  la  kaba  qui  liante  leur  esprit  ,  c’est  celui  des  merveilles 
des  pays  chrétiens,  celui  d’Alexandrie,  de  Tunis,  d’Alger.  La  plupart  du  temps,  le 
Pèlerinage,  loin  d’augmenter  leur  fanatisme,  les  civilise  et  leur  ouvre  l’esprit. 

Quelle  que  pût  être  notre  célérité,  il  n’était  pas  possible  d’arriver  à  Tétouan  le  jour 
même  :  nous  passâmes  la  nuit  dans  un  village  des  Béni  Hasan.  Le  lendemain,  nous 
repartîmes  de  très  bonne  heure;  à  0  heures  du  matin,  nous  étions  dans  la  ville. 

Les  Béni  Hasan,  sur  le  territoire  desquels  j’avais  marché  pendant  la  plus  grande 
partie  de  cette  excursion,  sont  de  race  et  de  langue  tamazirt.  Ils  sont  dits  Qebaïl  (1). 
Tout  le  massif  montagneux  auquel  ils  ont  donné  leur  nom  leur  appartient. 
Cette  tribu  me  paraît  riche  et  nombreuse,  à  voir  la  quantité  et  l’importance  des 
villages,  la  fertilité  du  pays,  les  belles  cultures  qu’il  renferme,  le  monde  qu’on 
y  rencontre  sur  les  routes.  Elle  est  fort  dévote,  à  en  juger  par  la  grande  pro- 


(1)  Les  expressions  de  Qebaïl,  Chellaha,  llaralin ,  Berâber ,  sont  autant  de  mots  employés  par  les  Arabes  pour 
désigner  une  race  unique  dont  le  nom  national,  le  seul  que  se  donnent  ses  membres ,  est  celui  d 'Amazir  (féminin 
Tamazirt,  pluriel  Imaziren).  Au  Maroc,  les  Arabes  appellent  Qebaïl  les  Imaziren  de  la  partie  septentrionale, 
ceux  qui  habitent  au  nord  du  parallèle  de  Fàs;  ils  donnent  le  nom  de  Chellaha  à  tous  les  Imaziren  blancs  ré¬ 
sidant  au  sud  de  cette  ligne  (A);  celui  de  llaralin  aux  Imaziren  noirs,  Leucaethiopes  des  anciens;  enfin  celui 
de  Berâber  est  réservé  à  la  puissante  tribu  tamazirt  dont  il  est  proprement  le  nom.  M.  le  colonel  Carette  ne 
s’était  pas  trompé  en  disant  que  le  mot  de  Berâber,  appliqué  par  les  généalogistes  arabes  à  toute  la  race 
tamazirt,  devait  être  celui  de  quelque  tribu  importante  de  ce  peuple,  tribu  dont  on  avait  par  erreur  étendu 
le  nom  à  toutes  les  autres.  Cette  tribu  des  Berâber  existe  toujours  :  c’est  encore  aujourd’hui  la  plus  puissante 
du  Maroc  ;  elle  occupe  toute  la  portion  du  Sahara  comprise  entre  l’Ouad  Dra  et  l'Ouad  Ziz ,  possède  presque 
en  entier  le  cours  de  ces  deux  fleuves,  et  déborde  en  bien  des  points  sur  le  flanc  nord  du  Grand  Atlas;  elle 
est  jusqu’à  ce  jour  restée  compacte,  et  elle  réunit  chaque  année  en  assemblée  générale  les  chefs  de  ses  nombreuses 
fractions  :  nous  donnerons  ailleurs  sa  décomposition.  Dans  le  Sahara,  dans  le  bassin  de  la  Mlouïa,  on  est  près 
de  la  tribu  des  Berâber  :  on  la  connaît;  on  n'a  garde  d’appliquer  son  nom  à  d’autres  qu'à  elle.  Mais  qu’on 
s’éloigne  vers  le  nord,  qu’on  aille  à  Fàs  ou  à  Sfrou,  on  trouve  déjà  la  confusion.  On  entend  généraliser  le  nom 
de  la  célèbre  tribu  du  sud  et  l’appliquer  indifféremment  à  toutes  celles  des  environs  qui  parlent  la  même 
langue,  comme  les  Ait  loussi,  les  Béni  Ouaraïn,  les  Béni  Mgild,  les  Zaïan,  etc.,  tribus  que,  mieux  informés, 
les  Arabes  de  Qçàbi  ech  Cheurfaou  des  Oulad  el  Hadj  auront  soin  de  n’appeler  jamais  que  du  nom  général  de 
Chellaha.  Pour  nous,  suivant  l'exemple  des  tribus  limitrophes  des  Berâber,  nous  donnerons  le  nom  de  Qebaïl 
aux  Imaziren  que  l'usage  fait  désigner  ainsi,  aux  autres  celui  de  Chellaha  ou  de  Haratîn,  réservant  celui  de 
Berâber  pour  la  seule  tribu  à  laquelle  il  appartient. 

(A)  En  d  autres  termes,  et  plus  exactement,  les  Imaziren  du  massif  Rifain  sont  appelés  Qebaïl  et  ceux  du 
massif  Atlantique  Chellaha.  La  ligne  de  démarcation  entre  les  deux  noms  est  la  large  trouée  qui  sépare  les  deux 
massifs,  celle  qui  conduit  de  Lalla  Marnia  à  Fàs  et  de  là  à  l'Océan  par  la  vallée  du  Sebou. 


DK  TANGER  A  MEKNAS. 


u 


portion  de  îiadjs  qui  s’y  trouve,  par  le  nombre  de  ses  qoubbas  et  de  ses  zaouïas, 
à  en  juger  aussi  par  les  immenses  détours  qu’on  me  faisait  faire  à  travers  champs, 
chaque  fois  qu’on  approchait  d’un  de  ces  lieux  vénérés,  de  peur  de  le  souiller  par¬ 
la  présence  d’un  Juif. 

Dans  cette  tribu,  aussi  bien  que  cirez  les  Akhmâs,  les  costumes  sont  les  suivants  : 
pour  les  hommes  de  condition  aisée  :  caleçons  étroits  s’arrêtant  au-dessus  du  genou, 
courte  chemise  sans  manches,  en  laine  blanche,  descendant  jusqu’à  mi-cuisse,  enfin 
djelabia  brune;  comme  chaussure,  la  belra  (1)  jaune;  comme  coiffure,  une  calotte 
rouge.  Cette  dernière  se  supprime  souvent  :  dans  tout  le  Maroc,  les  populations 
des  campagnes  ont  d’habitude  la  tête  nue,  quelque  soleil  qu’il  fasse,  et  bien  que 
la  plupart  se  rasent  les  cheveux.  Les  pauvres  n’ont  qu’une  chemise  de  laine  blan¬ 
che  et  une  djelabia  ou  un  court  bernons  de  même  étoffe;  rien  sur  la  tête,  ou  bien 
quelque  chiffon  blanc  ou  rouge  noué  autour,  laissant  le  crâne  à  découvert;  les  pieds 
nus  ou  chaussés  de  sandales.  Ici,  par  exception,  peu  de  cheveux  sont  rasés  :  on  se 
contente  de  les  porter  très  courts.  Rien  de  particulier  dans  le  costume  des  femmes  : 
elles  ont  celui  qu’elles  portent  dans  les  campagnes  du  Tell  algérien;  il  est  uniformé¬ 
ment  en  laine  ou  en  cotonnade  blanches;  toutes  laissent  leur  visage  découvert;  pour 
travailler  aux  champs,  elles  s’enroulent  autour  des  jambes  un  épais  morceau  de  cuir 
fauve  fixé  sur  le  devant  par  une  agrafe  :  c’est,  quelque  chose  comme  les  cnémides 
que  mettait  Laërte  pour  jardiner. 

En  général,  les  hommes  sont  assez  beaux  et  surtout  vigoureux,  les  femmes  laides 
et  communes.  Bien  que  le  tamazirt  soit  leur  langue  habituelle,  les  Béni  Hasan 
savent  la  plupart  l’arabe;  mais  ils  y  mêlent  diverses  expressions  étrangères  :  telle 
est  la  particule  </,  dont  ils  font  précéder  les  noms  au  génitif  :  ainsi  ils  disent  Ouad 
d  en  Nekhla,  Djebel  d  el  Akhmâs,  etc.  Cet  emploi  du  d  se  retrouve  d’ailleurs  dans 
le  Maroc  entier,  avec  le  même  sens,  celui  de  notre  préposition  «  de  »;  mais  nulle 
part  avec  autant  d’excès  qu’aux  environs  de  Tétouan. 

4 

4°.  —  DE  TÉTOUAN  A  PAS. 


4  juillet. 

Pendant  cette  première  journée  de  marche,  je  me  borne  à  gagner  le  fondoq  devant 
lequel  j’étais  déjà  passé,  entre  Tanger  et  Tétouan.  La  route  a  été  décrite;  je  n’en 
reparlerai  pas.  J’ai  fait  prix,  pour  me  conduire  àFâs,  avec  un  muletier  musulman  : 
c’est  en  sa  compagnie  que  je  suis  parti  ce  matin;  notre  caravane  est  peu  nombreuse  : 
dix  bêtes  de  somme;  le  muletier,  son  fi  1  s  et  un  domestique;  voilà,  avec  Mardochée  el 

(1)  La  belra  est  une  sorte  de  pantoufle  très  large,  en  cuir  souple,  à  semelle  mince,  sans  talon.  C  est  la  seule 
chaussure  qu’on  voie  au  Maroc. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


12 

moi,  tout  ce  qui  la  compose.  D’ici  à  Fàs,  par  la  route  que  nous  allons  prendre,  il 
n’y  a  rien  à  craindre;  nous  serons  constamment  en  blad  el  makhzen  et  en  pays 
peuplé  :  inutile  de  prendre  d’escorte. 

Le  fondoq  où  nous  passons  la  nuit  est  une  vaste  enceinte  carrée  dont  le  pourtour 
est  garni,  à  l’intérieur,  d’un  hangar  :  les  voyageurs  s’installent  sous  cet  abri;  les 
animaux  restent  au  centre  :  le  maître  du  lieu  perçoit  une  légère  rétribution  sur  bêtes 
et  gens;  de  plus,  il  vend  de  l’orge  et  de  la  paille.  Les  établissements  de  ce  genre, 
rares  au  Maroc  dans  la  campagne,  y  sont  très  nombreux  dans  les  villes  :  le  hangar 
se  surmonte  alors  d’un  étage  où  sont  disposées  de  petites  cellules  fermant  à  clef 
qu’on  loue  aux  étrangers  :  ce  sont  les  seules  hôtelleries  qui  existent.  Le  fondoq  où 
nous  sommes  paraît  très  fréquenté  :  vers  le  soir,  près  de  cinquante  voyageurs  s’y 
trouvent  réunis;  la  cour  est  pleine  :  chevaux,  ânes,  mulets,  chameaux,  s’y  pressent 
pêle-mêle  avec  des  troupeaux  de  bœufs  et  de  moutons. 

5  juillet. 

A  4  heures  du  matin,  nous  quittons  le  fondoq.  La  caravane  s’augmente  de  trois 
personnes  :  un  homme  se  rendant  à  Fàs;  il  porte  à  la  main  une  cage  contenant  six 
canaris;  c’est  pour  les  vendre  qu’il  entreprend  ce  voyage;  il  compte  sur  un  bénéfice 
d’environ  trente  francs.  Puis  une  femme  et  sa  petite  fille,  allant  je  ne  sais  où.  Au¬ 
jourd’hui,  la  route  traverse  deux  régions  fort  différentes  :  durant  la  première  partie 
de  la  journée,  je  suis  dans  un  pays  montueux,  très  arrosé,  souvent  boisé  :  ce  sont  les 
dernières  pentes  du  revers  occidental  des  montagnes  du  Rif.  Puis,  vers  midi,  après 
avoir  passé  un  col  aux  abords  rocheux  et  difficiles,  je  débouche  dans  une  immense 
plaine  légèrement  ondulée  où  je  marche  jusqu’au  gîte.  Cette  plaine,  couverte  tantôt 
de  champs  de  blé  et  de  maïs,  tantôt  de  pâturages,  tantôt  de  nouara  hebila  (1),  s’é¬ 
tend  à  perte  de  vue  dans  les  directions  de  l’ouest  et  du  sud;  au  nord  et  à  l’est,  elle 
est  bornée  par  une  longue  ligne  de  hauteurs  bleuâtres,  au  flanc  desquelles  on  distin¬ 
gue  de  blancs  villages  et  les  taches  sombres  de  vergers.  La  nouvelle  région  où  je  viens 
d’entrer  et  où  je  demeurerai  jusqu’à  l’Ouad  Sebou  présente  le  contraste  le  plus  com¬ 
plet  avec  celle  que  je  quitte  :  là  on  ne  voyait  que  des  villages,  ici  presque  que  des 
tentes;  là  une  foule  de  jardins,  ici  pas  un  arbre;  là  tous  les  ruisseaux,  toutes  les 
rivières  avaient  de  l’eau  courante,  tous  étaient  bordés  de  lauriers-roses;  ici  bien  des 
lits  sont  à  sec,  d’autres  ne  contiennent  qu’une  eau  croupissante  et  le  laurier-rose  a 
disparu.  Cependant,  sans  être  riante  comme  la  première,  c’est  encore  une  riche 

(1  Les  nouara  hebila  sont  de  larges  fleurs  blanches  portées  par  des  tiges  raides  qui  atteignent  jusqu’à  lm,20 
à  1 m  ,40  de  hauteur;  elles  poussent  sans  culture,  très  serrées,  formant  comme  de  vastes  champs  'blancs  ;  les 
tiges  ont  en  moyenne  1  mètre  à  lm, 20  d’élévation;  elles  servent,  une  fois  sèches,  à  allumer  le  feu  et  à  faire  des 
huttes  grossières.  Cette  plante  n’est  propre  à  aucun  autre  usage  :  les  animaux  ne  la  mangent  point. 


DE  TANGER  A  MEKNAS. 


13 

contrée  :  le  sol,  terreux  partout,  est  entièrement  cultivable;  de  beaux  champs  de 
blé,  d’orge  et  parfois  de  maïs,  en  couvrent  une  grande  partie  et  en  prouvent  la  fé¬ 
condité.  D’ailleurs,  si  elle  n’a  pas  ces  ondes  fraîches  et  limpides  que  j’admirais  près 
de  Tétouan ,  les  rivières  pourtant  y  sont  nombreuses  et  l’eau  est  loin  d’y  manquer, 
malgré  la  saison. 

Nous  nous  arrêtons  à  4  heures  du  soir,  dans  un  douar  des  Bdaoua  (1) ,  en  un  lieu 
où  se  tient  un  marché  hebdomadaire,  Souq  el  Arbaa  el  Bdaoua.  Pendant  cette  journée, 
je  n’ai  rencontré  sur  la  route  qu’un  passage  difficile  :  les  environs  du  col  signalé 
plus  haut.  Parmi  les  cours  d’eau  traversés,  trois  avaient  quelque  importance  : 
POuad  el  Hericha  (berges  escarpées  de  2  ou  3  mètres  de  haut;  G  mètres  de  large; 
eau  claire  de  50  centimètres  de  profondeur,  qui  coule  sur  un  lit  de  gros  galets;  cou¬ 
rant  rapide);  POuad  el  Ivharroub  (berges  de  terre  escarpées  de  2  ou  3  mètres  de  haut; 
5  mètres  de  large;  eau  claire  et  courante  de  50  centimètres  de  profondeur;  lit 
de  gravier);  POuad  Aïcha  (6  mètres  de  large;  eau  de  50  à  60  centimètres  de  pro¬ 
fondeur  ;  courant  insensible).  En  général,  peu  de  monde  sur  le  chemin,  mais  sur 
quelques  points  beaucoup  de  travailleurs  dans  les  champs  :  partout,  de  Tétouan  à 
Fàs,  on  moissonne.  Souvent  les  douars  qu’on  rencontre  sont  grands,  mais  ils  ont 
l’aspect  misérable  :  les  tentes,  petites  et  mauvaises,  ne  descendent  qu’à  0,80  centi¬ 
mètres  de  terre,  laissant  un  vide  mal  fermé  par  une  cloison  de  nouara  hebila. 
Encore  tout  n’est-il  pas  tentes;  celles-ci  sont  mêlées  la  plupart  du  temps  de  huttes 
en  nouara  hebila.  Huttes  et  tentes  sont  groupées  sans  ordre,  formant  un  ensemble 
qui  rappelle  peu  le  sens  primitif  du  mot  douar.  Ainsi  sont  tous  les  campements  de 
Tétouan  à  Fàs. 

6  juillet. 

Départ  à  5  heures  du  matin.  Toute  la  journée,  je  continue  à  marcher  dans  la  plaine 
ondulée  décrite  hier;  rien  n’y  change  :  même  terrain,  mêmes  habitants,  même 

- — 


El  Qçar  el  Kebir,  ses  jardins,  le  Djebel  Sarsar. 

(Vue  prise  à  2  kilomètres  de  la  ville,  du  chemin  de  Tétouan.)  Croquis  de  l’auteur. 


Asn  n-Vt  . 


horizon;  seulement,  à  partir  de  1 1  heures,  j’ai  en  vue  le  Djebel  Sarsar.  Sa  croupe 
massive  apparaît  à  l’est,  dominant  les  hauteurs  qu’on  aperçoit  de  ce  côté.  El  Qçar  est 
située  au  milieu  de  la  plaine.  Nous  entrons  dans  la  ville  à  1  heures  du  soir. 


(1)  La  tribu  des  Bdaoua  fait  partie  de  la  province  d'El  Araïch,  province  gouvernée  par  un  qaïd  résidant  à 
El  Araïch.  Les  Bdaoua,  ainsi  que  toutes  les  populations  que  je  rencontrerai  d’ici  à  Fàs,  ne  parlent  que  l’arabe. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


14 


Plus  de  voyageurs  aujourd’hui  qu’hier  sur  la  route.  Le  principal  cours  d’eau 
traversé  est  l’Ouad  el  Mkhâzen  (berges  de  terre  à  1/2  de  4  à  5  mètres  de  haut;  10  à 
12  mètres  de  large;  belle  eau  courante  de  oO  centimètres  de  profondeur). 

Un  événement  se  produit  ce  soir  dans  notre  caravane  :  en  entrant  à  El  Qçar, 
l’homme  aux  canaris  nous  fait  part  de  son  mariage  :  en  marche,  il  a  fait  con¬ 
naissance  avec  notre  compagne  de  route;  elle  lui  a  plu;  il  lui  a  offert  sa  main; 
elle  a  accepté;  ils  vont  se  marier  à  El  Qçar  :  on  vendra  les  canaris  comme  on 
pourra;  le  prix  en  servira  au  don  nuptial  et  aux  frais  de  la  noce. 


7  juillet. 

* 

C’est  aujourd’hui  samedi  :  force  m’est  de  rester  ici  pendant  24  heures.  De  tous 
les  ennuis  auxquels  m’a  soumis  ma  condition  de  Juif,  je  n’en  connais  aucun  qui 
approche  de  celui-là  :  perdre  cinquante-deux  jours  par  an.  Certains  Israélites  du 
Maroc  sont  d’avis  que  c’est  le  point  le  plus  admirable  de  leur  religion.  Je  n’y  ai  rien 
trouvé  de  plus  dur  :  on  voudrait  se  mettre  en  route,  on  ne  peut  pas  :  on  est  en 
voyage,  il  faut  s’arrêter.  Encore  si  l’on  pouvait  profiter  de  ce  retard  pour  rédiger  ses 
notes,  mais  c’est  presque  toujours  impossible.  Se  trouve-t-on  seul?  On  barricade  sa 
porte,  on  bouche  les  fentes,  et  on  se  met  au  travail.  Mais  il  est  si  difficile  d’être  seul 
ce  jour-là  !  Et  il  ne  faudrait  pas  qu’on  vous  surprît  à  écrire  :  votre  secret  serait  trahi; 
on  saurait  que  vous  n 'êtes  pas  Israélite.  A-t-on  jamais  vu  au  Maroc  Juif  écrire  durant 
le  sabbat?  C’est  défendu  au  même  titre  que  voyager,  faire  du  feu,  vendre, 
compter  de  l’argent,  causer  d’affaires,  que  sais-je  encore?  Et  tous  ces  préceptes 
sont  observés ,  avec  quel  soin  !  Pour  les  Israélites  du  Maroc,  toute  la  religion  est  là  :  les 
préceptes  de  morale,  ils  les  nient;  les  dix  commandements  sont  de  vieilles  histoires 
bonnes  tout  au  plus  pour  les  enfants;  mais  quant  aux  trois  prières  quotidiennes 
quant  aux  oraisons  à  dire  avant  et  après  les  repas,  quant  à  l’observation  du  sabbat 
et  des  fêtes,  rien  au  monde,  je  crois,  ne  les  y  ferait  manquer.  Doués  d’une  foi  très 
vive,  ils  remplissent  scrupuleusement  leurs  devoirs  envers  Dieu  et  se  dédommagent 
sur  les  créatures. 

Encore  ici  ne  suis-je  pas  très  à  plaindre  :  je  profiterai  de  cette  journée  pour  visiter 
la  ville.  Celle-ci  a  pu  mériter  autrefois  son  nom  de  El  Qçar  el  Kebir  (1),  mais  aujour¬ 
d’hui  elle  n’est  plus  ni  grande  ni  fortifiée.  Très  mal  construite,  avec  ses  maisons  non 
blanchies  qui  lui  donnent  un  air  de  saleté  et  de  tristesse,  c’est  la  plus  laide  des  villes 
que  j’aie  vues  au  Maroc  :  elle  manque  d’eau;  on  est  obligé  d’en  aller  chercher  dans 
des  outres  à  l’Ouad  el  Qous,  à  près  d’une  demi-heure  de  distance.  La  population  peut 
être  de  5  ou  6  000  habitants,  dont  un  millier  d’Israélites  :  ceux-ci  étaient  autre- 


(1)  Le  grand  château. 


DK  TANDIS  K  A  MEKNAS. 


15 


fois  enfermés  dans  un  mellah;  comme  il  est  devenu  trop  étroit,  on  leur  permet 
aujourd’hui  d’habiter  dans  toute  la  ville.  Malgré  cela,  il  est  difficile  de  se  lo¬ 
ger  :  j’ai  eu  toutes  les  peines  du  monde  à  trouver  une  chambre,  et  quelle  chambre! 
Je  n’aurais  jamais  cru  qu’une  telle  quantité  d’araignées  et  de  souris  pût  tenir  en 
un  si  petit  espace.  Quant  aux  anciennes  fortifications,  on  en  retrouve  peu  de  tra¬ 
ces  :  quelques  pans  de  murs  ruinés,  de  pisé  extrêmement  épais,  se  dressant  çà  et  là 
aux  abords  fie  la  ville,  voilà  tout  ce  qu’il  en  reste.  1  ne  des  choses  remarquables  de 
ce  lieu  est  la  quantité  innombrable  des  cigognes  :  point  de  maison  sans  un  nid  de  ces 
oiseaux;  il  y  en  a,  je  pense,  presque  autant  que  d’habitants.  El  Qçar  est  la  résidence 
d’un  gouverneur,  lieutenant  du  qaïd  d’El  Araïch  (1). 

Auprès  de  la  ville,  sont  de  grands  vergers  :  j’y  ai  remarqué  de  belles  piaulai  ions 
d’orangers,  entretenues  avec  soin  et  arrosées  par  des  norias.  Mais  ce  sont  dos  excep¬ 
tions  :  en  général,  ces  jardins  sont  plus  vastes  que  florissants;  ils  produisent  peu  de 
fruits;  la  plupart  de  ceux  qu’on  consomme  ici  viennent  de  Tanger  ou  de  Tétouan. 

8  juillet. 

Départ  à  5  heures  du  matin.  Je  marche  dans  la  même  plaine  :  telle  elle  était  avant- 
hier  au  nord  d’El  Qçar,  telle  elle- sera  encore  toute  cette  journée.  Il  n’y  a  qu’une 
différence  :  la  ligne  de  hauteurs  qui  la  bordait  vers  l’est  disparait  et  fait  place  aux 


Djebel  Sarsar. 

(Des  pallies  ombrées  sont  boisées.) 
(Vue  prise  du  chemin  d’El  Qçar  à  Fâs, 
à  22  kilomètres  d’El  Qçar.) 
Croquis  de  l’auteur. 


Djebel  Kourt.  (Vue  prise  du  chemin  d’El  Qçar 
à  Eàs,  à  l’ouest-sud -ouest  et  à  environ  12  kilomètres 
de  la  montagne.)  Croquis  de  l’auteur. 


lourds  massifs  du  Djebel  Sarsar  et  du  Djebel  Kourt.  A  3  heures  de  l’après-midi,  nous 
arrivons  à  Chemmaha,  petit  douar  où  nous  devons  passer  la  nuit. 

Je  n’ai  traversé  aujourd’hui  qu’une  seule  rivière,  mais  elle  est  importante  :  c’est 
l’Ouad  el  Qous  (berges  de  terre  à  1/1  de  7  à  8  mètres  de  haut;  eau  courante  de  60  à 
70  centimètres  de  profondeur  et  de  20  à  25  mètres  de  large;  lit  de  gravier). 

Une  caravane  qui  chemine  en  ces  pays  arrive  toujours  plus  nombreuse  qu’elle 

(1  )  Le  qaïd  d’El  Araïcii  est  le  chef  de  la  province  du  même  nom.  De  Tanger  à  I-  as ,  je  traverse  cinq  provinces  : 
celles  de  Tanger,  de  Tétouan,  d’El  Araïch,  du  Rarb,  et  de  Eàs.  Les  quatre  premières  sont  gouvernées  chacune 
par  un  qaïd;  dans  la  dernière  l’autorité  est  partagée  entre  trois  hachas.  Ces  sept  fonctionnaires  relèvent  tous 
directement  du  sultan.  La  province  du  Rarb  est  très  étendue  :  je  vais  y  entrer,  et  j  y  resterai  jusqu  auprès  de 
Eàs.  Les  tribus  des  Tegaga,  des  llejaoua,  des  Oulad  Aïssa,  des  <  heraga,  en  tout  partie. 


RECONNAISSANCE  AC  MAROC. 


n’était  partie.  En  marche,  elle  se  grossit  de  tous  les  isolés  qu’elle  rencontre  et  qui 
suivent  la  même  route.  A  chaque  gîte,  elle  s’accroît  de  quelques  personnes  qui  profi¬ 
tent  de  l’occasion.  El  ctmara  mliha ,  «  la  société  est  bonne  »,  dit-on  :  la  société  est 
une  sûreté  et  souvent  une  économie.  Cinq  au  départ,  nous  sommes  déjà  une  douzaine  : 
nous  arriverons  quinze  ou  vingt  à  Fàs. 


9  juillet. 


Départ  à  4  heures  et  demie  du  matin.  Nous  reprenons  notre  marche  au  travers 
du  même  pays.  A  2  heures,  nous  parvenons  au  bord  de  l’Ouad  Ouerra.  Le  fond 
de  la  vallée,  très  large  ici,  est  limité  des  deux  côtés  par  un  talus  de  terre  presque  à 


pic  d’une  dizaine  de  mètres  de  hauteur.  L’aspect  de  la 
vallée  est  riant  :  c’est  une  grande  prairie  où  paissent 
de  nombreux  troupeaux  ;  quelques  bouquets  d’arbres 


l'ombragent;  des  jardins,  des  douars  s’y  voient  en  grand  nombre.  Au  milieu,  la 
rivière,  large  de  80  mètres,  aux  eaux  vertes,  coule  claire  et  rapide  sur  un  lit  de 
galets.  Ce  lit  est  bordé  de  berges  de  terre  à  pic,  de  4  à  5  mètres  de  haut;  la  largeur 
de  la  rivière  atteint  près  de  100  mètres  au  gué  où  nous  la  traversons;  en  ce  point, 
elle  a  environ  00  centimètres  de  profondeur;  au-dessous,  son  cours  se  rétrécit, 
mais  elle  devient  profonde  de  lm,50.  Nous  nous  arrêtons  sur  la  rive  gauche  de  l’ouad, 
dans  un  petit  douar  ombragé  de  figuiers  :  c’est  là  que  nous  passerons  la  nuit. 

Avant  d’arriver  à  l’Ouad  Ouerra,  j’avais  franchi  un  cours  d’eau  assez  important, 
l’Ouad  Relût  (berges  de  terre  de  4  à  5  mètres  de  haut;  eau  claire  et  courante  de  50 cen¬ 
timètres  de  profondeur;  15  mètres  de  large  ;  lit  de  gravier).  Aujourd’hui ,  un  peu 
moins  de  monde  sur  le  chemin  que  les  jours  derniers.  Les  cultures  semblent  aussi 
un  peu  moins  nombreuses  et  moins  soignées.  Les  pâturages  augmentent. 

D’ici  on  voit,  tout  à  fait  dans  le  lointain,  bornant  l’horizon  vers  l’est,  une  longue 


série  de  crêtes  grisâtres  très  découpées;  elles  pa¬ 
raissent  appartenir  à  des  massifs  élevés;  un  som¬ 
met  se  distingue  par  ses  formes  escarpées  :  c’est  le 
Djebel  Oulad  Aïssa.  Plus  près  de  moi,  dans  la 
direction  du  sud,  j’aperçois  le  Djebel  Tselfat.  - — 
L’Ouacl  Ouerra  renferme  beaucoup  de  poissons; 
des  hommes  de  la  caravane  pêchent  ,  et  en  pren- 


Djebcl  Tselfat.  (Vue  prise  du  chemin 
d’El  Qçar  à  Fàs,  à  environ  10  kilomètres  de  la 
montagne.)  Croquis  de  l’auteur. 


lient  une  quantité  étonnante.  11  contient  aussi  des  tortues,  comme  la  plupart  des  cours 
d’eau  entre  Tanger  et  F as. 


10  juillet. 


DE  TANGER  A  MEKNAS. 


17 


les  jours  précédents;  mais  le  terrain  se  modifie  un  peu.  Il  commence  à  changer 
vers  9  heures  et  demie,  à  la  frontière  des  Oulad  Aïssa.  Jusque-là  c’était  toujours 
la  même  plaine  à  ondulations  légères,  succession  de  plateaux  peu  élevés,  coupés  de 
vallées  sans  profondeur.  A  partir  de  là,  les  rides  se  creusent,  les  reliefs  se  pronon¬ 
cent.  Cependant  les  mouvements  sont  encore  peu  accentués,  et  la  région  d’ici  à  l’Ouad 
Sebou  peut  se  considérer  comme  appartenant  à  celle  où  je  suis  entré  le  5  juillet. 
Mais,  par  divers  côtés,  elle  annonce  la  contrée  qu’on  trouvera  sur  la  rive  gauche 
du  fleuve  :  déjà  les  flancs  des  vallées  se  couvrent  de  jardins;  déjà  apparaissent 
sur  les  côtes  des  plantations  d’oliviers,  de  vignes  et  de  figuiers;  déjà  les  collines 
se  couronnent  de  villages.  De  plus,  la  nouara  hebila,  plante  curieuse  qui  couvre 
une  partie  de  la  plaine  que  je  finis  de  traverser,  et  que  je  n’ai  jamais  rencontrée 
ailleurs,  devient  rare  :  par  contre,  le  jujubier  sauvage  commence  à  se  montrer; 
depuis  que  je  suis  chez  les  Oulad  Aïssa,  j’en  vois  çà  et  là  des  buissons  poussant 
dans  la  campagne.  On  rencontre  plus  de  passants  qu’hier;  le  pays  parait  plus 
habité  et  plus  riche.  Vers  3  heures  et  demie,  nous  atteignons  la  vallée  du  Sebou  : 
moins  large  que  celle  de  l’Ouad  Ouerra,  elle  est  aussi  nettement  dessinée.  Un 
double  talus  à  pente  très  raide  en  limite  le  fond  de  chaque  côté.  Ce  fond  est  en 
partie  sablonneux  :  on  y  voit  peu  de«cultures,  mais  il  y  a  des 
pâturages  avec  plusieurs  grands  douars;  au  milieu  coule,  en 
serpentant  beaucoup,  l’Ouad  Sebou.  La  largeur  moyenne 

paraît  en  être  de  00  mètres,  la  profondeur  d’un  mètre;  il  coule  entre  deux  berges  de 
terre  de  3  à  4  mètres  de  haut;  les  eaux  en  sont  moins  claires  que  celles  de  l’Ouad 
Ouerra,  mais  le  courant  en  est  extrêmement  rapide  :  nous  profitons,  pour  le  passer, 
d’un  gué  où  il  prend  une  grande  largeur  et  se  divise  en  trois  bras  :  dans  les  deux 
premiers  je  trouve  une  profondeur  de  50  centimètres  environ;  dans  le  troisième, 
large  de  50  mètres,  une  profondeur  de  70  centimètres  :  le  lit  est  formé  de  gros  ga¬ 
lets.  Nous  faisons  halte  dans  un  douar,  sur  la  rive  gauche  du  fleuve,  tout  près  d’un 
rocher  isolé,  Iiadjra  ech  Chéri  fa ,  qui  donne  son  nom  à  ce  lieu.  Ici  encore  mes 
compagnons  font  une  pêche  abondante.  De  l’Ouad  Ouerra  à  l’Ouad  Sebou,  je  n’ai 
traversé  que  des  ruisseaux. 


1 1  juillet. 

Départ  à  5  heures  du  matin.  Après  nous  être  élevés  par  degrés  en  franchissant 
une  succession  de  côtes  coupées  de  ravins  assez  profonds,  nous  arrivons  à  10  heures 
au  cœur  même  du  massif  du  Gebgeb.  Nous  nous  mettons  à  gravir  cette  mon¬ 
tagne  :  le  sol  reste  terreux,  mais  le  chemin,  en  pente  très  raide,  devient  difficile.  La 
fatigue  de  la  route  est  compensée  par  la  beauté  du  paysage  :  autour  de  soi  on  ne 

ISFCONNVlSSVNf.E  AU  MAROC.  3 


IS 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


voit  que  vastes  plantations  de  vignes  et  d’oliviers,  s’étendant  sur  tout  le  liane  de  la 

montagne  et  en  couronnant  le  faîte;  puis, 
de  temps  en  temps,  on  aperçoit  vers  la 
droite  la  haute  cime  du  Terrats,  ou  bien, 
dans  le  lointain,  la  silhouette  grise  du 
Zerhoun.  A  midi,  j’atteins  le  col,  situé 
presque  au  niveau  des  sommets  du  mas¬ 
sif.  De  là  on  jouit  d’un  spectacle  merveil¬ 
leux  :  à  droite,  le  Terrats  et  le  Zerhoun; 
à  gauche,  l’arête  rocheuse  du  Zalar;  en  avant,  bornant  toute  l’étendue  de  l’horizon, 
une  ligne  confuse  de  montagnes  lointaines  que  dominent  la  haute  cime  du  Djebel 
Riata  et  les  crêtes  neigeuses  du  Djebel  Béni  Ouaraïn  :  au  milieu  de  cette  ceinture 
grandiose,  au  pied  même  du  Gebgeb,  apparaît  Fâs,  émergeant  comme  une  île 
blanche  de  la  mer  sombre  de  ses  immenses  jardins. 

Du  col,  la  descente  est  aisée  :  à  2  heures,  j’arrive  à  Bah  Segma  et  j’entre  dans 
l’antique  cité  de  Moulei  Edris. 

Pendant  cette  journée,  une  foule  de  voyageurs  n’a  cessé  de  sillonner  le  chemin  : 

« 

Portion  orientale  du  Djebel  Zalar.  Aqba  el  Djemel. 


Partie  orientale  de  Fâs  el  Bâli.  (I.e  reste  de  la  ville  est  caché 
par  des  collines  couvertes  de  vergers.)  (Vue  prise  à  un  kilomètre  du  mollah  de  Fâs,  du  chemin  de  Sfrou.) 

Croquis  de  l’auteur. 


Djebel  Gebgeb  et  Djebel  Terrats.  (Vue  prise 
an  nord-ouest  de  ces  montagnes,  du  chemin  d’EI  Qçai  vi  Fâs.) 
Croquis  de  l’auteur. 


de  Hadjra  ech  Cherifa  à  Fâs,  le  pays  est  d’une  richesse  extrême;  ce  ne  sont  que 
cultures,  villages,  jardins,  plantations  de  vignes  et  d’oliviers;  quelques  ravins  sont 
boisés;  peu  de  places  incultes,  celles  qu’on  voit  sont  couvertes  de  jujubiers  sauvages 
et  de  palmiers  nains  :  la  nouara  hebila  a  entièrement  disparu.  Peu  d’eau  courante, 
mais  des  sources  et  des  puits.  Vers  7  heures  et  demie,  j’ai  passé  au  milieu  de  l’Arbaa 
des  Oulad  Djema;  malgré  l’heure  matinale,  il  était  animé  :  il  s’y  trouvait  300  ou 
400  personnes,  et  on  venait  de  toutes  parts. 


DE  TANGER  A  MEKNAS. 


5U.  —  SEJOUR  A  FAS. 


A  mon  passage  à  Tanger,  M.  Benchimol,  dont  le  nom  est  connu  en  France 
par  les  importants  services  que,  depuis  plus  d’un  siècle,  sa  famille  11e  cesse  de 
rendre  à  notre  pays,  m’avait  donné  une  lettre  pour  un  des  principaux  négociants  de 
Fâs,  M.  Samuel  Ben  Simhoun.  Je  me  fis  immédiatement  conduire  à  la  maison  de  ce 
dernier.  Je  reçus  de  lui  le  meilleur  accueil.  Je  lui  demandai  aussitôt  de  m’aider  à 
•trouver  les  moyens  de  gagner  le  Tâdla;  il  me  promit  de  le  faire,  et  il  m’offrit  si 
cordialement  l’hospitalité  que  je  n’hésitai  pas  à  l’accepter.  D’ailleurs  je  comptais  11e 
passer  que  peu  de  temps  à  Fâs  :  cette  ville  étant  décrite  dans  plusieurs  ouvrages  en 
grand  détail  et  mieux  que  je  n’eusse  pu  le  faire,  je  n’avais  pas  à  l’étudier;  il  111e 
tardait,  au  contraire,  de  la  quitter  pour  entrer  enfin  en  pays  inconnu.  Je  priai  donc 
M.  Ben  Simhoun  de  hâter  mon  départ  pour  le  Tâdla  :  je  tenais  à  y  aller  en  coupant 
au  court,  à  travers  le  massif  inexploré  qu’occupent  les  Zemmour  Chellaha  et  les 
Zaïan. 

Ce  que  je  désirais  n’était  pas  chose  aussi  facile  que  je  l’avais  cru.  Nous  n’obtinmes 
d’abord  que  les  renseignements  les  plus  décourageants  :  le  chemin  que  je  voulais 
prendre  était  impraticable,  jamais  on  ne  le  suivait;  les  Zaïan  et  les  Zemmour  Chel¬ 
laha  étaient  des  tribus  sauvages  chez  lesquelles  il  était  impossible  de  voyager;  il  ne 
fallait  pas  songer  à  une  route  pareille;  d’ailleurs  n’en  avait-on  pas  une  autre,  aussi 
sûre  que  celle-ci  l’était  peu?  celle  qui  se  prenait  toujours,  et  qui  passait  par  Rebat 
et  Dar  Beïda.  On  eut  beau  chercher,  questionner,  s’informer,  ce  fut  tout  ce  qu’on 
put  obtenir.  Au  bout  de  huit  jours,  force  fut  de  s’avouer  qu’il  n’y  avait  rien  à  es¬ 
pérer  à  Fâs.  Mon  hôte  fit  alors  une  dernière  tentative  :  il  écrivit  à  Meknâs,  priant 
un  de  ses  amis  d’y  continuer  les  recherches  qui  jusque-là  avaient  si  peu  réussi.  La 
réponse  ne  se  fit  pas  attendre  :  il  existait  à  Meknâs  un  cherif,  homme  honorable,  qui 
connaissait  le  chemin  que  je  demandais;  il  l’avait  suivi  lui-même  plusieurs  fois  : 
comble  de  bonheur,  il  avait  l’intention  d’aller  à  Bon  el  Djad  dans  quelque  temps; 
je  pourrais  partir  avec  lui ,  il  se  faisait  fort  de  me  faire  passer  partout.  Mais  il  11e 
voyagerait  qu’à  la  fin  du  Ramdân.  Or  le  Ramdân  commençait  à  peine.  11  était  dur 
d’être  arrêté  un  mois  à  Fâs;  d’autre  part,  l’occasion  qui  s’offrait  était  unique  :  il  fallait 
ou  l’attendre,  ou  se  résigner  à  suivre  la  route  ordinaire.  Je  ne  balançai  pas,  j’acceptai 
la  proposition  du  cherif.  —  Quant  à  mon  séjour  à  Fâs,  je  m’efforcerais  de  l’em¬ 
ployer  le  plus  utilement  possible,  j’en  profiterais  pour  aller  visiter  Tâza  et  Sf  1*011. 

Je  11e  puis  dire  combien  de  zèle  montra  M.  Ben  Simhoun  en  ces  négociations.  Cest 
lui  qui  fit  toutes  les  démarches,  toutes  les  recherches.  Jusqu’au  moment  ou  la  dur- 
mère  disposition  fut  prise  pour  mon  départ,  il  quitta  ses  occupations,  négligea  ses 


20 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


affaires,  pour  se  consacrer  en  entier  à  ce  que  je  lui  avais  demandé.  Il  montra  en  tout 
une  intelligence,  une  activité,  une  discrétion  dont  je  ne  devais  pas  trouver  d’autre 
exemple  au  Maroc  parmi  ses  coreligionnaires. 

La  population  de  Fâs  est  d’ordinaire  estimée  à  70000  habitants,  dont  3000  Israé¬ 
lites  :  ces  chiffres  ne  sont,  je  crois,  pas  loin  de  la  vérité.  Fâs  fait  un  commerce 
considérable;  elle  est  le  centre  où  affluent  d’une  part  les  marchandises  européennes 


Djebel  Terrats. 

Palais  d’élé  du  sultan.  Djebel  Gebgeb.  Djebel  Zalar. 


Monls  Terrats,  Gebgeb  et  Zalar  et  plaine  du  Sais.  (Vue  prise  du  chemin  de  Sl'rou  à  Fàs.) 

Croquis  de  l’auteur. 


Djebel  Terrats.  (Vue  prise  du  mellah  de  Fàs.) 
Croquis  de  l’auteur. 


El  Belialil.  Djebel  El  Behalil.  Portion  orientale  du  revers  nord  du  Djebel  Béni  Mtir. 


Djebel  El  Belialil,  portion  orientale  du  revers  nord 
du  Djebel  Béni  Mtir  et  plaine  du  Sais.  (Vue  prise  du  mellah  de  Fàs.) 
Croquis  de  l’auteur. 


venant  par  Tanger,  de  l’autre  les  cuirs  du  Tafilelt,  les  laines,  la  cire  et  les  peaux  de 
chèvre  des  Ait  Ioussi  et  des  ffeni  Ouaraïn,  parfois  même  les  plumes  du  Soudan.  Les 
laines,  les  peaux,  la  cire,  sont  expédiées  par  grandes  quantités  en  Europe;  les  plus 
beaux  cuirs  restent  à  Fàs  où,  travaillés  par  d’habiles  ouvriers,  ils  servent  à  faire  ces 
boiras,  ces  coussins,  ces  ceintures,  objets  de  luxe  qu’on  vient  y  acheter  de  tous  les 
points  du  Maroc  du  nord  (1).  Les  objets  d’origine  européenne  arrivant  dans  la  ville 
sont  nombreux  :  velours,  soieries,  passementeries  d’or  et  d’argent  venant  de  Lyon; 
sucres,  allumettes,  bougies  de  Marseille;  pierres  lines  de  Paris;  corail  de  Gènes;  co- 


(1)  Le  Maroc  se  divise  politiquement  et  commercialement  en  deux  régions  distinctes  et  presque  sans  rapports 
l’une  avec  l’autre  :  la  première  a  Fàs  pour  centre;  on  peut  l’appeler  Maroc  du  nord  ou  royaume  de  Fàs.  La 


DE  TANGER  A  MEKNAS. 


21 


tonnades  ( meriqan ,  shen,  indiennes),  draps,  papier,  coutellerie,  aiguilles,  sucres, 
thés  d’Angleterre;  verrerie  et  faïences  d’Angleterre  et  de  France.  Une  portion  de 
ces  marchandises,  tout  ce  qui  est  passementeries,  pierres  ttnes,  coutellerie,  reste  à 
Fâs.  Le  reste,  c’est-à-dire  la  plus  grande  part  de  beaucoup,  va  alimenter  des  mar- 


Djebel  Zerlioun.  (Vue  prise  du  chemin  de  Fàs  à  Sfrou,  à  un  kilomètre  du  mellah  de  Fis.) 

Croquis  de  l’auteur. 


chés  de  Fàs  au  Tafilelt.  Les  grands  négociants  de  la  capitale  envoient  des  agents, 
munis  de  cotonnades  et  de  bel  ras,  sur  les  marchés  des  Hiaïna  et  des  Béni  Mgild  ; 
de  plus,  ils  ont  des  correspondants  échelonnés  depuis  Sfrou  jusqu’au  Reteb  :  ils  leur 
expédient  du  sucre,  du  thé,  des  cotonnades,  qui  s’écoulent  de  lâchez  les  Béni  Ouaraïn, 
les  Ait  Ioussi,  les  Ait  Tsegrouchen ,  et  chez  toutes  les  tribus  de  la  haute  Mlouïa  et  de 
l’Ouad  Ziz.  D’un  autre  côté,  les  caravanes  qui  viennent  du  Tafilelt ,  apportant  des 
cuirs  et  des  dattes,  s’en  retournent  chargées  de  cotonnades,  de  sucre,  de  thé,  de 
riches  vêtements  de  drap  et  de  belras  fines,  pour  lesquels  Fâs  est  renommée,  et 
d’une  pacotille  de  parfums,  de  papier,  d’aiguilles,  d’allumettes,  de  verres  et  de  faïen¬ 
ces.  Fâs  fournit  ainsi  non  seulement  une  partie  du  Maroc  central,  mais  encore  la 
plus  grande  portion  du  Sahara  oriental,  toute  celle  qui  dépend  commercialement 
de  l’Ouad  Ziz.  Un  commerce  aussi  étendu  serait  la  source  de  richesses  immenses 
dans  un  autre  pays;  mais  ici  plusieurs  causes  diminuent  les  bénéfices  :  d’abord  le 
prix  élevé  des  transports,  tous  faits  à  dos  de  chameau  ou  de  mulet,  prix  que  doublent 
au  moins  les  nombreux  péages  établis  sur  les  chemins  du  nord  de  l’Atlas  et  les 
escortes  qu’il  est  indispensable  de  prendre  au  sud  de  la  chaîne;  ensuite,  dans  une 
région  dont  la  plus  grande  partie  est  peuplée  de  tribus  indépendantes  et  souvent  en 
guerre  entre  elles,  dont  l’autre  n’est  qu’à  moitié  soumise  et  se  révolte  fréquemment, 
il  arrive  sans  cesse  qu’une  caravane  est  attaquée,  qu’un  convoi  est  pillé,  qu’un  agent 


seconde  a  pour  centre  Merràkech  :  elle  peut  se  désigner  sous  le  nom  de  Maroc  méridional  ou  royaume  de 
Merrâkech.  Ces  deux  régions  ont  chacune  leur  capitale,  chacune  leurs  ports,  cha¬ 
cune  leur  commerce.  Elles  sont  séparées  par  une  longue  ligne  de  tribus  indépen 
dantes,  les  Zaïr,  les  Zemmour  Chellaha,  les  Zaïan,  les  Ichqern,  les  Ait  Seri,  les 
Beràber,  et  par  les  régions  montagneuses  qui  s’étendent  entre  les  bassins  de 
l'Oumm  er  Rebia  et  du  Dra  d'une  part,  et  ceux  du  Sebou,  de  la  Mlouïa  et  du  Ziz 
de  l'autre.  Il  n'y  a  que  deux  points  par  où  communiquent  ces  deux  contrées;  ils 
se  trouvent  aux  extrémités  opposées  de  la  ligne  qui  les  sépare;  ce  sont  :  au 
nord-ouest,  le  bord  de  la  mer;  au  sud-est,  la  plaine  qui,  par  le  Todra,  le  Ferkla 

et  le  Reris,  s’étend  entre  l'Ouad  Dàdes  et  l’Ouad  Ziz.  Les  deux  chemins  qui  suivent,  l’un  cette  plaine, 
l’autre  le  rivage  de  l’Océan,  sont  les  seuls  qui  mettent  en  relation  le  Maroc  du  nord  et  le  Maroc  du  sud. 


MECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


22 

est  enlevé.  Le  commerce  a  donc  ses  risques,  et  plus  d’un  motif  vient  en  amoindrir 
les  gains.  Enfin  il  est  entravé  encore  par  le  manque  de  crédit  et  par  l’usure.  Le  taux 
de  l’intérêt  atteint  au  Maroc  des  limites  fantastiques,  ou  plutôt  il  n’en  a  pas.  Voici 
le  taux  auquel  prêtent  à  Fâs  des  Israélites  qui  se  respectent  :  12  0/q  pour  un  coreli¬ 
gionnaire  d’une  solvabilité  certaine  ;  30  Ü/o  pour  un  Musulman  d’une  solvabilité  éga¬ 
lement  assurée;  30  0/o  pour  une  personne  de  solvabilité  moins  sûre,  mais  qui  fournit 
un  gage;  60  0/o  dans  les  mêmes  conditions  sans  gage  (1). 

Dans  les  diverses  villes  du  Maroc  que  j’ai  vues,  le  costume  des  Musulmans  de 
condition  aisée  est  le  même;  je  le  décrirai  ici  une  fois  pour  toutes  :  linge  de  coton; 

(1)  Il  faut  aussi  compter  parmi  les  obstacles  au  commerce  l’absence  d’un  système  monétaire  uniforme.  Il  y  a 
bien  une  unité  monétaire,  lemitqal,  se  divisant  en  dix  ouqia.  Mais  c’est  une  valeur  toute  théorique;  il  n’existe 
point  de  monnaie  la  représentant  :  on  se  sert  de  pièces  étrangères  et  de  quelques  rares  pièces  du  pays,  les 
unes  et  les  autres  changeant  de  valeur  dans  chaque  ville",  dans  chaque  tribu.  Les  pièces  en  usage  sont  : 

Le  real  (pièce  de  5  francs,  française  ou  espagnole)  :  il  a  cours  partout;  c'est  la  monnaie  principale,  l’unité 
dont  on  se  sert  pour  tous  les  comptes ,  toutes  les  évaluations. 

La  peceta  (pièce  de  1  franc;  5  valent  un  real)  :  toutes  les  pièces  d’un  franc  françaises  ou  espagnoles  passent 
dans  les  grandes  villes  ;  hors  de  là  n’ont  cours  que  les  vieilles  pecetas  espagnoles  du  siècle  dernier  ou  des  dix 
premières  années  de  celui-ci. 

Diverses  monnaies  marocaines  en  argent.  Il  yen  a  d’une  foule  de  modèles,  les  unes  anciennes,  les  autres 
neuves  ;  les  plus  fortes  sont  un  peu  plus  grosses  qu’une  pièce  de  0  fr.  50  :  on  ne  leur  donne  pas  d’autre  nom 
que  celui  de  leur  valeur  en  ouqias,  valeur  qui  change  en  chaque  lieu.  Elles  passent  dans  tout  le  Maroc,  mais 
avec  une  valeur  relative  moindre  que  celle  des  pièces  européennes. 

Les  pièces  de  2  francs,  de  0  fr.  50  et  de  0  fr.  20,  n’ont  cours  que  dans  les  grandes  villes;  il  en  est  de  même 
de  toute  la  monnaie  d’or.  Les  populations  des  campagnes  et  des  petites  localités ,  n'ayant  pas  le  moyen  de  la 
contrôler,  refusent  de  l’accepter,  craignant  d’en  prendre  de  fausse. 

Comme  monnaie  de  cuivre,  on  se  sert  d’une  monnaie  nationale  dont  l’unité  est  la  mouzouna.  On  compte 
quatre  mouzounas  dans  l’ouqia  et  40  dans  le  mitqal.  Cette  monnaie  est  en  usage  dans  tout  le  Maroc;  sa  valeur 
y  est  uniforme  :  c'est  la  seule  pour  laquelle  il  en  soit  ainsi.  Il  n’y  a  pas  de  pièces  d’une  mouzouna;  il  y  en  a 
de  2/3  de  mouzouna,  de  1/6  de  mouzouna,  etc. 

La  pièce  de  5  francs,  seule  unité  pratique,  a  une  valeur  qui  diffère  en  chaque  lieu;  de  plus,  en  un 
même  point,  cette  valeur  n’est  pas  fixe,  elle  oscille  sans  cesse  entre  certaines  limites.  Voici  ce  qu’elle  valait  en 
divers  endroits,  aux  époques  où  je  les  ai  traversés  :  Tanger,  Tétouan,  El  Qçar,  Fàs,  Meknâs,  10  mitqals;  —  de 
Meknàs  à  Demnàt,  8  à  9  mitqals;  —  Demnât,  Zaouïa  Sidi  Rehal,  10  mitqals;  —  Tazenakht,  10  à  11  mitqals;  — 
Zenàga,  8  à  9  mitqals;  —  Tisint,  4  mitqals  1/2  à  5  mitqals;  —  Tatta,  Aqqa,  Isaffen,  Ilalen,  Chtouka,  Agadir 
Irir,  partie  méridionale  de  la  tribu  des  Haha,  tout  le  Sahel  marocain,  de  3  mitqals  1/2  à  4  mitqals  1/2;  —  Ilir 
(sur  l’Ouad  S.  Mohammed  ou  Iaqob),  12  mitqals;  —  Taroudant,  Houara,  Menàba,  12  mitqals  1/2;  —  partie  sep¬ 
tentrionale  de  la  tribu  des  Haha,  Mogador,  12  à  13 mitqals;  —  Mezgita,  Ait  Seddrât,  11  mitqals  1/2;  —  Tinzou- 
lin ,  8  mitqals;  —  toute  la  partie  du  pays  de  Dra  située  au  sud  du  Tinzoulin,  Tazarin,  Todra,  Ferkla,  Tafilclt, 

4  mitqals:  —  Dàdes,  4  mitqals  1/2;  —  Qçâbi  ech  Cheurfa,  Misour,  Outat  Oulad  el 
lladj,  9  mitqals;  —  Debdou,  2  mitqals  1/2  (c’est-à-dire  100  mouzounas  :  on  a  adopté 
cette  valeur  pour  pouvoir  compter  d’après  la  règle  française;  dans  ces  conditions 
chaque  mouzouna  vaut  5  centimes;  on  compte  à  Debdou  par  douros,  francs,  sous). 
—  Qaçba  el  Aïoun ,  3  mitqals. 

Ainsi  qu’on  le  voit,  la  pièce  de  5  francs  ou  real  vaut  de  8  à  12  mitqals  dans  le 
nord  et  dans  le  centre  du  Maroc.  Cette  valeur  baisse  brusquement  et  tombe  à  4  mit¬ 
qals,  parfois  même  à  moins,  dans  le  Sahel  (nom  de  la  région  qui  horde  l’Océan  au 
sud  de  l'Ouad  Sous)  et  dans  le  Sahara.  De  même,  à  Debdou  et  aux  environs  de  la  frontière  française,  la  néces- 


DE  TANGER  A  MEKNAS. 


23 

comme  principal  vêtement,  soit  un  costume  de  drap  brodé  à  la  mode  algérienne, 
soit  un  long  cafetan  de  drap  de  couleur  très  tendre,  soit  plus  souvent  encore  la  fara- 
zia ,  sorte  de  cafetan  de  coutil  blanc  cousu  au-dessous  de  la  ceinture,  comme  la 
gandoura,  et  se  fermant  du  haut  par  une  rangée  de  petits  boutons  de  soie;  sur  la  tête, 
un  large  turban  en  étoffe  très  légère  de  coton  blanc;  par-dessus  le  tout,  un  léger  haïk 
de  laine  blanche  unie;  aux  pieds,  jamais  de  bas  :  de  simples  belras  jaunes.  Au  Maroc, 
la  couleur  des  belras  a  la  plus  grande  importance  :  le  jaune  est  réservé  aux  Musul¬ 
mans,  le  rouge  aux  femmes,  le  noir  aux  Juifs  :  c’est  une  règle  rigoureuse,  observée 
même. dans  les  campagnes  les  plus  reculées.  Les  citadins  portent  rarement  le  ber- 
nous  :  il  ne  fait  pas  partie  de  leurs  habits  ordinaires;  on  ne  le  met  que  lorsqu’il  fait 
froid.  Les  marchands,  les  individus  de  condition  secondaire,  remplacent  volontiers 
le  costume  algérien,  le  cafetan,  la  farazia,  par  la  djelabia  en  laine  blanche  ou  en 
drap  bleu  foncé  :  avec  la  djelabia  on  ne  porte  pas  le  haïk.  Quant  aux  pauvres,  ils  n’ont 
qu’une  chemise  et  une  djelabia  grossière.  Les  Musulmans  de  Fàs  ont  la  peau  d’une 
blancheur  extrême;  ils  sont  en  général  d’une  grande  beauté;  leurs  traits  sont  très 
délicats,  efféminés  même,  leurs  mouvements  pleins  de  grâce;  passant  leur  vie  dans 
les  bains,  ils  sont  la  plupart,  même  les  pauvres,  de  cette  propreté  merveilleuse  qui 
distingue  les  Musulmans  des  villes. 

Si  dans  les  cités  la  mode  est  invariable,  c’est  tout  le  contraire  dans  les  campagnes. 
A  chaque  pas,  je  la  verrai  changer.  Je  signalerai,  chemin  faisant,  ces  différences  :  elles 
sont  telles  qu’on  peut  dire,  à  la  vue  du  costume  et  des  armes  d’un  Marocain ,  à  quelle 
région  il  appartient.  De  TétouanàFâs,  l’habillement  est  uniforme*:  c’est,  pour  les  gens 
dans  l’aisance,  une  chemise  de  coton  on  de  laine,  une  djelabia  blanche,  un  haïk; 
les  pauvres  portent  des  djelabias  de  couleur  ou  des  lambeaux  d’étoffe  blanche  dont 
ils  se  couvrent  comme  ils  peuvent.  Les  uns  et  les  autres  sont  pour  la  plupart  tête  nue  : 
quelques-uns  s’enroulent  autour  de  la  tète  un  turban  étroit  et  mince  qui  en  laisse 
le  sommet  découvert.  En  fait  d’armes,  on  a  le  fusil  à  un  coup,  à  pierre;  canon  long, 
large  crosse  triangulaire  de  bois  noirci  :  la.  crosse  est  très  simple,  sans  autres  orne- 


sité  (le  se  rapprocher  de  notre  système  a  fait,  dans  une  zone  restreinte,  tomber  le  real  à  2  mitqals  1/2  et 
3  mitqals. 

Dans  ces  monnaies  de  valeur  si  variable,  il  circule  beaucoup  de  pièces  fausses  :  il  en  existe  parmi  les  reals; 
il  en  existe  surtout  parmi  les  pecetas  espagnoles,  qui  sont  la  monnaie  la  plus  commune.  Ces  anciennes  pièces, 
à  empreinte  souvent  effacée,  sont  d’une  imitation  facile;  aussi  dans  celles  qui  servent  actuellement  s  en  trouve- 
t-il  plus  de  fausses  que  d'authentiques.  Ce  sont  les  Juifs ,  les  talebs,  les  cherifs ,  qui  les  confectionnent,  tous 
ceux,  en  un  mot,  qui  ont  quelque  instruction  :  la  plupart  d  entre  eux  s  occupent  d  alchimie  et,  en  attendant  qu  ils 
découvrent  la  pierre  philosophale,  font  de  la  fausse  monnaie.  Dans  ces  conditions,  on  ne  reçoit  d  argent 
qu'avec  les  plus  grandes  précautions;  le  moindre  payement  exige,  dans  les  campagnes  surtout,  un  temps  infini  ; 
on  n'accepte  une  pièce  qu’ après  l’avoir  tournée ,  examinée  ,  montrée  a  deux  ou  trois  personnes,  fait  voir  à  un 
Juif,  s’il  s’en  trouve.  Quant  aux  monnaies  d'or,  on  n'en  veut  point,  tant  on  craint  d  en  prendre  de  fausses. 
Enfin  il  n’y  a  pas  jusqu’à  celles  de  cuivre  qui  ne  soient  souvent  falsifiées. 


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RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


ment  s  que  de  légères  incrustations  de  fil  d’argent.  Ces  fusils  se  fabriquent  surtout  à 
Tétouan.  La  poudre  se  porte  dans  des  boîtes  de  bois  en  forme  de  poire  :  elles  sont 
toutes  couvertes  de  gros  clous  de  cuivre  et  de  sculptures  coloriées.  Les  sabres  sont 
rares  dans  cette  région;  les  cavaliers  seuls  en  ont.  Les  lames  en  sont  courtes  (70  à 
80  centimètres),  droites  ou  peu  recourbées,  très  flexibles;  les  poignées,  de  corne  ou 
de  bois,  avec  gardes  et  branches  de  fer;  les  fourreaux,  de  bois  couvert  de  cuir,  avec 
garnitures  en  cuivre  :  ce  type  de  sabre  est  le  seul  en  usage  au  Maroc.  Enfin ,  ici 
comme  ailleurs,  tout  le  monde,  hors  des  villes,  porte  habituellement  le  poignard, 
même  étant  désarmé;  il  sert  au  besoin  de  couteau.  Il  y  a  deux  modèles  de  poignards 
au  Maroc  :  l’un  court  et  à  lame  courbe,  seul  usité  dans  le  massif  du  Grand  Atlas  et 
au  sud  de  cette  chaîne;  l’autre  plus  long  et  à  lame  droite,  en  usage  dans  le  nord, 
où  l’on  rencontre  aussi  quelquefois,  mais  rarement,  le  poignard  recourbé.  Les  har¬ 
nachements  des  chevaux  sont  au  Maroc  les  mêmes  qu’en  Algérie;  mais  les  housses 
de  selles  sont  de  drap  rouge,  au  lieu  d’être  de  cuir,  et  les  poitrails  et  les  brides  sont 
brodés  de  soie  d’une  seule  couleur,  rouge  d’ordinaire. 

La  ville  et  la  province  de  Fâs  sont  administrées  par  trois  bachas,  commandant  cha¬ 
cun  à  une  portion  de  la  ville  et  à  un  certain  nombre  de  tribus  de  la  campagne  (1). 
Il  n’y  a  point  de  grand  commandement  dans  le  blad  el  makhzen.  Jamais  plusieurs 
tribus  considérables,  plusieurs  villes,  ne  sont  réunies  sous  l’autorité  d’un  seul  :  chaque 
tribu  de  quelque  importance,  chaque  cité,  chaque  province  a  son  qaïd,  nommé  direc¬ 
tement  par  le  sultan  et  ne  relevant  que  de  lui.  Bien  plus,  dans  les  capitales,  à  Fâs  et 
à  Merrâkech,  et  dans  les  grandes  tribus  telles  que  les  Haha,  les  Chaouïa,  etc.,  l’auto¬ 
rité  est  répartie  entre  plusieurs  gouverneurs.  Ils  portent  le  titre  de  hacha  dans  les 
résidences  impériales,  Merrâkech,  Fâs,  Meknâs,  celui  de  qaïd  partout  ailleurs.  Cette 

(1)  Voici  comment  ils  se  partagent  l’autorité  : 

1°  Le  bacha  Sidi  Abd  Allah.  Il  a  deux  lieutenants,  khalifa ,  nommés  directement  par  le  sultan.  Relèvent  de 
lui  :  Fâs  Qedîm;  les  gens  du  Rif  habitant  le  Gebgeb  et  le  Lemta;  le  Djebel  Zerhoun,  avec  Zaouïa  Moulei  Edris, 
dont  il  nomme  le  qaïd  (il  y  a  un  qaïd  à  Zaouïa  Moulei  Edris,  et  des  chikhs  dans  les  autres  villages  du  Zerhoun)  ; 
les  Oulad  el  Hadj  habitant  autour  du  pont  du  Sebou. 

2°  Le  bacha  Ould  Ba  Mohammed.  Il  est  assisté  d’un  lieutenant  nommé  par  le  sultan.  Sont  sous  son  autorité  : 
le  mellah  de  Fâs;  les  Oulad  Djema  (deux  marchés  dans  la  tribu);  les  Behalil;  les  Oulad  el  Hadj  habitant  sur 
la  route  de  Fâs  à  Sfrou;  les  Chedja  (à  quelques  heures  de  Fâs);  les  Hamian,  les  Mhaïa,  les  Oulad  Sidi  Chikh, 
les  Doui  Mnia  (campant  tous  dans  le  Sais);  les  Romera  (près  des  Chedja).  Toutes  ces  tribus  sont  dites  de 
«  plaine  ».  Voici  maintenant  les  tribus  de  «  montagne  »  :  les  Fichtàla  (sur  le  chemin  du  Rif,  à  une  demi- 
journée  de  Fâs;  les  Béni  Ouriarel  (sur  le  chemin  du  Rif,  au  delà  des  Fichtàla).  Dans  ces  diverses  fractions, 
c’est  le  bacha  qui  nomme  les  chefs.  Ceux  de  la  plaine  sont  appelés  khalifa  es  souq ,  «  lieutenants  du  marché  », 
parce  que  c’est  sur  les  marchés  qu’ils  rendent  la  justice;  les  petites  tribus  en  ont  un,  les  grandes  en  ont 
plusieurs.  Dans  la  montagne,  ils  portent  le  nom  de  chikh  :  les  Fichtàla  et  les  Béni  Ouriarel  en  ont  un  chacun. 

3°  Le  hacha  Hadj  Saïd.  Son  commandement  se  compose  de  Qaçba  Cherarda,  redoute  faisant  partie  de 
l’enceinte  de  Fâs  Djedid,  au  nord  de  Bab  Segma;  Sfrou  (où  il  nomme  le  qaïd  ainsi  que  le  chikh  des  Juifs);  les 
gens  du  Sous  et  les  nègres  résidant  aux  environs  de  Fâs;  les  Cherarda  (habitant  entre  Fâs  et  Sfrou  dans  la 
partie  appelée  Bou  Rejouan).  Hadj  Saïd  est  secondé  par  un  khalifa. 


Page  24. 


1.  —  Fusil  en  usage  au  nord  du  Grand  Atlas. 

2.  —  Sabre. 

3.  —  Corne  à  poudre  en  usage  dans  les  bassins  de 

rOunim  er  Hebia,  du  Sous  et  du  lira,  et 
sacs  à  balles. 


4.  —  Sac  à  poudre  en  usage  dans  le  bassin  du  Ziz 
et  chez  les  Ait  Seddrât. 

—  Poignard  à  lame  courbe, 
ti.  —  Fusil  en  usage  au  sud  du  Grand  Allas. 

7.  —  Boite  à  poudre  en  usage  dans  le  Sahel  marocain. 


DE  TANGER  A  MEKNAS. 


25 

extrême  division  du  pouvoir  a  pour  but  d’empêcher  les  révoltes.  Le  soin  constant  du 
sultan  est  de  veiller  à  ce  que  personne  dans  ses  États  ne  devienne  trop  riche,  ne 
prenne  trop  d’influence.  11  suffirait  de  si  peu  pour  renverser  son  trône  chancelant! 

6°.  —  VOYAGE  A  TAZA. 

Il  y  a  deux  chemins  principaux  pour  aller  à  Tàza  :  l’un,  plus  court,  mais  que  l’on 
ne  prend  jamais,  remonte  l’Ouad  Innaouen  par  les  tribus  des  Hiaïna  et  des  Riata; 
l’autre,  généralement  suivi,  traverse  les  Hiaïna,  les  Tsoul,  les  Miknâsa,  évitant  le 
plus  longtemps  possible  le  territoire  des  Riata  et  n’y  entrant  qu’à  la  porte  de  Tàza. 
Les  Hiaïna,  les  Tsoul,  les  Miknâsa  font  partie  du  blad  el  makhzen;  mais  ils  n’obéis¬ 
sent  qu’à  demi;  leur  pays  est  peu  sûr;  les  caravanes  y  circulent  sans  escorte,  mais 
les  étrangers  n’y  voyagent  guère  isolés.  Quant  aux  Riata,  sur  le  territoire  desquels 
est  Tàza,  ils  sont  indépendants,  et  de  plus  célèbres  par  leurs  violences  et  leurs  brigan¬ 
dages.  On  ne  saurait  faire  un  pas  sur  leurs  terres  sans  l’anaïa  d’un  membre  de  la 

tribu;  encore  faut-il  choisir  un  homme  puissant  et  sûr,  ce  qui,  pour  un  étranger  sur- 

♦ 

tout,  n’est  pas  facile.  Pour  moi,  je  vais  partir  dans  les  conditions  les  plus  favo¬ 
rables.  En  ces  lieux  où  le  sultan  n’a  aucun  pouvoir,  il  est  un  homme  tout-puissant  : 
c’est  le  moqaddem  de  la  grande  zaouïa  de  Moulei  Edris  de  Fàs,  Sidi  Er  Râmi  (1). 
Son  influence,  immense  sur  les  Hiaïna,  sur  les  Riata,  s’étend  plus  loin  encore; 
tout  le  Rif,  des  Iiomera  aux  Béni  Iznâten,  toutes  les  tribus  entre  Fàs,  Tàza  et  la  Mé¬ 
diterranée,  obéissent  à  ses  moindres  volontés  :  ont-elles  des  affaires  à  Fàs,  c’est  lui 
qui  s’en  charge;  le  sultan  désire-t-il  quelque  chose  de  l’une  d’elles,  il  s’adresse  à  lui. 

(1)  Le  chef  de  la  zaouïa  de  Sidi  Edris,  qui  porte  le  titre  de  moqaddem  de  cette  zaouïa,  n’est  ni  un  descen¬ 
dant  de  Sidi  Edris  ni  un  cherif.  C’est  le  chef  d’une  maison  où  la  dignité  de  moqaddem  de  la  zaouïa  se  perpétue 
de  père  en  fils  depuis  un  temps  très  reculé.  Il  y  a  deux  principales  zaouïas  de  Sidi  Edris  :  l’une  au  Djebel 
Zerhoun,  où  est  enseveli  Sidi  Edris  le  père,  celui  qui  vint  d’Orient  s’établir  au  Maroc;  l’autre  à  Fàs,  où  est 
enterré  le  fils  du  pi'écédent,  Sidi  Edris,  fondateur  de  Fâs.  Cette  dernière  est  la  plus  importante  de  beaucoup. 
C’est  là  que  réside  le  grand  moqaddem.  Un  de  ses  parents  dirige  la  zaouïa  du  Zerhoun.  Le  moqaddem  est, 
nous  venons -de  le  voir,  plus  puissant  en  bien  des  lieux  que  le  sultan  :  c’est  un  homme  de  grand  poids  au 
Maroc.  Sa  famille  est  depuis  longtemps  plus  vénérée  que  celle  des  descendants  mêmes  de  Moulei  Edris.  Ce¬ 
pendant  il  donne  à  ces  derniers  une  partie  des  offrandes  qu’apportent  les  pèlerins  à  la  zaouïa.  Les  cadeaux  en 
nature ,  grains ,  tissus  ,  etc. ,  ainsi  que  ce  qu’on  lui  remet  personnellement,  demeurent  sa  propriété  particulière. 
Mais  outre  ces  dons  il  existe  deux  troncs  où  les  dévots  glissent  des  offrandes  :  le  contenu  de  ces  troncs  est 
distribué  intégralement  par  lui  entre  un  certain  nombre  de  familles  descendant  de  Moulei  Edris.  La  postérité 
de  ce  dernier  est  fort  nombreuse;  mais  ne  sont  admises  à  participer  à  ce  revenu  de  la  zaouia  que  deux  classes  : 
1°  les  familles  résidant  à  Fàs  et  à  Meknàs,  au  nombre  d'une  soixantaine;  2°  celles  qui  font  partie  de  la  descen¬ 
dance  de  Moulei  Abd  es  Selam  ben  Mechich,  et  qui  demeurent  soit  dans  les  environs  de  Fàs,  soit  dans  le  Rif, 
soit  dans  la  région  de  Tétouan.  C’est  le  moqaddem  qui  remet  à  chaque  maison  la  part  à  laquelle  elle  a  droit. 
Le  moqaddem  actuel  est  un  homme  d’âge  moyen.  Il  se  nomme  Sidi  Er  Râmi.  Mais  dans  le  peuple  on  ne  1  ap¬ 
pelle  que  Sidi  Edris.  Depuis  longtemps  on  désigne  de  ce  nom  tous  les  moqaddems  successifs  de  la  zaouïa. 

Sur  la  zaouïa  de  Moulei  Edris,  voir  Ali  Iley ,  t.  I,  chap.  xi. 

REGONNA1SS  VNCE  AU  MAROC.  1 


» 


* 


RECONNAISSANCE  AC  MAROC. 


211 

C’est  à  l’abri  de  cette  puissante  protection  que  je  vais  partir  :  à  la  prière  de  M.  Ben 
Simhoun,  Sidi  Er  Râmi  nie  donne  un  de  ses  esclaves  de  confiance  pour  me  con¬ 
duire  à  Tàza;  nous  prendrons  le  chemin  le  plus  court,  ce  chemin  que  jamais  on 
n’ose  prendre  :  où  ne  passerait-on  pas  sous  une  pareille  sauvegarde?  —  Avec  la  même 
facilité,  avec  la  même  sécurité  que  je  vais  aller  à  Tàza,  on  pourrait,  par  Sidi  Er 
Râmi,  aller  de  Fâs  à  Chechaouen  et  à  Tétouan  par  le  chemin  que  j’avais  voulu  pren¬ 
dre  et  qui,  dans  le  sens  inverse,  était  si  difficile.  Ce  qu’on  m’avait  dit  à  Tétouan 
était  donc  exact. 

20  juillet. 

A  8  heures  du  matin,  je  suis  à  la  porte  de  Fâs;  un  superbe  cavalier  noir  y  attend  : 

c’est  mon  guide;  nous  partons.  Après  avoir,  sur  un  pont  de  huit  arches,  traversé 

l’Ouad  Sebou,  nous  nous  mettons  aussitôt  à  gravir  le  flanc  droit  de  sa  vallée,  haute 

croupe  aux  pentes  assez  raides,  au  sol  jaune  et  nu  :  point  'de  végétation,  si  ce  n’est 

çà  et  là  de  rares  et  maigres  cultures.  D’ailleurs  le  terrain  est  doux,  sans  une  pierre; 

le  chemin  bon  et  facile  :  cette  côte,  Aqba  el  Djemel,  la  seule  qu’il  y  ait  entre  Fâs 

* 

et  Tàza,  est  donc  un  faible  obs¬ 
tacle.  Nous  la  franchissons  àquel- 
que  distance  du  sommet,  et  nous 
descendons  ensuite  par  son  ver¬ 
sant  est  :  il  est  semblable  à  l’autre, 
mais  en  pente  plus  douce.  A  son 
pied  s’étend  un  plateau  :  sol  dur, 
terre  semée  de  beaucoup  de  pier¬ 
res,  nue  dans  quelques  parties,  le 
plus  souvent  couverte  de  palmiers 
nains  et  de  jujubiers  sauvages; 
une  série  de  ravins  parallèles,  parfois  assez  profonds,  le  coupe.  C’est  là  que  nous  che¬ 
minons  jusqu’au  moment  où  nous  atteignons  l’Ouad  Innaouen.  Cette  rivière  a  ici 
25  mètres  de  large  et  60  centimètres  de  profondeur  moyenne  :  ses  eaux,  vertes  et 
limpides,  coulent  sur  un  fond  de  gravier,  au  milieu  d’un  lit  de  50  mètres  dont  elles 
n  occupent  que  la  moitié;  le  reste  est  couvert  d’un  fourré  de  lauriers-roses  et  de  ta- 
marix.  Des  berges  de  terre  de  2  à  3  mètres  bordent  ce  lit.  L’Ouad  Innaouen  n’a  pas 
un  courant  régulier,  comme  celui  de  l’Ouad  Sebou.  Tantôt  ses  eaux  sont  assez  pro¬ 
fondes,  alors  il  a  peu  de  courant;  tantôt  elles  le  sont  très  peu,  et  son  courant  est  ra¬ 
pide  :  je  ne  crois  pas  que  leur  profondeur  atteigne  plus  d’un  mètre  dans  les  parties 
que  je  verrai.  La  rivière  serpente  beaucoup;  aussi,  sans  en  quitter  les  bords,  la  tra¬ 
verserai-je  un  grand  nombre  de  fois  d’ici  à  Tàza. 


Djebel  Zcrhoun. 

F  à  s  Djedid.  Fâs  el  Bâli.  Djebel  Terrats. 


Fâs.  (Vue  générale  de  la  ville 
et  de  ses  jardins,  prise  du  haul  d’Aqba  el  Djemel.) 
Croquis  de  l’auteur. 


DE  TA  NI  i  EU  A  MEKNÀS. 


Nous  nous  engageons  dans  cette  vallée  et  nous  y  marchons  jusqu’au  soir.  Le 
fond,  de  bonne  terre,  inculte  d’abord,  se  remplit  ensuite,  en  partie,  de  champs,  de 
jardins  et  de  bouquets  d’arbres.  Les  lianes,  talus  de  terre  brune  au  sud,  blanche 
ou  grise  au  nord,  sont  longtemps  sans  cultures,  tantôt  nus,  tantôt  couverts  de  pal¬ 
miers  nains;  ce  n’est  que  vers  la  fin  de  la  journée  que  quelques  plantations  nous 
apparaissent  sur  leurs  pentes.  A  5  heures,  nous  faisons  halte  :  nous  sommes  sur  la 
rive  gauche  de  l’Ouad  Innaouen,  dans  un  petit  douar  où  nous  passerons  la  nuit. 
La  rivière  a  ici  I  5  mètres  de  large  et  environ  50  centimètres  de  profondeur.  Les 
champs  qu’on  voit  dans  la  vallée  produisent  du  blé,  de  l’orge,  du  maïs;  les  jardins, 
des  melons,  des  pastèques,  des  courges,  des  oignons;  les  arbres  sont  des  oliviers 
et  des  figuiers. 

L’Ouad  Sebou,  sous  le  pont  où  nous  l’avons  traversé,  a  35  mètres  de  large  et 
80  centimètres  de  profondeur;  il  coule  au  milieu  d’un  lit  moitié  vase,  moitié  gra¬ 
vier,  d’une  largeur  de  00  à  80  mètres  :  courant  extrêmement  rapide;  eau  jaune, 
chargée  de  beaucoup  de  terre.  Le  pont  est  jeté  au-dessus  d’un  gué  ;  .en  amont  et  en 
aval,  le  fleuve  se  rétrécit  et  prend  une  profondeur  plus  grande.  Le  fond  de  la  vallée 
est  occupé  partie  par  des  cultures,  partie  par  des  roseaux.  —  Du  haut  d’Aqba  el 
Djemel,  on  aperçoit  le  pays  au  nord  de  l’Ouad  Innaouen,  jusqu’à  une  grande  dis¬ 
tance  :  c’est,  d’abord  une  large  étendue  de  collines  grises  très  ravinées;  puis,  en  ar¬ 
rière,  dans  le  lointain,  s’échelonne  une  série  de  chaînes  de  montagnes  qui  paraissent 


rocheuses. 


30  juillet. 


Départ  à  5  heures  du  matin.  Nous  continuons  à  remonter  l’Ouad  Innaouen.  Le 


d’être  calcaire  ou  glaiseux.  Le  flanc  gauche  change  c 
de  peu  de  temps,  les  cultures  en  disparaissent,  le  sol 
s’y  hérisse  de  pierres;  les  pentes  se  raidissent,  les 
crêtes  s’élèvent  et  se  couvrent  d’arbres;  enfin  le  flanc 
se  confond  avec  une  haute  chaîne  de  montagnes, 
rocheuse  et  boisée;  au  milieu  d’elles  se  dresse  la  cime 
majestueuse  du  Djebel  Riata  (1). 


A  11  heures  et  demie,  j’arrive  à  un  accident  de 
terrain  des  plus  curieux  :  devant  moi,  la  vallée  est 
barrée  par  une  ligne  de  collines 


Djebel  Iliata. 

(l.cs  parties  ombrées  sont  boisées.) 

(Vue  prise  au  cou  Huent  de  l*Ouad  Innaouen 
avec  l’Ouad  Amclloul.) 

Croquis  de  l’auteur. 


28  RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 

les  monts  Riata  :  ces  collines  sont  peu  élevées;  un  col  est  au  milieu.  La  rivière,  au 
lieu  de  s’ouvrir  un  passage  au  travers  de  ce  faible  obstacle,  passe  plus  au  sud, 
par  une  étroite  et  profonde  coupure  à  hautes  murailles  de  roc,  creusée  a  pic  dans 
le  liane  du  Djebel  Riata.  Cette  brèche,  qui  n’a  au  fond  que  la  largeur  du  cours  d’eau, 


verse  tout  le  Marreb  de  l’ouest-sud-ouest  à  l’est-nord-èst,  sortant  de  l'Océan  a  Agadir  Irir,  plongeant  dans 
la  Méditerranée  à  Tunis.  Il  se  divise  naturellement  en  trois  parties  :  Atlas  Marocain,  Atlas  Algérien,  Atlas  lu- 

nisien.  Aux  deux  dernières  on  ne  donne 
que  l'appellation  générale  d'Atlas.  Dans 
l’Atlas  Marocain,  au  contraire,  on  dis¬ 
tingue  le  Grand  Atlas,  le  Moyen  Atlas 
et  le  Petit  Atlas.  Ce  sont  trois  chaînes  pa¬ 
rallèles  qui  forment,  dans  ce  pays,  la  par¬ 
tie  essentielle  du  massif. 

Le  Grand  Allas  commence  à  l’Océan, 
dans  la  tribu  des  Haha,  et  expire  dans  le 
Dahra.  C’est  de  beaucoup  la  plus  haute 
des  trois  chaînes;  c’est  aussi  la  plus  longue 
et  c’est  l’arête  centrale. 

Le  Moyen  Atlas  est  parallèle  au  Grand 
et  situé  au  nord  de  celui-ci.  Commençant 
non  loin  de  Demnât,  il  expire  dans  le 
Dahra,  à  l’est  de  Debdou.  C’est  la  seconde 
chaîne  en  hauteur. 

Le  Petit  Atias ,  parallèle  aux  deux  pre¬ 
miers,  mais  moins  haut  qu'eux,  est  situé 
au  sud  du  Grand  Atlas  :  il  commence  à  l'Océan,  entre  les  embouchures  du  Sous  et  du  Dra,  et  paraît  expirer 
entre  le  Dra  et  le  Ziz,  dans  les  plateaux  qui  avoisinent  ce  dernier  fleuve. 

Telles  sont  les  trois  chaînes  fondamentales  de  l’Atlas  Marocain.  Il  y  en  a  d’autres  secondaires,  toutes  paral¬ 
lèles  aux  premières.  Parmi  elles,  la  plus  importante  est  celle  devant  laquelle  nous  sommes  :  commençant  à 
l’ouest  d’Oulmess,  elle  passe  au  sud  de  Sfrou,  a  un  de  ses  points  culminants  au  Djebel  Riata  et  se  continue 
par  les  monts  Béni  Bou  Zeggou,  Zekkara,  etc.,  jusqu’en  Algérie,  où  elle  passe  au  sud  de  Tlemsen. 

Je  franchirai  cette  dernière  chaîne  à  Oulmess,  le  Moyen  Atlas  entre  Qaçba  Béni  Mellal  et  Ouaouizert,  le  Grand 
Atlas  à  Tizi  n  Glaoui  et  à  Tizi  n  Telremt,  le  Petit  Atlas  un  grand  nombre  de  fois. 

Chaque  fois  que  je  dirai  :  «  au  nord  de  l’Atlas  » ,  «  au  sud  de  l’Atlas  » ,  ce  sera  toujours  de  l’arête  principale 
du  massif  que  j’entendrai  parler  :  il  faudra  donc  comprendre  :  «  au  nord,  au  sud  du  Grand  Atlas  ». 

Le  nom  de  Djebel  Riata,  qu’on  vient  de  lire  plusieurs  fois,  s'emploie  également  pour  désigner  l'ensemble  de 
la  région  montagneuse  occupée  par  les  Riata  et  pour  indiquer  le  pic  remarquable  qui  en  est  le  point  dominant. 
Ce  pic  est  célèbre  à  plus  d’un  titre  :  très  élevé,  il  se  voit  d’une  grande  distance;  ses  flancs  passent  pour  ren¬ 
fermer  des  minerais  de  plusieurs  métaux  ;  enfin  son  sommet  est  le  lieu  où  se  produit  une  particularité  unique  au 
Maroc:  chaque  année,  après  la  fonte  des  neiges,  ses  plus  hautes  pentes  se  couvrent  d’une  foule  de  chenilles  à 
longs  poils;  elles  sont  aussi  froides  que  la  glace,  et  c'est,  disent  les  indigènes,  la  neige  qui  les  enfante.  On  les 
/ 

appelle  des  iakh  (^j).  Les  chèvres  mangent  avidement  ces  chenilles,  qui  disparaissent  bientôt.  Il  n'y  ad'iakhs 
au  Maroc  que  sur  le  Djebel  Riata.  C’est  à  ces  insectes  qu'il  est  fait  allusion  dans  ce  dicton  de  Fâs  : 

«  Deux  ridicules  sont  plus  froids  que  l'iach  :  le  vieillard  qui  fait  le  jeune,  et  le  jeune  homme  qui  fait  le 


vieux.  » 


DE  TANGER  A  MEKNAS. 


21) 


et  dont  les  parois  sont  presque  aussi  rapprochées  dans  le  haut  que  dans  le  bas,  a  ses 
bords  supérieurs  bien  au-dessus  du  sommet  de  la  chaîne  qui  barre  la  vallée.  Le  che¬ 
min  franchit  cette  chaîne  en  suivant  une  ligne  elle-même  remarquable  :  sur  Lun  et 
l’autre  versant,  on  marche  dans  le  fond  d’une  petite  ravine  dont Ja  ligne  de  thalweg 
marque  la  place  exacte  où  se  sont  rejoints  les  deux  massifs  pour  former  la  digue;  à 


Coupure  ou  passe  l'Ouad  Inuaouen , 
à  17  kilomètres  en  aval  de  Tâza. 

(Vue  prise  au  point  où  la  rivière  entre  dans  la  coupure.) 
Croquis  de  l’auteur. 


Coupure  où  passe  l’Ouad  Inuaouen  , 
à  17  kilomètres  en  aval  de  Tâza. 

(Vue  prise  au  point  où  la  rivière  sort  de  la  coupure.) 
Croquis  de  l’auteur. 


gauche  de  cette  ligne,  le  terrain  est  entièrement  calcaire,  ce  ne  sont  que  côtes  blan¬ 
ches  s’étendant  à  perte  de  vue;  à  droite,  il  est  tout  roche,  ce  ne  sont  qu’énonnes 
blocs  de  grès  allant  se  confondre  avec  ceux  du  Djebel  Riata. 

Je  me  retrouve  dans  la  vallée  de  l’Ouad  Innaouen  au  moment  où  celui-ci,  sortant 
de  sa  coupure,  y  réapparaît  aussi.  Telle  était  la  vallée  ce  matin ,  telle  elle  se  retrouve 
ici  et  telle  elle  restera  jusqu’au  bout  :  seulement,  à  partir  de  maintenant  on  n’y  verra 
plus  ni  arbres  ni  jardins;  par  contre,  les  cultures  la  couvriront  presque  entièrement. 
Nous  ne  la  quittons  qu’à  l’approche  de  Tâza.  Nous  coupons 
alors  au  court  à  travers  les  premières  pentes  des  montagnes 
des  Riata  :  sol  rocheux,  sources  nombreuses,  bois  d’oli¬ 
viers  et  de  figuiers,  foule  de  jardins  et  de  hameaux.  A  3  heu¬ 
res  et  demie,  nous  atteignons  un  col  :  Tâza  apparaît.  Une 
haute  falaise  de  roche  noire  se  détachant  de  la  montagne  et 
s’avançant  dans  la  plaine  comme  un  cap;  sur  son  sommet, 
la  ville,  dominée  par  un  vieux  minaret;  à  ses  pieds,  d’im¬ 
menses  jardins  :  tel  est  l’aspect  sous  lequel  se  présente  ce  lien.  Bientôt  nous  entrons 


Tâza. 

(Vue  de  la  ville, 
prise  du  chemin  de  Tas.) 
Croquis  de  l’aulour. 


dans  les  jardins ,  jardins  superbes  qu’égalent  à  peine  les  plus  beaux  du  Maroc.  Us 
couvrent  le  flanc  gauche  et  le  fond  du  ravin  de  l’Ouad  Tâza;  à  l’ombre  d’arbres 
séculaires  auxquels  se  suspendent  de  longs  rameaux  de  vigne,  nous  franchissons  ce 
torrent  et  nous  gravissons,  au  milieu  des  rochers,  le  chemin  raide  et  difficile  qui 
conduit  à  la  ville.  A  3  heures  et  demie,  j’atteins  la  porte  de  la  première  enceinte  :  j  ôte 
mes  chaussures  et  j’entre. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


.‘JO 

L’Ouacl  Innaouen,  au  moment  où  je  l’ai  quitté,  aune  heure  et  demie  de  Tàza,  n’a¬ 
vait  plus  que  5  à  0  mètres  de  large  et  environ  30  centimètres  de  profondeur.  En  aval 
de  la  coupure  qu’il  traverse,  au  point  où  il  en  sort,  sa  largeur  était  encore  de  8  mètres. 
L’Ouad  Tàza  n’est  qu’un  torrent;  ses  eaux,  se  précipitant  par  cascades  sur  un  lit  de 
roche,  sont  d’une  limpidité  extrême;  il  a  2  mètres  de  large.  On  le  franchit  sur  un 
pont  d’une  arche  en  fort  mauvais  état.  De  F  as  à  Tàza,  nous  avons  rencontré  très  peu 
de  monde  sur  la  route  :  point  de  caravanes;  comme  voyageurs,  quelques  cavaliers 
portant  tous  fusil  et  sabre;  personne  dans  les  champs;  à  quatre  ou  cinq  reprises, 
j’ai  remarqué  des  vedettes  en  armes  postées  auprès  du  chemin  :  elles  étaient  là  pour 
veiller  sur  les  moissons,  et  à  l’occasion  pour  détrousser  les  étrangers.  Pas  une  per¬ 
sonne,  le  long  de  la  route,  qui  n’ait  témoigné  du  plus  profond  respect  pour  mon 
guide  :  tous  le  saluaient,  lui  adressaient  la  parole;  la  plupart  lui  baisaient  la  main. 
Le  pays  que  nous  avons  traversé  est  peu  habité  et  mal  cultivé;  les  tentes  qu’on  y 
rencontre  sont  assez  belles;  mais  les  villages  ont  un  aspect  misérable,  ils  sont 
composés  de  huttes  plutôt  que  de  maisons.  Dans  les  douars,  un  grand  nombre  de 
chevaux  bien  soignés,  signe  d’une  population  belliqueuse. 


VILLE  DE  TAZA. 


Elle  est  située  sur  un  rocher,  à  83  mètres  au-dessus  du  lit  de  l’Ouad  Tàza,  à 

130  mètres  au-dessus  de  celui  de 
l’Ouad  Innaouen.  Adossée  au 
sud  à  une  haute  chaîne  de  mon¬ 
tagnes,  bordée  de  précipices  au 
nord  et  à  l’ouest  et  d’un  talus 
très  raide  au  nord-est,  elle  n’est 
facilement  accessible  que  d'un 
côté,  le  sud-est.  Le  plateau  où 
se  trouve  la  ville  est  en  pente 
douce,  vers  Test  d’une  part, 
vers  l’ouest  de  l’autre.  Tàza  est 
entourée  de  murs,  doubles  en 
plusieurs  endroits;  autrefois  ces 
fortifications  étaient  plus  con¬ 
sidérables  encore,  témoin  les 
ruines  éparses  aux  abords  de  la 
ville.  Les  murailles  actuelles 
fort  minces  et  très  vieilles;  chose 


<1*2  000 


n’ont  aucune  valeur  militaire  :  elles  sont  en  pisé. 


DE  TANGER  A  MEKNAS. 


31 


rare,  elles  sont  basses.  Toute  la  surface  close  par  la  partie  sud  de  l’enceinte  est  occu¬ 
pée  par  des  jardins;  au  delà  vient  un  deuxième  mur,  puis  commence  la  ville  pro¬ 
prement  dite  :  là  même  tout  n’est  pas  constructions;  certaines  parties  du  plateau, 
vers  l’est  et  vers  l’ouest,  sont  couvertes  de  cultures.  Tâza  paraît  avoir  3  à  4000 
habitants,  dont  200  Juifs  fort  à  l’étroit  dans  un  très  petit  mellah.  Il  y  a  quatre 
mosquées,  deux  grandes  et  deux  petites;  deux  ou  trois  fondoqs  spacieux  et  bien 


YYY,  Chaîne  rocheuse 
à  plusieurs  kilomètres  de  Tàza. 


Monts  des  Riata. 


Enceinte  extérieure  de  Tàza  et  campagne  environnante.  (Vue  prise  du  mellah.) 

Croquis  de  l’auteur. 


installés,  mais  vides  et  tombant  en  ruine.  La  ville  est  construite  moitié  en  pierres, 
moitié  en  briques;  les  maisons  sont  peintes  de  couleur  brun-rouge,  ce  qui  leur 
donne  un  aspect  triste;  elles  sont,  comme  dans  toutes  les  villes  que  j’ai  vues  au 
Maroc,  excepté  Chechaouen  et  El  Qçar,  couvertes  en  terrasse.  La  plupart  des  habi¬ 
tations  possèdent  des  citernes  dont  l’eau  est  délicieuse  et  glacée;  mais  c’est  insuf¬ 
fisant.  aux  besoins  des  habitants  et  surtout  à  ceux  des  bestiaux  :  on  va  puiser  ce  qui 
manque  au  torrent.  Des  jardins  superbes  entourent  Tàza  de  tous  côtés;  l’Ouad  Tàza 
d’une  part,  de  l’autre  une  foule  de  ruisseaux  descendant  de  la  montagne  les  arrosent  : 
c’est  une  épaisse  forêt  d’arbres  fruitiers,  d’une  élévation  extraordinaire,  sans  exem- 


Cours  de  l’Ouad  Innnoucn  et  campagne  au  nord-est  de  Tàza.  (Vue  prise  du  mellah  de  la  ville.) 

Croquis  de  l'auteur. 


pie  peut-être  au  Maroc;  couvrant  la  plaine  tout  autour  de  la  ville,  ils  se  pressent 
jusque  sur  le  raide  talus  qui  la  borde  à  l’ouest  et,  atteignant  là  le  pied  de  ses  mu¬ 
railles,  ils  élèvent  leur  haute  ramure  au-dessus  du  faite  des  maisons. 


© 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


:V2 


HABITANTS. 

Tâza  est  sous  la  domination  nominale  du  sultan.  De  fait  elle  est  au  pouvoir  de 
la  puissante  tribu  des  Riata,  qui  en  font  la  ville  la  plus  misérable  de  la  terre.  Le 
sultan  y  entretient  un  qaïd  et  une  centaine  de  mkhaznis  (1);  ils  vivent  enfermés 
dans  le  mechouar,  d’où  ils  n’osent  sortir  par  peur  des  Riata.  L’autorité  du  qaïd  est 
nulle,  non  seulement  au  dehors,  mais  dans  la  ville  même  :  ses  fonctions  se  bornent 
à  rendre  la  justice  aux  citadins  et  aux  Juifs  dans  les  différends  qu’ils  ont  entre  eux. 
Quant  aux  Riata,  sur  le  territoire  desquels  se  trouve  Tâza,  ils  traitent  cette  cité  en 
pays  conquis,  y  prenant  de  force  ce  qui  leur  plaît,  tuant  sur  l’heure  qui  ne  le  leur 
cède  pas  de  bonne  grâce.  Au  dehors,  ils  tiennent  la  ville  dans  un  blocus  continuel; 
nul  n’ose  sortir  des  murs  sans  être  accompagné  d’un  Riati  :  quiconque  s’aventure¬ 
rait  sans  zetat,  ne  fût -ce  qu’à  100  mètres,  serait  dévalisé,  maltraité,  peut-être 
tué  :  c’est  au  point  que  les  habitants  ne  peuvent  pas  aller  seuls  remplir  leurs 
cruches  à  l’OuadTâza;  les  Riata  ont  ainsi  le  monopole  de  l’eau,  qu’ils  apportent 
chaque  jour  moyennant  salaire.  Au  dedans,  la  ville  est  encombrée  de  Riata;  on  en 
voit  sans  cesse  un  grand  nombre  flânant  dans  les  rues,  un  grand  nombre  assis  soit 
devant  les  portes,  soit  à  l’intérieur  des  maisons,  soit  sur  les  terrasses  :  on  les  recon¬ 
naît  à  leur  sabre  et  à  leur  fusil,  qui  ne  les  quittent  pas;  ils  s’installent  où  bon 
leur  semble,  se  font  donnera  manger;  s’ils  aperçoivent  une  chose  qui  leur  plaise, 
ils  la  prennent  et  s’en  vont.  Le  jour  du  marché,  où  ils  sont  plus  nombreux  encore 
que  d’ordinaire,  nul  n’ose  passer  dans  les  rues  avec  une  bête  de  somme,  de  peur  de 
se  la  voir  enlever.  En  outre,  de  temps  en  temps  ils  mettent  la  ville  en  pillage 
réglé;  aussi,  dès  qu’un  habitant  a  quelque  argent,  il  se  hâte  de  l’envoyer  en  lieu 
sûr,  soit  à  Fâs,  soit  à  Qaçba  Miknâsa.  C’est  un  spectacle  étrange  que  celui  de  ces 
hommes  se  promenant  en  armes  dans  la  ville,  et  y  agissant  toute  l’année  comme 
ils  pourraient  faire  dans  une  ville  ennemie  le  jour  de  l’assaut.  Il  est  difficile  d’ex¬ 
primer  la  terreur  dans  laquelle  vit  la  population.  Aussi  ne  rêve-t-elle  qu’une  chose, 
la  venue  des  Français.  Que  de  fois  ai-je  entendu  les  Musulmans  s’écrier  :  «  Quand 
les  Français  entreront-ils?  Quand  nous  débarrasseront-ils  enfin  des  Riata?  Quand 
vivrons-nous  en  paix  comme  les  gens  de  Tlemsen?  »  Et  de  faire  des  vœux  pour  que 

(1)  Les  mkhaznis  sont  des  miliciens  irréguliers,  plutôt  gendarmes  que  soldats.  Ils  ne  forment  point  de  corps 
constitués.  Les  principaux  qaïds,  ceux  des  villes  surtout,  en  ont  un  certain  nombre  auprès  d'eux;  ils  s’en 
servent  pour  faire  la  police,  et  surtout  pour  pressurer  le  pays.  Quand  ils  en  ont  100,  comme  celui  de  Tâza,  c'est 
beaucoup.  Il  y  a  des  mkhaznis  à  pied  et  à  cheval  :  ils  se  montent  et  s’arment  à  leurs  frais  et  à  leur  fantaisie  : 
leur  solde  est  fort  irrégulière;  suivant  l’exemple  de  leurs  maîtres,  ils  vivent  sur  le  peuple  en  extorquant  de 
l’argent,  çà  et  là.  Je  pense  qu'en  estimant  à  2000  le  chiffre  des  mkhaznis  ainsi  disséminés  dans  les  provinces 
on  aura  un  chiffre  au-dessus  de  la  vérité.  Il  y  en  a  un  plus  grand  nombre  auprès  du  sultan,  ne  quittant  pas 
sa  personne. 


■» 


DE  TANGER  A  MEKNAS. 


ce  jour  soit  proche  :  l’arrivée  n’en  fait  point  de  doute  pour  eux;  ils  partagent  à  cet 
égard  l’opinion  commune  à  une  grande  partie  de  la  population  du  Maroc  oriental 
et  à  presque  toute  la  haute  classe  de  l’empire,  savoir  :  que  dans  un  avenir  peu  éloi¬ 
gné  le  Marreb  el  Aqça  suivra  le  sort  d’Alger  et  de  Tunis  et  tombera  entre  les  mains 
de  la  France.  —  Le  commerce  de  Tâza  est  nul;  les  denrées  européennes  sont  à  un 
prix  double  de  celui  de  Fâs,  résultat  naturel  de  la  difficulté  des  communications. 
—  Hélas!  ces  beaux  jardins  eux-mêmes,  où  Ali  Bey  se  plaisait  à  entendre  roucouler 
pigeons  et  tourterelles,  11e  sont  plus  aujourd’hui  aux  habitants  qu’une  source  d’a¬ 
mers  regrets  :  on  les  voit  toujours  aussi  verts  qu’au  temps  de  Badia,  les  mêmes  ruis¬ 
seaux  y  murmurent,  les  rossignols  y  chantent  encore  dans  les  arbres,  mais  les  Biata 
les  ont  tous  pris. 


RI  ATA. 

Les  Biata  sont  une  grande  tribu  tamazirt  indépendante,  occupant  le  revers  nord 
du  haut  massif  montagneux  dont  l’un  des  points  culminants  porte  son  nom,  et  s’éten¬ 
dant  jusqu’à  la  vallée  de  l’Ouad  Innaouen.  Elle  est  bornée  à  l’est  par  les  Houara,  au 
nord  par  les  Miknâsa  et  les  Tsoul,  à  l’ouest  par  les  Hiaïna,  au  sud  par  les  Béni 
Ouaraïn.  Elle  se  subdivise  en  six  fractions  : 

Aliel  ed  Boula  (dans  la  montagne,  du  côté  de  la  Mlouïa). 

Béni  Bon  Iahmed  (dans  la  montagne,  à  l’ouest  d’Abel  ed  Boula). 

Béni  Bon  Qitoun  (dans  la  montagne,  à  l’ouest  des  Béni  Bon  Iahmed  et  à  l’est  de 
Tàza) . 

Béni  Oujjan  (dans  la  montagne,  à  l’ouest  de  Tàza  et  des  Béni  Bon  Qitoun). 

Aliel  el  Ouad  (dans  la  montagne,  sur  les  bords  de  l’Ouad  el  Khel  (1),  à  l’ouest  des 
Béni  Oujjan  et  au  sud-est  de  la  zaouïa  de  S.  Abd  er  Rahman). 

Aliel  Tahar  (dans  la  montagne,  à  l’ouest  des  Abel  el  Ouad  et  au  sud-ouest  de 
la  zaouïa  de  S.  Abd  er  Rahman). 

Ainsi  qu’011  le  voit,  les  Biata  sont  essentiellement  montagnards.  La  partie  de  leur 
territoire  située  en  plaine  est  peu  habitée,  peu  cultivée  même,  quoique  fertile  : 
('lie  a  d’ailleurs  peu  d’étendue,  comparée  à  l’épais  massif  montagneux  qui  forme 
leur  quartier  principal  :  là  sont  leurs  villages  et  leurs  cultures,. sur  de  hauts  pla¬ 
teaux,  dans  de  profondes  vallées  presque  inaccessibles;  ces  vallées  sont,  dit-on,  d’une 
fécondité  extrême,  ombragées  d’oliviers,  et  produisant  de  l’orge  en  abondance.  Les 
lianes  de  la  montagne  contiennent ,  parait-il ,  divers  minerais,  d’argent ,  de  fer,  d  an- 

(1)  L’Ouad  cl  Khel  se  jette  sur  la  rive  gauche  de  l’Ouad  Innaouen  :  son  cours,  m’a-t-on  assuré,  est  souterrain 
sur  une  certaine  longueur;  sa  vallée,  très  profonde,  très  étroite,  d’abord  très  difficile,  est  d  une  richesse  ex¬ 
trême.  Ce  n’est  qu’un  long  jardin  où  s’échelonnent  des  villages  nombreux. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


U 


RECONNAISSANCE  AC  MAROC. 


timoine  et  de  plomb.  Ce  dernier  métal  est  le  seul  qu’on  sache  extraire  et  travailler. 
La  fabrication  des  balles  et  celle  de  la  poudre  sont  la  principale  industrie  de  la 
tribu  :  il  y  a  80  maisons  où  l’on  s’y  livre.  Les  Hiata  peuvent,  je  crois,  mettre  en  ligne 
environ  3000  fantassins  et  200  chevaux.  C’est  une  tribu  belliqueuse  et  jalouse  de  son 
indépendance.  Ses  six  fractions  sont  journellement  en  guerre  entre  elles,  mais  elles 
s’unissent  toujours  contre  les  ennemis  communs.  11  y  a  environ  sept  ans,  Moulei 
El  Hasen  voulut  la  soumettre;  il  marcha  contre  elle  à  la  tête  d’une  armée  :  ses  trou¬ 
pes  furent  mises  en  déroute;  lui-même  eut  son  cheval  tué  dans  la  mêlée;  il  s’enfuit 
à  pied  et  non  sans  peine  du  champ  de  bataille  (1).  Depuis,  il  n’essaya  pas  de  venger 
cet  échec.  Les  Itiata  sont  fort  peu  dévots  :  «  ils  n’ont  ni  Dieu  ni  sultan;  ils  ne  con¬ 
naissent  que  la  poudre  »  ;  le  fait  est  devenu  proverbial.  Cependant  nous  avons  vu 
quelle  immense  influence  possède  sur  eux  Sidi  Edris;  ils  ont  encore,  mais  à  un  de¬ 
gré  moindre,  du  respect  pour  trois  ou  quatre  autres  cherifs,  tels  que  Moulei  Abd  er 
Rahman  et  Moulei  Abd  es  Selam,  dont  nous  verrons  au  retour  les  zaouïas.  Ils  n’élisent 
parmi  eux  ni  chiklis  ni  chefs  d’aucune  sorte;  c’est  l’état  démocratique  dans  toute  sa 
force  :  chacun  pour  soi  avec  son  fusil.  Cependant,  là  comme  partout,  quelques  hom¬ 
mes  possèdent,  par  leur  fortune,  par  leur  courage,  une  influence  particulière  :  de 
nos  jours,  l’homme  le  plus  considérable  des  Iiiata  est  un  personnage  du  nom  de  Del 
Khadîr,  habitant  le  village  de  Negert.  Les  Hiata  sont  Imaziren  (Chellaha)  de  race, 
et  le  tamazirt  est  leur  langue  habituelle;  mais,  par  suite  de  leur  voisinage  avec 
plusieurs  tribus  arabes,  telles  que  les  Iliaïna,  les  Oulad  el  Hadj,  etc.,  un  grand 
nombre  d’entre  eux  parlent  l’arabe.  Ils  sont  de  très  haute  faille;  leur  costume  ne 
diffère  pas  de  celui  que  nous  avons  vu  de  Tétouan  à  Fâs,  si  ce  n’est  par  la  coiffure  : 
tous  ont  la  tète  nue,  avec  un  mince  cordon  de  poil  de  chameau  ou  de  coton  blanc 
lié  autour.  Ils  ne  marchent  jamais  qu’armés,  et  ont  sabre  et  fusil  :  ce  dernier  est  de 
forme  analogue  à  ceux  qu’on  a  décrits  plus  haut,  mais  plus  grossier;  quelques-uns 
ont  des  fusils  européens  à  capsule.  Les  femmes  ne  se  voilent  point.  On  en  voit  un 
grand  nombre  en  ville  le  jour  du  marché  :  de  taille  élevée,  portant  leur  jupe  re¬ 
troussée  au-dessus  du  genou,  elles  ont  l’air  si  martial  que,  ne  fût  l’absence  d’armes 
et  de  barbe,  on  pourrait  les  prendre  pour  des  hommes.  Les  Hiata  sont  grands  fumeurs 
de  kif ;  de  plus,  il  existe  chez  eux  une  coutume  que  j’ai  rarement  vue  ailleurs  :  tous, 
hommes  et  femmes,  prisent.  Si  l’usage  de  fumer  le  kif  (2)  est,  à  des  degrés  divers, 


(1)  Le  combat  eut  lieu  dans  la  montagne,  sur  les  bords  de  l’Ouad  Bou  Gerba.  Les  Hiata  avaient,  dit-on, 
construit  des  barrages  qu'ils  rompirent  tout  à  coup  :  les  eaux  du  torrent  se  précipitèrent  avec  fureur  et  em¬ 
portèrent  une  partie  de  l'armée  du  sultan. 

(2)  On  appelle  ainsi  le  chanvre  indien,  connu  ailleurs  sous  le  nom  de  hachich.  On  ne  le  désigne  au  Maroc 
que  sous  celui  de  kif.  Il  s’en  fait  en  ce  pays  une  grande  consommation.  Dans  les  villes,  l'usage  en  est  extrême¬ 
ment  répandu  :  la  plus  grande  partie  des  classes  moyenne  et  pauvre,  les  petits  marchands,  tout  ce  qui  est 
mkhazni ,  soldat,  la  plupart  des  esclaves  l'y  fument.  Le  tabac  est  moins  à  la  mode;  s'en  sert-on.  c'est  presque 


DE  TANCEE  A  MEK  N  A  S. 


.'15 

répandu  dans  tout  le  Maroc,  celui  de  fumerie  tabac  l’est  très  peu  et  ne  se  trouve  que 
dans  quelques  tribus  du  Sahara;  quant  à  celui  de  priser,  il' est  encore  plus  rare  : 
assez  commun  dans  les  villes,  je  ne  l’ai  vu  aux  gens  de  la  campagne  que  chez  les 
Riata,  chez  les  Oulad  el  Hadj  et  à  Misour. 


G  août. 


C’est  aujourd’hui  que  je  quitte  Tàza,  cette  ville  si  florissante  et  si  heureuse,  il  y  a 
quatre-vingts  ans,  qu’Ali  Bey  la  trouvait  alors  la  plus  agréable  du  Maroc,  et  que  l’anar¬ 
chie  a  réduite  maintenant  à  en  être  de  beaucoup  la  plus  misérable.  Je  n’ai  plus  pour 
m’en  retourner  ma  puissante  protection  de  l’aller,  aussi  prendrai-je  un  autre  chemin; 
voici  la  combinaison  qui  est  adoptée  :  deux  cavaliers  Riata,  me  servant  de  zetats,  me 
conduiront  à  la  zaouïa  de  Moulei  Abel  er  Rahman.  Là  je  demanderai  au  cherif  de  me 
faire  mener  au  Tlâta  Hiaïna  :  c’est  demain  mardi,  je  trouverai  au  marché  maintes 
caravanes  allant  à  Fàs;  il  n’y  aura  qu’à  se  joindre  à  l’uiie  d’elles. 

Départ  à  7  heures  du  matin.  Outre  mes  deux  zetats,  un  Juif  de  Tàza  m’accompagne, 
précaution  indispensable  pour  assurer  la  fidélité  de  l’escorte.  A  11  heures  et  demie, 
nous  parvenons  à  la  zaouïa.  Ici,  comme  dans  la  plus  grande  partie  du  Maroc,  on 
étend  ce  nom  à  toute  demeure  de  cherif  ou  de  marabout  un  peu  marquant;  telle  est 
la  zaouïa  où  nous  venons  d’arriver  :  point  d’enseignement ,  point  de  khouan  ni  de 
corps  de  talebs,  mais  une  famille  de  cherifs,  vénérée  par  les  tribus  environnantes,  et 
vivant  des  dons  à  peu  près  réguliers  qu’elles  lui  apportent  et  qu’au  besoin  elle  va 
chercher.  C’est  ici  que  je  passerai  la  nuit  :  demain  matin,  un  neveu  de  Moulei  Abd 
er  Rahman  me  conduira  au  Tlâta.  Le  hameau  où  je  suis  a,  malgré  son  titre  pom¬ 
peux,  un  aspect  des  plus  misérables  :  maisons  très  basses,  murs  de  pisé  ou  de  pier¬ 
res  sèches,  terrasses  grossières  chargées  de  terre.  Dans  les  villages  des  Riata,  les  habi- 


toujours  mélangé  au  kif.  Les  Juifs  seuls  ont  l’habitude  de  la  cigarette.  La  consommation  du  kif  et  du  tabac  est 
assez  importante  pour  que  le  sultan  se  soit  réservé  le  monopole  de  leur  introduction  dans  les  villes,  monopole 
qu’il  afferme  soit  à  des  compagnies,  soit  à  des  particuliers.  A  Fàs,  c’est  une  société  de  vingt  Israélites  qui  le 
possède  en  ce  moment.  Sfrou  et  Tàza  dépendent  de  cette  même  société.  La  plus  grande  partie  du  kif  et 
du  tabac  qui  pénètrent  dans" ces  villes  vient  du  Rif;  plusieurs  tribus  y  vivent  presque  exclusivement  du  revenu 
de  cette  culture  :  parmi  elles  on  cite  les  Ketâma,  petite  tribu  voisine  des  Béni  Zerouàl;  ses  produits  sont  les 
plus  renommés  du  nord  du  Maroc. 

La  difficulté  de  se  procurer  du  kif  dans  les  campagnes  fait  (pie  l'usage  de  le  fumer  y  est  bien  moins  répandu 
que  dans  les  villes  :  le  prix  en  étant  plus  élevé,  il  y  devient  un  luxe;  au  lieu  d’être,  comme  dans  les  cités,  la 
consolation  de  la  classe  pauvre,  il  y  devient  la  distraction  des  riches  .  et  surtout  des  cherifs  et  des  marabouts. 
Ces  derniers  sont  à  peu  près  les  seuls  qui  l’y  fument  :  on  peut  presque  partout  les  reconnaître  au  double  usage 
du  kif  et  de  l’eau-de-vie  (rnahia) ,  qui  forme  un  de  leurs  caractères  distinctifs.  Quant  au  tabac,  une  fois  sorti  des 
villes,  je  le  verrai  disparaître  complètement  jusqu’au  Sahara;  mais  là  je  trouverai  vers  Tisint,  Tatta,  Aqqa,  une 
vaste  région  où  tout  le  monde  le  fume  du  matin  au  soir  :  les  tabacs  à  la  mode  y  sont  ceux  du  l’ouat,  du  Dra,  et 
surtout  d’Ouad  Noun. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


3  fi 

tâtions  sont  couvertes  en  terrasse;  au  contraire,  chez  les  Hiaïna,  ainsi  qu’entre  Fâs 
et  Tanger,  on  voit  partout  des  toits  de  chaume. 


7  août. 

.Te  pars  à  4  heures  du  matin,  escorté  par  le  jeune  cherif  mon  zetat  et  deux  de  ses 
domestiques.  Le  chemin  traverse  une  région  accidentée,  mais  sans  relief  important  : 
collines  calcaires  :  peu  de  pierres;  les  vallées  et  les  pentes  douces  cultivées;  le  reste 
couvert  de  chardons.  À  5  heures,  nous  arrivons  à  la  limite  des  Riata.  Ici  notre  cherif 
déclare  à  Mardochée  qu’il  n’ira  pas  plus  loin  avant  d’être  payé  :  le  prix,  convenu  d’a¬ 
vance,  était  de  deux  reals.  Mardochée  les  lui  remet  :  «  Donne-m’en  encore  deux  au¬ 
tres.  —  Mais...  — Tais-toi  et  donne!  —  Voilà...  —  Maintenant  donne  un  demi-real  à 
chacun  de  mes  domestiques.  —  Mais...  —  Tais-toi  et  donne!  —  A  présent,  un  de  mes 
hommes  va  te  mener  jusqu’au  marché.  —  Comment,  après  tout  ce  qu’on  t’a  donné, 
tu  ne  nous  conduis  pas  toi-même?  —  Accompagner  de  vilains  Juifs  comme  vous!  A  ta 
mère  !  »  A  ces  mots  il  fait  demi-tour,  et  nous  nous  estimons  heureux  qu’en  nous 
abandonnant  il  nous  ait  laissé  un  de  ses  serviteurs  :  celui-ci  du  moins  est  fidèle  et 
nous  amène  au  Tlàta.  Pour  y  parvenir,  on  franchit  un  massif  assez  haut,  le  Djebel 

Oulad  Bon  Ziân.  Au  pied  de  son  versant  ouest,  sur 
un  plateau,  se  trouve  le  marché.  Nous  y  arrivons  à 
0  heures  du  matin.  Le  terrain  jusque-là  était  cal¬ 
caire;  les  cultures  consistaient  en  blé,  orge  et  maïs; 
les  portions  incultes  étaient  parfois  nues,  parfois 
couvertes  de  palmiers  nains,  le  plus  souvent  de 
chardons.  Pendant  une  partie  du  chemin,  j’aper¬ 
çois  dans  le  lointain,  à  ma  droite,  le  Djebel  Béni  Ouaraïn;  il  est  encore  tel  que  je 
le  vis  du  Gebgeb;  les  mêmes  sillons  de  neige  brillent  sur  ses  flancs. 

Le  marché  est  animé  au  moment  où  nous  arrivons;  il  s’y  trouve  500 ou  000  per¬ 
sonnes  :  tout  le  monde  est  armé,  sabre  au  côté  et  fusil  sur  l’épaule.  On  vend  des 
grains,  des  bêtes  de  somme,  du  bétail,  des  cotonnades,  des  belras,  de  l’huile,  du  su¬ 
cre,  du  thé;  de  plus,  on  abat  sur  place  des  bœufs,  des  moutons  et  des  chèvres  qu’on 
dép  )èce  et  débite  à  mesure  au  détail.  Vers  midi  et  demi,  la  dispersion  commence  : 
chacun  reprend  le  chemin  de  son  douar  ou  de  son  village.  J’ai  trouvé  une  petite 
caravane  allant  à  Fâs;  à  1  heure,  je  pars  avec  elle.  Nous  marchons  toute  l’après- 
midi  en  terrain  accidenté  :  succession  de  collines  calcaires,  de  vallons,  de  ravines;  de 
même  que  ce  matin,  il  y  a  de  longues  côtes,  mais  il  est  rare  quelles  soient  très  rai¬ 
des,  et  elles  ne  sont  jamais  difficiles.  Pendant  une  grande  partie  de  la  route,  on  dis¬ 
tingue  le  cours  de  l’Ouad  Innaouen  et  le  Djebel  Riata;  le  Djebel  Béni  Ouaraïn  se 


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Djebel  Déni  Ouaraïn. 

(Les  parties  ombrées  sont  couvertes  de  neige.) 
(Vue  prise 

du  col  du  Djebel  Oulad  Bou  Ziân, 
sur  le  chemin  de  Tâza  à  Fâs.) 

Croquis  de  l’auteur. 

«r 


DE  TANGER  A  MEKNAS. 


37 


voit  au  commencement;  vers  le  soir,  le  Zalar  et  le  Terrats  apparaissent.  Peu  de 
champs;  nous  cheminons  au  milieu  d’étendues  incultes  couvertes  de  palmiers  nains, 
de  jujubiers  sauvages  et  de  chardons;  ces  plantes,  si  vivantes  d’habitude,  sont  ici  flé¬ 
tries  et  jaunies  par  le  soleil  :  c’est  la  première  fois  que  je  les  vois  en  cet  état,  et  ce  sera 
la  dernière.  A  6  heures  et  demie,  nous  faisons  halte  dans  un  petit  village  où  nous 
passerons  la  nuit. 

Pendant  la  matinée,  ainsi  que  le  soir  jusqu’à  2  heures  et  demie,  il  y  avait  une 
foule  de  monde  sur  le  chemin,  gens  allant  au  marché  ou  en  venant;  à  partir  de 
2  heures  et  demie,  nous  n’avons  rencontré  presque  personne.  Nous  n’avons  traversé 
aujourd’hui  aucun  cours  d’eau  de  quelque  importance  :  l’Ouad  Amelloul  n’est  qu’un 
gros  ruisseau  dont  les  eaux  avaient  à  peine,  au  point  où  nous  l’avons  passé,  3  mètres 
de  large  et  20  à  30  centimètres  de  profondeur. 


8  août. 


Départ  à  4  heures  du  matin.  Nous  descendons  vers  l’Ouad  Innaouen  ;  après  en 
avoir  traversé  la  vallée,  nous  nous  engageons  sur  le  plateau  qui  forme  le  flanc 
gauche  :  là  nous  retrouvons  le  chemin  que  nous  avons  pris  en  venant.  Nous  le  sui¬ 
vons  jusqu’à  Fâs,  où  nous  arrivons  à  midi. 


7°.  —  EXCURSION  A  SFROU. 

La  route  de  Fâs  à  Sfrou  est  sûre  dans  ce  moment  :  il  n’en  est  pas  toujours  ainsi. 
Les  tribus  des  environs  de  Fâs  sont  tantôt  obéissantes,  tantôt  en  révolte  :  suivant 
ces  deux  états,  les  chemins  de  Sfrou  et  de  Meknâs  sont  tantôt  sans  danger,  tantôt 
périlleux.  A  l’heure  qu’il  est,  on  circule  sans  le  moindre  risque  sur  l’un  et  l’autre. 

20  août. 

Départ  de  Fâs  à  5  heures  du  matin.  Pendant  la  première  portion  du  trajet,  je 
traverse  la  partie  orientale  du  Sais  :  plaine  unie,  sans  ondulations;  sol  dur,  assez 
pierreux,  couvert  de  palmiers  nains.  Vers  8  heures,  le  pays  change  :  fin  du  Sais; 
j’entre  dans  une  région  légèrement  accidentée  :  collines  très  basses,  à  pentes  douces 
séparées  par  des  vallées  peu  profondes;  sol  souvent  pierreux,  parfois  rocheux;  terre 
rougeâtre;  à  partir  d’ici,  on  voit  une  foule  de  sources,  de  ruisseaux,  dont  les  eaux, 
courantes  et  limpides,  sont  bordées  de  lauriers-roses.  A  9  heures,  je  passe  à  hauteur 
d’un  très  grand  village,  El  Behalil  (1)  :  il  porte,  dit-on,  ce  nom  parce  que  ses  habi¬ 
tants  prétendent  descendre  des  Chrétiens.  Quelle  que  soit  son  origine,  son  état  actuel 


(1)  Les  sots. 


R  E  CO  NN  A  ISS  ANC  K  AU  MAROC. 


38 

est  prospère;  les  maisons  y  sont  bien  construites  et  blanchies  :  autour  s’étendent  au 
loin  de  beaux  et  vastes  vergers  qui,  avec  ceux  de  Sfrou  et  du  Zerhoun,  forment  cette 


longent  à  nos  pieds  en  masse  sombre;  une  pente  douce  y  conduit  :  la  ville  est  au 


milieu;  mais,  cachée  dans  la  profon- 
’eur  des  grands  arbres,  nous  ne  l’a- 
ercevrons  qu’arrivés  à  ses  portes.  A 
heures  et  demie,  j’entre  dans  les 
jardins,  jardins  immenses  et  merveil¬ 
leux,  comme  je  n’en  ai  vu  qu’au  Maroc  : 


Jardins  de  Sfrou 

et  Djebel  Ait  loussi.  (Vue  prise  du  chemin  de  Fàs  à  Sfrou.) 
Croquis  de  l’auteur. 


grands  bois  touffus  dont  le  feuillage  épais  répand  sur  la  terre  une  ombre  impéné¬ 
trable  et  une  fraîcheur  délicieuse,  où  toutes  les  branches  sont  chargées  de  fruits, 
où  le  sol  toujours  vert  ruisselle  et  murmure  de  sources  innombrables.  Chechaouen, 
Tàza,  Sfrou,  Fichtâla,  Béni  Mellal,  Demnât,  autant  de  noms  qui  me  rappellent  ces 
lieux  charmants  :  tous  sont  également  beaux,  mais  le  plus  célèbre  est  Sfrou.  A 
10  heures,  j’arrive  à  la  ville  :  de  grands  murs  blancs  l’entourent,  elle  a  l’aspect 
propre  et  gai. 

C’est  surtout  en  la  parcourant  qu’on  est  frappé  de  l’air  de  prospérité  qui  y 
règne  :  on  ne  le  retrouve  en  aucune  autre  ville  du  Maroc.  Partout  ailleurs  on  ne 
voit  que  traces  de  décadence  :  ici  tout  est  florissant ,  et  annonce  le  progrès.  Point  de 
ruines,  point  de  terrains  vagues,  point  de  constructions  abandonnées  :  tout  est 
habité,  tout  est  couvert  de  belles  maisons  de  plusieurs  étages,  à  extérieur  neuf  et 
propre;  la  plupart  sont  bâties  en  briques  et  blanchies.  Sur  les  terrasses  qui  les 
surmontent,  des  vignes,  plantées  dans  les  cours,  grimpent  et  viennent  former  des 
tonnelles.  Une  petite  rivière  de  2  à  3  mètres  de  large  et  de  20  à  30  centimètres  de 
profondeur,  aux  eaux  claires,  au  courant  très  rapide,  traverse  la  ville  par  le  milieu  : 
trois  ou  quatre  ponts  permettent  de  la  franchir.  Sfrou  a  environ  3  000  habitants, 
dont  1000  Israélites.  11  y  a  deux  mosquées  et  une  zaouïa;  celle-ci  renferme  de  nom¬ 
breux  religieux  appartenant  aux  descendants  de  Sidi  El  Hasen  el  loussi  (1).  On 
remarque  aussi  beaucoup  de  turbans  verts,  insigne  des  Derkaoua. 

(1)  Sidi  El  Hasen  el  loussi  est  un  célèbre  marabout  marocain  qui  naquit  dans  la  première  moitié  du  xi®  siècle 
de  l'hégire  (entre  1502  et  1040,  environ).  Voici  quelques  notes  concernant  sa  personne  :  elles  sont  extraites 
d’un  ouvrage  écrit  par  lui-même,  Mohadarat  Chikh  Kl  Hasen  el  loussi;  elles  m'ont  été  communiquées  par 
M.  Pilard,  ancien  interprète  militaire  :  «  Je  suis  El  Hasen  ben  Mesaoud  ben  Mohammed  ben  Ali  ben  Iousefben 
«  Ahmed  ben  Ibrahim  ben  Mohammed  ben  Ahmed  ben  Ali  ben  Amar  ben  Iahia  ben  Iousef  (et  celui-ci  est 
«  l'ancêtre  de  la  tribu)  ben  Daoud  ben  Idracen  ben  Ietatten.  Voilà  quelle  était  la  généalogie  (de  Iousef)  lors- 
«  qu'il  vint  se  fixer  à  Hara  Aqlal,  bourgade  du  Ferkla  encore  bien  connue  aujourd'hui...  Quant  au  qualificatif 
«  de  loussi,  on  disait  originairement  el  lousfi,  et  ce  nom  rappelait  l’ancêtre  de  notre  tribu.  Mais,  dans  leur 
*  idiome,  les  gens  de  notre  pays  suppriment  1T...  Mon  maître  fut  le  Chikh  el  Islam  Abou  Abd  Allah  Sidi 
«  Mohammed  En  Nacer  ed  Draï.  » 


DE  TANGER  A  MEKNAS. 


39 

Sfrou  tire  sa  richesse  de  plusieurs  sources  :  ce  sont  :  1°  le  commerce  qu’elle  fait 
avec  les  tribus  des  environs,  Ait  Ioussi,  Béni  Ouaraïn,  etc.  ;  elle  leur  vend  les  produits 
européens  et  prend  en  échange  des  peaux,  et  surtout  de  grandes  quantités  de  laines  : 
ces  dernières,  parmi  lesquelles  celles  des  Béni  Ouaraïn  sont  les  plus  estimées,  sont 
lavées  et  nettoyées  à  Sfrou,  où  ce  travail  occupe  une  grande  partie  de  la  population; 
puis  on  les  vend  à  Fûs,  parfois  même  directement  à  Marseille;  2°  le  passage  des 
caravanes  du  Tafilelt  et  le  commerce  qu’elle  fait  avec  Qçâbi  ech  Cheurfa  et  le  sud  ; 
3°  ses  jardins  :  elle  exporte  à  Fàs  une  multitude  énorme  de  fruits  :  olives,  citrons, 
raisins,  cerises,  etc.;  le  raisin  est  si  abondant  qu’on  en  fait  d’excellent  vin  à 
10 francs  l’hectolitre;  4°  les  poutres  et  les  planches  qu’elle  reçoit  du  Djebel  Ait  Ioussi 
et  qu’elle  expédie  dans  les  villes  du  nord  :  elles  sont  toutes  de  bois  de  cèdre;  chaque 
tronc  donne,  en  poutres,  4  ou  5  charges  de  mulet  :  ces  cèdres  poussent  sur  le  terri¬ 
toire  des  Ait  Ioussi.  D’autres  tribus  voisines,  telles  que  les  Béni  Mgild  (1),  en  possè¬ 
dent  aussi  de  grandes  forêts,  mais  les  exploitent  peu. 

La  ville  n’est  sur  le  territoire  d’aucune  tribu  ;  elle  a  un  qaïd  spécial  et  dépend  de 
la  province  de  Fàs  :  c’est  ici  que  finit  cette  dernière;  au  point  où  s’arrêtent,  vers  le 
sud,  les  jardins  de  Sfrou,  commence  le  territoire  des  Ait  Ioussi. 

.  21  août. 

Je  reviens  à  Fàs  en  passant,  au  retour,  par  le  même  chemin  qu’à  l’aller.  Aujour¬ 
d’hui  comme  hier,  je  rencontre  beaucoup  de  passants  sur  la  route  :  àniers  et  chame¬ 
liers  conduisant  des  convois  de  fruits  et  de  planches,  voyageurs  isolés  allant  à  Sfrou, 
caravanes  partant  pour  le  Sahara.  Personne  n’est  armé  :  les  femmes  ne  se  voilent 
pas. 

8°.  —  DE  FAS  A  MEKNAS. 

Parti  de  Fàs  le  23  août,  à  ô  heures  du  matin,  j’arrive  le  même  jour  vers  4  heures 
et  demie  du  soir  à  Meknâs.  Entre  ces  deux  villes  s’étend  une  vaste  plaine,  le  Sais. 
Bornée  au  nord  par  les  monts  Outita,  Zerhoun,  Terrats  et  Zalar,  à  l’est  par  le  flanc 
droit  de  la  vallée  du  Sebou,  au  sud  par  les  monts  El  Behalil  et  Béni  Mtir,  elle  s’é¬ 
tend  à  perte  de  vue  vers  l’ouest.  Cette  plaine  se  divise  en  deux  parties  de  niveaux 
differents  :  l’une  plus  basse,  où  est  Fàs,  l’autre  plus  haute,  où  est  Meknàs ;  elles  sont 
unies  par  un  talus  en  pente  douce  situé  à  environ  moitié  chemin  entre  les  deux 
villes.  Le  Sais  reste  le  même  sur  toute  son  étendue  :  terrain  très  plat  couvert  de  pal¬ 
miers  nains;  pas  la  moindre  trace  de  culture,  bien  que  le  sol  soit  très  arrosé.  <hi 

(1)  Sur  le  territoire  des  Béni  Mgild  se  trouve,  au  milieu  des  forêts,  une  source  célèbre,  Ain  el  Louh  :  elle 
est,  dit-on,  à  deux  journées  de  marche  de  Sfrou,  dans  la  direction  du  sud-ouest. 


40 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


traverse,  outre  une  quantité  de  gros  ruisseaux  d’eau  courante,  quatre  rivières  : 
l’Ouad  Nza  (gué  au-dessous  d’un  pont  de  5  arches;  10  à  12  mètres  de  large;  40  à 
50  centimètres  de  profondeur;  eau  très  claire;  courant  rapide);  l’Ouad  Mehdouma 
(10  mètres  de  large;  40  à  50  centimètres  de  profondeur;  eau  claire;  courant  ra¬ 
pide);  l’Ouad  Djedida  (8  mètres  de  large;  30  à  40  centimètres  de  profondeur; 
eau  limpide  et  courante);  l’Ouad  Ousillin  (8  mètres  de  large;  30  à  40  centimètres 
de  profondeur;  eau  claire  et  courante).  Durant  toute  la  route,  nous  avons  soit  devant 
nous,  soit  à  notre  droite,  le  Djebel  Zerhoun  :  ce  massif,  sans  autres  arbres  que  ceux 
de  ses  jardins,  est  d’une  fertilité  extraordinaire;  ses  pentes,  ainsi  que  le  plateau  qui 


Djebel  Oulila. 


Djebel  Zerhoun. 


Djebel  Zerhoun,  Djebel  Oulila  cl  i*laine  du  Sais.  (Vue  prise  à  13  kilomètres  de  Meknàs,  du  chemin  de  Fâs.) 

Croquis  de  l’auteur. 

le  couronne,  sont  couverts  de  vergers  et  de  cultures;  il  est  renommé  pour  ses  olives, 
ses  raisins,  ses  oranges,  ses  fruits  de  toute  espèce.  La  population  y  est  très  dense; 
du  chemin,  on  distingue  à  son  flanc  les  masses  blanches  d’un  grand  nombre  de  villa¬ 
ges  :  ceux-ci  renferment,  dit-on,  des  maisons  aussi  belles  que  les  plus  belles  de  Fâs. 
Les  habitants  du  Zerhoun,  comme  les  nomades  du  Sais,  ne  parlent  que  l’arabe. 

Je  p  asse  quelques  jours  ici,  attendant  que  Sidi  Omar,  le  cherif  qui  doit  me  mener 
à  Bou  el  Djad,  achève  ses  préparatifs.  11  faut  de  plus,  chose  aussi  nécessaire  pour  le 
cherif  que  pour  moi,  chercher  des  zetats  qui  nous  protègent  sur  les  territoires  des 
Gerouân  et  des  Zemmour  Chellaha,  où  nous  aurons  à  marcher  dès  le  premier  jour  : 
ces  tribus  sont  toutes  deux  insoumises.  Le  blad  es  siba,  pays  libre,  commence  aux  portes 
de  Meknàs,  et  le  chemin  y  demeurera  jusqu’au  Tàdla  ;  le  Tàdla  en  fait  lui-même 
partie.  Nous  quittons  donc  pour  longtemps  les  États  du  sultan,  le  blad  el  makhzen, 
triste  région  où  le  gouvernement  fait  payer  cher  au  peuple  une  sécurité  qu’il  ne 
lui  donne  pas;  où,  entre  les  voleurs  et  le  qaïd,  riches  et  pauvres  n’ont  point  de  répit; 
où  l’autorité  ne  protège  personne,  menace  les  biens  de  tous;  où  l’État  encaisse  tou¬ 
jours  sans  jamais  faire  une  dépense  pour  le  bien  du  pays;  où  la  justice  se  vend,  où 
l’injustice  s’achète,  où  le  travail  ne  profite  pas;  ajoutez  à  cela  l’usure  et  la  prison 
pour  dettes  :  tel  est  le  blad  el  makhzen.  On  travaille  le  jour,  il  faut  veiller  la  nuit  : 
ferme-t-on  l’œil  un  instant,  les  maraudeurs  enlèvent  bestiaux  et  récoltes;  tant  que 
l’obscurité  dure,  ils  tiennent  la  campagne  :  il  faut  placer  des  gardiens;  on  n’ose 
sortir  du  village  ou  du  cercle  des  tentes;  toujours  sur  le  qui-vive.  A  force  de  fatigues 
et  de  soins,  a-t-on  sauvé  les  moissons,  les  a-t-on  rentrées,  il  reste  encore  à  les 
dérober  au  qaïd  :  on  se  hâte  de  les  enfouir,  on  crie  misère,  on  se  plaint  de  sa  ré- 


DK  TANGER  A  MEK  N  AS. 


il 


coite.  Mais  des  émissaires  veillent  :  ils  ont  vu  que  vous  alliez  au  marché  sans  y 
acheter  de  grains  :  donc  vous  en  avez;  vous  voilà  signalé  :  un  beau  jour  une  ving¬ 
taine  de  mkhaznis  arrivent;  on  fouille  la  maison,  on  enlève  et  le  blé  et  le  reste; 
avez-vous  des  bestiaux,  des  esclaves,  on  les  emmène  en  même  temps  :  vous  étiez 
riche  le  matin,  vous  êtes  pauvre  le  soir.  Cependant  il  faut  vivre,  il  faudra  ensemen¬ 
cer  l’année  prochaine  :  il  n’y  a  qu’une  ressource,  le  Juif.  —  Si  c’est  un  honnête 
homme,  il  vous  prête  à  00  0/o,  sinon  à  bien  davantage  :  alors  c’est  fini;  à  la  première 
année  de  sécheresse,  viennent  la  saisie  des  terres  et  la  prison;  la  ruine  est  consom¬ 
mée.  Telle  est  l’histoire  qu’on  écoute  à  chaque  pas;  en  quelque  maison  que  l’on 
entre,  on  vous  la  répète.  Tout  se  ligue,  tout  se  soutient  pour  qu’on  ne  puisse  échap¬ 
per.  Le  qaïd  protège  le  Juif,  qui  le  soudoie;  le  sultan  maintient  le  qaïd,  qui  apporte 
chaque  anpée  un  tribut  monstrueux,  qui  envoie  sans  cesse  de  riches  présents,  et  qui 
enfin  n’amasse  que  pour  son  seigneur,  car  tôt  ou  tard  tout  ce  qu’il  possède  sera  con¬ 
fisqué,  ou  de  son  vivant,  ou  à  sa  mort.  Aussi  règne-t-il  dans  la  population  entière 
une  tristesse  et  un  découragement  profonds  :  on  hait  et  on  craint  les  qaïds;  parle- 
t-on  du  sultan,  tema  bezzef ,  «  11  est  très  cupide,  »  vous  répond-on  :  c’est  tout  ce  qu'on 
en  dit,  et  c’est  tout  ce  qu’on  en  sait.  Aussi  combien  ai-je  vu  de  Marocains,  reve¬ 
nant  d’Algérie,  envier  le  sort  de  leurs  voisins  :  il  est  si  doux  de  vivre  en  paix!  qu’on 
ait  peu  ou  qu’on  ait  beaucoup,  il  est  si  doux  d’en  jouir  sans  inquiétude!  Les  routes 
sûres,  les  chemins  de  fer,  le  commerce  facile,  le  respect  de  la  propriété,  paix  et  justice 
pour  tous,  voilà  ce  qu’ils  ont  vu  par  delà  la  frontière.  Que  leur  pays,  si  misérable 
quoique  si  riche,  serait  heureux  dans  ces  conditions! 


RECONNAISSANCE  ALI  MAROC. 


f) 


42 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


IL 

DE  MEKNAS  A  QAÇBA  BENI  MELE  AL. 

1°.  —  DE  MEKNAS  A  BOU  EL  DJ  AD. 


27  août  1883. 


Enfin  je  quitte  Meknâs.  Nous  partons  plus  nombreux  que  je  ne  pensais  :  plusieurs 
personnes  veulent  profiter  de  la  société  de  mon  chérit,  et  se  joignent  à  nous  :  ce 
sont  d’abord  six  ou  huit  Musulmans  pauvres  qui  se  rendent  dans  le  Tàdla,  puis  deux 
Juifs  de  Bon  el  Djad  qui  regagnent  leur  pays.  De  plus,  nous  faisons  route  jusqu’à 
Tlâta  ez  Zemmour  avec  une  caravane  d’une  cinquantaine  de  marchands  qui  vont  à  ce 
marché.  Nous  sommes  ainsi  près  de  soixante-cinq  :  un  seul  zetat  nous  protège  tous; 
c’est  un  homme  des  Zemmour,  Moulei  Ez  Zaïr. 

Partis  à  11  heures  du  matin,  nous  arrivons  vers  5  heures  et  demie  du  soir  à  un 
petit  douar  où  nous  passerons  la  nuit.  Le  terrain  ne  présente  aucune  difficulté  durant 
le  chemin  :  on  est  d’abord  en  plaine;  beaucoup  de  cultures;  de  là  on  passe  à  un  ter¬ 
rain  accidenté,  sans  reliefs  importants,  région  très  arrosée,  peu  cultivée,  couverte  de 
lentisques  assez  hauts,  de  jujubiers  sauvages  et  de  palmiers  nains.  C’est  le  pays  des 
Zemmour  Chellaha;  la  plaine  appartenait  aux  Gerouân.  Les  deux  tribus  sont  de 
race  tamazirt  (chleuha)  et  insoumises;  nous  ne  tardons  pas  à  nous  en  apercevoir. 
Les  Gerouân  ont,  avec  les  voyageurs,  le  système  de  quelques  tribus  limitrophes 
du  blad  el  makhzen  :  elles  ne  pillent  ni  ne  donnent  d’anaïa,  mais,  à  chaque 
douar  devant  lequel  on  passe,  on  vous  arrête  et  il  faut  payer  un  droit  arbitraire,  la 
zetata  :  une  troupe  de  cavaliers  et  de  fantassins  vient  se  mettre  en  travers  du  chemin 
et  se  la  fait  donner  les  armes  à  la  main.  En  deux  heures,  nous  avons  eu  cinq  fois  af¬ 
faire  à  des  députations  de  ce  genre.  Ce  sont  les  seuls  êtres  humains  que  nous  ayons 
rencontrés  sur  notre  route. 

Du  douar  où  nous  campons,  on  ne  voit  de  tous  côtés  que  montagnes;  au  sud,  le 
haut  talus  formant  le  flanc  gauche  de  la  vallée  de  l’Ouad  Beht;  partout  ailleurs,  des 
successions  de  croupes  couvertes  de  palmiers  nains  ou  de  broussailles;  en  somme, 
pays  fort  montueux  :  c’est  le  massif  des  Zemmour  Chellaha. 


DE  MEK  NAS  A  QAÇBA  BENI  MELEAL. 


43 


28  août. 

•» 

Départ  à  3  heures  et  demie  du  matin.  Nous  traversons  presque  aussitôt  l’Ouad  Beht 
(berges  basses  et  en  pente  douce;  eau  claire  de  20  mètres  de  large  et  de  50  centimè¬ 
tres  de  profondeur;  courant  très  rapide;  lit  de  gravier);  puis  une  longue  côte,  facile 
mais  assez  raide,  nous  conduit  au  plateau  où  est  situé  le  marché.  Durant  la  montée, 
on  est  soit  sous  des  bois  de  lentisques,  soit  dans  des  palmiers  nains  :  beaucoup  de 
gibier,  perdreaux,  pigeons,  lièvres.  Sur  le  plateau,  on  entre  dans  une  région  toute 
différente,  aussi  habitée  et  aussi  florissante  que  la  précédente  était  déserte  et  sau¬ 
vage  :  sol  couvert  de  cultures;  foule  de  ruisseaux  au  milieu  des  champs;  quantité  de 
beaux  douars,  à  l’aspect  prospère,  entourés  de  frais  jardins.  C’est  au  milieu  de  cette 
riche  campagne,  dont  la  fertilité  proverbiale  a  fait  donner  au  pays  des  Zemmour  le 
surnom  de  Doukkala  du  Rarb  (1),  qu’est  situé  le  Tlàta.  Nous  y  arrivons  à  7  heures 
du  matin. 

Nous  passons  la  plus  grande  partie  de  la  journée  au  marché  :  il  est  très  animé; 
on  y  voit  plus  de  30  tentes  de  marchands.  Les  denrées  qui  se  vendent  sont  les  mêmes 
qu’au  Tlàta  Hiaïna;  mais  il  faut  y  ajouter  des  monceaux  de  fruits  superbes,  des  raisins 
surtout,  qu’on  apporte  des  douars  du  voisinage. 

Vers 4  heures,  nous  quittons  Moulei  Ez  Zaïret  la  caravane  des  marchands,  et  nous 
nous  remettons  en  route  avec  l’anaïa  d’un  homme  des  environs.  A  6  heures,  on  fait 
halte;  nous  sommes  arrivés  au  douar  de  notre  conducteur.  En  quittant  le  marché, 
nous  avons  d’abord  cheminé  sur  le  riche  plateau  où  il  se  lirnt;  puis,  arrivés  au  bord 
de  son  talus  sud,  nous  nous  sommes  mis  à  descendre  :  à  partir  de  là,  plus  de  cul¬ 
tures;  une  côte  boisée  de  lentisques,  semblable  à  celle  de  ce  matin.  Depuis  Meknâs, 
le  sol  a  été  constamment  terreux. 

2'J  août. 


Nous  avons,  au  sortir  d’ici,  à  traverser  une  région  très  dangereuse.  Il  nous  faudra, 
pour  la  parcourir,  une  escorte  de  6  ou  8  cavaliers  :  on  ne  peut  la  trouver  aujourd’hui; 
les  tentes  sont  vides;  toute  la  population  est  à  un  marché,  l’Arbaa  des  Zemmour,  qui 
se  tient  aux  environs.  Eorce  est  donc  d’attendre  à  demain  pour  continuer  la  route. 

Le  douar  où  nous  sommes  est  fort  riche  :  belles  et  grandes  tentes;  auprès  de  la 
plupart,  un  ou  deux  chevaux  de  selle;  dans  chacune  on  voit  des  femmes  occupées  a 
tisser  tlicljs,  tellis,  bernons  et  Uu-hall  (couvertes  multicolores  à  dessins  variés),  ou  bien 

(1)  Les  Doukkala  sont  une  grande  tribu  dont  le  territoire  est  célèbre  par  sa  fertilité;  il  fait  partie  du  Maroc 
du  sud.  Celui  des  Zemmour,  au  contraire ,  est  compris  géographiquement  dans  le  Maroc  du  nord,  que  les  gens 
du  pays  appellent  plus  particulièrement  Rarb.  Le  surnom  qu'on  lui  donne  signifie  donc  :  «  la  province  la  plus 
fertile,  le  Doukkala,  du  royaume  de  l’às  ». 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


à  tresser  des  nattes  qu’on  brode  ensuite  de  laines  aux  couleurs  éclatantes.  Ces  nattes 
brodées  sont,  avec  les  tarhalts,  la  spécialité  des  Zemmour,  des  Zaïan  et  des  Béni 
Mgild.  Les  Zemmour,  ainsi  que  les  Zaïan,  chez  qui  nous  entrerons  ensuite,  se  dis¬ 
tinguent  des  autres  tribus  que  j’ai  vues  au  Maroc  par  le  primitif  de  leur  costume  : 
hommes  et  femmes  y  sont  fort  peu  vêtus;  leur  habillement  est  le  suivant  :  pour  les 
hommes  riches,  point  de  chemise  ni  de  caleçon,  une  simple  farazia,  et  par-dessus  un 
bernous;  les  pauvres  n’ont  que  le  bernous  :  en  marche,  ils  le  plient,  le  jettent  sur 
l’épaule,  et  vont  nus.  Les  premiers  ont  sur  la  tète  soit  un  turban  de  cotonnade  blan¬ 
che,  soit  un  mouchoir  blanc  et  rouge;  les  pauvres  sont  tète  nue.  Les  uns  et  les 
autres  se  rasent  les  cheveux;  mais,  chose  que  je  n’ai  également  vue  que  là,  ils 
conservent  au-dessus  de  chaque  oreille  une  longue  mèche  semblable  aux  nouader 
des  Juifs  (1).  Les  Zemmour  les  portent  toutes  deux,  les  Zaïan  n’en  ont  qu’une  :  c’est 
la  seule  différence  de  mode  entre  les  deux  tribus.  Cette  mèche  est,  pour  les  jeunes 
élégants,  l’objet  de  soins  minutieux  :  ils  la  peignent,  la  graissent,  puis,  la  tressant, 
en  forment  une  petite  natte.  Le  même  usage  existe,  m’a-t-on  dit,  chez  les  Cliaouïa. 
Le  costume  des  femmes  est  aussi  des  plus  légers  :  c’est  une  simple  pièce  d’étoffe 
rectangulaire,  de  cotonnade  ou  plus  souvent  de  laine,  dont  les  deux  extrémités  sont 
réunies  par  une  couture  verticale;  il  y  a  trois  manières  de  le  porter  :  1°  en  le 
retenant  par  des  broches  (grosses  boucles  d’argent,  khelal)  ou  de  simples  nœuds  au- 
dessus  de  chaque  épaule;  2°  en  retroussant  et  attachant  le  bord  supérieur  au-dessus 
des  seins,  les  épaules  et  le  haut  de  la  gorge  demeurant  découverts;  3°  en  laissant  re¬ 
tomber  la  partie  supérieure,  le  corps  restant  nu  jusqu’à  la  ceinture.  Dans  les  trois  cas, 
le  vêtement  est  retenu  à  la  taille  par  une  bande  de  laine;  il  est  assez  court  :  il  ne 
descend  guère  au-dessous  du  genou.  On  le  porte  de  la  première  façon  pour  sortir,  de 
la  seconde  pour  travailler  hors  de  la  tente,  de  la  troisième  à  l’intérieur.  Les  femmes 
s’entourent  plus  ou  moins  la  tête  de  chiffons;  jamais  elles  ne  se  voilent. 


30  août. 

Départ  à  5  heures  du  matin.  Une  escorte  de  0  cavaliers  et  de  4  fantassins  Zemmour 
nous  accompagne.  Aussitôt  après  avoir  franchi  l’Ouad  Ourjelim,  qui  passe  au  pied  de 
notre  douar,  nous  nous  engageons  dans  une  vaste  région,  déserte  en  ce  moment, 
mais  parcourue  au  printemps  parles  troupeaux  des  Zemmour;  on  la  nomme  la  Ta- 
foudeït  :  c’est  une  succession  de  côtes  et  de  plateaux  s’élevant  par  échelons  et  sillon¬ 
née  de  nombreux  ravins.  Au  début,  tout  est  boisé  :  lentisques,  caroubiers,  pins  de  di- 

(1)  Ces  nouader  sont  d’épaisses  mèches  de  cheveux  que  les  Israélites  marocains  laissent  pousser  au-dessus 
de  chaque  oreilie,  et  qui  leur  pendent  le  long  des  joues  jusqu'au  niveau  du  menton  ou  de  l’épaule. 


DE  MEKNAS  A  (JAÇBA  BENI  MELLAL. 


45 


verses  espèces,  forment  un  fourré  épais;  après  quelque  temps  les  arbres  diminuent; 
laissant  à  nu  les  crêtes  et  les  parties  supérieures,  ils  se  réfugient  au  fond  des  ravins 
et  sur  les  premières  pentes  de  leurs  flancs.  Plus  on  s’avance,  plus  on  s’élève,  plus 
les  troncs  deviennent  rares.  Le  sol  est  terreux  et  jaunâtre;  nu  en  ce  moment,  il  se 
couvre  au  printemps  de  riches  pâturages.  A  10  heures,  nous  atteignons  un  col  :  ici 
finit  la  Tafoudeït.  Nous  descendons  par  un  chemin  rocheux  et  difficile  dans  une  région 
nouvelle  :  pays  accidenté,  terrain  semé  de  gros  blocs  d’ardoise,  sol  boisé  de  grands 
arbres,  ruisseaux  qui  coulent  de  toutes  parts.  C’est  ainsi,  à  l’ombre  de  lentisques  et 
d’oliviers  séculaires,  que  nous  marchons  jusqu’à  1  heure  ;  à  ce  moment  nous  apercevons 
un  douar,  premier  vestige  d’êtres  humains  qui  apparaisse  depuis  le  départ  :  nous  nous 
y  arrêtons;  c’est  là  qu’on  passera  la  nuit.  Ces  tentes  appartiennent  à  un  très  haut 
personnage,  Moulei  El  Feçlil,  cherif  profondément  vénéré  par  les  Zaïan  et  tout-puis¬ 
sant  sur  la  plus  grande  partie  de  cette  tribu.  Je  suis  ici  en  pleine  montagne  :  le  douar 
est  au  fond  d’un  ravin  étroit;  de  tous  côtés  se  dressent  au-dessus  de  ma  tète  de  hautes 
cimes  escarpées  aux  flancs  rocheux  et  boisés.  Les  panthères  abondent,  dit-on,  dans 
cette  région  sauvage. 

Je  n’ai  traversé  aujourd’hui  qu’une  rivière  de  quelque  importance,  l’Ouad  Ourjelim, 
encore  était-elle  à  sec  (lit  de  galets  de  25  mètres  de  large,  sans  eau).  Pendant  la  route, 
nous  n’avons  rencontré  personne,  si  ce  n’est  une  troupe  d’une  vingtaine  de  Zaïan  qui 
se  sont  joints  à  nous  dans  la  Tafoudeït  et  nous  ont  suivis  jusqu’à  la  frontière  de  leur 
tribu  :  c’étaient  des  pauvres;  la  plupart  n’avaient  qu’un  bernons  pour  tout  vêtement, 
rien  sur  la  tète,  à  la  main  un  grand  sabre  de  bois  :  ils  m’ont  paru  gens  fort  irasci¬ 
bles;  à  chaque  instant  ils  se  prenaient  de  querelle  entre  eux,  et  c’étaient  aussitôt  de 
grands  coups  de  sabre;  ils  y  mirent  tant  d’ardeur  qu’il  fallut  en  emporter  deux  tout 
sanglants  dans  leurs  bernous. 

31  août. 


Nous  sommes  ici  en  territoire  zaïan  :  nous  abandonnons  nos  zetats  Zemmour; 
nous  n’avons  pas  eu  à  nous  louer  d’eux  :  hier,  au  milieu  du  trajet,  quand  ils  nous 
virent  bien  engagés  dans  le  désert,  ils  nous  déclarèrent  qu’ils  n’iraient  pas  plus  loin 
si  l’on  n’augmentait  le  salaire  convenu;  force  fut  d’en  passer  par  là.  Aujourd’hui 
un  seul  homme  suffit  pour  nous  escorter  :  il  n’est  même  pas  armé. 

On  part  à  5  heures  du  matin.  Nous  marchons  dans  un  pays  très  montagneux  : 
succession  de  ravins  profonds  et  de  talus  escarpés;  chemins  la  plupart  du  temps 
difficiles;  une  fois  même,  le  sentier  est  si  rapide  qu’il  faut  mettre  pied  à  terre.  Sol 
rocheux,  hérissé  de  blocs  d’ardoise  et  entièrement  boisé;  arbres  élevés,  serrés,  formant 
une  forêt  épaisse;  beaucoup  d’eaux  courantes,  bordées  de  lauriers-roses,  de  mûriers 
et  parfois  de  vigne  sauvage.  Ainsi  est  la  région  où,  tantôt  montant,  tantôt  descen- 


* 


ilî 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


dant,  nous  cheminons  avec  peine  et  lenteur  jusqu’à  8  heures  et  demie.  A  cet  instant, 
après  avoir  gravi  une  dernière  côte,  nous  nous  trouvons  enfin  au  sommet  du  haut 
massif  montagneux  qui  a  commencé  à  l’Ouad  Beht  :  un  plateau  le  couronne,  nous 
nous  y  engageons;  le  sol  y  est  un  sable  dur  et  nu  semé  de  loin  en  loin  de  petits 
fragments  d’ardoise;  dépouillé  maintenant,  il  se  tapisse,  aux  pluies  printanières, 
d’une  herbe  verdoyante;  un  grand  nombre  de  sources  et  de  ruisseaux  limpides  l’ar¬ 
rosent.  C’est  au  milieu  de  ce  plateau ,  appelé  Oulmess,  que  nous  faisons  halte.  Nous 
nous  y  installons,  à  9  heures  et  demie,  dans  le  douar  des  Ait  Omar.  Il  y  a  plusieurs 
autres  groupes  de  tentes  dans  le  voisinage;  de  grands  troupeaux  sont  dispersés  aux 
alentours  :  j’y  remarque  des  chameaux,  les  premiers  que  je  rencontre  depuis  Meknâs. 

Aujourd’hui,  en  passant  sur  l’adjib  (1)  de  Moulei  El  Feçlil,  nous  avons  rencontré 
une  fraction  de  tribu  en  voyage.  Les  bœufs,  chargés  des  tentes  et  des  bagages,  mar¬ 
chaient  au  centre,  en  longue  colonne;  les  femmes  les  poussaient  :  derrière  leurs 
mères  étaient  les  enfants,  les  plus  petits  juchés  par  trois  ou  quatre  sur  le  dos  des 
mulets.  Sur  un  des  côtés  cheminaient  moutons  et  chèvres,  conduits  par  quelques  ber¬ 
gers.  Les  hommes,  à  cheval,  formaient  l’avant-garcle  et  l’arrière-garde  et  veillaient 
sur  les  flancs.  Les  troupeaux  étaient  très  nombreux;  il  y  avait  surtout  une  grande 
quantité  de  bœufs. 


1er  septembre. 


C’est  aujourd’hui  sabbat;  force  est  de  passer  la  journée  à  Ait  Omar.  Ce  douar  est 
de  tous  points  semblable  à  celui  où  je  me  suis  arrêté  chez  les  Zemmour  :  même  air 
de  richesse,  même  luxe  de  tentes,  même  quantité  de  chevaux.  Les  Zaïan,  quoiqu’ils 
ne  cultivent  presque  pas,  sont  loin  d’être  une  tribu  pauvre;  si  leur  pays  produit  peu 
de  moissons,  il  nourrit  des  troupeaux  immenses,  chèvres,  moutons,  chameaux,  che¬ 
vaux,  et  surtout  bœufs  d’une  taille  remarquable  :  l’abondance  des  bêtes  à  cornes 
ne  se  trouve  au  Maroc  que  dans  leur  tribu  :  de  là  un  commerce  important  et  des 
gains  considérables.  Il  y  a  toujours  ici  des  agents  de  maisons  de  Meknâs  occupés 
à  acheter  des  peaux  et  des  animaux  sur  pied  ;  ces  derniers  sont  ensuite  expédiés 
sur  Tanger. 

Les  Zaïan  sont  nomades  et  de  race  tamazirt  (chleuha).  Ils  forment  une  tribu  très 
nombreuse,  la  plus  puissante  qu’il  y  ail  au  nord  de  l’Atlas.  Leur  territoire  est  borné 
par  ceux  des  Zaïr,  des  Zemmour  Chellaha,  des  Béni  Mgild,  des  Ichqern  et  parle 
Tàdla. 

Ils  se  composent  de  quatre  fractions  : 


(I)  Le  mot  ( u/jii >  s’emploie  au  Maroc  avec  le  sens  de  «  domaine  agricole  » 


DU  MERNAS  A  QAÇBA  BENI  MELLAL.  \~ 

Beni  Hessousen  (campant  du  côté  de  Moulei  Bon  Iazza;  ils  peuvent  mettre  en 
ligne  3000  chevaux). 

Ait  Harkat  (campant  du  côté  des  Khanifra;  6000  chevaux). 

Hebbaren  (campant  du  côté  des  Béni  Zemmour;  1000  chevaux). 

Ait  Sidi  Ali  ou  Brahim  (campant  du  côté  des  Béni  Mg'ild;  8000  chevaux). 

En  se  réunissant,  ils  pourraient  donc  armer  environ  18000  cavaliers  (1).  Les 
Zaïan,  comme  tous  leurs  voisins,  sont  libres.  A  la  vérité,  le  sultan  a  un  qaïd  chez 
eux;  mais  c’est  un  magistrat  inpartibus.  Il  est  le  seul  de  la  tribu  à  se  douter  qu’il 
est  qaïd  et  à  savoir  qu’il  y  a  un  sultan.  Jamais  ne  lui  viendrait  l’idée  de  demander 
un  sou  d’impôt  ni  un  soldat;  il  est  trop  heureux  qu’on  le  laisse  vivre  en  paix. 
Nous  trouverons  souvent,  dans  les  fractions  les  moins  soumises,  des  qaïds  de 
ce  genre;  la  population  tolère  leur  présence  avec  la  plus  grande  bonhomie,  l’in¬ 
différence  du  mépris  :  on  sait  que  ni  eux  ni  leur  maître  ne  peuvent  devenir  une  gêne. 
Le  personnage  influent  chez  les  Zaïan  est  le  cherif  dont  il  a  déjà  été  parlé,  Moulei 
El  Fedil;  son  adjib,  que  j’ai  traversé,  est  situé  sur  leur  territoire,  non  loin  des  fron¬ 
tières  des  Zemmour  Chellaha  et  des  Béni  Mgild  :  il  a  une  grande  puissance  sur  les 
portions  de  ces  trois  tribus  voisines  de  sa  résidence,  mais  aucune  d’elles  n’est  tout 
entière  dans  sa  main;  les  Zaïan  s’étendent  très  loin  vers  le  sud-est,  dans  ces  ré¬ 
gions  ils  le  connaissent  moins.  Une  autre  famille  de  cherifs  possède  aussi,  mais  à 
un  degré  moindre,  du  crédit  dans  cette  contrée  :  c’est  celle  des  Amràni.  Origi¬ 
naire  de  Fâs,  elle  est  aujourd’hui  dispersée  en  divers  lieux  et  compte  de  nombreux 
alliés  chez  les  Zaïan  (2).  Le  sultan  a  grand  soin  de  rechercher  l’amitié  de  ces  re¬ 
doutables  maisons,  qui,  du  haut  de  leurs  montagnes  inaccessibles,  pourraient  à  tout 
moment  précipiter  des  torrents  d’envahisseurs  sur  le  blad  el  makhzen,  dont  plusieurs 
sont  si  fortes  que  leur  haine  pourrait  renverser  son  trône,  leur  bon  vouloir  le  sou¬ 
tenir.  Aussi  n’est-il  pas  d’avances  qu’il  ne  leur  fasse,  pas  de  moyens  qu’il  n’emploie 
pour  s’assurer  leur  amitié  :  cadeaux,  honneurs,  tout  est  pour  elles;  il  leur  offre 
jusqu’à  des  alliances  dans  sa  famille  :  c’est  ainsi  qu’il  a  donné  une  de  ses  sœurs  en 
mariage  à  S.  Mohammed  el  Amràni,  chef  de  la  maison  de  ce  nom.  11  est  aussi  dans 
les  meilleurs  rapports  avec  Moulei  El  Fedil.  Grâce  à  cette  politique,  il  peut,  tout 
insoumis  que  soient  les  Zaïan,  avoir  parfois  l’aide  de  leurs  armes  :  ainsi,  dans  sa 
campagne  de  cette  année  contre  le  Tâdla  et  les  Zaïr,  M.  El  Fedil  est  venu  à  son  so- 

(1)  Ce  chiffre  nous  parait  fort  :  il  nous  a  cependant  été  donné  de  plusieurs  côtés  différents. 

(‘2)  Les  Amràni,  ainsique  M.  El  Fedil,  sont  des  cherifs  edrissides,  ou  plus  correctement  Dr  min.  Tous  les  che¬ 
rifs  du  Maroc  se  divisent  en  2  familles.  1°  Les  Drisiin ,  ou  descendants  de  Moulei  Edris,  enseveli  au  Zerhoun. 
Sont  Drisiin  :  Moulei  Abd  es  Selam  el  Ouazzâni  et  toute  la  postérité  de  Moulei  Tib;  Moulei  El  Fedil,  dont 
nous  venons  de  parler;  Moulei  El  Madani,  personnage  tout-puissant  chez  les  Béni  Mtir,  etc.  2°  Les  .Un ou) a , 
ou  descendants  de  Moulei  Ali,  venu  de  Ianbô  et  mort  au  Tafilelt.  Sont  Alaouïa  :  la  dynastie  du  sultan» actuel, 
Chikh  Mohammed  El  Arabi  el  Derkaoui,  les  cherifs  de  Qcàbi  ech  Cheurfa,  etc. 


48 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


cours  avec  un  corps  assez  fort.  Les  Zaïan,  ainsi  que  les  Zemmour  Chellaha,  parlent 
le  tamazirt;  mais  l’arabe  est  très  répandu  parmi  eux  :  tout  ce  qui  est  de  condition 
élevée  a  l’habitude  de  s’en  servir,  même  les  femmes  et  les  enfants;  les  pâtres,  les  gens 
de  la  dernière  classe,  ignorent  seuls  cette  langue. 

2  septembre. 

Départ  à  G  heures  du  matin.  Un  cavalier  d’Aït  Omar  nous  sert  de  zetat.  Nous 
gagnons  d’abord  le  bord  méridional  du  plateau  d’Oulmess,  puis  commence  la  des¬ 
cente  :  elle  est  longue  et  difficile,  il  faut  mettre  pied  à  terre.  Ce  ne  sont  que  roches 
entassées,  escarpements,  précipices.  Les  crêtes  sont  nues  et  toutes  de  pierre;  au  fond 
des  ravins  et  sur  leurs  premières  pentes  poussent  quelques  arbres.  Il  nous  faut  deux 
heures  et  demie  pour  parvenir  au  pied  du  talus  que  nous  descendons.  Arrivés  là,  nous 
trouvons  un  petit  ruisseau  ombragé  de  lentisques,  de  caroubiers  et  de  pins;  après 
en  avoir  suivi  quelque  temps  le  cours,  nous  le  laissons  au  nord  et  nous  nous  engageons 
sur  un  plateau  montueux  sillonné  de  ravins;  vers  11  heures,  les  reliefs  deviennent 
moins  accentués,  les  coupures  moins  profondes;  bientôt  nous  nous  voyons  dans  une 
vaste  plaine  où  nous  resterons  jusqu’au  soir  :  elle  est  pierreuse  et  fortement  ondulée; 
le  sol  y  est  nu,  sans  autre  végétation  que  de  rares  jujubiers  sauvages;  mais,  dit-on, 
il  se  couvre  d’herbe  au  printemps:  l’eau  y  est  abondante;  sources  et  ruisseaux.  A 
3  heures  ,  nous  faisons  halte  :  nous  sommes  arrivés  au  douar  Aït  Mouloud ,  où 
nous  passerons  la  nuit.  Mon  cherif,  Sidi  Omar,  m’abandonne  ici;  en  partant, 
il  me  recommande  avec  chaleur  au  principal  personnage  du  douar;  celui-ci  me 
donne  l’hospitalité  et  se  charge  de  me  procurer  un  zetat. 

Peu  de  temps  avant  d’arriver  ici,  j’ai  traversé  l’Ouad  Ksiksou  (lit  de  galets  de 
15  mètres  de  large,  à  moitié  rempli  d’une  eau  peu  courante  de  00  centimètres  de 
profondeur)  :  il  coule  dans  un  petit  ravin  à  flancs  de  roche  escarpés,  coupure  au  mi¬ 
lieu  de  la  plaine;  l’Ouad  Ksiksou  se  jette  plus  bas  dans  l’Ouad  Grou;  la  réunion  de 
ces  deux  rivières  forme  le  Bon  Regreg.  Nous  n’avons  rencontré  aujourd’hui  personne 
sur  la  route.  Comme  les  jours  précédents,  tout  ce  qui  était  roche  se  composait  d’ar¬ 
doises  mêlées  d’un  peu  de  pierre  blanche.  Depuis  le  col  par  lequel  nous  sommes 
descendus  de  la  Tafoudeït  jusqu’à  la  crête  du  Djebel  Hecaïa,  où  commence  la  plaine 
du  Tâdla,  on  ne  rencontre  que  ces  deux  espèces  de  pierres. 

3  septembre. 

Je  suis  ici  près  de  la  limite  des  Zaïan;  à  très  peu  de  distance  commence  le  Tâdla  : 
je  ne  saurais  aller  plus  loin  sans  un  zetat  de  ce  pays;  la  journée  se  passe  à  le  cher¬ 
cher,  je  ne  pourrai  partir  que  demain. 


DE  MEKNAS  A  QAÇBA  BENI  MELLAL. 


40 


4  septembre. 


Je  me  mets  en  route  à  5  heures  du  matin ,  accompagné  d’un  cavalier  des  Béni 
Zemmour,  la  tribu  du  Tàdla  la  plus  rapprochée.  Aujourd’hui  je  n’irai  que  jusqu’à 
la  tente  de  mon  zetat,  située  au  douar  des  Ait  El  Mati.  Nous  y  sommes  à  8  heures 
du  matin.  Le  terrain  jusque-là  est  toujours  la  plaine  d’avant-hier;  cependant  elle  se 
modifie  :  ses  ondulations  s’accentuent  et  elle  se  couvre,  vers  les  hauteurs,  d’un  assez 
grand  nombre  de  lentisques;  le  sol  reste  pierreux. 

Le  Tàdla,  où  je  suis  entré  aujourd’hui,  n’est  point  une  tribu  :  c’est  une  contrée, 
peuplée  de  plusieurs  tribus  distinctes.  Elle  est  bornée  :  au  nord,  par  les  Zaïan  et  les 
Zaïr;  à  l’est,  par  les  Zaïan  et  les  Ichqern;  au  sud,  par  les  Ait  Seri,  les  Ait  Atta 
d  Amalou,  les  Ait  Bou  Zid,  les  Ait  Aïad,  les  Ait  Atab;  à  l’ouest,  par  les  Entifa,  les 
Srarna,  les  Chaouïa.  Elle  se  compose,  au  sud,  d’une  immense  plaine,  arrosée  par 
l’Ôumm  er  Rebia  et  s’étendant  jusqu’au  pied  du  Moyen  Atlas;  au  nord,  d’une 
région  montueuse  moins  vaste.  Les  tribus  qui  l’occupent  sont  au  nombre  de  neuf  : 
cinq  se  trouvent  dans  la  partie  septentrionale,  quatre  dans  la  portion  méridionale  :  ce 
sont,  en  allant  de  l’est  à  l’ouest  :  au  nord ,  les  Béni  Zemmour,  les  Smala,  les  Béni  Khiran, 
les  Ourdirra,  les  Béni  Miskin;  au  sud,  les  Qetaïa,  les  Béni  Madan,  les  Béni  Amir, 
les  Béni  Mousa.  Ces  diverses  tribus  sont  à  peu  près  de  même  force,  pouvant  mettre, 
me  dit-on,  environ  3  000  hommes  à  cheval  chacune.  Elles  parlent,  les  unes  l’arabe, 
la  plupart  le  tamazirt.  Toutes  sont  nomades  et  ne  vivent  que  sous  la  tente.  Elles 
sont  riches ,  possèdent  d’immenses  troupeaux  de  chameaux  et  de  moutons ,  un 
grand  nombre  de  chevaux,  et  cultivent  les  rives  fertiles  de  l’Oumm  er  Rebia.  Elles 
sont  insoumises,  à  l’exception  d’une  seule,  les  Béni  Miskin.  Celle-ci  fait  partie  du 
blad  el  makhzen;  elle  est  commandée  par  un  qaïd  résidant  dans  une  qaçba.  Les  au¬ 
tres  sont  blad  es  siba.  Elles  ne  reconnaissent  qu’une  autorité,  celle  de  Sidi  Ben 
Daoud,  le  marabout  de  Bou  el  Djad.  L’influence  de  ce  saint  personnage  s’étend 
même  sur  une  part  des  Zaïan  :  depuis  le  douar  des  Aït  Mouloud,  je  n’entends  plus 
parler  que  du  Sid. 

A  partir  d’ici,  il  y  a  une  modification  à  noter  dans  les  costumes  :  sans  changer 
complètement,  ils  présentent  quelques  différences  avec  les  précédents.  Les  hommes 
ne  laissent  plus  pousser  les  longues  mèches  qui  distinguent  les  Zemmour  Chellaha, 
les  Zaïan  et  les  Chaouïa.  Les  femmes  conservent  h‘  même  vêtement,  mais  elles  ne  le 
portent  que  d’une  manière,  attaché  par  des  broches  ou  des  nœuds  au-dessus  des 
épaules;  de  plus,  il  leur  couvre  les  jambes  jusqu’à  la  cheville.  Ce  costume,  (el  qu’on 
le  voit  ici,  est  celui  de  toutes  les  femmes  du  Maroc;  excepté  dans  les  grandes  villes 
et  chez  les  Zemmour  Chellaha  et  les  Zaïan,  nulle  part  je  ne  leur  en  ;ii  vu  ni  ne  leur 


RECONNAISSANCE  U  MAROC 


50 


MECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


en  verrai  d’autre  :  il  peut  être  fait  de  divers  tissus  :  soit  de  laine,  comme  ici,  soit 
de  cotonnade  blanche,  soit  de  guinée,  mais  partout  la  forme  reste  la  même;  par¬ 
tout  aussi  les  femmes  ne  portent  que  cette  unique  pièce  d’étoffe  pour  tout  vête¬ 
ment  :  rien  dessous,  rien  dessus  :  quelquefois  un  petit  voile  couvre  la  tête  et  le 
buste;  rien  de  plus. 

5  septembre. 


Je  pars  à  4  heures  du  matin,  en  compagnie  de  mon  zetnt  d’hier.  Le  terrain  est 
légèrement  accidenté;  le  sol  pierreux  et  nu;  on  n’y  voit  que  de  petits  lentisques  clair¬ 
semés  et  quelques  jujubiers  sauvages.  Au  bout  de  deux  heures  de  marche,  nous  tra¬ 
versons  l’Ouad  Grou  :  c’est,  ai-je  dit,  le  second  cours  d’eau  dont  est  formé  le  Bon 
Regreg  (1)  :  il  n’est  encore  qu’une  faible  rivière  :  lit  de  galets;  12  mètres  de 

large;  point  d’eau  courante;  quelques 
flaques  de  distance  en  distance.  A 
partir  de  là,  nous  montons,  par  une 
côte  qui  ne  devient  un  peu  raide  qu’en 
approchant  du  sommet,  vers  la  crête 
du  Djebel  Ileçaïa;  en  chemin,  nous 
franchissons  plusieurs  chaînes  de  collines  basses,  ses  contreforts.  Jusqu’au  bout  le 
sol  reste  le  même  qu’au  départ,  seulement  les  arbres  sont  plus  serrés  à  mesure  que 
l’on  s’élève. 


a*  — 


Djebel  Heraïa.  (Vue  prise  d’Aït  El  Mali.) 
Croquis  de  Pauleur. 


A  10  heures  et  demie,  j’arrive  à  un  col;  devant  moi  se  développe  une  immense 
plaine,  blanche  et  nue,  dont  la  côte  que  je  viens  de  gravir  n’était  que  le  talus  :  cette 
plaine  est  celle  du  Tàdla;  vers  l’est  et  vers  l’ouest,  elle  s’étend  à  perte  de  vue;  au 
sud,  dans  le  lointain,  des  montagnes  majestueuses  dressent  haut,  malgré  la  distance, 
leurs  crêtes  sombres  au-dessus  de  l’horizon,  et  la  bornent  sur  toute  sa  longueur  : 
ces  montagnes  sont  la  première  des  trois  grandes  chaînes  dont  se  compose  l’Atlas.  A 
quelques  pas  du  col  est  une  petite  enceinte,  Qçar  Béni  Zemmour.  Nous  nous  arrê¬ 
tons  là  aujourd’hui.  Nous  entrons  en  même  temps  qu’une  caravane  assez  nombreuse, 
armée  jusqu’aux  dénis,  qui  a  fait  route  avec  nous  depuis  l’Ouad  Grou. 

Je  ne  suis  ici  qu’à  trois  heures  de  marche  de  Bon  el  Djad,  pourtant  je  suis  loin 
d’être  arrivé.  Il  y  a  autant  de  danger  dans  le  peu  de  chemin  qu’il  me  reste  à  faire 
qu’il  y  en  avait  dans  toute  la  route  que  j’ai  franchie  jusqu’à  ce  jour.  Ici  plus  d’a- 
naïa,  plus  de  zetats  :  tout  ce  qui  passe  est  pillé.  Le  pays,  en  cette  saison  surtout ,  est 


(1)  L’Ouad  Grou,  qui  porte  ce  nom  dans  sa  portion  supérieure,  et  ceux  de  El  Amgaz  et  de  Bou  Regreg  dans 
son  cours  inférieur,  prend  sa  source  dans  la  tribu  des  Zaïan  ;  de  là  il  traverse  les  territoires  des  Béni  Zem- 
mour,  des  Smala  et  enfin  des  Zaïr. 


UE  MKKNAS  A  (J  A  (AJ  A  BENI  MEEEAL. 


ol 

désert.  Des  troupes  de  pillards  de  toutes  les  tribus  du  Tâdla,  parfois  d’icliqern, 
viennent  s’y  embusquer  par  40  et  00  chevaux  ,  prêtes  à  fondre  sur  quiconque 
s’y  aventurerait.  Les  caravanes,  même  de  50  fusils,  n’ôsent  s’y  hasarder.  Cependant, 
au  milieu  de  tant  de  périls,  il  est  une  voie  de  salut  :  ceux  qui  ne  respectent  rien  res¬ 
pectent  Sidi  Ben  Daoud;  là  où  les  armes  ne  préservent  point  de  l’attaque,  le  paci¬ 
fique  parasol  d’un  membre  de  la  famille  sainte  suffit  à  écarter  tout  danger.  Ainsi, 
qu’un  voyageur  isolé,  qu’un  nombreux  convoi  veuillent  aller  à  Bon  el  Djad,  ils  n’ont 
qu’un  moyen  :  prier  Sidi  Ben  Daoud  de  les  faire  chercher  par  un  de  ses  fils  ou  petits- 
fils  :  cela  coûte  plus  ou  moins  cher  suivant  le  nombre  de  voyageurs  et  la  composition 
de  la  caravane.  Hâtons-nous  de  dire  que  les  çalih  (saints)  de  la  zaouïa  sont  loin  d’être 
exigeants  :  ils  profitent  avec  une  extrême  modération  de  ce  monopole,  et  déplorent 
l’état  de  choses  qui  le  leur  assure.  Leur  influence,  quelque  grande  qu’elle  soit,  a  été 
impuissante  à  le  faire  cesser  ;  ils  ne  peuvent  rien  contre  cet  antique  usage  de  la 
razia,  partout  en  honneur  chez  les  nomades. 

Je  dépêche  donc  à  Sidi  Ben  Daoud  la  lettre  de  recommandation  que  j’ai  pour  lui, 
avec  prière  de  m’envoyer  chercher.  Un  messager  fait  cette  commission  :  il  ne  part 
qu’après  s’être  dépouillé  de  presque  tous  ses  habits,  seul  moyen  de  passer  en  sûreté. 

Qçar  Boni  Zemmour  est  une  enceinte  carrée,  en  mauvais  murs  de  pisé  de  3  mètres 
de  haut;  à  l’intérieur  se  dressent  pêle-mêle  une  trentaine  de  tentes,  petites  et  misé¬ 
rables.  Les  habitants  sont  très  pauvres;  ils  ne  vivent  que  du  commerce  de  bois  : 
le  coupant  dans  le  Djebel  Heçaïa,  ils  le  vendent  aux  gens  de  Bon  el  Djad  qui  vien¬ 
nent  le  prendre.  Point  d’eau  au  Qçar  :  chaque  jour,  à  heure  fixe,  tous  les  hommes 
prennent  leurs  fusils  et  vont  en  troupe  en  chercher  à  des  puits  éloignés.  Il  est  dif¬ 
ficile  d’imaginer  une  existence  plus  misérable.  Encore  la  muraille  qui  protège  ce 
lieu  ne  date-t-elle  que  de  deux  ans  :  elle  est  un  bienfait  du  Sîd,  comme  on  appelle 
communément  Sidi  Ben  Daoud. 


0  septembre. 

Mon  messager  revient  à  10  heures  et  demie  du  matin;  un  des  petits-fils  de  Sidi 
Ben  Daoud  l’accompagne  :  c’est  un  beau  jeune  homme  d’environ  dix-neuf  tins; 
il  arrive  monté  sur  sa  mule,  le  parasol  à  la  main;  un  seul  esclave  le  suit.  Nous 
partons  aussitôt. 

D’ici  à  Bon  el  Djad,  nous  marchons  dans  l’immense  plaine  du  Tâdla,  plaine  à  on¬ 
dulations- légères,  tantôt  nue,  tantôt  couverte  de  champs,  en  ce  moment  moissonnes 
et  déserts;  çà  et  là  poussent,  maigres  broussailles,  quelques  jujubiers  sauvages;  le 
sol  est  blanchâtre,  dur,  pierreux.  A  I  heure  et  demie,  nous  entrons  dans  la  ville. 


RECONNAISSANCE  AL'  -MAROC. 


02 


2°.  —  SÉJOUR  .V  ROU  EL  DJ  AD. 


V 


«  Ici,  ni  sultan  ni  makhzen;  rien  qu’Allah  et  Sidi  Ben  Daoud.  »  Ces  paroles,  que 
m’adressait  un  Musulman  à  mon  entrée  à  Bou  el  Djad,  résument  l’état  de  la  ville  : 
Sidi  Ben  Daoud  y  est  seul  maître  et  seigneur  absolu.  Son  pouvoir  est  une  autorité 
spirituelle  qui  devient,  quand  il  lui  plaît,  une  puissance  temporelle,  parle  prix  qu’at¬ 
tachent  les  tribus  voisines  à 
ses  bénédictions.  Cette  souve¬ 
raineté  s’étend  à  la  ronde  à 
environ  deux  journées  de  mar¬ 
che.  De  tous  les  points  situés 
dans  ce  rayon,  on  accourt  sans 
cesse  à  Bou  el  Djad  apporter 
une  foule  de  présents  :  la  ville 
est  toujours  remplie  de  pèle¬ 
rins  :  ils  viennent  chercher  la 


Bou  el  l)jad. 

(Vue  de  la  ville  prise  du  chemin  de  Qçar  lien i  Zemmour.) 
Croquis  de  l’auteur. 


bénédiction  du  saint  et  gagnent,  en  échange  de  cadeaux,  les  grâces  attachées  à  ses 
prières.  C’est  surtout  le  jeudi,  jour  de  marché,  que  les  fidèles  sont  nombreux; 
la  semaine  dernière,  les  offrandes,  en  blé  seulement,  se  montaient  à  deux  cents 
charges  de  chameau;  la  précédente,  à  quatre  cents  :  de  plus,  il  y  avait  eu  de  grands 
dons  d’argent,  de  bétail,  de  chevaux.  Ce  ne  sont  pas  seulement  les  particuliers  qui 
remplissent  ces  pieux  devoirs.  Chaque  année,  les  tribus  environnantes  arrivent,  les 
unes  après  les  autres,  fraction  par  fraction,  recevoir  en  masse  la  bénédiction  du 
Sid  et  lui  présenter  leur  tribut.  Cette  redevance  régulière  lui  est  servie  par  toutes 
les  tribus  du  Tâdla,  presque  tous  les  Cbaouïa,  quelques  fractions  des  Ait  Seri,  une 
petite  portion  des  Ichqern. 

Quelle  est  la  source  de  ce  prestige?  Sidi  Ben  Daoud  n’est  point  un  chef  d’ordre  re¬ 
ligieux;  il  n’est  point  non  plus  un  cher-if,  petit-fils  de  Mahomet;  mais  son  origine 
n’en  est  pas  moins  auguste  :  il  descend  du  kalife  Omar  ben  El  Khattab.  Ses  ancê¬ 
tres,  établis  depuis  trois  siècles  et  demi  au  Maroc,  y  acquirent  vite,  autant  par  leurs 
vertus  que  par  leur  sainte  et  illustre  naissance,  la  vénération  et  la  puissance  dont 
nous  voyons  Sidi  Ben  Daoud  jouir  aujourd’hui.  D’ailleurs,  point  d’ordre,  point  de 
khouân,  point  de  prières  particulières  :  il  n’y  a  ici  que  le  chef  d’une  grande  et  sainte 
famille,  le  rejeton  d’une  longue  lignée  de  bienheureux,  objet  des  grâces  spéciales  du 
ciel  accordées  aux  prières  de  ses  ancêtres.  On  honore  en  lui  un  sang  sacré;  on  a  foi 
en  sa  bénédiction,  qui  en  ce  monde  fertilise  la  terre  et  fait  prospérer  les  troupeaux,  et 


DE  MEKNAS  A  QAÇBA  BENI  MELLAL. 


53 

dans  l’autre  vie  ouvre  aux  hommes  les  portes  du  paradis  et  leur  assure,  au  jour  du 
jugement  dernier,  l’intercession  d’Omar  et  de  tous  les  saints  ses  descendants. 

Voici  la  généalogie  de  Sidi  Ben  Daoud,  depuis  l’époque  à  laquelle  sa  maison  s’est 
établie  au  Maroc  : 

Sidi  Hammou  (c’est  lui  qui  vint  d’Orient  dans  ces  pays) , 

Sidi  Zari  ben  S.  Hammou, 

Sidi  Bel  Qasem  ben  S.  Zari  (il  habitait  Qaçba  Tâclla,  où  se  trouve  son  'mausolée) , 
Sidi  Mohammed  Ech  Cliergi  ben  S.  Bel  Qasem  (c’est  lui  qui  fonda  la  ville  de  Bon 
el  Djad,  à  l’emplacement  de  laquelle  ne  s’élevaient  alors  que  des  bois), 

Sidi  Abd  el  Qader  ben  S.  Mohammed  Ech  Chergi, 

Sidi  Abd  el  Qader  ben  S.  Abd  el  Qader, 

Sidi  El  Mati  ben  S.  Abd  el  Qader, 

Sidi  Caleh  ben  S.  El  Mati , 

Sidi  El  Mati  ben  S.  Caleh, 

Sidi  El  Arbi  ben  S.  El  Mati, 

Sidi  Ben  Daoud  ben  S.  El  Arbi. 

Depuis  la  fondation  de  Bon  el  Djad  par  S.  Mohammed  Ech  Chergi,  cette  ville 
n’a  pas  cessé  d’être  la  résidence  de  ses  descendants  (1).  Sidi  ben  Daoud  ben  Sidi  El 
Arbi,  leur,  chef  actuel,  a  près  de  quatre-vingt-dix  ans;  malgré  son  grand  âge,  il  jouit 
de  la  plénitude  de  ses  facultés  :  c’est  un  beau  vieillard,  au  visage  pâle,  à  la  longue 
barbe  blanche;  ses  traits  ont  une  rare  expression  de  douceur  et  de  bonté.  Il  marche 
avec  difficulté,  mais  circule  chaque  jour  sur  sa  mule.  Quelle  que  soit  la  maison  où  il 

(1)  Voici  ce  qu’écrivait  Ali  Bey,  en  1804,  au  sujet  de  la  puissance  de  la  zaouïa  de  Bou  el  Djad  et  de  Sidi  El 
Arbi ,  qui  en  était  alors  le  chef  : 

«  Je  parlerai  ici  des  deux  plus  grands  saints  qui  existent  maintenant  dans  l’empire  du  Maroc  :  l’un  est  Sidi 
«  Ali  Bçnharnèt,  qui  réside  à  Wazen;  et  l’autre,  qui  se  nomme  Sidi  Alarbi  Benmàle ,  demeure  à  Tedla. 

«  Ces  deux  saints  décident  presque  du  sort  de  l’empire,  parce  que  l'on  croit  que  ce  sont  eux  qui  attirent  les 
«  bénédictions  du  ciel  sur  le  pays.  Dans  les  districts  où  ils  habitent,  il  n’y  a  ni  pacha,  ni  kaïd,  ni  gouverneur 
«  du  sultan,  et  on  n’y  paie  aucune  espèce  de  tribut;  le  peuple  est  entièrement  gouverné  par  ces  deux  saints 
«  personnages,  sous  une  espèce  de  théocratie  et  dans  une  sorte  d’indépendance.  La  vénération  dont  jouissent 
«  ces  personnages  est  si  grande  que,  lorsqu’ils  visitent  les  provinces,  les  gouverneurs  prennent  leurs  ordres 
«  et  leurs  conseils... 

«  Je  n’ai  pas  vu  Sidi  Alarbi,  qui  était  à  Tedla;  mais  je  connais  un  de  ses  neveux,  qui  est  venu  me  voir  en  son 
«  nom.  Il  est  fort  rouge,  et  tellement  gros  que  sa  respiration  est  fatigante.  On  assure  (pie  Sidi  Alarbi  est  encore 
«  plus  grand  et  plus  gras.  On  voit  que  les  jeûnes  et  les  macérations  sont  loin  de  porter  atteinte  à  la  vigueur 
«  et  à  la  santé  de  nos  saints.  Malgré  sa  grosseur,  on  ajoute  que  Sidi  Alarbi  monte  légèrement  à  cheval  et  qu’il 
«  tire  très  bien  un  coup  de  fusil,  ce  qui  est  une  nouvelle  faveur  de  la  divinité.  Malheureusement  quelques  dis- 
«  cuisions  se  sont  élevées  entre  lui  et  le  sultan  Muley  Seliman.  Ce  dernier  ayant  fait  construire  une  mosquée 
«  dans  le  territoire  de  Tedla  et  ayant  sans  doute  manqué  à  certains  égards,  Sidi  Alarbi  crut  devoir  la  convertir 
«  en  écurie.  Muley  Seliman  fit  alors  présent  de  mille  ducats  à  Sidi  Alarbi  pour  l’apaiser.  Le  vénérable  saint 
«  envoya  en  échange  mille  moutons  au  sultan.  11  faut  espérer  que  cet  acte  de  repentir  gagnera  la  miséricorde 
«  de  Dieu  par  la  recommandation  du  saint.  »  (Voyages  d'Ali  Bey  al  Abbasi  en  Afrique  et  eu  Asie  pendant  les 
années  1803,  1804,  1S0Ü,  1806  et  1807;  t.  I,  chap.  XV.) 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


oi 

se  trouve,  les  abords  en  sont  toujours  entourés  de  plus  de  cent  individus  accroupis 
au  pied  des  murs,  attendant  le  moment  de  sa  sortie  pour  baiser  son  étrier  ou  le  pan 
de  son  liaïk.  11  est  non  seulement  vénéré,  mais  profondément  aimé.  Chacun  vante  sa 
justice,  sa  bonté,  sa  charité. 

La  famille  de  Sidi  ben  Daoud  est  nombreuse  :  il  a,  me  dit-on,  au  moins  trente  en¬ 
fants,  tant  de  ses  femmes  que  de  ses  esclaves.  L’aîné  de  ses  fils  s’appelle  S.  el  Hadj 
El  Arbi  :  il  est  en  ce  moment  auprès  du  sultan;  le  second  est  S.  Omar,  homme  de 
55  à  (30  ans  :  ce  dernier  passe  pour  très  intelligent  et  fort  instruit.  Outre  ses  descen¬ 
dants  directs,  il  a  un  grand  nombre  de  frères,  de  neveux  :  la  ville  entière  n’est 
peuplée,  à  part  les  Juifs  et  quelques  artisans,  que  des  parents  proches  ou  éloignés 
du  Sid,  de  leurs  esclaves  et  de  leurs  serviteurs.  Tous  les  membres  de  la  famille  de 
Sidi  ben  Daoud  participent  à  son  caractère  de  sainteté,  et  cela  à  un  degré  d’autant 
plus  élevé  qu’ils  lui  tiennent  de  plus  près  par  le  sang. 

Qui  sera  1  héritier  de  S.  Ben  Daoud?  Nul  ne  le  sait  :  il  n’y  a  point  d’ordre  de  suc¬ 
cession  ;  chaque  Sid,  lorsqu’il  sent  la  mort  approcher,  choisit  un  de  ses  enfants  et, 
lui  donnant  sa  bénédiction,  fait  passer  par  là  sur  sa  tête  les  faveurs  divines  dont  est 
sans  cesse  comblé  le  chef  de  la  maison  d’Omar;  l’élu  recueille  l’héritage  de  tous  les 
biens  spirituels  et  temporels  de  son  père.  Rien  ne  peut  faire  prévoir  d’avance  qui 
doit  l’être;  l’ordre  de  naissance  n’est  point  suivi  :  S.  Ben  Daoud  était  un  des  plus 
jeunes  fils  de  S.  El  Arbi. 

Le  Sid  est  en  bonnes  relations  avec  le  sultan;  jamais,  malgré  leur  puissance,  ni 
lui  ni  ses  ancêtres  n’ont  montré  d’hostilité  au  gouvernement  des  cherifs.  Moulei  El 
Hasen  envoie  chaque  année  de  riches  présents  à  Bon  el  Djad;  en  échange,  toutes 
les  fois  qu’il  va  de  Fàs  à  Merrâkech,  le  Sid  ou  un  de  ses  fils  l’accompagne  depuis 
Dar  Beïda  jusqu’à  l’Oumm  er  Rebia  ou  l’Ouad  el  Abid.  C’est  ainsi  que  Hadj  El  Arbi 
est  en  ce  moment  auprès  du  sultan. 

Inutile  de  dire  que  la  zaouïa  est  riche  :  chaque  année  y  voit  entrer  des  offrandes 
immenses,  tant  en  argent  qu’en  nature,  tributs  réguliers  des  régions  environnantes, 
dons  apportés  de  loin  par  des  pèlerins  isolés,  cadeaux  envoyés  de  Fàs  et  de  Merr⬠
kech  par  les  grands  de  l’empire.  Sidi  ben  Daoud  possède  une  fortune  énorme.  Les 
autres  membres  de  sa  famille  participent  aux  aumônes  des  fidèles  comme  ils  parti¬ 
cipent  à  leur  dévotion,  suivant  leur  degré  de  sainteté.  Quelques-uns  sont  fort  riches, 
d’autres  le  sont  moins;  mais  tous  ne  vivent  que  des  offrandes  qu’ils  reçoivent. 

Les  çalihs  de  Bon  el  Djad  sont  loin  d’ètre  des  hommes  fanatiques,  intolérants, 
d’esprit  étroit.  La  plupart  ont  été  à  la  Mecque  :  c’est  dire  qu’ils  ont  abandonné  et 
les  folles  idées  des  ignorants  sur  la  puissance  et  l’étendue  de  la  religion  musulmane 
et  leurs  préjugés  ridicules  contre  les  Européens.  Tous  sont  lettrés,  peu  sont  savants. 
Le  Sid  possède  cependant  une  belle  bibliothèque,  mais  on  la  consulte  peu.  Les  saints 


DE  M  EK  NAS  A  <JA  CB  A  BENI  MELLAL.  55 

profitent  des  biens  que  Dieu  leur  a  donnés  pour  passer  leur  existence  dans  les  dou¬ 
ceurs  des  plaisirs  licites  :  au  reste,  le  Seigneur  les  bénit  en  toutes  choses.  Nulle  part 
je  n’ai  vu  les  mulâtres  aussi  nombreux  qu’à  Bon  el  Djad. 

La  position  de  Bou  el  Djad,  au  milieu  des  ondulations  d’une  immense  plaine  pier¬ 
reuse  et  blanche,  est  triste.  Il  y  a  peu  d’eau,  peu  de 
jardins.  Sans  son  importance  comme  centre  religieux, 
sans  le  caractère  que  lui  donnent  ses  mosquées,  ses 
grandes  qoubbas  et  les  riches  demeures  de  ses  çalihs, 
ce  lieu  ne  mériterait  pas  le  nom  de  ville  :  il  n’a  guère 
plus  de  1700  habitants,  dont  200  Israélites.  La  cité  est 
étendue,  eu  égard  à  sa  population;  mais  les  maisons  y 
sont  clairsemées  et  entremêlées,  à  l’ouest,  de  jardins, 
à  l’est,  de  terrains  vagues  et  d’énormes  monceaux  d’or¬ 
dures.  Les  demeures  riches,  celles  des  fils  et  des  pro¬ 
ches  parents  du  Sid,  sont  bâties  en  pierres  grossiè¬ 
rement  cimentées,  avec  portails,  arcades,  pourtours 
de  fenêtres  en  briques;  peu  sont  blanchies  extérieure¬ 
ment;  à  l’intérieur,  elles  sont  ornées  comme  les  maisons 
de  Fâs  :  carrelage  sur  le  sol;  vitres  aux  fenêtres;  pla¬ 
fonds  de  poutrelles  peintes;  mihrabs  (1)  à  arabesques 
sculptées.  Les  maisons  pauvres,  c’est-à-dire  le  plus 
grand  nombre,  sont  construites  en  pisé.  Toutes  sont 
couvertes  en  terrasse.  La  ville  ne  possède  point  d’en¬ 
ceinte;  mais  il  existe  des  portes,  ou  au  moins  des 
portails,  à  l’entrée  des  principales  rues.  La  partie  occi¬ 
dentale  de  Bou  el  Djad  est  habitée  par  la  famille  im¬ 
médiate  du  Sid,  aussi  porte-t-elle  le  nom  de  Ez  Zaouïa; 
les  parents  moins  proches  résident  dans  les  autres  quar¬ 
tiers;  les  Juifs  sont  relégués  au  nord-est.  Il  y  a  deux  grandes  mosquées,  et  auprès 
d’elles  quatre  mausolées  abritant  les  restes  d’ancêtres  de  S.  Ben  Daoud  :  ce  sont  des 
tours  carrées,  hautes  et  massives,  couronnées  de  toits  de  luiles  vertes.  Point  de 
quartier  commerçant  proprement  dit.  L’emplacement  du  marché  hebdomadaire  sert 
en  même  temps  au  trafic  de  chaque  jour;  on  y  voit  un  certain  nombre  de  niches 
alignées,  faites  de  pisé  ou  de  pierre  sans  ciment,  profondes  de  2  mètres,  hautes 
de  lm,50  :  c’est  là  qu’artisans  et  commerçants  viennent  s’installer  chaque  matin  avec 


N 


lion  el  Djad. 

(La  ville  el  ses  environs.) 

I.  Mosquée  de  M.  Soliman. 

2-  .Mosquée  de  S.  Mohammed  Eeh  Chergi. 

3.  Qoubbas,  au  nombre  do  3. 

4.  Qoubba  de  S.  Mohammed  Eeh  Chergi. 
Maison  de  Sidi  Ben  Daoud. 

o.  Maison  de  S.  Omar. 

7.  Maison  de  S.  Mohammed  lieu  bris. 

8.  Maison  de  S.  el  Hadj  Edris. 

9.  Maison  de  Mousi  Alloue. 

10.  t«  mellah. 

H.  2e  mellah. 

1-2.  3°  mellah. 

13.  Fondoq. 

)  4.  Place. 

13.  Marché. 

I*.  Principale  en  li  ée  de  la  ville, 
ot.  Kultes  formées  de  décombres  amon¬ 
celés. 

p.  Jardins. 

6.  Petites  qoubbas. 
e.  Puils. 


1  Le  mihrab  est  une  niche  orientée  dans  la  direction  de  la  Mecque. 


50 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


leurs  marchandises  qu’ils  remportent  le  soir  :  tous  n’ont  même  pas  ces  abris,  il  en 
est  qui  préfèrent  de  simples  huttes  de  feuillage.  Le  jeudi,  grand  marché,  fréquenté 
par  toutes  les  tribus  des  environs.  On  trouve  dans  les  boutiques  la  plupart  des  pro¬ 
duits  européens  en  vente  à  Fâs  et  à  Meknâs,  sauf  le  pétrole,  la  coutellerie,  les 
crayons.  Mais  ces  objets  abondent  chez  les  çalihs  qui  les  font  venir  directement 
de  Dar  Beïda.  C’est  par  ce  port  que  se  fait  tout  le  commerce  de  Bou  el  Djad.  De 
là  viennent  cotonnades,  thé,  riz,  sucre,  épicerie,  parfumerie,  vêtements  de  luxe; 
en  échange  on  y  apporte  des  peaux,  de  la  laine,  de  la  cire.  Il  y  a  quatre  jours  de 
marche  d’ici  à  Dar  Beïda,  deux  en  blad  es  siba,  où  l’on  ne  voyage  qu’avec  l’escorte 
d’un  parent  du  Sid,  deux  en  blad  el  makhzen.  Aucunes  relations  avec  Merrâkech,  à 
cause  de  la  difficulté  des  communications  :  la  route  est  très  périlleuse;  on  compte 
huit  jours  pour  la  parcourir,  tant  il  faut  faire  de  détours  et  changer  souvent  de  zet.ats. 
Bou  el  Djad,  quoique  traversée  par  un  ruisseau,  est  mal  pourvue  d’eau;  celle  que 


Mosquée  el  mausolée 

de  Sidi  Mohammed  Ech  Chergi,  à  lion  cl  I>jad. 
(Vue  prise  de  la  maison  de  Mousi  Alloun.) 
Croquis  de  l’auteur. 


Deux  des  3  mausolées,  à  Bou  el  Djad. 
(Vue  prise  de  la  maison  de  Mousi  Alloun. 
Croquis  de  l’auteur. 


donne  le  ruisseau  est  mauvaise,  et  ne  sert  qu’à  abreuver  les  animaux  et  à  arroser 
les  vergers  :  quelques  maisons  ont  des  citernes,  mais  la  plus  grande  partie  de  la 
ville  n’est  alimentée  que  par  un  groupe  de  six  ou  sept  puits  situés  à  près  d’un  kilo¬ 
mètre  vers  l’ouest.  Avec  si  peu  d’eau,  il  ne  saurait  y  avoir  beaucoup  de  jardins  :  ils 

sont  en  effet  peu  étendus;  on  les  cultive 
avec  d’autant  plus  de  soin.  On  y  voit  les 
arbres  qui  croissent  à  Meknâs  :  grenadiers, 
figuiers,  oliviers,  vigne;  et,  poussant  à  leur 
ombre,  les  légumes  du  pays  :  citrouilles, 
melons,  pastèques,  courges  et  piments. 

Le  costume  des  citadins  est  le  même  ici  qu’à  Fâs.  Celui  des  tribus  voisines  a  été 
décrit  au  sujet  des  Béni  Zemmour;  cependant,  à  partir  de  Bou  el  Djad,  je  remarque 
dans  l’armement  une  particularité,  spéciale  au  Tâdla,  et  qui  ne  m’avait  pas  frappé  à 
Ait  El  Mati  :  c’est  l'usage  de  la  baïonnette;  tous  les  hommes  du  Tâdla  portent  habi¬ 
tuellement.,  suspendue  à  un  baudrier,  une  longue  baïonnette  qui  remplace  sabre  et 
poignard. 


Campagne  autour  de  Bou  el  Djad. 
Qoubbas  8. 

(Vue  prise  de  la  maison  de  Mousi  Alloun.) 
Croquis  de  l’auteur. 


DE  MEKNAS  A  (JA DBA  BENI  MELLAL. 


o" 


3°.  —  DE  BOU  EL  DJ  AD  A  QAÇBA  TADLA. 

Avant  de  quitter  Bon  el  Djad  je  m’assure  de  l’escorte  d’un  des  petits-fils  de  Sidi 
Ben  Daoud  pour  tout  le  temps  que  je  passerai  encore  dans  le  Tàdla.  Sous  cette  protec¬ 
tion  je  vais  aller  d’abord  à  Qaçba  Tàdla,  puis  à  Qaçba  Béni  Mellal. 

17  septembre. 

Départ  de  Bon  el  Djad  à  3  heures  et  demie  du  matin.  Le  terrain  est  toujours  cette 
grande  plaine  du  Tàdla,  à  ondulations  légères,  où  j’ai  déjà  marché;  quant  à  la  na¬ 
ture  du  sol,  elle  varie  un  peu  :  ro¬ 
cheuse  pendant  le  premier  tiers  de 
la  route,  elle  n’est  plus  que  pier¬ 
reuse  au  second  ;  à  la  fin  c’est  de  la 
terre  mêlée  de  petits  cailloux.  Les 
cultures,  rares  au  début,  augmen¬ 
tent  à  mesure  que  j’avance  :  ce 
qu’elles  n’occupent  pas  est  nu  en 
cette  saison,  ou  semé  de  rares  jujubiers  sauvages,  mais  se  couvre,  dit-on,  au 
printemps,  de  pâturages  superbes.  Beaucoup  de  gibier  :  on  lève  un  grand  nombre 
de  lièvres  et  de  perdreaux;  il  y  a  aussi,  paraît-il,  des  gazelles.  A  7  heures  du 
matin,  j’arrive  à  Qaçba  Tàdla. 

Avant  Moulei  Ismaïl,  le  lieu  où  elle  se  dresse  était,  m’assure-t-on,  désert  :  aucun 
village  n’y  existait.  Le  bourg  que  Ton  voit  aujourd’hui  daterait  du  règne  de  ce  sultan. 
C’est  lui  qui  fonda  et  la  qaçba  et  la  mosquée;  à  lui  aussi  est  dû  le  pont  de  l’Oumm 
er  Rebia,  pont  de  10  arches,  le  plus  grand  du  monde  au  dire  des  habitants.  Qaçba 
Tàdla  s’élève  sur  la  rive  droite  du  fleuve,  qui  coule  au  pied  même  de  ses  murs.  Les 
eaux  ont  ici  30  à  40  mètres  de  large;  le  courant  en  est  rapide,  la  profondeur 
considérable  :  on  ne  peut  les  traverser  qu’en  des  gués  peu  nombreux;  hors  de  ces 
points,  il  faudrait,  même  dans  cette  saison,  se  mettre  à  la  nage  :  elles  sont  encaissées 
entre  des  berges  tantôt  à  1/1,  tantôt  à  1/2,  s’élevant  de  12  à  15  mètres  au-dessus  de 
leur  niveau.  La  berge  gauche  est  la  plupart  du  temps  un  peu  plus  haute  que  la 
droite  :  les  berges  sont  parfois  rocheuses;  alors  le  lit  du  fleuve  Test  aussi  :  mais  le 
plus  souvent  leur  composition  est  un  mélange  de  terre  et  de  gravier. 

La  Qaçba  proprement  dite,  bien  conservée,  est  de  beaucoup  ce  que  j’ai  vu  de 
mieux  au  Maroc,  comme  forteresse.  Voici  de  quoi  elle  se  compose  :  T  d  une  enceinte 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC.  8 


4 


Qaçba  Tàdla.  (Vue  prise  du  chemin  de  Bon  el  Djàd.) 
Croquis  de  l’auteur. 


58 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


extérieure,  en  murs  de  pisé  de  lm,20  d’épaisseur  et  de  10  à  12  mètres  de  haut; 
elle  est  crénelée  sur  tout  son  pourtour,  avec  une  banquette  le  long  des  créneaux; 
de  grosses  tours  la  flanquent;  2°  cl’une  enceinte  intérieure,  séparée  de  la  première 
par  une  rue  de  (3  à  8  mètres  de  large.  La  muraille  qui  la  forme  est  en  pisé,  de 
lm,50  d’épaisseur;  elle  est  presque  aussi  haute  que  l’autre,  mais  n’a  point  de 
créneaux.  Ces  deux  enceintes  sont  en  bon  état  :  point  de  brèche  à  la  première;  la 
seconde  n’en  a  qu’une,  large,  il  est  vrai  :  elle  s’ouvre  sur  une  place  qui  divise  la 
qacba  en  deux  parties  :  à  l’est,  sont  la  mosquée  et  dar  el  makhzen  (1);  à  l’ouest,  les 
demeures  des  habitants  :  les  unes  et  les  autres  tombent  en  ruine  et  paraissent  déser- 
N  tes.  Je  ne  vis,  lorsque  je  la  visitai,  qu’un  seul 

être  vivant  dans  cette  vaste  forteresse  :  c’était 
un  pauvre  homme  ;  il  était  assis  tristement 
devant  la  porte  de  dar  el  makhzen;  son  cha¬ 
pelet  pendait  entre  ses  doigts;  il  le  disait  d’un 
air  si  mélancolique  qu’il  me  lit  peine.  Quel  était 
cet  ascète  vivant  dans  la  solitude  et  la  prière? 
D’où  lui  venait  ce  visage  désolé?  Faisait-il,  pé¬ 
cheur  converti,  pénitence  de  crimes  inconnus? 
Etait-ce  un  saint  marabout  pleurant  sur  la  cor¬ 
ruption  des  hommes?  —  Non,  c’est  le  qaïd;  le 
pauvre  diable  n’ose  sortir  :  dès  qu’il  se  montre, 
on  le  poursuit  de  huées. 

Si  la  qacba  n’est  pas  habitée,  elle  a  deux  fau¬ 
bourgs  qui  le  sont  :  l’un  sur  la  rive  droite,  formé 
de  maisons  de  pisé  :  les  familles  riches,  les  Juifs, 
y  demeurent;  l’autre  sur  la  rive  gauche,  com¬ 
posé  de  tentes  et  de  huttes  en  branchages  :  c’est  le  quartier  des  pauvres.  Qacba 
Tâdla  est  moins  peuplée  que  Bou  el  Djad  :  elle  a  environ  1200  à  1400  habitants, 
dont  100  à  150  Israélites.  Point  d’autre  eau  que  celle  de  l’Oumm  er  Rebia  :  elle  est 
claire  et  bonne,  quoique  d’un  goût  un  peu  salé.  Toute  cette  région  contient  du  sel  en 
abondance;  j’en  vois  ici  de  belles  dalles,  d’un  mètre  de  long,  sur  (30  centimètres 
de  large  et  15  à  20  centimètres  d’épaisseur  :  on  les  extrait  non  loin  d’ici,  sur  le 
territoire  des  Béni  Mousa  (2).  Qacba  Tâdla  ne  possède  point  de  jardins  :  pas  un 


I.  Mosquée, 
ü.  Dar  cl  makhzen. 

3.  Principale  porte  de  la  lrc  enceinte, 
i.  Pont  sur  l’Oumin  er  ltebia. 

5.  Gué  de  l'Oumm  er  Rebia. 
a.  Faubourg. 

p.  Marché. 
y.  Cimetière. 

6.  Maisons  en  ruine  et  désertes. 

Qaçba  Tâdla. 


(1)  «  Maison  du  gouvernement  ». 

(2)  Le  sel  abonde  au  Maroc.  D’autres  salines  très  riches,  d’oit  l’on  tire  des  dalles  semblables  à  celles  des  Béni 
Mousa,  se  trouvent  sur  le  territoire  des  Imerràn.  Les  rivières  salées  sont  aussi  en  grand  nombre  :  j’en  ai  ren¬ 
contré  plusieurs  :  ce  sont  l’Ouad  Oumm  er  Rebia,  l'Ouad  Rdât,  l’Ouad  Iounil,  l’Asif  Marren,  l'Ouad  Tisint, 
l'Ouad  Tatta,  l’Aïn  Imariren  (Haha),  etc.  L'Ouad  Messoun,  affluent  de  la  Mlouïa,  est  salé  aussi,  m’a-t-on  dit. 


DK  MEKNAS  A  QAÇBA  BENI  MELKAK. 


59 

arbre,  pas  un  fruit,  pas  un  brin  de  verdure.  C’est,  un  exemple  unique  au  Maroc. 
Ville,  bourg  ou  village,  je  n’y  ai  pas  vu  d’autre  lieu  habité  qui  n’ait  eu  des  jardins 
petits  ou  grands. 


1°.  —  DE  QAÇBA  TABLA  A  QAÇBA  BENI  MELLAL. 

19  septembre. 

Départ  à  G  heures  du  matin.  Je  traverse  l’Oumm  er  Rebia  à  un  gué  situé  auprès 
du  cimetière,  et  je  marche  droit  vers  le  pied  de  la  liante  chaîne  qui  se  dresse  dans  le 
sud.  C’est  la  première  des  trois  grandes  arêtes  dont  se  compose  l’Atlas  Marocain, 
celle  que  nous  appelons  Moyen  Atlas.  Elle  n’a  point  de  nom  général  parmi  les  indi¬ 
gènes  :  la  portion  que  je  vois  d’ici  est  dite,  à  l’ouest,  Djebel  Déni  Mellal .  à  l’est, 
Djebel  Amhauch;  les  flancs  sont  tantôt  rocheux,  tantôt  terreux,  en  grande  partie 
boisés  :  pentes  fort  raides  dès  le  pied;  escarpements  fréquents;  dans  les  vastes  forêts 
le  gibier  abonde  :  à  côté  des  perdrix,  des  lièvres,  des  sangliers,  des  singes,, on  y 
trouve  le  lion  et  la  panthère.  Tels  sont  ces  premiers  hauts  massifs  de  l’Atlas,  monts 
élevés  et  sauvages,  au  pied  desquels  s’arrêtent  à  la  fois  et  la  plaine  et  le  pays  du 
Tàdla.  Là  commence  le  territoire  des  Ait  Seri,  puissante  tribu  tamazirt  qui  couvre 
de  ses  villages  et  de  ses  tentes  toute  la  chaîne  qui  est  devant  mes  yeux. 

Du  lit  de  l’Ouad  Oumm  er  Rebia  au  pied  de  la  montagne,  ce  n’est  qu’une  large 
plaine,  unie  comme  une  glace;  pas  une  ondulation;  pas  une  pierre;  le  sol  est  une 
terre  brune  :  des  champs  le  couvrent  en  entier  et  s’étendent  à  perte  de  vue;  des 
ruisseaux,  à  eau  claire  et  courante,  une  foule  de  canaux,  les  arrosent  :  ce  sont  les 
cultures  des  Qetaïa,  l’une  des  tribus  du  Tàdla.  Au  bout  de  deux  heures  de  marche, 
nous  nous  engageons  au  milieu  de  leurs  douars;  douars  immenses  et  superbes,  com¬ 
posés  chacun  de  plus  de  50  tentes,  distants  à  peine  d’un  kilomètre  les  uns  des  autres  : 
ils  forment  deux  longues  rangées  qui  s’étendent  parallè¬ 
lement  au  pied  de  la  chaîne  et  se  développent  en  lignes 
noires  jusqu’à  l’horizon.  A  l’entour  paissent  chameaux, 
bœufs  et  moutons,  en  troupeaux  innombrables. 

A  9  heures,  nous  arrivons  au  pied  des  montagnes  :  nous 
le  suivons  jusqu’au  gîte.  La  contrée  est  enchanteresse  : 
point  d’heure  où  Ton  ne  traverse  un  cours  d’eau,  point 
d’heure  où  Ton  ne  rencontre  un  village,  des  vergers.  C’est 
d’abord  l’Ouad  Derna,  que  nous  franchissons  au  milieu  des 
jardins  de  Tagzirt,  bourgade  que  nous  laissons  à  notre 

droite;  puis  c’est  Fichtàla,  avec  la  célèbre  qaçba  de  ce  nom,  si  importante  naguère . 


A.  Restes  de  l’ancienne  qnçltn. 

B.  Village  actuel. 

C.  Jardins. 

D.  Côtes  couvertes  d’amandiers. 

E.  Qoubba. 


t;n 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


déchue  aujourd’hui;  enfin  c’est  l’Ouad  Foum  el  Ancer  avec  Ait  Saïd.  Nous  nous  ar¬ 
rêtons  quelques  instants  à  Fichtàla  :  de  laqaçba,  construite  par  Moulei  Ismaïl  sur  le 
modèle  de  celle  de  Tâdla,  il  ne  reste  que  des  ruines  imposantes;  le  village  actuel  y 
est  adossé  :  il  n’a  pas  plus  de  250  à  300  habitants.  Ceux-ci  ne  comptent  avec  aucune 
tribu.  Cet  endroit  est  un  petit  centre  à  part,  siège  d’une  zaouïa  dont  les  chefs,  qui 
sont  en  ce  moment  deux  frères,  Sidi  Mohammed  Ech  Cherif  et  Sidi  Hasan,  sont 
souverains  absolus  du  lieu.  Fichtàla  est  située  sur  les  premières  pentes  de  la  mon¬ 
tagne,  parmi  des  côtes  ombragées  d’amandiers,  au  pied  de  grands  rochers  où  une 
foule  de  ruisseaux  bondissant  en  cascades  tracent  des  sillons  d’argent,  au  milieu 
de  jardins  merveilleux  comparables  à  ceux  de  Tâza  et  de  Sfrou. 

Un  peu  plus  loin  est  Aït  Saïd;  nous  y  arrivons  à  midi  :  c’est  le  terme  de  notre 

marche  d’aujourd’hui.  Les  cours  d’eau  que 
j’ai  traversés  chemin  faisant  sont  les  sui¬ 
vants  :  Ouad  Üumm  er  Rebia  (40  mètres  de 
large;  90  centimètres  de  profondeur);  Ouad 
Derna  (torrent  impétueux;  eaux  limpides  et 
vertes  roulant  au  milieu  de  quartiers  de  roc 
dont  est  semé  le  lit  :  au  gué  où  je  l’ai  passé, 
il  avait  25  mètres  de  large  et  70  centimètres 
de  profondeur;  mais  sa  largeur  habituelle 
n’est  que  de  15  à  20  mètres);  Ouad  Fichtàla  (gros  ruisseau;  2  mètres  de  large;  40 
centimètres  de  profondeur;  descend  par  cascades  de  la  montagne);  Ouad  Foum  el 
Ancer  (3  mètres  de  large;  40  centimètres  de  profondeur;  prend  sa  source  à  une  cen¬ 
taine  de  mètres  en  amont  du  village  d’Aït  Saïd).  J’ai  rencontré  aujourd’hui  un  assez 
grand  nombre  de  personnes  sur  le  chemin. 

Aït  Saïd  est  un  gros  village  de  300  à  400  maisons,  le  principal  de  la  fraction  de 
ce  nom  :  il  est  situé  au  bas  de  la  montagne,  à  la  bouche  d’un  ravin  profond,  Foum 
el  Ancer,  où  six  sources,  qui  donnent  naissance  à  un  beau  torrent,  jaillissent  du 
pied  de  roches  immenses.  Ces  roches,  murailles  à  pic  d’une  hauteur  prodigieuse, 
dominent  le  village  :  vers  leur  partie  supérieure,  apparaissent  les  ouvertures  béantes 
de  cavernes  creusées  presque  symétriquement  dans  leur  flanc.  Quels  ouvriers  ont 
façonné  ces  étranges  demeures?  A  quelles  races  appartenaient-ils,  ceux  qui  escala¬ 
daient  ainsi  les  parois  lisses  du  roc  par  des  chemins  inconnus?  C’étaient  sans  doute 
des  Chrétiens,  puisque  rien  ne  leur  est  impossible.  Aujourd’hui  nul  n’y  peut  attein¬ 
dre;  malheur  à  qui  tenterait  de  monter  vers  ces  retraites  mystérieuses  :  des  génies  en 
défendent  l’accès  et  précipiteraient  le  téméraire  au  fond  de  la  vallée. 

A  partir  d’ici,  je  rencontrerai  souvent  des  cavernes  de  ce  genre;  je  les  signalerai 
chaque  fois  qu’il  s’en  présentera;  elles  abondent  dans  la  partie  de  l’Atlas  que  je  vais 


Foum  cl  Ancer  et  village  «l’Ail  saïd. 

(Vue  prise  du  chemin  do  Foum  cl  Ancer  à  yaçba  Béni  Mellal.) 
Croquis  de  l’auteur. 


DE  MEKNAS  A  HACHA  BENI  MELLAL. 


(il 


2ZZ 


inxiixn 


traverser  :  il  est  rare  d’y  trouver  un  village  auprès  duquel  il  n’y  en  ait  pas.  La  plu¬ 
part  d’entre  elles  sont  placées  on  des  points  inaccessibles.  Il  y  en  a  de  deux  sortes  : 
les  unes  s’ouvrent  sans  ordre  à  la  surface  du  rocher;  l’œil  ne  distingue  que  plu¬ 
sieurs  trous  sombres  percés  au  hasard  et  isolés  de  leurs  voisins.  Les  autres,  au  con¬ 
traire,  sont  creusées  sur  un  même  alignement  :  en  avant  des  ouvertures,  on  voit, 
le  long  de  la  muraille,  une  galerie  taillée  dans  le  roc  qui  met  en  communication 
les  cavernes;  cette  galerie  est  fréquemment  garnie,  à  l’extérieur,  d’un  parapet  en 
maçonnerie;  quand  des  cre¬ 
vasses  se  présentent  et  cou¬ 
pent  la  voie,  les  bords  en 
sont  reliés  par  de  petits  ponts 
de  pierre.  Souvent  des  rangs 
semblables  sont  étagés  par 

deux  ou  trois  sur  une  même  paroi  rocheuse.  Ces  cavernes  bordent  certaines  vallées 
sur  une  grande  longueur.  Le  petit  nombre  d’entre  elles  qui  sont  accessibles  servent 
à  emmagasiner  les  grains  ou  à  abriter  les  troupeaux;  j’en  ai  visité  quelques-unes  : 
elles  m’ont  frappé  par  leur  profondeur  et  par  leur  hauteur.  Mais  presque  toutes 
sont  inabordables.  Aussi  les  légendes  les  plus  fantastiques  ont-elles  cours  à  leur 
sujet  :  ces  demeures  extraordinaires  paraissant  choses  aussi  merveilleuses  que  les 
bateaux  à  vapeur  et  les  chemins  de  fer,  on  les  attribue  aux  mêmes  auteurs  :  à  des 
Chrétiens  des  anciens  temps,  que  les  Musulmans  chassèrent  quand  ils  conquirent  le 
pays;  on  va  jusqu’à  citer  les  noms  des  rois,  surtout  des  reines  à  qui  appartenaient 
ces  forteresses  aériennes.  Dans  leur  fuite,  ils  abandonnèrent  leurs  trésors.  Aussi 
pas  un  indigène  ne  doute-t-il  que  les  cavernes  n’en  soient  pleines.  D’ailleurs  ne 
les  a-t-on  pas  vus?  Ici  c’est  un  marabout,  là  c’est,  un  Juif  qui,  se  glissant  entre  les 
rochers,  pénétrant  dans  les  grottes  profondes,  a  aperçu  des  monceaux  d’or;  mais 
nul  n’a  pu  y  toucher  :  tantôt  des  génies  les  gardaient,  tantôt  un  chameau  de 
pierre,  animé  et  roulant  des  yeux  terribles,  veillait  sur  eux;  ailleurs  on  les  entre¬ 
voyait  entre  deux  roches  qui  se  refermaient  d’elles-mêmes  sur  qui  voulait  franchir 
le  passage.  On  m’a  cité  un  lieu,  Amzrou,  sur  l’Ouad  Dra,  où,  d’après  des  rapports 
de  ce  genre,  les  habitants  sont  si  convaincus  de  l’existence  de  richesses  immenses 
dans  des  cavernes  du  voisinage,  qu’ils  y  ont  placé  des  gardiens  pour  qu’on  ne  les 
enlevât  pas. 

Pendant  ma  route  d’aujourd’hui,  j’ai  remarqué,  sur  les  pentes  de  l’Atlas,  soit 
isolées,  soit  dominant  des  villages,  un  grand  nombre  de  constructions  semblables  a 
de  petites  qaçbas,  à  des  châteaux.  C’est  ce  qu’on  appelle  des  tir  rem  l  (1).  La  forme  or- 


(1)  Au  singulier  tirremt,  au  pluriel  t  irremat  in. 


H KUONN  AISSA  NCK  AU  MAItOG. 


<  1  inaire  en  est  carrée,  avec  une  tour  à  chaque  angle;  les  murs  sont  en  pisé,  d’une 
hauteur  de  10  à  12  mètres.  Ces  châteaux  servent  de  magasins  pour  les  grains  et  les 
autres  provisions.  Ici,  tout  village,  toute  fraction  a  une  ou  plusieurs  tirremts,  où  chaque 


habitant^  dans  un  local  particulier  dont  il  a  la  clef,  met  en 
sûreté  ses  richesses  et  ses  réserves.  Des  gardiens  sont  atta- 


n — □ 


I _  fj  |  |  chés  à  chacune  d’elles. 

Cette  coutume  des  châteaux-magasins,  que  je  vois  ici  pour 
la  première  fois,  est  universellement  en  usage  dans  une 
région  étendue  :  d’abord  dans  les  massifs  du  Grand  et  du  Moyen  Allas,  sur  les  deux 
versants,  depuis  Qçâbi  ech  Cheurfa  et  depuis  les  Ait  Ioussi  jusqu’à  Tizi  n  Glaoui  ; 
puis  sur  les  cours  tout  entiers  de  l’Ouad  Dra  et  de  l’Ouad  Ziz,  ainsi  que  dans  la  ré¬ 
gion  comprise  entre  ces  fleuves.  A  l’ouest  de  Tizi  n  Glaoui  et  du  Dra,  règne  une  autre 
méthode,  en  vigueur  dans  la  portion  occidentale  de  l’Atlas  et  du  Sahara,  de  l’Ouad 
Dra  à  l’Océan  :  celle  des  agadir  (1).  Là  ce  n’est  plus  le  village  qui  réunit  ses  grains 
en  un  ou  plusieurs  châteaux,  c’est  la  tribu  qui  emmagasine  ses  récoltes  dans  un  ou 
plusieurs  villages.  Ces  villages  portent  le  nom  d’agadirs.  Vers  Tazenakht,  je  les  ver¬ 
rai,  sur  ma  route,  remplacer  les  tirremts.  Dans  la  première  région,  chaque  hameau, 
en  temps  d’invasion,  peut  opposer  séparément  sa  résistance;  dans  la  seconde,  la  vie 
de  la  tribu  entière  dépend  d’un  ou  deux  points  :  dans  l’une,  j’aurai  chaque  jour  le 
spectacle  d’hostilités  de  village  à  village;  dans  l’autre,  ce  n’est  qu’entre  grandes  frac¬ 
tions  qu’on  se  fait  la  guerre. 


20  septembre. 


Départ  à  10  heures  du  matin.  Le  chemin  continue  à  longer  le  pied  de  la  monta - 


Village  d’Aticl  Sabeq. 

(Vue  prise 

du  chemin  de  Foum  el  Ancer  à  Qaçba  Béni  Mcllal.) 
Croquis  de  l’auteur. 


Zaouïa  Sidi  Mohammed  Bel  Qasem  et  partie  septentrionale 
des  jardins  de  Qaçba  Béni  Mellal. 

(Vue  prise  du  chemin  de  Foum  el  Ancer  à  Qaçba  Béni  Mellal.) 
Croquis  de  l’auteur. 


(1)  Au  singulier  agadir ,  au  pluriel  igoudar. 


DE  MEK.NAS  A  QAÇBA  BENI  MELLAL. 


B3 

Qaçba  Béni  Mellal,  qui  porte  aussi  le  nom  cle  Qaçba  Bel  Kouch,  est  une  petite  ville 
d’environ  3000  habitants,  dont  300  Israélites.  Elle  est  construite  au  pied  même  de  la 
montagne,  sur  une  côte  douce  qui  joint  celle-ci  à  la  plaine;  de  superbes  jardins  ta¬ 
pissent  cette  côte;  vers  le  nord,  ils  s’étendent  fort  loin;  au  sud,  ils  s’arrêtent  brusque¬ 
ment  devant  une  falaise  de  pierre  qui  se  dresse  à  1  kilomètre  de  la  ville.  Au  pied 
de  cette  muraille  jaillissent,  du  sein  du  rocher,  les  sources  qui  arrosent  Qaçba 
Béni  Mellal  :  les  eaux  en  sont  d’une  pureté  admirable  et  d’une  abondance  extrême; 
on  les  a  réparties  en  six  canaux  :  chacun  d’eux  forme  un  ruisseau  de  2  mètres  de  large 
et  de  30  centimètres  de  profondeur;  ensuite  elles  sont  distribuées  à  chaque  maison , 
à  chaque  clos,  par  une  foule  de  petits  conduits  courant  en  toutes  directions.  Bien  que 
ces  eaux  forment  un  volume  total  considérable,  elles  se  perdent  dans  les  jardins  de 
la  ville  et  dans  la  plaine  du  Tàdla,  sans  atteindre  l’Oumm  er  Rebia  à  leur  confluent 
naturel.  Il  en  est  de  même  des  divers  cours  d’eau  que  j’ai  traversés  hier,  après  l’Ouad 
Berna.  Leurs  eaux  sont  captées  au  sortir  de  la  montagne  pour  les  irrigations  :  il  ne 
leur  en  reste  plus  en  arrivant  en  plaine;  ce  n’est  que  l’hiver  que  leurs  lits  se  rem¬ 
plissent,  et  qu’ils  gagnent  :  l’Ouad  Founfel  Ancer,  l’Ouad  Berna;  l’Ouad  Béni  Mellal, 
l'Oumm  er  Rebia. 

Les  constructions  de  Qaçba  Béni  Mellal,  comme  toutes  celles  que  j’ai  vues  depuis 
le  17  septembre,  sont  en  pisé.  Les  maisons  ont  un  premier  étage,  de  même  qu’à  Bon 


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Zaouïa  Sidi  Mohammed  Bel  Qaseni  et  plaine  du  Tàdla. 

(Vue  prise  des  premières  pentes  du  Moyen  Atlas,  au  sud  de  la  zaouïa.) 
Croquis  de  l’auteur. 


el  Bjad  et  à  Qaçba  Tàdla.  Point  de  minaret  dans  la  ville  même;  il  y  en  a  un  au  milieu 
des  jardins,  à  la  zaouïa  de  S.  Mohammed  Bel  Qasem.  Une  vieille  qaçba,  aux  murail¬ 
les  hautes  et  épaisses,  mais  tombant  en  ruine,  quoiqu’elle  ait  été,  dit-on,  restaurée 
par  Moulei  Selîman,est  le  seul  monument  remarquable.  Au  centre  du  bourg,  se 
trouve  le  marché,  semblable  à  celui  de  Bon  el  Bjad;  les  produits  européens  en  vente 
sur  ce  dernier  se  rencontrent  également  ici;  ils  viennent  soit  de  Bar  Beïda,  soit  plu¬ 
tôt  de  Merràkech.  Tous  les  quinze  jours,  une  caravane  d’une  douzaine  de  chameaux 
arrive  de  cette  capitale  :  elle  ne  met  que  quatre  journées  à  faire  le  trajet.  An  contraire, 
la  route  de  Bar  Beïda  est  longue  :  elle  passe  par  Bon  el  Bjad.  La  ville  a  l’aspect 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


propre  et  riche;  rues  larges,  maisons  neuves  et  bien  construites  :  elle  doit  sa 
prospérité  à  ses  immenses  vergers,  dont  les  fruits  s’exportent  au  loin.  Les  jardins 
de  Qaçba  Béni  Mellal,  connue  ceux  qui  sont  échelonnés  dans  la  même  situation  au 
pied  de  l’Atlas,  sont  d’une  richesse  merveilleuse  :  ce  qu’étaient  au  nord  Chechaouen, 
Tàza,  Sfrou,  nous  le  retrouvons  ici  à  Tagzirt,  à  Fichtàla,  à  Qaçba  Béni  Mellal,  à  De- 
mnât.  Les  trois  premiers  de  ces  lieux,  et  d’autres  placés  plus  à  l’est,  fournissent  tout 
le  Tàdla  de  leurs  fruits.  Bon  el  Djad  même  ne  mange  guère  que  de  ceux-là.  Ces  fruits 
consistent  en  raisins,  figues,  grenades,  pêches,  citrons  et  olives,  aussi  remarquables 
par  la  qualité  que  par  l’abondance. 

Deux  qaïds  résident  ici.  Ce  sont  des  qaïds  in  partibus ,  comme  ceux  des  Zaïan 
et  de  Qaçba  Tàdla.  Cependant  le  sultan  avait  en  ce  lieu,  il  n’y  a  pas  longtemps, 
un  parti  assez  nombreux  :  il  s’était  produit  un  fait  que  j’ai  remarqué  dans  d’autres 
contrées  insoumises,  surtout  dans  celles  qui  étaient  riches  et  commerçantes.  Une 
partie  de  la  population,  considérant  les  obstacles  que  l’anarchie  mettait  à  la  pros¬ 
périté  du  pays,  songeant  aux  dévastations  continuelles  de  leurs  terres,  résultat  des 
guerres  avec  les  tribus  voisines,  regardant  Combien  le  trafic  était  difficile  à  cause  du 
peu  de  sûreté  des  routes,  s’était  prise  à  désirer  un  autre  régime,  à  souhaiter  l’an¬ 
nexion  au  blad  el  makhzen.  Ces  idées  étaient  depuis  quelque  temps  celles  d’un  tiers 
des  habitants  de  Qaçba  Béni  Mellal.  Les  autres  restaient  attachés  à  leur  indépendance 


Qaçba  iseni  Mellal  el  plaine  du  Tàdla.  (Vue  prise  des  premières  pentes  du  Moyeu  Allas,  au  sud  de  la  Qaçba.) 

Croquis  de  l’auleur. 


et  rejetaient  toute  pensée  de  soumission.  Sur  ces  entrefaites,  il  y  a  cinq  mois  envi¬ 
ron,  Moulei  El  Hasen,  à  la  tête  d’une  armée,  envahit  le  Tàdla.  11  arrive  devant  Qaçba 
Béni  Mellal  :  à  son  approche,  tout  ce  qui  lui  était  hostile  abandonne  la  ville  et  se 
retire  dans  la  montagne;  le  parti  du  sultan  reste,  et  lui  envoie  une  députation  l’as¬ 
surer  de  son  dévouement.  Comme  réponse,  il  impose  les  Béni  Mellal  de  50000  francs  : 
les  présents  paieront  pour  les  absents.  Inutile  d’ajouter  qu’aujourd’hui  il  n’y  a  plus  de 
parti  du  makhzen  dans  la  Qaçba.  J’ai  dit  plus  haut  que,  dans  d’autres  portions  du 
Maroc,  j’avais  trouvé  des  tribus  disposées  à  échanger  leur  indépendance  contre  les 
bienfaits  d’une  administration  régulière.  Ainsi,  en  1882,  plusieurs  tribus  du  haut 
Sous  se  sont,  de  leur  propre  gré,  soumises  au  sultan.  Mais  partout  le  dénouement  est 
le  même  :  on  ne  tarde  pas  à  s’apercevoir  que  le  makhzen  n’est  rien  moins  que  le  gou¬ 
vernement  rêvé.  Pas  plus  de  sécurité  qu’auparavant  :  les  voleurs  plus  nombreux  que 


DE  MEKNAS  A  QAÇBA  BENI  MELLAL. 


63 


jamais;  enfin  les  rapines  des  qaïds  ruinant  le  pays  en  un  an  plus  que  ne  l’eussent 
fait  dix  années  de  guerre.  Aucun  bien  ne  compense  de  grands  maux.  Aussi  cet  état 
ne  dure-t-il  pas.  Après  deux  ou  trois  ans  de  patience,  souvent  moins,  voyant  qu’il  n’y 
a  rien  à  espérer,  on  secoue  le  joug  et  on  reprend  l’indépendance. 


5°.  —  CAMPAGNE  DU  SULTAN  DANS  LE  TADLA,  EN  1883. 

Avant  de  quitter  le  Tâdla,  je  vais  résumer  quelques  renseignements  recueillis  sur 
la  récente  expédition  de  Moulei  El  Hasen  dans  cette  contrée. 

Tous  les  ans  ou  tous  les  deux  ans,  le  sultan  se  met  à  la  tête  d’une  armée  et  part 
pour  guerroyer  dans  quelque  portion  du  Maroc  :  ces  campagnes  ont  pour  but  tantôt 
d’amener  à  l’obéissance  des  fractions  insoumises,  tantôt  de  lever  des  contributions 
de  guerre  sur  des  tribus  trop  puissantes  pour  être  réduites,  mais  trop  faibles  ou  trop 
désunies  pour  pouvoir  empêcher  une  incursion  momentanée  sur  leur  territoire.  C’est 
une  expédition  de  cette  catégorie,  simple  opération  financière,  que  Moulei  El  Hasen 
vient  de  faire  dans  le  Tâdla.  La  méthode  qu’il  suit  dans  ces  occasions  est  inva¬ 
riable  :  il  marche  pas  à  pas,  de  tribu  en  tribu,  offrant  à  chacune,  en  arrivant  à  elle,  le 
choix  entre  deux  choses  :  pillage  du  territoire,  ou  rachat  par  une  somme  d’argent. 
Dans  cette  alternative,  prenant  de  deux  maux  le  moindre,  on  se  décide  souvent  à 
acheter  la  paix  au  prix  demandé;  c’est  ce  qu’espère  le  sultan.  Mais  parfois  il  éprouve 
des  mécomptes.  A  certains  endroits,  on  lui  résiste,  avec  succès  même,  témoin 
les  Riata.  Dans  le  Tâdla,  on  prit  un  troisième  parti,  qui  fut  pour  lui  la  source  de 
la  plus  amère  déception  :  à  son  approche,  les  tribus,  toutes  nomades,  se  contentè¬ 
rent  de  plier  bagage  et  de  se  retirer,  qui  dans  les  montagnes  de  Ait  Seri,  qui  dans 
celles  des  Zaïan.  Là  elles  étaient  à  l’abri.  Le  sultan  resta  seul  avec  son  armée,  er¬ 
rant  au  milieu  de  la  plaine  déserte.  Sa  campagne  fut  désastreuse;  il  ne  put  que 
tirer  quelque  argent  des  petites  qaçbas  éparses  de  loin  en  loin  dans  le  pays,  maigre 
rentrée  pour  un  grand  déploiement  de  forces.  «  Fatigue  sans  profit  »,  c’est  ainsi  que 
les  habitants  qualifient  cette  expédition. 

Voici  quel  fut  l’itinéraire  de  Moulei  El  Hasen  : 

Parti  de  Merrâkech  au  printemps  dernier,  il  gagna  d’abord  Zaouïa  Sidi  Ben.Sasi; 
puis,  successivement,  El  Qantra  (sur  l’Ouad  Sidi  Ben  Sasi,  affinent  de  la  Tensift) , 
Moulei  Bou  Azza  Amer  Trab;  l’Ouad  Teçcaout,  qu’il  franchit;  l’Ouacl  el  Abid,  qu’il  tra¬ 
versa  au  gué  de  Bou  Aqba  :  cette  dernière  opération  fut  pénible;  le  passage  dura 
trois  jours;  trois  canons  tombèrent  au  fond  de  la  rivière,  et  on  ne  les  retira  qu’à 
grand’peine.  En  arrivant  à  l’ouad,  le  sultan  avait  demandé  au  qaïd  in  partibus  des 
Béni  Mousa,  Ould  Chlaïdi,  si  le  gué  était  praticable  et  sans  danger;  celui-ci  avait 


RECONN  VISSVNCE  VU  MVKOC. 


GG 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


répondu  que  oui;  il  se  trouva  au  contraire  difficile,  avec  des  eaux  très  hautes;  Moulei 
El  Hasen  fit  donner  sur  l’heure  la  bastonnade  au  qaïd  mal  informé.  De  là  on  alla  à 
Dar  Ould  Sidoïn  (résidence  d’un  autre  qaïd  in  partibus  des  Béni  Mousa;  ils  en 
ont  trois),  puis  à  Sidi  Selîman  (qoubba  avec  source  dans  la  plaine  du  Tâdla,  sans 
habitants),  à  Qçar  Béni  Mellal  (bourg  à  deux  heures  à  l’ouest  de  Qaçba  Béni  Mellal, 
dans  une  situation  semblable,  au  pied  de  l’Atlas;  belles  sources;  environ  2000  habi¬ 
tants),  à  Qaçba  Béni  Mellal,  à  Seriner  (qaçba  fort  ancienne,  aujourd’hui  déserte  et 
ruinée,  située  dans  la  plaine,  entre  Fichtâla  et  Ait  Saïd,  à  peu  de  distance  au  nord 
du  chemin  que  j’ai  pris;  elle  appartient  aux  Ait  Saïd),  à  Rarm  el  Alain  (vieille  qaçba 
inhabitée,  s’élevant  dans  la  plaine  en  face  de  la  partie  du  Djebel  Amhaouch  occupée 
par  les  Ait  Ouirra).  Dans  cette  marche,  le  sultan  avait  suivi  la  route  que  j’ai  prise 
moi-même,  longeant  le  pied  de  l’Atlas  entre  les  Ait  Seri  et  le  Tâdla.  De  là  il  se  rendit 
à  Qaçba  Tâdla;  puis  à  Zaouïa  Ait  El  Rouadi  (chez  les  Semget,  fraction  des  Qetaïa), 
à  Zizouan  (entre  les  Béni  Zemmour  et  les  Zaïan,  à  sept  heures  de  Bou  el  Djad,'  dans  la 
direction  de  Moulei  Bou  Iazza),  à  Sidi  Bou  Abbed  (zaouïa  chez  les  Béni  Zemmour), 
à  Sidi  Mohammed  Oumbarek  (Béni  Zemmour),  à  Mezgîda  (Béni  Zemmour),  à  Bir 
el  Ksa  (Béni  Zemmour),  à  El  Hachia  (frontière  des  Béni  Zemmour  et  des  Smâla). 
Sur  le  territoire  des  Smâla,  le  sultan  éprouva  de  la  résistance  :  une  fraction  de  cette 
tribu,  les  Beraksa,  dédaignant  de  se  retirer  à  son  approche,  et  se  refusant  à  payer 
aucune  contribution,  l’attendit  les  armes  à  la  main;  il  les  attaqua  :  les  Beraksa  lui 
tuèrent  500  hommes,  mais  furent  vaincus;  leur  qaçba  fut  prise,  ses  murs  rasés;  on 
y  coupa  50  tètes  et  on  en  emmena  200  prisonniers.  De  là  on  passa  aux  Oulad  Fennan 
(fraction  des  Smâla),  puis  aux  Béni  Ivhîran.  Sur  le  territoire  de  cette  tribu,  Moulei  El 
Hasen  commença  par  piller  Zaouïa  Oulad  Sidi  Bou  Amran  :  elle  appartient  aux  clie¬ 
nts  de  ce  nom,  cherifs  qui  ont  une  influence  considérable  dans  la  fraction  des  Béni 
Ivhîran  où  ils  résident,  celle  des  Oulad  Bou  Radi,  et  possesseurs  de  grandes  ri¬ 
chesses;  il  les  dépouilla.  11  dévasta  ensuite  le  territoire  des  Oulad  Fteta  (rameau  des 
Oulad  Bou  Radi)  et  celui  des  Béni  Mançour  (fraction  des  Béni  Ivhîran).  Il  se  trouvait 
chez  les  Béni  Mançour  vers  le  10  août.  Il  en  partit  pour  se  porter  à  Meris  el  Biod,  sur 
la  frontière  des  Béni  Ivhîran  et  des  Zaïr.  Auparavant,  à  Masa,  il  avait  trouvé  les 
contingents  du  royaume  de  Fâs,  dont  son  armée  s’était  grossie.  De  Meris  el  Biod,  il 
entra  dans  le  pays  des  Zaïr  à  Talemart.  Là  s’arrêtent  les  renseignements  qu’on  a  pu 
me  fournir. 

Le  sultan,  dans  cette  campagne,  avait  avec  lui  10000  chevaux  et  10000  hommes 
de  pied.  Sur  ce  nombre,  les  troupes  régulières  (askris)  et  les  mkhaznis  comptaient 
pour  peu  de  chose,  pour  cinq  ou  six  mille  hommes  peut-être  :  le  reste  était  le  con¬ 
tingent  des  tribus  soumises  du  royaume  de  Merràkech.  S’agit-il  de  faire  une  expé¬ 
dition  de  ce  genre?  Si  l’on  est  à  Merràkech,  on  mande  les  qaïds  du  voisinage,  chacun 


DE  MEKNAS  A  QAÇBA  BENI  MELLAL. 


67 


avec  ce  qu’il  peut  ramasser  d’hommes;  leur  réunion  forme  un  corps  qui  accom¬ 
pagne  le  sultan  jusqu’à  son  arrivée  dans  une  autre  capitale,  Fâs  ou  Meknâs.  Là  le 
service  de  ces  contingents  est  terminé  :  chacun  rentre  dans  ses  foyers.  Si  au  con¬ 
traire  on  était  à  Fâs,  ce  seraient  les  fractions  fidèles  du  Maroc  du  nord  qui  com¬ 
poseraient  l’armée.  Les  corps  ainsi  rassemblés  ne  peuvent  être  très  forts;  les 
tribus  les  plus  puissantes,  étant  insoumises  ou  indépendantes,  ne  fournissent 
pas  un  homme  :  telles  sont,  pour  le  centre  seulement,  celles  des  Ichqern,  des 
Zaïan,  des  Zaïr,  des  Zemmour  Chellaha,  des  Béni  Mgild,  des  Béni  Mtir,  et  toutes 
celles  du  Tâdla,  excepté  les  Béni  Miskin.  Ces  noms  sont  ceux  des  tribus  non  seu¬ 
lement  les  plus  nombreuses,  mais  aussi  les  plus  guerrières  de  la  région.  11  ne  reste 
donc  au  gouvernement  que  les  populations  des  bords  de  la  mer,  populations 
donnant  des  soldats  médiocres. 

Comment  dans  ces  conditions  Moulei  El  Hasen  peut-il  impunément  ravager  les 
territoires  de  tribus  aussi  puissantes  que  celles  du  Tâdla,  que  les  Zaïr?  C’est  par  suite 
de  la  désunion  qui  règne  partout,  non  seulement  entre  les  diverses  tribus,  mais 
encore  parmi  les  fractions  de  chacune  d’elles  :  les  discordes,  les  rivalités,  les  ran¬ 
cunes  sont  telles,  que  rien,  même  l’intérêt  commun,  ne  peut  unir  les  différents 
groupes;  seule  la  voix  d’un  cherif  ou  d’un  marabout  respecté  de  tous  pourrait 
produire  momentanément  ce  miracle;  cette  voix,  grâce  à  la  politique  habile  du  sul¬ 
tan,  se  tait  depuis  un  grand  nombre  d’années. 


68 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


III. 


DE  QAÇBA  BENI  MELLAL  A  TI  Kl  RT. 


1°.  —  DE  QAÇBA  BENI  MELLAL  A  OUAOUIZERT. 

25  septembre  1883. 


Départ  à  6 heures  et  demie  du  matin.  Trois  zetats  m’accompagnent,  un  de  la  tribu 
des  Béni  Mellal,  deux  de  celle  des  Ait  Atta  d  Amalou.  Ouaouizert,  où  je  vais,  est 
située  au  pied  méridional  du  Moyen  Atlas,  qui  sépare  la  plaine  du  Tàdla  du  cours  de 
l’Ouad  el  Abid,  et  dont,  depuis  Tagzirt,  j’ai  longé  au  bas  le  versant  nord.  J’ai  donc  à 
franchir  cette  chaîne.  Les  pentes  en  sont  généralement  escarpées;  dès  qu’elles 
deviennent  assez  douces  pour  être  cultivées ,  elles  se  couvrent  de  champs  et  des 
habitations  apparaissent;  mais  ces  endroits  sont  rares  :  presque  toutes  les  côtes  sont 
raides  et  boisées;  sauf  les  places  défrichées,  clairières  éparses  de  loin  en  loin,  les 
flancs  du  massif  sont  revêtus  d’une  épaisse  forêt  :  les  lentisques,  les  caroubiers  et  les 
pins  y  dominent;  ils  atteignent  une  hauteur  de  5  à  G  mètres.  Le  sol  est  moitié  terre, 
moitié  roche;  celle-ci  n’apparaît  point  ici  sous  forme  de  longues  assises,  mais  en 
blocs  isolés  qui  émergent  de  terre  entre  les  arbres.  Une  foule  de  ruisseaux  d’eau  cou¬ 
rante  arrosent  l’un  et  l’autre  versant.  Le  chemin,  constamment  en  montagne,  péni¬ 
ble  partout,  est  très  difficile  en  deux  endroits  :  d’abord,  au  sortir  de  Qaçba  Béni 
Mellal,  au  passage  nommé  Aqba  el  Kharroub;  puis  à  l’approche  du  col,  Tizi 
Ouaouizert,  que  précède  une  montée  fort  raide.  A  1  heure,  je  parviens  à  Ouaouizert. 

Point  de  cours  d’eau  important  pendant  la  route  d’aujourd’hui.  Peu  de  monde  sur 
le  chemin.  Les  habitations  rencontrées  étaient  d’aspect  misérable  :  c’étaient  tantôt 
de  petites  maisons  de  2  mètres  de  haut,  construites  en  pisé,  couvertes  en  terrasse, 
la  plupart  situées  à  mi-côte  et  à  demi  enfoncées  sous  terre,  tantôt  de  simples  huttes 
de  branchages;  les  quelques  douars  que  j’ai  vus  ne  se  composaient  que  de  cabanes 
rangées  en  rond  :  pas  une  tente  véritable. 


DE  QAÇBA  BENI  MELLAL  A  TIKIRT. 


99 


SÉJOUR  A  OUAOUIZERT. 


Dès  la  sortie  de  Qaçba  Béni  Mellal,  je  suis  entré  chez  les  Ait  Atta  d  Amalou,  sur  le 
territoire  desquels  se  trouve  Ouaouizert.  Ils  n’ont  rien  de  commun  avec  les  Ait  Atta 
du  Dra,  ni  avec  les  Berâber.  C’est  une  petite  tribu  tamazirt  (chleuha),  indépendante, 
dont  les  frontières  sont  :  au  nord,  le  Tâdla;  au  sud,  l’Ouad  el  Abid  ;  à  l’est,  les  Aït 
Seri;  à  l’ouest,  les  Aït  Bon  Zid.  Sur  l’autre  rive  de  l’Ouad  el  Abid,  habitent  les  Aït 
Messat.  Les  Ait  Atta  d  Amalou  peuvent  mettre  en  ligne  environ  800  fantassins  et  150 
cavaliers.  Les  chevaux  sont  rares  dans  cette  contrée;  en  revanche,  on  y  élève  un  grand 
nombre  de  mulets.  Les  Ait  Atta  sont  peu  riches,  quoique  rien  ne  manque  à  leur 
pays  pour  être  prospère  :  la  montagne  n’est  que  bois  et  pâturages;  sur  les  pentes 
douces,  dans  les  vallées,  dans  la  plaine  d’Ouaouizert,  le  sol  est  fertile  :  on  y  voit  des 
jardins  et  des  cultures  florissantes;  l'eau  abonde  partout;  des  minerais  de  fer,  de  cui¬ 
vre,  d’argent,  se  trouvent,  dit- 


Croquis  de  l’auteur. 


Col  où  passe  le  chemin  d’Ouaouizert  à  l’Oussikis 


on,  sur  le  territoire.  Mais  les 
habitants  ne  savent  point  ex¬ 
traire  ces  derniers,  et  ils  négli¬ 
gent  les  travaux  des  champs; 
leurs  troupeaux  mêmes*  sont 
peu  nombreux  :  ils  ont  des 
moutons,  des  chèvres  et  quel¬ 
ques  vaches,  le  tout  de  race 
médiocre.  Aussi  est-ce  une  tribu  de 
pillards,  dont  une  bonne  partie  ne 
vit  que  de  zetatas,  de  vols,  de  rapi¬ 
nes  de  tout  genre. 

Ouaouizert  est  située  au  pied  du 
Djebel  Béni  Mellal,  au  seuil  d’une 
petite  plaine  traversée  par  l’Ouad  el 
Abid.  De  quelque  côté  qu’on  tourne 
les  yeux,  on  ne  voit  que  hautes  mon¬ 
tagnes,  resserrant  la  vallée  dans  une 
ceinture  étroite.  La  bourgade  s’élève  sur  les  deux  rives  d’un  ruisseau  qui  porte  son 
nom  ;  elle  se  compose  de  trois  groupes  d’habitations  assez  éloignés  les  uns  des  au¬ 
tres,  unis  par  des  vergers.  L’un  d’eux  est  une  zaouïa,  résidence  d’une  famille  de 
marabouts,  dont  le  chef  actuel  est  Sidi  Mohammed  ould  Mohammed.  Dans  les  ver- 


Prcmiers  échelons  du  Grand  Atlas  , 
formant  le  flanc  gauche  de  la  vallée  de  l’Ouad  el  Abid. 

(Les  parties  ombrées  sont  boisées.)  (Vue  prise  du  mellah  d’Ouaouizert.) 
Croquis  de  l’auteur. 


70 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


gers,  on  voit  quelques  pans  d’épaisses  murailles,  ruines  d’une  qaçba  construite  jadis 
par  Moulei  Ismaïl.  Les  maisons  sont  de  pisé,  à  simple  rez-de-chaussée  couvert  d’une 
terrasse;  au  milieu  d’elles,  ainsi  que  dans  la  campagne  voisine,  se  dressent  un 
grand  nombre  de  tirremts.  Les  arbres  des  jardins  sont  des  oliviers,  des  pêchers  et 

des  figuiers;  les  légumes, 

Vallée  de  l’Ouad  Ouaouizert.  Vallée  de  l’Ouad  el  Abip. 

des  piments,  des  oignons 
et  des  citrouilles.  Ouaoui¬ 
zert  renferme  800  ou  1 000 


Massif  situé  entre  l’Ouad  el  Abid  et  l’Ouad  Ouaouizert. 

(Les  parties  ombrées  sont  boisées.)  (Vue  prise  du  mellah  d’Ouaouizert.) 
Croquis  de  l’auteur. 


Ouaouizert. 


habitants,  dont  100  à  150 
Israélites.  Malgré  son  peu 
de  population,  elle  a  une 
réelle  importance,  par  son  marché  d’abord,  marché  qui  se  tient  le  vendredi  et  qui 

est  très  fréquenté,  ensuite  et  surtout  par  sa  position,  qui  en 
fait  une  des  portes  du  Grand  Atlas  et  le  nœud  de  plusieurs 
routes.  Trois  passages  principaux  s’ouvrent  dans  le  Grand 
Atlas  entre  les  bassins  de  l’Oumm  er  Rebia  et  du  Dra  :  l’un 
à  l’ouest,  menant  de  Zaouïa  Sidi  Reliai  au  Telouet;  un  autre 
au  centre,  conduisant  de  Remuât  aux  Haskoura;  le  dernier 
en  face  d’Ouaouizert,  débouchant  dans  l’Oussikis.  Celui-ci  est 
le  chemin  que  prennent  les  caravanes  venant  de  Merrâkech 
allant  soit,  dans  le  haut  Ouad  Rades,  soit  au  Todra,  soit  au 
Ferkla.  A  l’est  de  ce  col,  il  n’y  en  a  plus  de  fréquenté  dans  la  chaîne  jusque  auprès 


A.  Groupes  d’habitations. 

B.  Cimetière. 

C.  Qaçba  Moulei  Ismaïl  (ruines). 
D-  Marché. 

E.  Mellah. 


de  Qçâbi  ech  Cheurfa. 

Les  costumes  sont  les  mêmes  ici  que  dans  le  Tâdla;  mais  les  femmes,  comme  déjà 


Cavernes  creusées  dans  le  liane  droit  de  la  vallée  de  l’Ouad 
Ouaouizert,  à  3  kilomètres  en  amont  d’Ouaouizert. 
Croquis  de  l’auteur. 


le  Tazeroualt  et  Ouad  Noun.  Puis  il  se  rendit  ; 
A  Tétouan  et  à  Fàs,  on  m’avait  parlé  du  doc 


celles  des  Reni  Mellal,  font  un  usage 
immodéré  de  henné.  C’est  une  excep- 
lion.  Les  Marocaines  n’en  mettent  pas 
d’ordinaire  avec  excès. 

Dans  la  vallée  de  l’Ouad  Ouaoui¬ 
zert,  à  trois  kilomètres  au-dessus  du 
village,  se  trouvent  beaucoup  de  ca¬ 
vernes  de  Troglodytes  comme  celles 
décrites  plus  haut. 

J’entends  causer  ici  du  voyage  d’un 
Chrétien.  Habillé  en  Musulman,  il  tra¬ 
versa,  il  y  a  trois  ans  et  demi,  le  Sous, 
i  Tindouf,  d’où  il  partit  pour  le  Soudan, 
teur  Lenz:  cela  n’avait  rien  de  surpre- 


DE  QAÇBA  BENI  MELLAL  A  TIKIRT. 


71 


Ouaouizert. 


Ouaouizert  et  vallée  de  l’Ouad  Ouaouizert. 

(Vue  prise  des  cavernes  situées  à  3  kilomètres  en  amont  du  village.) 
Croquis  de  l’auteur. 


liant;  mais  comment  s’attendre  à  ce  qu’ici,  en  ce  coin  perdu  de  l’Atlas,  si  éloigné 
du  théâtre  de  ses  explorations ,  sa  renommée  fût  parvenue  ? 

2°.  —  D'OUAOUIZEHT  AUX  ENTIFA. 

20  septembre. 

Départ  d’Ouaouizert  à  (3  heures  du  matin.  Je  vais  d’abord  au  Had  des  Ait  Bon  Zicl , 
qui  se  tient  aujourd’hui.  J’y  arrive  à  7  heures  un  quart.  Le  chemin  qui  y  mène  longe 
la  lisière  nord  de  la  plaine,  au  milieu  de  terrains  tantôt  rocheux  et  incultes,  tantôt 
terreux  et  couverts  de  champs  de  blé. 

Le  marché  est  très  animé;  tant  qu’il  dure,  il  ne  s’y  trouve  jamais  moins  de  600  per¬ 
sonnes,  et  c’est  un  va-et-vient  continuel.  Cependant  les  objets  qu'on  y  vend  ne  présen¬ 
tent  pas  grande  variété.  On  y  voit  surtout  des  fruits  et  des  légumes,  apportés  par  les 
Ait  Bou  Zid ,  achetés  par  les  Ait  Atta;  puis  du  bétail  :  moutons,  chèvres,  vaches  du 
prix  de  30  à  40  francs;  des  grains,  des  peaux,  de  la  laine.  Les  Juifs  d’Ouaouizert  éta¬ 
lent  des  belras,  des  bijoux,  des  poules,  des  cotonnades;  quelques  marchands  musul¬ 
mans,  coureurs  de  marchés  de  profession,  vendent  du  thé,  du  sucre,  des  allumettes. 
Mais  ici  l’affaire  importante  n’est  point  le  trafic,  c’est  le  «jeu  des  chevaux  ».  Tout 
cavalier  des  Ait  Bou  Zid  est  tenu  de  venir  chaque  dimanche  y  prendre  part;  une 
amende  de  10  francs  punit  les  manquants.  Voici  comme  on  procède  à  cet  exercice  : 
on  se  forme  par  pelotons  de  10  à  20;  successivement  chacun  de  ces  groupes  prend  le 
galop,  charge,  fait  feu,  s’arrête  et  démasque,  laissant  la  place  au  suivant;  puis 
il  recharge  les  armes,  pour  recommencer  quand  son  tour  reviendra. 

\  1  heures,  je  quitte  le  marché  sous  l’escorte  d’un  zetat  des  Ait  Bou  Zid,  sur  le  ter- 


7  2 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


ritoire  desquels  je  suis  à  présent.  Je  continue  à  longer,  sur  un  sol  semblable  à  celui 
de  ce  matin,  la  lisière  nord  de  la  plaine;  les  montagnes  qui  l’entourent  paraissent 
fort  habitées  :  on  y  entrevoit  des  cultures  partout  où  les  pentes  ne  sont  pas  trop  rai¬ 
des,  un  grand  nombre  de  tirremts  se  dressent  sur  leurs  flancs.  A  5  heures,  j’atteins 
l’extrémité  de  la  plaine,  et  en  même  temps  les  bords  de  l’Ouad  el  Abid.  Celui-ci  est 
une  belle  rivière,  au  courant  impétueux,  aux  nombreux  rapides;  ses  eaux,  vertes 
et  claires,  occupent  le  tiers  d’un  lit  de  60  mètres  de  large,  sans  berges,  moitié  vase, 
moitié  gravier,  semé  de  gros  blocs  de  rochers;  il  se  remplit  en  entier  durant  l’hiver; 
quatre  ou  cinq  fois  plus  forte  qu’elle  n’est  en  ce  moment,  la  rivière  coule  alors  avec 
une  violence  extrême.  En  toute  saison,  on  ne  peut  la  passer  qu’à  des  gués  assez  rares. 
A  partir  d’ici,  j’en  suis  le  cours,  marchant  tantôt  le  long  de  ses  rives,  tantôt  à  mi- 
côte  de  ses  flancs,  suivant  les  difficultés  du  terrain;  elles  deviennent  bientôt  très 
grandes.  L’Ouad  el  Abid,  en  sortant  de  la  plaine,  s’enfonce  dans  une  gorge  profonde; 

le  bas  en  a  juste  la  largeur  de  la  rivière;  les 
côtés  sont  deux  murailles  de  grès,  qui  atteignent 
par  endroits  plus  de  100  mètres  de  hauteur;  au- 
dessus,  se  dressent  les  massifs  mi-terreux,  mi- 
rocheux  de  la  chaîne  au  travers  de  laquelle  l’ouad 
se  fraie  si  violemment  passage.  Leurs  pentes,  sou¬ 
vent  escarpées,  sont  raides  partout,  parfois  incli¬ 
nées  à  2/1,  d’ordinaire  à  1/1  presque  jamais  à  1/2. 
C’est  avec  la  plus  grande  peine  que  l’on  suit  la 
vallée;  rarement  on  peut  marcher  au  fond  :  il  est  occupé  par  les  eaux;  le  chemin  tantôt 
serpente  dans  la  montagne,  au-dessus  des  parois  de  la  gorge,  tantôt  est  taillé  dans  le- 
roc,  au  flanc  même  de  ces  parois,  et  surplombe  la  rivière.  Ce  sont  des  passages  ex¬ 
trêmement  difficiles,  les  plus  difficiles  que  j’aie  jamais  trouvés.  Ils  se  franchissent 
pourtant  trop  vite  au  gré  du  voyageur.  L’œil  ne  se  lasse  pas  de  contempler  ce  large 
cours  d’eau  roulant  ses  flots  torrentueux  entre  d’immenses  murailles  de  pierre,  au 
pied  de  ces  montagnes  sombres,  dans  cette  région  sauvage  où  le  seul  vestige  hu¬ 
main  est  quelque  tirremt  suspendue  à  la  cime  d’un  rocher.  A  l’entrée  de  ce  long- 
défilé,  est  la  maison  de  mon  zetat,  Dar  Ibrahim.  Nous  y  faisons  halte  à  5  heures 
et  demie  du  soir.  Peu  de  temps  avant  d’arriver,  j’ai  vu  un  affluent  se  jeter  sur  la 
rive  gauche  de  l’Ouad  el  Abid  :  c’est.  l’Ouad  Ait  Messat,  belle  rivière  aux  eaux  vertes, 
au  courant  impétueux,  de  12  à  15  mètres  de  large,  venant  du  sud  par  une  gorge 
profonde. 

Les  Ait  Bou  Zid,  chez  lesquels  je  suis,  sont  de  race  tamazirt  (chleuha)  et  indépen¬ 
dants.  Leur  territoire,  tout  en  montagne,  occupe  la  portion  du  Moyen  Atlas  bornée 
au  nord  par  le  Tâdla,  au  sud  par  l’Ouad  el  Abid ,  à  l’est  par  les  Ait  Atta  d  Amalou ,  à 


Entrée  du  long  défilé  où  s’enfonce  l’Ouad  el  Abid, 
au  sortir  de  la  plaine  d’Ouaouizert. 

(Vue  prise  de  cette  plaine.) 

Croquis  de  l’auteur. 


DE  QAÇBA  BENI  MELLAL  A  TIKIRT. 


73 


l’ouest  par  les  Ait  Atab  et  les  Ait  Aïad.  Ils  peuvent  armer  environ  I  000  fantassins  et 
300  cavaliers.  Cette  tribu  est  renommée  pour  sa  richesse  :  en  effet,  tant  que  je  serai 
sur  ses  terres,  je  ne  cesserai  d’admirer  des  preuves  de  l’intelligence  et  de  l’activité  des 
habitants;  nulle  part  au  Maroc  les  cultures  ne  m’ont  paru  mieux  soignées,  les 
chemins  aussi  bien  aménagés,  dans  un  pays  plus  difficile.  Toutes  les  portions  du  sol 
dont  on  a  pu  tirer  parti  sont  plantées  :  ici  sont  des  blés,  là  des  légumes,  ail¬ 
leurs  des  oliviers;  ils  s’étagent  par  gradins,  une  succession  de  murs  en  maçon¬ 
nerie  retenant  les  terres;  sur  ces  pentes  raides,  on  ne  peut  labourer  à  la  charrue  :  tout 
se  travaille  à  la  pioche.  Les  chemins  sont  la  plupart  bordés  de  bourrelets  de  pierre; 
en  certains  points;  ils  sont  taillés  dans  le  roc  :  des  consoles  les  soutiennent,  des  ponts 
sont  jetés  au-dessus  des  crevasses.  Les  maisons  n’ont  qu’un,  rez-de-chaussée,  mais 
sont  bien  construites;  elles  sont  en  pierre  cimentée,  mais  non  taillée.  Les  tirremts 
sont  nombreuses  et  grandes  ;  quelques-unes ,  se  dressant  au  sommet  de  rocs  escarpés, 
semblent  presque  inaccessibles.  Ces  ouvrages  témoignent  d’une  population  active  et 
industrieuse.  Les  Aït  Bou  Zid  ont  un  usage  qui  leur  est  spécial,  et  que  nous  ne  retrou¬ 
verons  ailleurs  que  loin  vers  l’ouest  et  dans  une  seule  tribu,  les  Ilaha.  C’est  celui  de  se 
disséminer,  maison  par  maison,  chacun  au  milieu  de  ses  cultures,  au  lieu  de  se  grou¬ 
per  par  villages.  Sur  leur  territoire,  on  n’en  rencontre  pas  :  on  ne  voit  que  demeures 
isolées,  semées  sans  ordre  au  flanc  de  la  montagne. 

Une  légère  modification  se  fait  ici  dans  l’armement  :  plus  de  baïonnettes;  tout  le 
monde  porte  le  sabre.  De  plus,  le  fusil  change  :  la  crosse,  de  courte  et  large,  devient 
longue  et  étroite;  elle  était  simple  :  elle  se  couvre  d’ornements,  incrustations  d’os  et  de 
métal.  Ces  deux  modèles  sont  les  seuls  qui  existent  au  Maroc;  le  premier  est  d’un 
usage  universel  au  nord  de  l’Atlas;  dans  cette  chaîne  et  au  Sahara,  on  le  trouve 
quelquefois,  mais  rarement  ,  c’est  le  second  qui  domine. 

Le  tamazirt  est  l’idiome  général  des  tribus  que  j’ai  traversées  depuis  Meknâs;  mais 
jusqu’à  Qacba  Béni  Mellal  tout  le  monde,  dans  les  familles  aisées,  savait  l’arabe. 
Depuis  que  je  suis  dans  l’Atlas,  il  n’en  est  plus  de  même.  Ici,  bon  nombre  d’hommes 
parlent  encore  cette  langue,  mais  les  femmes  l’ignorent  complètement. 


1"  octobre. 

Départ  à  5  heures  du  matin.  Telle  était  hier  soir  la  vallée  de  l’Ouad  el  Abid,  telle 
elle  reste  aujourd’hui;  les  hautes  montagnes  qu’elle  traverse  sont,  à  l’exception  des 
places  cultivées,  entièrement  boisées  :  oliviers  sauvages,  pins,  mêlés  parfois  de  len- 
tisques  et  de  caroubiers.  Par  instants,  le  fond  de  la  gorge  se  resserre  au  point  de  n’a¬ 
voir  que  30  mètres  de  large;  par  moments,  il  s’étend  un  peu  et  a  jusqu’à  100  mètres  : 
en  ces  endroits,  d’autant  plus  fréquents  qu’on  avajice  davantage,  les  bords  de  l’ouad 

RECONNAISSANCE  AC  MAROC.  1° 


74 


RECONNAISSANCE  ALI  MAROC. 


se  garnissent  de  lauriers-roses,  les  parois  de  la  vallée  s’abaissent  et  s'inclinent,  quel¬ 
ques  arbres  poussent  aux  fentes  des  rochers.  La  gorge,  jusqu’au  point  où  la  ri¬ 
vière  sort  de  l’Atlas,  présente  donc  l’aspect  suivant  :  une  série  d’étranglements  très 
étroits  unis  par  des  défilés,  lesquels,  resserrés  au  début,  s’élargissent  peu  à  peu  à  me¬ 
sure  qu’on  descend,  en  même  temps  que  leurs  flancs  deviennent  moins  escarpés.  Au 

bout  d’une  heure  et  demie,  la  muraille  rocheuse 
s’est  déjà  beaucoup  abaissée  dans  ces  endroits;  un 
peu  plus  tard,  elle  fait  par  moments  place  à  la  terre , 
et  la  forêt  arrive  jusqu’au  bord  des  eaux.  A  dater 
de  8  heures  et  demie,  la  largeur  habituelle  est 
100  mètres;  des  trembles,  des  oliviers,  couvrent  le 
fond;  les  parois  de  roche  sont  très  basses  ou  rempla¬ 
cées  par  des  talus  de  terre  à  1/1  ;  quelques  maisons 
entourées  de  vergers  apparaissent  sur  les  pentes. 
Des  étranglements  resserrent  encore  par  moments  la 
vallée,  mais  de  chacun  elle  sort  plus  large.  A  9  heures  et  demie,  elle  a  150  mètres 
et  se  remplit  de  jardins;  les  flancs  en  sont  à  1/1  ou  à  1/2;  des  habitations  s’y  élèvent 
de  toutes  parts.  Elle  reste  ainsi  jusqu’à  Ait  ou  Akeddir,  où  j’arrive  à  10  heures  et 
demie  du  matin. 

En  chemin,  j’ai  traversé  l’Ouad  el  Abid  plusieurs  fois,  la  première  vers  6  heures 
(25  mètres  de  large,  70  centimètres  de  profondeur),  la  dernière  vers  10  heures  un 
quart  (40  mètres  de  large,  50  centimètres  de  profondeur).  Partout  les  eaux  étaient  les 


Vallée  de  l’Ouad  el  Abid. 

Village  situé  sur  une  roche  de  sa  rive  gauche, 
entre  Dar  Ibrahim  et  Ait  ou  Akeddir. 
Croquis  de  l’auteur. 


mêmes,  limpides,  vertes,  impétueuses;  partout  elles  coulaient  sur  un  lit  de  gros  ga¬ 
lets,  sans  berges;  les  blocs  de  roche  dont  était  semé  le  lit  au  commencement  avaient 
disparu  dans  la  dernière  partie  du  trajet.  Depuis  8  heures  et  demie ,  les  rives  étaient 

garnies  d’un  grand  nombre  d’appareils  qui  servent  aux  ha¬ 
bitants  à  traverser  en  hiver,  lorsque,  les  eaux  étant  hautes, 
on  ne  peut  plus  franchir  à  gué;  ces  machines  se  composent 
de  deux  fortes  piles  de  maçonnerie  établies  l’une  de  chaque  côté  de  la  rivière;  en 
leur  milieu  sont  fixés  de  gros  troncs  d’arbres,  auxquels  s’amarrent  les  cordes 
servant  au  passage.  Le  sol  du  fond  de  la  vallée  est  partout  de  terre. 


2  et  3  octobre. 


Séjour  à  Ait  ou  Akeddir.  Les  Ait  Atab,  chez  lesquels  je  suis,  sont  une  tribu  tama- 
zirt  (chleuha),  indépendante.  Leur  territoire  est  limité  :  au  nord,  par  les  Ait  Aïad  et 
le  Tâdla;  à  l’est,  par  les  Ait  Bou  Zid;  au  sud  et  à  l’ouest,  par  l’Ouad  el  Abid.  Ils  peu¬ 
vent  mettre  en  ligne  environ  1  200  fantassins  et  300  chevaux.  Deux  marchés  sur  leur 


DE  QAÇBA  BENI  MELLAL  A  TIIUBT. 


75 


territoire  :  Had  d’Aït  Atab  et  Arbaa  d’Ikadousen;  Ikadousen  est  le  nom  d’une  de  leurs 
fractions,  qui  habite  vers  le  nord-ouest  du  point  où  je  suis. 

Ait  ou  Akeddir  est  un  gros  village,  situé  sur  les  premières  pentes  du  liane  droit  de 
l’Ouad  el  Abid,  à  un  coude  que  fait  la  rivière;  les  environs  de  ce  centre  sont  la  por¬ 
tion  la  plus  habitée  du  territoire  des  Ait  Atab.  Auprès  de  lui  s’élèvent  à  peu  de  dis¬ 
tance  plusieurs  autres  groupes,  parmi  lesquels  on  distingue  El  Had,  où  se  tient  le 
marché.  En  face,  le  flanc  gauche  est  hérissé  d’une  foule  de  maisons,  de  tirremts,  s’é¬ 
tageant  en  amphithéâtre  au  milieu  des  oliviers.  Ces  constructions,  ainsi  que  toutes 
celles  de  la  tribu,  sont  en  pisé.  La  population  totale  de  ces  diverses  agglomérations 
peut  être  de  2000  âmes,  dont  200  Juifs  répartis  en  deux  mellahs.  Chaque  village  est 
entouré  d’arbres  fruitiers.  De  grands  jardins  occupent  le  fond  de  la  vallée,  où  l’on  ne 
bâtit  point,  de  peur  des  inondations. 

4  octobre. 


Gorge  d’où  sort  l’Ouad  el  Abid. 


Départ  à  5  heures  du  matin.  Un  homme  des  Ait  Atab  me  sert  de  zetat.  A  quelque 
distance  d’ici,  l’Ouad  el  Abid  s’enfonce  de  nou¬ 
veau  dans  une  gorge  profonde;  il  y  reste  en¬ 
fermé  jusqu’à  Tabia,  où  il  sort  de  l’Atlas  et 
entre  en  plaine.  Je  prends  un  chemin  qui  passe 
à  quelque  distance  de  la  rivière,  sur  un  petit 
plateau  couvert  de  cultures  et  semé  d’aman¬ 
diers;  des  tirremts  se  dressent  de  toutes  parts; 
de  grands  troupeaux  paissent  sur  les  côtes.  A 
10  heures,  je  reviens  sur  les  bords  de  l’Ouad  el 
Abid  au  lieu  même  où ,  débouchant  de  la  mon¬ 
tagne  par  une  brèche  sauvage,  il  s’élance  dans 
la  plaine.  Je  le  traverse  et  je  gagne  le  petit  village  de  Tabia,  situé  sur  sa  rive 
gauche.  Me  voici  en  blad  el  makhzen,  pour  la  première  fois  depuis  Meknâs.  En 
passant  la  rivière,  je  suis  entré  sur  le  territoire  des  Entifa,  tribu  soumise.  Ici,  plus 
de  zetat,  plus  d’escorte;  on  voyage  seul  en  sûreté  (1). 

Je  repars  donc  aussitôt  avec  un  simple  guide  pris  à  Tabia.  Laissant  l’Ouad  el  Abid 
prendre  sa  course  vers  le  nord-ouest,  je  me  maintiens  près  de  la  montagne.  C’est 
toujours  le  Moyen  Atlas;  j’en  longe  le  pied  par  une  succession  de  plateaux  bas  et 


Point  où  l’Ouad  el  Abid  sort  de  la  montagne  et  entre 
en  plaine.  (Vue  prise  de  Tabia.) 

Croquis  de  l’auteur. 


(1)  Il  n'en  est  plus  ainsi  maintenant.  Les  Entifa  se  sont  révoltés.  Voici  ce  qu’on  lit  à  leur  sujet  dans 
le  Réveil  du  Maroc  du  25  février  1885  :  «  A  Entifa,  le  gouverneur  s’est  vu  dans  la  nécessité  de  prendre 
la  fuite  à  la  suite  de  l'attaque  dont  il  a  été  l’objet  de  la  part  de  ses  administrés,  qui  ont  détruit  et  pillé  son 
château.  » 


76  RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 

de  côtes  douces  :  les  plateaux  ont  un  sol  sablonneux  ,  avec  des  pâturages  et  quelques 
cultures;  les  coteaux,  rocheux  (1)  et  nus  à  la  partie  supérieure,  sont  terreux  et  gar¬ 
nis  de  villages  et  de  jardins  à.  leur  pied.  Vers  3  heures,  j’atteins  une  bourgade  qui  sera 
mon  gîte,  Djemaaa  Entifa. 

Assez  nombreux  voyageurs  sur  la  route  pendant  cette  journée.  Point  d’autre  cours 
d’eau  que  l’Ouad  el  Abid;  au  gué  de  Tabia  où  je  l’ai  traversé,  il  avait  40  mètres 
de  large  et  70  centimètres  de  profondeur.  Toujours  même  lit  de  galets,  même  eau 
limpide  et  verte,  même  courant  impétueux.  Les  roches  au  pied  desquelles  il  coule  en 
sortant  de  l'Atlas  sont  de  grès,  comme  toutes  celles  de  sa  vallée  depuis  le  point  où 
j’y  suis  entré. 

Djemaaa  Entifa  ne  porte  point  ce  nom  à  cause  d’un  marché;  elle  en  possède  un, 
mais  qui  se  tient  le  lundi.  Le  village  se  compose  de  trois  groupes  d’habitations,  distri¬ 
bués  sur  les  deux  rives  d’un  ruisseau.  Des  jardins,  vraie  forêt  d’oliviers,  les  unissent 
et  les  entourent.  La  population  est  d’environ  1 500  habitants,  dont  200  Israélites.  Cette 
localité  fait  un  commerce  actif,  d’une  part  avec  Bezzou  et  Demnât,  de  l’autre  avec  les 
tribus  du  sud.  Non  loin  de  là  est  la  demeure  du  qaïd  des  Entifa.  La  juridiction  de  ce 
gouverneur  est  limitée  :  au  nord,  par  les  Srarna  et  l’Ouad  el  Abid;  à  l’est,  par 
l’Ouad  el  Abid  et  les  Ait  Messat;  au  sud,  par  les  Ait  b  Ougemmez  et  les  Ait  b  Ououlli; 
à  l’ouest,  par  la  province  de  Demnât  et  les  Srarna.  Elle  comprend,  outre  les  En¬ 
tifa,  Bezzou  au  nord,  les  Ait  Abbes  et  les  Ait  Bou  Harazen  au  sud-est. 


3°.  —  DES  ENTIFA  A  ZAOUIA  SIDI  REIIAL. 


5  octobre. 


Départ  à  5  heures  du  matin,  en  compagnie  d’une  caravane  de  cinq  à  six  person¬ 
nes;  le  pays  est  sùr;  on  est  en  blad  el  makhzen  :  point  d’escorte.  D’ici  à  Demnât,  je 
continuerai  à  cheminer  sur  les  premières  pentes  de  l’Atlas,  en  me  rapprochant  de 
plus  en  plus  de  son  pied.  Pendant  ce  trajet,  je  passerai  insensiblement  du  Moyen 
Atlas  au  grand  :  les  deux  chaînes  paraissent  se  rejoindre  à  la  trouée  de  la  Teççaout, 
où  serait  l’extrémité  de  la  première.  Ma  route  d’aujourd’hui  se  divise  en  deux  por¬ 
tions  distinctes  :  de  Djemaaa  Entifa  à  l’Ouad  Teççaout,  et  de  la  Teççaout  à  Demnât. 
Dans  la  première  partie,  le  pays  est  accidenté,  le  sol  pierreux,  quelquefois  rocheux; 
il  est  souvent  nu,  par  moments  garni  de  palmiers  nains  et  de  taçououts,  ou  boisé; 


(1)  Dans  ces  rochers,  on  aperçoit  de  loin  une  plante  curieuse  que ,  dans  le  cours  de  mon  voyage,  j’ai 
vue  en  quatre  endroits  :  là;  dans  les  escarpements  qui  dominent  le  village  d’Aït  Saïd  (Tâdla);  sur  les  pentes 
septentrionales  du  Petit  Atlas;  dans  les  territoires  des  Ilalen  et  des  Chtouka;  enfin  dans  les  falaises  des  Raha, 
au  bord  de  l’océan  Atlantique.  Cette  plante,  la  taçouout,  parait  ne  pousser  que  dans  les  lieux  rocheux. 


DE  QAÇBA  BENI  MELLAL  A  TIK1RT. 


77 


peu  d’eau;  cependant,  au  flanc  des  coteaux,  au  fond  des  ravins,  sur  les  sommets, 
s’élèvent  une  foule  de  villages,  entourés  de  grandes  plantations 'd’oliviers ,  avec  des 
haies  de  cactus  :  en  somme,  région  d’aspect  triste,  mais  fort  habitée.  A  9  heures  et 
demie,  j’arrive  au  bord  de  la  Teççaout  :  c’est  la  Teççaout  Fouqia,  appelée  aussi  Ouad 
Akhdeur  «  Rivière  Verte  ».  Elle  est  bien  nommée;  elle  coule  au  milieu  d’une  vé¬ 
gétation  merveilleuse,  à  l’ombre  de  grands  oliviers,  dans  une  vallée  couverte  de 
champs  et  de  vergers.  A  partir  de  la  Teççaout,  j’entre  dans  une  région  nouvelle  : 
accidents  de  terrain  moins  sensibles;  sol  terreux;  foule  de  ruisseaux;  nombreux 
villages;  à  chaque  instant  jardins  immenses,  à  végétation  superbe,  à  arbres  sécu¬ 
laires  :  c’est  au  travers  de  ce  beau  pays  que  je  parviens  à  Demnât.  J’entre  dans  la 
ville  à  midi  et  demi. 

Durant  toute  la  journée,  beaucoup  de  monde  sur  le  chemin.  Je  n’ai  point  traversé 
d’autre  cours  d’eau  important  que  l’Ouad  Teççaout  :  il  avait  15  mètres  de  large  et 
50  centimètres  de  profondeur;  eaux  'claires;  courant  rapide;  lit  [de  galets;  berges 
de  terre,  en  pente  douce,  de  1  mètre  à  lm,50  de  hauteur. 


6  et  7  octobre. 


Séjour  à  Demnât.  Cette  ville  est  le  siège  cl’un  qaïd  qui  gouverne  la  province  de 
Demnât;  celle-ci  a  pour  limites  :  au  nord,  les  Srarna;  à  l’est,  les  Entifa  et  les 
Aït  b  Ououlli;  au  sud,  les  pentes  supérieures  du  Grand  Atlas;  à  l’ouest,  les  Glaoua 


et  les  Zemrân. 

Demnât  est  entourée  d’une  enceinte  rectangulaire  de  murailles  crénelées,  garnies 
d’une  banquette  et  flanquées  de  tours;  le  tout  est  en  bon  état,  sans  brèches  ni 
portions  délabrées.  Trois  portes  donnent  entrée  dans  la  ville.  Demnât. 


s 

□  b 

JF 


La  qaçba  a  son  enceinte  à  part  et  est  bordée  de  fossés  ;  ceux-ci , 
les  seuls  que  j’aie  vus  au  Maroc,  ont  7  à  8  mètres  de  large  sur 
4  ou  5  de  profondeur  et  sont  en  partie  remplis  d’eau.  Au  mi¬ 
lieu  de  ce  réduit,  s’élèvent  la  mosquée  principale  et  la  maison  du 
qaïd.  Murailles,  qaçba,  mosquées,  maisons,  toutes  les  construc¬ 
tions  de  la  ville  sont  en  pisé  ;  rien  n’est  blanchi ,  sauf  la  demeure 
du  qaïd  et  le  minaret  qui  l’avoisine.  Le  reste  est  de  la  couleur 
brun  sombre  qui  distingue  les  habitations  depuis  Bon  el  Djad. 

L’intérieur  de  l’enceinte  est  aux  deux  tiers  couvert  de  maisons,  en  bon  état,  quoique 
mal  bâties.  Le  dernier  tiers  est  occupé  partie  par  des  cultures,  partie  par  la  place  du 
marché  :  point  de  terrains  vagues,  point  de  ruines;  en  somme,  air  prospère.  La  po¬ 
pulation  est  d’environ  3000  âmes,  dont  1  000  Israélites;  ceux-ci  n’ont  pas  de  mellali; 
ils  habitent  pêle-mêle  avec  les  Musulmans,  qui  les  traitent  avec  une  exceptionnelle 


1.  Enceinte  de  la  ville. 

2.  Enceinte  de  la  qaçba. 

3.  Demeure  du  qaïd. 

4.  Mosquée. 

5.  Mosquée. 

u.  Synagogue  principale. 

7.  Place  du  marché. 

8.  Vergers. 


78 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC., 


bonté.  Demnât  et  Sfrou  sont  les  deux  endroits  dn  Maroc  où  les  Juifs  sont  le  plus 
heureux.  Il  y  a  d’autres  rapprochements  à  faire  entre  ces  deux  villes,  dont  les  points 
de  ressemblance  frappent  l’esprit  :  même  situation  au  pied  de  l’Atlas,  à  la  porte 
du  Sahara;  population  égale,  et  composée  d’une  manière  semblable;  prospérité 
presque  pareille;  même  genre  de  trafic;  même  caractère  doux  et  poli  des  habitants; 
même  ceinture  d’immenses  et  superbes  jardins.  En  un  mot,  ce  que  Sfrou  est  à  Fàs, 
Demnât  l’est  à  Merrâkech. 

Le  commerce  de  Demnât  est  le  suivant  :  les  tribus  de  l’Atlas  et  du  Sahara  (Dâdes, 


Partie  occidentale  de  la  ville  et  des  jardins  de  Demnât.  (Vue  prise  de  la  synagogue  principale.) 

Croquis  de  l’auteur. 


Todra)  viennent  s’y  approvisionner  de  produits  européens  et  d’objets  fabriqués  dans 
les  villes  marocaines,  tels  que  cotonnades,  sucre,  thé,  parfumerie,  bijouterie,  bel- 
ras;  elles  y  cherchent  aussi  des  grains,  mais  en  petite  quantité  :  en  échange,  elles 
apportent  des  peaux,  des  laines  et  des  dattes,  que  les  habitants  de  Demnât  expédient 
à  Merrâkech.  Ce  commerce,  florissant  autrefois,  a  fait  la  richesse  de  la  ville  :  il  est 
en  décadence  depuis  quatre  ou  cinq  ans.  A  cette  époque,  le  sultan  envoya  un  amin 
d’une  rapacité  telle  que  le  trafic  ne  fut  plus  possible  :  tout  ce  qui  passait  les  portes 
de  la  cité  était,  quelle  qu’en  fût  la  provenance,  frappé  d’un  droit  arbitraire  si  élevé 
que  bientôt  les  tribus  voisines  et  les  caravanes  du  sud  désertèrent  ce  marché,  et  se 
portèrent  en  masse  sur  Merrâkech ,  où  elles  se  fournissent  à  présent. 

Demnât  est  entourée  de  toutes  parts  d’admirables  vergers,  les  plus  vastes  du  Maroc. 
Au  milieu  d’eux  sont  disséminés  une  foule  de  villages  se  touchant  presque,  qui  for¬ 
ment  comme  des  faubourgs  de  la  ville.  Ces  jardins  sont  renommés  au  loin;  leur 
fertilité,  leur  étendue,  la  saveur  et  l’abondance  de  leurs  fruits,  les  excellents  raisins 
qui  s’y  récoltent  sont  légendaires. 

Presque  contigus  aux  vergers  de  Demnât,  s’en  trouvent  d’autres  très  célèbres,  que 
nous  avons  traversés  en  venant  :  ceux  d’Aït  ou  Aoudanous.  Ils  rappellent  un  triste 
exemple  de  la  rapacité  du  sultan  et  de  la  malheureuse  condition  de  ses  sujets. 
Ces  jardins,  domaine  immense  et  merveilleux,  forêt  d’oliviers  séculaires  et  d’arbres 
fruitiers  de  toute  espèce,  arrosés  par  des  ruisseaux  innombrables,  appartenaient,  il  y 
a  quelques  années,  à  un  homme  fameux  par  ses  richesses  et  son  luxe,  Ben  Ali  ou  El 
Mahsoub,  dont  la  vaste  demeure  s’élève  encore  au  sommet  d’un  mamelon  qui  les 
domine.  Cette  fortune  énorme,  cette  ostentation,  ce  pouvoir,  portèrent  ombrage  au 


DE  QAÇBA  BENI  MELLAL  A  TIKIRT. 


79 


sultan.  Soit  pure  cupidité,  soit  crainte  de  l’influence  croissante  d’un  homme  aussi 
puissant,  il  le  fit  une  nuit  surprendre,  saisir,  emmener  :  on  le  jeta  en  prison  dans 
1  île  de  Mogador.  En  même  temps,  ses  biens  furent  confisqués  et  réunis  à  ceux  de  la 
couronne.  J’appris  plus  tard  à  Mogador  que  le  malheureux  Ben  Ali,  qu’on  y  con¬ 
naissait  sous  le  nom  d’El  Demnâti,  avait,  après  plusieurs  années  de  captivité,  obtenu 
sa  liberté  au  prix  de  tous  ses  biens.  Mais  il  n’en  jouit  pas.  Au  sortir  de  prison,  à  la 
porte  de  Mogador,  il  mourut. 


8  octobre. 

Départ,  à  8  heures  et  demie  du  matin.  D’ici  à  Zaouïa  Sidi  Reliai,  je  serai  encore 
en  blad  el  makhzen  ;  région  sûre  ;  un  guide  suffit.  La  route  longe  constamment 
la  lisière  d’une  vaste  plaine  qui  s’étend  au  pied  du  Grand  Atlas.  Sol  terreux  et 
uni.  A  gauche,  sont  les  premières  pentes  de  la  montagne,  pentes  assez  douces, 
partie  nues  ou  couvertes  de  palmiers  nains,  partie  boisées;  d’aucun  point  on  ne  dis¬ 
tingue  les  crêtes.  A  droite,  on  ne  voit  qu’une  immense  plaine  s’allongeant  à  perte 
de  vue  vers  l’ouest;  elle  est  bornée  à  l’est  par  les  masses  lointaines  et  grises  du 
Moyen  Atlas,  au  nord  par  les  collines  éloignées  des  Rhamna,  qui  séparent  les  bas¬ 
sins  de  l’Oumm  er  Rebia  et  de  la  Tensift.  Jusqu’à  la  Teççaout  Tahtia,  la  plaine  est 
couverte  de  pâturages,  et  une  foule  de  villages  entourés  de  bois  d’oliviers  la  sèment 
de  points  sombres;  ces  vastes  étendues  pleines  de  troupeaux,  ces  innombrables  oasis 
de  verdure,  forment  un  beau  tableau  de  paix  et  d’abondance.  A  partir  de  la  Teç¬ 
çaout,  les  oliviers  diminuent;  bientôt  ils  cessent  :  en  même  temps,  les  pâturages 
font  place  à  des  cultures.  A  6  heures  du  soir,  j’arrive  à  Zaouïa  Sidi  Reliai.  Au 
loin,  dans  le  disque  enflammé  du  soleil  couchant,  on  aperçoit  la  haute  tour  de 
Djama  el  Koutoubia,  mosquée  de  Merràkech. 

Durant  toute  la  journée,  beaucoup  de  monde  sur  la  route.  Un  seul  cours  d’eau 
important  :  l’Ouad  Teççaout  Tahtia  (eaux  claires  et  courantes  de  20  mètres  de  large 
et  de  30  à  40  centimètres  dé  profondeur,  coulant  sur  un  lit  de  galets  trois  fois  plus 
grand,  entre-deux  berges  rocheuses,  tantôt  à  1/1,  tantôt  à  1/2). 

Zaouïa  Sidi  Reliai  est  une  bourgade  du  territoire  des  Zemrân  ;  entourée  de  murs 
bas  sans  prétentions  militaires,  bâtie  en  pisé,  elle  a  environ  1000  habitants;  au  mi¬ 
lieu  s’élèvent  une  belle  qoubba,  où  reposent  les  restes  de  Sidi  Reliai,  et  une  zaouïa, 
où  vivent  les  marabouts  ses  descendants;  ces  derniers  sont  fort  vénérés  dans  le  pays  : 
de  toutes  les  tribus  voisines,  des  Zemrân,  des  Rhamna,  des  Srarna,  de  Demnât, 
de  Merràkech  même,  on  les  visite,  on  leur  apporte  des  offrandes.  En  dehors  de 
l’enceinte  musulmane,  formant  un  faubourg  isolé,  se  trouve  un  petit  mellah.  .Jar¬ 
dins  peu  étendus. 


80 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


40.  _  de  ZAOUIA  SIDI  REHAL  A  TI  Kl  RT. 


9  octobre. 

Quoique  blad  el  makhzen,  le  pays  n’est  pas  assez  sûr  pour  marcher  sans  zetat; 
mais  un  seul  homme  suffît.  Je  trouve  sans  peine  quelqu’un  pour  m’escorter.  Départ 
à  midi  et  demi.  Un  cours  d’eau  sort  ici  même  du  Grand  Atlas.  C’est  l’Ouad  Rdât.  Il 
prend  sa  source  au  sommet  de  la  chaîne,  à  la  dépression  considérable  appelée  Tizi 
n  Glaoui ,  et  en  descend  dans  une  direction  perpendiculaire  aux  crêtes  ;  cette  rivière 
trace  ainsi  une  route  courte  et  facile  pour  franchir  la  chaîne.  Je  m’y  engage.  Jusqu’au 
Tizi,  je  resterai  dans  le  bassin  de  l’ouad,  et  pendant  la  plus  grande  partie  du  trajet 
j’en  suivrai  le  cours.  De  Sidi  Reliai  aux  environs  de  Zarakten,  où  je  quitterai  la  vallée 
de  l’Ouad  Rdât,  celle-ci  présente  le  même  aspect  :  le  fond  n’en  a  jamais  plus  de 
100  mètres  de  large,  le  plus  souvent  il  a  beaucoup  moins;  les  flancs  sont  habi¬ 
tuellement  des  talus  boisés  à  1/1,  quelquefois  des  murailles  rocheuses  presque  à  pic. 
C’est  lorsque  les  pentes  de  ces  flancs  sont  les  plus  raides  que  le  fond  est  le  plus 
large,  lorsqu’elles  sont  les  plus  douces  qu’il  est  le  plus  étroit.  Tantôt  ce  dernier  est 
couvert  des  galets ,  des  blocs  de  roche  qui  forment  le  lit  de  la  rivière  :  dans  ces 
points  croissent,  entre  les  pierres,  des  lauriers-roses  et  des  pins;  ailleurs  il  y  a  un 
peu  de  terre  :  on  trouve  alors  des  jardins,  avec  des  figuiers  et  des  oliviers.  De  même 
pour  les  flancs.  Moitié  terre,  moitié  grès,  ils  sont  la  plupart  du  temps  escarpés  et 
couverts  de  forêts  où  se  mêlent  les  lentisques,  les  tiqqi,  les  teïda  et  les  teceft.  Mais 
aux  rares  endroits  où  les  côtes  sont  moins  abruptes,  on  rencontre  des  villages,  et  à 
leur  pied,  des  cultures  et  des  vergers.  Les  villages  sont  disposés  en  long  :  chacun 
forme  plusieurs  groupes,  échelonnés  dans  le  sens  de  la  vallée.  Les  plantations  s’é¬ 
tagent  au-dessous,  disposées  par  gradins;  de  petits  murs  retiennent  la  terre.  Les 
champs  sont  des  champs  d’orge  et  de  maïs;  des  figuiers,  des  grenadiers,  des  oli¬ 
viers,  de  la  vigne,  et  surtout  une  foule  de  noyers  les  ombragent  :  le  noyer  apparaît 
ici  pour  la  première  fois;  cet  arbre  abonde  sur  les  deux  versants  du  Grand  Atlas; 
je  ne  l’ai  pas  vu  ailleurs.  Telle  sera  la  vallée  de  l’Ouad  Rdât  jusque  auprès  de  Tag- 
mout,  où  je  la  quitterai.  Le  chemin  tantôt  en  suit  le  fond,  tantôt  serpente  sur  ses 
lianes;  il  est  presque  partout  raide  et  pénible,  difficile  en  peu  d’endroits.  Aujour¬ 
d’hui,  je  fais  une  étape  très  courte  :  je  m’arrête  à  Enzel,  village  de  600  habitants, 
où  je  passerai  la  nuit;  il  n’est  que  3  heures  lorsque  j’y  arrive. 

Durant  le  trajet,  beaucoup  de  monde  sur  la  route.  L’Ouad  Rdât  avait,  à  Zaouïa 
Sidi  Reliai,  6  mètres  de  large  et  20  centimètres  de  profondeur;  les  eaux  en  étaient 


DE  QAÇBA  BENI  MELLAL  A  T1KIRT. 


81 


claires  et  courantes,  légèrement  salées;  elles  coulaient  au  milieu  d’un  lit  de 
galets  de  60  mètres,  bordé  de  berges  de  terre  d’un  mètre.  Cette  rivière  est,  m’affirme- 
t-on  ,  un  affluent  de  la  Tensift  :  elle  s’y  jetterait  après  avoir  arrosé  le  territoire 
des  Zemrân  et  celui  des  Glaoua. 

Cette  dernière  tribu  est  celle  où  je  suis  entré  en  sortant  de  Zaouïa  Sidi  Reliai;  un 
qaïd  nommé  par  le  sultan  la  gouverne  ;  il  réside  à  Imaounin ,  dans  le  Telouet  :  son 
autorité  réelle  s’étend  sur  les  Glaoua  et  sur  le  Ouarzazat,  son  pays  natal;  son  pouvoir 
nominal  va  jusqu’aux  Ait  Zaïneb,  son  influence  jusqu’à  Tazenakht  et  jusqu’au 
Mezgîta.  La  première  seule  de  ces  trois  régions  est  considérée  comme  blad  el  rnakh- 
zen  ;  seule  elle  fournit  des  soldats  et  paie  l’impôt  :  les  deux  autres  sont  blad  es  siba. 
Cependant,  dans  la  seconde,  la  parole  du  qaïd  est  prise  en  considération;  mais 
à  condition  qu’il  ne  réclame  que  des  choses  faciles,  ne  [coûtant  rien  aux  habitants; 
il  ne  se  hasarderait  pas  à  leur  en  demander  d’autres ,  sachant  que  ce  serait 
provoquer  des  refus;  il  ne  se  mêle  en  aucune  façon  de  leur  administration, 
de  leurs  différends,  des  guerres  qu’ils  peuvent  se  faire  entre  eux;  mais  son 
anaïa  est  respectée  :  des  gens  de  sa  maison ,  esclaves  ou  mkhaznis ,  peuvent 
servir  de  zetats;  on  voyage  en  sûreté  sous  sa  protection.  11  n’en  est  plus  de  même 
dans  la  troisième  région  :  la  suprématie,  même  nominale,  du  sultan  n’y  est  pas 
reconnue;  tout  ce  que  peut  faire  le  qaïd  est  d’entretenir  des  rapports  d’amitié  avec 
les  chefs  des  deux  grandes  maisons  voisines,  les  cliikhs  de  Tazenakht  et  du  Mez¬ 
gîta.  11  ne  saurait  servir  de  zetat  sur  leurs  territoires,  mais  ses  lettres  assureraient 
un  bon  accueil  auprès  d’eux.  Au  delà,  ni  son  nom  ni  celui  du  makhzen  ne|  sont 
connus. 

Le  commerce  des  Glaoua  est  actif  :  il  consiste  presque  uniquement  en  l’échange 
des  grains  du  nord  contre  les  dattes  du  Dra.  Deux  marchés  dans  la  tribu  :  le  Tenîn  de 
Telouet  et  le  Ivhemîs  d’Enzel.  Les  Glaoua  sont  Imaziren  de  langue  comme  de  race, 
ainsi  que  toutes  les  tribus  que  je  verrai  dans  les  massifs  du  Grand  et  du  Petit  Atlas  : 
de  -Zaouïa  Sidi  Reliai  à  Tisint,  la  première  oasis  que  j’atteindrai,  il  n’y  a  pas  un  seul 
Arabe.  Ici  apparaît  pour  la  première  fois  un  vêtement  original ,  d’un  usage  uni¬ 
versel  chez  les  Glaoua,  dans  le  Dra,  dans  le  bassin  du  Sous,  dans  la  chaîne  du  Petit 
Atlas;  c’est  \e  khenif  :  qu’on  se  figure  une  sorte  de  bernous  court,  de  laine  teinte 
en  noir,  avec  une  large  tache  orange,  de  forme  ovale,  occupant  tout  le  bas  du  dos; 
cette  sorte  de  lune  si  étrangement  placée  est  tissée  dans  le  bernous  même,  et  les  bords 
en  sont  ornés  de  broderies  de  couleurs  variées;  le  bas  du  bernous  est  garni  d’une 
longue  frange,  le  capuchon  d’un  gros  gland  de  laine  noire.  La  plupart  des  hommes, 
enfants  et  veillards,  Musulmans  et  .Juifs,  portent  ce  vêtement;  les  autres  se  drapent 
dans  des  haïks  de  laine  blanche.  On  garde  le  sommet  de  la  tête  nu,  comme  dans 
le  reste  du  Maroc;  mais  la  bande,  large  ou  étroite,  qui  se  roule  d’habitude  à  1  en- 


HECONNAISSVNCE  AU  MAROC. 


Il 


82 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


tour ,  au  lieu  d’être  de  cotonnade  blanche ,  est  de  laine  noire.  Les  belras  se 
remplacent  fréquemment  par  des  sandales.  On  ne  voit  plus  de  sabres  qu’aux  cava¬ 
liers  :  ces  armes  sont  donc  peu  nombreuses,  les  chevaux  étant  rares  dans  le  Grand 
comme  dans  le  Petit  Atlas.  On  cesse  de  porter  la  poudre  dans  des  poires  :  on  la  met 
dans  des  cornes.  Ce  sont,  soit  des  cornes  naturelles  à  armatures  de  cuivre,  soit,  plus 
souvent,  des  cornes  en  cuivre  ciselé;  elles  ne  manquent  pas  de  grâce;  des  sachets 
de  cuir  pour  les  balles  s’y  attachent.  Ce  modèle,  en  usage  dès  les  premières  pentes 
septentrionales  du  Grand  Atlas,  est  le  seul  employé  dans  cette  chaîne  et  dans  tout 
le  sud  :  il  n’y  a  que  deux  exceptions;  nous  les  signalerons  plus  tard;  l’une  est  vers 
l’est,  dans  le  bassin  du  Ziz,  l’autre  vers  l’ouest,  dans  le  Sahel. 


10  octobre. 


D’Enzel  à  Tagmont,  je  suis  la  vallée  de  l’Ouad  Rdât,  telle  que  je  l’ai  décrite 
hier.  Parti  à  5  heures  du  matin,  j’arrive  à  11.  Chemin  faisant,  je  passe  auprès 
des  ruines  d’un  pont  attribué  par  les  uns  aux  Chrétiens,  par  les  autres  à  es 
Soultân  el  Akheul  :  on  cite  toujours  ces  deux  noms  au  Maroc  dès  qu’il  s’agit  d’ouvra¬ 
ges  dont  on  ne  connaît  pas  les  auteurs;  ce  pont,  dont  il  reste  quatre  arches  en  pierre, 
s’élève  sur  la  rivière  au  point  de  jonction  des  chemins  de  Merrâkech  et  de  Zaouïa 
Sidi  Reliai.  Il  me  parait  d’origine  musulmane.  Plusieurs  gros  villages  jalonnent  la 
route  :  les  deux  principaux  sont  Ifsfes  (600  habitants)  et  Zarakten  (800  habitants). 
L’Ouad  Ifraden ,  le  seul  que  je  traverse,  est  un  ruisseau  de  2  mètres  de  large;  les 

eaux  en  sont  salées,  comme 

Portion  orientale  du  Tizi  n  Glaoui.  ni 

Adrar  n  ni.  Tizi  n  Teiouet.  toutes  celles  des  environs  : 

les  flancs  mêmes  de  la  mon¬ 
tagne  sont  par  endroits 
blancs  de  sel.  Durant  cette 
matinée,  de  hauts  massifs 
ne  cessent  de  se  dresser  de 


Adrar  n  Iri  et  Tizi  n  Teiouet.  (Vue  prise  d’ifsfes.)  tOUS  CÔtés  ail-deSSUS  de  Ilia 

Croquis  de  l’auteur. 

tête  :  vers  le  sud,  au  mi¬ 
lieu  d’une  longue  crête,  j’aperçois  l’échancrure  du  Tizi  n  Teiouet  et,  à  sa  gauche, 
la  cime  rose  de  T  Adrar  n  Iri  dominant  toutes  les  autres.  Du  monde  passe  sur  le 
chemin.  Beaucoup  de  gibier;  quantité  énorme  de  perdreaux  :  tout  le  long  de  la 
route,  j’en  vois  courir  à  mes  pieds;  ils  se  lèvent  rarement;  on  ne  les  chasse  pas  : 
quand  les  habitants  veulent  en  manger,  ils  en  tuent  à  coups  de  pierres. 


DE  QAÇBA  BENI  MELLAL  A  TIKIRT. 


83 


II,  12 ,  13  octobre. 


Séjour  à  Tagmout.  Le  village  a  800  ou  900  habitants.  Situé  sur  le  bord  de  l’Ouad 
Adrar  n  Iri,  il  est  fractionné  en  plusieurs  groupes  qui  s’espacent  sur  les  pre- 


Portion  supérieure  de  Tagmout  et  vallée  de  l’Ouad  Adrar  n  Iri. 

(Les  parties  ombrées  sont  boisées.)  (Vue  prise  d’un  groupe  de  maisons  de  Tagmout  situé  en  aval.) 

Croquis  de  l’auteur. 


mières  pentes  du  flanc  gauche  de  la  vallée,  au  milieu  de  cultures  et  de  jardins  : 
ceux-ci  occupent  aussi  une  partie  du  fond,  qui  a  ici  60  mètres  de  large. 
Tagmout  compte  parmi  les  Ait  Roba  : 
cette  fraction  se  compose  de  tout  ce 
qui  habite  sur  le  cours  de  l’Ouad 
Adrar  n  Iri.  Zarakten  forme  une  autre 
fraction,  Enzel  une  autre  encore.  Les 
villages  de  ce  versant  sont  d’aspect 
misérable  :  les  maisons,  de  pierre  et  couvertes  en  terrasse,  sont  mal  bâties;  elles 
n’ont  qu’un  rez-de-chaussée,  parfois  à  demi  enfoncé  dans  le  sol. 


Adrar  n  iri.  (Vue  prise  de  Tagmout.) 
Croquis  de  l’auteur. 


14  octobre. 


Départ  à  6  heures  du  matin.  Un  zetat  m’escorte.  La  route  d’aujourd’hui  peut  se 
diviser  en  quatre  portions.  1°  De  Tagmout  à  Titoula  Tahtia  :  chemin  extrêmement 
difficile;  montées  très  raides  à  travers  les  pierres;  région  déserte;  sol  rocheux, 
tantôt  nu,  tantôt  boisé.  2°  De  Titoula  Tahtia  à  Titoula  Fouqia  :  on  retrouve  le  cours 
de  l’Ouad  Adrar  n  lri,  appelé  aussi  dans  cette  partie  Ouad  Titoula;  on  le  suit  :  les  pre¬ 
mières  pentes  et  le  fond  de  la  vallée  sont  couverts  de  villages  et  de  cultures;  orges 
et  maïs,  ombragés  de  noisetiers,  de  trembles,  surtout  de  noyers;  ce  fond  de  vallée 


84 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


a  peu  de  largeur  :  les  cultures  ne  s’étendent  en  tout  que  sur  quarante  mètres  ; 
au  milieu  d’elles  coule  le  ruisseau ,  qui  ne  cesse  pas  d’avoir  de  l’eau  :  les 
flancs  sont  en  pente  douce  au  pied,  escarpés  vers  le  sommet,  rocheux  partout;  plus 
on  avance,  plus  la  pierre  nue  apparaît,  plus  les  arbres  sont  clairsemés  :  chemin 


Adrar  n  lri. 


Porlion  orientale  du  Tizi  n  Glaoui. 
Tizi  n  Telouet. 


(Vue  prise  du  chemin  de  Tagmout  à  ce  col.) 
Croquis  de  l’auteur. 


Adrar  n  tri. 

(Les  parties  ombrées  sont  boisées.) 

(Vue  prise  du  chemin  de  Tagmout  au  col  de  Telouet.) 
Croquis  de  l’auteur. 


(Les  parties  ombrées  sont  boisées.) 

(Vue  prise  du  chemin  de  Tagmout  au  col  de  Telouet,  en  amont  d’Ider.) 
Croquis  de  l’auteur. 


facile.  3°  De  Titoula  Fouqia  au  col  Tizi  n  Telouet,  où  je  franchis  la  crête  supérieure 
du  Grand  Atlas:  l’eau  tarit  dans  l’ouad,  les  cultures  cessent,  les  habitations  ont  dis¬ 
paru  :  désert  de  pierre  :  de  tous  côtés  s’élèvent  de  hautes  montagnes  de  grès; 
plus  un  arbre,  plus  une  plante,  plus  un  brin  de  verdure;  tout  est  roche  :  le 
chemin,  sans  être  difficile,  est  très  raide  et  très  pénible;  on  monte  lentement  vers 
le  col.  Il  est  atteint  à  4  heures  du  soir.  Je  me  trouve  à  2(331  mètres  au-dessus 


DE  QAÇBA  BENI  MELLAL  A  TIKIRT. 


85 


du  niveau  de  la  mer.  Un  panorama  immense  s’étend  devant  mes  yeux.  Je  suis  frappé 
d’abord  de  l’aspect  montagneux  de  la  contrée  que  je  vais  aborder  :  ce  ne  sont  que 
chaînes  s’étageant  les  unes  derrière  les  autres  jusqu’au  bout  de  l’horizon;  puis  de 
son  air  triste  et  désolé  :  tout  est  nu;  tout  est  roc;  pas  un  grain  de  sable  ni  une  motte 
de  terre;  de  longues  côtes  jaunes,  des  croupes  d’un  rouge  sombre  se  succédant 


Vue  dans  la  direction  du  sud,  prise  du  col  de  Telouet. 
Croquis  de  l’auteur. 


à  l’infini,  immenses  solitudes  pierreuses,  c’est  tout  ce  que  distingue  l’œil  lorsqu’il  se 
tourne  vers  le  sud  du  haut  du  Grand  Atlas.  4°  J’entre  ici  dans  la  quatrième  portion 
démon  trajet  d’aujourd’hui  :  du  Tizi  n  Telouet  à  Ait  Baddou.  On  commence  par  une 
descente  raide  :  c’est  un  passage  dangereux,  comme  l’indique  son  nom  ,  Taou- 
rirt  n  Imakkeren ,  «  colline  des  brigands  »;  puis  on  débouche  dans  la  plaine  du 
Telouet;  sol  plat;  bonne  terre  couverte  de  cultures.  Je  m’arrête  à  6  heures  et  demie, 
près  de  son  extrémité  sud,  au  petit  village  d’Aït  Baddou. 

Peu  de  voyageurs  sur  la  route  pendant  cette  journée.  Le  Telouet  est  une  fraction 
des  Glaoua  :  il  comprend  un  certain  nombre  de  villages,  semés  les  uns  près  des  au- 


Col  de  Telouet,  plaine  du  Telouet  et  village  d’Aït  Baddou.  (Vue  prise  de  la  plaine  du  Telouet.) 

Croquis  de  l’auteur. 


très  dans  une  petite  plaine  fertile;  l’un  d’eux,  Imaounin  (1),  est  la  résidence  du  qaïd, 
el  Glaoui.  L’extérieur  des  constructions  annonce  la  prospérité  :  ce  ne  sont  plus  les 

(1)  Imaounin  porte  aussi  le  nom  de  Dar  el  Qaïd  et  celui  de  Dar  el  Glaoui.  Le  qaïd  des  Glaoua  n'est  point  héré- 


86 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


huttes  de  l’Ouad  Rdât;  maisons  hautes  et  bien  bâties.  Les  arbres  ne  sont  pas 
encore  nombreux  ;  on  en  voit  quelques-uns  auprès  des  habitations  :  ce  sont  des 
trembles,  des  figuiers,  des  noyers;  il  pousse  aussi  des  pieds  de  vigne.  Une  mul¬ 
titude  de  ruisseaux  descendant  de  la  crête  de  l’Atlas  arrosent  le  sol.  Quelque  riante 
que  soit  en  elle-même  cette  verte  plaine,  elle  est  entourée  de  toutes  parts  de 
montagnes  si  nues  et  si  désolées  que  son  aspect  en  est  attristé. 


15  octobre. 


Départ  à  7  heures  du  matin.  Je  rentre  en  blad  es  sîba  :  m’y  voici  pour  long¬ 
temps.  Ici  le  pays  ne  présente  pas  grands  dangers  :  un  homme  suffit  aujourd’hui 
comme  escorte.  En  quittant  Ait  Baddou ,  on  achève  de  traverser  la  plaine  du  Telouet. 
Puis  on  entre  dans  la  région  la  plus  désolée  qu’on  puisse  voir  :  tout  est  roche  :  au- 
dessus  de  la  tête,  on  ne  voit  que  murs  de  pierre;  aux  pieds,  ravins  aux  parois  de  grès 
sans  eau  ni  verdure;  les  lits  à  sec  sont  couverts  d’une  couche  de  sel;  nulle  part  la 
moindre  trace  de  terre  ni  de  végétation.  Après  trois  heures  de  marche  dans  cette 
triste  contrée,  je  débouche  tout  à  coup  dans  une  vallée  qui  forme  avec  elle  le  plus 
frappant  contraste  :  creusée  à  pic  au  milieu  de  l’immense  plateau  de  pierre  qui 
règne  à  l’entour,  elle  présente  un  aspect  aussi  riant,  aussi  gai  que  les  solitudes  qui 
la  bordent  sont  mornes  et  tristes.  Au  fond,  coule  un  torrent  dont  les  deux  rives  sont, 
sans  interruption,  garnies  de  jardins  et  de  cultures;  au  milieu  des  figuiers,  des 
oliviers,  des  noyers,  s’élèvent  en  foule  des  villages,  des  groupes  de  maisons,  des 
tirremts  :  tout  respire  la  richesse;  c’est  l’Ouad  Dra  qui  commence  :  sur  ses  rives 
seules,  et  sur  celles  des  deux  rivières  qui  le  forment,  je  trouverai  ces  constructions 
élégantes  et  pittoresques  qui  me  frapperont  désormais  :  tirremts  aux  gracieuses 
tourelles,  aux  terrasses  crénelées,  aux  balustrades  à  jour;  maisons  aux  murailles 
couvertes  de  dessins  et  de  moulures;  qçars  dont  les  enceintes,  du  pied  jusqu’au 
faite,  ne  sont  qu’arabesques  et  qu’ornements.  Dans  ces  belles  contrées,  même  la 
demeure  la  plus  pauvre  présente  l’aspect  du  bien-être.  Le  bas  des  bâtiments  est  en 
pierres  cimentées,  le  haut  en  pisé;  tout  est  construit  avec  soin,  tout  semble  neuf; 
point  d’habitation  qui  n’ait  un  premier  étage;  un  second  est  souvent  formé  par 
une  terrasse  couverte,  installée  au-dessus;  partout  bonnes  portes,  volets  façonnés 
et  ornés  comme  aux  maisons  des  villes;  toutefois  peu  de  demeures  sont  blan¬ 
chies  :  de  loin  en  loin,  quelque  zaouïa  ou  les  créneaux  d’une  tirremt;  le  reste 
a  la  teinte  brun-rouge  du  grès  et  du  pisé.  Les  jardins  et  les  cultures  sont  entre- 

ditaire;  il  est  nommé  par  le  sultan  et  change  fréquemment;  quel  qu’il  soit,  on  l’appelle  el  Glaoui.  C’est  un 
usage  général  au  Maroc  de  désigner  les  gouverneurs  du  nom  de  leurs  provinces;  on  dit  ainsi  :  el  Demnâti, 
el  Entifi ,  etc. 


TIGE  RT .  _  (  O  UAD  I  OU  N  IL  ) 


DE  QAÇBA  BENI  MELLAL  A  T  [Kl  BT. 


87 


tenus  avec  un  soin  extrême,  mais  ils  forment  une  bande  étroite  :  aux  endroits 
les  plus  larges,  ils  ont  60  mètres;  encore  ne  sont-ils  presque  jamais  en  sol  plat; 
ils  s’étagent,  les  terres  soutenues  par  des  revêtements  de  pierre,  des  deux  côtés 
de  la  rivière  :  celle-ci,  l’Ouad  lounil,  a  4  mètres  de  large,  un  courant  très  rapide, 
des  eaux  claires,  salées;  elles  coulent  sur  un  lit  de  gravier  de  10  mètres, 
blanc  de  sel  dans  les  portions  à  sec.  Les  flancs  de  la  vallée  sont  des  murailles  de 
grès  verticales,  creusées  sur  toute  leur  longueur  de  séries  continues  de  cavernes.  A 
ces  murailles  s’adossent  maisons  et  jardins;  dans  leur  flanc  est  taillé  le  sentier  que 
je  suis;  passage  difficile  :  le  chemin  n’a  nulle  part  plus  de  lm,50  de  large  :  la 
paroi  de  roc  d’un  côté,  le  précipice  de  l’autre.  Telle  est  cette  vallée,  telles  sont, 
me  dit-on,  toutes  celles  du  voisinage,  Ouad  el  Melli,  Ouad  Imini ,  Ouad  Iriri, 
étroits  sillons  où  se  concentrent  la  végétation  et  la  vie,  au  milieu  des  immenses  dé¬ 
serts  de  pierre  qui  forment  le  versant  sud  du  Grand  Atlas.  Je  ne  quitte  plus  l’Ouad 
lounil  jusqu’au  gîte  :  un  moment,  je  monte  sur  le  sommet  du  flanc  gauche;  un 
vaste  plateau  rocheux  s’y  offre  à  mes  yeux  :  il  s’étend  à  perte  de  vue;  le  thym  est  la 


Village  de  Tizgi  et  vallée  de  l’Ouad  lounil. 

(Vue  prise  en  amont  de  Tizgi,  à  mi-cOte  du  liane  gauche  de  la  vallée.) 
Croquis  de  l’auteur. 


seule  plante  qui  y  pousse;  les  gazelles  sont  les  seuls  êtres  animés  qui  y  vivent.  A 
3  heures,  je  m’arrête  à  Tizgi,  principal  village  du  district  de  ce  nom. 

Peu  de  voyageurs  aujourd’hui  sur  la  route.  J’ai  traversé  deux  cours  d’eau  :  l’Asif 
Marren,  appelé  aussi  Ouad  el  Melli  (lit  de  15  mètres  de  large,  à  sec);  l’Ouad  lounil 
(eaux  de  4  mètres  de  large  et  de  30  centimètres  de  profondeur;  courant  très  rapide). 

IG  et  17  octobre. 


Séjour  à  Tizgi.  J’ai  été  frappé, 
des  caractères  qui  distinguent  le 


à  mon  entrée  dans  la  vallée  de  l’Ouad  lounil,  d’un 
bassin  du  Dra  :  l’élégance  des  constructions;  j’en 


88 


RECONNAISSANCE  AC  MAROC. 


remarque  ici  un  autre,  plus  important  :  il  se  rapporte  à  la  race  qui  occupe  le 
pays.  Jusqu’à  présent,  je  n’avais  vu  que  des  Imaziren  blancs,  ceux  qu’on  appelle 
Chellaha ;  désormais,  une  bonne  partie  de  la  population  se  composera  d’Imaziren 
noirs  ou  bruns,  Haratîn.  Dans  tout  le  bassin  du  Dra,  je  les  trouverai  mêlés  aux 
Chellaha,  dans  une  proportion  d’autant  plus  grande  que  j’avancerai  davantage  vers 
le  sud  :  dans  la  vallée  même  de  ce  fleuve,  ils  sont  si  nombreux  que  le  nom  de 
Draoui  y  est  synonyme  de  celui  de  Hartâni;  sur  ses  affluents,  ils  existent  aussi 
en  grande  quantité  :  c’est  dans  ce  bassin  qu’ils  semblent  s’être  concentrés;  il 
n’y  en  a  point  dans  celui  du  Sous,  très  peu  dans  celui  du  Ziz.  Ils  présentent  les  types 
les  plus  variés  :  on  en  voit  qu’on  confondrait  avec  des  nègres  du  Soudan;  d’autres 
ont  la  couleur  des  noirs,  et  les  traits  des  Européens;  ou  bien  les  grosses  lèvres  et  le 
nez  épaté  des  premiers,  avec  la  peau  blanche  :  certains  sont  dits  Haratîn,  qui,  pour 
un  étranger,  ne  présentent  aucune  différence  avec  les  Chellaha.  Les  physionomies 
des  individus  étant  aussi  diverses,  il  est  difficile  d’assigner  des  caractères  dis¬ 
tinctifs  à  la  race  :  on  peut  dire  seulement  qu’une  couleur  café  au  lait  foncé  avec  des 
traits  presque  européens  sont  ce  qu’on  rencontre  le  plus  souvent.  Les  Haratîn  se  con¬ 
sidèrent  comme  Imaziren  au  même  titre  que  les  Chellaha  :  ils  sont  mélangés  avec 
eux  dans  le  fractionnement  par  tribus;  ils  appartiennent  comme  eux  aux  Seketâna 
ou  aux  Gezoula,  grandes  familles  qui,  à  elles  deux,  comprennent  toutes  les  tribus 
entre  Sous  et  Dra  et  une  partie  de  celles  du  Sous.  Malgré  cette  égalité  politique, 
malgré  cette  communauté  d’origine  reconnue,  les  Chellaha  se  regardent  comme 
supérieurs  aux  Haratîn,  et  ceux-ci  ont  le  sentiment  de  l’infériorité.  Ils  cherchent  à 
se  relever  en  épousant  des  femmes  de  couleur  claire.  «  Parle-t-on  mariage?  dit  un 
proverbe,  l’Arabe  demande  :  Est-elle  de  bonne  maison?  le  Chleuh,  est-elle  riche? 
le  Hartâni,  est-elle  blanche?  » 

18  octobre. 


Départ  à  10  heures  et  demie.  De  Tizgi  à  Tikirt,  on  ne  cesse  de  suivre  le  cours  de 
l’Ouad  Iounil  ;  une  bonne  partie  du  chemin,  c’est  dans  son  lit  même  que  l’on  marche  : 
ce  dernier  a  ici  15  à  20  mètres  de  large;  la  rivière  y  coule,  tantôt  en  une  seule  masse 
de  5  mètres  de  large  et  de  30  centimètres  de  profondeur,  tantôt  y  formant  plusieurs 
bras,  tantôt  l'inondant  presque  en  entier  et  étant  alors  très  peu  profonde.  Depuis  sa 
source  jusqu’à  son  confluent  avec  l’Ouad  Infini,  elle  a,  quelle  que  soit  sa  force,  cette 
même  manière  irrégulière  de  couler.  D’ici  à  Tikirt,  sa  vallée  peut  se  diviser  en  deux 
portions  :  l’une  jusqu’à  son  confluent  avec  l’Asif  Marren ,  l’autre  au  delà.  Dans  la 
première,  le  fond  reste  ce  qu’il  était  au-dessus  de  Tizgi,  large  de  50  à  60  mètres, 
couvert  de  cultures,  ombragé  de  beaucoup  d’arbres.  Les  deux  flancs  sont  toujours  de 


DE  QAÇBA  BENI  MELLAL  A  TIKIRT. 


89 


grès  rouge  et  très  hauts  :  cependant  ce  ne  sont  plus  des  murailles  perpendiculaires, 
si  ce  n’est  à  leur  partie  supérieure,  où  se  voient  des  cavernes;  le  pied  est  à  2/1  d’a¬ 
bord,  puis  à  1/1.  Les  flancs  n’avaient,  de  Tiourassinà  Tizgi,  livré  passage  à  aucun 
affluent.  Dans  cette  nouvelle  région,  ils  laissent  accès  à  plusieurs;  ce  sont  autant  de 
points  où  la  vallée  s’élargit  et  où  les  jardins  s’étendent.  A  1  heure  et  demie,  j’atteins 
Tamdakht,  village  en  face  duquel  l’Asif  Marren  se  jette  dans  l’Ouad  Iounil.  La  vallée 
change  d’aspect  :  le  fond  s’agrandit  et  prend  une  largeur  de  300  mètres  :  il  est  cou¬ 
vert  de  cultures;  les  cultures  qu’on  voit  d’ici  à  Tikirt  n’ont  aucune  ressemblance 
avec  celles  d’auparavant  :  jusqu’à  présent,  une  foule  d’arbres  ombrageaient  les 
champs;  désormais  on  n’en  verra  plus,  excepté  aux  abords  des  villages;  encore 
y  sont-ils  peu  nombreux  et  parfois  manquent-ils.  La  rivière  coule  dans  un  lit  de 
40  mètres  de  large,  moitié  vase,  moitié  galets,  dont  l’eau  n’occupe  qu’une  faible 
partie.  Les  flancs,  tout  en  restant  rocheux,  s’abaissent  peu  à  peu,  le  droit  surtout; 
il  diminue  graduellement,  et  disparaît  à  quelque  distance  de  Tikirt.  Le  flanc  gauche 
conserve  une  hauteur  minima  de  150  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  vallée, 
mais  ses  pentes  deviennent  de  plus  en  plus  douces;  sa  couleur  change  :  il  n’a  plus 
le  rose  ou  le  rouge  du  grès,  mais  une  teinte  blanche  qu’il  gardera  jusque  auprès 
de  Tikirt;  là,  variant  de  nouveau,  il  deviendra  noir  et  luisant  :  à  partir  d’ici,  plus 
de  cavernes.  En  face  de  Tikirt,  s’étend  une  plaine  triangulaire  où  confluent  les 
ouads  Iounil  et  Imini;  très  plate,  à  sol  de  vase  desséchée,  elle  se  cultive  en  automne 
et  est  inondée  en  hiver.  A  l’extrémité  de  la  plaine,  un  étroit  kheneg,  se  creusant 
entre  les  roches  noires  des  montagnes,  donne  passage  à  la  rivière.  Un  peu  plus 


Tazentoul. 


Djeltel  Anremer  el  village  de  Tazentout.  (Vue  prise  du  mellah  de  Tikirt.) 
Croquis  de  l’auteur. 


haut,  un  spectacle  nouveau  réjouit  mes  yeux  :  un  bois  de  palmiers  entoure  le  village 
de  Tazentout;  c’est  le  premier  que  je  voie  :  on  approche  du  Sahara.  A  5  heures, 
je  parviens  à  Tikirt,  où  je  m’arrête. 

Peu  de  voyageurs  sur  le  chemin,  quoique  le  pays  soit  très  habité.  L’Ouad  Imini, 
que  j’ai  traversé  avant  d’arriver,  a  9  mètres  de  large  et  30  centimètres  de  profon¬ 
deur;  peu  de  courant;  il  coule  au  milieu  d’un  lit  de  gros  galets,  large  d’environ 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC.  12 


90 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


700  mètres.  Cette  rivière  est  moins  considérable  comme  volume  d’eau  que  l’Ouad 
Iounil,  qui,  deux  heures  plus  haut,  avait,  avec  un  courant  très  rapide,  la  même  pro¬ 
fondeur  que  lui  et  une  largeur  de  10  mètres. 


5°.  —  SÉJOUR  A  TIKIRT. 


Parmi  les  pays  indépendants,  ceux  du  sud  du  Grand  Atlas  présentent,  en  leur  or¬ 
ganisation  sociale,  des  différences  avec  ceux  du  nord.  Dans  ceux-ci,  une  seule 
unité,  la  tribu;  un  seul  état  social,  l’état  démocratique;  aucun  lien  n’unit  les  tri¬ 
bus  entre  elles.  La  tribu  est  une  grande  famille  avec  ses  subdivisions  naturelles, 
tente  ou  maison,  douar  ou  village,  groupe  de  plusieurs  centres  habités,  et  ainsi  de 
suite;  le  fractionnement  est  d’autant  plus  grand  que  la  tribu  est  plus  nombreuse. 
Chaque  groupe  se  gouverne  à  part  comme  bon  lui  semble,  au  moyen  d’une  assemblée 
où  chaque  famille  est  représentée,  djemaaa  en  arabe,  anfaliz  en  tamazirt.  Quelques 
hommes  y  ont  souvent  la  prépondérance,  mais  sans  titre  ni  droit  reconnu.  Les 
affaires  concernant  la  tribu  entière  se  règlent  d’après  le  même  principe;  les  petites 
tribus  réunissent  tous  leurs  membres  pour  délibérer;  dans  les  grandes,  telles  que  les 
Zaïan,  les  Béni  Zemmour,  les  Smâla,  où  les  premières  fractions  sont  elles-mêmes 
nombreuses  et  souvent  peu  unies  entre  elles,  ces  fractions  se  concertent  et  se  décident 
séparément,  s’inquiétant  ou  ne  s’inquiétant  pas  du  parti  pris  par  les  autres.  Dans 
certaines  tribus,  telles  que  les  Ait  Atab,  les  Ait  Bou  Zid,  il  y  a  des  qcinoun,  codes  de 
lois,  auxquels  les  habitants  sont  tenus  de  se  soumettre,  et  que  l’assemblée  générale 
fait  respecter.  Chez  la  plupart,  cela  n’existe  pas;  les  assemblées  ne  s’occupent  point 
des  particuliers;  tout  leur  est  permis  :  s’il  s’élève  des  différends,  soit  entre  familles, 
soit  entre  fractions,  elles  les  tranchent  entre  elles  à  coups  de  fusil.  Ici,  avec 
la  liberté  entière,  la  division  à  l’infini,  la  désunion  complète;  là,  avec  un  peu  plus 
d’ordre  et  d’unité,  c’est  toujours  la  démocratie  absolue.  Les  différentes  tribus  n’ont 
d’autres  relations  que  les  guerres  et  les  alliances  qu’elles  font  momentanément 
entre  elles. 

Au  sud  du  Grand  Atlas,  nous  trouvons  trois  unités  :  la  tribu,  le  village,  le  district; 
deux  liens  entre  elles,  la  confédération  et  le  vasselage;  deux  états  sociaux,  le  gou¬ 
vernement  par  des  chefs  héréditaires  et  le  régime  démocratique.  La  tribu  se  rencontre 
et  parmi  les  Imaziren  et  parmi  les  Arabes,  avec  son  fractionnement  naturel,  le  même 
en  tous  lieux  :  tels  sont  les  Zenâga,  les  Aït  Jellal,  les  Aït  Seddrât,  les  Berâber. 
A  côté  d’elle  se  trouvent  des  villages  isolés,  sans  aucun  lien  entre  eux;  ils  sont  ha¬ 
bités,  les  uns  par  un  mélange  de  Chellaha  et  de  Haratîn,  d’autres  par  des  membres 


DE  QAÇBA  BENI  MELLAL  A  TIKIUT. 


91 


de  tribus  diverses,  d’autres  par  des  cherifs  ou  des  marabouts.  Parmi  ces  villages, 
quelques-uns  restent  isolés,  comme  Qaçba  el  Djoua,  llir;  la  plupart,  pour  résister 
aux  invasions  des  tribus  voisines,  s’unissent  entre  eux  par  groupes  d’un  certain  nom¬ 
bre;  ils  forment  ainsi  ce  que  nous  appellerons  des  districts  :  tels  sont  Arba  Mia,  Tiz- 
gi,  Ouad  Noun  ,  Tisint.  Tribus,  villages  isolés  et  districts  s’unissent  entre  eux 
par  deux  sortes  de  liens.  Le  premier  est  la  confédération;  elle  est  formée  de  la  col¬ 
lection  de  plusieurs  de  ces  unités,  quelles  qu’elles  soient,  groupées  pour  former  une 
masse  plus  compacte  :  telle  est  la  confédération  du  Dades,  tels  sont  les  nom¬ 
breuses  tribus  et  les  qcars  confédérés  avec  les  Ait  Amer.  Inutile  de  dire  que  ces  con¬ 
fédérations  sont  soumises  à  des  changements  :  tantôt  un  groupe  s’en  détache,  tantôt 
un  autre  s’y  joint.  Le  second  lien  dont  nous  avons  parlé  est  une  sorte  de  vasselage  : 
des  tribus,  des  districts,  se  déclarent  vassaux  soit  d’un  chef,  soit  d’une  tribu  plus  puis¬ 
sante  (1)  :  les  vassaux  sont  tenus  à  une  redevance  annuelle,  le  suzerain  s’engage  en 
retour  à  respecter  leurs  personnes  et  leurs  biens;  là  se  bornent  les  obligations  mu¬ 
tuelles  :  c’est  ainsi  que  Tisint,  Tatta,  sont  vassaux  des  Ida  ou  Blal,  que  ceux-ci  le  sont 
des  Berâber. 

Tribus,  districts,  villages,  vivent  les  uns  sous  le  régime^despotique,  les  autres  sous 
le  régime  démocratique;  les  premiers  sont  gouvernés  par  des  familles  où  le  pouvoir 
suprême,  avec  le  titre  de  chikh  (2),  est  héréditaire  :  tels  sont  les  Ait  Amer,  les  Zenâga, 
le  Mezgîta.  L’autorité  de  ces  chikhs  n’est  pas  lourde  pour  leurs  sujets;  parents 
plus  ou  moins  proches  d’un  grand  nombre  d’entre  eux,  force  leur  est  de  ménager  ces 
alliés  naturels;  d’ailleurs  il  est  de  leur  intérêt  de  n’indisposer  personne;  ils  lais¬ 
sent  à  leurs  administrés  grande  liberté  et  ne  leur  demandent  que  trois  choses  : 
payer  une  légère  redevance,  les  suivre  quand  ils  font  la  guerre,  ne  pas  trop  se  battre, 
se  piller  ni  se  voler  entre  eux  :  ce  n’est  permis  qu’avec  les  étrangers.  Pour  le  reste, 
licence  complète.  Tel  est,  dans  le  sud  du  Maroc,  ce  que,  faute  d’autre  nom,  j’appelle 
le  régime  despotique. 

Quant  au  régime  démocratique,  les  tribus  ou  districts  qui  l’ont  adopté  le  possèdent 
avec  les  nuances  les  plus  diverses.  Chez  les  uns,  tels  que  les  Ilalen,  les  Iberqaqen, 
règne  le  système  établi  dans  le  nord  :  tribus,  fractions,  villages,  se  gouvernent 
par  l’assemblée  de  tous  leurs  membres.  Ailleurs,  comme  dans  les  qçars  de  Tisint, 
de  Tatta,  l’assemblée  garde  entre  ses  mains  la  puissance  souveraine  et  confie 
le  pouvoir  exécutif  à  un  chikh  quelle  élit;  quelquefois  elle  laisse  ce  titre  long¬ 
temps  dans  la  même  maison,  quelquefois  elle  le  porte  sans  cesse  de  l’une  à  1  au¬ 
tre.  Certaines  tribus,  telles  que  les  Ida  ou  Blal,  les  Ait  ou  Mrîbet,  les  Isaffen ,  se 


1)  Cet  acte  de  vasselage  est  la  debiha,  dont  nous  parlerons  en  détail  plus  loin. 
(2)  Chikh  en  arabe,  amrar  en  tamazirt. 


92 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


divisent  en  fractions  ayant  chacune  à  leur  tète  une  famille  où  la  dignité  de  chikh  est 
héréditaire;  tantôt  le  pouvoir  de  ces  chefs  est  assez  grand,  comme  chez  les  Ait  ou 
Mrîbet  et  les  ïsaffen;  tantôt,  comme  chez  les  Ida  ou  filai .  leur  seule  prérogative  est 
de  conduire  leurs  frères  dans  les  combats.  Enfin  il  y  a  un  dernier  système,  spécial 
aux  Berâber,  aux  Ait  Seddrât  et  aux  Imerrân  :  c’est,  celui  des  chikh  el  aam ,  «  chikhs 
nommés  pour  un  an  »  ;  les  tribus  se  gouvernent  au  moyen  d’assemblées ,  mais  dans 
chaque  fraction,  chaque  district,  le  pouvoir  exécutif  est  entre  les  mains  d’un  chikh 
qu’on  élit  chaque  année. 

S’il  existe  dans  ces  régions  une  organisation  politique  plus  complète  que  dans  le 
nord,  il  ne  faudrait  pas  en  conclure  qu’il  y  règne  beaucoup  plus  d’ordre;  l’admi¬ 
nistration  intérieure  de  chaque  village  se  fait  assez  régulièrement,  mais  c’est  tout; 
de  tribu  à  tribu,  de  fraction  à  fraction,  de  district  à  district,  de  village  à  village,  les 
guerres  sont  continuelles;  trois  motifs  en  produisent  la  plupart  :  entre  sédentaires, 
les  contestations  au  sujet  des  eaux  et  des  canaux;  entre  nomades,  le  pillage  injuste 
de  vassaux  que  l’honneur  commande  de  venger;  entre  sédentaires  et  nomades,  la 
cupidité  de  ceux-ci,  qui  les  porte  à  attaquer  les  premiers  pour  les  dépouiller.  Je  n’ai 
pas  été  dans  une  seule  région  au  sud  de  l’Atlas,  sans  y  trouver,  pour  une  de  ces 
trois  causes,  la  guerre,  soit  intestine,  soit  avec  des  voisins. 

Les  divers  territoires  que  j’ai  traversés  depuis  les  Glaoua,  Assaka,  Tizgi,  Aït 
Zaïneb ,  appartiennent  ,  les  premiers  à  des  districts  isolés,  le  dernier  à  une  petite 
tribu.  Les  uns  et  les  autres  sont  indépendants  de  fait,  mais  reconnaissent  la  suze¬ 
raineté  du  sultan.  Les  marques  de  soumission  qu’ils  lui  donnent  se  bornent  à  l’envoi 
annuel  au  Glaoui  d’un  présent  dont  la  valeur  varie  entre  50  et  200  francs;  de  plus, 
si  l’on  prend  des  voleurs,  on  les  expédie  à  lmaounin.  L’ Assaka,  le  Tizgi,  se  gou¬ 
vernent  par  leurs  assemblées,  anfaliz.  Les  Aït  Zaïneb  ont  un  chikh  héréditaire, 
Chikh  Mohammed,  qui  réside  à  Tikirt;  il  ne  domine  que  sur  une  partie  de  sa  tribu, 
celle  qui  est  à  l’est  d’Imzouren;  le  reste,  Imzouren,  Tizgzaouin,  Tadoula,  s’est  de¬ 
puis  peu  rangé  volontairement  sous  la  domination  du  chikh  de  Tazenakht,  ez 
Zanifi  :  cela  s’est  fait  sans  guerre;  la  bonne  intelligence  des  deux  chefs  n’a  pas  été 
troublée. 

Ici  le  tamazirt  est  non  seulement  la  langue  générale,  c’est  presque  la  langue 
unique  :  à  peine  si  un  homme  sur  cinq,  une  femme  sur  vingt,  savent  l’arabe. 

Le  [costume  est  le  même  qu’à  l’entrée  des  Glaoua;  mais  les  femmes,  qui  dans  le 
nord  portaient  peu  de  bijoux,  en  ont  une  foule  et,  en  outre,  se  peignent  la  figure. 
Jusqu’ici  un  fil  de  verroteries  mêlées  de  grains  de  corail  et  de  pièces  d’argent  sus¬ 
pendu  au  cou,  un  second  placé  dans  les  cheveux,  étaient  leurs  seuls  ornements. 
Désormais  elles  se  couvriront  d’énormes  colliers  d’ambre  et  de  corail,  de  bracelets,  de 
broches,  de  diadèmes,  de  pendants  d’oreilles  et  d’autres  volumineuses  parures  d’argent. 


DE  QAÇBA  BENI  MELLAL  A  TI  El  RT. 


93 


Dans  le  Grand  Atlas,  nous  avons  trouvé  le  lait  et  le  miel  en  abondance.  Ici 
il  en  a  été  de  même;  plus  loin,  ces  deux  choses  seront  rares.  On  cesse  de  pouvoir 
se  procurer  du  savon  au  sud  de  Tikirt;  jusqu’ici  on  en  fabriquait  dans  toutes  les 
bourgades  de  quelque  importance  :  c’était  une  spécialité  lucrative  des  Juifs;  au  delà 
des  Aït  Zaïneb,  il  ne  s’en  fait  plus,  il  ne  s’en  vend  plus  sur  les  marchés.  Pour  laver 
les  vêtements,  on  se  sert  de  certaines  herbes;  le  blanchissage  ainsi  obtenu  est 
médiocre. 

Je  profite  de  mon  séjour  à  Tikirt  pour  aller  visiter  les  ruines  de  Tasgedlt, 
célèbres  dans  le  pays  et  objet  de  mille  légendes.  Elles  se  composent  d’une  enceinte 
presque  carrée,  jadis  garnie  détours  sur  tout  son  développement.  Les  murailles, 
épaisses,  ont  dû  être  en  maçonnerie  à  la  base,  en  pisé  dans  le  haut.  Il  en  reste  peu 
de  chose  :  une  partie  des  murs  s’est  écroulée;  le  reste,  très  écrêté, 
tombe  chaque  jour  davantage.  La  partie  sud  est  la  mieux  con¬ 
servée;  on  y  voit  7  ou  8  tours  ayant  encore  3  à  4  mètres.  A  l’in¬ 
térieur  de  l’enceinte,  s’élèvent  des  monceaux  de  pierres  ne  pré¬ 
sentant  que  des  débris  informes.  La  forteresse  est  construite 
en  amphithéâtre  sur  une  côte  rocheuse,  d’une  pente  de  1/2,  dont 
elle  couvre  toute  la  hauteur;  dans  sa  portion  nord,  cette  côte 
se  transforme  brusquement  en  une  muraille  verticale  où  s’ouvrent  les  bouches  de 
plusieurs  cavernes.  Une  ancienne  citadelle,  des  cavernes,  voilà  plus  qu’il  n’en  faut 
aux  habitants  pour  voir  ici  une  trace  du  passage  des  Chrétiens.  D’ailleurs  l’histoire 
n’est-elle  pas  là  pour  prouver  la  vérité  de  cette  opinion,  histoire  écrite  en  des  livres 
qu’on  n’a  pas  pu  me  montrer,  mais  dont  le  contenu  est  dans  la  mémoire  de  chacun. 
Naguère,  il  y  a  bien  des  siècles,  trois  princesses,  filles  d’un  roi  chrétien,  régnaient 
sur  ces  contrées  :  l’une,  Doula  bent  Ouâd,  résidait  en  cette  forteresse  de  Tasgedlt; 


Ruines  de  Tasgedlt.  (Vue  d’ensemble,  prise  du  lil  de  l’Ouad  Tidili.) 
Croquis  de  l’auteur. 


une  autre,  Zelfa  bent  Ouâd,  en  habitait  une  semblable,  sur  les  bords  de  l’Asif  Marren, 
près  de  Teççaïout;  la  troisième,  Stouka  bent  Ouâd,  une  semblable  encore  à  Tas- 


94 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


koukt,  sur  l’Ouad  Imini  :  en  ces  trois  lieux  se  voient  des  ruines  pareilles.  Les  Musul¬ 
mans  firent  longtemps  la  guerre  aux  trois  princesses  chrétiennes  et  finirent  par  les 


Ancienne  porte  à  l’angle  nord  de  l’enceinte  de  Tasgedlt.  (Vue  prise  du  nord-ouest.) 

Croquis  de  l’auteur. 


chasser.  Il  est  plus  probable  que  les  trois  qaçbas  sont  l’œuvre  d’un  même  sultan, 
celui  sans  doute  qui  construisit  le  pont  de  l’Ouad  Rdât. 

Dans  cette  excursion,  je  passe  auprès  du  confluent  des  ouads  Iriri  et  Imini;  ils  se 
réunissent  dans  une  plaine  triangulaire  semblable  à  celle  de  Tikirt  :  même 
sol  vaseux,  bas  et  plat,  couvert  de  cultures,  et  en  hiver  inondé;  pas  d’arbres,  si  ce 


Tazentout.  O.  Idermi.  Tikirt.  El  Mellah.  Ait  Bou  Mhind. 


Plaine  où  s’unissent  les  ouads  lounil,  Iriri  et  Tidili.  (Vue  prise  du  chemin  de  Tizgzaouin  à  Imzouren.) 

Croquis  de  l’auteur. 

n'est  quelques-uns  auprès  des  villages;  champs  d’orge,  de  blé,  surtout  de  maïs. 
On  laboure  avec  des  charrues  à  soc  de  fer,  traînées  par  des  bœufs  ;  ces  derniers  sont 
assez  nombreux  dans  le  pays,  ainsi  que  les  moutons  et  les  chèvres  ;  depuis  le  Telouet, 
on  voit  quelques  chameaux.  L’Ouad  Imini,  au-dessous  du  confluent,  a  peu  d'eau, 
lm,50,  avec  40  centimètres  de  profondeur  :  ce  mince  filet  court  au  milieu  d’un  lit  de 
gros  galets  mesurant  plus  de  500  mètres  d’une  rive  à  l’autre.  Plus  haut,  en  face 
de  Tasgedlt,  la  même  rivière  a  200  mètres  de  large  et  est  à  sec,  non  par  manque 


DE  QAÇBA  BENI  MELLAL  A  TIEDIT. 


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* 


d’eau,  mais  parce  que  les  habitants  la  font  dériver  pour  arroser  leurs  plantations; 
si  je  n’en  rencontre  pas  dans  l’ouad.  je  traverse  plusieurs  larges  conduites  où  elle 
coule  à  pleins  bords.  Chaque  tribu,  chaque  village,  a  droit  à  une  quantité  d’eau 
déterminée;  des  traités,  des  qanouns  la  règlent.  Les  canaux  sont  une  source  de 
contestations  et  de  querelles  fréquentes  entre  villages  et  entre  fractions.  Ces  démê¬ 
lés  se  vident  comme  ils  se  vident  tous,  par  la  poudre  :  en  ce  moment ,  les  gens  de 
l’imini  et  les  Aït  Touaïa  sont  en  hostilités  avec  les  Aït  Zaïneb  pour  ce  motif.  Rare¬ 
ment  ces  guerres  sont  meurtrières;  elles  se  bornent  la  plupart  du  temps  à  quelques 
coups  de  fusil  échangés  à  la  frontière. 


6°.  —  ADRAR  N  DEREN  ET  SIROUA. 

«  Les  montagnes  tournent  tout  autour  de  notre  pays,  »  disent  les  habitants  de 
Tikirt.  En  effet,  de  quelque  côté  qu’on  jette  les  yeux,  on  ne  voit  que  massifs  sombres. 
Au  sud  et  à  l’est,  ce  sont  les  flancs  des  ouads  Iounil  d’une  part,  Imini  et  Idermi  de 
l’autre,  talus  rocheux  de  150  à  200  mètres  de  haut,  que  nous  avons  décrits.  Au 
nord  et  à  l’ouest,  ce  sont  de  très  hautes  crêtes,  la  plupart  couvertes  de  neige,  se 
perdant  dans  les  nuages.  On  distingue  de  Tikirt  plusieurs  sommets  remarquables 
et  plusieurs  cols  :  Djebel  Anremer,  Tizi  n  Telouet,  Tizi  n  Tichka,  Tizi  n  Tamanat, 
Djebel  Tidili,  Djebel  Siroua.  Les  premiers  appartiennent  à  la  chaîne  du  Grand  Atlas, 
qu’on  appelle  ici  Adrar  n  Deren  (1);  quant  au  Siroua,  c’est  le  pic  culminant  d’un 
massif  qui  s’élève  entre  le  Grand  et  le  Petit  Atlas  et  sépare  le  bassin  du  Sous  de 
celui  du  Dra. 

Voici  quelques  détails  sur  ces  différents  points. 

Djebel  Anremer.  C’est  de  cette  montagne  que  sort  l’Ouad  Iounil;  aussi  lui 
donne-t-on  quelquefois  le  nom  de  Djebel  Ounila.  A  son  sommet  est  un  étang, 
toujours  rempli  d’eau,  même  par  les  étés  les  plus  brûlants;  nul  n’en  connaît  la  pro¬ 
fondeur;  au-dessous,  la  source  de  l’Ouad  Iounil  jaillit  au  milieu  des  rochers.  Cet 
étang  est  un  objet  de  vénération  profonde  pour  les  Musulmans  des  environs.  Le 
premier  jour  de  chaque  année,  ils  y  montent  en  pèlerinage  et  y  immolent  des  brebis 
et  des  chèvres.  Souffre-t-on  de  la  sécheresse?  les  Iounilen,  les  gens  de  l’Assaka,  les 
Aït  Zaïneb,  se  cotisent  à  raison  d’une  mouzouna  par  tête,  achètent  des  moutons,  et 
vont  les  sacrifier  sur  ses  bords. 

(1)  Adrar  n  Deren ,  mot  à  mot  «  mont  de  Deren  ».  Deren  est  un  nom  propre,  sans  signification.  Cette  expres¬ 
sion  est  universellement  employée  ici  pour  désigner  le  Grand  Atlas;  dans  le  bassin  du  Sous,  elle  l'est  de  même; 
dans  le  Dâdes  et  au  delà,  on  ne  la  connaît  plus.  Elle  s’applique  donc  à  toute  la  portion  occidentale  de  la  chaîne, 
jusqu'au  Tizi  n  Glaoui  inclusivement. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


96 

Tizi  n  Telouet.  C’est  le  col  où  j’ai  franchi  le  Grand  Atlas.  Il  fait  partie  du  Tizi  n 
Glaoui.  On  appelle  ainsi  la  forte  dépression  qui  se  trouve  en  face  d’ici  dans  l’Adrar 
n  Deren,  et  que  limitent  à  l’est  le  Djebel  Anremer,  à  l’ouest  le  Djebel  Tidili.  Ce  tron¬ 
çon  de  la  chaîne  porte  le  nom  général  de  Tizi  n  Glaoui;  il  renferme  trois  cols,  ceux 
de  Telouet,  de  Tichka  et  de  Tamanat. 

Tizi  n  Tichka.  Col  conduisant  de  la  vallée  de  l’Asif  Marren  dans  celle  de  l’Ouad 
Rdât,  à  Zarakten  par  exemple.  L’Ouad  Tichka,  qui  en  descend,  se  jette  dans  l’Ouad 
el  Melh,  à  Imirren.  Quand  le  col  de  Telouet  est  encombré  par  les  neiges  et  que  celui 
de  Tichka  est,  par  extraordinaire,  praticable,  on  passe  par  ce  dernier. 

Tizi  n  Tamanat.  Col  donnant  accès  de  la  vallée  de  l’Ouad  Imini  dans  la  tribu 
des  Mesfioua.  C’est  un  troisième  chemin  pour  gagner  Merrâkech.  De  ces  trois  routes, 
la  plus  courte  est  la  dernière,  mais  la  plus  facile  et  de  beaucoup  la  plus  fréquentée 
est  celle  du  Tizi  n  Telouet.  L’Ouad  Tamanat,  qui  descend  du  col,  se  jette  dans  l’Ouad 
Imini. 

Djebel  Tidili.  Ce  mont,  ainsi  que  ceux  qui  l’entourent,  a  le  sommet  couvert  de 
neige;  c’est  dans  son  flanc  que  l’Ouad  Imini  prend  sa  source.  A  l’ouest  du  Djebel 
Tidili,  la  chaîne  se  continue  par  une  longue  suite  de  crêtes  neigeuses  qui  se  per¬ 
dent  dans  les  nuages. 

Djebel  Siroua.  C’est  la  plus  haute  des  montagnes  voisines,  au  dire  des  habitants. 
Seul  parmi  elles,  il  a  son  sommet  couvert  de  neiges  éternelles.  Sur  les  autres 
cimes  visibles  d’ici,  tantôt  la  neige  persiste  l’été,  tantôt  elle  fond,  suivant  que  Tan¬ 
née  est  plus  ou  moins  chaude.  Sur  les  pentes  du  Siroua  se  trouve  un  col  conduisant 
de  la  tribu  des  Ait  Tedrart  dans  le  Sous.  Les  flancs  du  massif  renferment,  dit-on,  des 
minerais;  les  habitants  n’en  savent  pas  tirer  parti. 

Ces  montagnes  sont  toutes  également  nues,  également  rocheuses;  point  d’arbres, 
point  de  végétation,  rien  que  des  pierres.  Point  de  bêtes  fauves,  pas  d’autre  gibier 
que  des  gazelles  et  des  mouflons  (1). 

Les  trois  cols  du  Tizi  n  Glaoui  sont  praticables  toute  Tannée;  cependant,  en  hiver, 
il  y  tombe  parfois  une  grande  quantité  de  neige  :  lorsque  la  couche  est  trop  épaisse 
pour  qu’on  puisse  franchir  la  montagne,  les  voyageurs  attendent  dans  les  villages 
les  plus  rapprochés  du  sommet  et  passent  à  la  première  éclaircie.  Il  en  est  de  même 
des  cols  qui,  plus  à  l’est,  mettent  en  relations  Demnât  et  les  Idaskoura,  Ouaouizert  et 
TOussikis. 


(1)  Mouflons  à  manchettes.  C'est  l’animal  que  les  Arabes  appellent  aroui,  et  les  Imaziren  aoudad.  Ce  gibier 
est  le  seul  qui  se  rencontre  dans  les  déserts  pierreux  du  Petit  Atlas  et  dans  le  Bani.  J'ai  vu  des  mouflons  ap¬ 
privoisés  à  Tazenakht  et  à  Tisint. 


DE  QAÇBA  BENI  MELLAL  A  TIKIRT. 


97 


7°.  —  QUELQUES  MOTS  SUR  L’ATLAS  MAROCAIN. 


Nous  sommes  ici  en  plein  cœur  de  l’Atlas.  Il  est  temps  de  donner  quelques  détails 
sur  la  façon  dont  nous  comprenons  le  système  montagneux  du  Maroc. 

Les  montagnes  du  Maroc  se  composent  pour  nous  de  deux  massifs  distincts,  sépa¬ 
rés  par  une  large  trouée.  Ce  sont  :  d’abord  le  massif  de  l’Atlas,  qui  le  traverse  tout 
entier  dans  sa  plus  grande  longueur,  du  sud-ouest  au  nord-est;  puis  le  massif  Ri- 
fain  qui,  commençant  vers  Nemours,  longeant  la  côte  jusqu’à  Ceuta,  percé  par  le 
détroit  de  Gibraltar,  décrit  une  large  courbe  et  se  retrouve  en  Espagne ,  dans  la 
Sierra  Nevada.  Ces  deux  longs  massifs  aux  lignes  courbes, 
partant  presque  d’un  point  commun  et  allant  en  divergeant, 
ressemblent  aux  ondes  d’un  courant  marin  qui  se  diviserait 
vers  Tlemsen  en  deux  bras,  dont  le  principal  continuerait  à 
suivre  la  direction  générale  du  courant  primitif  en  fléchissant 
un  peu  vers  le  sud,  tandis  que  l'autre,  secondaire,  s’élan¬ 
cerait  vers  l’ouest,  puis  tournerait  brusquement  vers  le  nord 
et  de  là  vers  l’est.  La  démarcation  entre  les  deux  massifs  est 
très  nettement  dessinée  :  de  Lalla  Marnia  à  Fâs,  une  large  trouée  les  sépare  :  plaine 
d’Angad  jusqu’à  la  Mlouïa,  même  plaine  se  prolongeant  sous  d’autres  noms  jusqu’à 
l’Ouad  Innaouen,  vallée  de  cette  rivière  jusque  auprès  de  Fâs.  A  partir  de  cette  ville, 
la  trouée  s’élargit  encore;  c’est  la  vallée  du  Sebou,  qui  va  en  s’épanouissant  jusqu’à 
la  mer. 

Nous  ne  nous  occuperons  point  du  massif  Rifain,  dont  nous  n’avons  vu  qu’une 
petite  portion.  Il  semble  d’ailleurs  bien  représenté  sur  la  carte  de  M.  le  capitaine 
Beaudoin,  qui  avait  recueilli,  sur  cette  contrée  en  particulier,  un  nombre  considé¬ 
rable  de  renseignements.  De  plus,  les  levés  de  nos  officiers  d’état-major  en  compren¬ 
nent  une  partie,  s’étendant  de  Nemours  à  la  Mlouïa,  région  qui  est  connue  par 
conséquent  avec  exactitude. 

Quant  au  massif  de  l’Atlas,  nous  l’avons  traversé  deux  fois  dans  tout  son  ensemble, 
et  nous  avons  parcouru  en  quelques  détails  certaines  de  ses  parties.  Nous  allons 
essayer  de  le  décrire  tel  qu’il  nous  paraît  être. 

Expliquons  d’abord  les  termes  dont  nous  nous  servons.  Le  nom  d’Atlas,  appliqué 
primitivement  par  les  anciens  aux  seules  cimes  neigeuses  qui  s’élèvent  au  centre  du 
Maroc,  a  été  étendu  ensuite  par  quelques  écrivains  latins  à  l’ensemble  du  massif  qui 
traverse  le  Marreb.  On  lui  a  conservé  cette  signification  ;  le  large  dos  qui  commence 

13 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


98 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


à  l'Océan  entre  Mogador  et  l’embouchure  du  Dra  et  finit  à  la  Méditerranée  au  cap 
Bon,  après  avoir  traversé  le  Maroc,  l’Algérie  et  la  Tunisie,  porte  encore  aujourd’hui 
le  nom  général  d’Atlas.  On  peut  le  distinguer  en  Atlas  Marocain,  Atlas  Algérien, 
Atlas  Tunisien.  Cette  division  est  la  seule  qu’il  comporte  (1).  Quant  aux  termes  de 
Grand  et  de  Petit  Atlas,  ils  s’appliquent  uniquement  à  certaines  parties  de  l’Atlas 
Marocain  :  ainsi  l’entendait  Ptolémée,  qui  s’est,  servi  le  premier  de  ces  expressions  : 
il  les  emploie  pour  désigner  deux  chaînes  déterminées  de  ce  massif.  Nous  nous 
conformerons  en  partie  à  sa  nomenclature,  réservant  ces  noms  pour  les  deux  chaînes 
du  Maroc  auxquelles  ils  paraissent  le  mieux  s’appliquer. 

L’Atlas  Marocain  se  compose  essentiellement  de  trois  chaînes  parallèles  :  l’une  très 
haute,  presque  toujours  couronnée  de  neige;  elle  est  connue  depuis  longtemps  sous 
le  nom  de  Grand  Atlas  :  nous  le  lui  conserverons;  une  autre,  au  sud  de  celle-ci, 
suivant  une  direction  parallèle,  mais  moins  élevée  :  nous  l’appellerons  Petit  Atlas; 
ces  deux  chaînes,  les  deux  seuls  hauts  massifs  visibles  de  la  côte  (2),  étaient  sans 
doute  celles  qu’on  avait  signalées  à  Ptolémée,  quoique  dans  ses  écrits  il  en  ait  in¬ 
terverti  l’ordre;  la  troisième,  ne  commençant  que  loin  dans  l’intérieur,  a  dû  lui  être 
inconnue  :  elle  est  située  au  nord  du  Grand  Atlas;  moins  élevée  que  ce  dernier,  elle 
l’est  plus  que  le  petit  :  nous  l’appellerons  Moyen  Atlas,  nom  correspondant  à  sa 
hauteur. 

Il  y  a  nécessité  à  donner  à  ces  chaînes  des  appellations  tirées  de  notre  langue, 
aucune  d’elles  n’en  possède  dans  le  pays.  Chaque  sommet,  chaque  col,  chaque  vallée, 
a  un  nom  spécial;  nulle  part  il  n’est  de  nom  qui  désigne  l’ensemble  d’une  chaîne. 
C’est  facile  à  expliquer  :  le  Marocain  ne  voyage  pas;  il  connaît  les  montagnes  de  son 
pays,  mais  ne  connaît  quelles;  il  ne  sait  pas  si  elles  se  lient  à  d’autres,  il  ne  le 
demande  pas  :  dans  ces  conditions,  les  noms  particuliers  suffisent  et  peuvent  seuls 
exister.  Une  seule  chaîne  en  a  un  général,  encore  ne  le  possède-t-elle  que  sur  une 
partie  de  sa  longueur  :  le  Grand  Atlas,  du  Haha  à  l’extrémité  orientale  du  Tizi  n 
Glaoui,  porte  le  nom  d’Adrar  n  Deren.  Cette  appellation  s’appliquant  à  peine  à  la 
moitié  de  la  chaîne,  nous  ne  pouvons  nous  en  servir.  Force  nous  est  d’adopter 
pour  tout  le  massif  des  noms  de  convention. 

L’Atlas  Marocain,  avons-nous  dit,  paraît  formé  essentiellement  de  trois  chaînes 
parallèles,  dont  l’orientation  approximative  serait  de  l’ouest -sud -ouest  à  l’est-nord- 
est  :  nous  les  avons  appelées  Grand  Atlas,  Moyen  Atlas  et  Petit  Atlas. 

1°  Grand  Atlas.  —  Des  trois  chaînes,  c’est  de  beaucoup  la  plus  connue  :  visible 
de  Merrâkech,  visitée  par  plusieurs  voyageurs,  explorée  dans  sa  partie  occidentale 

(1)  Voir,  sur  ce  sujet,  Géographie  de  l'Algérie ,  par  M.  O.  Mac  Carthy,  Préliminaires. 

(2)  C'est  prouvé  par  le  travail  de  M.  le  lieutenant  W.  Arlett  :  Description  de  la  côte  d'Afrique  depuis  le  cap 
Sparte!  jusqu'au  cap  Bojador.  ( Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  de  Paris:  1837,  janvier.) 


DE  QAÇBA  BENI  MELLAL  A  TIKIRT. 


99 


par  MM.  Hooker  et  Bail,  franchie  au  nord  de  Taroudant  par  M.  le  docteur  Lenz, 
auprès  des  sources  du  Zizpar  Caillé  et  par  M.  Rohlfs,  nous  l’avons  nous-mème  passée 
en  trois  points,  vers  le  centre,  au  col  des  Glaoua,  à  son  extrémité  ouest,  entre  Aga¬ 
dir  Irir  etMogador,  et  non  loin  du  point  où  elle  expire  vers  l’est,  à  hauteur  de  Qçâbi 
ech  Cheurfa.  De  plus,  nous  en  avons  longé  le  pied  sur  presque  toute  sa  longueur,  le 
pied  nord  de  Misour  (Mlouïa)  à  Qçâbi  ech  Cheurfa  et  de  Ouaouizert  à  Zaouïa  Sidi 
Reliai,  le  pied  sud  d’Agadir  Irir  aux  Menâba  et  du  Dâdes  au  Qçar  es  Souq.  C’est 
une  longue  chaîne  non  interrompue,  mais  percée  d’un  grand  nombre  de  cols 
(col  de  Bibaouan,  Tizi  n  Ouichdan,  Tizi  n  Tamejjout,  etc.,  débouchant  dans  la  val¬ 
lée  du  Sous;  Tizi  n  Tamanat,  Tizi  n  Tichka,  Tizi  n  Telouet,  Tizi  n  Amzoug,  Tizi 
n  Tarkeddit,  Tizi  Ait  Imi,  Tizi  Ou  Rijimt,  etc.,  débouchant  dans  la  vallée  du  Dra; 
Tizi  n  Telremt,  débouchant  dans  la  vallée  du  Ziz;  Tizi  n  Tanslemt,  débouchant  dans 
la  vallée  du  Gir).  Les  principales  altitudes  observées  sont  :  1  250m  (col  de  Bibaouan, 
M.  Lenz);  3350m  (mont  Teza,  M.  Hooker);  3475m  (mont  Miltsin,  Washington); 
3500m,4  (col  de  Tagherot,  M.  Hooker);  2634m  (col  de  Telouet,  au  point  où  nous 
avons  franchi  la  chaîne  chez  les  Glaoua);  2182m  (col  de  Telremt,  où  nous  l’avons 
passée  près  d’El  Qçâbi).  Partout,  j’ai  vu  le  faite  du  Grand  Atlas  couvert  de  neige, 
excepté  à  la  grande  dépression  du  Tizi  n  Glaoui  :  à  juger  d’après  la  hauteur  de  la 
portion  blanche,  la  partie  la  plus  élevée  de  la  chaîne  serait  celle  qui  est  située  au 
nord  du  Dâdes,  du  Todra,  du  Reris,  du  pays  de  Ziz.  Dans  ce  groupe,  le  massif 
du  Djebel  El  Aïachi  domine  de  beaucoup  les  autres  sommets.  Est-il  le  point  culmi¬ 
nant  du  Grand  Atlas?  II  le  semble;  rien  ne  le  prouve.  La  neige  commence  sur  la 
chaîne,  vers  l’ouest,  à  l’orient  du  col  de  Bibaouan;  elle  y  finit,  vers  Test,  aux  der¬ 
nières  pentes  du  Djebel  El  Aïachi  :  après  ce  massif,  il  n’y  en  a  plus  trace.  De 
Bibaouan  à  l’Océan,  le  Grand  Atlas  s’abaisse  rapidement.  Au  delà  du  Djebel  El 
Aïachi,  il  décroît  d’une  façon  continue  et  finit  par  expirer  dans  le  Dahra.  Où  exac¬ 
tement?  A  quelle  distance  du  Djebel  El  Aïachi?  Nous  ne  le  savons  pas.  La  crête 
du  Grand  Atlas  paraît  être  une  arête  et  non  un  plateau.  Elle  ne  présente  l’aspect 
d’une  ligne  uniforme  que  vers  ses  extrémités  orientale  et  occidentale,  où  elle  est  dé¬ 
pourvue  de  neige;  partout  ailleurs,  elle  se  découpe  en  nombreuses  dentelures.  Le 
versant  nord  est  en  général  boisé;  le  versant  sud  est  nu,  pure  roche,  dans  les  bassins 
du  Dra,  du  Ziz  et  du  Gir,  en  partie  boisé  dans  celui  de  l’Ouad  Sous.  Les  forêts 
renferment,  dit-on,  d’abondant  gibier,  sans  aucune  bête  féroce. 

2°  Moyen  Atlas.  —  Cette  chaîne  est  de  beaucoup  la  moins  connue.  Du  col  de  Telremt, 
nous  en  avons  entrevu  une  portion  :  c’était  une  longue  crête  uniforme  couverte  de 
neige,  se  relevant  en  un  point  pour  former  un  pic,  le  Djebel  Tsouqt,  et  finissant  brus¬ 
quement  par  une  haute  falaise,  le  Djebel  Oulad  Ali.  Où  commence  cette  chaîne?  où 
finit-elle?  On  ne  saurait  le  dire  d’une  façon  certaine.  Pour  nous,  elle  commence  au 


100 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


nord  de  Demnât,  à  la  trouée  de  la  Teççaout,  où  ses  dernières  pentes  viennent  se  con¬ 
fondre  avec  celles  du  Grand  Atlas.  C’est  elle  que  traverse  l’Ouad  el  Abid  dans  le  long 
kheneg  qu’il  se  creuse,  c’est  elle  qui  borne  au  sud  la  plaine  du  Tâdla  et  qui  sépare 
sur  toute  leur  longueur  les  bassins  de  l’Oumm  erRebia  et  de  l’Ouad  el  Abid,  c’est  elle 
que  nous  avons  franchie  en  allant  de  Qaçba  Béni  Mellal  à  Ouaouizert  :  elle  n’avait 
là,  au  col,  que  1 529m  d’altitude;  les  sommets  pouvaient  être  à  I900m.  La  chaîne  com¬ 
mençait;  depuis  Demnât,  elle  ne  cesse  de  s’élever  jusqu’au  Djebel  Tsouqt,  qui  parait 
en  être  le  point  le  plus  haut.  Où  finit-elle?  S’arrête-t-elle  brusquement,  comme  elle 
le  semble,  au  Djebel  Oulad  Ali  et  au  Djebel  Reggou?  Nous  ne  le  pensons  pas.  Pour 
nous,  la  trouée  subite  qui  se  trouve  à  l’est  de  ces  monts  est  un  large  kheneg  que 
s’est  percé  la  Mlouïa  dans  la  chaîne;  les  monts  Debdou  (1648m)  seraient  le  pro¬ 
longement  naturel  de  celle-ci,  et  elle  irait  expirer  avec  eux  sur  les  hauts  plateaux  du 
Dahra.  Le  Moyen  Atlas  commencerait  donc  au  nord  de  Demnât,  atteindrait  son  point 
culminant  au  Djebel  Tsouqt,  et  se  continuerait  jusqu’au  Dahra,  où  il  viendrait 
mourir,  comme  l’a  fait  le  Grand  Atlas.  Les  deux  versants  sont  boisés  :  de  Demnât  à 
Debdou,  ils  ne  sont  qu’immenses  forêts,  pleines  de  gibier  et  de  bêtes  sauvages,  les 
seules  du  Maroc  où  il  y  ait  des  lions  (1). 

3°  Petit  Atlas .  —  C’est  le  plus  connu  après  le  grand.  M.  Lenz  l'a  franchi  au  sud 
d’Ilir  (1  100m).  M.  Rohlfs  en  a  suivi  longtemps  le  pied  nord.  Enfin  il  a  été  un  des 
principaux  objets  de  mes  recherches  :  j’en  ai  longé  le  pied  méridional  de  Tisint  à 
Aqqa,  le  pied  septentrional  d’Agadir  Irir  aux  Menâba  et  du  Dâdes  au  Reris;  je  l’ai  tra¬ 
versé  en  six  points  différents,  aux  cols  d’Iberqaqen,  d’Azrar,  de  Haroun,  d’Agni,  de 
Tifernin,  d’Iril  n  Oïttôb.  Il  avait  à  ces  passages  :  1  912'n,  1  934m,  2059m,  1  674m,  1  872m, 
2280m  d’altitude;  ce  sont,  à  peu  de  chose  près,  les  hauteurs  de  la  ligne  culminante, 
car  le  Petit  Atlas  est  couronné  presque  partout  d’un  large  plateau  à  ondulations  lé¬ 
gères  :  ce  plateau,  pierreux  dans  la  partie  orientale  de  la  chaîne  (celle  qui  est  à  l’est 
du  Dra  et  qui  porte  le  nom  de  Sarro) ,  l’est  moins  dans  la  partie  centrale,  où  le  tapis¬ 
sent  de  longues  étendues  d’halfa,  et,  vers  l’ouest,  se  garnit  d’une  couche  de  bonne 
terre,  se  couvre  de  champs,  d’amandiers  et  de  villages,  et  forme  une  des  plus  riches 
contrées  du  Maroc.  Le  versant  sud  du  Petit  Atlas  est  nu  et  rocheux.  Le  versant  nord 
l’est  aussi  dans  les  bassins  du  Dra  et  du  Ziz;  mais  jil  est  boisé  dans  celui  du  Sous, 
au  pied  seulement  vers  l’est,  en  entier  vers  l’ouest.  Peu  de  gibier;  point  de  bêtes 
féroces.  La  hauteur  de  la  chaîne  ne  présente  nulle  part  de  brusques  variations  : 
la  crête  a  partout  l’aspect  d’une  ligne  horizontale;  en  trois  endroits,  à  hauteur  de 
Taroudant,  aux  environs  du  col  d’Azrar  et  dans  le  Sarro,  j’y  ai  distingué  quelques 

(1)  Cette  chaîne  a  été  franchie  par  René  Caillé  entre  Qçàbi  ech  Cheurfa  et  Gigo,  par  M.  Rohlfs  entre  Tes- 
frout  (Ouad  Sebou)  et  Outat  Ait  Izdeg  (2085m  d’altitude  au  col),  par  nous  entre  Qaçba  Béni  Mellal  et 
Ouaouizert  (1  529m  au  col). 


DE  QAÇBA  BENI  MELLAL  A  TIKIBT. 


101 


<• 


filets  de  neige  :  c’étaient  d’étroits  sillons  à  peine  visibles.  Le  Petit  Atlas  commence 
auprès  de  l’Océan  (1)  :  où  finit-il?  Nous  ne  le  savons  pas.  Nous  supposons  qu’il 
expire  dans  les  liants  plateaux  qui  se  trouvent  à  l’ouest  de  l’Ouad  Ziz  :  la  chaîne  parait 
s’abaisser  sans  cesse  du  Dâdes  au  Reris;  de  ce  dernier  point,  on  l’aperçoit  se  pro¬ 
longeant  dans  le  lointain  et  décroissant  toujours.  De  Qçar  es  Souq ,  on  ne  la  distin¬ 
gue  plus  :  on  ne  voit  vers  le  sud,  le -sud-ouest,  le  sud-est,  qu’une  plaine  immense 
s’étendant  jusqu’à  l’horizon.  Je  conjecture  donc  que  le  Petit  Atlas  meurt  avant  d’at¬ 
teindre  les  bords  du  Ziz.  Les  plateaux  où  il  finit  se  continuent  au  delà  de  ce  fleuve  et 
se  prolongent  jusqu’en  Algérie. 

Telles  sont  les  trois  chaînes  qui  forment  la  portion  fondamentale  de  l’Atlas  Maro¬ 
cain.  Après  elles,  on  peut  en  citer  deux  autres,  secondaires.  Les  directions  en  sont 
parallèles  à  celle  des  premières.  Elles  sont  situées,  l’une,  le  Bani,  au  sud  du  Petit 
Atlas;  l’autre,  dont  semblent  faire  partie  le  plateau  d’Oulmess  et  les  monts  des 
Riata,  au  nord  du  Moyen  Atlas. 

Le  Bani  est  une  étroite  digue  de  roche  nue,  peu  élevée,  ayant  dans  sa  partie 
centrale  924 m  d’altitude.  Il  commence  à  l’Océan,  au  sud  d’Ouad  Noun,  et  se  prolonge 
au  delà  de  l’Ouad  Dra,  qui  le  traverse  au  kheneg  de  Foum  Taqqat,  au-dessous  de 
Tamegrout.  Où  finit-il?  Nous  l’ignorons.  Il  expire  sans  doute,  comme  le  Petit  Atlas, 
entre  le  Dra  et  le  Ziz.  Nous  avons  franchi  plusieurs  fois-  le  Bani,  nous  en  avons 
longé  le  pied  durant  quelque  temps,  et  sur  les  parties  que  nous  n’avons  pas  vues  nous 
possédons  des  renseignements  précis.  Les  traits  généraux  de  cette  chaîne  peuvent 
donc  être  considérés  comme  connus  avec  quelque  certitude. 

Il  n’en  est  pas  de  même  pour  l’autre,  pour  celle  dont  je  crois  voir  des  portions 
dans  le  plateau  d’Oulmess  et  le  Djebel  Riata.  Elle  semble  avoir  son  origine  entre  Oul- 
mess  et  l’Océan,  passerait  à  quelque  distance  au  sud  de  Sfrou  ,  serait  traversée  par  le 
Sebou  à  un  kheneg,  atteindrait  la  Mlouïa  sous  le  nom  de  Djebel  Riata;  ce  fleuve  s’y 
fraierait  un  large  passage  au  nord  de  la  plaine  de  Tafrâta,  et  elle  se  prolongerait 
ensuite  sans  interruption  jusqu’à  Tlemsen  par  les  monts  Mergeslioum,  Béni  Bou  Zeg- 
gou,  Zekkara,  Béni  Snous.  La  chaîne  commencerait  à  l’ouest  d’Oulmess,  aurait  un 
de  ses  points  culminants  au  pic  des  Riata,  et  se  continuerait  jusqu’en  Algérie.  La  par¬ 
tie  occidentale,  jusqu’à  la  Mlouïa,  est  couverte  de  grandes  forêts  et  peuplée  de  fau¬ 
ves;  les  panthères  y  abondent.  La  région  orientale  possède  aussi  des  bois  et  les 
mêmes  animaux  sauvages,  mais  à  un  degré  moindre.  La  chaîne  a  été  franchie  par 
Caillé  sur  le  territoire  des  Ait  Ioussi,  par  M.  Rohlfs  sur  celui  des  Béni  Mgild,  par  nous 
sur  celui  des  Zaïan.  L’altitude  en  est  de  1290m  à  Oulnjess,  de  1517m  à  Douar 
S.  Abd  Allah  (Rohlfs). 

(1)  Entre  29°  30'  et  29° 03'  de  latitude  nord.  A  quelque  distance  du  rivage,  il  y  a  des  sommets  de  1  190m  d'al¬ 
titude.  Voir  la  description  de  la'côte  par  le  lieutenant  W.  Arlett,  déjà  citée. 


102 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Dans  ce  large  massif  de  l’Atlas  Marocain,  formé  de  cinq  chaînes  parallèles,  dont 
trois  essentielles  et  deux  secondaires,  on  voit  qu’il  y  a  une  arête  principale,  le  Grand 
Atlas,  dominant  de  beaucoup  tout  le  reste;  la  plupart  des  fleuves  du  Maroc, 
Mlouïa,  Ouad  el  Abid,  Tensift,  Sous,  Dra,  Ziz,  Gir,  y  prennent  leur  source.  Après 
lui,  vient  le  Moyen  Atlas,  le  second  en  hauteur;  deux  fleuves  sortent  de  son  flanc  : 
l’Oumm  er  Rebia  et  le  Sebou.  La  moins  élevée  des  trois  chaînes  principales  est  le 
Petit  Atlas;  il  ne  donne  naissance  qu’à  des  rivières.  Quant  aux  deux  chaînes  secon¬ 
daires  ,  seuls  de  petits  cours  d’eau  en  sortent. 

Ces  chaînes  parallèles  forment  entre, elles  trois  rigoles  où  coulent  bout  à  bout  tous 
les  fleuves  marocains  :  Oumm  er  Rebia  et  Sebou  entre  le  Moyen  Atlas  et  la  chaîne 
Oulmess-Riata ;  Ouad  el  Abid  et  Mlouïa,  entre  le  Grand  Atlas  et  le  Moyen  Atlas; 
Sous  et  Dra  supérieur,  entre  le  Grand  Atlas  et  le  Petit  Atlas.  Le  Dra,  ayant  percé  l’un 
après  l’autre  le  Petit  Atlas  et  le  Bani,  coule  ensuite  au  pied  de  ce  dernier,  parallè¬ 
lement  à  la  direction  des  crêtes.  Dans  ces  rigoles,  les  fleuves  sont  séparés  à  leur 
source,  tantôt  par  des  plaines,  si  unies  qu’il  faut  le  baromètre  pour  trouver  la  ligne 
de  partage  des  eaux,  tantôt  par  des  massifs  montagneux.  Au  nord  du  Moyen  Atlas, 
un  plateau  montueux,  le  Fezaz,  fait  la  limite  entre  les  bassins  du  Sebou  et  de 
l’Oumm  er  Rebia.  Entre  le  Grand  et  le  Moyen  Atlas,  les  bassins  de  la  Mlouïa  et  de 
l'Ouad  el  Abid  sont  divisés  par  les  hautes  cimes  du  Djebel  el  Aïachi  et  des  plateaux 
très  élevés  qui  s’en  détachent.  Entre  le  Grand  Atlas  et  le  petit,  le  Dra  est  séparé  du 
Sous  par  un  massif  montagneux  que  domine  le  Siroua,  du  Ziz  par  une  large  plaine. 
Du  Ziz  au  Gir  s’étendent  également  des  plaines. 

Tel  est  le  massif  Atlantique  au  Maroc  :  tel  du  moins  il  me  paraît  être.  Il  faudra 
encore  bien  des  voyages,  bien  des  travaux,  pour  déterminer  avec  exactitude  ce 
qu’il  est.  Les  chaînes  du  Grand  Atlas,  du  Petit  Atlas  et  du  Bani  sont  relativement 
connues;  mais  celles  du  Moyen  Atlas  et  d’Oulmess-Riata  le  sont  de  la  manière  la 
plus  incertaine. 


DE  TI  RI  RT  A  TISINT. 


103 


IV. 

DE  TI  Kl  RT  A  TISINT. 

1°.  —  DE  TIKIRT  A  TAZENAKHT. 

25  octobre  1883. 

Départ  de  Tikirt  à  9  heures  du  matin.  Je  m’engage  aussitôt  dans  un  vaste  désert 
qui  s’étend,  moucheté  de  loin  en  loin  de  petites  oasis,  entre  les  trois  ouads  Idermi, 
Aït  Tigdi  Ouchchen  et  Tazenakht;  l’aspect  en  est  partout  le  même  :  terrain  mon- 
tueux,  chemins  assez  pénibles,  aucune  végétation;  pas  d’autres  êtres  vivants  que  les 
gazelles;  le  sol  est  formé  de  roches  et  de  pierres,  grès  dont  la  surface,  semblant  cal¬ 
cinée,  est  noire  et  luisante  comme  si  elle  avait  été  passée  au  goudron.  Cette  roche, 
la  seule  que  je  sois  appelé  à  voir  d’ici  à  Tazenakht,  domine  dans  tout  le  sud.  Dans 
les  plaines,  je  la  trouverai  sous  la  forme  d’une  croûte  de  petites  pierres  noires  et 
brillantes,  sorte  d 'écaille  qui  couvre  la  terre;  en  pays  de  montagnes,  comme  ici,  elle 
se  présente  sous  deux  aspects  :  tantôt  avec  l’apparence  d’escaliers  aux  degrés  noir¬ 
cis  et  craquelés,  monceau  de  pierres  luisantes  entassées,  tantôt  en  longues  tables  unies 
et  lisses.  Telles  sont  les  solitudes  désolées  que  je  parcours;  elles  font  songer  aux 
déserts  de  pierres  noires  que,  dans  une  autre  région,  S.  Paulinus  trouva  aux  abords 
du  Grand  Atlas.  A  4  heures  et  demie,  j’arrive  à  l’oasis  d’Irels;  j’y  passerai  la  nuit. 

La  route  d’aujourd’hui  n’était  pas  des  plus  sûres  :  le  frère  de  Chikh  Mohammed 
de  Tikirt  m’a  escorté  avec  deux  de  ses  gens  jusqu’à  Tagenzalt;  il  me  quitta  là,  en 
me  confiant  à  deux  hommes  de  ce  qçar  :  ceux-ci  me  conduisirent  à  Irels.  Nous  n’a¬ 
vons  rencontré  personne  pendant  tout  le  trajet.  Point  de  cours  d’eau.  Tagenzalt,  oû 
je  me  suis  arrêté  une  demi-heure,  est  une  localité  indépendante,  se  gouvernant  elle- 
même,  mais  reconnaissant  la  suzeraineté  du  chikh  de  Tikirt;  elle  comprend  environ 
cinquante  maisons,  bâties  en  pisé  et  entourées  d’une  enceinte;  auprès  sont  de  grands 
et  beaux  jardins;  les  dattiers  y  dominent;  on  y  voit  aussi  des  grenadiers,  des  fi¬ 
guiers,  des  trembles;  à  leur  ombre  sont  des  cultures.  L’oasis  est  située  au  fond  d’un 
vallon  dont  le  liane  occidental  est  à  cet  endroit  une  muraille  à  pic;  les  bouches  d’une 
dizaine  de  cavernes  s’y  ouvrent.  Pas  de  ruisseau;  il  n’y  a  d’autre  eau  que  celle 


104 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


d’une  source.  Tagenzalt  est,  avons-nous  dit,  entourée  d’une  enceinte  de  murailles  : 
c’est  une  particularité  que  je  vois  pour  la  première  fois  et  qu’il  importe  de  signaler. 
Elle  marque  un  changement  dans  l’état  des  villages  :  jusqu’ici  tous  étaient  ouverts; 
désormais,  en  allant  vers  le  sud,  je  trouverai  la  plupart  d’entre  eux  fortifiés.  A  dater 
de  ce  jour,  il  y  aura  donc  une  distinction  à  faire  :  nous  appellerons  qçar  tout  centre 
fortifié,  réservant  le  nom  de  village  pour  ceux  qui  ne  le  seront  pas.  Tantôt  les  qçars 
sont  défendus  par  des  murailles  qui  enveloppent  les  habitations,  murailles  d’ordinaire 
garnies  de  tours;  tantôt  les  murs  des  maisons,  juxtaposés  et  ne  laissant  passage  que 
par  une  ou  deux  portes  étroites,  forment  eux-mêmes  l’enceinte.  Quel  que  soit  le  sys¬ 
tème  adopté,  les  qçars  sont  très  ramassés,  resserrés  dans  le  plus  petit  espace  pos¬ 
sible  :  l’opposé  des  villages. 

Irels  est  un  beau  qçar,  riche  et  prospère,  d’environ  500  habitants,  il  est  très  bien 
bâti;  point  de  ruines,  point  de  maisons  en  mauvais  état;  tout  est  neuf,  tout  est 
propre  et  bien  entretenu;  le  bas  des  constructions  est  en  jpierres,  souvent  taillées, 
toujours  disposées  régulièrement,  le  haut  est  en  pisé;  des  terrasses  reposant  sur  de 
longues  poutres  de  palmier  couronnent  les  habitations,  des  gouttières  pratiquées  le 
long  des  murs  amènent  l’eau  dans  des  citernes.  Une  enceinte  garnie  de  tours  protège 
le  qçar;  elle  est,  ainsi  que  tous  les  bâtiments  de  ce  dernier,  couverte  de  moulures 
et  de  dessins  à  la  chaux.  Les  jardins  sont  superbes  :  comme  à  Tagenzalt,  il  y  a 
des  arbres  variés,  mais  les  palmiers  dominent;  à  leur  ombre,  la  terre,  divisée  en 
carrés,  disparaît  sous  le  maïs,  le  millet  et  les  légumes.  Une  foule  de  canaux  arrosent 
ces  riches  plantations;  çà  et  là  de  grands  bassins  maçonnés  sont  remplis  jusqu’au 
bord  d’une  eau  limpide.  Cette  végétation  luxuriante,  ces  arbres  superbes  qui  répan¬ 
dent  une  ombre  épaisse  sur  une  terre  toute  verte,  ces  mille  canaux,  ce  ciel  admirable, 
cette  nature  riche  et  riante  qui,  au  milieu  de  la  contrée  la  plus  désolée,  fait  de  ce 
séjour  un  lieu  de  délices,  se  trouveront  pareillement  dans  les  autres  oasis  :  telle  est 
Irels,  tels  seront  tous  les  points  où  nous  verrons  croître  le  dattier  :  en  tous  même 
fraîcheur,  en  tous  même  calme,  même  abondance;  endroits  charmants  où  il  semble 
ne  pouvoir  exister  que  des  heureux. 

A  peu  de  distance  d’Irels,  est  un  qçar  plus  petit,  Tamaïoust,  également  entouré 
de  palmiers;  il  forme  avec  Irels  un  groupe  isolé,  indépendant,  compris  sous  le  nom 
d’Irels.  Population  tamazirt,  mélange  de  Chellaha  et  de  Haratîn.  Irels,  Tamaïoust 
et  Tagenzalt  produisent  des  dattes  d’excellente  qualité. 

2G  octobre. 

Départ  à  8  heures  et  demie.  Mon  escorte,  de  deux  fusils  au  début,  s’augmente  de 
deux  autres  à  El  Bordj  :  ces  nouveaux  zetats  sont  nécessaires  pour  me  protéger  sur 


DE  TI  Kl  RT  A  TISINT. 


105 


le  territoire  des  Aït  Tigdi  Ouchchen.  Jusqu’à  10  heures,  je  chemine  dans  une  ré¬ 
gion  montueuse  et  déserte,  identique  à  celle  où  j’étais  hier.  A  10  heures,  j’entre  dans 
la  vallée  de  l’Ouad  Ait  Tigdi  Ouchchen  :  le  lit  de  la  rivière,  d’environ  60  mètres  de 
large,  en  occupe  tout  le  fond;  il  est  de  sable;  au  milieu,  serpente  un  filet  d’eau  claire, 
au  courant  assez  rapide,  de  4  mètres  de  large  et  15  centimètres  de  profondeur; 
des  deux  côtés,  poussent  tantôt  nombreux,  tantôt  clairsemés,  des  tamarix  et  des 
lauriers-roses.  Les  flancs  sont  de  pure  roche,  grès  à  sur¬ 
face  noire  et  luisante;  ils  ont  80  à  100  mètres  de  haut;  les 
pentes  en  sont  raides  dès  le  pied,  et  à  pic  auprès  du  som¬ 
met;  aucune  trace  de  végétation  n’y  apparaît.  Je  m’engage 
dans  le  fond  de  cette  vallée,  et  je  ne  la  quitte  pas  jusqu’à  Tafounent.  D’ici  là,  elle 
reste  la  même,  si  ce  n’est  que  l’eau  diminue  dans  la  rivière  à  mesure  qu’on  avance  : 
à  Tafounent,  il  n’y  en  a  plus.  Les  flancs  demeurent  jusqu’au  bout  ce  qu’ils  étaient  au 
début;  le  gauche  expire  près  de  Tafounent,  le  droit  continue  à  perte  de  vue.  Le 


Flanc  droit  de  la  vallée  de  l’Ouad  Ail  Tigdi  Ouchchen.  (Vue  prise  de  Tafounent.) 
*  Croquis  de  l’auteur. 


fond  garde  partout  même  largeur  et  même  aspect;  à  hauteur  d’El  Bordj  et  de  Tislit 
seulement,  il  s’étend,  et  se  couvre  un  instant  de  cultures.  De  Tafounent  à  Tazenakht, 
je  traverse  un  plateau  rocheux  et  désert,  extrémité  du  massif  qui  s’étend  entre  les 
ouads  Idermi ,  Ait  Tigdi  Ouchchen  et  Tazenakht.  A  3  heures  et  demie  du  soir, 
j’arrive  au  gros  village  de  Tazenakht. 

Peu  de  voyageurs  sur  mon  chemin.  Je  n’ai  rencontré  de  la  journée  que  trois  petites 
caravanes.  Le  chef  de  l’une  d’elles  entra  en  longs  pourparlers  avec  les  gens  de  mon 
escorte  :  il  désirait  me  piller,  leur  proposait  de  faire  la  chose  de  concert  et  leur  of¬ 
frait  la  moitié  du  butin.  Ne  leur  était-ce  pas  plus  avantageux  que  de  continuer,  sot 
métier,  à  faire  cortège  à  un  Juif?  Mes  hommes,  qui  avaient  des  préjugés,  repoussè¬ 
rent  sa  demande.  Aucun  terme  ne  lui  parut  trop  fort  pour  exprimer  combien  il  les 
trouvait  ridicules.  Outre  l’Ouad  Ait  Tigdi  Ouchchen,  j’ai  traversé  deux  rivières  : 
l’Ouad  Irels  (lit  de  galets  de  15  mètres  de*  large,  à  sec),  l’Ouad  Tazenakht  (lit  moitié 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC.  "r  14 


106 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


galets,  moitié  sable,  de  50  mètres  de  large,  à  sec).  Plusieurs  centres  habités  se  sont 
trouvés  sur  ma  route  :  Tagentout,  composé  de  deux  ou  trois  maisons  groupées 
autour  d’une  qoubba;  El  Bordj,  beau  et  grand  qçar,  bâti  sur  une  colline  dans  une 
situation  pittoresque,  ceint  de  vastes  jardins;  Tislit,  groupe  de  deux  petits  qçars 
s’élevant  à  500  mètres  l’un  de  l’autre,  entourés  de  vergers;  Tâtonnent.,  beau  village 
d’environ  40  feux.  Aujourd’hui,  plus  de  palmiers;  ils  ont  disparu  avec  Irels  :  je 
n’en  verrai  désormais  qu’après  avoir  atteint  le  versant  méridional  du  Petit  Atlas. 
El  Bordj,  Tislit,  Tafounent,  appartiennent  à  la  petite  tribu  tamazirt  des  Ait  Tigdi 
Ouchchen,  tribu  indépendante  et  isolée,  ne  reconnaissant  la  suzeraineté  de  per¬ 
sonne,  ne  faisant  partie  d’aucune  confédération.  L’organisation  des  Ait  Tigdi 
Ouchchen  est  démocratique. 


2°.  —  SÉJOUR  A  TAZENAKHT. 

Le  gros  village  de  Tazenakht,  qui  porte  aussi  les  noms  de  Tazenag,  Ait  Ouzanif, 
Dar  ez  Zanifi  et  Khemis  Ait  Amer,  est  la  capitale  d’un  État;  cet  État  est  formé  de 
plusieurs  tribus,  réunies  dans  la  main  d’un  seul  chef,  sans  être  connues  sous  aucune 
dénomination  générale.  Elles  en  ont  une  cependant  :  la  plupart  des  tribus  et  des  dis¬ 
tricts  des  environs,  Ait  Tigdi  Ouchchen,  Ait  Oubial,  Ait  Selîman,  Tazenakht,  Tasla, 
Irels,  Tammasin,  d’autres  encore,  sont  des  fractions  de  la  grande  et  ancienne  tribu 
des  Ait  Amer;  mais  ce  nom  est  oublié  :  chaque  branche  a  un  nom  particulier  et  ne 
connaît  que  lui;  une  seule  a  conservé  le  nom  d’origine,  en  en  faisant  son  appella¬ 
tion  spéciale  :  c’est  le  rameau  qui  habite  les  bords  de  l’Ouad  Timjijt.  La  souche  de  la 
race  des  Ait  Amer  fut,  dit-on,  une  seule  famille  :  celle  dont  les  chefs  ont  pris  le  nom 
d’Aït  Ouzanif.  Ceux-ci  ont  gardé  la  prépondérance  qu’ils  avaient  à  l’origine;  depuis 
un  temps  immémorial,  ils  possèdent  le  souverain  pouvoir.  Le  berceau  de  cette  anti¬ 
que  maison  est  la  vallée  même  de  l’Ouad  Tazenakht,  qu’on  appelle  aussi  Ouad  Ou¬ 
zanif.  Les  représentants  actuels  en  sont  deux  frères,  Chikh  Hamed  ben  Chikh  Mo¬ 
hammed  et  Chikh  Abd  el  Ouahad;  ils  régnent  ensemble  en  bon  accord;  leur  résidence 
est  le  village  de  Tazenakht,  leurs  États  propres  se  composent  du  pays  de  Tazenakht, 
de  celui  d’Amara  et  de  la  tribu  des  Ait  Amer;  on  désigne  cet  ensemble  du  nom 
d’une  de  ses  parties  ou  de  celui  de  ses  chefs,  l’appelant  soit  blad  Ait  Amer,  soit 
blad  Tazenakht,  soit  blad  ez  Zanifi;  le  tout  forme  environ  1200  fusils.  De  plus,  Tam¬ 
masin,  les  Ait  Semgan,  les  Ait  Touaïa,  une  partie  des  Ait  Zaïneb  (Imzouren,  Ta- 
doula,  Tizgzaouin,  Taselmant),  le  district  d’Alougoum,  les  Ait  ou  Hamidi,  quatre 
bourgades  du  T  lit,  Tasla,  et  quelques  autres  qçars  isolés,  se  sont  rangés  volontaire¬ 
ment.  sous  leur  autorité.  Celle-ci  n’a  rien  de  lourd  :  le  service  militaire  en  temps  de 


DE  TI  Kl  HT  A  TISINT. 


107 

guerre,  une  redevance  annuelle  de  2  francs  par  fusil,  c’est  tout  ce  qu’ils  demandent  à 
la  population;  encore  beaucoup  sont-ils  dispensés  de  l’impôt,  les  uns  vu  leur  parenté 
avec  les  chikhs,  d’autres  par  leur  qualité  de  marabout. 

Les  Zanifi  sont  indépendants;  comme  nous  l’avons  dit,  ils  sont  d’ordinaire  en 
bonnes  relations  avec  le  qaïd  de  Telouet  :  presque  toutes  les  années,  jusqu’à  celle- 
ci,  l’un  des  deux  frères  allait  lui  faire  visite  et  lui  apportait  un  cadeau  de  500  à 
700  francs.  Ces  rapports  amicaux  sont  sur  le  point  de  cesser  :  il  y  a  quelques 
jours,  Chikh  Abd  el  Ouahad ,  qui,  par  suite  du  grand  âge  de  son  frère,  s’occupe 
presque  seul  des  affaires,  a  reçu  des  lettres  de  Merrâkech,  écrites  par  des  Juifs  de 
Tazenakht  en  ce  moment  dans  la  capitale  :  elles  lui  recommandaient  de  ne  pas  aller 
comme  d’habitude  chez  le  Glaoui,  celui-ci  ayant  reçu  l’ordre  de  le  jeter  en  prison 
à  son  premier  voyage  à  Imaounin.  Cet  avis  semble  désintéressé  et  part  de  bonne 
source;  d’ailleurs  il  ne  contient  rien  qui  puisse  surprendre  :  combien  n’a-t-on  pas 
vu  de  chefs  indépendants,  venus  dans  les  villes  du  makhzen  confiants  dans  l’amitié  du 
sultan,  parfois  sur  son  invitation,  y  être  incarcérés  tout  à  coup  et  maintenus  au 
cachot  jusqu’à  ce  qu’ils  aient  payé  de  grosses  rançons?  Simple  opération  financière. 
De  même  ici;  Moulei  El  Hasen  veut  faire  emprisonner  Chikh  Abd  el  Ouahad  :  est-ce 
pour  annexer  ses  États  au  blad  el  makhzen?  Point;  c’est  pour  lui  arracher  une  partie 
de  ses  richesses,  qu’on  dit  énormes.  Le  Zanifi  est  célèbre  au  Maroc  pour  les  trésors 
qu’il  possède,  enfouis,  dit-on,  sous  sa  demeure;  ce  ne  seraient  là  que  monceaux  d’or, 
joyaux,  armes  merveilleuses.  Le  Zanifi  passe  pour  le  plus  riche  de  l’empire  en  bijoux 
anciens  et  objets  précieux  de  toute  sorte;  après  lui,  viendrait  S.  El  Hoseïn  ould  Ha- 
cliem,  le  marabout  du  Tazeroualt;  en  troisième  lieu,  le  fameux  qaïd  el  Gentafi.  Ou¬ 
tre  ces  trésors,  les  chikhs  de  Tazenakht  ont  de  grandes  terres,  et  dans  leur  pays, 
et  au  Mezgita,  et  chez  les  Ait  Zaïneb.  Il  y  a  là  de  quoi  tenter  la  cupidité  prover¬ 
biale  de  Moulei  El  Hasen.  Mais  cette  fois  la  trahison  qu’il  a  projetée  n’aura  d’autre 
résultat  que  de  briser  le  dernier  lien  entre  lui  et  les  Ait  Ouzanif  :  les  attaquer  ou¬ 
vertement,  il  n’y  saurait  songer;  même  au  temps  où  les  relations  étaient  les  plus 
amicales  avec  Tazenakht,  le  qaïd  de  Telouet  n’osa  jamais  y  aller.  Que  serait-ce  au¬ 
jourd’hui?  Il  faudrait  le  sultan  avec  toute  son  armée.  Encore  rencontrerait-il  une 
résistance  sérieuse  :  les  Ait  Ouzanif  sont  unis  par  de  nombreuses  alliances  à  la  mai¬ 
son  souveraine  du  Mezgita  :  ils  trouveraient  là  un  appui  solide  ;  ils  en  ont  un  autre 
dans  la  personne  de  l’Azdifi,  chikh  héréditaire  de  la  puissante  tribu  des  Zenâga  :  en 
guerre  contre  lui  depuis  de  nombreuses  années,  ils  viennent  de  lui  offrir  la  paix; 
elle  s’est  conclue  ces  jours  derniers;  une  visite  de  TAzdifi,  pendant  mon  séjour 
même,  a  cimenté  le  traité  :  on  lui  a  fait  une  réception  splendide,  et  d’ennemis  on  esi 
devenu  alliés.  Les  nouvelles  reçues  de  Merrâkech  n’ont,  dit-on,  pas  été  étrangères  à 
ce  brusque  accommodement. 


108 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Tazenakht  est  un  gros  village  construit  dans  un  site  triste  :  au  nord,  s’étendent  à 
perte  de  vue  les  solitudes  pierreuses  que  traverse  le  chemin  de  Tikirt;  à  l’est  et  au 
sud,  un  massif  escarpé  de  roche  noire  et  luisante,  auquel  la  bourgade  est  adossée, 
ferme  l’horizon;  c’est  vers  l’ouest  que  le  paysage  est  le  moins  désolé  :  de  ce  côté, 
on  aperçoit  une  portion  de  la  plaine  des  Zenâga  et  au  delà,  se  dressant  sur  un 
piédestal  de  montagnes  grises,  la  haute  cime  blanche  du  Djebel  Siroua.  Au  pied 
de  Tazenakht  est  le  lit  de  la  rivière  du  même  nom,  presque  toujours  à  sec.  Cette 
année,  au  milieu  de  mon  séjour,  une  nappe  d’eau  de  10  mètres  y  a  coulé  durant 


Massif  rocheux  situé  entre  Tazenakht  et  l'Ouad  Azgemerzi, 
et,  en  arrière,  flanc  droit  de  la  vallée  de  cette  rivière.  (Vue  prise  du  mellah  de  Tazenakht.) 

Croquis  de  l’auteur. 


Djebel  Siroua. 


(Les  parties  ombrées  des  montagnes  sont  couvertes  de  neige.) 

(Vue  prise  du  marché  de  Tazenakht.) 

Croquis  de  l’auteur. 

24  heures  :  c’a  été  une  joie  universelle,  le  présage  d’une  bonne  récolte;  depuis  quatre 
ans,  on  n’avait  pas  vu  d’eau  dans  l’ouad;  depuis  quatre  ans,  il  y  avait  disette.  Le  vil¬ 
lage  est  bâti  en  long  sur  la  rive  droite  de  la  rivière;  les  habitations,  en  pisé,  sont  la 
plupart  délabrées;  vers  le  centre,  s’élève  la  demeure  des  chikhs,  demeure  vaste,  mais 
simple,  ne  rappelant  en  rien  les  constructions  élégantes  de  l’Ouad  Iounil  et  d’Irels  : 
celles-ci  ont  disparu  par  degrés  à  mesure  que  nous  nous  sommes  éloignés  du  Dra. 
L’aspect  de  Tazenakht  est  triste;  on  ne  voit  que  maisons  à  demi  démolies,  pans  de 
murs  croulants  ;  les  ruines  occupent  au  moins  les  deux  tiers  de  la  surface.  C’est 
l’œuvre  de  la  famine;  quatre  années  de  sécheresse  ont  produit  ce  résultat;  il  y  a 
quatre  ans,  vivaient  ici  300  familles,  moitié  de  Musulmans,  moitié  d’Israélites; 
•un  grand  commerce  y  apportait  la  richesse;  le  khemîs,  marché  célèbre  dans  le 
Sahara  entier,  était  le  rendez-vous  de  toutes  les  tribus  voisines  :  on  y  venait  en 
foule  du  Sous,  du  Dra,  du  Telouet  même  et  des  Ida  ou  Blal;  depuis  quatre  ans, 


DE  TIKIRT  A  TISINT. 


100 


point  d’eau,  point  de  récoltes  :  les  ressources  se  sont  épuisées,  les  provisions  ont 
manqué,  il  a  fallu  émigrer;  plus  de  la  moitié  des  habitants  a  déserté.  Aujourd’hui 
la  population  est  réduite  à  80  familles  musulmanes  et  55  juives.  La  décadence  s’est 
mise  en  tout  :  le  commerce  est  devenu  à  peu  près  nul;  le  marché,  si  animé  ja¬ 
dis,  est  désert.  C’est  la  disette  de  grains  dans  les  tribus  voisines,  surtout  chez 
les  Zenâga,  qui  a  amené  ce  désastre;  car  en  aucun  temps  Tazenakht  ne  peut  se 


Tazrout.  Assaka. 


Oaad  Tazenakht,  au  pied  de  Tazenakht.  (Vue  prise  du  niellait.) 
Croquis  de  l’auteur. 


Croquis  de  l’auteur. 


suffire  à  soi-même  :  nous  avons  vu  que  le  terrain  qui  l’environne  est  rocheux;  en 

A 

outre,  il  est  peu  arrosé  :  le  village  est  alimenté  par  des  sources;  l’eau  en  est  bonne  et 
ne  tarit  pas;  mais  si  elle  suffit  à  l’alimentation  des  habitants,  elle  est  trop  peu  abon¬ 
dante  pour  irriguer  la  campagne.  Aussi  y  a-t-il  peu  de  cultures  :  de  maigres  planta¬ 
tions  de  maïs,  d’oignons  et  de  citrouilles,  s’étendant  le  long  de  la  rivière;  au  milieu 
d’elles,  des  bouquets  de  trembles  très  clairsemés;  çà  et  là  quelques  figuiers,  quel¬ 
ques  cognassiers;  c’est  tout  ce  qu’on  voit  de  verdure  à  Tazenakht.  Le  climat  est, 
me  dit-on,  très  chaud  en  été,  tempéré  en  hiver;  il  tombe  quelquefois  de  la  neige, 
mais  elle  fond  en  touchant  terre. 

Tazenakht  possède  un  marché  célèbre.  La  situation  centrale  de  ce  marché  entre 
le  Sous,  le  Dra  et  le  Telouet  lui  a  donné  une  grande  importance;  chaque  jeudi, 
le  Sous  y  apporte  ses  huiles,  le  Dra  ses  dattes,  les  Glaoua  des  grains;  là  se  fait  1  é- 


110 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


change  des  divers  produits  :  les  dattes  sont  portées  vers  l’ouest  et  le  nord,  huiles  et 
grains  prennent  la  direction  du  sud  et  de  l’est.  Les  habitants  de  Tazenakht  ont  des  re¬ 
lations  suivies  avec  Maroc  :  leurs  caravanes  s’y  rendent  avec  des  peaux,  des  noix  et 
des  dattes,  et  reviennent  chargées  de  cotonnades,  de  sucre,  de  thé,  d’allumettes,  etc.; 
on  emmagasine  ces  marchandises,  et  on  les  expose  le  jour  du  marché.  Une  in¬ 
dustrie,  la  fabrication  des  khenîfs  (1),  fleurit  dans  la  bourgade.  Celle-ci  est  la  pa¬ 
trie  du  khenîf,  dont  le  tissage  et  le  brodage  occupent  presque  toute  la  population. 
Malgré  ces  objets  de  trafic,  Tazenakht  voit  décliner  son  commerce  :  les  tribus  voi¬ 
sines  y  viennent  encore  s’approvisionner  des  produits  d’Europe;  les  Zenâga  y  ap¬ 
portent  toujours  leurs  laines  et  leurs  grains;  mais  les  caravanes  du  Sous,  du  Mezgîta, 
des  Glaoua,  nombreuses  autrefois,  sont  aujourd’hui  rares  et  peu  importantes;  des 
oasis  du  sud  on  ne  vient  plus.  Parfois  il  n’y  a  pas  60  étrangers  sur  le  marché;  l’huile 
même  manque  souvent  à  Tazenakht;  on  en  est  réduit,  pour  s’éclairer,  à  faire  brûler 
péniblement  un  peu  de  graisse,  ou  à  allumer  une  poignée  d’herbes  sèches.  Le  pays 
est  très  pauvre  en  ce  moment;  les  chevaux  et  les  mulets  sont  rares  et  regardés  comme 
un  luxe;  peu  de  vaches;  point  de  chameaux;  il  n’y  a  en  certaine  quantité  que  des 
ânes,  des  moutons  et  des  chèvres. 

J’entre  ici,  pour  l’alimentation,  dans  une  région  nouvelle  :  jusqu’à  présent,  les 
pauvres  se  nourrissaient  de  farine  d’orge .  mais  tout  ce  qui  était  aisé  mangeait  du 
blé;  à  partir  d’ici,  on  ne  voit  plus  de  blé;  excepté  les  chikhs,  personne  ne  connaît 
que  l’orge;  c’est  l’orge  qui  compose  et  le  pain,  et  le  couscoussou  de  chaque  jour,  et  la 
zemmila  (2)  qu’on  emporte  en  voyage.  Les  costumes  sont  les  mêmes  que  chez  les 
Ait  Zaïneb;  mais  on  voit,  entre  les  khenîfs  et  les  haïks  blancs,  des  bernous  gris  à 
fines  raies  foncées;  je  n’en  trouverai  de  semblables  qu’au  Mezgîta.  Population  de 
C’hellaha,  mêlés  de  quelques  Ha.ra.tin;  ceux-ci  sont  moins  nombreux  ici  qu’à  Tikirt. 
On  ne  parle  que  le  tamazirt  :  sur  sept  ou  huit  hommes,  à  peine  en  trouve-t-on  un 
qui  sache  l’arabe;  aucune  femme  ne  comprend  cette  langue;  les  Juifs  même  ne  s’en 
servent  pas  habituellement  entre  eux. 


3°.  —  DE  TAZENAKHT  A  TISINT. 


Aller  de  Tazenakht  à  Tisint  eût  été  chose  facile  autrefois 
des  Ida  ou  Liai  venaient  ici  attirés  par  le  marché  :  on  eût 


,  lorsque,  chaque  jeudi, 
loué  une  escorte  parmi 


(1)  Au  singulier,  khenîf;  au  pluriel,  khenfàn. 

(2)  La  zemmila  se  compose  de  blé  ou  d'orge  grillé,  puis  moulu;  elle  se  mange  avec  un  peu  d'eau;  suivant  la 
quantité  de  celle-ci,  on  fait  soit  une  pâte,  soit  une  bouillie. 


DE  TI  Kl  RT  A  TISINT. 


111 


eux;  le  chemin,  infesté  de  bandes  pillardes  de  leur  tribu,  ne  peut  se  parcourir  que 
sous  leur  protection,  ou  en  compagnie  d’étrangers  qu’ils  respectent.  Aujourd’hui 
Tazenakht  n’a  plus  de  relations  avec  le  Sahara,  on  ne  peut  espérer  l’arrivée  d’Ida  ou 
Blal.  Il  me  faut  chercher,  comme  zetat,  un  homme  du  pays  qui  soit  connu  et  consi¬ 
déré  des  nomades  du  sud.  Le  Zanifi  et  l’Azdifi  sont  dans  ces  conditions  et  pourraient 
me  faire  parvenir  en  sûreté;  mais  on  me  détourne  de  m’adresser  à  ces  seigneurs  : 
si,  me  dit-on,  ils  vous  jugent  pauvre,  ils  ne  vous  conduiront  point,  n’y  trouvant 
pas  leur  profit;  si,  au  contraire,  ils  vous  croient  riche,  ils  vous  mangeront  en  route, 
vous  et  ce  que  vous  avez,  y  trouvant  plus  de  profit;  il  est  imprudent  de  se  mettre 
entre  les  mains  des  souverains  :  leur  haute  position  les  met  trop  au-dessus  de  tout; 
que  leur  importe  de  passer  pour  loyaux  ou  sans  foi?  il  faut  prendre  pour  zetat 
un  homme  assez  fort  pour  faire  respecter  son  anaïa,  mais  non  tant  qu’il  n’ait  in¬ 
térêt  à  garder  une  réputation  intacte.  Après  quinze  jours  de  recherches,  je  trouvai 
quelqu’un  qui  réunissait  à  ces  deux  conditions  celle  d’avoir  dans  le  sud  des  relations 
lui  permettant  d’y  aller  sans  trop  de  danger.  Lui  aussi  portait  le  titre  de  chikh.  Ce 
nom  n’est  point  ici  une  expression  désignant  le  chef  temporaire  d’un  douar  ou  d’un 
qçar;  c’est  un  titre  rare  et  respecté,  qui  est  héréditaire  et  appartient  aux  seuls  chefs 
de  quelques  grandes  familles;  tels  sont  le  Zanifi,  le  Mezgîti,  Ben  Otman,  l’Azdifi, 
et  enfin  mon  zetat,  Chikh  Mohammed  ou  Aziz  ould  Chikh  El  Hasen.  Mais  celui-ci 
est  un  prince  détrôné;  c’est  pourquoi  l’on  peut  se  fier  en  lui.  Chef  d’une  maison 
souveraine  des  Zenâga ,  il  partageait  jadis  l’autorité  dans  cette  tribu  avec  l’Azdifi; 
une  longue  guerre  eut  lieu  entre  les  deux  familles  rivales;  elle  se  termina,  il  y  a 
quinze  ans,  par  la  ruine  de  Chikh  Mohammed  ou  Aziz.  Son  château  fut  détruit. 
Il  dut  chercher  refuge  à  l’étranger.  C’est  alors  qu’il  vint  s’établir  à  Tazenakht. 
Il  en  est  aujourd’hui  un  des  hommes  les  plus  considérés  et  s’y  est  fait  une  grande 
renommée  de  courage.  Y  a-t-il  une  expédition  guerrière?  On  le  trouve  toujours 
au  premier  rang,  avec  Chikh  Abd  el  Ouahad.  Sa  maison  avait  de  vieilles  rela¬ 
tions  avec  les  tribus  du  sud;  les  liens  du  sang  l’unissent  à  plusieurs  d’entre  elles; 
il  n’a  cessé  d’entretenir  ces  bons  rapports;  mieux  que  personne,  il  pourra  me  dé¬ 
fendre.  Tel  est  celui  qui  va  me  conduire  :  je  n’aurai  qu’à  me  louer  de  lui. 


12  novembre. 


Départ  à  10  heures  et  demie.  Chikh  Mohammed,  monté  sur  une  belle  jument,  et 
deux  de  ses  esclaves  à  pied  m’escortent.  Après  avoir,  par  un  chemin  pierreux,  con¬ 
tourné  le  massif  auquel  Tazenakht  est  adossée,  j’entre  dans  une  immense  plaine, 
dont  le  nord  forme  le  territoire  des  Ait  Amer,  et  dont  les  portions  centrales  et  méri- 


112 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


dionales  appartiennent  aux  Zenâga.  Cette  plaine  est  limitée  :  au  nord,  par  les  pre¬ 
mières  pentes  du  désert  montueux  qui  s’étend  entre  les  ouads  Idermi  et  Tazenakht; 
à  l’est,  à  l’ouest  et  au  sud,  par  un  talus  de  grès  identique  à  celui  qui  forme  le  flanc 
droit  de  l’Ouad  Aït  Tigdi  Ouchchen  :  même  composition ,  même  pente,  même  éléva¬ 
tion  de  80  à  100  mètres.  Vers  le  sud,  le  sommet  de  ce  talus  est  le  faîte  même  du 
Petit  Atlas;  vers  l’ouest,  il  est  le  premier  échelon  du  Siroua,  dont  la  haute  cime  do¬ 
mine  toute  la  contrée.  Dans  le  nord,  on  distingue  au  loin  une  longue  ligne  blanche  : 
le  Grand  Atlas.  Le  sol  de  la  plaine  n’a  pas  une  ondulation,  il  est  uni  comme 
une  glace;  c’est,  au  début,  de  la  roche  couverte  d’une  mince  couche  de  sable  :  à 
mesure  qu’on  avance  vers  le  sud,  on  voit  cette  couche  s’épaissir  rapidement;  au 
delà  de  l’Ouad  Timjijt,  le  terrain  n’est  plus  que  sable  semé  d’un  peu  de  gravier,  les 
plantations  commencent;  à  partir  de  l’Ouad  Tiouiin,  on  rencontre  à  peine  une 
pierre  de  loin  en  loin,  le  sol  se  couvre  de  cultures  et  se  sème  de  villages;  enfin, 
au  sud  de  Tamarouft,  plus  de  pierres  du  tout,  sable  pur,  on  n’aperçoit  que  champs 
de  toutes  parts.  En  résumé,  c’est  une  plaine  très  riche;  le  sol  y  est  d’une  fertilité 
admirable  :  une  partie  seulement  en  est  ensemencée ,  et  les  grains  en  alimentent 
toutes  les  tribus  voisines;  elle  pourrait  se  cultiver  en  entier.  L’eau  seule  manque 
quelquefois;  cette  terre  excellente  est  peu  arrosée  :  on  y  voit  les  lits  d’un  grand 
nombre  de  ruisseaux,  de  rivières,  mais  presque  tous  à  sec  :  il  faut  la  pluie  pour  fé¬ 
conder.  Sur  les  parties  laissées  incultes,  le  thym  seul  pousse  en  cette  saison;  en  re¬ 
passant  au  printemps,  je  trouverai  les  mêmes  places  couvertes  de  seboula  el  far  et 
d’autres  herbes  qui  servent  à  la  nourriture  des  troupeaux.  Telle  est  la  plaine  où  je 
marche  aujourd’hui.  Plus  j’avance,  plus  l’aspect  en  devient  riant.  A  partir  de  Tem- 
daouzgez,  on  ne  voit  de  tous  côtés  que  travailleurs  dans  les  champs  :  il  vient  de 
pleuvoir  durant  plusieurs  jours;  c’est  la  récolte  assurée  :  aussi  chacun  de  labourer 
le  plus  qu’il  peut  et  d’ensemencer  à  la  hâte,  pour  profiter  de  cette  année  de  prospérité 
qui  succède  à  quatre  de  disette.  A  4  heures,  j’arrive  à  Tamarouft,  gros  village  où  je 
passerai  la  nuit. 

Point  d’autres  voyageurs  que  nous  sur  la  route.  J’ai  traversé  deux  rivières  :  l’Ouad 
Timjijt  (au  point  où  je  l’ai  passé,  il  coule  dans  une  dépression  d’un  kilomètre  de 
large,  de  quelques  mètres  au-dessous  du  niveau  de  la  plaine;  lit  de  vase  de  30  mè¬ 
tres,  au  milieu  duquel  serpentent  2  mètres  d’eau  claire  et  courante);  l’Ouad  Azge- 
merzi  (il  coule,  au-dessous  de  Temdaouzgez,  dans  une  dépression  de  300  mètres  de 
large  et  de  quelques  mètres  de  profondeur;  au-dessus  de  ce  lieu,  le  lit  est  au  ni¬ 
veau  de  la  plaine;  il  a  30  mètres  de  large;  fond  de  sable,  avec  2  mètres  d’eau  cou¬ 
rante;  rives  bordées  de  tamarix).  Les  divers  centres  habités  que  nous  avons 
rencontrés  d’Asersa  à  Tamarouft  sont  des  villages  en  pisé  blanc,  médiocrement 
construits,  entourés  de  jardins  bien  cultivés,  mais  pauvres  de  végétation;  les  ar- 


DE  TI  Kl  K  T  A  TISINT. 


113 


bres,  en  petit  nombre,  y  sont  les  mêmes  qu’à  Tazenaklit  :  le  tremble  domine.  L’eau, 
peu  abondante  dans  les  rivières,  se  trouve  à  une  courte  profondeur,  en  creusant  le 
sol;  on  voit  au  milieu  des  plantations  une  grande  quantité  de  puits. 

Les  Zenâga,  chez  qui  je  me  trouve  ici,  se  font  appeler,  lorsqu’on  écrit  leur  nom 
en  arabe,  Cenhadja  Oulhourri.  C’est  une  tribu  riche  et  puissante;  son  territoire 
s’étend  et  sur  la  plaine  où  nous  sommes  et  sur  les  montagnes  qui  la  bordent  :  dans 
la  plaine,  elle  a  ses  cultures  et  ses  villages,  ceux-ci  au  nombre  d’une  quarantaine; 
dans  la  montagne  paissent  ses  troupeaux.  Les  Zenâga  sont  sédentaires  et  Imaziren; 
ils  sont  Chellaha;  pas  un  Hartâni  parmi  eux.  Ils  sont  de  beaucoup,  des  tribus  que 
j’ai  vues,  celle  où  le  tamazirt  est  employé  de  la  façon  la  plus  exclusive;  personne  ici 
ne  sait  l’arabe,  pas  même  les  gens  riches,  pas  même  les  chikhs;  jusqu’aux  Juifs, 
dont  bon  nombre  n’entendent  que  le  tamazirt.  Si  j’avais  dù  trouver  quelque  part 
des  écrits  dans  cette  langue,  c’eût  été  ici;  mes  questions  à  ce  sujet  y  ont  été  aussi  in¬ 
fructueuses  qu’ailleurs  :  non  seulement  on  n’en  possède  point,  mais  on  semble  ignorer 
qu’il  en  ait  existé.  A  ce  caractère  distinctif  des  Zenâga,  leur  langage,  un  second  se 
joint,  leur  physionomie;  ils  en  ont  une  spéciale  qui  ne  se  retrouve  pas  chez 
d’autres  :  sans  avoir  rien  des  ljaratin,  ils  ont  le  teint  très  bronzé;  leurs  traits  sont 
accentués  et  durs;  presque  tous  sont  laids,  mais  grands,  secs  et  forts  (1).  C’est  une 
tribu  farouche,  guerrière  et  pillarde,  la  crainte  de  ses  voisins,  l’effroi  des  voyageurs; 
il  faut  l’anaïa  d’un  homme  puissant  pour  qu’un  étranger  puisse  la  traverser  sans  péril. 
Elle  était  gouvernée  autrefois  par  les  deux  maisons  souveraines  dont  nous  avons  parlé 
plus  haut;  aujourd’hui  elle  obéit  tout  entière  à  un  seul  chef,  Chikli  Hammou  ben 
Chikli  Mohammed  d  Ida  el  Qaïd.  Celui-ci  a  pour  résidence  le  village  d’Azdif,  d’où  le 
nom  d’Azdih,  sous  lequel  il  est  connu.  Il  a  un  frère,  Abdel  Ouahad  d  Ida  el  Qaïd,  qui 
porte  aussi  le  titre  de  chikh  et  habite  avec  lui.  Le  nom  de  leur  famille,  Ida  el  Qaïd, 
vient  de  ce  que  jadis  un  de  leurs  ancêtres  reçut  le  titre  de  qaïd  d’un  sultan.  Duquel? 
Nul  ne  peut  le  dire.  Quand?  On  l’ignore.  Tout  ce  qu’on  sait,  c’est  que,  depuis  un 
temps  immémorial,  cette  maison  règne  sur  les  Zenâga.  Son  pouvoir  s’étend  plus 
loin;  elle  a  forcé  plusieurs  tribus  et  districts  du  voisinage  à  le  reconnaître.  Le  Tlit  lui 
est  soumis.  Tisint  l’était  autrefois,  mais  depuis  vingt  ans  elle  a  secoué  le  joug.  Inutile 
de  dire  que  les  Zenâga  sont  indépendants;  tout  ce  qui  est  au  sud  de  Tazenaklit  l’est 
de  la  manière  la  plus  complète.  Voici  une  anecdote  qui  donnera  l’idée  du  genre  de 
relations  qu’on  a  ici  avec  le  makhzen.  Au  mois  d’avril  1881,  comme  je  repassai  dans 

(1)  On  peut  leur  appliquer  de  tous  points  ces  mots  de  M.  Duveyrier  sur  les  Touareg  :  «  En  général  les 
«  Touareg  sont  de  haute  taille...  Tous  sont  maigres,  secs,  nerveux;  leurs  muscles  semblent  des  ressorts 
«  d’acier.  Blanche  est  leur  peau  dans  l’enfance;  mais  le  soleil  ne  tarde  pas  à  lui  donner  la  teinte  bronzée 
«  spéciale  aux  habitants  des  tropiques.  »  (H.  Duveyrier,  Touârey  du  Nord,  liv.  IV,chap.  iv,  Caractère. s- 
physiques  des  'Touârey.) 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


15 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


J 1-4 

ces  parages,  je  rencontrai,  entre  El  Am  et  Tazenakht,  Chikh  Hammou  el  Azdifi  qui 
revenait  du  dernier  point,  où  il  avait  passé  quelques  jours  en  visite  chez  le  Zanifî.  J’a¬ 
vais  comme  zetat  un  esclave  de  Sidi  Hamed  ou  Abd  er  Rahman ,  marabout  des  Ait 
Amer,  chef  de  la  zaouïa  de  S.  Abd  Allah  ou  Mhind.  Aussitôt  que  les  cavaliers  de  la 
suite  du  chikh  nous  aperçurent,  ils  nous  prirent  au  col,  Mardochéeet  moi,  en  réclamant 
un  droit  de  passage,  une  zetata.  Leur  maître  s’était  arrêté  et  regardait  impassible  la 
bousculade.  Un  des  hommes  nous  demanda  d’où  nous  étions.  «  De  Merrâkech.  —  Des 
gens  de  Merrâkech,  des  sujets  du  sultan!  s’écria  le  chikh.  La  bonne  aubaine!  Trois 
Zenâga  sont  en  prison  dans  le  blad  el  makhzen.  Voici  des  otages  qui  arrivent  à  propos. 
Qu’on  les  emmène  et  qu’on  les  mette  aux  fers.  Ils  y  resteront  jusqu’à  ce  que  Moulei 
El  Hasen  nous  ait  rendu  nos  sujets.  »  Lorsqu’il  entendit  ce  langage,  l’esclave  du  ma¬ 
rabout  prit  la  bride  du  chikh  et  lui  déclara  que,  sujets  ou  non  du  sultan,  nous  étions 
sous  l’anaïa  de  son  maître  Sidi  Hamed,  et  que  par  conséquent  nul  n’avait  droit  de 
nous  toucher.  A  ces  paroles,  tout  change.  Toucher  aux  protégés  de  Sidi  Hamed!  Qui 
y  a  pensé  !  Non  seulement  on  ne  nous  emmène  pas,  mais  on  nous  laisse  passer  sans 
exiger  de  zetata.  Tel  est  le  prestige  du  sultan.  On  le  regarde  comme  un  chef  de  tribu 
éloigné,  avec  qui  on  serait  en  assez  mauvais  rapports. 

Les  Zenâga  comptent  environ  1700  fusils;  ils  ont  à  peine  20  chevaux.  Un  seul 
marché  sur  leur  territoire,  l’Arbaa  Taleouin. 


13  novembre. 


Départ  à  7  heures  du  matin.  Nous  marchons  d’abord  dans  la  même  plaine  qu’hier, 
toujours  unie,  fertile,  peuplée.  A  9  heures  et  demie,  nous  sommes  à  son  extrémité 
sud,  au  pied  du  talus  qui  la  borne.  Le  sommet  de  ce  talus  forme  ici  la  crête  supé¬ 
rieure  du  Petit  Atlas.  Nous  allons  la  franchir.  Une  brèche  profonde  se  dessine  en 
face  de  nous;  nous  montons  vers  elle  par  un  couloir  en  rampe  douce.  A  10  heures 
un  quart,  nous  atteignons  le  col,  Tizi  Agni ,  et  la  ligne  de  faite  du  Petit  Atlas.  De¬ 
vant  nous,  au  milieu  d’entassements  de  roches  noires,  s’ouvre  un  ravin  :  aucune 
largeur  ^au  fond,  où  un  filet  d’eau  bondit  par  hautes  cascades;  flancs  très  escar¬ 
pés,  souvent  à  pic;  pas  de  trace  de  terre  ni  de  végétation;  tout  est  pierre,  grès  noir 
et  luisant.  Vers  le  sud,  on  n’aperçoit  d’abord  qu’une  longue  succession  de  croupes 
brunes,  flancs  de  la  vallée  dont  la  source  est  ici,  versant  méridional  du  Petit  Atlas; 
puis,  au  delà,  à  une  grande  distance,  une  plaine  blanche;  enfin ,  bornant  l’horizon, 
une  dernière  chaîne  de  montagnes,  dominée  par  un  pic  bleuâtre  :  c’est  le  Bani,  avec 
le  mont  Taïmzour,  au  pied  duquel  est  Tisint.  Nous  nous  mettons  à  descendre  le  ravin 
où  plongent  nos  regards;  chemin  difficile  à  travers  les  roches  du  flanc  droit  :  du 
col  au  village  d’Agni,  où  nous  parvenons  à  midi,  on  ne  peut  marcher  qu’à  pied.  A 


DE  TIKIRT  A  TISINT. 


115 


Agni,  le  sentier  atteint  le  fond  de  la  vallée;  celle-ci,  en  aval  de  ce  point,  change  d’as¬ 
pect  :  jusque-là,  la  rivière  coulait  par  cascades;  la  pente  de  son  lit  était  très  rapide; 
les  flancs  étaient  si  escarpés,  et  en  même  temps  si  resserrés,  qu’en  arrivant  ici  j’ai 
vu  l’ouad  pour  la  première  fois 
depuis  le  col.  Au  delà,  au  con¬ 
traire,  plus  déchûtes;  les  flancs 
resteront  hauts  et  raides ,  mais  le 
fond  de  la  vallée  sera  en  pente 
douce  et  prendra  quelque  lar¬ 
geur. 

Ce  changement  n’est  pas  le  seul 
qui  m’attende  :  en  approchant 
d’Agni,  j’aperçois,  se  détachant 
sur  le  fond  noir  du  roc,  les  pa¬ 
naches  verts  des  palmiers  ;  ils  re¬ 
commencent  ici  :  à  l’ouest  du  Dra,  la  crête  du  Petit  Atlas  est  leur  limite  nord;  je 
les  retrouve  donc  pour  ne  pas  les  quitter  de  longtemps.  Nous  faisons  halte  au  village 
d’Agni  (1).  C’est  un  groupe  de  huttes  en  pierres  sèches,  où  vivent  misérablement  dix 
ou  douze  familles  de  Haratin.  Le  fond  de  la  vallée  a  momentanément  80  mètres  de 
large;  il  est  couvert  de  cultures  et  ombragé  de  dattiers;  au  milieu  coule  l’Ouad  Agni, 
avec  3  mètres  d’eau  verte  et  courante.  Les  habitants  reconnaissent  l’autorité  des  Ze- 
nâga;  elle  finit  ici. 

A  3  heures  et  demie,  nous  nous  remettons  en  route.  Nous  rentrons  dans  le  désert 
pour  y  rester  jusque  auprès  de  Tisint.  A  présent,  c’est  dans  le  lit  de  la  rivière  que 
l'on  marche;  dès  la  sortie  d’Agni,  il  se  dessèche  et  embrasse  tout  le  fond  de  la  vallée, 
large  de  40  mètres;  cet  espace  est  couvert  d’une  couche  de  galets,  qui  rendent  la 
marche  pénible;  pas  d’autre  végétation  que  des  jujubiers  sauvages,  de  2  à  3  mètres 
d’élévation,  et  des  heuboubs,  de  1  à  2  mètres,  croissant  au  pied  des  flancs.  Ceux-ci 
restent  les  mêmes,  toujours  rocheux  et  noirs,  hauts,  escarpés.  Nous  cheminons 
lentement  dans  ce  couloir  sauvage,  en  en  suivant  les  mille  détours.  Pendant  frois 
longues  heures,  la  vallée  demeure  ainsi.  Après  ce  temps,  le  fond  s’élargit  un  peu. 
A  7  heures,  les  flancs  s’abaissent  et  meurent  :  c’est  la  fin  du  Petit  Atlas;  j’en  suis 
arrivé  au  pied.  Devant  moi  s’étend  une  immense  plaine,  qui  apparaissait  du  haut 
du  col  :  on  l’appelle  la  Feïja.  C’est  un  vaste  désert  s’étendant  entre  le  Petit  Atlas  et 
le  Bani  :  sol  de  sable,  parfaitement  plat;  un  grand  nombre  de  rivières  et  de  ruis¬ 
seaux,  tous  à  sec,  le  sillonnent;  pas  d’autre  végétation  que  des  gommiers  de  2  à 


Djebel  Taïmzour. 


Vue  dans  la  direction  du  sud,  prise  du  col  d’Agni. 
Croquis  de  l’auleur. 


(1)  Agni,  pluriel  ignan.  Mot  amazir  ayant  le  sens  de  brèche,  tranchée,  défilé  très  étroit. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


I  II) 


3  mètres,  nombreux  au  pied  du  Petit  Atlas  et  le  long  des  cours  d’eau,  d’autant 
plus  clairsemés  qu’on  s’éloigne  de  ceux-ci  et  qu’on  va  vers  le  sud  :  je  vois  ces  arbres 
pour  la  première  fois.  Il  fait  nuit  quand  nous  entrons  dans  la  Feija;  Chikh  Moham¬ 
med  l’avait  calculé  ainsi;  ce  désert,  sans  cesse  parcouru  par  les  rezou  s  (1)  des  Ida  ou 
Pial,  des  Oulad  labia,  des  Berâber,  est  un  passage  des  plus  dangereux  :  a-t-on  à  le 
traverser?  on  s’arrange  pour  le  faire  (te  nuit,  afin  d’échapper,  à  la  faveur  des  ténè¬ 
bres,  aux  embuscades  qui  s’y  dressent.  Nous  nous  y  engageons  donc,  nous  dirigeant 
droit  sur  la  cime  du  Taïmzour,  qui  se  détache  en  noir  devant  nous.  A  10 .heures  du 
soir,  après  trois  heures  d’une  course  rapide,  nous  parvenons  au  pied  du  Bani,  à 
l’oasis  de  Tanzida.  Ici,  plus  de  péril;  nous  circulons  lentement  au  travers  de  mille 
canaux,  entre  de  grands  palmiers  aux  aspects  fantastiques,  dont  les  rameaux,  ar¬ 
gentés  par  la  lune,  jettent  sur  nous  une  ombre  épaisse.  J’arrive  ainsi  jusqu’au  qçar  : 
il  m’apparaît  tout  entier,  avec  ses  maisons  de  pisé  blanc  étagées  au  pied  de  la  paroi 
luisante  de  la  montagne,  dont  les  roches  polies  miroitent  par  cette  belle  nuit.  La  lune, 
qui  brille  au  milieu  d’un  ciel  sans  nuages,  jette  une  clarté  douce;  l’air  est  tiède,  pas 
un  souffle  ne  l’agite.  En  ce  calme  profond,  au  milieu  de  cette  nature  féerique, 
j’atteins  mon  premier  gîte  du  Sahara.  On  comprend,  dans  le  recueillement  de  nuits 
semblables,  cette  croyance  des  Arabes  à  une  nuit  mystérieuse,  leila  el  qedr,  dans 
laquelle  le  ciel  s’entr’ouvre,  les  anges  descendent  sur  la  terre,  les  eaux  de  la  mer 
deviennent  douces,  et  tout  ce  qu’il  y  a  d’inanimé  dans  la  nature  s’incline  pour  adorer 
son  Créateur. 

Depuis  le  Tizi  Agni ,  je  n’ai  pas  rencontré  une  seule  personne  sur  la  route.  Auprès 
de  Tanzida,  j’ai  traversé  l’Ouad  Agni  (lit  de  sable  de  30  mètres  de  large;  8  mètres 
d’eau;  la  rivière  coule  à  20  mètres  environ  au-dessous  du  niveau  de  la  Feija;  rives 
bordées  de  palmiers),  et  l’Ouad  Tanzida  (40  mètres  de  large;  fond  de  sable;  eau  salée; 
il  n’y  a  que  1  mètres  d’eau  dans  le  lit,  la  plus  grande  partie  étant  détournée  pour 
l’arrosage  des  plantations). 


14  novembre. 

Tanzida  est  un  grand  qçar  peuplé  surtout  de  Baratin.  Il  se  gouverne  à  part  et  ne 
compte  avec  aucun  district;  mais  il  reconnaît,  comme  tous  les  centres  des  environs, 
la  suzeraineté  des  Ida  ou  Blal.  La  vallée,  ou  plutôt  l’encaissement  au  bord  duquel  il 
s’élève,  a  environ  1  000  mètres  de  large;  il  est  borné  au  sud  par  le  Bani ,  et  au  nord 


(1)  On  appelle  rezou  des  troupes  de  partisans  qui  se  réunissent  pour  exécuter  des  coups  de  main,  razia. 
Les  rezous  n’ont  pour  but  que  le  pillage;  ils  opèrent  soit  contre  les  caravanes  et  les  voyageurs,  soit  contre  des 
tribus  ennemies. 


DE  TI  Kl  RT  A  TISINT. 


117 


par  la  Feija,  en  contre-bas  de  laquelle  il  est  de  20  à  25  mètres;  un  talus  presque  à 
pic  l’en  sépare;  le  fond,  de  sable  blanc,  est  planté  de  palmiers. 

Départ  de  Tanzida  à  8  heures  et  demie.  Je  suis  le  fond  de  la  vallée.  Il  se  rétrécit 
peu  à  peu  et  finit,  près  d’Aqqa  Ait  Sidi,  par  n’avoir  plus  que  200  mètres  de  large; 
hors  cela,  il  demeure  le  même  :  toujours  sablonneux,  toujours  ombragé  de  dattiers, 
toujours  séparé  de  la  Feija  par  une  muraille,  verticale.  A  Aqqa  Ait  Sidi,  change¬ 
ment  brusque  :  les  dattiers  disparaissent;  la  vallée  se  rétrécit  tout  à  coup,  de  façon 
à  ne  garder  qu’une  largeur  de  40  mètres,  la  place  de  la  rivière  ;  en  même  temps  celle- 
ci  s’enfonce  dans  un  profond  kheneg.  Ce  défilé  s’appelle  Foum  Tisint;  s’ouvrant  dans 


Djebel  Taïmzour.  Foum  Tisint. 


Chaîne  du  Bani,  Djebel  Taïmzour  et  Foum  Tisint.  (Vue  prise  de  Ez  Zaouia,  qçar  de  Tisint.) 

Croquis  de  l'auteur. 


le  flanc  du  Bani,  il  donne  issue  aux  eaux  du  Petit  Atlas  et  de  la  Feija.  Le  passage, 
de  150  mètres  de  largeur  totale,  se  divise  en  deux  parties  :  l’une  est  un  plateau  sur 
lequel  passe  le  chemin;  l’autre,  en  contre-bas  de  la  première,  et  large  de  40  mètres, 
est  occupée  par  le  lit  du  cours  d’eau  ;  ces  deux  portions  sont  séparées  par  un  talus 
à  1/1  de  20  à  30  mètres  de  haut.  Plateau,  talus,  chemin,  tout  n’est  que  pierre, 
comme  les  flancs  de  la  montagne;  ceux-ci  sont  escarpés,  et 
composés  de  cette  roche  noire  et  luisante  que  je  trouve  si  sou¬ 
vent  dans  le  sud.  Le  Bani  est  fort  étroit;  c’est  une  arête  aiguë, 
une  lame  qui  émerge  du  sol;  quoique  je  le  traverse  oblique¬ 
ment,  il  est  bientôt  franchi  :  en  un  quart  d’heure,  j’atteins 
l’extrémité  sud  du  kheneg.  Là  toute  l’oasis  de  Tisint  se  découvre  à  mes  yeux  :  im¬ 
mense  forêt  de  palmiers,  vaste  étendue  sombre,  au  milieu  de  laquelle  brillent  les 
taches  blanches  des  qçars;  des  collines  basses,  des  talus  de  sable  jaune,  bordent  au 
loin  l’océan  de  verdure;  à  mes  pieds,  la  rivière,  qui  sort  du  kheneg,  s’avance  avec 
majesté,  pleine  d’une  eau  bleue  et  limpide ,  vers  les  bois  de  dattiers  où  je  la  vois  bien¬ 
tôt  s’enfoncer  et  disparaître.  Sur  sa  rive  droite,  au  seuil  des  plantations,  est  le  grand 
qçar  d’Agadir.  J’y  entre  à  10  heures  du  matin. 

Dans  cetfe  courte  marche,  j’ai  traversé  ou  vu  plusieurs  cours  d’eau  :  l’Ouad  Tan¬ 
zida  (lit  mi-sable,  mi -gravier;  100  mètres  de  large,  avec  8  mètres  d’eau,  jusqu’au 
confluent  de  l’Ouad  Aginan  ;  200  mètres  de  large,  avec  20  mètres  d’eau,  au-dessous 
<le  ce  point);  l’Ouad  Aginan  (je  ne  le  vois  que  de  loin;  sa  vallée,  ombragée  de  pal- 


118 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


miers,  se  creuse  à  pic  dans  les  sables  de  la  Feïja;  elle  semble  identique  à  celle  de 
l’Ouad  Tanzida)  ;  l’Ouad  Qaçba  el  Djoua  (lit  moitié  roche,  moitié  sable,  de  25  mètres 
de  large,  avec  8  mètres  d’eau  claire  et  courante;  cette  eau  est  douce);  l’Ouad  Tisint 
(le  lit,  au  point  où  je  le  traverse,  a  40  mètres  de  large;  il  est  de  sable;  une  eau 
limpide  et  courante,  profonde  de  70  centimètres,  en  occupe  la  moitié;  cette  eau 
est  salée,  comme  celle  de  l’Ouad  Tanzida  qui  la  compose  en  partie). 


SÉJOUR  DANS  LE  SAHARA. 


119 


ô 


V. 

SÉJOUR  DANS  LE  SAHARA. 

1°.  —  TISINT. 

En  arrivant  à  Tisint,  une  région  nouvelle  a  commencé  pour  moi;  ciel,  produc¬ 
tions,  habitants,  costumes,  tout  y  diffère  de  ce  que  j’ai  vu  avant  ce  jour.  Jusqu’ici 
j’étais  dans  un  pays  montagneux;  il  avait  le  climat  et  les  produits  du  sud  de  l’Eu¬ 
rope;  les  habitants  étaient  des  Chellaha,  presque  tous  vêtus  de  laine  blanche.  Ce 
pays,  leBani  en  est  la  limite.  Lorsque,  après  l’avoir  traversé,  on  entre  à  Tisint,  on  met 
le  pied  dans  un  monde  nouveau.  Ici,  pour  la  première  fois,  l’œil  se  porte  vers  le  midi 
sans  rencontrer  une  seule  montagne  :  la  région  au  sud  du  Bani  est  une  immense 
plaine,  tantôt  blanche,  tantôt  brune,  étendant  à  perte  de  vue  ses  solitudes  pierreuses  ; 
une  raie  d’azur  la  borne  à  l’horizon  et  la  sépare  du  ciel  :  c’est  le  talus  de  la  rive 
gauche  du  Dra;  au  delà  commence  le  Hamada.  Cette  plaine  brûlée  n’a  d’autre  végé¬ 
tation  que  quelques  gommiers  rabougris,  d’autres  reliefs  que  d’étroites  chaînes  de 
collines,  rocheuses,  entrecoupées,  s’y  tordant  comme  des  tronçons  de  serpents.  A  côté 
du  désert  morne,  sont  les  oasis,  avec  leur  végétation  admirable,  leurs  forêts  de  pal¬ 
miers  toujours  verts,  leurs  qçars  pleins  de  bien-être  et  de  richesse.  Travaillant  dans 
les  jardins,  étendue  nonchalamment  à  l’ombre  des  murs,  accroupie  aux  portes  des 
maisons  causant  et  fumant,  on  voit  une  population  nombreuse  d’hommes  au  visage 
noir,  Baratin  de  couleur  très  foncée;  leurs  vêtements  me  frappent  d’abord  :  tous  sont 
vêtus  de  cotonnade  indigo,  étoffe  du  Soudan.  Je  suis  dans  un  nouveau  climat  :  point 
d’hiver;  on  sème  en  décembre,  on  récolte  en  mars;  l’air  n’est  jamais  froid;  au-des¬ 
sus  de  ma  tête,  un  ciel  toujours  bleu , 


Où  jamais  ne  flotte  une  nue, 
S’étale  implacablement  pur. 


Tisint  est  une  des  plus  grandes  oasis  du  Sahara  Marocain.  Elle  est  située  au  fond 
d’une  cuvette  dont  les  bords  sont,  d’une  part  le  Bani,  de  l’autre  une  ceinture  de  col¬ 
lines,  rocheuses  au  sud,  sablonneuses  à  Test  et  à  l’ouest.  Au  milieu  de  ce  cercle, 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


]  20 


s’étend  une  plaine  de  sable  blanc  :  là  se  trouve  l’oasis,  forêt  de  palmiers  traversée 
par  une  belle  rivière,  avec  qçars  s’élevant  à  la  lisière  des  plantations. 

L’Ouad  Tisint  a  en  toute  saison  beaucoup  d’eau;  cette  eau  est  salée;  les  habitants 
boivent  de  préférence  celle  qui  provient  de  pluie,  et  qui  se  conserve  en  quelques  creux 
de  rochers  des  environs;  ils  n’ont  pas  de  citernes.  La  rivière  renferme  beaucoup  de 
poissons  ;  on  en  pêche  qui  ont  40  centimètres  de  longueur.  Ces  poissons,  cette  onde 
abondante  et  amère  donnent  lieu  à  mille  légendes  :  les  gens  du  pays  ne  doutent  pas 
que  l’Ouad  Tisint  ne  tire  ses  eaux  de  la  mer.  Leur  opinion  tient  à  une  croyance  ré¬ 
pandue  dans  les  campagnes  du  Maroc.  Les  fleuves,  les  ruisseaux,  les  sources  qui  coulent 
à  la  surface  du  globe,  ont  deux  origines  principales  :  les  uns,  d’eau  douce,  viennent  des 
nuages  du  ciel,  dont  la  substance  s’emmagasine  dans  la  terre;  les  autres,  salés,  sont 
produits  par  l’onde  marine,  qui  s’infiltre  sous  le  sol.  11  y  a  aussi  des  lits  qui  ne  s’em¬ 
plissent  que  durant  les  pluies  :  pour  ceux-ci,  point  d’hésitation  sur  la  cause  qui  les 
forme.  Enfin  on  voit  des  cours  d’eau  d’une  quatrième  sorte,  les  plus  mystérieux;  ils 
coulent  l’année  entière,  qu’il  pleuve  ou  non,  sans  qu’on  leur  connaisse  de  source  :  ils 
ne  viennent  ni  de  la  terre,  ni  de  la  mer,  ni  du  ciel,  mais  de  Dieu  seul.  L’Ouad  Tisint 
passe  au  milieu  des  dattiers;  ils  croissent  sur  ses  bords  mêmes  et  ombragent  ses 
flots;  le  lit  de  la  rivière,  presque  partout  rocheux,  est  au  niveau  des  plantations  et 
sans  berges;  il  a  100  à  120  mètres 'de  large,  dont  le  quart  est  couvert  par  la  nappe 
liquide,  d’ordinaire  divisée  en  plusieurs  bras.  Au-dessus  de  l’oasis,  le  volume  des 
eaux  est  plus  considérable.  A  l’entrée  de  la  forêt ,  en  face  d’Agadir,  un  barrage 
les  arrête  :  il  se  forme  à  ce  point  un  réservoir  long  et  profond,  d’où  partent  une  foule 
innombrable  de  conduits  qui  vont  arroser  chaque  clos.  Des  diverses  oasis  que  je  ver¬ 
rai  au  Maroc,  aucune  n’est  comparable  à  Tisint  pour  la  quantité  des  eaux  courantes  : 
à  chaque  pas,  on  traverse  des  canaux,  dont  plusieurs  ont  jusqu’à  2  mètres  de  large  et 
40  ou  50  centimètres  de  profondeur. 

Le  sol  de  l’oasis  est  tout  sable.  Les  palmiers  qui  le  couvrent  sont  plantés  très 
serrés  ;  des  murs  de  pisé  les  divisent  en  une  infinité  d’enclos  ;  peu  d’autres  arbres 
s’y  mêlent,  de  loin  en  loin  on  aperçoit  quelques  figuiers.  Point  de  cultures  à 
l’ombre  des  dattiers  :  on  réserve  toute  l’eau  pour  l’irrigation  de  cet  arbre  précieux. 
11  n’y  a  de  champs  qu’en  dehors  de  la  forêt,  à  la  lisière  de  l’oasis;  là  on  cul¬ 
tive  dans  le  sable  des  légumes  et  de  l’orge;  on  ne  le  fait  que  les  années  de  pluie, 
quand  l’eau  du  ciel  féconde  la  terre,  et  que  la  rivière,  plus  grosse  que  d’habitude, 
fournissant  plus  qu’il  ne  faut  aux  palmiers,  permet  d’arroser  une  plus  grande  surface 
de  terrain.  La  datte  est  ht»  fortune  de  Tisint;  grâce  à  elle,  cette  dernière  est  un  des 
centres  les  plus  prospères  du  Sahara  Marocain  :  suivant  un  dicton  du  pays,  des 
trois  oasis  célèbres  de  la  contrée,  Tatta,  Aqqa  et  Tisint,  la  première  l’emporte  en 


li  AN  I . 


Taznout. 


Ait  ou  Iran. 


Qoubba  M.  Ismaïl.  Koudia  Bou  Mousi.  Dj.  Hamsaïlikli. 


Dj.  el  Feggouçat. 


Foum  Timrari. 


BAM. 


Oasis  de  Tisint.  (Vue  générale  prise  d’Agadir.) 
Croquis  de  l’auteur. 


DJEBEL 


BANI. 


DJEBEL 


BANI. 


Oasis  d’Aqqa.  (Vue  générale  prise  des  coteaux  situés  au  nord-est  du  qçar  d’El  Kebbaba.) 

Croquis  de  l’auteur. 


OCEAN 

ATLANTIQUE. 

GRAND 

ATLAS. 

GRAND 

ATLAS 

Plaines 

du 

bas  Sous. 

Agadir  Irir. 

Col  de  Bibaouan. 

Djebel  Ida  ou  Ziqi. 

Plateau  des  Ilalen,  plaines  du  bas  Sous,  Océan  Atlantique,  Grand  Atlas.  (Les  parties  ombrées  du  Grand  Atlas  sont  couvertes  de  neige.)  (Vue  prise  d’Afikouralien.) 

Croquis  de  l’auteur. 


'  SEJOUR  DANS  UE  SAHARA. 


121 

population,  et  la  dernière  en  nombre  de  palmiers.  Tisint  produit  des  dattes  de  plu¬ 
sieurs  espèces  :  djihel ,  bou  ittôb ,  hou  feggouç ,  bousekri ,  boa  souaïr  (1)  ;  les  djihels 
y  dominent  de  beaucoup  :  elles  y  sont  très  bonnes,  tandis  qu’ailleurs  elles  sont 
d’ordinaire  médiocres. 

Les  qçars  de  Tisint  sont  au  nombre  de  cinq  :  Agadir  (500  familles),  Ait  ou  Iran, 
Taznout,  Ez  Zaouïa,  Bon  Mousi.  Agadir  et  Bon  Mousi  sont  les  deux  principaux; 
en  temps  de  guerre,  tout  Tisint  enferme  ses  biens  entre  leurs  murs.  Bou  Mousi  et  Ez 
Zaouïa  sont  habités  presque  exclusivement  par  des  marabouts;  à  Bou  Mousi,  se 
trouve  la  zaouïa  de  Sidi  Ali  ou  Abd  er  Raliman,  dont  l’influence  est  grande  sur 
les  Oulad  Ialiia;  à  Ez  Zaouïa,  celle  de  Sidi  Abd  Allah  ou  Mhincl,  avec  le  tombeau 
de  ce  saint  et  celui  de  son  fils  Sidi  Mohammed  ou  Bou  Bekr;  cette  dernière  est  très 
vénérée  d’une  partie  des  Berâber  ;  de  tout  le  voisinage  on  vient  visiter  les  mausolées 
des  trois  bienheureux  et  apporter  des  offrandes  à  leurs  descendants.  Il  y  a  d’au¬ 
tres  qoubbas  à  Tisint  :  telle  est  celle  de  Moulei  Ismaïl ,  en  face  d’Agadir.  Tant  de 
saints,  morts  et  vivants,  prouvent  une  population  pieuse;  en  effet  les  Baratin 
de  Tisint  sont  dévots,  formant  contraste  en  cela  avec  les  autres  Musulmans  de 
la  contrée,  et  surtout  avec  ces  «  païens  »  d’Arabes,  comme  ils  appellent  les  noma¬ 
des  voisins.  A  Tatta,  à  Aqqa  d’une  part,  chez  les  Zenâga  de  l’autre,  personne  ne  fait 
le  pèlerinage  de  la  Mecque,  personne  ne  sait  lire,  si  ce  n’est  un  petit  nombre  de  ma¬ 
rabouts;  personne  ne  dit  régulièrement  les  prières,  beaucoup  ne  les  savent  pas.  Le 
seul  acte  religieux  qu’on  fasse  est  de  donner  quelque  argent  à  des  zaouïas  ;  encore 
ne  le  leur  apporte-t-on  point  :  il  faut  que  les  religieux  aillent  eux-mêmes  quêter  en 
chaque  village.  Chez  les  nomades,  chez  les  Ida  ou  Blal  surtout,  c’est  pis  :  on  a  beau 
venir  chez  eux,  ils  ne  donnent  rien  ;  si  les  marabouts  insistent,  ils  les  traitent  de  fai¬ 
néants  et  les  renvoient  en  se  moquant  d’eux;  leur  parle-t-on  du  liadj?  ils  répondent 
qu’ils  ne  vont  qu’où  il  y  a  de  l’argent  à  gagner;  quant  à  lire  et  à.  écrire,  pas  un 


(1)  Les  principales  espèces  de  dattes  que  produit  le  Sahara  Marocain  sont,  par  ordre  de  mérite  :  les  bou  ittôb. 
les  bou  feggouç,  les  bou  sekri,  les  djihel,  les  bou  souaïr.  Les  bou  ittôb  sont  très  petites,  avec  un  noyau  pres¬ 
que  imperceptible;  le  goût  en  est  délicat  :  ce  sont  les  dattes  qui  se  conservent  le  mieux;  jamais,  dit-on,  les  vers 
ne  les  attaquent.  Les  bou  feggouç  sont  grosses;  elles  sont  aussi  très  bonnes  et  très  recherchées.  Les  bou 
sekri  sont  de  taille  moyenne,  et  fort  sucrées,  comme  l’indique  leur  nom;  elles  ont  une  couleur  particulière, 
d’un  gris  vert,  tandis  que  les  autres  ont  les  tons  dorés  qu’on  voit  habituellement  aux  dattes.  Les  djihel  sont  de 
même  dimension,  à  noyau  assez  gros;  elles  sont  beaucoup  moins  estimées  que  les  trois  premières  espèces, 
excepté  celles  qui  viennent  de  Tisint  ;  les  dattiers  qui  les  produisent  ont  une  quantité  énorme  de  fruits  : 
de  cette  exubérance  est  venu  leur  nom.  Les  bou  souaïr  sont  fort  au-dessous  des  dattes  précédentes;  elles  sont 
petites  et  ont  peu  de  chair;  on  les  mange  à  peine;  elles  servent  surtout  à  la  nourriture  des  bestiaux.  Le  nom 
de  bou  souaïr  s'applique  d’ailleurs,  dans  tout  le  sud ,  moins  à  une  datte  spéciale  qu’à  toute  datte  de  rebut,  de 
mauvaise  qualité  ou  non  parvenue  à  maturité,  et  peu  propre  à  l’alimentation  des  hommes.  Ces  diverses  espèces 
sont  mélangées  dans  les  oasis;  dans  toutes,  une  d’elles  domine  :  à  .Tisint,  ce  sont  les  djihel;  à  Tatta,  ce  sont 
les  bou  feggouç,  à  Aqqa  les  bou  sekri,  sur  le  versant  méridional  du  Petit  Atlas  les  bou  souaïr,  dans  le  Dra 
les  bou  feggouç,  dans  le  bassin  du  Ziz  les  bou  feggouç  et  les  bou  souaïr. 

Hl'CONNAISSVNCE  AU  MAROC. 


1 22, 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC: 


homme  ne  le  sait  clans  la  tribu;  prier,  ils  n’y  ont  jamais  pensé.  A  Tisint,  au  con¬ 
traire,  peu  de  gens  jouissant  d’un  peu  d’aisance  qui  ne  portent  le  titre  de  hadj.  Faire 
le  pèlerinage  est  l’ambition  de  tous  les  habitants.  Il  faut  1  000  ou  1  500  francs  pour 
cela,  grosse  somme  dans  le  pays  :  ils  travaillent  sans  relâche  jusqu’à  ce  qu’ils  l’aient 
acquise;  l’ent-ils?  les  voilà  partis  pour  Tanger,  et  de  là  pour  la  Mecque.  Prodige 
plus  rare,  quelques-uns  savent  lire.  C’est  la  première  fois  qu’en  dehors  des  villes 
et  des  zaouïas  je  vois  des  Marocains  lettrés.  Tisint  est  une  merveille  au  milieu  de 
l’ignorance  générale.  Avec  cette  piété,  il  ne  peut  régner  pour  les  marabouts  qu’une 
libéralité  et  un  respect  extrêmes  :  couvents  et  religieux  ont  fleuri  de  toutes  parts 
sur  un  sol  si  propice. 

A  Tisint,  comme  partout  au  sud  du  Bani,  la  plupart  des  constructions  sont  en  pisé 
ou  en  briques  séchées  au  soleil;  quelquefois,  dans  les  maisons  pauvres,  les  parties 
basses  sont  en  pierre;  les  demeures  riches  sont  tout  en  pisé.  Cette  dernière  matière 
est  la  seule  estimée  dans  le  pays.  Pour  les  charpentes,  on  se  sert  de  poutres  de  pal¬ 
mier.  Les  maisons  ont  un  rez-de-chaussée,  un  premier  étage  et  une  terrasse  ;  chacune 
possède  une  cour  intérieure.  Quelques  rares  bâtiments  sont  blanchis;  la  chaux  est 
en  général  réservée  aux  qoubbas.  Les  rues  sont  étroites,  à  tel  point  que,  dans 
la  plupart,  les  mulets  ne  peuvent  passer  chargés;  elles  sont  en  grande  partie 
couvertes. 

La  population  de  Tisint,  comme  celle  de  toutes  les  oasis  du  sud  du  Bani,  est  un 
mélange  de  Chellaha  et  de  Haratîn;  ici  ces  derniers,  en  proportion  bien  plus  forte 
que  partout  ailleurs,  forment  plus  des  neuf  dixièmes  des  habitants  :  ainsi  Tisint  est 
presque  entièrement  peuplée  de  Haratîn.  En  même  temps,  sans  doute  à  cause  de  cela, 
leur  couleur  y  est  plus  foncée  que  nulle  part.  Nous  remarquerons,  en  tous  lieux,  que 
le  teint  des  Haratîn  est  d’autant  plus  noir  qu’ils  sont  plus  compacts,  d’autant  plus 
clair  que  les  Chellaha  auxquels  ils  sont  mélangés  sont  plus  nombreux. 

Les  costumes  sont  les  suivants.  Au  lieu  de  chemise,  on  porte  une  kechchaba  de 
cotonnade  indigo  ( klient )  (1)  :  c’est  un  morceau  d’étoffe,  de  2  mètres  à  2"',50  de 
long  sur  1  mètre  à  lm,20  de  large,  au  milieu  duquel  est  pratiquée  une  fente 
longitudinale  où  Ton  passe  la  tête;  les  deux  pans  de  la  pièce  tombent  naturelle¬ 
ment,  l’un  par  devant,  l’autre  par  derrière;  point  de  coutures;  on  se  contente  de 
nouer  ensemble  les  coins  des  pans  dans  le  bas,  à  droite  et  à  gauche;  le  côté  reste 
nu.  La  plupart  du  temps  on  n’a  qu’une  kechchaba;  quelques  riches  en  mettent  deux, 

(1)  Le  klient ,  appelé  en  France  guinée,  est  une  étoffe  de  coton  indigo.  La  plupart  de  celui  dont  on  se  sert  au 
Maroc  est  fabriqué  en  Angleterre  et  vient  par  Mogador.  C'est  la  contrefaçon  d'une  étoffe  de  même  teinte,  mais 
beaucoup  meilleure,  qui  se  confectionne  au  Soudan.  Cette  dernière,  aussi  solide  comme  tissu  et  comme  cou¬ 
leur  que  l'autre  l'est  peu,  a  une  valeur  plus  grande  :  l’élévation  de  son  prix  en  fait  un  objet  de  luxe  réservé 
à  quelques  chikhs  et  marabouts.  Une  kechchaba  d’étoffe  du  Soudan  se  paie  environ  60  francs;  en  klient 
ordinaire,  elle  en  coûte  5  ou  6. 


SEJOUR  DANS  LE  SAHARA. 


123 


la  seconde  étant  en  coton  blanc  ( shen ).  Par-dessus  ce  vêtement,  les  uns  portent  le 
haïk  de  laine  blanche,  d’autres  le  bernous,  parfois  blanc,  plus  souvent  brun 
(kheidous) ,  quelques-uns  le  khenîf.  On  s’entoure  la  tête  d’un  étroit  turban  de 
khent  ou,  plus  souvent,  on  reste  tête  nue.  Aux  pieds  on  a  des  belras  jaunes,  au  bras 
quelque  amulette,  au  cou  un  cordon  de  cuir  où  sont  pendus  quatre  objets  :  une 
pipe  (1)  à  fourneau  en  bois  noir  du  Soudan,  un  poinçon  pour  la  nettoyer,  une  pince 
pour  saisir  la  braise  et  allumer,  enfin  un  sachet  de  cuir  pour  le  tabac;  ces  sa¬ 
chets,  appelés  bit ,  tous  du  même  modèle,  sont  apportés  de  Timbouktou.  Le  cos¬ 
tume  comporte  une  dernière  pièce,  qui  couvre  tour  à  tour  diverses  parties  du 
corps  :  c’est  le  caleçon.  Il  est  de  khent  et  descend  au-dessous  du  genou.  Les  riches 
seuls  le  possèdent.  A  l’intérieur  des  qçars,  ils  le  portent  comme  se  porte  d’ordinaire 
ce  vêtement.  Sortent-ils,  ont-ils  une  marche  à  faire?  ils  l’ôtent,  sous  prétexte  qu’il 
gêne  les  mouvements,  et  se  l’enroulent  autour  de  la  tête  comme  renfort  de  turban. 
Tels  sont  les  costumes  et  la  façon  de  s’habiller  des  Musulmans  sédentaires  dans  les 
oasis  du  sud  du  Bani,  entre  Dra  et  Sahel.  Les  vêtements  des  nomades  de  la  même 
région  diffèrent  peu;  ils  sont  moins  variés  encore  :  une  seule  kechchaba,  toujours 
de  khent;  le  caleçon  facultatif;  un  haïk  de  laine  blanche;  un  bernous  de  même 
couleur;  rien  sur  la  tète,  chez  quelques  vieillards  seuls  un  turban  de  khent;  une 
amulette  enfermée  dans  un  étui  de  métal  et  pendue  soit  au  cou,  soit  au  bras;  la  pipe 
et  ses  accessoires  :  c’est  là  leur  costume  uniforme.  Parmi  eux,  les  Ida  ou  Blal  se  dis¬ 
tinguent  par  leur  façon  de  porter  les  cheveux  :  alors  que  les  autres  Marocains  que 
j’ai  vus  les  rasent  ou  les  tiennent  très  courts,  beaucoup  d’Ida  ou  Blal  les  laissent 
pousser  et  gardent  une  chevelure  longue  de  10,  15  et  20  centimètres.  Les  femmes 
s’habillent  d’une  manière  identique  chez  les  Haratin, 
les  Chellaha  et  les  nomades.  Leur  vêtement  est  le 
même  que  dans  le  reste  du  Maroc,  une  pièce  d’é¬ 
toffe  unique  attachée  sur  les  épaules  et  retenue  à  la 
ceinture;  le  tissu,  au  lieu  d’en  être  comme  aupara¬ 
vant  de  cotonnade  blanche  ou  de  laine,  est  de  khent. 

Un  voile  court,  en  khent,  complète  le  costume; 
elles  s’en  couvrent  le  visage  devant  les  hommes, 
lorsque  leurs  pères  ou  leurs  maris  sont  présents;  hors  de  la  vue  de  ces  derniers, 
elles  ne  le  mettent  pas.  Elles  se  peignent  peu  la  figure  et  ne  se  tatouent  point; 
la  coutume  du  tatouage  est  à  peu  près  inconnue  au  Maroc.  Comme  bijoux,  elles 
ont  de  grosses  boucles  d’oreilles  d’argent,  des  agrafes  de  même  métal,  un  grand 

(1)  Ici  tous  les  hommes  fument,  nomades  et  sédentaires,  les  riches  dans  des  pipes,  les  pauvres  dans  des  os 
creux.  Trois  espèces  de  tabac  viennent  d’Ouad  Noun,  du  Dra  et  du  Touat.  Celle  d'Ouad  Noun  est  la  plus  es¬ 
timée.  Les  unes  et  les  autres  se  vendent  par  feuilles  entières  et  au  poids.  Personne  ne  prise,  saut  les  Juits. 


Harlania  de  Tisint. 
Croquis  de  l’a u t e u r. 


m 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


nombre  de  colliers  où  l’ambre  domine,  mêlé  de  mial,  de  pièces  d’un  et  de  deux  francs, 
de  grains  de  verre  et  de  corail,  puis  des  diadèmes  argent  et  corail,  des  bracelets  de 
corne,  enfin  quelques  bagues  d’argent.  Pieds  nus  d’ordinaire,  elles  mettent  pour 
sortir  les  belras  rouges  de  toutes  les  Marocaines. 

Parmi  les  hommes  de  cette  région,  les  Chellaha  et  les  Haratîn  sont  en  général  de 
taille  moyenne,  bien  faits,  forts,  lestes,  et  laids  de  figure;  les  Arabes  sont  pres¬ 
que  tous  petits  et  d’apparence  chétive,  avec  de  beaux  traits.  On  trouve  peu  de  fem¬ 
mes  agréables  chez  les  Chellaha;  au  contraire,  beaucoup  de  Hartaniat  sont  jolies; 
elles  se  distinguent  dans  leur  jeunesse  par  de  grands  yeux  pleins  de  mobilité  et 
d’expression,  une  physionomie  ouverte  et  rieuse,  des  mouvements  souples  et  gra¬ 
cieux.  Les  femmes  des  tribus  nomades,  Ida  ou  Blal,  Oulad  Iahia,  etc.,  sont  la 
plupart  belles;  en  aucun  lieu  du  Maroc  je  n’ai  vu  d’aussi  beaux  types  que  parmi 
elles  :  elles  ont  la  noblesse,  la  régularité,  la  grâce;  leur  peau  est  d’une  blancheur 
extrême,  celle  du  moins  de  leur  visage  et  de  leurs  bras;  car  l’habitude  de  porter  des 
habits  indigo,  jointe  à  celle  de  ne  se  jamais  laver,  donne  à  leur  corps  des  tons  fon¬ 
cés  et  bleuâtres  différents  de  sa  couleur  naturelle. 

Dans  cette  contrée,  comme  dans  le  blad  es  siba  tout  entier,  on  ne  va  jamais  sans 
armes  :  tant  qu’on  est  dans  l’intérieur  d’un  qçar  ou  d’un  douar,  on  ne  porte  que 
le  poignard;  dès  qu’on  sort,  fût-ce  pour  la  course  la  plus  courte,  on  prend  son 
fusil.  Sédentaires  et  nomades  ont  comme  armes  le  fusil  et  le  poignard  à  lame 
courbe.  La  poudre  se  met  dans  une  corne  de  cuivre  ouvragé.  Les  cornes  et  les  poi¬ 
gnards  sont  d’un  modèle  uniforme,  déjà  décrit.  Les  fusils  sont  de  deux  sortes  :  les 
uns  appartiennent  au  type  en  usage  chez  les  Glaoua,  à  Tazenakht,  etc.;  les  autres 
sont  des  armes  à  deux  coups  de  fabrication  européenne.  Ces  derniers  sont  des  fusils 
de  chasse,  à  pierre,  de  la  fin  du  siècle  dernier  ou  de  la  première  partie  de  celui-ci, 
qu’on  exporte  du  Sénégal;  ils  en  viennent  parterre,  apportés  par  les  caravanes  du 
Sahel  (1).  Les  nomades  les  recherchent,  près  de  la  moitié  d’entre  eux  en  sont  armés; 
on  en  voit  moins  parmi  les  sédentaires.  Les  cavaliers  portent  le  sabre.  11  y  a  peu  de 
ces  privilégiés.  Les  chevaux  sont  très  rares.  Les  nomades  eux-mêmes  n’en  ont  pas 
beaucoup.  Dans  les  qçars,  où  la  difficulté  de  les  nourrir  est  extrême,  il  s’en  trouve 

(1)  On  nomme  ici  Sahel  la  région  qui  borde  la  mer,  de  l'embouchure  de  l'Ouad  Sous  au  Sénégal.  La  partie 
marocaine  de  cette  longue  bande  se  compose  des  bassins  secondaires  qui  versent  leurs  eaux  dans  l’Océan 
entre  l’embouchure  du  Sous  et  celle  du  Dra;  pour  la  distinguer  du  reste,  nous  appellerons  cette  portion  Sahel 
Marocain.  Ici  l'on  ne  fait  point  cette  différence  :  on  parle  du  Sahel  Marocain  en  disant  «  Sahel  »  ;  jamais 
on  ne  le  nomme  Sous,  comme  on  fait  dans  le  nord.  C’est  par  un  effet  de  généralisation,  comparable  à  celui 
qui  a  fait  étendre  à  toute  une  race  le  nom  de  la  tribu  des  Beràber,  que  dans  les  parties  septentrionales  du  Ma¬ 
roc  on  a  étendu  le  nom  de  Sous  aux  régions  situées  au  sud  du  bassin  de  l’Ouad  Sous,  alors  qu'il  s’applique  exclusi¬ 
vement  à  ce  bassin.  Nous  conformant  à  la  règle  établie  dans  le  pays  même,  nous  emploierons  le  nom  de 
Sous  pour  désigner  le  bassin  de  l’Ouad  Sous  tout  entier,  et  rien  que  lui. 


SEJOUR  DANS  LE  SAHARA. 


125 

au  plus  trois  ou  quatre,  en  moyenne;  il  n’y  en  a  pas  quinze  dans  tout  Tisint.  Les 
vaches  sont  un  luxe  non  moins  grand;  seules,  les  quelques  maisons  regardées 
comme  très  riches  en  possèdent;  on  n’en  compte  pas  vingt-cinq  à  Tisint.  Les  mu¬ 
lets  sont  plus  rares  encore  que  les  chevaux.  Il  existe  quelques  ânes  et  un  petit 
nombre  de  moutons  et  de  chèvres.  On  nourrit  ces  animaux  de  paille,  et  d’herbe 
quand  on  peut,  ce  qui  n’est  pas  fréquent;  on  donne,  en  outre,  aux  chevaux  et  aux 
mulets  des  dattes  de  la  dernière  qualité  (bou  souaïr).  Le  plus  souvent,  pour  se  délivrer 
de  ces  difficultés,  les  habitants  des  qçars  font  des  arrangements  avec  des  nomades 
et  leur  confient  leurs  chevaux  et  leurs  moutons  :  les  nomades  se  chargent  de  les 
nourrir,  en  ont  la  jouissance  et,  au  premier  signal,  doivent  les  ramener  au  pro¬ 
priétaire.  Quant  aux  nomades,  ils  ont  des  chameaux,  des  moutons,  des  chèvres  et 
quelques  chevaux. 

Dans  les  qç-ars  de  cette  région,  la  nourriture  des  habitants  est  la  suivante  :  le  ma¬ 
tin,  au  réveil,  le  hesou ;  vers  11  heures,  Yqsida;  le  soir,  le  tam  avec  des  navets. 
Le  hesou  est  une  sorte  de  potage  où  entrent  de  l’eau,  un  peu  de  graisse  ou  d’huile  et 
une  poignée  de  farine  d’orge;  il  se  mange  à  la  cuiller  (1).  L’asida  est  une  bouil¬ 
lie  épaisse  ayant  la  consistance  du  tam;  elle  est  faite  de  farine  d’orge,  ou  de  maïs 
cuite  avec  un  peu  d’eau;  au  milieu,  on  verse  de  l’huile  ou  du  beurre  fondu.  Le 
tam  est  ce  qu’on  connaît  ailleurs  sous  le  nom  de  couscoussou  ;  il  se  fait  ici  avec  de 
l'orge.  La  viande  ne  figure  pas  comme  mets  habituel  dans  les  repas;  les  riches 
même  en  goûtent  rarement.  Le  petit  nombre  des  heureux  qui  ont  une  vache  rem¬ 
placent  le  hesou  du  matin  par  une  jarre  de  lait  aigre  qu’ils  boivent  en  mangeant 
des  dattes.  L’arrivée  d’hôtes  transforme  peu  l’ordinaire  :  à  leur  entrée,  on  offre  une 
corbeille  de  dattes;  de  même  avant  le  tam  du  soir.  Si  la  maison  est  riche  et  si  l’on 
reçoit  des  gens  de  qualité,  on  sert  le  matin,  au  lieu  de  hesou,  des  galettes  chaudes 
avec  du  miel  de  dattes  (2);  s'il  y  a  du  lait,  on  le  boit  vers  3  heures,  en  mangeant 
des  bou  ittôb  ou  des  bou  feggouç,  ce  qui  fait  une  sorte  de  goûter;  on  fait  le  thé  deux 
fois  par  jour,  avant  le  repas  du  matin  et  avant  celui  du  soir;  enfin  on  sert  de  la 
viande  avec  le  couscoussou.  Le  thé  est  la  grande  friandise  au  Maroc  (3)  :  c’est  la 
seule  boisson  de  ce  genre  qui  y  soit  en  usage;  sauf  à  Merràkech,  à  Fâs,  et  dans  les 


(1)  Le  hesou  est  connu  en  Algérie  sous  le  nom  de  medechcha. 

(2)  Les  dattes  se  conservent  dans  de  grandes  jarres  de  terre  d'environ  lm,20  de  hauteur  :  les  couches  supé¬ 
rieures,  pesant  sur  les  autres,  les  écrasent  peu  à  peu;  il  s’en  exprime  un  jus  très  sucré,  de  la  couleur  et  de 
la  consistance  du  miel;  on  le  recueille  en  pratiquant  au  bas  du  récipient  une  petite  ouverture  par  laquelle 
il  s’échappe.  C’est  ce  qu’on  appelle  le  miel  de  dattes. 

(3)  Ce  thé  est  du  thé  vert  apporté  d’Angleterre.  Dans  les  ports  et  dans  les  grandes  villes  du  Maroc,  il  se 
vend  environ  5  francs  le  kilogramme;  la  valeur  en  augmente  à  mesure  qu’on  s’éloigne  des  centres;  elle  est 
de  20  à  30  francs  le  kilogramme  à  Tisint.  On  prend  le  thé  très  faible,  avec  beaucoup  d'eau,  énormément 
de  sucre,  et  en  y  ajoutant  de  la  menthe  ou  d'autres  plantes  aromatiques  pour  en  relever  le  parfum. 


126 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


ports,  le  café  est  inconnu;  dans  ces  villes,  on  en  prend  peu.  Le  thé,  au  contraire, 
est  répandu  dans  tout  l’empire;  au  Sahara  c’est  un  coûteux  régal,  que  se  donnent 
seuls  les  qaïds,  les  chikhs,  les  marabouts  et  les  Juifs.  Nous  venons  de  dire  la  nour¬ 
riture  des  Musulmans  sédentaires  ;  celle  des  nomades  est  la  même ,  si  ce  n’est  qu’ayant 
des  troupeaux,  le  lait,  de  chamelle  surtout,  tient  une  grande  place  dans  leur  ali¬ 
mentation.  Les  uns  et  les  autres,  lorsqu’ils  voyagent,  emportent  des  dattes  comme 
unique  provision,  quelle  que  doive  être  la  longueur  de  la  route  (1). 

Tisint  est  le  centre  d’un  commerce  considérable  :  elle  trafique  avec  Merrâkech, 
Mogador,  le  Sous;  elle  exporte  vers  ces  points  des  dattes,  des  peaux  et  de  la  gomme, 
et  reçoit,  en  retour,  du  Sous  les  grains  et  les  huiles,  de  Merrâkech  et  de  Mogador  les 
produits  européens.  Tisint  est  un  grand  dépôt  de  ces  dernières  marchandises;  Agadir 
surtout,  où  s’est  concentré  le  commerce  de  l’oasis  et  où  il  y  a  marché  chaque  jour  : 
les  Chellaha  voisins  et  les  nomades  des  environs,  Ida  ou  Blal,  Oulad  Iahia  et  Be- 
râber,  viennent  s’y  approvisionner,  de  dattes  d’abord,  puis  de  grains,  d’huile  et  de 
choses  d’Europe  telles  que  khent,  sucre,  thé,  aiguilles.  Tous  les  principaux  habi¬ 
tants  d’Agadir  se  livrent  au  commerce;  ils  ont  leur  fortune,  qui  chez  les  plus  ri¬ 
ches  s’élève  à  8000  francs,  composée  d’une  part  de  dattiers  (à  Tisint  un  bon  dattier 
vaut  10  francs),  de  l’autre  d’une  somme  d’argent  qu’ils  emploient  au  trafic.  Faisant 
eux-mêmes  les  transactions  principales,  ils  ne  s’occupent  pas  du  détail  de  la  vente; 
pour  ce  service,  chacun  a  chez  soi  un  Juif  à  gages  qui  du  matin  au  soir  ne  fait  que 
débiter  les  marchandises.  11  y  a  ainsi  une  dizaine  d’Israélites  à  Agadir.  Point  de 
mellali  :  ces  Juifs  sont  seuls,  sans  leur  famille,  et  habitent  chez  leurs  patrons  :  les 
uns  sont  de  Tatta  et  d’Aqqa,  les  autres  des  Zenâga.  Un  ou  deux  d’entre  eux  font 
en  même  temps  le  métier  d’orfèvre,  spécialité  des  Juifs  du  Maroc,  surtout  au  sud 
de  l’Atlas.  Agadir  a  ce  qui  caractérise  les  marchés  :  l’on  y  abat  chaque  jour  et 
l’on  y  vend  à  toute  heure  de  la  viande  au  détail  et  du  pain  chaud.  Le  marché  d’A¬ 
gadir  est  le  seul  de  Tisint.  Naguère,  outre  ce  qui  s’y  rencontre  aujourd’hui,  les 
produits  du  Soudan  y  affinaient.  Cuirs,  étoffes,  bougies  de  cire  jaune,  or,  y  ve¬ 
naient  de  Timbouktou  en  abondance.  A  présent,  plus  de  vestige  de  ce  commerce. 
C’est  par  hasard  et  de  loin  en  loin  qu’on  voit  quelque  objet  du  pays  des  noirs.  Il  en 
est  de  même  à  Tatta  et  à  Aqqa  :  autrefois,  avant  que  Tindouf  existât,  ces  oasis 
étaient  des  points  d’arrivée  de  caravanes  du  Soudan.  Depuis  trente  ans  que  Tin¬ 
douf  est  fondée,  tous  les  convois  du  sud  s’arrêtent  à  cette  localité;  de  là  les  mar¬ 
chandises  prennent  le  chemin  direct  de  Mogador,  par  le  Sahel  et  le  Chtouka  :  plus 
rien  ne  passe  ni  à  Tisint,  ni  à  Tatta,  ni  à  Aqqa.  Il  faut  aller  à  Tizounin  pour  com- 


(1)  La  seule  différence  de  nourriture  qui  existe  entre  les  Musulmans  du  sud  du  Bani  et  ceux  des  massifs  du 
Grand  et  du  Petit  Atlas  est  que,  dans  ces  dernières  contrées,  la  datte  cesse  de  faire  partie  de  l’alimentation,  et 
([ue  le  lait,  le  beurre  et  le  miel  y  entrent  pour  une  part  plus  ou  moins  grande,  suivant  les  lieux. 


SEJOUR  DANS  LE  SAHARA. 


127 


mencer  à  trouver  des  produits  de  la  Nigritie.  A  partir  d’ici,  tout  le  monde  connaît 
de  nom  le  Soudan  et  Timbouktou ,  et  l’on  rencontre  parmi  les  nomades  une  cer¬ 
taine  quantité  de  gens  y  ayant  été,  et  un  grand  nombre  au  courant  de  son  trafic, 
de  ses  usages  et  de  son  état.  Avec  le  commerce  considérable  qui  anime  Agadir,  le 
qçar  est  sans  cesse  rempli  d’une  foule  d’étrangers,  Ida  ou  Blal  la  plupart,  venus 
pour  affaires  :  c’est  pourquoi  nous  avons  décrit  dès  à  présent  la  physionomie  des 
Arabes,  on  en  voit  presque  autant  que  de  Haratîn. 

L’oasis  de  Tisint  est  tributaire  des  Ida  ou  Blal.  Chacun  des  cinq  qçars  qui  la  com¬ 
posent  est  indépendant  des  autres,  a  son  administration  séparée  et  n’entretient  avec 
ses  voisins  que  les  rapports  rendus  nécessaires  par  la  proximité;  quelquefois  des 
querelles  s’élèvent  entre  eux,  questions  d’eaux  le  plus  souvent;  d’ordinaire,  les  loca¬ 
lités  vivent  en  bonne  intelligence  :  le  danger  commun  les  a  toujours  réunies;  cet  ac¬ 
cord  fait  en  partie  la  prospérité  de  l’oasis;  il  l’a  préservée  des  malheurs  de  certains 
qçars  de  Tatta.  Tisint  est  tributaire  des  Ida  ou  Blal  depuis  peu  de  temps.  Il  y  a 
vingt  ans,  elle  l’était  non  pas  d’eux,  mais  des  Zenâga.  L’Azdifi  avait  une  maison 
à  Agadir,  et  toute  l’oasis  reconnaissait  sa  suprématie.  Les  Zenâga  abusèrent  de 
leur  pouvoir;  ils  commirent  mille  excès,  dépouillant  les  habitants  de  leurs  biens, 
les  tuant  au  moindre  propos.  Ceux-ci  se  lassèrent  d’un  état  qui  était  devenu  la  plus 
dure  des  servitudes;  ils  allèrent  trouver  les  Ida  ou  Blal,  leur  demandèrent  secours 
contre  leurs  oppresseurs  et,  en  échange,  se  constituèrent  leurs  tributaires.  Les  nou¬ 
veaux  protecteurs  se  mirent  en  campagne;  unis  aux  gens  de  Tisint  soulevés,  ils 
chassèrent  les  Zenâga,  les  forcèrent  d’abandonner  et  l’oasis  et  la  Feija,  et  les 
refoulèrent  jusqu  a  Agni.  Depuis  ce  temps,  Tisint  vit  en  paix  sous  la  suzeraineté  de 
ses  libérateurs.  Cette  suzeraineté  n’implique  aucune  immixtion  dans  les  affaires  . 
intérieures  ni  extérieures  des  qçars  :  chacun  d’eux  se  gouverne  à  sa  guise;  elle 
n’implique  même  pas  alliance  :  qu’ils  aient  des  guerres,  soit  entre  eux,  soit  avec 
des  étrangers,  cela  ne  regarde  point  les  Ida  ou  Blal.  Les  seuls  devoirs  récipro¬ 
ques  sont  :  pour  les  gens  de  Tisint,  de  remettre  chaque  année  à  leurs  protecteurs 
un  tribut  consistant  en  la  charge  de  dattes  de  vingt  chameaux;  pour  les  Ida  ou  Blal, 
de  s’abstenir  de  tout  méfait  envers  leurs  clients.  Si  Tisint  ou  une  partie  de  Tisint 
voulait  leur  appui  pour  une  expédition  ou  une  guerre  défensive,  cela  ferait  l’objet 
d’un  traité  spécial.  Le  fait  ne  s’est  pas  présenté  depuis  que  les  Zenâga  ont  été  chas¬ 
sés;  ceux-ci  n’ont  point  tenté  de  revenir;  la  paix  s’est  établie  avec  eux  :  ils  sont  au¬ 
jourd’hui  en  relations  amicales  et  avec  Tisint  et  avec  ses  suzerains. 

Chaque  qçar,  avons-nous  dit,  est  indépendant  des  autres.  Chacun  se  gouverne  par 
l’assemblée  de  ses  habitants,  qui  remet  le  pouvoir  exécutif  aux  mains  d’un  chikh 
élu  dans  son  sein  :  tant  que  ce  chikh  satisfait  la  majorité,  il  garde  son  titre  : 
cesse-t-il  de  plaire,  on  le  lui  enlève  et  on  le  donne  à  un  autre.  Dans  les  qçars  où  une 


128 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


famille  a  la  prépondérance  par  ses  richesses  et  sa  considération,  cette  dignité  est 
généralement  son  apanage;  si  un  homme,  par  ses  qualités  et  sa  fortune,  l’emporte 
de  beaucoup  sur  ses  compatriotes,  il  demeure  ordinairement  chikh  toute  sa  vie.  A 
défaut  d’influence  qui  s’impose,  on  nomme  un  des  notables  de  la  localité;  il  reste 
jusqu'au  jour  où  on  cesse  d’être  content  de  lui.  Le  chikh  veille  aux  affaires  du  qçar, 
en  fait  respecter  les  coutumes  au  dedans,  en  sauvegarde  les  intérêts  au  dehors;  en 
guerre,  il  marche  à  la  tète  de  ses  concitoyens  :  pour  toute  résolution  importante, 
l’assemblée,  anfaliz ,  se  réunit  et  décide.  Le  degré  de  pouvoir  des  chikhs  est  très 
variable  :  les  uns,  par  leurs  qualités  personnelles  ou  la  puissance  de  leurs  familles, 
possèdent  une  grande  autorité;  d’autres,  dépourvus  de  ces  avantages,  sont  peu  de 
chose  de  plus  que  leurs  concitoyens.  Dans  certaines  localités,  il  existe  une  sorte  de 
maison  commune,  souvent  distinguée  par  une  tour;  appartenant  à  l’ensemble  des 
habitants,  elle  est  successivement  prêtée  à  chaque  chikh.  D’ordinaire,  il  ne  l’oc¬ 
cupe  pas;  il  y  reçoit  les  hôtes  de  distinction  et  les  députés  des  tribus  étrangères.  A 
Agadir,  on  a  fait  une  maison  semblable  de  l’ancienne  demeure  de  l’Azdifi,  connue 
sous  le  nom  de  Dar  ez  Zenàgi.  Point  de  famille  ni  d’homme  prépondérants  dans 
ce  qçar  :  on  y  a  pris  pour  chikh  l’habitant  le  plus  riche  du  lieu,  un  nommé  El 
Touhami.  C’est  un  Hartâni.  Tisint  est  le  seul  endroit  où  j’aie  vu  le  titre  de  chikh 
porté  par  des  Haratin,  partout  ailleurs  on  ne  le  donnait  qu’à  des  Chellaha. 

En  aucun  des  qç-ars  que  j’ai  visités,  je  n’ai  trouvé  de  qanouns  écrits.  Dans  tous 

ceux  de  ces  contrées,  des  coutumes  se  transmettent  par  la  tradition;  un  des  de¬ 

voirs  du  chikh  est  de  les  faire  observer.  Ces  coutumes,  les  mêmes  pour  le  fond, 
varient  dans  les  détails  à  chaque  localité.  Elles  se  composent  de  peu  de  chose. 

Nous  allons  dire  ce  qui  se  passe,  en  général,  en  cas  de  contestation,  de  vol  et  de 

meurtre.  11  faut  savoir  d’abord  qu’il  y  a  dans  le  sud  un  certain  nombre  de  qadis  : 
ce  sont  des  hommes  connus  pour  leur  équité,  ayant  fait  quelques  études,  soit  dans 
le  pays,’  soit  au  dehors,  et  appelés  par  la  volonté  des  gens  du  voisinage  à  remplir 
les  fonctions  de  juge.  La  plupart  du  temps,  ils  joignent  à  ce  titre  celui  de  mara¬ 
bout,  mais  ce  n’est  pas  obligatoire  (1). 

Un  homme  a-t-il  une  contestation  avec  un  de  ses  concitoyens?  il  lui  dit  :  allons 
devant  le  qadi  de  tel  endroit.  L’autre  doit  le  suivre.  Le  qadi  rend  un  arrêt.  Si  ce  juge 
n’inspire  pas  confiance  à  la  partie  citée,  elle  a  le  droit,  une  fois  arrivée  devant  lui, 
de  le  récuser  en  disant  :  Votre  justice  ne  me  convient  pas;  envoyez-moi  à  un  autre. 


(1)  Les  qadis  de  cette  région  sont  les  suivants.  A  Tisint  :  Hadj  Hamed  à  Ez  Zaouïa,  S.  Mhind  Abd  el  Kebir  à 
Ait  ou  Iran,  S.  El  Adnani  à  Agadir.  A  Trit,  Ould  S.  Tîb.  A  Qaçba  el  Djoua,  S.  Hamed  Abou  Zeïz.  A  Tatta  : 
S.  Hamed,  S.  El  Hanafi,  S.  El  Madani  à  Ait  Haseïn,  S.  Mohammed  d  Ait  Ouzeggar  à  Adis.  A  Mrimima,  S.  Abd 
Allah.  A  Tamessoult,  S.  Abd  er  Ralunan.  Pour  la  tribu  des  Ida  ou  Blal,  deux  qadis,  Tajakant  l'un  et  l’autre; 
ce  sont  deux  frères  :  S.  Mouloud,  résidant  à  Tatta,  et  S.  Ahmed  Digna,  habitant  d’ordinaire  Tindouf. 


SÉJOUR  DANS  LE  SAHARA. 


129 


Cette  volonté  est  exécutée  :  on  désigne  un  qadi  différent.  Si  un  homme  déclare  ne 
se  soumettre  à  aucun,  s’il  ne  veut  pas  comparaître  en  justice,  le  plaignant  s’a¬ 
dresse  à  l’anfaliz,  lequel  condamne  le  récalcitrant,  quand  il  persiste  dans  son  refus, 
à  une  forte  amende.  Ces  qadis  sont  des  gens  ignorants,  mais  la  plupart  équitables 
et  à  l’abri  de  la  corruption;  ils  jugent  plutôt  selon  le  bon  sens  que  d’après  les  règles 
du  droit  musulman. 

S’agit-il  d’un  vol?  Aussitôt  qu’il  est  connu,  le  cliikh  fait  crier  dans  le  qçar  qu’une 
amende  de  tant  de  réals  punira  l’individu  chez  qui  on  trouvera,  à  partir  d’une  date 
fixée,  ou  l’objet  volé  ou  le  voleur;  l’amende  est,  en  général,  égale  à  quatre  fois 
la  valeur  de  la  chose  dérobée.  Si  rien  n’a  reparu  dans  le  délai  indiqué,  l’objet  est 
perdu  à  jamais,  car  il  a  été  pris  par  un  pauvre  diable  qui,  fuyant  avec,  a  quitté  le 
pays,  ou  il  est  recélé  chez  un  homme  riche  qui  n’avouera  ni  ne  rendra  rien.  On  peut, 
à  la  demande  de  la  victime,  faire  des  perquisitions  dans  les  maisons;  ce  droit  se  paie 
cher  :  pour  toute  demeure  qu’on  a  fouillée  sans  y  trouver  la  chose  volée,  il  est  dû  au 
propriétaire  une  indemnité  variant  entre  30  et  50  réals,  indemnité  à  la  charge  du 
plaignant.  Dans  ce  pays  pauvre,  où  les  vols  ne  s’exercent  guère  sur  des  objets  de 
valeur,  on  hésite  à  employer  ce  moyen.  Mais  il  y  a  des  nuances.  Si  le  volé  est  un 
malheureux,  il  ne  reverra  jamais  ce  qu’on  lui  a  ravi.  Si  c’est  un  homme  puissant  et 
audacieux,  il  fera  ses  perquisitions  lui-même  et,  s’il  trouve  son  bien,  il  le  reprendra 
le  fusil  à  la  main,  à  la  tète  de  ses  parents  et  de  ses  amis.  Dans  le  cas  rare  où  l’on 
découvre  un  voleur  par  les  moyens  réguliers,  il  est  condamné  d’abord  à  rendre  ce 
qu’il  a  dérobé,  puis  à  une  peine  qui  est  déterminée  par  l’anfaliz;  cette  peine  peut 
être  soit  très  légère,  telle  qu’une  amende  insignifiante,  soit  très  rigoureuse,  telle  que 
le  bannissement;  c’est  selon  la  qualité  du  voleur,  selon  qu’il  est  soutenu,  ou  dépourvu 
de  protections.  S'il  est  serviteur  ou  client  d’un  homme  considérable,  s’il  a  des  amis, 
il  ne  sera  presque  pas  puni,  peut-être  point  du  tout;  si  c’est  un  misérable  sans  appui, 
on  lui  prendra  le  peu  qu’il  a  et  on  le  jettera  nu  à  la  porte  du  qçar. 

11  faut  faire  la  même  distinction  en  cas  de  meurtre.  Si  un  homme  riche,  auda¬ 
cieux,  redouté,  tue  un  malheureux,  il  se  bornera  à  payer  le  prix  du  sang,  somme 
minime  qui  varie  suivant  les  endroits;  s’il  est  très  puissant,  il  ne  le  paiera 
même  pas  :  qui  oserait  le  lui  réclamer?  Ces  sortes  de  meurtres  sont  fréquents. 
Les  autres  sont  rares  :  ils  entraînent  toujours  les  résultats  les  plus  graves.  Un 
homme  tue-t-il  son  égal ,  les  parents  du  mort  le  vengent  aussitôt.  L’honneur 
leur  défend  aucun  accommodement  :  ils  courent  sus  au  meurtrier;  celui-ci,  de 
son  côté,  est  soutenu  par  les  siens  :  la  guerre  s’allume  entre  les  deux  familles  ;  elle 
gagne  bientôt  tout  le  qçar.  Quand  ces  luttes  intestines  ont  duré  un  certain  temps, 
il  se  trouve  quelquefois  un  homme  assez  sage  et  assez  influent  pour  faire  entendre 
des  paroles  de  conciliation  et  être  écouté;  ou  bien  la  crainte  que  des  voisins  ne  pro- 

17 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


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RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


fitem  de  cet  état  produit  un  rapprochement.  Trop  souvent  une  des  factions  appelle 
l’étranger  à  son  aide;  l’étranger,  c’est  le  nomade;  alors  la  ruine  est  inévitable  : 
aussitôt  introduits  dans  la  cité,  les  nomades  attaquent  sans  différence  les  deux 
partis,  font  un  massacre  général,  pillent  tout,  détruisent  les  maisons  et  s’en  vont 
chargés  de  butin,  lorsque  le  qçar  est  un  monceau  de  ruines.  Les  habitants  de 
Tisint  ont  eu  la  sagesse  de  ne  jamais  les  mêler  aux  querelles,  peu  nombreuses  d’ail¬ 
leurs,  qu’ils  ont  eues  entre  eux.  Il  n’en  a  pas  été  de  même  à  Tatta  :  on  y  voit  les 
vestiges  de  dix  villages  ruinés  à  diverses  époques  par  les  Ida  ou  Blal  qui,  dans  la  plu¬ 
part,  avaient  été  appelés  en  alliés  pendant  des  guerres  civiles. 

Chez  les  nomades,  les  choses  se  passent  à  peu  près  comme  dans  les  populations 
sédentaires  :  là,  plus  qu’ailleurs,  la  loi  du  plus  fort  est  seule  respectée.  Entre  eux 
ne  s’élèvent  point  ces  mille  contestations  auxquelles  les  achats,  les  ventes,  les  voisi¬ 
nages  de  propriétés,  donnent  naissance  parmi  les  habitants  des  oasis.  Par  contre, 
les  vols  et  les  meurtres  sont  plus  fréquents. 

Si,  dans  les  qçars  et  dans  les  tribus  errantes,  des  coutumes  protègent  plus  ou  moins 
chaque  individu  contre  ses  concitoyens,  rien  nulle  part  ne  sauvegarde  l’étranger;  tout 
est  permis  contre  lui.  On  peut  le  voler,  le  piller,  le  tuer  :  nul  ne  prendra  sa  défense; 
s'il  résiste,  chacun  lui  tombera  sus.  Tout  commerce,  toutes  relations,  seraient  impos¬ 
sibles  si  un  usage  spécial  ne  remédiait  à  cet  état.  Cet  usage,  de  la  plus  lîaute  anti¬ 
quité,  qui  existe  presque  partout  au  Maroc,  est  ce  que  les  anciens  Arabes  appelaient 
djira  (1)  et  ce  qu’on  nomme  ici  debiha.  La  debiha  est  l’acte  par  lequel  on  se  place 
sous  la  protection  perpétuelle  d’un  homme  ou  d’une  tribu.  C’est,  une  anaïa  prolon¬ 
gée.  Prenons  un  exemple  :  un  étranger  entre  dans  un  qçar  ou  dans  un  campement 
de  nomades  :  il  y  est  arrivé  avec  un  individu  de  la  localité  ou  de  la  tribu,  qui 
l’a  accompagné  comme  zetat,  après  lui  avoir  accordé  son  anaïa,  aussi  appelée 
mezrag  (2).  Si  l’étranger  ne  fait  que  passer,  cette  protection  suffit  pour  sa  sûreté; 
s’il  veut  séjourner,  elle  cesse  d’être  valable  :  l’anaïa  ou  mezrag  est  une  garantie 
temporaire,  créée  spécialement  pour  les  voyageurs;  celui  qui  veut  résider  quelque 
temps,  ne  fut-ce  qu’un  mois,  doit  s’en  assurer  une  autre.  11  demande,  à  titre  perpétuel, 
la  protection  d’un  personnage  de  la  tribu  :  cela  s’appelle  «  sacrifier  sur  lui  »,  debeh 
cilih.  Cette  expression  a  pour  origine  l’ancien  usage,  qui  n’est  suivi  aujourd’hui 
qu’en  circonstances  graves,  d’immoler  un  mouton  sur  le  seuil  de  l’homme  à  qui 
l’on  demande  son  patronage.  Si,  comme  il  arrive  d’habitude,  la  personne  à  qui  on 

(1)  Voir  ;  Caussin  de  Perceval.  Essai  sur  l'histoire  des  Arabes  avant  l'islamisme ,  pendant  l'époque  de 
Mahomet  et  jusqu'à  la  réduction  de  toutes  les  tribus  sous  la  loi  musulmane. 

(2)  Mezrag  signifie  «  lance  ».  Dans  les  tribus  unies  et  compactes,  celui  qui  a  donné  son  anaïa  n’accompagne 
pas  lui-même  ;  il  fait  conduire  par  un  enfant ,  ou  se  contente  de  remettre  au  protégé  un  objet  connu  comme 
sien,  dont  la  présence  prouve  qu’on  est  sous  sa  sauvegarde.  Autrefois  on  donnait  sa  lance  à  celui  à  qui  on 
accordait  son  anaïa.  Les  deux  mots  sont  ainsi  devenus  synonymes. 


SÉJOUR  DANS  LE  SAHARA. 


131 


s’adresse  l’accorde,  on  fait  venir  un  marabout,  et  il  écrit,  séance  tenante,  un  acte 
certifiant  que  le  nommé  un  tel  a  sacrifié  sur  tel  individu  de  telle  tribu  et  qu’il  est 
actuellement  sous  sa  protection.  Voici  les  termes  dans  lesquels  se  rédigent  ces  pièces. 
Je  prends  pour  exemple  une  de  mes  debihas  sur  les  Ida  ou  Blal.  «  Par  la  volonté 
de  Dieu,  le  rabbin  Iosef  el  Djezîri  sacrifie  sur  Haïmed  ben  Haïoun  el  Harzallaoui, 
afin  que  celui-ci  le  protège  contre  ses  frères  les  Mekrez;  ayant  reçu  du  Juif  le  prix  de 
la  debiha,  il  devient  responsable  envers  lui  de  tous  les  dommages  qui  lui  seraient 
faits  par  les  Mekrez;  il  les  prend  à  sa  charge  et  lui  restituera  ce  qu’on  lui  enlèverait. 
De  son  côté,  le  Juif  s’engage  à  payer  à  Haïmed  ben  Haïoun  dix  coudées  de  cotonnade 
chaque  année.  Ces  conditions  ont  été  acceptées  par  les  deux  parties.  Écrit  en  leur 
présence,  le  26  moharrem  1301 .  Le  serviteur  du  Dieu  très  haut,  Hamed  ben  Mohammed 
El  Haddad  el  Amrani.  »  Cette  protection  se  paie  d’ordinaire,  on  le  voit,  d’une  légère 
redevance  annuelle;  seuls  quelques  grands  seigneurs  se  font  un  point  d’honneur 
de  ne  rien  demander.  Il  ressort  de  la  teneur  de  l’acte  qu’une  fois  cette  démarche 
faite,  on  n’a  rien  à  craindre  des  concitoyens  de  son  patron  ;  on  peut  circuler  sans  péril 
parmi  eux  :  s’attaquer  à  vous  serait  s’attaquer  à  lui-même  ;  toutes  les  lois  qui  le  sau¬ 
vegardent,  vous'  sauvegardent  aussi  :  on  est  entré  sous  leur  protection  par  le  fait 
de  la  debiha;  elle  incorpore,  en  quelque  sorte,  à  la  tribu.  Comme,  à  côté  des 
coutumes,  il  y  a  la  loi  du  plus  fort,  et  que  celle-ci  l’emporte  souvent,  on  a  soin  de 
prendre  pour  patron  un  homme  considérable,  d’une  famille  puissante,  et  surtout  d’un 
caractère  fier  et  intrépide,  qui  ne  soit  pas  d’humeur  à  permettre  qu’on  lèse  ses  clients. 
Il  faut  choisir  aussi  un  homme  loyal,  car  si  la  debiha  assure  contre  les  concitoyens 
du  protecteur,  elle  ne  garantit  pas  contre  lui.  Il  est  rare  qu’un  patron  trahisse  son 
client;  celui  qui  le  fait  devient  l’objet  du  mépris  général,  et  ses  frères  mêmes  ne  le 
soutiendraient  pas.  Dans  toute  tribu  ou  localité  où  on  veut  séjourner  un  certain 
temps,  dans  celles  où  on  désire  soit  acheter  des  biens  soit  établir  des  dépôts  de  mar¬ 
chandises,  il  faut  faire  une  debiha  :  les  négociants  possesseurs  d’un  commerce  étendu 
en  font  un  très  grand  nombre.  Dans  les  tribus  nomades,  on  prend  pour  protecteurs 
les  chefs  des  principales  familles;  dans  les  qçars,  l’usage  est  de  s’adresser  au  chikh. 
Les  actes  de  debiha  font  partie  des  héritages  :  les  fils  des  patrons  et  ceux  des  clients 
restent  liés  entre  eux  par  les  engagements  qui  unissaient  leurs  pères.  Deux  choses 
seules  peuvent  annuler  une  debiha  :  la  cessation  du  paiement  de  la  redevance  par  le 
client,  ou  la  trahison  du  patron. 

Telle  qu’elle  existe  entre  particuliers,  la  debiha  existe  entre  tribus.  Pour  se  met¬ 
tre  sous  la  protection  d’une  tribu,  il  y  a  deux  moyens  :  sacrifier  sur  un  de  ses  mem¬ 
bres,  ou  sur  la  tribu  entière  :  chaque  individu  étant  solidaire  de  ses  frères,  les 
deux  actes  ont  un  résultat  identique.  D’ordinaire,  les  particuliers  et  les  petits  grou¬ 
pes,  tels  que  les  qçars  isolés,  se  mettent  sous  la  protection  d’un  seul  personnage; 


132 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


au  contraire,  les  districts,  les  grandes  fractions  font  les  debihas  sur  les  tribus  en¬ 
tières.  Ainsi,  le  district  de  Tisint  est  vassal  de  l’ensemble  des  Ida  ou  Blal,  tandis  qu’à 
Tatta  chaque  qçar  isolément  a  pour  patron  (1)  un  membre  de  cette  tribu;  la  tribu 
des  Ait  Jellal  s’est  déclarée  cliente  de  la  masse  des  Ida  ou  Blal  et  ceux-ci,  à  leur 
tour,  se  sont  constitués  tributaires  de  l’ensemble  des  Berâber.  Ces  liens,  encore 
que  nous  nous  servions  parfois  des  mots  de  suzeraineté  et  de  vasselage  pour  les  dési¬ 
gner,  n’impliquent,  nous  le  répétons,  aucune  immixtion  dans  les  affaires,  aucune 
suprématie.  Les  actes  de  debiha  ne  font  que  garantir,  dans  l’étendue  de  la  tribu  qui 
patronne,  la  sûreté  des  membres  de  la  tribu  cliente.  Les  Ait  Jellal  étant  vassaux 
des  Ida  ou  Blal,  ceux-ci  devront  respecter  en  tous  lieux  les  personnes  et  les  biens  des 
premiers,  qui  pourront  voyager  en  sécurité  sur  leurs  terres.  Les  Ida  ou  Blal,  grâce 
à  leur  debiha  sur  les  Berâber,  pourront  circuler  sans  péril  dans  les  régions  habitées 
par  ces  derniers.  Si,  par  erreur,  des  marchandises  de  tribus  clientes  sont  pillées  par 
les  patrons,  ou  réciproquement,  on  devra  rendre  ce  qui  a  été  pris,  dès  qu’on  aper¬ 
cevra  la  faute  commise.  Ce  sont  surtout  d’une  part  les  populations  commerçan¬ 
tes  dont  les  caravanes  ont  à  traverser  les  territoires  ou  à  craindre  les  rezous  de 
tribus  étrangères,  de  l’autre  les  districts  faibles  enclavés  dans  les  contrées  parcourues 
par  des  voisins  puissants,  qui  ont  besoin  de  ces  debihas.  La  garantie  qu’elles  pro¬ 
curent  se  paie  par  une  redevance  annuelle,  plus  ou  moins  forte  suivant  l’importance 
de  la  fraction  cliente  et  l’étendue  de  ses  relations  avec  ses  patrons.  Certaines  tribus, 
comme  certains  individus,  ont  à  la  fois  plusieurs  suzerains  différents. 

Les  debihas  rendent  possibles  le  commerce  et  les  voyages  ;  elles  les  rendraient  fa¬ 
ciles  et  leur  enlèveraient  tout  risque  si  elles  étaient  respectées.  Souvent  elles  ne  le 
sont  pas  :  entre  particuliers,  on  les  viole  rarement;  entre  tribus,  on  a  moins  de  scru¬ 
pules.  Voici  les  cas  d’infraction  les  plus  fréquents.  Le  client  d’un  particulier  peut 
être  tué  ou  pillé  par  des  concitoyens  de  son  patron.  Si  les  meurtriers  ou  les  ravisseurs 
ont  agi  par  ignorance,  s’ils  témoignent  leurs  regrets  et  proposent  de  payer  le  prix  du 
sang  et  de  rendre  ce  qu’ils  ont  pris,  on  accepte  généralement  ces  offres,  et  les  choses 
en  restent  là.  Mais,  dans  un  pays  où  tout  le  monde  se  connaît  par  son  nom ,  il  est 
rare  qu’on  puisse  alléguer  l’ignorance.  On  a  presque  toujours  agi  en  connaissance 
de  cause.  L’agression  constitue  donc  un  outrage  personnel  au  patron  de  la  victime; 
son  honneur  est  engagé  à  en  tirer  sans  retard  une  vengeance  éclatante.  Il  réunit  tous 
ses  parents,  ce  qui  peut  s’étendre  loin,  et  les  prie  de  l’aider  dans  ses  représailles; 
s'il  est  puissant,  il  entraîne  à  sa  suite  une  grande  partie  de  la  tribu.  Au  premier  jour, 
il  attaque  et  tue  ceux  qui  l’ont  outragé.  Ces  nouveaux  morts  demandent  vengeance 

(1)  Nous  exprimerons  la  plupart  du  temps  les  rapports  résultant  de  l’acte  de  la  debiha  soit  par  les  mots  de 
vassal  et  de  suzerain,  soit  par  ceux  de  client  et  de  patron;  nous  emploierons  aussi  quelquefois  le  mot  de  tri¬ 
butaire. 


SEJOUR  DANS  LE  SAHARA. 


133 


à  leur  tour  :  riches  ou  pauvres,  considérés  ou  non,  leurs  proches,  la  fraction  à  la¬ 
quelle  ils  appartiennent,  ne  peuvent  sans  honte  laisser  leur  meurtre  impuni.  On 
prend  les  armes  :  une  guerre  civile  éclate;  la  tribu  entière  ne  tarde  pas  à  y  prendre 
part.  Ces  guerres,  courtes  dans  les  qçars,  durent  des  années  parmi  les  nomades,  et 
s’allument  surtout  chez  eux.  Nous  avons  choisi  le  cas  d’un  notable  ayant  à  se  venger 
de  gens  moins  puissants.  Si  le  patron  offensé  était  assez  fort  pour  réunir  autour  de 
lui  presque  toute  la  tribu,  il  châtierait  de  même  les  auteurs  de  l’attentat,  mais  les 
parents  de  ces  derniers  n’oseraient  entrer  en  lutte  contre  lui  ;  ils  se  borneraient  à 
demander  une  indemnité,  qu’on  leur  accorderait  sans  doute,  ou  bien  ils  tempori¬ 
seraient,  épiant  l’occasion  de  laver  leur  honneur  en  faisant  tomber  dans  un  guet- 
apens  leur  ennemi  ou  l’un  des  siens;  le  jour  venu,  ils  feraient  le  coup,  et  émigreraient, 
de  peur  des  représailles.  Un  troisième  cas  se  présente,  le  plus  fréquent  :  on  peut  s’être 
attaqué  au  client  d’un  homme  faible.  Si  la  fraction  de  ce  dernier  est  très  unie,  si  les 
auteurs  de  l’agression  en  sont  mal  vus,  elle  considère  l’insulte  comme  sienne  et  tout 
entière  embrasse  sa  cause  :  on  rentre  dans  le  premier  cas.  Si  au  contraire  son  groupe 
est  divisé,  si  ceux  dont  il  se  plaint  y  ont  des  amis,  peu  de  gens  se  lèveront  à  sa  voix. 
S’il  a  affaire  à  aussi  faible  que  lui,  il  pourra  se  venger;  si  son  adversaire  est  puis¬ 
sant,  ou  bien  il  se  résignera  à  boire  sa  honte,  ou  bien,  s’il  est  homme  de  cœur,  il 
assassinera  par  surprise  son  ennemi  ou  quelqu’un  de  sa  famille,  et  prendra  la  fuite. 
Tels  sont  les  faits  qui  se  produisent  lorsqu’un  particulier  est  lésé  par  son  concitoyen 
dans  la  personne  d’un  client;  que  ce  client  soit  individu,  groupe  ou  qçar,  les  choses 
se  passent  de  même.  Les  suzerains,  à  moins  d’être  dans  l’impossibilité  de  le  faire, 
tirent  une  vengeance  sanglante  de  l’attentat  commis  contre  un  de  leurs  vassaux. 
11  y  va  de  leur  honneur.  Pour  ce  motif,  des  groupes  importants,  des  qçars,  aiment 
mieux  se  mettre  sous  la  protection  d’un  seul  individu  que  sous  celle  de  toute  une 
tribu. 

Ceux  qui  ont  pour  patronne  une  tribu  sont  moins  bien  protégés.  Des  hommes,  des 
troupes,  ont-ils  lésé  des  gens  d’un  groupe  vassal  du  leur?  L’action  est  blâmable. 
Le  devoir  de  l’assemblée  de  la  tribu  suzeraine  est  de  faire  rendre  justice  aux  clients 
offensés.  Mais  là  nul  n’a  d’intérêt  personnel,  nul  ne  prend  la  chose  à  cœur;  au  con¬ 
traire.  Quel  est  le  fait  dont  on  se  plaint?  un  rezou  a  enlevé  une  caravane?  quelques 
hommes  ont  pillé  un  voyageur  isolé?  Dans  l’assemblée  siègent  plusieurs  membres  du 
rezou  en  question;  il  leur  coûte  de  rendre  gorge,  surtout  si  le  convoi  était  richement 
chargé;  ceux  qui  n’ont  point  participé  au  profit  sentent  que  le  lendemain  pareille 
chose  pourra  leur  arriver,  et  craignent  de  demander  à  leurs  concitoyens  des  comptes 
qu’à  leur  tour  ils  seront  heureux  de  ne  pas  rendre;  enfin  la  prise  d’une  belle  proie 
est  un  succès  qui  (latte  l’amour-propre  de  toute  la  tribu.  Quand  la  fraction  plai¬ 
gnante  est  puissante,  qu’on  a  des  représailles  graves  à  craindre,  il  faut  s’exécuter; 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


134 


mais  on  traîne  les  choses  en  longueur,  on  cherche  mille  prétextes  pour  restituer 
moins  qu’on  n’a  pris,  on  donne  aussi  peu  que  possible.  Si  la  tribu  lésée  est  faible, 
éloignée,  qu’on  n’ait  pas  de  vengeance  à  redouter,  l’on  ne  rend  qu’au  bout  de 
longtemps,  et  presque  rien.  Aussi  les  gens  de  fractions  clientes,  en  voyage  sur  le 
territoire  de  leurs  patrons,  se  font  souvent  accompagner,  par  précaution,  de  l’un 
d’eux  comme  zetat.  Lorsque,  de  deux  tribus  unies  par  un  acte  de  debiha  (1),  l’une 
met  trop  de  mauvaise  volonté  à  remplir  ses  engagements,  le  pacte  se  rompt  et 
une  guerre  s’ensuit.  Elle  peut  avoir  lieu  entre  sédentaires  et  nomades,  ou  entre 
nomades.  Dans  le  premier  cas,  les  nomades  se  réunissent  en  masse,  marchent  sur 
les  qçars,  les  assiègent  et  dévastent  les  jardins.  A  moins  que  les  habitants  n’appel¬ 
lent  d’autres  nomades  à  leur  secours,  ils  sont  obligés,  s’ils  11e  veulent  voir  détruire 
leurs  cités,  de  demander  grâce  et  d’acheter  la  paix  par  une  rançon.  Entre  noma¬ 
des,  la  guerre  est  différente  :  guerre  peu  active,  toute  de  surprises;  rarement  il  y 
a  de  vrais  engagements,  on  se  borne  à  des  razias  mutuelles;  on  tâche  de  tomber 
à  l’improviste  sur  les  tentes,  sur  les  troupeaux  de  ses  adversaires,  cherchant  le 
butin  et  non  le  combat.  Ces  guerres-là  durent  souvent  pendant  plusieurs  généra¬ 
tions. 


Lorsque,  dans  un  qçar  ou  une  tribu,  on  vole,  on  pille  ou  on  tue  des  membres 
d’une  fraction  limitrophe,  et  qu’on  refuse  tout  dédommagement,  la  guerre  en  ré¬ 
sulte;  cela  ne  peut  être  lorsque  les  lésés  appartiennent  à  des  tribus  lointaines. 

*  Entre  groupes  éloignés,  un  usage  est  universel  :  celui  des  représailles.  Prenons 
des  exemples.  Un  individu  du  qçar  d’Imi  n  Tels  a  été  tué  par  des  hommes  d'Agadir 
Tisint.  Le  premier  habitant  d’Agadir  qui  tombera  entre  les  mains  des  gens  d’Imi  n 
Tels  sera  mis  à  mort.  Un  Zenâgi,  étant  à  Agadir  Tisint,  a  été  dupé  dans  un  marché 
par  un  homme  du  qçar,  et  Tanfaliz  a  refusé  de  lui  rendre  justice.  Le  premier 
individu  d’Agadir  qui  entrera  sur  le  territoire  des  Zenâga  sera  arrêté  ;  on  ne  le 
laissera  partir  qu’après  qu’il  aura  donné  une  somme  égale  à  celle  dont  ses  compa¬ 
triotes  ont  fait  tort  au  Zenâgi  :  s’il  ne  l’a  pas  avec  lui,  il  devra  la  faire  chercher, 
et  restera  prisonnier  jusqu’à  paiement  complet.  Ainsi  du  reste.  C’est  la  loi  du  ta¬ 
lion  :  chacun  reprend,  dès  que  l’occasion  s’en  présente,  ce  dont  il  a  été  frustré. 
D’après  cette  coutume,  l’Azdifi  ordonnait  de  me  mettre  en  prison  comme  sujet  du 
sultan,  parce  que  des  hommes  de  sa  tribu  étaient  incarcérés  à  Merrâkech. 

Les  habitants  de  Tisint  et  tous  les  sédentaires  de  la  région  emploient  la  langue 
tamazirt.  La  plupart  d’entre  eux  possèdent,  par  suite  de  leurs  rapports  avec  les  no¬ 
mades  voisins,  une  teinture  d’arabe.  Les  femmes  et  les  enfants  ne  connaissent  que 
le  tamazirt.  Les  hommes  apprennent  l’arabe  à  mesure  qu’ils  grandissent;  ils  le  sa¬ 


li)  Souvent,  c’est  la  tribu  vassale  qui  lèse  les  suzerains.  Ceux-ci  s’empressent  de  réclamer.  Les  choses  se 
passent  toujours  de  même  manière;  on  ne  cède,  qu’à  la  crainte. 


SÉJOUR  DANS  LE  SAIIARA. 


135 


vent  plus  ou  moins  :  les  pauvres,  sans  cesse  occupés  de  travaux  manuels,  peu;  les 
riches,  davantage,  grâce  au  commerce  et  aux  affaires  quotidiennes  avec  les  nomades. 
Les  principaux  citoyens  le  parlent  couramment.  Pour  ce  motif,  le  tamazirt  en  usage 
est  moins  pur  qu’il  n’était  à  Tazenakht  et  chez  les  Zenàga;  des  mots  arabes  s’v  sont 
introduits,  surtout  dans  la  conversation  des  hommes;  les  femmes  ont  mieux  conservé 
les  anciennes  expressions.  Si  les  populations  sédentaires  des  oasis  ont  pour  idiome 
le  tamazirt,  toutes  les  tribus  nomades  du  sud  du  Bani,  Oulad  Iahia,  Ida  ou  B 1  al ,  Ait 
ou  Mribet,  parlent  l’arabe.  Femmes  et  enfants  n’usent  que  de  cette  langue.  Parmi  les 

i 

hommes,  beaucoup  n’en  savent  point  d’autre;  ceux-là  seuls  que  de  fréquentes  affaires 
appellent  dans  les  qçars  apprennent  à  la  longue  un  peu  de  tamazirt;  ils  mettent  de 
l’amour-propre  à  ne  s’en  servir  que  quand  leur  interlocuteur  ne  comprend  pas  l’a¬ 
rabe,  lorsque  c’est  une  femme,  par  exemple.  Les  familles  d’Oulad  Iahia  qui  habitent 
le  Zgicl  et  les  bords  du  Dra,  celles  d’Ida  ou  Blal  qui  ont  des  domiciles  à  Tatta  et 
celles  d’Aït  ou  Mribet  fixées  à  Aqqa  et  à  Tizounin,  font  exception  à  cette  règle.  Ces 

familles,  isolées,  en  contact  journalier  avec  les  Imaziren,  ont  appris  leur  langue,  bien 

** 

qu’elles  se  servent  entre  elles  de  l’arabe. 

Nous  nous  sommes  occupés  à  plusieurs  reprises  de  la  langue,  des  usages,  des 
coutumes  des  Marocains;  nous  n’avons  pas  dit  un  mot  de  leur  caractère  :  c’est 
qu’il  nous  paraît  difficile  d’être  exact  sur  ce  sujet.  Quelles  qualités,  quels  défauts 
attribuer  à  un  ensemble  de  tant  d’hommes,  dont  chacun  est  différent  des  autres  et 
de  soi-même?  S’efforce-t-on  de  démêler  des  traits  généraux?  Lorsqu’on  en  croit  recon¬ 
naître,  une  foule  d’exemples  contradictoires  surgissent,  et,  si  l’on  veut  rester  vrai,  il 
faut  se  restreindre  à  des  caractères  peu  nombreux,  ou  dire  des  choses  si  générales 
qu’elles  s’appliquent  non  seulement  à  un  peuple,  mais  à  une  grande  partie  du  genre 
humain.  Partout  même  mélange  de  qualités  et  de  défauts,  avec  les  modifications 
qu’apportent  la  civilisation  ou  la  barbarie,  la  richesse  ou  la  pauvreté,  la  liberté  ou 
la  servitude.  Il  me  paraît  difficile  de  reconnaître  aujourd’hui  à  ceux  qu’Ibn  Khaldoun 
appelle  Berâber  le  bouquet  de  vertus  dont  il  les  orne.  Si  une  chose  peut  donner 
l’idée  du  caractère  des  Marocains,  ce  sont  les  ouvrages  où  a  été  décrit  celui  des  La¬ 
biles  ou  d’autres  populations  imaziren  de  l’Algérie.  Une  longue  expérience,  des  étu¬ 
des  approfondies,  ont  donné  à  des  hommes  éminents  le  droit  de  traiter  avec  autorité 
un  tel  sujet.  On  ne  saurait  l’avoir  quand  on  a,  comme  moi,  passé  une  seule  année 
dans  un  pays.  Aussi  n’entreprendrai-je  point  de  dire  ce  que  sont  et  ne  sont  pas  les 
Marocains;  je  me  bornerai  à  signaler  quelques  traits  isolés  qui  m’ont  frappé  et  que 
j’ai  retrouvés  en  beaucoup  de  lieux  ou  remarqué  dans  certains  groupes.  Je  le  ferai 
en  déclarant  que  «  je  n’ay  rien  à  dire  entièrement,  simplement,  et  solidement,  sans 
confusion  et  sans  meslange,  ny  en  un  mot  ».  Presque  partout  régnent  une  cupidité 
extrême  et,  comme  compagnons,  le  vol  et  le  mensonge  sous  toutes  leurs  formes.  En 


130 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


général,  le  brigandage,  l’attaque  à  main  armée,  sont  considérés  comme  des  actions 
honorables.  Les  mœurs  sont  dissolues.  La  condition  de  la  femme  est  au  Maroc 
ce  qu’elle  est  en  Algérie.  D’ordinaire  peu  attachés  à  leurs  épouses,  les  Marocains  ont 
un  grand  amour  pour  leurs  enfants.  La  plus  belle  qualité  qu’ils  montrent  est  le  dévoue¬ 
ment  à  leurs  amis.  Ils  le  poussent  aux  dernières  limites.  Ce  noble  sentiment  fait  faire 
chaque  jour  les  plus  belles  actions.  En  blad  es  sîba,  pas  un  homme  qui  n’ait  bien 
des  fois  risqué  sa  vie  pour  des  compagnons,  pour  des  hôtes  de  quelques  heures. 
La  générosité,  se  traduisant  surtout  par  1  hospitalité ,  n’est  l’apanage  particulier  d’au¬ 
cun  groupe  :  les  nomades  ont  l’habitude  de  taxer  les  Chellaha  d’avarice;  ces  derniers 
accusent  les  Haratîn  du  même  vice.  Je  ne  me  suis  point  aperçu  qu’il  y  ait  entre  eux 
de  distinction  profonde  à  ce  sujet.  Partout  également,  m’a-t-il  semblé,  il  y  a  des 
avares  et  des  hommes  généreux;  d’ordinaire,  dans  les  contrées  riches  on  reçoit  avec 
libéralité  les  étrangers,  dans  les  localités  pauvres  on  ne  leur  donne  rien;  dans  tel 
qçar,  qu’il  se  présente  cent  voyageurs  en  même  temps  à  la  mosquée,  on  apportera 

à  manger  pour  tous,  dans  tel  autre  on  n’offrira  pas  l’hospitalité  à  un  seul.  De  même 

* 

chez  les  nomades.  Les  Marocains  ont,  comme  tous  les  hommes,  plus  ou  moins  d’a¬ 
mour-propre;  chez  les  Arabes  du  sud,  ce  sentiment  est  très  développé  et  se  change 
souvent  en  une  noble  fierté;  chez  les  Haratîn,  il  prend  volontiers  la  forme  d’une  va¬ 
nité  puérile;  les  Chellaha  l’ont  moins.  Inutile  de  dire  que  ces  populations,  qui  pas¬ 
sent  leur  existence  les  armes  à  la  main,  sont  braves.  Inutile  de  dire  qu’elles  sont 
attachées  à  leur  indépendance  :  la  plupart  l’ont  conquise  et  la  défendent  chaque  jour 
au  péril  de  leur  vie,  soit  contre  le  sultan,  soit  contre  leurs  voisins;  les  tribus  du 
blad  el  makhzen  elles-mêmes  ne  font  que  se  révolter.  Je  n’ai  pu  juger  avec  mes  yeux 
de  la  valeur  guerrière  des  divers  habitants  du  Maroc;  il  est  admis  dans  le  pays  que 
les  peuplades  les  plus  braves  et  les  plus  aguerries  sont  les  grandes  tribus  nomades 
du  sud  et  de  l’est  du  Grand  Atlas  :  Berâber,  Ait  Seddrât,  Ida  ou  Dial,  Oulad  Iahia, 
Ait  ou  Mrîbet  d’une  part;  Doui  Mnia,  Oulad  el  Hadj  de  l’autre.  Après  eux,  très  braves 
aussi ,  viennent  les  montagnards,  les  Chellaha  du  massif  Atlantique  et  les  Qebaïl  du 
Rif.  Les  populations  de  plaine,  cantonnées  dans  les  basses  vallées  des  fleuves  et  sur 
les  bords  de  l’Océan,  forment  une  troisième  classe  regardée  comme  au-dessous  des 
précédentes  en  courage.  Les  moins  estimés  de  tous  sont  les  Haratîn.  Les  Marocains 
sont  prompts  à  verser  le  sang  et  ne  font  aucun  cas  de  la  vie  des  antres  ;  je  n’ai  vu 
ni  entendu  citer  d’exemple  de  cruauté  de  leur  part.  En  général,  Chellaha  et  Haratîn 
sont  laborieux  :  adonnés  à  l’agriculture,  ils  semblent,  les  seconds  surtout,  indus¬ 
trieux  en  ce  qui  la  concerne.  Ils  n’ont  pas  l’esprit  vif  de  certains  Arabes,  tels  que  les 
Ida  ou  Blal  et  les  Oulad  Iahia  :  ceux-ci,  malgré  leur  ignorance,  ont  une  intelligence 
remarquable,  sont  curieux  et  comprennent  vite.  Ces  Arabes  ont  des  façons  distin¬ 
guées  et  de  la  politesse,  tandis  que  les  Imaziren  sont  la  plupart  grossiers.  En  revanche, 


SEJOUR  DANS  LE  SAHARA. 


1.J7 

on  trouve  parfois  dans  ceux-ci  une  certaine  bonhomie,  rare  chez  les  premiers.  Lu 
Maroc,  à  l’exception  des  A  illes  et  de  quelques  districts  isolés,  est  très  ignorant.  Pres¬ 
que  partout,  on  est  superstitieux  et  on  accorde  un  respect  et  une  confiance  sans 
bornes  à  des  marabouts  locaux  dont  l’influence  s’étend  à  une  distance  variable.  Nulle 
part,  sauf  dans  les  villes  et  districts  exceptés  plus  haut,  on  ne  remplit  d’une  manière 
habituelle  les  devoirs  religeux,  même  en  ce  qui  concerne  les  pratiques  extérieures.  11  y 
a  des  mosquées  dans  tout  qçar,  village  ou  douar  important  ;  elles  sont  plus  fréquen¬ 
tées  par  les  voyageurs  pauvres,  à  qui  elles  servent  d’abri,  que  par  les  habitants. 

Avant  de  quitter  Tisint,  disons  qu’auprès  des  cinq  qçars  actuels,  s’en  trouvent 
quatre  autres  ruinés,  trois  au  sommet  du  Djebel  Taïmzour  et  un  à  l’extrémité  sud  de 
Foum  Tisint,  traversé  par  le  chemin.  On  ne  sait  de  quelle  époque  date  leur  destruction  ; 
de  mémoire  d’homme  on  les  a  vus  ce  qu’ils  sont  aujourd’hui;  leur  fondation  est  at¬ 
tribuée  aux  Chrétiens. 


2°.  —  L)E  TISINT  A  TATTA. 


Comptant  revenir  plus  tard  à  Tisint,  je  ne  désirai  pas  m’y  arrêter  cette  fois;  dès 
mon  arrivée,  je  voulus  partir  pour  Tatta.  Deux  zetats  Ida  ou  Dial,  escorte  suffisante, 
furent  bientôt  trouvés;  mais  un  contretemps  se  présenta  :  un  rezou  de  400  Beràber 
était  signalé  depuis  quelques  jours  aux  environs;  on  jugea  imprudent  de  se  mettre 
en  route  tant  que  ses  intentions  ne  seraient  pas  connues.  Le  10,  il  tomba  sur  la  par¬ 
tie  occidentale  des  jardins  de  Tisint  ,  les  pilla  et  enleva  des  travailleurs.  Son  but  était 
atteint;  il  ne  lui  restait  qu’à  battre  en  retraite  pour  sauver  son  butin.  Je  pouvais  partir. 

Pendant  ce  court  séjour,  je  fis  plusieurs  connaissances.  Aussitôt  le  bruit  de  mon 
arrivée  répandu,  tous  les  hadjs,  familiers  avec  les  choses  et  les  gens  des  pays  loin¬ 
tains,  voulurent  me  voir.  Une  fois  de  plus  ,  je  reconnus  les  excellents  effets  du  pèleri¬ 
nage.  Pour  le  seul  fait  que  je  venais  d’Algérie,  où  ils  avaient  été  bien  reçus,  tous  me 
firent  le  meilleur  accueil;  plusieurs,  je  le  sus  depuis,  se  doutèrent  que  j’étais  Chré¬ 
tien;  ils  n’en  dirent  mot,  comprenant  mieux  que  moi  peut-être  les  dangers  où  leurs 
discours  pourraient  me  jeter.  L’un  d’entre  eux,  le  Hadj  Bon  Rhim  ould  Bou  Rzaq, 
devint  dans  la  suite  pour  moi  un  véritable  ami,  me  rendit  les  services  les  plus  si¬ 
gnalés  et  me  sauva  des  plus  grands  périls. 

IG  novembre. 


Parti  à  midi  d’Agadir,  avec 
Qacba  el  Djoua,  petite  oasis  où 


deux  Ida  ou  Blal ,  j’arrivai  à  3  heures  et  demie  à 

l’on  devait  passer  la  nuit.  De  Tisint  à  Tatta,  on  suit 

18 


RECONNAISSANCE  AL  MAROC 


138 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


constamment  le  pied  des  monts  Bani.  Cette  chaîne  est  un  mouvement  de  terrain 
fort  curieux  et  l’un  des  plus  importants  du  Sahara  Marocain.  S’élevant  de  200  à 
300  mètres  au-dessus  du  sol  environnant,  d’un  à  deux  kilomètres  de  largeur  à  la 
base,  sans  aucune  largeur  au  sommet,  elle  forme  une  lame  rocheuse,  un  tranchant, 
émergeant  de  terre  au  seuil  du  désert.  Nul  contrefort  ,  nulle  chaîne,  ne  se  rattache  à 
cette  digue  isolée  dans  le  Sahara.  Elle  est  orientée  de  l’est-nord-est  à  l’ouest-sud-ouest, 
comme  le  cours  inférieur  du  Dra  et  comme  les  chaînes  de  l’Atlas.  La  longueur  en 
est  grande  :  elle  est  traversée,  dit-on,  par  le  Dra  au-dessous  de  Tamegrout  et  se  dé¬ 
veloppe,  toujours  semblable,  gardant  même  composition,  même  forme  et  même  hau¬ 
teur,  jusqu’au  bord  de  l’Océan,  où  elle  expire  au  sud  du  groupe  de  villages  appelé  Ouad 
Noun.  Un  certain  nombre  de  khenegs  la  percent,  étroites  brèches  par  où  s’écoulent 
vers  le  Dra  les  eaux  du  Petit  Atlas.  Chacun  de  ces  passages  est  le  point  de  réunion  de 
quatre  ou  cinq  rivières,  et  comme  l’orifice  d’un  entonnoir.  Les  eaux  se  trouvant 
assemblées  en  ces  points,  il  s’est  créé  à  chacun  d’eux  une  oasis.  Les  grandes  oasis  qui 
se  voient  entre  le  Sous,  le  Dra  et  l’Atlantique  ont  toutes  cette  origine;  toutes,  Zgicl, 
Tisint,  Tatta,  Aqqa,  Tizgi  el  Haratîn,  Icht  sont  à  la  bouche  d’un  kheneg  du  Bani.  Le 
Bani  est  en  roche,  sans  terre  ni  végétation  :  grès  calciné,  comme  les  monts  de  Ta- 
zenakht,  il  présente  une  écaille  noire  et  brillante  sur  toute  la  surface  de  ses  flancs. 
Ceux-ci  sont  en  pente  douce  au  pied,  très  raide  vers  le  sommet.  En  maints  endroits  du 
Bani  existent  des  minerais  :  cuivre,  zinc,  argent,  or  vers  l’occident.  Au  nord  de 
cette  muraille  s’élèvent  les  pentes  du  Petit  Atlas;  commençant  à  son  pied,  à  l’ouest, 
elles  sont  séparées  d’elle  par  la  Feija,  dans  la  portion  orientale.  Au  sud,  plus  une 
montagne,  la  plaine  à  perte  de  vue.  Tel  est  le  Bani,  la  dernière  chaîne  avant  le  Grand 
Désert;  parallèle  au  Grand  et  au  Petit  Atlas,  il  est  comme  le  ruban  d’écume  qui  borde 
la  plage  en  avant  de  ces  deux  vagues  monstrueuses.  Je  suivrai  cette  chaîne  remar¬ 
quable  jusqu’à  Tatta,  tantôt  en  longeant  le  pied  ,  tantôt  m’en  tenant  à  peu  de  distance, 
marchant  dans  la  Feija  d’abord,  sur  les  premières  pentes  du  Petit  Atlas  ensuite.  Le 
chemin  est  facile  :  terrain  sablonneux  dans  la  Feija,  pierreux  ailleurs,  nu  en  cette 
saison,  couvert  de  plantes  basses  les  hivers  pluvieux;  comme  arbres,  des  gommiers 
de  2  à  3  mètres,  d’autant  plus  nombreux  qu’on  se  rapproche  du  lit  de  quelque 
ruisseau  ou  qu’on  s’éloigne  du  Bani,  au  pied  duquel  le  sol,  tout  de  roche,  ne  leur 
permet  pas  de  pousser.  Point  de  gibier  dans  ces  régions  stériles,  si  ce  n’est  des  mou¬ 
lions;  eux  seuls  vivent  dans  les  vastes  solitudes  du  Petit  Atlas  et  sur  les  rocs  du 
Bani.  Au  sud  de  celui-ci,  dans  la  plaine,  courent  de  nombreuses  gazelles. 

Depuis  le  kheneg  de  Tisint  jusqu’à  Qaçba  el  Djoua,  je  n’ai  cessé  de  suivre  l’Ouad 
Qaçba  el  Djoua.  A  hauteur  d’Aqqa  Ait  Sidi,  il  a  12  ou  15  mètres  d’eau,  dans  un 
lit  de  pierre  de  largeur  double,  que  bordent  deux  parois  rocheuses  et  escarpées 


'levées  de  20  à  30  mètres.  Deux  kilomètres  plus  haut,  l’eau  courante  disparaît;  il  reste 


SEJOUR  DANS  LE  SAHARA. 


139 


des  flaques  plus  ou  moins  longues,  de  distance  en  distance;  lit  de  50  mètres;  le  fond, 
parfois  recouvert  d’une  légère  couche  de  sable,  est  de  roche  blanche  ainsi  que  les 
parois  qui  le  bordent;  celles-ci  n’ont  plus  que  15  à  20  mètres  de  haut.  Peu  après, 
elles  s’abaissent  encore  et  se  changent  en  talus  de  sable  de  10  à  15  mètres,  formant 
de  chaque  côté  une  ligne  de  dunes  irrégulières  appelées  Idroumen.  A  partir  de 
Trit,  plus  d’eau  dans  l’ouad  :  lit  de  galets  au  niveau  de  la  Feïja.  Dans  l’oasis  de 
Qaçba  el  Djoua,  la  rivière  prend  une  largeur  extrême,  mais  reste  à  sec;  le  lit,  moitié 
sable,  moitié  gravier,  se  remplit  de  palmiers  et,  confondu  avec  le  terrain  qui  l’en¬ 
toure,  cesse  bientôt  de  se  distinguer.  Chemin  faisant,  j’ai  traversé  la  petite  oasis  de 
Trit ,  bois  de  palmiers  au  milieu  duquel  s’élève  un  qçar  d’environ  100  maisons,  peuplé 
de  Haratîn  vassaux  des  Ida  ou  Blal.  Trit  se  gouverne  à  part.  De  Tisint  à  Qaçba  el 
Djoua,  beaucoup  de  monde  sur  la  route. 

DJEBEL.  B  AN  I. 

Oasis  de  Qaçba  el  Djoua. 

Djebel  Taïmzour. 

Qaçba  el  Djoua. 


Feïja,  oasis  de  Qaçba  el  Djoua  et  Baui. 

(Vue  prise  du  chemin  de  Qaçba  el  Djoua  à  Aqqa  Igiren.) 
Croquis  de  l’auteur. 


17  novembre. 

Séjour  à  Qaçba  el  Djoua.  Qaçba  el  Djoua  est  un  grand  qçar,  situé  au  milieu  d’une 
belle  oasis.  Les  constructions  s’élèvent  sur  les  premières  pentes  de  la  plus  basse  et 
la  plus  septentrionale  de  trois  collines  qui,  se  dressant  près  du  Bani,  sans  s’v  rat¬ 
tacher,  forment  un  massif  isolé  au  bord  delà  Feïja.  L’Ouad  Qaçba  el  Djoua,  plein 
de  dattiers  et  confondu  avec  le  sol  de  l’oasis,  contourne  ce  massif.  A  son  entrée  dans 
les  plantations,  il  reçoit  sur  sa  rive  gauche  l’Ouad  Triq  Targant  (1),  ainsi  nommé 
parce  que,  pour  gagner  au  nord-ouest  le  qçar  de  ce  nom,  on  en  remonte  le  cours 
un  certain  temps.  Ici,  les  palmiers,  moins  serrés  qu’à  Tisint,  ombragent  des  cul¬ 
tures.  Le  sol  est  sablonneux.  Point  d’eau  courante;  l’ouad  est  à  sec,  à  moins  qu’il 
ne  pleuve.  Une  nappe  d’eau  existe  sous  le  sol,  à  peu  de  profondeur;  une  multitude  de 


(1)  On  l’appelle  aussi  parfois,  par  abréviation,  Ouad  Targant. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


I  40 

puits  sont  creusés  dans  l’oasis;  par  eux  la  Qaçba  s’alimente  et  irrigue  ses  plantations. 
L’arrosage  des  palmiers  est  inutile  les  années  de  pluie  :  que  l’eau  coule  dans  l’ouad 
durant  vingt-quatre  heures,  c’est  assez  pour  inonder  l’oasis,  assez  pour  que  la  terre 
soit  fécondée,  assez  pour  que  la  récolte  de  grains  et  de  dattes  soit  assurée.  Mais  il  ne 
pleut  pas  tous  les  ans;  en  voici  sept  que  ce  bonheur  n’est  arrivé  :  sept  années  de  sé¬ 
cheresse  viennent  de  passer  sur  la  partie  occidentale  du  bassin  du  Dra.  Le  pays  s’en 
est  ressenti  et  est  fort  appauvri.  L’orge  est  hors  de  prix;  il  n’y  a  presque  plus  de  bé¬ 
tail  :  la  misère  est  générale.  Un  ciel  nuageux  et  un  peu  de  pluie  ayant  signalé  le  com¬ 
mencement  de  ce  mois,  l’allégresse  fut  universelle;  on  employa  les  dernières  écono¬ 
mies  à  acheter  des  grains,  et  chacun  se  mit  à  labourer  avec  acharnement.  Tous 
déploient  ici  une  activité  fiévreuse;  pas  un  homme  de  la  Qaçba  qui  ne  soit  au  travail; 
on  voit  de  toutes  parts  des  gens  conduisant  leurs  charrues  entre  les  palmiers,  traî¬ 
nées  par  des  vaches,  des  chevaux,  des  mulets,  des  ânes  et,  faute  de  mieux,  des  fem¬ 
mes  :  les  bêtes  de  somme  et  de  trait  sont  rares  dans  les  qçars  et  le  moment  des 
semailles  va  passer!  Qaçba  el  Djoua  est  vaste,  prospère,  et  bien  construite ,  partie  en 
pisé,  partie  en  pierre.  Les  habitants,  Chellaha.  contrastent,  par  leur  blancheur,  avec 
les  noirs  possesseurs  des  oasis  voisines;  exception  remarquable,  ils  ne  reconnaissent 
point  de  suzerain,  n’ont  de  debiha  sur  personne.  Beaucoup  d’entre  eux  sont  cherifs,  la 
plupart  sont  riches.  Ils  forment  400  fusils.  Leur  langue  habituelle  est  le  tamazirt, 
presque  tous  savent  aussi  l’arabe.  Fraction  des  Ait  Semmeg  de  la.  rive  gauche  du 
Sous,  et  depuis  longtemps  séparés  de  leur  tribu  mère,  ils  ont  conservé  de  bons 
rapports  avec  elle,  et  en  cas  de  guerre,  malgré  la  distance,  lui  envoient  et  en  re¬ 
çoivent  des  secours,  ils  sont  en  bonnes  relations  avec  les  Ida  ou  Blal  ;  beaucoup 
épousent  des  femmes  de  cette  tribu.  Qaçba  el  Djoua  est  célèbre  par  l’abondance  et  la 
bonne  qualité  de  ses  dattes;  elle  produit  des  bon  feggouç,  des  djihel,  des  bon  souaïr, 
des  bou  ittôb  et  surtout  des  bon  sekri. 

On  distingue  d’ici  quatre  petites  oasis,  situées  de  l’autre  côté  de  la  Feïja;  cha¬ 
cune  d’elles  contient  un  qçar  dont  elle  porte  le  nom.  De  ces  qçars,  Aqqa  Iren,  Tisk- 
moudin,  Ida  Oulstan,  Serrina,  le  plus  important  est  Aqqa  Iren.  On  appelle  les  trois 
autres  Qçour  Beïdin,  à  cause  de  la  blancheur  de  leurs  maisons.  Tous  sont  peuplés  de 
Chellaha  et  de  Haratîn  tributaires  des  Ida  ou  Blal. 

18  novembre. 

Départ  à  6  heures  du  matin.  Je  continue  à  suivre  le  Bani.  Bientôt  la  Feïja  finit  et 
je  passe  dans  une  nouvelle  région,  sur  les  premières  pentes  du  Petit  Atlas,  terrain 
pierreux,  mais  facile.  Vers  10  heures,  j’approche  d’Aqqa  Igiren  :  on  voit  d’une  part 
cette  petite  oasis,  de  l’autre  un  kheneg  dans  le  Bani,  Kheneg  et  Teurfa.  A  cette 


SÉJOUR  DANS  LE  SAHARA. 


141 

brèche  se  trouvent  une  source  et  des  dattiers,  propriété  des  habitants  d'Aqqa  Igiren, 
mais  point  de  maisons.  Une  rivière  s’échappe  par  là  vers  le  sud,  l’Ouad  Ivheneg  et 
Teurfa.  Elle  est  formée  de  trois  cours  d’eau,  l’Ouad  Aqqa  Izen,  l’Ouad  Tesatift  et  l’Ouad 


Klieneg  et  Teurfa.  (Vue  prise  flu  chemin  de  QaO>a  el  Djoua  à  Aqqa  Igiren.) 

Croquis  de  l’auteur. 


Aqqa  Igiren.  (Vue  prise  du  chemin  de  Qaçha  el  Djoua.) 
Cro(|uis  de  l’auteur. 


Aqqa  Igiren  :  les  deux  premiers  sont  des  ruisseaux  et  coulent  dans  le  désert;  le  troi¬ 
sième  est  une  rivière  importante;  au-dessus  d’Aqqa  Igiren,  qu’il  traverse  et  où  il 
reçoit  un  affluent,  il  prend  le  nom  d’Ouad  Targant  et  arrose  plusieurs  lieux  habités. 
Aqqa  Igiren  est  une  oasis  peu  étendue,  avec  deux  petits  qcars  d’aspect  misérable; 
la  moitié  des  constructions  est  en  ruine  et  abandonnée;  les  maisons  qui  restent  sont 
en  pierre,  mal  bâties,  n’ayant  la  plupart  qu’un  rez-de-chaussée,  ce  qui  est  le  dernier 
signe  de  pauvreté  dans  le  pays.  Population  de  Chellaha  et  de  Haratin,  tributaires  des 
Ida  ou  Blal.  Point  d’eau  courante;  plusieurs  puits  de  bonne  eau  et  une  feggara  au¬ 
près  du  qçar  occidental. 

Vers  3  heures,  j’aperçois  devant  moi  les  palmiers  de  Tatta.  Cette  oasis  n’est  pas 
comme  Tisint  une  forêt  compacte;  elle  se  compose  d’un  grand  nombre  de  groupes 
distincts,  les  -uns  au  nord  du  Bani,  les  autres  au  sud  :  dans  la  première  région,  les 
qcars  sont  rapprochés  et  leurs  plantations  se  touchent  souvent;  dans  la  seconde,  ils 
sont  isolés  et  dispersés  un  par  un  dans  la  plaine.  Celui  où  je  vais,  Tintazart,  est  de 
ces  derniers.  Pour  l’atteindre,  je  commence  à  gravir  le  Bani  :  la  montée  est  dif¬ 
ficile  :  bientôt  il  faut  mettre  pied  à  terre;  je  chemine  péniblement  au  milieu  des  ro¬ 
ches.  A  3  heures  35  minutes,  je  parviens  au  sommet,  arête  effilée  sans  aucune  lar¬ 
geur.  Le  coup  d’œil,  vers  le  sud,  est  admirable.  Une  immense  plaine  s’étend  à  perte 
fie  vue  :  c’est  le  désert.  Il  se  déroule,  indéfiniment  jaune  et  plat,  jusqu’à  un  double 
ruban  bleu  que  forment  à  l’horizon  les  coteaux  de  la  rive  gauche  flu  Dra  et  le  talus 


142 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


du  Hamada.  Comme  des  taches  noires  sur  le  saille,  apparaissent  divers  qçars  de 
Tatta;  ils  sont  disséminés  près  du  Bani,  à  quelque  distance  les  uns  des  autres, 
chacun  entouré  de  ses  palmiers.  Le  col  où  je  suis  s’appelle  Tizi  n  Tzgert  (1).  La  des¬ 
cente  est  aussi  lente  que  la  montée.  Au  pied  du  Bani,  je  rencontre  un  sahle  dur  sur 
lequel  je  marche  jusqu’à  Tintazart.  ^J’y  arrive  à  5  heures  et  demie. 

Personne  sur  la  route,  de  toute  la  journée.  Les  cours  d’eau  que  j’ai  rencontrés 
étaient  à  sec;  ils  avaient  un  lit  semblable,  à  fond  de  gros  galets,  à  berges  de  terre  de 
50  centimètres  à  1  mètre  de  haut.  Aucun  d’eux  n’a  d’importance,  excepté  l’Ouad  Aqqa 
Igiren.  Celui-ci,  dans  l’oasis  de  ce  nom,  a  80  mètres  de  large  et  des  berges  à  pic  de  2 
mètres.  Le  long  du  trajet,  les  gommiers  sont  assez  nombreux,  sauf  sur  les  flancs  du 
Bani.  Dans  la  vallée  del’Asif  Oudad,  ils  se  mêlent,  au  bord  du  ruisseau,  de  quelques 
tamarix.  Des  touffes  de  melbina  et  de  kemcha  sèment  le  sol.  Enfantées  par  les  pluies 
récentes,  de  petites  herbes  sortent  de  toutes  parts.  Ce  qu’on  voit,  chemin  faisant, 
du  Petit  Atlas  est  tout  roche,  aussi  bien  les  pentes  prochaines,  noires  comme  le  Bani, 
que  les  crêtes  éloignées,  majestueux  massifs  d’un  rouge  sombre. 


3°.  —  TATTA. 

Tintazart  est  un  des  plus  grands  qçars  de  Tatta;  elle  est  bâtie  sur  l’extrémité 
d’une  petite  chaîne  rocheuse  de  15  à  20  mètres  d’élévation,  à  flancs  très  escarpés. 
Cette  chaîne  fait  partie  de  l’enchevêtrement  d’arêtes  de  roche  noire  qui  serpentent 
dans  la  plaine.  Le  point  où  est  construite  Tintazart  s’appelle  Irf  Ouzelag,  «  la  tète 
du  serpent  ».  La  localité  se  compose  de  trois  parties  :  l’une,  dominée  par  le  donjon 
de  la  maison  commune,  forme  le  qçar  actuel;  une  seconde,  plus  petite  de  moitié, 
est  ruinée  :  c’était  le  quartier  de  Chikh  Ilamed;  la  destruction,  qui  date  de  quel¬ 
ques  années,  est  l’œuvre  des  Mekrez,  Tune  des  deux  branches  des  Ida  ou  Blal,  et  fut 
cause  d’une  guerre  longue  et  sanglante,  à  peine  achevée*  entre  les  Mekrez  et  l’autre 
moitié  de  la  tribu,  les  Haïan,  dont  Chikh  Hamed  était  client.  Le  troisième  quartier, 
plus  petit  que  les  précédents  et  hors  des  murs,  est  le  mellah.  Les  maisons  sont, 
comme  celles  de  Tisint,  pierre  à  la  base,  pisé  dans  les  parties  supérieures;  elles  sont 
uniformément  couvertes  en  terrasse.  Belles  plantations  de  palmiers,  arrosées  de 
sources  nombreuses.  Toutes  les  eaux  qui  descendent  du  Bani  et  arrosent  la  plaine 
entre  cette  chaîne,  Toug  er  Ri  h  et  Anrerif,  aboutissent  à  Tintazart,  El  Qcîba  et  An- 
rerif  et  en  fertilisent  les  terres.  Dans  les  trois  lieux,  les  jardins  sont  au  sud  des 
bâtiments;  au  nord,  on  ne  voit  que  le  sable  desséché  de  la  plaine,  l’areg.  Tintazart 


(1)  Tzgert  est  le  nom  d’un  arbrisseau. 


SEJOUR  DANS  UE  SAHARA. 


143 


est  peuplée  de  Chellaha  et  de  Haratin  ;  les  premiers  dominent.  Elle  se  gouverne  à 
part,  comme  chacun  des  qçars  de  Tatta;  comme  eux,  elle  est  tributaire  des  Ida  ou 


de  mon  arrivée,  un  jeune  homme  de  dix-huit  ans,  Hamed  ou  Baqâder,  remplissait 
ces  fonctions.  Pendant  mon  séjour,  on  eut  sujet  d’être  mécontent  de  lui  et  on  le 
remplaça  par  son  cousin,  El  Hasen  ould  Bihi,  aussi  jeune  que  lui.  Leurs  pères  ont 
péri  de  mort  violente  :  on  voit  peu  de  vieillards  en  ce  pays.  Le  fait  qui  motiva  ce 
changement  fut  le  suivant  :  un  Chleuh  de  Tintazart,  nommé  Abd  Allah ,  avait  depuis 
trois  ans  une  affaire  en  litige  avec  des  gens  d’Aqqa  Izenqad,  autre  qçar  de  Tatta. 
Ceux-ci  lui  réclamaient  une  somme  d’argent  qu’il  refusait  de  rembourser  :  iis  s’im¬ 
patientèrent,  vinrent  au  nombre  de  17  fusils  dans  sa  maison,  le  tuèrent,  prirent  ce 
qu’ils  purent  et  s’en  retournèrent.  Cet  événement  se  passait  à  l’époque  où  j’étais  là. 
Hamed  ou  Baqâder  n’avait  rien  fait  pour  prévenir  le  meurtre  et  n’essaya  point  de 
le  punir  :  il  se  borna  à  de  molles  réclamations  auprès  de  l’assemblée  d’Aqqa  Izenqad. 
Son  manque  d’énergie  mécontenta  :  on  lui  enleva  son  titre,  et  on  le  donna  à  son 


cousin. 


Tatta  est  la  plus  étendue  des  oasis  situées  entre  le  Dra  et  l’Atlantique.  Elle  se 
compose  de  deux  parties.  La  première,  au  nord  du  Bani,  comprend  de  nombreuses 
localités,  échelonnées  sur  les  rives  de  trois  cours  d’eau,  les  ouads  Tatta,  Toug  er 


Tigiselt. 


Tiili.  Kheneg  d’Adis.  Ail  ou  Ahraan. 


/ 


Kheneg  d’Adis.  (Vue  prise  de  Tintazart.) 
Croquis  de  l’auteur. 


Kheneg  d’Adis. 


Qaçba  el  Makhen.  Tiili. 


Tamessoult. 


Ait  ou  Alnnau.  Q.  S.  Ali  ben  Djebira. 


Kheneg  d’Adis  et  Ouad  Toug  er  Itih.  (Vue  prise  de  Toug  er  ltili.) 
Croquis  de  l’auteur. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


I  44 

appelle  Vareg ,  vaste  plaine  à  sol  sablonneux  et  dur,  située  au  sud  du  Bani,  semée, 
de  distance  en  distance,  de  qçars  isolés,  les  uns  sur  les  bords  des  trois  rivières,  les 
autres  arrosés  par  des  sources,-  l’areg  est  moins  peuplé  que  la  portion  supérieure  : 
il  compte  14  lieux  habités,  l’autre  en  possède  22.  Ces  diverses  localités  ont  une 


Oumm  cl  Bortlj. 


Collines  bordant  la  rive  gauche  du  Dia. 
Klieneg  fient  en  Nâs. 


Derniers  palmiers  de  Talla  dans  la  direction  du  sud,  areg,  collines  de  la  rive  gauche  de  l’Ouad  Dra. 

(Vue  prise  de  Tintazart.)  Croquis  de  l’auteur. 


population  identique,  mélange  de  Haratin  et  de  Chellaha;  le  dernier  élément  y  do¬ 
mine.  Elles  sont  sans  lien  entre  elles  et  indépendantes.  Chacune  en  particulier 
est  tributaire  des  Ida  ou  Dial  ;  les  plus  septentrionales  ont  une  seconde  debiha 
sur  les  Ait  déliai,  tribu  nomade  cantonnée  non  loin  de  là,  vers  les  pentes  supé¬ 
rieures  du  Petit  Atlas.  Les  principaux  centres  de  Tatta  sont  Afra  et  Adis.  L’un 
et  l’autre  se  composent  de  deux  qçars  presque  contigus.  L’un  et  l’autre  réunissent 
les  deux  causes  d’importance  d’un  lieu,  marché  et  zaouïa.  La  zaouïa  cl’Adis  a  peu 
<le  membres;  le  chef  en  est  S.  Mohammed  d  Ait  Ouzeggar.  Celle  d’Afra,  plus 
considérable,  appartient  à  la  nombreuse  famille  des  Ait  Haseïn  ;  les  religieux  habi¬ 
tent  Afra  Kouqania,  appelée  aussi  Ait  Haseïn,  où  est  enseveli  S.  Mohammed  d  Ait 
Haseïn,  leur  ancêtre;  cette  zaouïa  jouit  d’une  grande  vénération  dans  le  pays.  Une 
troisième  existe  à  Tatta: celle  de  Djebaïr, fondée  par  S.  Ali  ben  Djebira,  dont  la q oublia 
s’élève  entre  Adis  et  Toug  et  Rih.  S.  Ali  ben  Djebira  descendait  de  S.  Mohammed 
ech  Cliergi,  de  Bon  el  Djad  ;  sa  postérité,  fixée  à  Djebaïr,  est  un  rameau  de  la  famille 
dont  Sicli  Ben  Daoud  est  le  chef.  L’un  de  ses  rejetons,  Ali  Ben  Hiba,  ayant  gagné  une 
fortune  considérable  dans  le  commerce  du  Soudan,  où  il  a  fait  un  long  séjour,  a 
acquis  par  là  une  grande  influence;  peu  d’hommes  ont  autant  de  poids  à  Tatta  et 
dans  la  tribu  des  Ida  ou  Blal.  Enfin,  une  quatrième  puissance  religieuse,  celle  du 
marabout  S.  Mohammed  Mouloud,  a  son  siège  à  Tintazart.  S.  Mohammed  Mouloud 
est  étranger  :  son  père  fut  S.  El  Mokhtar  bel  Lamech,  fondateur  de  Tindouf  et  chef 
de  la  tribu  religieuse  des  Tajakant.  A  son  lit  de  mort,  S.  El  Mokhtar  partagea  entre 
ses  enfants  la  zone  où  s’étendait  son  influence  :  les  Ida  ou  Blal  échurent  à  Moham¬ 
med  Mouloud.  Pour  être  près  d’eux  il  s’établit  à  Tatta.  Mais  la  tribu  est  des  moins 
dévotes  el  ne  lui  donne  ni  travail  ni  profit.  A-t-on  un  acte  à  dresser,  quelque  chose 


SEJOUR  DANS  LK  SAHARA. 


1 45 

à  écrire?  on  s’adresse  à  lui;  une  légère  rémunération  le  gratifie.  Là  se  bornent  et 
ses  fonctions  et  ses  bénéfices.  Encore  lui  préfère-t-on  souvent  son  frère  cadet,  Ah¬ 
med  Digna,  qui  réside  à  Tindouf. 

Le  commerce  de  Tatta,  considérable  naguère,  quand  y  arrivaient  les  caravanes  du 
Soudan,  est  presque  nul  aujourd’hui.  On  se  borne  à  chercher  à  Merràkecli  les 
produits  européens  indispensables,  à  demander  au  Sous  son  huile,  à  exporter  des 
dattes.  Deux  marchés,  le  Tlâta  d’Afra  et  le  Khemîs  d’Adis.  .J’ai  été  une  fois  à  ce  der¬ 
nier  :  il  se  tient  dans  le  kheneg  d’Adis,  sur  la  rive  droite  de  l’Ouad  Adis,  en  face 
de  Tamessoult,  à  l’ombre  des  palmiers.  De  petites  niches  de  pisé  ou  de  pierre,  ados¬ 
sées  aux  troncs,  servent  de  boutiques  aux  marchands.  Le  jour  où  j’y  fus,  les  pro¬ 
duits  en  vente  se  réduisaient  à  peu  de  chose  :  des  grains,  du  bétail,  de  l’huile,  des 
légumes,  des  cotonnades  blanches,  beaucoup  de  khent,  un  peu  de  thé  et  de  sucre; 
il  n’y  avait  ni  allumettes,  ni  papier,  ni  aiguilles.  Le  marché  était  peu  animé.  On 
semblait  y  être  venu  plutôt  par  désir  de  distraction,  afin  de  se  voir  et  causer,  que 
pour  acheter. 

Tatta  a  de  nombreux  dattiers;  les  bou  feggouç  dominent;  puis  viennent  les  bon 
ittôb,  les  djihel,  les  bou  souaïr  et,  plus  rares,  les  bou  sekri.  Les  arbres  sont,  comme  à 
Qaçba  el  Djoua,  assez  espacés  pour  que  grains  et  légumes  se  cultivent  entre  leurs 
intervalles.  Les  années  de  pluie,  on  sème  de  l’orge  dans  l’areg,  au  bord  des  rivières 
et  dans  le  voisinage  des  palmiers,  partout  où  l’on  peut  arroser. 

Outre  la  population  tamazirt,  un  certain  nombre  d’Ida  ou  Blal  vivent  à  Tatta,  dans 
des  qçars  du  sud.  Des  familles  de  la  tribu  habitent  El  Qcîba,  Izerran,  Toug  er  Rih. 
Les  unes  s’y  sont  établies  paisiblement,  la  plupart  y  sont  entrées  de  force  à  la  faveur 
des  divisions  des  habitants.  Tel  est  le  cas  de  Toug  er  Rih,  lieu  où  ils  sont  le  plus 
nombreux  :  au  cours  de  querelles  intestines,  une  des  factions  y  demanda  l’appui 
d’Ida  ou  Blal;  ceux-ci  entrèrent,  chassèrent  une  partie  des  habitants,  s’emparèrent 
des  meilleures  maisons  et  des  jardins  et  s’installèrent. 

Plusieurs  localités  en  ruine  jonchent  le  sol  de  Tatta  :  Qaçba  el  Makhzen  etTiiggan 
Qedîm  sont  abandonnés  depuis  une  époque  dont  la  mémoire  est  perdue;  cinq  des 
qçars  de  Taldnount,  de  sept  que  comptait  ce  groupe,  ont  été,  il  y  a  trente  ans, 
ruinés  par  les  Ida  ou  Blal;  des  quartiers  de  Tintazart  et  d’Izerran  viennent  d’être  dé¬ 
truits  par  la.  même  tribu. 

Ici  comme  à  Tisint,  le  tamazirt  est  la  langue  générale;  mais  presque  tous  les 
hommes  savent  l’arabe. 

Mon  compagnon,  le  rabbin  Mardochée,  se  trouvait  à  Tintazart  au  milieu  de  sa 
famille,  entre  un  frère  et  une  foule  de  parents.  Il  était  juste  de  lui  permettre  de  jouir 
de  leur  société.  Je  le  laissai  se  reposer  auprès  des  siens  pendant  que  je  faisais  deux 
excursions,  Tune  au  lit  de  l’Ouad  Dra,  l’autre  à  l’oasis  d’Aqqa. 

19 


RECONNAISSANCE  \L  MAROC. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


1  Ifi 

Pour  le  peu  de  temps  que  je  devais  rester  à  Tintazart,  je  n’avais  pas  besoin  de 
faire  de  debiha  sur  aucune,  personne  du  qçar;  ayant  à  séjourner  davantage  sur  le 
territoire  des  Ida  ou  Pial,  il  était  indispensable  de  m’assurer  de  ce  côté  en  me  mu¬ 
nissant  de  deux  patrons  parmi  eux  :  en  temps  ordinaire  un  seul  eût  suffi;  mais  la 
longue  guerre  qui  les  a  divisés  finit  à  peine;  les  membres  d’une  fraction  ne  garan¬ 
tissent  pas  encore  contre  ceux  de  l’autre  :  il  faut  avoir  son  protecteur  dans  chacune 
d’elles.  Ce  n’est  qu’après  avoir  rempli  ces  formalités  que  je  pus  me  mettre  en  route. 


1°.  —  EXCURSIONS  AU  MADER  ET  A  AQQA. 


I.  —  LE  MADER. 


La  portion  du  lit  de  l’Ouad  Dra  qui  se  trouve  à  l’ouest  du  méridien  de 
Tisint  est  en  grande  partie  cultivable  :  le  fond,  sablonneux  sur  presque  toute 
son  étendue,  y  devient  fertile  dès  qu’il  est  arrosé.  Ces  parties  labourables  sont  appe¬ 
lées  marier.  Six  principaux  maders  sont  situés  aux  confluents  des  six  grands  tribu¬ 
taires  du  fleuve;  on  les  nomme  :  Mader  Ida  ou  Blal,  Mader  Tatta,  Mader  Aqqa,  Mader 
Tizgi,  Mader  Icht,  Mader  Imi  Ougadir.  Je  vais  aller  au  premier. 

25  novembre. 


Parti  à  10  heures  du  matin  de  Tintazart,  j’arrive,  à  G  heures  et  demie  du  soir,  à 
200  mètres  du  lit  de  l’Ouad  Dra,  dans  un  ensemble  de  cultures  appelé  Mader  Soultân  ; 
ce  lieu  fait  partie  de  la  plaine  de  Medelles,  delta  sablonneux  formé  par  l’Ouad  Kheneg 
et  Teurfa  à  son  confluent  avec  le  Dra.  J’v  passe  la  nuit.  Ma  route  a  traversé  cinq  ré¬ 
gions  distinctes.  La  première,  de  Tintazart  à  l’Ouad  Toufasour,  est  l’areg,  tel  qu’on 
le  voit  jusqu’au  Bani,  sable  uni,  dur,  sans  une  pierre  et  sans  un  arbre;  il  est  semé 
de  touffes  rares  et  maigres  d’aggaïa,  de  kemcha  et  de  melbina;  d’étroites  arêtes  de 
roche  noire  émergent  çà  et  là  et  se  tordent  à  sa  surface.  La  seconde  région  com¬ 
mence  à  l’Ouad  Toufasour  et  finit  au  Kheneg  Zrorha;  plus  de  sable;  sol  dur  et  plat, 
couvert  de  petites  pierres  et  de  gravier;  mêmes  plantes,  auxquelles  s’ajoutent  des 
gommiers  de  3  à  4  mètres,  nombreux  surtout  le  long  des  ruisseaux;  les  serpents 
rocheux  rampent  toujours  sur  le  dos  de  la  plaine,  deux  ou  trois  chaînes  de  collines 
plus  liantes,  de  couleur  grise  et  jaune,  s’y  mêlent.  Du  Kheneg  Zrorha  à  l’Ouad  As- 
gig,  dans  la  troisième  partie  du  trajet,  tout  relief  cesse;  plus  d’arêtes  rocheuses; 
terrain  plat  jusqu’au  Dra  :  le  sol,  très  dur,  est  couvert  de  cailloux  noirs  comme  d’une 


SEJOUR  DANS  LE  SAHARA. 


147 

écaille  sombre  et  brillante;  même  végétation  que  tout  à  l'heure,  moins  abondante 
et  plus  étroitement  cantonnée  sur  les  bords  des  ruisseaux.  Cette  plaine  s’appelle 
Outa  Bouddeïr.  La  quatrième  région  s’étend  de  l’Ouad  Asgig  au  delta  de  l’Ouad 
Ivheneg  et  Teurfa  :  le  sol  s’adoucit,  le  gravier  se  mêle  de  sable;  celui-ci  augmente 
à  mesure  que  l’on  avance;  la  végétation  garde  la  même  nature,  les  gommiers  dimi¬ 
nuent.  La  cinquième  est  la  plaine  de  Medelles,  delta  sablonneux  formé  de  vase  et  de 
dunes  basses,  de  50  centimètres  à  1  mètre  ;  l’Ouad  Kheneg  et  Teurfa  le  traverse,  divisé 
en  trois  bras;  végétation  abondante;  des  bouquets  de  grands  tamarix  ombragent 
une  terre  verdoyante,  couverte  de  melbina,  d’aggaïa  et  de  sebt  (1);  des  cultures  ap¬ 
paraissent.  Plus  on  avance,  plus  le  sol  devient  humide;  il  est  si  vaseux  durant  les 
2  derniers  kilomètres  que  les  animaux  marchent  à  grand’peine  et  qu’on  est  forcé 
d’aller  nu-pieds.  Cette  partie  inférieure  du  Medelles  est  défrichée  et  labourée;  on 
l’appelle  Mader  Soultàn;  je  m’y  arrête  à  quelques  pas  de  l’Ouad  Dra.  Ma  nuit  se 
passe  là,  au  pied  d’un  bouquet  de  tamarix,  en  compagnie  d’une  douzaine  d’Ida  ou 
Blal,  laboureurs  au  bivac. 

Peu  de  monde  aujourd’hui  sur  ma  route;  seuls,  quelques  cultivateurs  revenaient 
du  Mader  avec  leurs  bestiaux,  après  avoir  terminé  leurs  labours.  Les  cours  d’eau  si¬ 
tués  sur  mon  passage  étaient  à  sec;  aucun  n’avait  d’importance.  Le  lit  de  l’Ouad 
Toufasour,  à  fleur  de  terre,  se  distingue  à  peine;  celui  de  l’Ouad  Zrorha  a  un  fond  de 
galets  large  de  12  mètres  et  des  berges  de  terre  de  1  mètre;  celui  de  l’Ouad  Asgig  a 
30  ou  40  mètres  de  large,  un  fond  moitié  roche,  moitié  galets,  des  berges  à  pic 
de  1  ou  2  mètres.  Durant  la  dernière  partie  du  trajet,  on  distinguait  le  mont  Taïm- 
zour  et  le  Kheneg  et  Teurfa;  seul  relief  entre  eux  et  le  chemin,  un  massif  isolé,  le 
Gelob,  dressait  à  l’est  sa  double  cime  au  milieu  de  la  plaine  qui  s’étend  du  Bani  au 
Dra.  Le  kheneg  d’Adis  était  invisible;  les  collines  entre  lesquelles  j’ai  passé  au  sud 
de  l’Ouad  Toufasour  le  cachaient. 


26  novembre. 

Départ  à  0  heures  5  minutes.  A  0  heures  9  minutes,  je  sors  de  la  plaine  de  Mc- 
delles  et  je  gravis  un  bourrelet  rocheux,  le  Rist  Djedeïd,  qui  la  sépare  du  Dra;  à 

(1)  Le  sebt ,  qui  porte  aussi  le  nom  de  drin,  et  le  geddim ,  dont  nous  parlerons  plus  tard,  ressemblent 
à  l’halfa  :  ils  servent  à  tous  les  usages  de  celui-ci.  Ces  trois  plantes  sont  beaucoup  moins  répandues  au 
Maroc  que  ne  l'est  la  dernière  en  Algérie.  Il  y  a  du  sebt  en  quelques  places  sablonneuses  de  la  région  com¬ 
prise  entre  le  Bani  et  le  Dra,  et  une  certaine  quantité  d’halfa  sur  le  plateau  qui  couronne  la  portion 
centrale  du  Petit  Atlas.  J’ai  trouvé  du  geddim  sur  les  pentes  inférieures  du  Grand  Àltas,  au  Tizi  n  Telremt, 
et  sur  la  rive  droite  de  la  Mlouïa,  au-dessous  de  Qçâbi  ech  Cheurfa,  dans  les  vastes  déserts  de  la  Mlouïa  et  du 
Rekkam.  Le  Dahra  est  couvert  d’halfa;  ce  désert  est  le  commencement  des  hauts  plateaux  du  Sud  Oranais, 

auxquels  il  se  lie  et  dont  rien  ne  le  distingue  :  même  aspect  monotone,  même  sol  stérile,  mêmes  longs 

* 

steppes  d’halfa. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


1 48 

0  heures  13  minutes,  j’en  atteins  la  crête;  à  G  heures  14  minutes,  je  suis  dans  le 
lleuve.  Je  le  remonte.  Le  lit  est  de  vase,  sèche  sur  les  bords,  humide  vers  le  milieu. 
De  grands  herbages,  des  fourrés  de  tamarix  le  recouvraient,  ces  jours  derniers, 
d’une  végétation  touffue.  A  l’heure  qu’il  est,  presque  toute  cette  verdure  a  dis¬ 
paru  sous  les  sillons  :  la  majeure  partie  du  sol  est  ensemencée;  on  laboure  encore 
sans  relâche;  de  toutes  parts,  on  ne  voit  que  charrues  attelées  de  bœufs,  de  che¬ 
vaux,  de  chameaux,  on  n’entend  que  les  cris  et  les  chants  des  laboureurs.  Le  lit  de 
l’Ouad  Dra  est  plat;  il  a  3  kilomètres  et  demi  de  large;  un  talus  uniforme  élevé  de 
100  mètres,  la  ligne  bleue  qu’on  voyait  de  Tisint  et  de  Tatta,  le  borde  à  gauche; 
le  bourrelet  rocheux  d’à  peine  30  mètres  que  j’ai  franchi  ce  matin,  le  Rist  Djedeïd, 
en  garnit  la  rive  droite.  D’ordinaire,  il  disparaît  en  entier  sous  les  hautes  herbes  et 
les  broussailles  :  aux  pluies  d’automne,  on  les  arrache  pour  cultiver  :  la  moisson 
faite,  elles  l’envahissent  de  nouveau.  En  ce  moment  tout  est  défriché,  à  l’exception 
d’une  bande  de  verdure  de  500  mètres  de  large  qui  court  au  milieu;  là,  dans  la 
partie  centrale  du  lit,  le  sol  est  si  détrempé  qu’il  est  impossible  de  labourer  :  les 
hommes,  même  pieds  nus,  y  marchent  avec  peine.  Lorsque,  les  années  très  plu¬ 
vieuses,  les  eaux  du  haut  Dra  arrivent  jusqu’ici,  elles  inondent  tout  le  lit  et  font 
une  nappe  infranchissable  de  3  à  4  kilomètres  de  large;  les  cultures  sont  fécondées 
et  la  récolte  assurée.  S’il  est  tombé  quelques  pluies,  mais  non  assez  pour  déterminer 
la  venue  du  Dra  supérieur,  les  maders  sont  encore  arrosés;  les  rivières  au  confluent 
desquelles  ils  sont  situés  leur  apportent  leur  tribut  :  dans  ce  cas,  chaque  mader  est 
fertilisé,  mais  le  lit  n’est  pas  rempli;  le  peu  d’eau  qui  y  entre  coule  dans  trois  rigoles 
qui  sont  au  milieu  et  que  je  verrai  tout  à  l’heure.  Enfin,  si  l’année  est  tout  à  fait 
sèche,  l’eau  ne  descend  nulle  part,  le  sable  reste  stérile,  et  il  y  a  famine.  Plusieurs 
années  de  disette  viennent  de  s’écouler;  aussi  quelle  joie  a  accueilli  les  premières 
ondées,  prélude  d’un  hiver  humide!  avec  quelle  précipitation  tout  le  monde  s’est, 
jeté  vers  le  mader!  avec  quel  entrain  chacun  laboure  le  plus  qu’il  peut!  Pendant  les 
jours  que  je  viens  de  passer  à  Tintazârt,  il  n’y  avait  dans  le  qçar  ni  un  homme  ni 
une  bête  :  vaches,  ânes,  chevaux,  mulets,  chameaux,  tout  était  au  mader  avec  les 
hommes;  les  femmes  seules  et  les  petits  enfants  gardaient  les  maisons.  Toute  la 
population  mâle  de  la  contrée,  nomade  et  sédentaire,  est  massée  depuis  quinze  jours 
dans  cette  étroite  bande  de  terre.  Des  habitants  du  Petit  Atlas,  du  Sous  même  et  du 
Sahel,  y  ont  des  terrains  et  sont  venus  les  cultiver.  Le  lit  de  l’Ouad  Dra,  d’habitude 
désert,  présente  l’aspect  le  plus  gai  et  le  plus  animé.  Au  lever  du  jour,  une  multitude 
de  feux  s’allument  le  long  des  deux  rives,  perçant  le  brouillard  du  matin  :  c’est  le 
premier  repas  qui  s’apprête  en  silence.  Puis  chacun  quitte  le  bivac  et  se  met  au  tra¬ 
vail  ;  les  vapeurs  s’élèvent  peu  à  peu;  au-dessous  des  pentes  du  flanc  gauche,  encore 
d’un  violet  sombre,  le  soleil  illumine  le  fleuve  dont  lés  sables  se  colorent  d’un  rose 


SEJOUR  DANS  LE  SAHARA. 


140 


doux  :  la  vie  renaît;  le  lit  se  couvre  de  monde;  les  laboureurs  le  parcourent  en 
tous  sens  :  on  n’entend  que  les  hennissements,  les  mugissements  des  animaux,  et 
les  cris  des  conducteurs  qui  les  excitent. 

Après  avoir  remonté  quelque  temps  le  fleuve,  au  milieu  de  ce  travail,  de  ce  mou¬ 
vement  universels,  je  visite  les  trois  rigoles  centrales  où  est  en  ce  moment  toute 
l’eau  du  Dra.  La  plus  septentrionale  a  20  mètres  de  large  et  1  mètre  de  profondeur; 
la  vase  y  est  plus  détrempée  qu’ailleurs,  mais  elle  ne  contient  point  d’eau.  La  se¬ 
conde,  pareille,  a  seulement  10  mètres  de  large.  La  plus  méridionale  n’en  a 
que  8,  mais  sa  profondeur  est  double  et  de  nombreuses  flaques  d’eau  sèment  le  fond. 
L’eau  du  Dra  est  salée  dans  cette  région.  Les  trois  rigoles  serpentent  au  milieu  d’une 
végétation  touffue;  au  ras  du  sol,  diverses  herbes  se  pressent  en  tapis;  des  tamarix 
de  3  à  4  mètres  les  ombragent.  L’eau  de  la  dernière  rigole  et  l’humidité  répandue 
dans  le  mader  ont  été  apportées  par  des  affluents  du  fleuve  à  la  suite  des  pluies 
récemment  tombées  dans  la  montagne;  elles  suffisent  pour  assurer  la  moisson;  si 
le  haut  Dra  ajoutait  son  tribut,  celle-ci  serait  plus  belle;  s’il  venait  au  printemps, 
après  cette  moisson  faite,  on  pourrait  semer  de  nouveau  et  avoir  double  récolte. 
Les  inondations  produites  par  le  cours  supérieur  durent  peu  de  jours. 

Je  prends  au  retour  le  même  chemin  qu’à  l’aller,  en  traversant  le  Medelles  plus 
haut  que  la  première  fois.  Les  trois  bras  de  l’Ouad  Kheneg  et  ïeurfa  ont  l’aspect 
suivant  :  le  bras  oriental  a  20  mètres  de  large,  des  berges  insensibles,  un  fond  de 
sable  en  partie  humide,  point  d’eau;  le  bras  central  est  très  humide,  large  de 
40  mètres,  du  reste  semblable  au  précédent;  le  bras  occidental  est  pareil  aux  deux 
autres,  mais  plus  sec;  sa  largeur  est  de  30  mètres;  il  marque  la  fin  des  sables  et  la 
limite  du  Medelles. 

Un  homme  des  Ida  ou  Blal  m’a  servi  d’escorte  dans  cette  excursion.  Cet  unique 
zetat  avait  été  difficile  à  trouver,  tout  le  monde  étant  parti  pour  le  Dra.  Les  fertiles 
terres  des  maders,  quelque  incultes  quelles  soient  la  plus  grande  partie  de  l’année, 
ont  toutes  leurs  possesseurs.  Chacun  d’eux  connaît  sa  parcelle.  Un  champ  au  mader 
se  vend,  s’achète,  se  loue  comme  un  autre  bien.  Tant  qu’il  ne  tombe  pas  de  pluie,  on 
ne  s’en  occupe  pas;  à  l’apparition  des  premiers  nuages,  le  propriétaire  se  prépare  à 
labourer  ou  se  met  en  quête  d’un  fermier.  On  passe  au  mader  le  temps  du  labour  et 
des  semailles,  15  jours  ou  trois  semaines.  Les  hommes  seuls  y  vont,  avec  les  bes¬ 
tiaux;  comme  provisions,  on  emporte  de  l’orge  et  du  maïs,  parfois  des  dattes.  Jamais 
on  ne  prend  de  tente  :  tout  le  monde  bivaque,  même  les  nomades.  Les  travaux 
terminés,  on  s’en  va  pour  ne  revenir  qu’au  moment  de  la  récolte,  en  mars.  Dans 
trois  mois  et  demi,  vers  les  premiers  jours  de  mars  1884,  je  verrai  moissonner  ce 
qu’on  sème  aujourd’hui  :  la  récolte  sera  superbe,  quoique  les  eaux  du  haut  Dra  doi¬ 
vent  continuer  à  faire  défaut.  A  peine  sera-t-elle  achevée,  ces  eaux  arriveront  et 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


15Ü 


inonderont  le  lit  du  fleuve  durant  plusieurs  jours.  11  est  donc  probable  qu’on  aura 
fait  deux  récoltes  en  1884. 

Le  Mader  Ida  ou  Blal  est  fort  long;  il  se  divise  en  plusieurs  portions.  Celle  que 
j’ai  visitée  s’appelle  le  Iiist  Djedeïd,  du  nom  des  hauteurs  qui  la  bordent. 


11.  —  AQQA. 


Parti  de  Tintazart  le 28  novembre  à  7  heures  et  demie  du  matin,  j’arrivai  à  El  Iveb- 
baba,  le  plus  oriental  des  qçars  d’Aqqa,  le  même  jour  à  6  heures  du  soir.  Mon  escorte 
se  composait  de  deux  hommes.  Obligé  de  marcher  sur  les  territoires  des  Ida  ou  Blal 
et  des  Ait  ou  Mrîbet,  j’avais  yn  zetat  de  chaque  tribu.  La  route  de  Tintazart  à  Aqqa  peut 
se  diviser  en  deux  parties  :  de  Tintazart  au  lit  de  l’Ouad  Tatta,  et  de  l’Ouad  Tatta  à 
El  Kebbaba.  La  première  partie  est  l’areg,  tel  que  nous  le  connaissons,  avec  son  sol 
uni,  sablonneux  et  dur,  ses  touffes  de  melbina,  d’aggaïa,  de  kemclia,  ses  gommiers 
rabougris  de  1  à  2  mètres,  ses  serpents  rocheux  qui  se  déroulent  en  raies  sombres  à 
la  surface  blanche  de  la  plaine;  de  temps  à  autre,  un  qçar  apparaît  avec  sa  fraîche 
ceinture  de  palmiers,  faisant  diversion  à  ce  monotone  paysage.  Deux  kilomètres  avant 
d’atteindre  l’Ouad  Tatta,  on  traverse  une  cuvette  sans  végétation  appelée  Imchisen  ; 
elle  est  couverte  d’une  couche  de  5  à  15  millimètres  d ’amersal,  poudre  blanche  ayant 
l’apparence  du  sel,  sans  aucun  goût.  Peu  après,  à  un  kilomètre  de  la  rivière,  le 
sable  s’amollit  et  se  couvre  d’une  végétation  abondante  :  les  touffes  de  melbina  et 
d’aggaïa  s’élèvent;  entre  elles  croissent  des  akrass ,  sortes  de  joncs  d’un  vert  foncé; 
des  tamarix  se  mêlent  aux  gommiers;  au-dessus  d’eux,  quelques  palmiers  sauvages 
dressent  leur  tête.  Cette  verdure  s’étend  jusqu’à  la  rive  gauche  de  l’Ouad  Tatta.  Elle 
y  cesse.  Là  finit  l’areg  et  commence  la  seconde  partie  de  mon  trajet.  Le  sol,  toujours 
plat,  devient  gris  et  pierreux;  plus  de  serpents  rocheux  sortant  de  terre,  çà  et  là  des 
plateaux  bas,  des  talus  rocailleux;  une  foule  de  lits  de  torrents  coupent  la  route  :  tous 
sont  à  sec,  avec  un  fond  de  gros  galets  de  fi  à  15  mètres  de  large;  la  végétation 
reste  la  même,  le  gommier  augmentant  un  peu.  Tel  est  le  pays,  désert  absolu,  qu’on 
traverse  de  l’Ouad  Tatta  à  El  Kebbaba. 

Depuis  Tiiggan,  dernier  qçar  de  Tatta,  je  n’ai  rencontré  personne  sur  mon  chemin. 
Les  principales  rivières  que  j’ai  traversées  sont  :  l’Ouad  Adis  (lit  de  roche  large  de 
20  mètres,  au  milieu  duquel  coulent  3  mètres  d’eau  claire  et  courante;  berges 
insensibles);  l’Ouad  Tatta  (il  se  divise  en  trois  bras:  le  bras  oriental  a  100  mètres  de 
large,  des  berges  de  1  mètre  à  1/2,  en  galets  roulants,  un  fond  de  roche  où  serpen¬ 
tent  3  mètres  d’eau  limpide  et  courante,  salée;  le  bras  central,  large  de  30  mètres, 
est  à  sec;  le  bras  occidental  a  (30  mètres,  un  lit  de  roche  et  des  flaques  d’eau  :  ces 
divers  bras  sont  séparés  par  des  langues  de  terré  partie  sablonneuses  et  partie  cou- 


SEJOUR  DANS  LE  SAHARA. 


151 


vertes  de  gros  galets,  sans  végétation);  enfin  l’Ouad  Foum  Meskoua  (il  se  divise  en 
trois  on  quatre  bras  dont  le  plus  large  a  30  mètres;  tous  sont  à  sec,  ont  un  lit  de  gros 
galets,  et  des  berges  à  1/2 hautes  de 2  à 3 mètres).  Tel  était  le  Bani  à  Tisint,  tel  je  l’ai 
vu  à  Tatta,  tel  je  le  retrouve  à  Aqqa.  De  quelque  point  qu’on  aperçoive  cette  chaîne, 
on  n’y  distingue  aucune  différence.  Partout  même  hauteur,  même  composition, 
même  forme,  même  couleur.  Entre  les  khenegs  de  Tatta  et  d’Aqqa,  elle  présente 
trois  points  remarquables  :  Foum  Azerftin,  kheneg  étroit  et  désert  donnant  passage 
à  l’Ouad  Azerftin,  ruisseau  à  sec;  Foum  Meskoua,  kheneg  semblable  au  précédent; 
Tizi  Aqqa,  col  par  où  un  second  chemin  conduit  de  Tatta  à  Aqqa.  Cette  voie  suit 
le  pied  méridional  du  Bani  de  Tatta  au  col,  franchit  la  chaîne  à  ce  passage,  et  en 
longe  le  pied  septentrional  jusqu’au  kheneg  d’Aqqa.  Le  Tizi  Aqqa  est  peu  au-dessous 
du  niveau  général  des  crêtes. 

L’oasis  d’Aqqa,  qu’on  appelle  aussi  Aqqa  ou  Chaïb,  ressemble  à  celle  de  Tisint. 
Forêt  compacte  de  palmiers  massée  au  sud  du  kheneg  où  l’Ouad  Aqqa  perce  le  Bani, 
elle  s’étend  en  grande  partie  sur  les  bords  de  cette  rivière.  Un  second  cours  d’eau 
contribue  à  l’arroser  :  l’Ouad  Kebbaba  sort  du  Bani  à  l’est  de  Foum  Aqqa,  coule  au 
pied  de  la  chaîne  jusqu’au  kheneg,  et  de  là  se  dirige  vers  le  sud  en  arrosant  la 
portion  orientale  des  plantations. 

Les  qçars  d’Aqqa,  comme  ceux  de  Tisint,  s’élèvent  la  plupart  à  la  lisière  de  l’oasis; 
un  seul  se  trouve  au  milieu,  ils  sont  au  nombre  de  dix;  en  voici  les  noms  :  Taga- 
dirt,  Taourirt,  Erhal,  Ez  Zaouïa,  El  Qaçba,  Agadir  Ouzrou,  El  Kebbaba,  Aït  Djellal, 
Ait  Bon  Fedaïl ,  Aït  Aliter.  Autrefois,  Tagadirt  était  la  première  en  importance  :  à 
présent,  Tagadirt,  Taourirt,  Erhal,  Agadir  Ouzrou,  sont  de  même  force;  El  Kebbaba 
et  El  Qaçba  sont  un  peu  moindres;  Ez  Zaouïa  est  la  dernière  :  Ez  Zaouïa  doit  son 
nom  au  sanctuaire  de  Sidi  Abd  Allah  Oumbarek,  qu’elle  renferme.  Dans  la  popula¬ 
tion,  mélange  de  Haratîn  et  de  Chellaha,  les  Haratin  dominent.  Aqqa,  jadis  sans 
debiha,  est,  depuis  40  ans,  sous  la  suzeraineté  des  Aït  ou  Mribet.  Chaque  qçar  a  son 
gouvernement  séparé  et  est  administré  par  un  cliikh.  Les  chikhs  d’Aqqa  sont  héré¬ 
ditaires,  et  plus  puissants  que  ceux  de  Tisint  et  de  Tatta  :  ils  sont  Chellaha  et  origi¬ 
naires  de  leurs  localités,  excepté  celui  d’El  Kebbaba,  qui  est  un  des  chikhs  Aït  ou 
Mribet. 

Aqqa  se  trouve,  pour  le  commerce,  dans  les  mêmes  conditions  que  Tatta.  Naguère 
lieu  d’arrivée  des  caravanes  du  sud,  elle  voyait  affluer  sur  ses  marchés  l’or,  les  es¬ 
claves,  les  cuirs,  les  tissus  du  Soudan.  A  côté  d’un  trafic  considérable,  l’industrie 
locale  s’était  développée  :  Aqqa  était  célèbre  pour  ses  bijoux  d’or.  Toutes  ces  sources 
de  fortune  sont  taries;  plus  de  commerce,  plus  d’industrie,  plus  de  relations  loin¬ 
taines.  11  reste  une  oasis  comme  Tatta,  comme  Tisint,  vivant  du  produit  de  ses  dat¬ 
tiers.  Deux  marchés  subsistent,  peu  fréquentés  :  le  Had  de  Taourirt  et  le  Tl  ata 


132 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


d’Erhal.  Le  trafic  qui  jadis  enrichissait  ce  lieu  s’est  transporté  à  Tindouf  et  à  Tizounin. 

Aqqa  égale  et  surpasse  peut-être  Tisint  par  son  aspect  riant  et  la  beauté  de  sa 
végétation  :  point  de  fruits  qu’on  n’y  trouve  :  à  côté  des  dattes,  bou  sekri,  bon  ittôb, 
djihel,  bou  feggouç,  bou  souaïr,  elle  produit  en  abondance  figues,  raisins,  grenades, 
abricots,  pêches,  noisettes,  pommes  et  coings.  D’innombrables  canaux  arrosent  ces 
beaux  vergers.  L’eau  coule  en  toute  saison  et  dans  l’Ouad  Aqqa  et  dans  l’Ouad 
Ivebbaba.  On  pêche  des  poissons  dans  le  premier. 

D’Aqqa  on  voit,  dans  la  direction  du  sud,  deux  oasis,  seules  au  milieu  de  la  plaine. 
L’une,  proche,  est  Oumm  el  Aleg,  petit  qçar  entouré  de  quelques  palmiers;  l’autre, 
lointaine,  est  Tizounin,  localité  importante  qui  apparaît  comme  une  butte  grise 
isolée  dans  le  désert. 

Les  Ait  ou  Mribet,  sur  les  terres  desquels  est  Aqqa,  sont  une  nombreuse  tribu 
nomade  cantonnée  entre  le  Bani  au  nord,  les  Ida  ou  Blal  à  l’est,  l’Ouad  Dra  au 
sud,  diverses  tribus  du  Sahel  à  l’ouest.  Elle  se  divise  en  fractions,  dont  la  plus 
puissante  est  celle  des  Ait  ou  Iran.  Occupant  la  portion  orientale  du  territoire,  ceux-ci 
ont  sous  leur  suzeraineté  Aqqa,  Tizounin,  Tizgi  el  Haratin,  Tizgi  es  Selam  (1),  Tada- 
koucht  (2),  Icht.  Deux  frères,  Chikh  Hamed,  résidant  à  Tizounin,  etChikh  Mohammed, 
résidant  à  El  Kebabba,  les  commandaient  autrefois;  tous  deux  sont  morts,  et  leur 
enfants  leur  ont  succédé.  Une  faible  partie  des  Ait  ou  Iran  habite  les  oasis  tributai¬ 
res,  la  plupart  vivent  sous  la  tente.  Le  groupe  n’a  point  de  mader  particulier  :  il 
possède  et  loue  des  terres  dans  les  maders  Ida  ou  Blal,  Tatta  et  Aqqa.  Les  discordes, 
fréquentes  entre  les  diverses  fractions  des  Ait  ou  Mribet,  sont  rares  dans  l'intérieur 
de  chacune  d’elles.  La  tribu  est  indépendante,  et  sans  relations  avec  le  sultan. 


5°.  —  IDA  OU  BLAL. 

Peu  après  mon  retour  d’Aqqa,  je  quittai  Tintazart  :  mes  excursions  aux  environs, 
des  insinuations  perfides  des  Juifs  avaient  attiré  l’attention  sur  moi  et  rendu  mon 
séjour  périlleux.  Le  Daoublali  (3)  Haïan,  mon  patron,  craignant  un  attentat  contre 
son  client,  vint  en  hâte  m’avertir  des  bruits  qui  circulaient  et  des  dangers  que  je 

(1)  Qçar  unique  avec  dattiers. 

(2)  Qçar  entouré  de  dattiers,  situé  entre  Icht  et  Tamanart. 

(3)  Le  nom  arabe  des  Ida  ou  Blal  est  Dont  Blal  (  vjrj-1 2 3 * 5);  011  l’écrit  ainsi  à  Fâs,  et  ainsi  sans  doute  il 

9 

faut  l’écrire.  Dans  le  sud  et  à  Mogador,  on  l’écrit  sous  la  forme  tamazirt  Ida  ou  Blal  (  I  ISl).  Nous  avons 
adopté  cette  dernière  manière,  employée  par  les  membres  de  la  tribu  :  ils  disent  Ida  ou  Blal ,  ou  Daoublal  au 
pluriel  et  Daoublali  au  singulier. 


SEJOUR  DANS  LE  SAHARA. 


153 

courais;  il  nie  proposa  de  m’installer  dans  sa  maison,  à  Toug  erRih.  J’acceptai.  long¬ 
er  Rih  est  un  qçar  plus  petit  que  Tintazart.  11  se  dresse  au  milieu  de  l’areg,  sur  une 
butte  isolée  dont  il  couvre  les  pentes  et  couronne  le  sommet.  Cette  situation  lui  a  fait 
donner  par  les  nomades  le  nom  de  Toug  eu  Rih ,  «  fille  du  vent  »  ;  il  s’appelait  pri¬ 
mitivement  Isbabaten.  Les  jardins  en  sont  pauvres;  aucune  localité  de  Tatta  n’a 
mÔins  de  palmiers. 

Les  Ida  ou  Blal  sont  une  tribu  nomade,  se  disant  d’origine  arabe  (1),  cantonnée 

(1)  Les  Ida  ou  Blal  ont  le  type  et  les  manières  des  Arabes,  et  parlent  la  langue  du  Koran,  seuls  au  milieu 
d'une  population  tamazirt;  double  motif  d'admettre  ce  qu’eux-mêmes  disent  de  leur  origine.  Les  nombreuses 
formes  imaziren  qui  figurent  dans  leurs  noms  de  fractions  m’inspirèrent  pourtant  des  doutes  à  ce  sujet.  A  mon 
retour  du  Maroc,  j’essayai  d’éclairc-ir  la  question;  je  fus  conduit  à  regarder  les  Ida  ou  Blal  comme  Arabes  : 
un  long  contact  avec  les  Imaziren  a  introduit  chez  eux  les  appellations  étrangères.  Parmi  mes  documents  sur 
les  Ida  ou  Blal,  en  voici  deux  d’un  intérêt  particulier  :  le  premier  m’a  été  fourni  par  M.  Montel,  chancelier  du 
consulat  de  France  à  Mogador,  l’autre  par  M.  Pilard,  interprète  militaire  en  retraite. 

1°  —  «  Les  Ida  ou  Blal  ont  leur  berceau  dans  le  Sahara,  entre  les  Tajakant  et  les  Arib;  ces  trois  tribus  sont 
«  de  race  arabe.  Les  Ida  ou  Blal  se  divisent  aujourd’hui  en  trois  groupes  :  le  premier  habite  encore  le  terri- 
«  toire  originaire  de  la  tribu;  le  second  est  établi  dans  la  qaçba  de  Fàs  Djedid  et  en  un  lieu  appelé  pahr  er 
«  Rainka,  proche  de  Fàs;  le  troisième  est,  depuis  de  longues  années,  installé  aux  environs  de  Merràkech.  De 
«  plus,  il  y  a  parmi  les  Haha  quelques  familles  connues  sous  le  nom  d’Ida  ou  Blal  et  regardées  comme  origi- 
«  naires  de  la  grande  tribu  de  ce  nom  ;  elles  parlent  la  langue  tamazirt  et  sont  comptées  comme  faisant  partie 
«  des  Haha.  » 

2°  —  «  Les  Arib,  les  Doui  Blal  et  les  Tajakant  sont  des  Arabes  Mâkil  fortement  mêlés  de  nomades  Zenâga. 
«  Vers  l’ouest,  l’élément  berbère  semble  prendre  le  dessus;  aussi  les  Doui  Blal  y  sont  ordinairement  dési- 
«  gnés  sous  l’appellation  chleuha  d’Ida  ou  Blal?  Quant  aux  Tajakant,  leur  véritable  nom  est  Djakâna.  Au  con- 
«  traire,  les  fractions  demeurées  dans  l’est  sont  restées  purement  arabes.  Tels  les  Oulad  Moulât,  portion  des 
«  Doui  Blal,  établis  isolément  dans  les  déserts  du  sud  du  Tafilelt;  ils  auraient,  au  dire  des  gens  des  oasis, 
«  conservé  encore  aujourd’hui  les  flexions  finales  de  la  langue  arabe  (A). 

«  Les  Doui  Blal  sont  une  tribu  nomade  dont  le  territoire  habituel  est  entre  Tatta  et  Mrimima,  mais  ils  vo- 
«  lent  sur  les  routes  jusque  chez  les  Chaanba. 

«  Une  des  fractions  des  Doui  Blal,  les  Oulad  Moulât  (B),  est  séparée  du  reste  de  la  tribu  et  vit  isolée  dans 
«  l’Areg  er  Raoui.  Elle  peut  mettre  sur  pied  1  000  combattants  montés  deux  à  deux  sur  des  méharis.  Les  Oulad 
«  Moulât  sont  nomades;  ils  s’habillent  de  coton  bleu  foncé;  tète  nue;  longs  cheveux;  sabres  droits  à  deux 
«  tranchants  comme  ceux  des  Touareg.  Ils  sont  libres;  personne  n’exerce  de  commandement  dans  la  tribu. 
«  Ils  sont  ennemis  de  tout  le  monde,  sont  craints  des  qçour  du  Tafilelt  et  ne  respectent  pas  les  zaouïas.  Leur 
«  perfidie  est  telle  que  le  mot  mitsaq  Doui  Blal ,  «  foi  des  Doui  Blal  »,  est,  dans  le  sud,  synonyme  de  foi  pu¬ 
is.  nù/ue.  En  1871  ou  1872,  350  tentes  environ  d’entre  eux,  ayant  eu  une  querelle  avec  le  reste  des  Oulad  Mou- 
«  lat,  se  sont  séparées  du  gros  de  la  fraction  :  elles  ont  émigré,  150  tentes  à  Timmi  et  à  Tsabit,  200  chez  les 
«  Ait  Ounbegi,  à  El  Maïder,  entre  l'Ouad  Ziz  et  l’Ouad  Dra  (G).  Cette  querelle  avait  eu  lieu  à  la  suite  du  pil- 
«  lage ,  par  un  groupe  des  Oulad  Moulât,  d’une  caravane  protégée  par  l’autre  groupe.  Ils  s’ensuivit  une 
«  guerre  civile  qui  dura  deux  ans  et  se  termina  par  l’émigration  du  parti  vaincu.  Les  Oulad  Moulât,  quelque 
«  impies  qu’ils  soient,  sont  serviteurs  religieux  de  Sidi  el  Razi  (Tafilelt),  de  Sidi  Ahmed  el  Habib  (Zaouïa  el 
«  Mati),  et  de  Sidi  Mohammed  ben  Nacer  (Tamegrout).  » 

Ces  documents,  s’alliant  avec  les  renseignements  que  j'ai  rapportés,  prouvent  que  les  Ida  ou  Blal,  ou  mieux 
Doui  Blal,  sont  une  tribu  nomade  d’origine  arabe,  dont  la  masse  principale  est  établie  sur  les  deux  rives  du 

A.  Je  n’ai  pas  remarqué  ce  fait  chez  les  Ida  ou  Blal  que  j’ai  vus,  c’est-à-dire  dans  le  gros  de  la  tribu  :  on  y  parle,  comme  par¬ 
tout  au  Maroc,  un  arabe  qui  est,  à  peu  de  chose  près,  notre  arabe  vulgaire  d’Algcrie. 

B.  Ils  figurent  sous  le  nom  d’Imoulaten  dans  la  décomposition  qu’on  nous  a  donnée  à  T'alla. 

C.  Pour  les  noms  géographiques  dont  il  est  question  ici,  voir  la  Carte  générale  du  Tafilala  par  M.  le  général  Daslugue. 

20 


RECONNUSS.VNCË  U  MUtOC. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


entre  les  premières  pentes  du  Petit  Atlas  au  nord  ;  les  Oulad  labia,  à  l'est;  les  Ait  ou 
Mrîbet  à  l’ouest.  Au  sud,  elle  s’étend  à  plusieurs  journées  de  marche  dans  le  désert, 
sans  limite  fixe  :  point  de  tribu  entre  elle  et  le  Soudan.  Si  les  Ida  ou  Blal  parcourent 
en  maîtres  ce  vaste  territoire,  leurs  tentes  en  occupent  une  faible  portion.  Par  mesure 
de  sûreté,  elles  ne  se  disséminent  pas  :  le  plus  souvent  toutes  sont  massées  en  un 
point;  elles  se  divisent  rarement  en  plus  de  deux  groupes.  La  majeure  partie  "de 
l’année,  la  tribu  se  tient  dans  le  voisinage  de  Tisint  ou  de  Kheneg  et  Teurfa,  entre 
le  Bani  et  le  Dra;  au  printemps,  elle  passe  le  fleuve,  appelée  par  les  riches  pâturages 
qui  se  trouvent  sur  sa  rive  gauche  entre  lui  et  le  Hamada.  La  zone  d’opérations  des 
Ida  ou  Blal  s’étend  au  delà  de  leur  territoire.  Ces  opérations  consistent  en  deux 
choses  :  escorte  et  pillage  de  caravanes  :  anaïa  et  razia.  De  Tatta  à  Timbouktou,  de 
Tatta  à  l’Adrar,  dans  le  triangle  compris  entre  ces  trois  points,  dans  le  Sahel  au  sud 
de  l’Ouad  Dra,  on  les  trouve  tantôt  par  petits  groupes,  escortant  des  convois,  tantôt 
par  troupes  de  50  à  60,  battant  le  pays  pour  en  surprendre.  Principaux  théâtres  de 
leurs  courses,  ces  régions  ne  sont  pas  les  seules;  ils  parcourent  la  Feïja  au  nord  du 
Bani,  poussent  des  pointes  au  sud  du  Dra  sur  les  Arib  et  les  Berâber,  apparaissent 
avec  leurs  rezous  jusqu’au  Tafilelt  et  au  Touat. 

Voici  la  décomposition  des  Ida  ou  Blal  : 


/  Haïan . 


Attara 


Soualeb. 

Behenni. 

Aït  El  Haseïn. 
Oulad  Abd  Allah. 
Mdalii. 

Oulad  Bella. 
Igertat. 

Aït  Mhammed. 
Soukkan. 


f  Ferarma. 

Haïan  el  Bali. . . .  <  Djedân. 


Imoulaten. 
Aït  Monsi. 
Aït  Ifamed. 
El  Qcîbat. 


Mekrez  el  Hadjer  1  Meskis. 


Mekrez 


El  Khlet. 

Ait  Oujana. 
Aït  Boudder. 


Iannout 


f  Aït  Ba  Haman. 

)  Aït  Ilarz  Allah, 
f  Oulad  Doudoun 


Dra,  entre  les  méridiens  de  Tatta  et  de  Mrimima.  Un  groupe  important  de  la  tribu,  appartenant  à  la  fraction 
des  Imoulaten  ou  Oulad  Moulât,  a  émigré  depuis  longtemps  vers  l’est,  où  il  est  cantonné  au  sud  du  Tafilelt. 
Un  certain  nombre  de  familles  Doui  Blal  ont  été  transportées,  de  force  probablement,  par  queluue  puissant 


0 


SÉJOUR  DANS  LE  SAHARA.  15o 

Les  Ida  ou  Blal  forment  environ  1800  fusils  et  100  chevaux.  Les  chevaux  étaient 
autrefois  plus  nombreux  :  la  dernière  guerre  entre  les  Haïan  et  les  Mekrez  les  a  dé¬ 
cimés.  Cette  guerre,  dont  les  rancunes  ne  sont  pas  éteintes,  quoique  la  paix  soit  faite, 
s’est  terminée  à  l’avantage  des  Haïan.  Les  pertes  en  hommes  ont  été  presque  égales 
des  deux  côtés  :  il  est  mort  120  Haïan  et  150  Mekrez.  Nous  avons  dit  le  motif  de  la 
querelle  :  l’attaque  par  les  Mekrez  d’un  Chleuh  de  Tintazart,  client  des  Haïan.  Un 
chikh  héréditaire  commandait  jadis  chaque  fraction  des  Ida  ou  Blal;  seul  le  titre 
subsiste  dans  les  familles  qui  le  possédaient ,  le  pouvoir  n’y  est  plus  attaché  :  les 
groupes  s’administrent  isolément  par  l’assemblée  de  leurs  principaux  membres.  Un 
Daoublali  a  une  grande  autorité  sur  toute  la  tribu  et  peut,  sans  porter  de  titre,  en 
être  regardé  comme  chef  :  il  s’appelle  Ali  ould  Ben  Naïlat.  Bien  qu’ayant  une  maison 
à  Toug  er  Hih,  il  habite  sous  la  tente,  avec  l’ensemble  de  ses  concitoyens.  Haïan, 
sa  considération  est  aussi  grande  chez  les  Mekrez  que  parmi  les  siens.  Hors  de  cette 
influence,  les  Ida  ou  Blal  n’en  subissent  que  deux,  à  un  degré  moindre  :  l’une,  tem¬ 
porelle,  celle  qu’Ali  ben  Hiba,  de  Djebaïr,  s’est  acquise  par  ses  richesses;  l’autre, 
spirituelle,  celle  du  Jakani  Hamed  Digna,  fils  d’El  Mokhtar,  le  marabout  de  Tindouf. 

Les  Ida  ou  Blal  sont  indépendants  et  ne  reconnaissent  point  le  sultan.  Je  deman¬ 
dai  un  jour  à  l’un  d’eux  s’ils  n’avaient  jamais  eu  de  relations  avec  lui.  «  Si,  me  ré¬ 
pondit-il,  nous  en  avons  eu  il  y  a  un  an  etTlemi;  voici  lesquelles.  Moulei  el  Hasen 
ayant,  pendant  sa  campagne  du  Sahel,  envoyé  des  secrétaires  et  des  mkhaznis  ra¬ 
masser  l’impôt  dans  le  Ras  el  Ouad,  nous  dépêchâmes  un  rezou  s’embusquer  sur 
leur  passage  :  quand  les  gens  du  gouvernement  revinrent,  avec  des  mulets  chargés 
d’argent,  on  les  attaqua,  les  mit  en  fuite,  et  l’on  amena  en  triomphe  parmi  nous  le 
tribut  des  habitants  du  Sous  et  les  armes  et  les  chevaux  des  mkhaznis.  Telles 
furent  les  dernières  relations  de  notre  tribu  avec  le  sultan.  Je  ne  sache  pas  qu’elle 
en  ait  eu  d’autres.  » 

Chez  les  Ida  ou  Blal,  comme  à  Tintazart,  on  ne  voit  que  de  jeunes  hommes  :  les 
pères  ont  été  moissonnés  dans  les  guerres  civiles  qui  désolèrent  la  tribu  et  dont  la 
dernière  finit  à  peine.  Puissants  il  y  a  quinze  ans,  les  Ida  ou  Blal  sont  sans  force  à 
l’heure  présente,  épuisés  par  ces  querelles  intestines.  Eux,  dont  h:  nom  faisait  trem¬ 
bler  jadis  tout  le  Sahara,  ont  peine  à  se  défendre  des  incursions  des  tribus  voisines. 
Ils  sont  moins  occupés  d’envoyer  des  rezous  que  de  se  garder  contre  ceux  des  au¬ 
tres.  Les  Berâber  les  attaquent  sans  cesse.  A  chaque  instant  on  en  signale  une  troupe 

sultan,  les  unes  à  Merrâkech,  les  autres  à  Fàs,  où  elles  ont  perpétué  leur  nom  et  leur  race.  Quelques-unes 
enfin  sont  mêlées,  on  ne  sait  comment,  à  la  tribu  tamazirt  des  Haha.  Les  premiers  se  sont  un  peu  altérés  au 
contact  des  Chellaha  et  des  Haratîn,  leurs  voisins;  les  seconds,  plus  isolés,  ont  gardé  leur  physionomie  et  leur 
langage  primitifs.  Les  troisièmes  sont  des  Arabes  dégénérés,  semblables  aux  Arabes  d’Algérie.  Les  derniers 
sont  Imaziren  de  mœurs  et  de  langue  et  n'ont  de  Doui  Blal  que  le  nom. 


450 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


sur  quelque  point  <lu  territoire.  Nous  en  avons  vu  une  se  jeter  sur  les  jardins  de 
Tisint ;  quinze  jours  après,  une  autre  s’abattait  sur  le  mader  à  l’est  du  Rist  Djedeïd. 
Ces  incursions  sont  contraires  à  toute  loi,  car  les  Ida  ou  Blal  sont  clients  des  Berâ- 
ber.  Chaque  année,  ceux-ci  envoient  des  députés  percevoir  le  montant  du  tribut, 
une  ouqia  par  fusil;  les  Ida  ou  Blal  qui  voyagent  sur  leurs  terres  paient,  en  outre, 
2  ouqias  par  chameau  ,  une  par  âne  et  une  par  personne.  La  debiha  existe  depuis  un 
temps  immémorial  :  jadis  les  conventions  en  étaient  respectées  des  deux  côtés;  au¬ 
jourd’hui,  profitant  de  la  faiblesse  de  leurs  vassaux,  les  Berâber  font  exécuter  les 
clauses  à  leur  bénéfice  et  ne  tiennent  pas  compte  de  celles  qui  sauvegardent  les 
Ida  ou  Blal.  Tributaires  des  Berâber,  les  Ida  ou  Blal  sont  eux-mêmes  suzerains 
d’une  foule  de  tribus  et  de  districts  :  les  Ait  Jellal,  les  qçars  de  TOunzin,  des  ouads 
Aginan  et  Ait.  Mançour,  de  Tatta,  de  Tisint,  ceux  de  la  Feïja,  sauf  Qaçba  el  Djoua, 
ceux  du  sud  du  Bani  situés  sur  leur  territoire,  sont  leurs  clients.  Ces  nombreux  pac¬ 
tes  entraînent  des  rapports  continuels  entre  eux  et  les  tribus  voisines*:  en  un  mois  et 
demi,  j’ai  vu  plus  de  dix  députations  chez  eux,  toutes  venues  pour  le  même  objet  : 
plaintes  sur  des  convois  attaqués  malgré  des  debihas,  et  demandes  de  restitution. 
Les  réclamants  étaient  des  Berâber,  des  Ait  Jellal,  des  Chellaha  du  Petit  Atlas,  jus¬ 
qu’à.  des  gens  du  Tafilelt.  Les  Ida  ou  Blal  sortent  peu  du  Sahara.  Quelques-uns  à 
peine  ont  été  à  Mogador  ou  à  Merrâkeêh  ,  aucun  à  la  Mecque.  Ils  connaissent  admi¬ 
rablement  leur  pays  et  sont  au  courant  de  la  région  qui  s’étend  d’ici  au  Tafilelt,  à 
Ouad  Noun ,  à  Timbouktou  et  à  l’Adrar. 

Les  Ida  ou  Blal  sont  en  ce  moment  dans  la  dernière  misère  :  leurs  guerres  intesti¬ 
nes  les  avaient  appauvris;  plusieurs  années  de  famine  ont  mis  le  comble  à  leur  dé¬ 
tresse.  En  temps  ordinaire,  la  tribu  est  riche  :  ses  troupeaux,  nuis  aujourd’hui,  sont 
d’habitude  nombreux;  le  mader  la  fournit  de  grains;  quelques-uns  de  ses  membres 
se  livrent  au  commerce  du  Soudan;  enfin,  elle  a  dans  le  Sahara  une  ressource  iné¬ 
puisable,  parles  sommes  que  lui  vaut  l’escorte  des  caravanes  et  le  butin  qu’elle  fait 
en  les  pillant.  Le  rezou  est,  chez  les  Ida  ou  Blal,  la  première  des  institutions.  Il  s’or¬ 
ganise  de  la  façon  suivante  :  un  ou  plusieurs  individus,  connus  pour  leur  audace, 
annoncent  qu’on  va  entreprendre  une  razia  et  font  appel  aux  hommes  de  bonne  vo¬ 
lonté.  Des  jeunes  gens  de  la  tribu  se  présentent;  souvent  des  Chellaha  des  qcars  se 
joignent  à  eux,  ou  prêtent  leurs  chevaux  moyennant  une  part  de  butin.  Les  rezous 
se  composent  de  chameaux,  de  chevaux,  ou  de  fantassins.  Les  derniers,  parfois  de 
400  à  500  hommes,  font  des  expéditions  de  courte  durée  et  dans  un  rayon  peu  étendu. 
Les  autres  ne  dépassent  pas  100  combattants  et  opèrent  au  loin.  Ils  emmènent  des 
chameaux  chargés  de  dattes,  s’installent  auprès  d’un  point  d’eau  et  envoient  chaque 
jour  des  cavaliers  à  la  découverte;  l’un  d’eux  aperçoit-il  un  convoi  ou  des  voyageurs, 
il  vole  l’annoncer.  On  s’élance  à  la  poursuite  de  la  proie,  on  s’empare  des  mar- 


SEJOUR  DANS  LE  SAHARA. 


157 


chandises,  on  dépouille  les  hommes:  s’ils  appartiennent  à  des  tribus  éloignées,  à 
des  tribus  faibles,  ou  si  ce  sont  des  Juifs,  on  les  renvoie  nus,  mais  vivants;  s’ils 
sont  d’une  fraction  proche  et  de  qui  l’on  redoute  des  représailles,  on  les  lue  pour 
sauver  le  secret.  Puis  on  revient  aux  chameaux  et  on  guette  de  nouveau.  Tant  que 
durent  les  dattes,  on  reste  en  embuscade  dans  le  même  lieu,  ou  à  des  points  d’eau  voi¬ 
sins;  lorsqu’il  n’y  en  a  plus,  on  s’en  retourne.  Quelquefois  le  rezou  tombe  à  l’improviste 
sur  des  douars  d’une  tribu  voisine  qu’il  sait  isolés  ou  mal  gardés.  Les  Ida  ou  Blal,  ces 
impies  qui  ne  veulent  pas  entendre  parler  de  religieux,  ne  partent  jamais  pour  une 
razia  sans  en  avoir  un  dans  leurs  rangs.  Ils  l’emmènent  pour  prier  Dieu  de  rendre 
l’expédition  fructueuse  :  chaque  jour,  il  demande  au  Seigneur  de  favoriser  le  rezou, 
de  faire  tomber  de  nombreux  voyageurs  dans  ses  pièges,  de  lui  inspirer  les  meil¬ 
leures  embuscades.  On  paie  ses  services  sur  les  bénéfices  de  l’opération.  A-t-on  fait 
de  riches  captures?  Il  touchera  une  part  considérable.  S’est-on  fatigué  en  vain?  n’a- 
t-on  rien  pris?  C’est  un  mauvais  marabout!  on  l’accable  de  reproches;  on  ne  lui 
donne  rien;  on  ne  l’emmènera  pas  une  autre  fois.  Les  rezous  qui  du  Bani  au  Sou¬ 
dan  sillonnent  le  désert  en  tous  sens  sont  le  seul  danger  des  voyageurs  dans  cette 
région.  Les  grandes  caravanes,  de  plusieurs  centaines  de  personnes,  n’ont  rien  à 
redouter;  elles  sont  armées  et  on  n’ose  les  attaquer  :  telles  sont  celles  qui,  chaque 
printemps  et  chaque  automne,  traversent  le  Sahara  entre  Timbouktou  d’une  part, 
Tindouf,  le  Dra,  le  Tafilelt  de  l’autre.  Les  négociants  qui,  pour  faire  de  meilleures 
affaires  en  devançant  l’arrivée  générale,  essaient  de  franchir  seuls  le  désert,  ont  tout 
à  craindre.  Ils  s’efforcent  d’échapper  par  le  petit  nombre  et  la  vitesse  à  la  vue  des 
rezous.  Quelquefois  ils  ont  ce  bonheur.  C’est  ainsi,  presque  seul,  que  le  docteur  Lenz 
traversa  le  Sahara.  Le  récit  de  son  passage  à  Tindouf  est  ici  sur  les  lèvres  de  cha¬ 
cun.  Comme  il  était  en  cette  oasis,  à  la  veille  de  s’enfoncer  dans  le  désert,  on  s’é¬ 
tonnait  de  son  audace  :  s’aventurer  seul  dans  ces  solitudes  terribles!  Et  les  pillards, 
les  Berâber,  les  Oulad  Deleïm,  les  Regibat,  n’y  pensait-il  pas?  Pour  réponse,  il  mon¬ 
tra  son  fusil.  «  De  combien  d’hommes  sont  ces  rezous  dont  vous  voulez  m’effrayer? 

De  00,  80,  100  même.  —  Pas  plus  de  100?  —  Non.  —  Eh  bien,  regardez!  »  (1 
épaule  son  arme  et  tire,  sans  recharger  ni  s’interrompre,  cent  cinquante  coups  de 
feu.  Les  Ida  ou  Blal  ont  des  idées  fort  étranges  sur  les  Chrétiens  :  ils  les  considèrent 
plutôt  comme  des  sortes  de  génies,  de  magiciens,  que  comme  des  hommes  ordinaires. 
Ils  les  croient  très  peu  nombreux,  disséminés  dans  quelques  îles  du  nord,  et  doués 
d’un  pouvoir  surnaturel  :  les  uns  me  demandaient  s’il  était  vrai  qu’ils  labourassent 
la  mer,  d’autres  si  les  Français  étaient  aussi  nombreux  que  les  Ida  ou  Blal.  Cette 
dernière  question  est  excusable.  Ils  savent  de  nous  une  seule  chose  :  depuis  trois  ans, 
les  gens  de  Figig,  une  poignée  de  Chellaha  et  de  Baratin,  nous  font  impunément  la 
guerre  sainte.  Eussent-ils  osé  s’attaquera  une  tribu  comme  la  leur?  Les  iïaratîn  de 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


I  :>x 

Tisint  entreraient- ils  en  lutte  avec  les  Ida  ou  Blal?  Jamais.  On  juge  notre  puis¬ 
sance  d’après  notre  conduite  à  Figig;  on  n’en  saurait  avoir  une  haute  idée.  Notre 
réputation  est  telle  dans  le  Sahara  Marocain,  du  Sahel  à  l’Ouad  Ziz.  On  n’y  admet 
pas  que  notre  patience  à  Figig  soit  respect  pour  Moulei  El  Hasen.  Il  n’est  pas  le  maî¬ 
tre  de  Figig.  Qu’existe-t-il  de  commun  entre  lui  et  cette  oasis?  11  n’y  a  guère  plus 
d’ignorance,  en  effet,  à  mettre  au  même  rang  la  France  et  les  Ida  ou  Blal  qu’à 
croire  Figig  soumis  au  sultan  de  Fâs. 

G0.  —  RETOUR  A  TISINT.  MRIMIMA. 


Aqqa  et  le  mader  étaient  les  limites  ouest  et  sud  que  j’avais  fixées  à  mon  voyage. 
Je  songeai,  après  quelques  jours  passés  à  Toug  er  Rih,  à  m’occuper  du  retour;  il 
devait  s’effectuer  par  le  Ternata  ou  le  Mezgîta  et  le  Dàdes.  Tisint  était  la  première 
étape  sur  cette  voie.  Je  priai  mon  patron  de  m’y  ramener. 

17  décembre. 

Départ  à 8  heures  du  matin,  en  compagnie  de  trois  Ida  ou  Blal.  Je  traverse  le  khe- 
negd’Adis,  puis  je  m’engage  dans  la  vallée  de  l’Asif  Oudad,  où  je  regagne  mon  che¬ 
min  de  l’aller.  De  Toug  er  Rih  à  l’Ouad  Imi  n  ou  Aqqa,  on  est  dans  l’areg,  sable 
dur  semé  de  rares  touffes  de  melbina  et  d’aggaïa.  Au  delà  de  l’Ouad  Imi  n  ou  Aqqa, 
je  retrouve  la  région  parcourue  en  venant  à  Tintazart,  sol  pierreux  avec  des  gom¬ 
miers,  nombreux  surtout  au  bord  des  cours  d’eau.  J’arrive  à  3  heures  et  demie  à 
Aqqa  Igiren,  gîte  d’aujourd’hui. 

J’ai  vu  près  du  kheneg  d’Adis  plusieurs  rivières  nouvelles  :  l’Ouad  Toug  er  Rih 
(au  pied  de  Toug  er  Rih,  il  a  un  lit  de  gravier  large  de  12  mètres,  et  est  à  sec;  plus 
haut,  près  de  Tiiti,  l’eau  y  coule);  l’Ouad  Adis  (au  pied  de  Tamessoult,  le  lit  en  a 
20  mètres  de  large,  dont  8  remplis  d’eau  claire  et  courante  de  40  centimètres  de 
profondeur;  berges  de  terre  à  1/2,  hautes  de  5  mètres);  l’Ouad  Izourzen  (40  mètres 
de  large,  à  sec,  fond  de  gravier  avec  rigole  de  vase  humide  au  milieu;  hautes 
berges  de  sable);  l’Ouad  Imi  n  ou  Aqqa  (50  mètres  de  large,  à  sec,  lit  de  gros 
galets, berges  de  sable  de  1  à  2  mètres);  l’Asif  Oudad  (25  mètres  de  large,  à  sec, 
lit  de  gros  galets,  berges  d’un  mètre). 

18  décembre. 


Départ  d’Aqqa  Igiren  à  8  heures  du  matin.  Arrivée  à  Agadir  Tisint  à  4  heures 
du  soir.  L’aspect  du  pays  entre  Tatta  et  Tisint  a  changé  en  l’espace  d’un  mois  : 


SEJOUR  DANS  LE  SAHARA. 


159 

la  végétation  .s’est  modifiée;  la  melbina ,  vivace  à  la  fin  de  novembre,  est 
desséchée;  de  verte  l’aggaïa  est  devenue  jaune.  On  ne  voyait  alors  que  ces  plantes, 
avec  la  kemcha  :  aujourd’hui  une  foule  d’herbes,  de  fleurs,  sont  sorties  de  terre  et 
la  couvrent  de  verdure.  On  les  trouve  sur  tout  le  parcours ,  ici  poussant  dans  le 
sable,  là  se  glissant  entre  les  pierres,  partout  substituant  les  teintes  éclatantes  des 
fleurs  et  des  feuilles  à  la  surface  grise  du  sol.  Quelques  gouttes  de  pluie  ont  produit 
cette  transformation . 


SÉJOUR  A  TISINT. 


En  arrivant  à  Agadir,  je  descendis  chez  le  Hadj  Bou  Rhim  qui,  lors  de  mon  pre¬ 
mier  passage,  m’avait  fait  promettre  d’accepter  au  retour  son  hospitalité.  Des  circons¬ 
tances  inattendues  devaient  m’amener  à  avoir  cet  homme  pendant  près  de  quatre  mois 
comme  compagnon  de  chaque  jour.  Je  ne  puis  dire  combien  j’eus  à  me  louer  de  lui, 
ni  quelle  reconnaissance  je  lui  dois  :  il  fut  pour  moi  l’ami  le  plus  sûr,  le  plus  désin¬ 
téressé,  le  plus  dévoué;  en  deux  occasions,  il  risqua  sa  vie  pour  protéger  la  mienne. 
11  avait  deviné  au  bout  de  peu  de  temps  que  j’étais  Chrétien;  je  le  lui  déclarai  moi- 
même  dans  la  suite  :  cette  preuve  de  confiance  ne  fit  qu’augmenter  son  attachement. 
Le  Hadj  Bou  Rhim  est  Hartâni  ;  c’est  l’un  des  principaux  habitants  de  Tisint. 

J’étais  loin  de  prévoir,  le  18  décembre,  en  entrant  dans  sa  maison,  que  j’allais 
vivre  avec  lui  durant  plusieurs  mois.  Je  ne  pensais  qu’à  une  chose  :  gagner  le  Ter- 
nata,  le  Mezgîta  ou  le  Tinzoulin,  et  continuer  rapidement  ma  route  au  nord-est.  Se 
rendre  d’ici  au  Ternata  est  difficile  :  on  va  sans  grands  dangers  à  Mhamid  el  Rozlàn 
avec  des  zetats  Berâber;  pour  atteindre  directement  le  Tinzoulin  ou  le  Ternata,  il 
faut  traverser  le  territoire  des  Oulad  Iahia,  et  ceux-ci  sont  en  guerre  avec  les  Ida 
ou  Blal  et  avec  Agadir;  de  plus,  une  famine  terrible,  auprès  de  laquelle  celle  d’ici 
n’est  rien,  règne  chez  eux  :  dans  cette  détresse,  tous  sont  brigands;  ils  attaquent, 
pillent  tout  le  monde;  point  d’anaïa  qu’ils  respectent.  Le  Hadj  Bou  Rhim  et  mon 

ti 

patron  Haïan  réfléchissent  aux  moyens  de  me  mettre  en  route.  Deux  partis  se  pré¬ 
sentent  :  le  premier  est  de  s’adresser  à  un  Daoublali  ayant  des  parents  parmi  les  Ou¬ 
lad  Iahia  et  demeuré  en  bonnes  relations  avec  eux  malgré  les  hostilités,  et  de  le 
prier  de  faire  venir  chez  lui  des  zetats  sûrs,  entre  les  mains  de  qui  on  me  mettrait 
et  qui  me  mèneraient  au  Tinzoulin  :  on  dresserait,  selon  l’usage  du  Sahara 
pour  les  occasions  importantes,  un  acte  par  lequel  les  zetats  se  déclareraient 
responsables  de  moi  envers  la  tribu  des  Ida  ou  Blal,  s’engageant,  en  cas  de  mal¬ 
heur,  à  lui  payer  une  somme  considérable.  Le  second  parti  est  d’alhu-  à  Mrimima, 
village  peu  éloigné  d’ici,  où  se  trouve  la  célèbre  zaouïa  de  S.  Abd  Allah  Oumbarek, 


160 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


la  plus  vénérée  d’entre  Sous  et  Dra  après  celles  de  Tamegrout  et  de  S.  Hanied  ou 
Mousa.  S.  Abd  Allah,  chef  actuel  de  la  zaouïa,  est  très  considéré  parmi  les  Oulad 
Iahia  :  on  lui  demanderait  de  me  faire  conduire  par  un  de  ses  propres  fils  jusqu’au 
Tinzoulin.  Point  de  zetat  qui  vaille  une  pareille  protection;  et  là,  au  moins,  pas  de 
trahison  à  craindre  :  les  marabouts  de  Mrimima  sont  gens  à  qui  l’on  peut  se  fier.  On 
s’arrête  à  ce  dernier  projet.  Je  pars  pour  Mrimima. 


26  décembre. 

Départ  à  0  heures  et  demie  du  matin,  en  compagnie  du  IJadj  et  de  trois  Ida 
ou  Blal,  parmi  lesquels  mon  patron.  En  sortant  de  l'oasis,  auprès  d’Ez  Zaouïa,  je 
trouve  une  plaine  de  sable  dur,  semée  de  quelques  touffes  d’aggaïa  et  de  melbina. 
Vers  11  heures  un  quart,  j’en  atteins  l’extrémité,  et  j’entre  dans  un  défilé 
entre  le  Djebel  Feggouçat  et  la  Koudia  Bon  Mousi.  Le  Djebel  Feggouçat 
est  un  serpent  de  roche  noire  étroit  et  bas,  pareil  à  celui  de  Tintazart;  la 
Koudia  Bon  Mousi,  plus  élevée,  est  un  lourd  massif  de  collines  grises  aux  pentes 
douces.  Entre  eux  s’étend  un  large  couloir  où  je  marche.  Le  sol  est  formé  de  dunes 
de  sable,  hautes  de  1  à  2  mètres;  la  végétation  est  plus  vivace  qu’auparavant  : 
l’aggaïa,  plus  haute  et  plus  abondante,  se  mêle  de  touffes  de  sebt.  Par  places,  le 
sable  est  humide  :  il  disparaît  alors  sous  la  verdure  et  se  couvre  de  ziâda,  de  hamid, 
d’ouden  naja,  de  rerima  el  rzel  (1).  A  midi  un  quart,  je  quitte  le  défilé  et  franchis  le 
Djebel  Feggouçat.  De  sa  crête,  on  voit  le  désert  jusqu’au  Dra.  C’est  une  vaste  plaine, 
sillonnée  de  serpents  rocheux  et  de  collines,  analogue  d’aspect  à  celle  qui  s’étend 
au  sud  de  Tatta.  Toutefois  le  terrain  semble  plus  accidenté  ici  que  là,  les  chaînes 
plus  nombreuses  et  plus  hautes.  Les  deux  principales  sont  le  Djebel  Mheïjiba, 
ou  Koudia  Mrimima,  et  le  Djebel  Hamsaïlikh.  La  première  paraît  avoir  60  à 
70  mètres  d’élévation  au-dessus  de  la  plaine  environnante,  la  seconde  davantage; 
toutes  deux  sont  de  roche  nue,  et  ont  leurs  flancs  en  pente  douce.  Le  Mheïjiba 
est  noir  et  luisant  comme  le  Bani,  le  Hamsaïlikh  d’une  teinte  claire;  ce  dernier  con¬ 
tient,  dit-on,  des  minerais.  Je  vois  à  quelques  pas  du  chemin  un  massif  de  verdure 
célèbre  dans  la  contrée  :  il  cache  les  sources  de  S.  Abd  Allah  ou  Mhind,  sources 
intarissables  et  douées  de  rares  propriétés  :  toute  personne  atteinte  d’une  maladie 
scrofuleuse  n'a  qu’à  aller  à  la  qoubba  de  S.  Abd  Allah  ou  Mhind,  à  Ez  Zaouïa,  à  y 
passer  trois  jours  en  prières  et  en  sacrifices,  puis  à  se  baigner  ici  :  sa  guérison  est 
assurée.  La  Koudia  Bon  Mousi  donne,  plus  à  l’est,  naissance  à  d’autres  sources  et 
ruisseaux;  un  canton  se  trouve  là,  le  Merder  Djeld,  où,  quelle  que  soit  la  séche- 

(1)  La  ziàda  a  50  centimètres  à  ,1  mètre  de  haut;  les  autres  plantes  poussent  au  ras  du  sol. 


SEJOUll  DANS  LE  SAHARA. 


161 


resse,  poussent  toujours  d’abondants  pâturages.  Les  tentes  des 
Ida  ou  Liai  y  sont  en  ce  moment. 

De  l’autre  côté  du  Feggouçat,  je  franchis  deux  vallons  paral¬ 
lèles,  à  fond  de  sable  durci,  où  poussent  quelques  gommiers;  puis 
je  débouche  dans  une  plaine  dont  le  sol,  dur  et  couvert  de  galets, 
a  pour  seule  végétation  de  petits  gommiers  qui  bordent  les  lits 
desséchés  des  ruisseaux.  Cette  plaine  se  prolonge  au  loin  :  bornée 
au  nord  par  un  talus  bas  que  perce  l’Ouad  Tisint  au  Tizi  Igidi  (1), 
à  l’est  par  le  Hamsaïlikh,  au  sud  par  le  Mheïjiba,  s’étendant  à 
l’ouest  jusqu’à  la  ligne  uniforme  et  mince  du  Zouaïzel,  talus  plutôt 
que  collines,  elle  est  traversée  par  les  ouads  Tisint  et  Zgid,  qui 
s’y  réunissent  auprès  de  Mrimima ,  et  en  sortent  pour  gagner  le 
Dra  par  une  large  trouée,  Foum  Tangarfa  (2).  Cette  brèche  mon¬ 
tre,  dans  le  lointain,  les  collines  bleues  du  Dra.  Au  pied  du 
Mheïjiba,  on  voit  les  palmiers  de  Mrimima,  vers  lesquels  je  mar¬ 
che.  Dans  la  direction  du  nord-est  s’aperçoit  Foum  Zgid,  kheneg 
dans  le  Bani,  semblable  à  ceux  d’Aqqa  et  de  Tatta;  là  est  l’oasis 
de  Zgid,  et  passe  l’ouad  du  même  nom.  Quatre  ou  cinq  mamelons 
isolés  se  dressent  dans  la  plaine  entre  Mrimima  et  Foum  Zgid,  à 
G  ou  8  kilomètres  d’ici;  on  les  appelle  El  Gelob  es  Srir  ou  Gelob 
Mrimima  ;  ces  qualificatifs  les  distinguent  d’un  autre  Gelob , 
que  j’ai  vu  en  allant  au  mader.  Jusqu’à  Mrimima,  le  sol  reste  le 
même,  plat,  dur,  pierreux;  à  mesure  qu’on  approche,  les  gom¬ 
miers  augmentent.  A  2  heures,  j’entre  dans  le  village. 

Hors  l’Ouad  Tisint,  j’ai  traversé  un  seul  cours  d’eau  de  quelque 
importance,  Tazrout  Timeloukka  (lit  de  20  mètres  de  large,  dont 
10  couverts  d’eau  claire  et  courante;  fond  de  roche). 


SÉJOUR  A  MRIMIMA. 


A  notre  arrivée  à  Mrimima  ,  mes  compagnons  et  moi  descendons 
dans  une  des  premières  demeures  du  village  :  c’est  une  maison 

(1)  L’Ouad  Tisint  se  creuse  dans  le  plateau  d'où  il  sort,  à  Tizi  Igidi,  une  vallée  à 
fond  plat ,  profonde  de  20  à  25  mètres  et  large  de  800. 

(2)  Les  pierres  à  fusil  dont  on  se  sert  à  Tisint  et  assez  loin  à  la  ronde  viennent 
de  Foum  Tangarfa;  dans  les  hauteurs  voisines,  le  silex  abonde;  les  nomades  l’enlèvent 
par  gros  blocs  et  l'apportent  à  Tisint,  où  on  le  taille. 


IU5CONNUSS\NCE  U)  M.VKOC. 


21 


Croquis  de  l’auteur. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


162 

vide  appartenant  à  Sidi  Abd  Allah  ;  il  en  possède  plusieurs  semblables;  elles  servent 
à  loger  ses  hôtes  au  moment  d’une  foire  célèbre  qui  se  tient  chaque  année.  Aussitôt 
installés,  nous  voyons  venir  à  nous  les  fils  du  marabout  :  ils  sont  au  nombre  de 
quatre;  l’aîné,  S.  Oumbarek,  est  un  homme  de  30  à  35  ans;  son  père  lui  laisse  en 
grande  partie  la  direction  de  la  zaouïa;  les  autres  sont  plus  jeunes.  On  apporte  une 
natte  pour  les  Musulmans,  des  dattes  pour  tout  le  monde;  puis  vient  un  plateau  avec 
des  verres  et  ce  qu’il  faut  pour  le  thé,  moins  le  sucre  et  le  thé.  C’est  au  Juif  à  les 
fournir.  On  s’installe.  A  peine  est- on  assis,  S.  Oumbarek  se  répand  en  plaintes 
contre  les  Ida  ou  Blal  :  «  Toutes  les  tribus  nous  servent;  toutes  nous  pré¬ 
sentent  de  riches  offrandes  :  les  Ida  ou  Blal  seuls  ne  nous  donnent  rien;  bien  plus, 
allons-nous  chez  eux  pour  prélever  la  redevance,  non  contents  de  ne  pas  la  remettre, 
ils  nous  accueillent  avec  des  quolibets,  des  plaisanteries  et  de  mauvaises  paroles.  Je 
leur  en  veux,  non  pour  ce  qu’a  souffert  chez  eux  mon  ventre,  mais  pour  ce  qu’ont  souf¬ 
fert  mes  oreilles  :  gens  grossiers,  inhospitaliers,  impies  autant  qu’avares.  D’ailleurs 
ils  ont  ce  qu’ils  méritent.  Ils  accueillent  mal  les  marabouts  et  méprisent  leurs  bé¬ 
nédictions;  Dieu  non  plus  ne  les  bénit  point  :  ils  meurent  de  faim,  et  sont  divisés 
entre  eux.  Autrefois,  c’était  une  grande  tribu;  à  présent,  c’est  la  dernière  du  désert. 
Les  Berâber  les  pillent  de  tous  côtés,  les  Oulad  lahia  en  font  autant,  jusqu’aux  Ait 
Jellal  qui  les  bravent;  dans  le  Sahel,  dans  le  Dra,  ils  n’osent  plus  mettre  les  pieds. 
Ils  sont  la  risée  de  tout  le  monde.  Et  puis,  il  n’y  a  plus  d’hommes  parmi  eux  :  tous 
les  braves  d’autrefois  sont  morts.  Aujourd’hui  ce  sont  tous  des  femmes,  tous  des 
menteurs,  tous  des  traîtres  :  pas  un  qui  ne  viole  son  anaïa.  Demandait-on  le  mezrag 
à  leurs  pères,  ils  l’accordaient  aussitôt,  pour  le  seul  honneur,  sans  rien  réclamer.  Le 
demande-t-on  aux  Ida  ou  Blal  d’à  présent?  Leur  première  parole  est  :  «  Combien  me 
«  donnerez-vous?»  Et  ils  en  marchandent  le  prix  comme  des  Juifs.  Aujourd’hui,  parmi 
tous  les  Ida  ou  Blal,  pas  un  qui  soit  brave,  pas  un  qui  soit  généreux,  pas  un  qui  soit 
franc,  pas  un  qui  soit  loyal;  et  à  mesure  qu’ils  valent  moins,  ils  ont  plus  de  préten¬ 
tions  :  depuis  quelque  temps  il  pousse  chez  eux  des  chikhs  de  toutes  parts  :  jadis 
combien  de  leurs  pères  avaient  une  chiakha  (1)  véritable,  qui  ne  pensaient  pas  à 
en  prendre  le  titre  :  à  cette  heure,  dans  la  tribu  entière  il  n’y  a  plus  l’ombre  d’une 
chiakha  et  tout  le  monde  est  chikh.  C’est  une  race  d’hommes  cupides  et  traîtres; 
il  n’y  a  rien  de  bon  en  eux;  aussi  nous  ne  les  visitons  plus.  Ils  ne  veulent  pas  de 
nos  bénédictions;  mais  dès  aujourd’hui  ils  ont  visiblement  le  prix  de  leur  impiété  et 
de  leur  mépris  pour  les  hommes  du  Seigneur.  »  Mes  trois  Ida  ou  Blal  se  taisent  et 
font  longue  figure  devant  cette  harangue  qui  se  prolonge  sur  le  même  ton  durant 
plus  d’une  heure.  Ce  que  dit  S.  Oumbarek  est  vrai;  mais  l’amertume  avec  laquelle 


(1)  Autorité  de  chikh. 


SÉJOUR  DANS  UE  SAHARA. 


1 63 


le  marabout  leur  reproche  de  ne  point  lui  donner  d’argent  est  aussi  répugnante  que 
leur  avarice.  Pour  moi,  je  m’amuse  à  voir  ces  loups  se  mordre  entre  eux. 

Dans  la  soirée,  on  agite  la  question  de  mon  départ  pour  le  Tinzoulin.  Sidi  Oum- 
barek  m’y  conduira  en  personne  ;  il  fait  voir  qu’il  ne  marchande  pas  moins  son 
anaïa  que  les  Ida  ou  Blal  :  c’est,  au  bout  de  deux  heures  de  discussion  qu’on  s’entend 
sur  le  prix.  Enfin  on  tombe  d’accord  :  je  verse  la  somme  sur  l’heure  :  il  est  convenu 
qu’on  partira  après-demain. 

Le  lendeirfain  matin,  27  décembre,  mes  Ida  ou  Blal,  n’ayant  plus  rien  à  faire  ici, 
s’en  vont  ainsi  que  mon  ami  le  Hadj.  Au  moment  des  adieux,  j’ai  toutes  les  peines 
du  monde  à  faire  accepter  un  cadeau  à  ce  dernier;  avec  les  autres,  au  contraire,  il 
y  a  un  règlement  de  compte  laborieux.  Me  voici  seul  à  Mrimima  avec  Mardochée 
et  un  domestique  israélite.  Dans  l’après-midi,  nous  recevons  la  visite  de  S.  Abd 
Allah  en  personne.  C’est,  un  vieillard  d’environ  70  ans,  à  barbe  toute  blanche,  tran¬ 
chant  sur  le  brun  de  sa  peau  ;  car  il  est  Hartâni.  Il  nous  parle  avec  bienveillance, 
mais  sa  péroraison  rappelle  les  discours  de  son  fils  ;  «  Grâce  à  Dieu,  vous  êtes  main¬ 
tenant  débarrassés  de  vos  Ida  ou  Blal,  gens  impies  et  sans  foi  qui  n’étaient  venus 
que  pour  vous  dépouiller.  Quant  à  moi,  je  n’aime  pas  les  Juifs;  mais  Dieu  vous  a 
conduits  ici  dans  la  maison  de  la  confiance  :  vous  y  êtes  les  bienvenus,  et,  quand 
vous  voudrez  partir,  je  vous  ferai  mener  où  vous  voudrez  en  sûreté.  Mais  voyons, 
les  Juifs!  vos  pareils,  quand  ils  se  présentent,  ne  m’abordent  que  les  mains  pleines 
de  toutes  sortes  de  cadeaux  :  vous,  vous  ne  m’avez  rien  donné;  tâchez  de  réparer 
votre  faute  et  de  m’offrir  quelque  chose  de  bien  :  pas  de  khent,  pas  de  ces  objets 
ordinaires  et,  grossiers;  je  veux  quelque  chose  de  bien.  Je  repasserai  tout  à  l’heure: 
à  présent,  je  vais  parler  à  des  Oulad  Iahia  avec  qui  je  vous  ferai  partir.  »  Il  nous 
quitte,  va  et  revient  au  bout  d’une  demi-heure  :  «  Ce  que  vous  avez  de  mieux  à  faire 
est  de  passer  le  sabbat  ici  et  de  ne  vous  mettre  en  route  que  le  lendemain.  J’ai 
donné  rendez-vous  pour  samedi  à  ces  Oulad  Iahia  qui  s’en  iront  dimanche  avec 
vous.  Maintenant,  voyons  ce  que  vous  m’avez  préparé  de  bien!  »  Je  lui  montre  ce 
que  j’ai,  du  thé,  de  la  cotonnade  blanche,  deux  pains  de  sucre.  Il  prend  le  tout, 
et  nous  lui  déclarons  que  nous  sommes  les  gens  les  plus  heureux  du  monde  de  ce 
qu’un  grand  saint  comme  lui  ait  bien  voulu  accepter  ce  faible  don.  Je  ne  suis  pas 
aussi  content  que  je  le  dis.  Voici  mon  départ  remis  à  plusieurs  jours,  car 
on  n’est  qu’à  jeudi.  Puis,  que  sont  ces  Oulad  Iahia  à  qui  S.  Abd  Allah  veut,  me 
confier,  alors  qu’il  était  convenu  que  son  fils  me  conduirait  lui-même?  Ces  mara¬ 
bouts  ont  moins  de  parole  encore  que  les  Ida  ou  Blal.  Mais  que  faire?  Je  suis  à  leur 
merci.  C’est  le  cas  d’être  fataliste  et  d’attendre  avec  résignation.  Espérant  que  cela 
pourrait  produire  quelque  effet,  je  me  recommandai  du  cherif  d’Ouazzân.  Jamais 
je  ne  m’étais  servi  de  sa  lettre,  pour  la  meilleure  raison  :  son  nom  était  inconnu  de 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


I6i 

ceux  à  qui  j’avais  eu  affaire  jusqu’alors,  et  son  influence  nulle  dans  les  régions  que 
j’avais  traversées  depuis  Fâs.  Ici  il  n’en  est  pas  autrement,  mais  dans  la  zaouïa  du 
moins  son  nom  est  connu  et  respecté.  Je  fis  voir  sa  lettre  à  S.  Abd  Allah.  Dans  les 
premiers  jours,  ce  fut  un  événement  :  on  lut  l’épître  en  pleine  mosquée;  comme 
effets,  il  résulta  qu’on  me  traita  avec  plus  d’égards  qu’auparavant,  que  chaque  jour 
S.  Abd  Allah  me  faisait  une  visite  et  que,  le  soir,  il  envoyait  deux  de  ses  fils  passer 
la  nuit  dans  ma  chambre,  honneur  et  protection  à  la  fois. 

Le  samedi,  le  dimanche  se  passent,  on  ne  parle  point  de  départ.  Par  extraordi¬ 
naire,  S.  Abd  Allah  reste  invisible.  Je  demande  S.  Oumbarek  :  il  est  malade.  Enfin, 
le  lundi  matin,  je  vis  arriver  ce  dernier  :  il  était  impossible,  disait-il ,  de  se  mettre  en 
route  :  deux  troupes  de  20  fusils,  l’une  de  Berâber,  l’autre  d’Arib,  de  passage  ici, 
avaient  appris  que  j’allais  partir;  le  bruit  que  j’étais  Chrétien ,  venu  de  Tintazart, 
s’était  répandu  dans  le  pays  et  leur  était  parvenu;  de  plus,  on  me  croyait  chargé 
d’or.  Les  deux  bandes  s’étaient  embusquées  dans  la  montagne  et  guettaient  mon 
passage  pour  m’attaquer.  Il  fallait  patienter.  Dans  trois  ou  quatre  jours,  quand, 
lasses  d’attendre,  elles  auraient  disparu,  S.  Oumbarek  prendrait  avec  lui  30  ou 
40  Haratîn  et  me  conduirait  en  personne  à  destination.  Le  lendemain,  S.  Abd  Allah 
vint  confirmer  ces  paroles  :  «  Ayez  confiance  en  moi;  je  vous  ferai  partie  en  sûreté 
avec  mon  fils,  quand  tous  ceux  qui  voudraient  vous  manger  seront  partis  ou  vous 
auront  oubliés.  Mrimima  est  un  ventre  de  hyène,  rendez-vous  de  tout  ce  qu’il  y  a 
de  mauvais.  Mais,  patience;  vous  en  sortirez,  s’il  plaît  à  Dieu.  » 

Deux  jours  après,  c’est  autre  chose  :  les  Arib  sont  partis;  mais  30  Ait  Sed- 
drât  les  ont  remplacés  :  ils  étaient  venus  acheter  des  dattes;  à  la  nouvelle  du  coup 
à  faire,  ils  se  sont  installés  dans  le  Mheijiba,  jurant  qu’ils  n’en  bougeraient  tant 
que  je  serais  ici.  Le  jeudi,  ils  font  mieux  :  ils  envoient  une  députation  à  S.  Abd  Al¬ 
lah,  demandant  de  me  livrer  :  ils  se  chargent  de  me  conduire  au  Tinzoulin.  Sur  son 
refus,  ils  se  répandent  en  menaces,  déclarent  qu’ils  m’enlèveront  de  force.  Les 
marabouts  prennent  peur  :  le  jour,  ils  placent  deux  hommes  à  ma  porte,  avec  con¬ 
signe  de  ne  laisser  entrer  personne;  la  nuit,  on  m’envoie  plusieurs  esclaves  armés. 
Les  deux  fils  cadets  de  S.  Abd  Allah  ne  me  quittent  plus.  Les  murs  de  la  mai¬ 
son  sont  hauts,  la  porte  solide,  rien  à  redouter  de  ce  côté;  mais  on  craint  que  les 
Ait  Seddràt  ne  percent  la  muraille  de  pisé.  Le  lendemain,  ils  envoient  de  nouveaux 
émissaires,  l’inquiétude  des  marabouts  augmente,  ma  garde  s’accroît.  Enfin,  le  ven¬ 
dredi,  S.  Abd  Allah  vient  me  dire  qu’il  ne  s’engage  plus  à  me  faire  conduire 
au  Dra  :  tout  ce  qu’il  peut  pour  moi,  c’est  de  me  ramener  à  Tisint,  encore  fau¬ 
dra-t-il  attendre  plus  d’une  semaine  :  le  12  janvier  sera  la  fête  du  Mouloud;  ce 
jour-là,  S.  Abd  Allah  fait  tous  les  ans  un  pèlerinage  à  la  qoubba  de  S.  Abd  Allah  ou 
Mliind,  à  Tisint;  il  s’y  rend  en  grand  appareil,  suivi  de  toute  la  zaouïa,  de  tout  ce 


SÉJOUR  DANS  LE  SAHARA. 


165 

qu’il  a  de  parents,  de  serviteurs  et  d’esclaves  :  je  me  joindrai  à  lui  et,  sous  la  pro¬ 
tection  de  cette  puissante  escorte,  je  pourrai  passer. 

Après  une  semblable  déclaration,  il  ne  me  restait  rien  à  espérer  quant  au  Tinzou- 
lin.  Attendre  à  Mrimima  n’avait  plus  de  raison  d 'être;  il  fallait  revenir  à  Tisint  : 
cela  même  était  chose  difficile  et  dangereuse.  Le  soir  de  ce  jour,  3  janvier,  j’écrivis 
à  mon  ami  le  Hadj  Bou  Rhim  :  je  lui  peignais  la  situation  ,  et  le  priais  de  venir 
me  chercher.  Un  mendiant  porta  ma  lettre. 

Le  lendemain ,  à  7  heures  du  matin ,  grand  mouvement  dans  le  village  :  une 
troupe  de  25  fantassins  et  2  cavaliers  y  arrive  tout  à  coup  et  entre  droit  dans 
ma  cour.  C’est  le  Hadj  qui  vient  me  prendre.  Il  a  reçu  mon  billet  cette  nuit.  Il  s’est 
levé  aussitôt,  a  couru  chez  ses  frères  et  ses  parents;  chacun  s’est  armé  et  l’a 
rejoint  avec  ses  serviteurs;  ils  se  sont  mis  en  marche,  et  les  voici.  Une  demi  -  heure 
après,  je  reprenais  avec  eux  le  chemin  d’Agadir.  Les  marabouts  nous  voyaient  par¬ 
tir  avec  inquiétude  :  ils  craignaient  pour  nous  une  attaque  des  Ait  Seddrât. 
Ceux-ci  cherchaient  le  pillage,  et  non  le  combat;  voyant  la  force  de  l’escorte,  ils  n’o¬ 
sèrent  se  présenter.  A  11  heures  et  demie,  j’étais  de  retour  dans  la  maison  du  Hadj. 


MRIMIMA. 

Mrimima  a  l’aspect  triste  et  pauvre.  C’est  un  petit  village  en  pisé,  ensemble  de 
constructions  basses  du  milieu  desquelles  émergent  le  minaret  délabré  de  la  grande 
mosquée  et  deux  autres  moins  hauts;  dans  cette  masse  de  murailles  grises  brillent 
trois  petites  qoubbas,  seuls  édifices  blanchis  du  village.  En  dehors  des  habitations, 


sur  leur  lisière  nord-oirest,  se  tient  la  foire  annuelle,  l’une  des  causes  de  célébrité 
de  Mrimima;  ce  côté  est  occupé  par  de  grandes  maisons  carrées  appartenant  à 
S.  Abd  Allah;  vides  en  ce  moment,  elles  servent  de  lieux  de  dépôt  pour  les 
marchandises,  lors  de  la  foire.  Celle  que  j’ai  habitée  est  l’une  d’elles.  A  l’est  et 
au  sud-est  du  village  s’étendent  des  plantations  de  dattiers  de  moyenne  étendue;  elles 
produisent  surtout  des  djiliel,  puis  des  bou  souaïr,  des  bou  feggouç  et  quelques  bou 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


1R0 

sekri.  Le  long  des  dattiers,  entre  l’oasis  et  les  roches  du  Mheijiba,  coule  l’Guad 
Zgid;  c’est  une  large  rivière,  un  peu  plus  forte  que  l’Ouad  Tisint;  en  toute  saison 
elle  a  de  l’eau  courante;  les  poissons  y  sont  nombreux.  La  population  de  Mrimima 
est  composée,  d’une  part  de  la  famille  proche  et  éloignée  de  S.  Abd  Allah,  groupée 
autour  de  la  zaouïa,  demeure  propre  de  ce  dernier,  de  l’autre  des  nègres  et  Haratin 
esclaves  ou  serviteurs  de  la  famille  sainte.  Tous  les  membres  de  celle-ci  portent  le 
titre  de  marabout  et  sont  nourris  ou  aidés  par  la  zaouïa.  Les  palmiers  de  Mri¬ 
mima  appartiennent  la  plupart  à  S.  Abd  Allah,  les  autres  sont  possédés  par  ses 
neveux  ou  ses  parents;  quelques-uns  ont  pour  propriétaires  de  simples  Haratin. 

La  zaouïa  de  Mrimima  n'est  pas  très  ancienne;  elle  n’est  pas  herra,  «  in¬ 
dépendante  »  :  une  zaouïa  est  herra  lorsque  son  chef  compte  au  moins  sept  ancêtres 
postérieurs  à  la  fondation  ;  les  arrière-petits-fils  de  S.  Abd  Allah  seulement  seront 
indépendants.  D’après  cette  donnée,  la  zaouïa  compterait  environ  150  ans  d’exis¬ 
tence.  Les  marabouts  de  Mrimima  tirent  leur  origine  du  qçar  cl’Ez  Zaouïa,  de 
Tisint;  leur  chikh  est  Sidi  Abd  Allah  ou  Mhind,  saint  mort  depuis  plusieurs  siècles, 
dont  la  qoubba  est  dans  cette  localité;  chaque  année,  à  la  fête  du  Mouloud,  ils  y  font 
en  grande  pompe  un  pèlerinage.  Ils  sont  donc  une  branche  de  la  famille  de  re¬ 
ligieux  dont  la  souche  est  à  Ez  Zaouïa  :  cette  famille  étend  au  loin  ses  ramifica¬ 
tions  :  j’en  trouverai  des  membres  établis  à  demeure  dans  le  Ras  el  Ouad,  dans  le 
bas  Sous,  jusque  auprès  de  Mogador,  partout  vénérés,  partout  vivant  de  leur  titre  de 
marabout  et  de  leur  sainte  origine.  Les  religieux  de  Mrimima,  quoique  ne  formant 
pas  la  branche  aînée  de  cette  race,  en  sont  actuellement  la  plus  distinguée  ;  les  au¬ 
tres  sont  réduites  à  une  influence  locale,  celle-ci  jouit  au  loin  d’une  grande  consi¬ 
dération  :  elle  perçoit  des  redevances  dans  le  Dra,  dans  le  Sahel,  sur  les  deux 
versants  du  Petit  Atlas;  les  noms  de  Mrimima  et  de  la  zaouïa  de  Sidi  Abd  Allah 
Oumbarek  sont  connus  en  bien  des  lieux  où  celui  de  Tisint  est  ignoré.  Cependant 
c’est  une  zaouïa  de  second  ordre,  qu’on  ne  saurait  comparer  à  celles  d’Ouazzân, 
de  Bon  el  Djad,  ou  de  Tamegrout.  Elle  ne  leur  ressemble  en  rien,  ni  comme  cé¬ 
lébrité,  ni  comme  influence,  ni  comme  richesses. 

J’ai  vu,  dès  mon  arrivée  à  Mrimima,  que  S.  Abd  Allah  et  ses  fils  étaient  rapa¬ 
ces  :  on  ne  s’en  étonne  pas  quand  on  voit  la  peine  qu’ils  se  donnent  pour  recueillir 
de  l’argent.  On  leur  en  apporte  peu  :  il  vient  des  pèlerinages,  même  de  loin; 
de  cette  source  ne  sortent  que  des  dons  isolés  :  pour  percevoir  les  redevances 
générales  des  tribus,  il  faut  se  rendre  au  milieu  d’elles;  il  faut  que  le  marabout 
sanctifie  les  territoires  par  un  séjour  de  quelque  temps,  qu’il  appelle  sur  lui  les 
bienfaits  du  Seigneur.  Ces  conditions  remplies,  lorsque  la  présence  et  la  bénédiction 
de  l'homme  de  Dieu  ont  assuré  pour  Tannée  une  bonne  récolte,  de  gras  pâturages, 
des  eaux  abondantes,  on  lui  remet,  en  échange  de  ses  bons  offices,  la  cotisation 


SEJOUR  DANS  LE  SAHARA. 


1R7 

habituelle;  sinon,  rien.  De  là  des  voyages  continuels,  qui  constituent  pour  les  reli¬ 
gieux  un  travail  régulier  :  ils  appellent  cela  «  aller  bénir  ».  Chaque  année,  S.  Abel 
Allah  va  en  personne  dans  le  Sahel  et  dans  le  Dra  bénir  et  recueillir  les  tributs; 
dans  les  autres  régions  qui  servent  la  zaouïa,  il  envoie  ses  deux  fils  aînés  faire  la  col¬ 
lecte  :  c’est,  cl’une  part,  dans  une  portion  du  Petit  Atlas  (Ait  Bon  Iahia,  Seketàna,  etc.), 
de  l’autre,  au  sud  du  Bani  (Oulad  Iahia,  Ida  ou  Blal,  Ait  ou  Mribet,  etc.).  Malgré 
ces  revenus,  la  zaouïa  ne  semble  pas  riche  :  les  bâtiments  sont  simples;  les 
costumes  des  marabouts  n’indiquent  pas  une  grande  aisance.  Sidi  Abel  Allah  seul 
est  habillé  à  la  façon  des  villes  :  gros  turban  blanc,  farazia  et  haïk;  ses  vêtements 
sont  propres  et  frais.  On  ne  peut  en  dire  autant  pour  ceux  de  ses  fils  :  l’aîné  parait 
très  fier  d’un  cafetan  de  drap  rouge  râpé  qu’il  porte  sous  son  haïk  (les  marabouts 
marocains  ont  un  goût  prononcé  pour  les  étoffes  de  couleur  éclatante)  ;  le  second, 
S.  El  Fatmi,  n’a  sur  sa  chemise  qu’un  haïk  grossier  et  un  bernous  de  10  francs. 
Quant  aux  deux  plus  jeunes,  leurs  chemises  sales  et  déchirées,  leurs  bernous  troués 
me  les  avaient  fait  prendre  à  l’arrivée  pour  des  mendiants;  l’un  d’eux,  S.  Iahia,  a 
quinze  ans,  l’autre,  S.  Hamed,  en  a  dix.  Comme  mobilier,  je  n’ai  vu  que  les  théières 
et  les  verres,  lesquels  sont  des  plus  communs.  Pas  de  bougies  :  il  n’en  existe 
nulle  part  dans  le  Sahara;  on  se  sert  de  petites  lampes  à  huile,  qui  jettent  une 
lumière  funèbre  :  luxe  rare,  Mrimima  possède  3  ou  4  chandeliers  de  cuivre;  on 
place  les  lampes  dessus  :  c’est  très  commode.  Une  mule  est  l’unique  bête  de  somme 
de  la  zaouïa.  Je  ne  crois  pas  que  les  marabouts  thésaurisent;  malgré  la  simplicité 
de  leur  vie,  la  caisse  de  la  maison  ne  doit  pas  être  riche.  Ils  recueillent  de  nom¬ 
breux  dons,  de  nombreuses  redevances;  mais  ces  offrandes  sont  presque  toutes  en 
nature  :  elles  consistent  en  dattes,  en  orge,  dans  les  tribus  du  Sahara;  en  blé  et  en 
huile,  dans  celles  de  la  montagne;  très  peu  sont  de  l’argent.  Ces  cadeaux  s’en 
vont  aussi  vite  qu’ils  viennent  :  la  zaouïa  (1)  ne  se  compose  pas  seulement  de  son 
chef  et  des  fils  de  celui-ci;  Sidi  Abd  Allah  nourrit  une  infinité  de  neveux,  de  cou¬ 
sins,  de  parents  ayant  les  mêmes  ancêtres  que  lui;  tous  ne  vivent  que  de  la  sainteté 
de  leur  sang;  tous  mangent  sur  la  zaouïa;  je  veux  qu’ils  fassent  maigre  chère,  il  y 
a  encore  les  hôtes  :  le  nombre  des  étrangers  qui  reçoivent  chaque  jour  l'hospita¬ 
lité  est  considérable;  en  un  séjour  d’un  peu  plus  d'une  semaine,  j’ai  vu  passer  des 
Berâber,  des  Oulad  Iahia,  des  AC  b ,  des  Ida  ou  Blal,  des  Tajakant,  des  gens  de  Ta- 
filelt,  des  Ait  Seddrât;  point  de  jour  où  il  n’y  ait  quinze  à  vingt  hôtes  à  la  zaouïa  : 
gens  du  Dra  qui  vont  acheter  des  dattes  dans  les  oasis  de  l’ouest,  cavaliers  qui 
viennent  de  razia,  députations  qui  se  rendent  dans  quelque  tribu  des  environs, 
voyageurs  de  toutes  conditions  et  de  tous  pays.  Mrimima,  par  sa  situation  unique 

(1)  On  appelle  zaouïa ,  d’une  part,  l’ensemble  de  tous  les  marabouts,  parents  proches  ou  éloignés  de  Sid 
Abd  Allah,  qui  habitent  Mrimima;  de  l’autre,  la  maison  où  Sidi  Abd  Allah  demeure. 


168 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


entre  le  Dra  et  le  Bani,  se  trouve  un  point  cle  passage  et  de  ravitaillement  naturel 
pour  ceux  qui  traversent  le  Sahara  Marocain  dans  sa  longueur.  Les  uns  y  séjour¬ 
nent  peu;  d’autres  restent  longtemps.  J’y  fus  avec  un  homme  des  Ait  Ioussa  (1)  qui 
y  vivait  depuis  deux  mois  :  il  venait  du  Dra  et  n’osait  rentrer  dans  son  pays,  par¬ 
ce  que  les  Ait  ou  Mrîbet,  de  qui  il  avait  à  traverser  le  territoire,  étaient  en  guerre 
avec  sa  tribu  :  comme  S.  Abd  Allah  va  tous  les  ans  à  époque  fixe  au  Sahel ,  il  at¬ 
tendait  son  départ  pour  passer  sous  sa  sauvegarde.  Le  moment  de  ce  voyage  de 
S.  Abd  Allah  est  celui  du  Souq  el  Mouloud  (2);  il  se  rend  chaque  année  à  cette  foire 
où,  un  grand  concours  de  monde  se  trouvant  réuni,  il  ramasse  d’un  seul  coup  de 
nombreuses  offrandes. 

Par  ces  tournées,  qui  embrassent  le  bassin  du  Dra  presque  entier,  et  par  les  gens 
de  toute  origine  qui  reçoivent  l’hospitalité  à  la  zaouïa,  le  marabout  de  Mrimima  est 
en  relations  avec  toutes  les  tribus  habitant  entre  l’Océan  et  le  Tafilelt  et  sa  parole 
est  répandue  et  respectée  dans  cette  vaste  zone  de  pays.  Il  peut  avoir,  à  un  moment 
donné,  une  influence  politique  réelle. 

S.  Abd  Allah,  quoique  vieux,  s’occupe  des  affaires  de  la  zaouïa  ;  mais  son  fils  aîné 

S.  Oumbarek  a  en  main  la  plus  grande  partie  d’entre  elles  :  il  agit  souvent  sans 

consulter  son  père,  son  père  ne  fait  rien  sans  son  avis.  S.  Oumbarek  a  de  l’auto¬ 
rité  sur  les  tribus  des  alentours;  c’est  lui  qui  reçoit  les  hôtes,  qui  fait  une  partie 
des  tournées;  il  ne  s’éloigne  pas  longtemps  de  la  zaouïa,  où  il  est  indispensable.  Il 
forme  avec  ses  trois  frères  et  deux  sœurs  l’unique  postérité  de  S.  Abd  Allah  :  ces  six 
enfants  sont  nés  à  celui-ci  de  sa  première  femme;  elle  morte,  il  en  a  épousé  une  se¬ 
conde  qui  ne  lui  a  point  donné  de  rejetons;  il  a  toujours  été  monogame.  Ses  fils 
ont  le  type  hartâni  moins  prononcé  que  lui.  Les  autres  marabouts,  ses  neveux 
ou  cousins  à  divers  degrés,  sont  ceux-ci  Haratîn,  ceux-là  blancs;  les  uns  ont 
quelque  fortune,  d’autres  sont  pauvres;  tous  portent  au  cou  un  gros  chapelet,  ce 
qui  est  d’usage  ici  pour  les  seuls  religieux,  et  tous  ont  droit  aux  baisemains  des 
Musulmans.  Peu  ont  été  à  la  Mecque  :  comme  les  Ida  ou  Blal  ,  ils  ne  vont 

qu’où  il  y  a  de  l’argent  à  gagner.  Bien  que  talebs,  ils  sont  ignorants  et  grossiers 

d’esprit.  Ne  se  figurèrent-ils  pas  qu’avec  cinq  ou  six  brins  d'herbe  qu’on  m’avait  vu 
ramasser  dans  le  mader  je  voulais  maléficier  tout  l’Islam?  Je  ne  sais  si  je  parvins 


à  les  rassurer  à  cet  égard.  Nous  trouvons  parmi  eux  le  kif,  cet  apanage  des  cherifs 
et  des  marabouts;  ils  le  fument  en  l’arrosant  de  grands  verres  d’eau-de-vie,  que  leur 
fabriquent  les  Juifs  de  Tintazart  et  du  Dra.  A  Tisint  et  à  Tatta,  quatre  ou  cinq 


(1)  Tribu  voisine  du  district  d’Ouad  Noun. 

(2)  Le  Souq  el  Mouloud  est  ainsi  appelé  parce  qu’il  a  lieu  dans  le  mois  de  mouloud  (rebia  el  aoul);  il  se 
tient  dans  la  tribu  des  Ait  Ioussa.  C’est  une  grande  foire,  qui  dure  plusieurs  jours,  Tune  des  trois  foires 
annuelles  du  Sahara;  les  deux  autres  sont  celles  de  Mrimima  et  de  S.  llamed  ou  Mousa  (Tazeroualt). 


SEJOUR  DANS  LE  SAHARA. 


169 


personnes  usaient  de  kif  :  c’étaient  des  clients,  originaires  du  Tafilelt ;  on  les  recon¬ 
naissait  à  la  petite  pipe  spéciale  qui  se  balançait  à  leur  cou. 

Mrimima,  célèbre  par  sa  zaouïa,  ne  l’est  pas  moins  par  sa  foire.  Cette  foire,  an¬ 
nuelle,  dure  trois  jours  et  est  très  fréquentée  :  on  y  vient  de  tout  le  bassin  du  Dra, 
du  Sous,  du  Sahel,  souvent  du  Tafilelt;  on  y  a  vu,  dit-on,  jusqft’à  des  marchands 
de  Figig.  Trois  grandes  foires  annuelles  se  tiennent  dans  le  Sahara  Marocain,  celle 
de  Mrimima  en  redjeb,  celle  de  Sidi  Hamed  ou  Mousa  à  la  fin  de  mars  (1),  Souq 
el  Mouloud  en  mouloud.  Les  unes  et  les  autres  attirent  une  foule  de  monde.  Malgré 
cette  affluence  de  gens  peu  habitués  à  la  discipline,  on  n’y  voit  d’ordinaire  aucun 
trouble;  des  mesures  sévères  sont  prises  par  les  chefs  des  localités  où  elles  ont  lieu 
(ici,  par  S.  Abd  Allah)  pour  que  l’ordre  ne  cesse  de  régner  :  bien  plus,  on  garantit 
à  ceux  qui  s’y  rendent  la  sûreté  sur  le  chemin.  Un  individu,  une  caravane  allant  à 
la  foire  ont-ils  été  pillés,  maltraités  en  route?  on  saisit,  parmi  les  hommes  présents 
au  marché,  ceux  de  la  tribu  coupable  de  l’agression,  on  les  rend  responsables  du 
dommage,  et  on  le  leur  fait  payer  sur  l’heure.  Grâce  à  cette  méthode  employée 
aux  trois  points,  la  sûreté,  rare  phénomène,  règne  à  trois  époques  de  l’année  sur  les 
routes  de  la  contrée.  Dans  ces  foires  on  trouve  réunis  les  produits  du  pays,  les 
objets  fabriqués  dans  les  villes  du  Maroc  et  en  Europe,  et  les  marchandises  du 
Soudan.  La  plus  importante  est  celle  de  S.  Hamed  ou  Mousa;  placée  sur  le  chemin 
des  caravanes  de  Timbouktou,  elle  se  fient  à  l’époque  de  leur  arrivée  et  est  le  théâtre 
des  transactions  relatives  au  commerce  du  Soudan;  là  se  fait  l’échange  de  l’or, 
des  plumes  d’autruche,  de  l’ivoire,  des  esclaves,  contre  les  produits  européens  en¬ 
voyés  de  Mogador.  Après  cette  foire  vient  celle  de  Mrimima.  La  moins  considérable 
est  Souq  el  Mouloud. 


(1)  Le  calendrier  chrétien  est  connu  et  employé  dans  le  Sahara  Marocain.  Les  mois  en  sont  désignés  sous 
leurs  noms  latins.  La  foire  de  S.  Hamed  au  Mousa  se  tient  au  printemps  et  habituellement  en  mars;  en  1885, 
elle  a  commencé  le  25  mars. 


RECONNAISSANCE  VU  MAROC. 


1 70 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


* 

VI. 

DE  TISINT  A  MOGADOR, 


1°.  —  DE  TISINT  A  AFIKOURAHEN. 

Lorsque  je  me  retrouvai  à  Tisint,  la  somme  d’argent  que  je  portais  avait,  par 
suite  de  vols  successifs,  diminué  à  tel  point  que  je  ne  pouvais  achever  mon  voyage 
avec  ce  qui  restait.  11  fallait  avant  tout  me  procurer  des  fonds.  Je  n’en  trouverais 
que  dans  une  ville  où  il  y  eût  des  Européens  :  la  plus  proche  était  Mogador.  Je  ré¬ 
solus  d’en  chercher  dans  ce  port. 

Je  m’ouvris  de  mon  projet  à  mon  ami  le  Hadj,  et  fis  avec  lui  l’arrangement  sui¬ 
vant  :  il  me  conduirait  à  Mogador,  m’y  attendrait,  et  me  ramènerait  à  Tisint;  nous 
prendrions  des  routes  différentes  en  allant  et  en  revenant,  passant  la  première 
fois  par  les  Isaffen  et  les  Ilalen  (1),  la  seconde  par  le  Sous,  le  Ras  el  Ouad  et  les  Ait 
Jellal.  Le  Hadj  Bou  Rliim  connaissait  la  région  que  nous  devions  traverser  au  retour 
et  y  avait  de  nombreux  amis;  pour  l’aller,  il  emmènerait  un  de  ses  agents,  nommé 
Mohammed  ou  Addi,  homme  de  la  tribu  des  Ilalen,  qui  avait  maintes  fois  par¬ 
couru  le  chemin  que  nous  allions  faire.  Nous  ne  partirions  qu’à  nous  trois  :  le  rabbin 
Mardochée,  dont  je  n’avais  pas  besoin,  resterait  à  Tisint  dans  la  maison  du  Hadj, 
où  il  attendrait  mon  retour. 


9  janvier. 


.Je  quittai  Tisint  le  9  janvier,  à  10  heures  et  demie  du  soir,  et  pris  la  direction  de 
Tatta,  escorté  par  le  Hadj  et  son  compagnon.  «Nous  voyageâmes  toute  la  nuit.  Nous 
avions  attendu  pour  sortir  que  le  qçar  fût  endormi  :  personne  n’avait  été  instruit  de 
notre  voyage;  en  s’en  allant,  le  Hadj  n’avait  pas  dit  adieu  à  ses  femmes  et  à  ses 
enfants.  Si  le  bruit  de  notre  départ  avait  transpiré,  il  eût  été  à  craindre  que  des 

(1)  On  dit  indifféremment  Ilalen  et  Ilala;  Ilala  est  la  forme  arabe,  Ilalen  la  forme  tamazirt.  Dans  le  sud  du 
Maroc,  un  grand  nombre  de  noms  de  tribus  sont  également  usités  sous  ces  deux  formes  :  ainsi  on  dit  Seke- 
tàna  ou  Isektân,  Zenâga  ou  Iznâgen,  Ilaba  ou  Ibaban,  üunila  ou  Iounilen,  Ikhzama  ou  Ikhzamen,  etc. 


DE  TISINT  A  MOGADOH. 


171 


étrangers,  Berâber,  Oulad  Iahia  ou  autres,  toujours  en  foule  à  Agadir,  n’aient  couru 
s’embusquer  sur  le  chemin  pour  nous  attaquer  et  nous  piller.  De  là  notre  départ 
furtif  et  notre  marche  nocturne.  Le  rabbin  Mardochée  avait  ordre  de  n’ouvrir  la 
maison  à  personne  le  lendemain  et,  après  deux  jours,  de  déclarer  que  nous  étions 
partis  pour  Tazenakht.  Pareilles  mesures  se  prennent  toujours  lorsqu’on  doit  tra¬ 
verser  un  long  désert,  un  passage  dangereux,  que,  comme  nous,  on  est  en  petit 
nombre,  et  qu’on  a  des  objets  pouvant  exciter  la  convoitise.  Ici,  il  avait  fallu  re¬ 
doubler  de  précautions  ;  avec  ma  réputation  de  Chrétien  et  d’homme  chargé 
d’or,  plus  d’une  bande  se  serait  mise  en  campagne  si  mon  départ  avait  été  connu. 
Mes  mules  seules  eussent  suffi  pour  faire  prendre  les  armes  à  bien  des  gens  :  en 
cette  contrée  pauvre  elles  constituent  un  capital. 

10  janvier. 

Ralentis  dans  notre  marche  par  une  pluie  torrentielle  qui  tomba  pendant  la  plus 
grande  partie  de  la  nuit  et  durant  toute  la  matinée,  nous  arrivâmes  à  Tatta  à  la 
fin  de  la  journée  du  10.  A  7  heures  du  soir,  nous  nous  arrêtâmes  dans  le  petit  qçar 
de  Tarla,  chez  des  amis  du  Hadj. 

La  route  de  Tisint  à  Tatta  n’avait  rien  de  nouveau  pour  moi.  Je  pus  admirer  com¬ 
bien  la  végétation  s  était,  développée  depuis  mon  dernier  passage  :  le  long  du  moindre 
ruisseau,  au-dessous  de  chaque  gommier,  s’étendait  un  épais  tapis  de  verdure, 
tantôt  d’un  émeraude  éclatant,  tantôt  argenté  ou  doré  par  une  multitude  de  fleurs. 

Pour  gagner  Tarla,  on  remonte  l’Ouad  Tatta  à  partir  de  Tiiti ,  dans  son  lit  :  celui- 
ci  est  large  de  150  mètres  et  couvert  de  gros  galets;  au  milieu  se  creuse  un  canal 
de  30  mètres,  où  un  peu  d’eau  serpente  sur  un  fond  de  roche.  La  rivière,  resserrée 
à  Tiiti  entre  le  qçar  et  le  Bani,  coule  de  Tiiti  à  Tarla  dans  une  plaine  de  sable, 
déserte  sur  la  rive  droite,  couverte  de  palmiers  sur  la  rive  gauche. 


Il  janvier. 


Séjour  à  Tarla.  Ce  qçar  est  situé  à  la  bouche  méridionale  d’un  kheneg  par  lequel 
l’Ouad  Tatta  franchit  une  chaîne  de  collines  parallèle  au  Bani.  Il  est  petit  et  riche  : 
tout  y  respire  la  prospérité;  les  maisons  sont  belles;  point  de  ruines;  les  habitants, 
Chellaha  et  Haratîn ,  vivent  dans  l'aisance,  grâce  à  leurs  nombreux  dattiers.  Les 
bon  feggouç  dominent. 

12  janvier. 


Nous  passons  toute  la  journée  à  Tarla  sans  sortir  de  chez  notre  hôte,  à  qui  le  Hadj 
a  recommandé  le  secret  sur  notre  présence.  Nous  avons,  d’ici  à  Tizgi,  notre  prochain 


172 


MECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


gîte,  à  traverser  un  long  désert,  très  dangereux,  qu’on  ne  peut  franchir  que  de  nuit 
et  au  pas  de  course,  comme  nous  essaierons  de  le  faire,  ou  en  nombreuse  caravane. 
Ce  désert,  qui  fait  un  avec  celui  d’Imaouen  coupé  par  l’Ouad  Aqqa,  s’étend  sur  les 
contins  de  plusieurs  tribus  entre  lesquelles  il  forme  un  terrain  neutre  :  champ  com¬ 
mun  où  s’exercent  leurs  rapines;  des  bandes  pillardes  d’Aït  ou  Mrîbet,  d’Ida  ou 
Blal,  d’Aït  Jellal,  d’Isaffen,  le  parcourent  sans  cesse. 

Nous  partons  à  9  heures  du  soir  et  marchons  sans  arrêt  jusqu’au  matin.  A  l’au¬ 
rore,  nous  nous  trouvons  à  l’entrée  d’une  gorge  profonde,  dans  le  lit  desséché  d’une 
rivière,  à  son  confluent  avec  un  ruisseau,  l’Ouad  Tanamrout.  Nous  faisons  halte  quel¬ 
ques  heures  à  cet  endroit. 

La  contrée  que  j’ai  parcourue  de  Tarda  ici  se  divise  en  deux  portions  distinctes  : 
l’une  de  Tari  a  à  Imiteq ,  l’autre  d’Imiteq  au  point  où  je  suis.  Celle-là  se  compose 
de  larges  vallées  entre  lesquelles  s’élèvent  des  massifs  mamelonnés  de  peu  de  hau¬ 
teur;  celle-ci  est  formée  d’une  succession  de  plaines  étagées,  séparées  par  de  hautes 
chaînes  parallèles,  que  les  rivières  traversent  par  des  gorges  étroites.  Les  vallées  de 
la  première  région  ont  dans  leur  partie  inférieure  un  sol  pierreux,  garni  de  gom¬ 
miers,  de  jujubiers  sauvages  et  de  melbina,  dans  leur  partie  haute,  un  sol  rocheux 
avec  une  végétation  moins  abondante;  leurs  flancs  sont  des  coteaux  de  grès  noir  et 
luisant.  Au  delà  d’Imiteq,  les  collines  se  remplacent  par  de  hautes  montagnes  : 
massifs  rocheux,  aux  pentes  escarpées ,  ils  ont  une  couleur  jaune  rosée,  différente 
de  ce  que  nous  avons  vu  jusqu’ici;  leurs  flancs,  tourmentés,  ne  sont  du  pied 
à  la  crête  que  découpures  et  crevasses.  Ces  monts  entourent  comme  de  rem- 


l’etite  plaine  entourée  d’une  ceinture  de  montagnes,  entre  Imiteq  et  le  col  de  Tanamrout. 

Croquis  de  l’auteur. 


parts  lézardés  des  plaines  unies  et  pierreuses,  où  le  sol,  aride  d’ordinaire,  est  en 
cette  saison  couvert  de  verdure;  on  y  marche  au  milieu  de  jujubiers  sauvages,  de 
melbina,  de  hautes  herbes.  Entre  ces  plaines,  les  cours  d’eau  traversent  les  mon¬ 
tagnes  par  des  couloirs  étroits,  aux  parois  verticales,  si  resserrées  qu’elles  laissent 
la  seule  place  de  la  rivière.  Le  gommier  disparaît  au  nord  d’Imiteq. 

J’ai  traversé  cette  nuit  un  grand  nombre  de  cours  d’eau,  tous  à  sec,  tous  ayant  un 
lit  de  gros  galets  et  des  berges  verticales,  mi-sable,  mi-cailloux,  hautes  de  1  à 2  mè- 


DE  TISINT  A  MOGADOR. 


I  T.i 

très.  Les  deux  plus  importants  se  réunissent  pour  former  l’Ouad  Imiteq;  lïm  vient 
de  l’est,  l’autre  de  l’ouest;  le  premier  a  50  mètres  de  large,  le  second  40.  De  Tarla 
ici,  bien  que  le  terrain  soit  constamment  pierreux  ou  rocheux,  le  chemin  n’est  pas 
difficile  :  il  a  des  montées,  des  descentes,  mais  jamais  raides  ni  longues. 


13  janvier. 


A  1  heure  de  l’après-midi,  nous  nous  remettons  en  marche.  Nous  quittons  la 
vallée,  lieu  de  notre  halte,  et  remontons  l’Ouad  Tanamrout;  il  coule  dans  un  ravin 
étroit  qui  bientôt  n’a  aucune  largeur  et  où  le  chemin,  malgré  de  nombreux  lacets, 


devient  difficile.  Les  parois  sont  les  montagnes  de  roche  jaune  dont  nous  étions 
jusqu’à  présent  au  pied  et  que  nous  allons  franchir.  Près  du  torrent,  la  pierre  laisse 
percer  une  végétation  abondante  :  jujubiers  sauvages,  heuboubs  de  2  à  3  mètres, 
grandes  herbes,  fleurs  de  toute  couleur.  Une  heure  de  marche  pénible  nous  conduit 
à  un  col,  Tizi  Tanamrout,  où  l’ouad  prend  sa  source.  A  nos  pieds  s’étend  une  large 
vallée,  dont  le  flanc  gauche  est  le  massif  que  nous  venons  de  gravir,  et  le  droit  un 
talus  sombre  dont  la  crête  paraît  un  peu  plus  élevée  que  celle  où  nous  sommes. 
Nous  descendons  vers  le  thalweg.  Les  pentes,  si  rapides  sur  l’autre  versant,  sont 
douces,  le  chemin  aisé;  terrain  rocheux;  la  végétation,  vivace  sur  le  côté  opposé, 
existe  à  peine  sur  celui-ci  :  des  jujubiers  sauvages  interrompent  seuls  de  loin  en 


loin  la  monotonie  du  sol  nu. 

Parvenus  au  fond  de  la  vallée,  nous  la  descendons  pendant  quelque  temps;  un 
cours  d’eau  à  sec,  de  00  mètres  de  large,  en  occupe  le  milieu  :  c’est  un  affinent  de 
l’Ouad  Aqqa.  Peu  après,  nous  gagnons  les  bords  de  l’Ouad  Aqqa  :  il  forme  une 
grande  rivière,  large  de  plus  de  200  mètres;  le  lit,  ici  de  sable,  là  de  gravier,  ail¬ 
leurs  de  gros  galets,  ne  contient  point  d’eau.  Nous  le  remontons  jusqu’à  Tizgi  Ida  ou 
Baloul  (1).  Nous  entrons  dans  ce  village  à  7  heures  du  soir.  Un  ami  de  Ou  Addi  nous 
donne  l’hospitalité. 

De  Tarla  à  Tizgi,  personne  n’a  paru  sur  le  chemin.  Le  seul  vestige  humain  que 
j’aie  vu  a  été,  entre  Tatta  et  Imiteq,  une  dizaine  de  tombes,  échelonnées  par 
groupes  de  deux  ou  trois  au  bord  du  sentier.  Ces  tombes,  qui  rappelaient  chacune 
un  pillage,  et  marquaient  l’endroit  où  avaient  péri  des  voyageurs  moins  heureux  que 
moi,  avaient,  au  clair  de  lune,  au  milieu  de  cette  solitude,  un  aspect  lugubre. 

Arrivé  à  Tizgi,  la  portion  périlleuse  de  ma  route  est  faite  :  je  pourrai  marcher 
désormais  à  la,  clarté  du  soleil.  Les  Marocains  de  ces  régions  emploient,  on  le  voit, 
une  méthode  simple  pour  voyager  :  quand  le  pays  n’est  pas  dangereux,  ils  le  tra- 


(1)  Tizgi  Ida  ou  Baloul  n'a  rien  de  commun  avec  les  Ida  ou  Blal.  Il  n’y  a  entre  les  deux  noms  qu  une 
similitude  fortuite. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


171 

versent  le  jour;  lorsqu’il  l’est,  au  lieu  de  prendre  des  escortes,  ils  le  franchissent 
rapidement  de  nuit. 

14  janvier. 

Séjour  à  Tizgi  Ida  ou  Baloul.  Tizgi  est  une  bourgade  isolée,  d’environ  400  feux; 
elle  est  construite  en  long  sur  les  premières  pentes  du  flanc  gauche  de  l’Ouad  Aqqa. 
Au  pied  du  village,  les  bords  et  le  lit  du  cours  d’eau  sont  occupés  par  des  cultures 
ombragées  de  palmiers  (bon  souaïr)  ;  ceux-ci  ne  sont  pas  serrés  comme  à  Tisint  et 
à  Tatta  :  ils  sont  espacés,  et  se  mêlent  de  trembles,  de  figuiers  et  d’oliviers.  Le  fond 
de  la  vallée  est  sablonneux;  les  flancs  sont  de  hautes  parois  de  roche  jaune,  escar¬ 
pées,  s’élevant  à  150  mètres  au-dessus  du  lit  de  la  rivière.  Comme  son  nom  l’indique, 
Tizgi  est  située  dans  une  gorge  resserrée  entre  de  hautes  montagnes,  kheneg  très 


Tizgi  Ida  ou  Baloul.  (Vue  prise  d’une  maison  du  village,  dans  la  direction  du  sud-est.) 

Croquis  de  l’auteur. 


étroit  que  l’Ouad  Aqqa  traverse  en  ce  point.  Le  village  est  construit  partie  en  pisé, 
partie  en  pierres  grossièrement  cimentées;  pas  de  mur  d’enceinte.  La  rivière  est 
à  sec  au*  pied  des  maisons  et  dans  les  jardins;  de  nombreux  canaux  pleins  d’eau 
claire  et  courante  arrosent  ces  derniers. 

A  partir  d'ici,  on  ne  voit  plus  de  khent;  le  costume  des  indigènes  ne  se  compose 
que  de  laine.  Les  femmes  sont  vêtues  de  laine  blanche  et  portent  sur  la.  tête  un  voile 
spécial  au  pays  :  c’est  une  pièce  rectangulaire  de  laine  noire  ayant  un  mètre 
de  long,  avec  un  gland  noir  à  chaque  coin.  Elles  s’en  couvrent  le  visage  dès 
qu’elles  aperçoivent  un  homme.  Les  femmes  de  cette  région  font  montre  d’une 
grande  modestie  :  en  rencontre-t-on  sur  les  routes?  on  les  voit  s’arrêter  à  plusieurs 
pas,  faire  un  à-droite  ou  un  à-gauche,  et  demeurer  au  bord  du  chemin,  la  figure 
voilée  et  le  dos  tourné,  jusqu’à  ce  qu’on  soit  passé.  Les  hommes  portent  des  haïks 
de  laine  blanche  ou  des  djelabias  et,  par-dessus,  soit  le  bernons  blanc,  soit  plus 
souvent  le  klienif.  Pas  de  modification  dans  les  armes,  sauf  qu’il  n’y  a  plus  do  fusils 
à  deux  coups.  Tels  sont  les  costumes  à  Tizgi,  tels  je  les  trouverai  chez  les  Isalîen, 
les  Iberqaqen  et  les  Ilalen. 


DE  TISINT  A  MOGADOR. 


175 


s- 


15  janvier. 

Nous  quittons  Tizgi  à  10  heures  du  matin.  Notre  hôte  nous  escorte  jusqu’à 
midi  :  après,  on  peut  marcher  seul  ;  le  pays  n’est  plus  périlleux.  En  sortant  de  Tizgi, 
nous  continuons  à  remonter  l’Ouad  Aqqa.  Au  bout  de  peu  de  temps,  il  reçoit  l’Ouad 
Tinzert  et  fait  un  brusque  coude  vers  le  nord.  A  partir  de  là,  sa  vallée  se  transforme  : 

le  fond  prend  600  mètres  de  large;  les  flancs  sont  de  hauts  talus  rocheux,  celui 

# 

de  droite  plus  élevé  et  à  crêtes  plus  éloignées  que  celui  de  gauche.  La  rivière  est 
large  de  60  mètres;  son  lit  desséché,  où  poussent  de  distance  en  distance 
des  palmiers  isolés,  se  déroule  au  milieu  de  la  vallée.  Le  sol  de  celle-ci 
est  de  sable,  tantôt  durci,  tantôt  humide;  des  champs,  qui  garnissent  les  rives  de 
l’ouad,  en  occupent  une  partie.  On  entre  sur  le  territoire  des  Isaffen.  A  peu  de  distance 
en  amont  de  nous  s’aperçoit  un  bois  de  dattiers;  nous  marchons  droit  sur  lui.  Plus 
on  avance,  plus  le  sol  devient  mouillé;  dans  les  champs,  les  tiges  vertes  des  orges 
commencent  à  sortir  de  terre;  en  dehors  poussent  des  tamarix  et,  à  leur  pied,  du  ga¬ 
zon.  Bientôt  nous  arrivons  aux  palmiers;  ce  sont  des  hou  souaïr  :  d’ici  au  point  où 
nous  quitterons  l’ouad  et  de  là  aussi  loin  que  s’étendra  la  vue,  le  fond  de  la  vallée  en 
sera  couvert.  Mélangés  d’autres  arbres  fruitiers,  ils  ombragent  de  vertes  cultures  et 
entourent  une  foule  de  villages  qui  s’échelonnent  le  long  de  la  rivière  :  ces  villages 
appartiennent  aux  Ait  Tasousekht,  l’une  des  trois  fractions  des  Isaffen.  Nous  conti¬ 
nuons  à  remonter  l’Ouad  Aqqa,  tantôt  à  l’ombre  des  dattiers,  tantôt  en  longeant  la 
lisière,  jusqu’au  point  où  il  reçoit  l’Ouad  Iberqaqen;  sur  cet  espace,  la  vallée 
reste  la  même,  si  ce  n’est  qu’elle  se  rétrécit  peu  à  peu  de  manière  à  avoir  en 
dernier  lieu  200  à  300  mètres  de  large;  de  plus,  la  proportion  des  palmiers  di¬ 
minue  à  mesure  que  l’on  monte;  celle  des  autres  arbres,  grenadiers,  caroubiers, 
amandiers,  oliviers,  augmenté  :  auprès  des  villages  inférieurs  des  Isaffen,  il 
n’y  avait  guère  que  des  dattiers;  au-dessus  de  Tamsoult,  les  autres  essences  dominent. 
A  partir  du  même  lieu,  un  filet  d’eau  courante  de  1  à  2  mètres  de  large  serpente  dans 
le  lit  de  la  rivière,  à  sec  auparavant.  A  1  heure  et  demie,  nous  arrivons  au  confluent 
de  l’Ouad  Iberqaqén  :  nous  gagnons  les  bords  de  ce  nouveau  cours  d’eau  et  le 
remontons;  nous  entrons  en  même  temps  dans  la  tribu  qui  lui  a  donné  son  nom. 
En  quittant  l’Ouad  Aqqa,  on  en  voit  la  vallée  se  continuer  à  perte  de  vue,  toujours 
la  même,  long  ruban  vert  se  déroulant  entre  les  montagnes,  les  villages  des  Isaffen 
le  semant  çà  et  là  de  points  bruns. 

La  vallée  de  l’Ouad  Iberqaqen  est  moins  importante  que  celle  d’où  nous  sortons  : 
étroitement  encaissée  entre  des  talus  rocheux,  elle  a  50  mètres  de  large;  le  fond 
est  rempli  de  palmiers  ombrageant  des  cultures  qui  se  prolongent  en  escaliers 
sur  les  premières  pentes  des  flancs.  Le  lit  de  l’ouad  a  8  mètres  de  large  et  est  cou- 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


176 

vert  de  galets;  il  est  à  sec;  de  larges  canaux,  pleins  jusqu’au  bord,  coulent  sur  les 
deux  rives,  apportant  l’eau  de  la  montagne  aux  habitations  et  aux  cultures.  Des 
villages,  qui  appartiennent  aux  Iberqaqen,  s’échelonnent  de  distance  en  distance, 
suspendus  aux  premières  assises  du  roc.  A  partir  de  Toug  el  Khir,  la  vallée  se  rétré¬ 
cit.  encore  :  elle  n’a  plus  que  30  mètres;  en  même  temps  les  flancs  deviennent  plus 
escarpés  :  ce  sont  des  talus  de  roche  jaune  très  raides,  hauts  de  100  à  150  mètres. 
Les  plantations  qui  s’étageaient  sur  leurs  premières  pentes  disparaissent;  le  fond 
seul  ne  cesse  d’en  être  couvert;  les  palmiers  diminuent  et  font  place  aux  oliviers 
et  aux  amandiers.  Les  villages  sont  toujours  nombreux;  à  chaque  coude  où  la 
vallée  s’élargit,  on  en  voit  un.  A  3  heures  et  demie,  nous  arrivons  dans  celui  de 
Tidgar  où  nous  ferons  gîte;  nous  descendons  chez  un  ami  de  Ou  Addi. 

A  Tidgar,  les  palmiers  ont  disparu  de  la  vallée  de  l’Ouad  Iberqaqen.  On  la  voit 
se  prolonger  au  loin,  ligne  foncée  serpentant  entre  deux  massifs  de  roche  jaune  :  des 

amandiers  et  des  oliviers  en 
garnissent  le  fond;  des  vil¬ 
lages  se  distinguent  sur  les 
premières  pentes  de  ses  flancs. 
Nous  avons  rencontré  au¬ 
jourd’hui  beaucoup  de  monde 
sur  notre  route. 

Chez  les  Isaffen  et  les  Iber¬ 
qaqen,  les  maisons  sont  tantôt 
en  pierres  grossièrement  cimentées,  tantôt  en  mauvais  pisé;  chez  les  Isaffen,  où  le 
pisé  domine,  il  forme  des  constructions  sans  solidité  ni  élégance  :  on  est  loin  des 
gracieuses  demeures  des  Ait  Zaïneb.  Chez  les  Iberqaqen,  la  plupart  des  bâtiments 
sont  en  pierre;  les  terrasses  qui  les  couvrent  sont  des  plus  primitives  :  on  se  con¬ 
tente  de  juxtaposer  des  pierres  plates  sur  une  rangée  de  poutrelles  d’olivier,  et  de  les 
maintenir  par  de  gros  cailloux  placés  en  dessus,  comme  aux  chalets. 

16  janvier. 

Départ  à  8  heures  et  demie  du  matin.  Notre  hôte  nous  escorte  pendant  trois  heures; 
puis  il  nous  laisse,  le  pays  ne  présentant  plus  de  péril.  Je  quitte  à  Tidgar  la 
vallée  de  l’Ouad  Iberqaqen;  je  remonte  à  mi-côte  un  ravin  désert,  sans  espace  au 
fond,  dont  les  flancs,  très  escarpés,  sont  des  parois  monotones  de  roche  jaune  :  le 
sentier  est  une  longue  rampe  serpentant  au  bord  du  précipice;  taillé  dans  le  roc, 
il  a  pour  sol  une  pierre  lisse  et  glissante,  chemin  aisé  pour  les  piétons,  difficile  et 
dangereux  pour  les  bêtes  de  somme.  Pas  trace  de  végétation  :  de  toutes  parts  on 
ne  voit  que  la  surface  jaune  du  rocher. 


Haute  vallée  de  l’Ouad  Iberqaqen. 

(Vue  prise  de  Tidgar,  dans  la  direction  du  nord-nord-ouest.) 
Croquis  de  l’auteur. 


DK  TIS1NT  A  MOGADOR. 


177 


V  10  heures,  le  pays  change;  parvenu  à  l’extrémité  du  ravin,  je  me  trouve  au 
bord  méridional  d’un  vaste  plateau  sur  lequel  je  m’engage  :  plus  de  gorges  .à  pen¬ 
tes  abruptes;  plus  de  hautes  cimes  au-dessus  de  ma  tète  :  devant  moi  s’étend 
un  plateau  ayant  une  pente  très  faible  du  nord  au  sud  et  ne  présentant  que 
des  ondulations  légères,  vallées  sans  profondeur  et  collines  sans  élévation.  11  cou¬ 
ronne  le  Petit  Atlas,  et  sa  ligne  défaite,  vers  laquelle  je  marche,  est  le  point  culmi¬ 
nant  de  la  chaîne.  Dans  le  lointain,  on  aperçoit  le  pic  couvert  de  neige  du  Djebel 
Ida  ou  Ziqi,  un  des  sommets  du  Grand  Atlas.  Je  m’avance  vers  la. crête  supé¬ 
rieure  du  plateau,  tantôt  montant,  tantôt  descendant  :  le  sol  est  aux  deux  tiers  ter¬ 
reux,  un  tiers  est  rocheux;  il  est  en  grande  partie  couvert  de  cultures  semées  d’a¬ 
mandiers,  qui  poussent  au  milieu  des  champs  comme  les  pommiers  en  certaines 
régions  delà  France;  une  multitude  de  villages  apparaissent  à  l’horizon;  autour 
d’eux  surtout  les  cultures  sont  nombreuses  et  les  amandiers  serrés.  Je  rencontre 
beaucoup  de  femmes  dans  la  campagne;  contre  l’usage  ordinaire,  elles  sont 
occupées  des  travaux  de  la  terre;  on  voit  les  unes  labourer  avec  un  bœuf  ou 
un  âne,  les  autres  bêcher.  Une  grande  activité  règne  partout  :  c’est  la  saison  des 
semailles.  Je  remarque  de  nombreuses  citernes  (1);  d’ici  à  Mogaclor,  j’en  trouverai  à 
chaque  pas  le  long  du  chemin  :  en  ces  régions  où  il  y  a  peu  de  rivières  et  peu  de 
sources,  leurs  eaux  sont  d’ordinaire  les  seules  que  possèdent  les  habitants.  A  midi 
et  demi,  je  parviens  à  la  crête  presque  insensible  qui  forme  le  faite  du  Petit  Atlas  : 
elle  marque  à  la  fois  la  limite  du  versant  sud  de  cette  chaîne  et  celle  de  la  tribu  des 
Iberqaqen.  Le  point  où  le  chemin  la  franchit  s’appelle  Tizi  Iberqaqen.  De  là,  j’a¬ 
perçois  vers  le  nord  une  longue  bande  bleue  bordée  d’argent  :  le  Grand  Atlas 
avec  ses  cimes  neigeuses,  brillant  dans  un  rayon  de  soleil.  Je  quitte  ici  le  bassin  du 
Dra  et  je  passe  dans  celui  du  Sous;  en  même  temps  j’entre  sur  le  territoire  des  Ila- 
len.  Le  plateau  qui  couronne  le  Petit  Atlas  s’étend  sur  le  sommet  de  son  versant 
nord  comme  sur  celui  de  son  versant  sud;  des  deux  côtés  du  Tizi  Iberqaqen, 
le  pays  est  semblable  :  même  sol  plat,  même  terre  féconde,  mêmes  cultures  semées 
d’amandiers,  même  population  dense.  La  partie  où  je  pénètre  esl  encore  plus 
riche  que  la  précédente  :  à  mesure  qu’on  avance,  les 
villages  se  font  plus  nombreux,  les  champs  couvrent 
un  espace  plus  grand  et  finissent  par  envahir  presque 

(1)  Ces  citernes  portent  le  nom  de  med/ia ,  an  pluriel  medàfi.  Chez  les 
tsaffen  et  surtout  chez  les  Iberqaqen,  les  Ilalen,  les  Chtouka,  les  Haha, 
on  en  rencontre  une  quantité  prodigieuse  ;  les  parties  de  ces  quatre  der¬ 
nières  tribus  que  je  traverserai  ne  sont  alimentées  que  par  l'eau  des 
citernes.  Aussi  ces  constructions  utiles  y  sont-elles  soignées  et  est-on 

arrivé  à  un  certain  degré  de  perfection  dans  leur  aménagement  :  elles  sont  maçonnées  en  pierre  et  quel¬ 
quefois  creusées  dans  le  roc.  Voici  la  coupe  et  la  projection  du  modèle  le  plus  usité. 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


178 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


tout  le  sol.  Celui-ci,  au  bout  de  peu  de  temps,  n’est  que  terre,  avec  de  rares 
portions  pierreuses  ;  la  roche  disparaît.  Les  amandiers  s’étendent  par  endroits  à 
perte  de  vue  et  donnent  à  ce  plateau  fertile  un  aspect  unique. 

A  4  heures,  nous  arrivons  à  Azararad,  village  des  Ida  ou  Ska,  fraction  des  Ilalen. 
Nous  nous  y  arrêtons  chez  un  ami  de  Ou  Addi.  Je  n’ai  pas  vu  un  seul  cours  d’eau 
pendant  la  marche  d’aujourd’hui.  Parmi  les  nombreux  villages  que  j’ai  rencon¬ 
trés,  un  était  fort  important  :  Agadir  Iberqaqen  Fouqani;  il  a  300  ou  400  maisons  : 
la  plupart  sont  vides  durant  une  portion  de  l’année;  situées  dans  la  région  où  se 
trouvent  les  principales  cultures  de  la  tribu,  elles  se  remplissent  aux  époques  du 
labour  et  de  la  récolte  et  servent  de  magasins  aux  grains  et  aux  amandes.  Des 
gens  de  toutes  les  parties  du  territoire,  même  du  bas  Ouad  Iberqaqen,  y  possèdent 
des  demeures. 

Il  existe  une  différence  frappante  entre  le  village  cl’ Azararad  et  ceux  du  versant 
sud  de  la  chaîne  :  ces  derniers  étaient,  on  l’a  vu,  mal  bâtis.  Azararad,  au  contraire, 
se  distingue  par  la  beauté  de  ses  constructions  :  toutes  les  maisons  y  sont  en  pier¬ 
res,  non  taillées,  mais  cimentées  avec  soin;  le  long  des  murs,  des  gouttières  prati¬ 
quées  avec  adresse  conduisent  l’eau  de  pluie  dans  des  réservoirs;  chaque  habitation 
a  sa  citerne  ;  les  portes ,  hautes  et  larges ,  sont  cintrées  :  les  arcades  en  sont  faites 
de  pierres  de  diverses  dimensions  habilement  ajustées;  fenêtres,  crête  des  murs, 
gouttières  sont  blanchies  à  la  chaux.  Les  terrasses  sont  formées  de  pierres  plates  re¬ 
couvertes  d’une  couche  de  terre  et  maintenues  par  de  gros  cailloux.  Sur  tout  le  ter¬ 
ritoire  des  Ilalen,  les  constructions  sont  pareilles,  toutes  soignées,  toutes  en  pierre; 
je  ne  retrouverai  le  pisé  qu’en  entrant  chez  les  Chtouka. 

17  janvier. 

Départ  à  8  heures  du  matin.  Nous  marchons  seuls  :  devant  demeurer  toute  la 
journée  sur  le  territoire  des  Ilalen,  Ou  Addi  nous  suffit  comme  protection.  Nous  con¬ 
tinuons  à  cheminer  sur  le  plateau  d’hier  :  il  ne  se  modifie  pas;  même  sol,  mêmes 
ondulations;  les  cultures  le  couvrent  en  entier,  les  amandiers  l’ombragent  à  perte  de 
vue;  plus  de  villages  que  jamais.  Jusqu’à  présent  les  amandiers  n’avaient  ni  fleurs 
ni  feuilles  :  je  les  verrai  tous  en  fleur  à  partir  du  Tenin  de  Touf  el  Azz.  A  11  heures, 
j’atteins  la  limite  septentrionale  du  plateau;  il  fini!  de  ce  côté  aussi  brusquement 
que  vers  le  sud.  En  le  quittant,  je  descends  une  succession  de  ravins  qui  me  mènent 
à  une  vallée  profonde,  celle  de  l’Ouad  Ikhoullan.  La  région  qu’on  traverse  jusque-là 
est  montagneuse  el  boisée  :  côtes  terreuses  semées  de  blocs  de  roche,  grands  argans, 
pentes  raides,  gorges  encaissées.  Au  fond  de  ces  dernières  sont  des  ruisseaux  à  sec, 
avec  des  lits  de  galets  el  parfois  de  roc.  Sur  les  croupes,  à  l’ombre  des  argans,  pous- 


DH  TISINT  A  MOGADOR. 


179 


sent  des  genêts  à  Heurs  jaunes  de  1  mètre  de  haut;  beaucoup  de  verdure  au  ras 
du  sol;  entre  les  rochers  percent  des  taçououts,  les  premiers  que  je  voie  depuis  le 
Moyen  Atlas.  Ces  forêts  ne  sont  pas  désertes;  plusieurs  villages  apparaissent  sur  les 
crêtes  ou  à  mi-côte,  et  un  plus  grand  nombre  au  fond  des  ravins.  Chacun  d’eux 
a  sa  ceinture  de  jardins,  plantations  en  amphithéâtre  où  croissent  amandiers,  gre¬ 
nadiers  et  oliviers.  Les  chemins  de  cette  région  sont  pénibles  :  je  descends  plusieurs 
rampes  très  rapides  ;  point  de  passage  difficile. 

A  3  heures,  je  parviens  à  la  vallée  de  l’Ouad  Ikhoullan;  elle  a 400  mètres  de  large 
et  est  couverte  de  cultures;  les  flancs  en  sont  de  hauts  talus  boisés;  plusieurs  vil¬ 
lages  sont  près  de  moi,  dans  le  fond;  d’autres  brillent  au  versant  de  la  montagne. 
Au  milieu  de  la  vallée  serpente  la  rivière,  dont  le  lit  à  sec,  tantôt  de  gravier,  tantôt  de 
galets,  a  50  ou  00  mètres  de  large.  J’en  descends  le  cours  durant  un  quart  d’heure, 
puis  je  gagne  le  pied  du  liane  gauche.  Je  le  gravis.  Terrain  semblable  à  celui  de 
tout  à  l’heure,  boisé  de  grands  argans,  avec  gazon,  genêts,  taçououts,  poussant  à  leur 
ombre;  pentes  raides,  sol  tantôt  pierreux,  tantôt  terreux,  hérissé  de  blocs  de  roche. 
A  4  heures  et  demie,  j’arrive  au  sommet  de  la  côte.  Je  me  trouve  en  face  d’un  nou¬ 
veau  plateau  ,  analogue  à  celui  de  ce  matin  en  fertilité,  abondance  de  cultures  et 
nombre  de  villages,  mais  plus  accidenté.  Nous  nous  y  engageons  et  nous  y  marchons 
durant  le  reste  de  la  journée.  A  5  heures  et  demie,  on  fait  halte  :  nous  voici  à  Afi- 
kourahen,  petit  village,  patrie  de  Ou  Addi.  Le  plateau  où  nous  sommes  est  cultivé 
sur  toute  son  étendue;  on  ne  voit  plus  d’amandiers  :  de  grands  argans,  arbres  sécu¬ 
laires,  les  remplacent;  plantés  symétriquement  dans  les  champs,  ils  les  couvrent 
à  perte  de  vue.  Ce  plateau  est  comme  un  second  échelon  du  Petit  Atlas,  celui  que 
j’ai  quitté  ce  matin  en  formant  le  premier.  Je  n’en  traverserai  plus  d’autre  d'ici  à  la 
vallée  du  Sous  :  Afikourahen  domine  directement  celle-ci.  De  la  maison  de  Ou  Addi, 
la  vue  est  merveilleuse  :  à  l’ouest,  dans  le  lointain,  la  plaine  des  Chtouka,  et  au 
delà  une  ligne  bleue,  l’Océan;  au  nord,  la  vallée  de  l’Ouad  Sous,  bordée  par 
la  masse  sombre  et  les  pics  neigeux  du  Grand  Atlas;  au  point  où  l’Atlas  expire, et 
où  commence  la  mer,  on  distingue,  à  75  kilomètres,  Agadir  Irir,  dont  les  murs 
blancs  couronnant  un  cône  bleuâtre  brillent  au  soleil  comme  un  diadème  d’argent. 

L’Ouad  Ikhoullan  est  la  seule  rivière  que  j’aie  vue  aujourd’hui.  J’ai  rencontré 
beaucoup  de  monde  sur  les  deux  plateaux  traversés  au  commencement  et  à  la  fin  de 
la  journée,  peu  dans  la  région  montagneuse  et  boisée  qui  les  sépare  :  sur  les  pla¬ 
teaux,  c’étaient  des  travailleurs  labourant  les  champs;  dans  la  montagne,  des  voya¬ 
geurs  isolés.  En  passant  dans  la  vallée  de  l’Ouad  Ikhoullan,  il  s’est  produit  un  inci¬ 
dent  qui  a  failli  être  funeste  à  Ou  Addi.  Comme  nous  descendions  la  rivière,  nous 
apercevons  derrière  nous  cinq  hommes,  armés  jusqu’aux  dents,  lancés  à  notre 
poursuite.  Ou  Addi  les  regarde  :  «  Ce  sont  des  Ikhoullan  qui  courent  après  moi!  » 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


ISO 

s’écrie-t-il.  Échanger  son  long  fusil  de  Chleuh  contre  le  fusil  à  deux  coups  du  Hadj, 
s’enfuir  à  toutes  jambes  vers  le  hameau  le  plus  proche,  est  pour  lui  l’affaire  de 
moins  de  temps  qu’il  n’en  faut  pour  le  dire.  Le  Hadj  et  moi  restons  en  arrière.  Les 
cinq  Ikhoullan  ne  s’arrêtent  pas  à  nous;  ils  nous  dépassent,  cherchant  à  rejoindre 
notre  compagnon.  Bientôt  ils  disparaissent  dans  le  village  où  nous  l’avons  vu  entrer. 
Nous  attendons  quelque  temps,  très  anxieux  du  sort  de  Ou  Addi.  Enfin  le  voilà  qui 
revient,  avec  un  notable  du  lieu,  son  ami,  de  qui  il  a  eu  le  temps  de  prendre  l’a- 
naïa.  D’un  autre  côté  retournent  ses  ennemis,  arrivés  trop  tard  pour  lui  faire  un 
mauvais  parti.  Notre  compagnon  nous  rejoint  :  nous  nous  remettons  aussitôt  en 
route;  son  sauveur  nous  escorte  pendant  une  heure,  jusqu’à  ce  que  nous  soyons  en 
sûreté.  Les  hommes  qui  nous  ont  poursuivis  appartiennent  à  un  village  devant  le¬ 
quel  nous  avons  passé  :  ce  ne  sont  pas  des  brigands,  llalen  comme  Ou  Addi,  ils  font 
partie  de  la  fraction  des  Ikhoullan,  tandis  que  notre  ami  est  de  celle  d’Afra  :  les  deux 
groupes  sont  en  ce  moment  en  guerre.  Ou  Addi  avait  été  aperçu  de  ce  village  : 
aussitôt  sa  présence  connue,  cinq  hommes  s’étaient  mis  à  sa  poursuite,  non  pour 
nous  voler,  mais  pour  le  tuer. 


2°.  —  D’AFIKOURAHEN  A  MOGADOR. 


18  et  19  janvier. 

Séjour  à  Afikourahen.  Je  suis  l’hôte  de  Ou  Addi.  Il  y  a  plus  d’un  an  qu’il  n’avait 
vu  sa  famille;  je  lui  accorde  deux  jours  de  repos  auprès  d’elle. 

Les  constructions  de  ce  pays  sont  soignées  :  tout  est  en  pierres  cimentées;  les  ha¬ 
bitations  sont  grandes  et  élégantes;  elles  ont  un  ou  deux  étages,  des  escaliers  com¬ 
modes,  des  portes  larges  et  solides.  Dans  les  régions  que  j’ai  parcourues  depuis  Tatta 
et  dans  celles  que  je  traverserai  d’ici  à  Mogador,  les  villages  ne  sont  point  entourés 
de  murs  :  cependant  il  existe  des  distinctions;  les  uns,  bien  qu’ouverts,  sont  orga¬ 
nisés  d’une  façon  défensive,  les  autres  sont  sans  défense.  Chez  les  Isaffen,  les  Iber- 
qaqen,  les  llalen,  la  plupart  sont  aménagés  de  manière  à  pouvoir  résister  à  une 
attaque  :  dans  la  fraction  d’Afra,  les  murs  des  maisons  sont  percés  de  meurtrières  à 
chaque  étage  et  les  terrasses  munies  d’un  parapet  crénelé.  Ces  précautions  disparaî¬ 
tront  dès  que  je  quitterai  les  llalen,  et  les  hameaux  présenteront  l’aspect  le  plus 
pacifique.  Jusqu’à  mon  entrée  dans  la  fraction  d’Afra,  les  habitations  étaient  réunies 
en  villages;  d’Afra  à  Mogador,  il  n’en  sera  presque  jamais  ainsi  :  sauf  rares  excep¬ 
tions,  je  ne  rencontrerai  plus  de  villages,  mais  des  hameaux,  ou  des  demeures 
disséminées  seules  ou  par  petits  groupes  dans  la  campagne;  plus  rien  de  guer- 


DE  TISINT  A  MOGADOR. 


181 


rier;  parfois  une  tour  se  dressera  entre  quelques  maisons  :  ce  11e  sera  qu’un  orne¬ 
ment,  signe  de  la  demeure,  d’un  riche.  Dans  cette  région  je  cesserai  de  voir  des 
jardins  entourer  les  lieux  habités;  adieu  figuiers,  grenadiers,  vignes,  frais  bos¬ 
quets,  ceinture  habituelle  des  villages  marocains  :  d’ici  à  Mogador,  hameaux  et 
maisons  s’élèvent  tristement  en  plein  champ,  au  milieu  des  labourages.  Tout  au 
plus  ont-ils  des  haies  de  cactus.  O11  voit  d’après  ce  qui  précède  que  la  tirremt  d’un 
modèle  si  régulier  et  si  uniforme,  que  j’ai  rencontrée  constamment  du  Tàdla  à  Ta- 
zenakht,  11’existe  en  aucune  façon  dans  ces  contrées.  Je  suis,  depuis  Tisint,  en  plein 
pays  d’agadirs. 

Le  costume  demeure  ce  qu'il  était  à  Tizgi  et  dans  les  tribus  intermédiaires;  un 
détail  d’équipement,  la  poudrière,  se  modifie  chez  les  Ilalen.  Elle  consiste  en 
une  petite  boite  métallique,  en  forme  de  cylindre  très  bas.  Ce  modèle  est  en  usage 
chez  les  Ilalen  et  les  Chtouka;  dans  le  reste  du  bassin  du  Sous  et  chez  les  Haha, 
on  se  sert  de  la  corne,  du  type  connu.  Le  fusil  et  le  poignard  sont  les  mêmes  qu’au- 
paravant;  pas  de  sabres  ni  de  baïonnettes. 

20  janvier. 


Départ  à  10  heures  et  demie.  Nous  reprenons  notre  marche  sur  le  plateau  où  nous 
sommes;  il  est  toujours  couvert  de  cultures,  toujours  seme  d’une  foule  de  villages. 
A  midi,  je  passe  de  la  tribu  des  Ilalen  dans  celle  des  Chtouka;  le  pays  ne  se  modifie 
pas  :  politiquement,  cette  frontière  est  importante;  elle  marque  la  limite  entre  le 
blad  es  sîba,  d’où  je  sors,  et  le  blad  el  makhzen,  où  j’entre.  Jusqu’à  2  heures,  le  pla¬ 
teau  reste  tel  qu’il  était  auprès  d’Afikourahen ,  fort  accidenté;  à  2  heures,  il  s’aplanit 
et  ne  présente  dès  lorsque  des  ondulations  légères;  il  continue  à  être  cultivé  à  perte 
de  vue,  ombragé  d’argans  et  semé  de  villages  :  ceux-ci  sont  moins  nombreux  que 
chez  les  Ilalen.  Vers  3  heures,  j’arrive  au  bord  septentrional  du  plateau,  au  som¬ 
met  du  talus  qui  le  sépare  de  la  plaine  du  Sous;  ce  talus  est  analogue  à  celui  que 
j’ai  descendu  hier,  de  11  heures  à  3  heures  :  côtes  raides  et  ravinées;  terrain  pier¬ 
reux,  avec  beaucoup  de  rochers,  boisé  d’argans;  sous  les  arbres,  des  genêts  jaunes, 
des  jujubiers  sauvages,  des  tacououts  couvrent  le  sol.  Chemin  pénible,  mais  non 
difficile.  J’entre  dans  la  forêt  et  me  mets  à  descendre;  vers  4  heures  moins  un  quart, 
je  parviens  au  pied  du  talus.  Devant  moi  s’étend  une  plaine  triangulaire,  de  5  à  G 
kilomètres  de  long;  un  klieneg,  vers  lequel  je  me  dirige,  la  termine;  elle  est  entou¬ 
rée  d’une  ceinture  de  collines  basses  sur  les  premières  pentes  desquelles  brillent, 
comme  des  taches  blanches,  une  multitude  de  hameaux.  La  plaine  est  couverte  de 
cultures  ombragées  d’argans;  sol  do  sable,  sans  une  pierre.  Ici,  comme  chez  les 
Ilalen,  la  plupart  des  groupes  d’habitations  sont  dominés  par  une  tour  indiquant 


182 


MECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


la  demeure  du  chikh;  les  constructions  n’ont  plus  l’appareil  défensif  des  précé¬ 
dentes.  Elles  cessent  d’être  de  pierre  et  sont  en  pisé  blanc.  A  4  heures  et  demie, 
j’atteins  l’entrée  du  klieneg;  je  m’y  arrête  au  hameau  de  Taourirt  ou  Selîman. 

Durant  la  journée,  j’ai  rencontré  beaucoup  de  monde  sur  le  chemin,  travailleurs 
et  voyageurs.  Le  seul  cours  d’eau  de  quelque  importance  que  j’aie  vu  est  l’Asif  Ait 
Mezal  (lit  de  gros  galets  de  15  mètres  de  large,  au  milieu  duquel  coulent  5  mètres 
d’eau  de  30  centimètres  de  profondeur).  Parmi  les  villages  qui  se  sont  trouvés  sur  mon 
chemin,  il  en  était  un  d’aspect  particulier  :  celui  d’Aït  Saïd.  Les  maisons,  hautes, 
à  terrasses  .couronnées  de  créneaux,  en  sont  autant  de  petits  châteaux;  toutes 
sont  blanchies,  luxe  suprême  du  pays  :  il  n’en  existe  point  de  plus  belles  dans  les 
villes.  Ce  sont  les  demeures  de  la  riche  famille  des  Ait  Saïd.  Celle-ci  est  une  nom¬ 
breuse  maison  de  négociants  faisant  le  commerce  entre  Mogador  d’une  part,  le 
Sahel,  Aqqa,  Tizounin  et  Tindouf  de  l’autre  :  elle  exporte  de  Mogador  les  objets  de 
provenance  européenne  et  y  importe  les  dattes  et  la  gomme  du  Sahara,  les  amandes 
des  Ilalen  et  les  produits  du  Soudan  qu’elle  achète  à  Tindouf  et  dans  le  Sahel.  Les 
Ait  Saïd  ont  des  résidences  en  ce  lieu  qui  est  leur  berceau,  mais  une  partie  d’entre 
eux  vit  à  Mogador. 

A  Taourirt  ou  Selîman,  nous  recevons  l’hospitalité  du  chikh  du  village.  Le  nom 
de  chikh,  chez  les  Chtouka  et  les  Ilalen,  signifie  l’homme  le  plus  riche  du  hameau; 
tout  petit  centre,  fût-il  de  3 ou  4  maisons,  a  son  chikh;  il  ne  s’ensuit  pas  que  cet  in¬ 
dividu  soit  un  grand  personnage.  Dans  le  blad  el  makhzen,  ces  chikhssont  nommés 
ou  acceptés  par  les  qaïds ;  leur  considération  n’en  est  pas  augmentée  et  ils  n’ont 
jamais  que  celle,  passagère,  qui  s’attache  à  leur  fortune. 

Chez  les  Chtouka,  les  armes  sont  les  mêmes  que  chez  les  Ilalen,  mais  les  vêtements 
changent  :  plus  de  khenif;  chaque  homme  porte  une  chemise  de  cotonnade  ou  de 
laine  blanche,  un  petit  turban  blanc  laissant  à  nu  le  sommet  de  la  tète,  un  liaïk  ou 
un  bernons  de  même  couleur;  le  bernous  a  une  forme  et  un  nom  particuliers  :  il  est 
très  court  et  s’appelle  selham.  Pour  les  femmes,  la  toilette  n’offre  puis  de  modifica¬ 
tion,  à  l’exception  du  voile  de  laine  noire  qui  disparaît.  Le  costume  des  Chtouka  est 
celui  des  Ksima  et  des  Haha. 

Les  Chtouka,  comme  les  Ksima,  les  Haha  et  les  diverses  tribus  que  j’ai  traversées 
depuis  Tizgi  Ida  ou  Baloul,  sont  Imaziren  (Chellaha)  et  parlent  le  tamazirt.  Celles 
qui  habitent  la  montagne,  Isaffen,  Iberqaqen,  Ilalen,  ne  savent  guère  que  cette  lan¬ 
gue;  parmi  celles  de  la  et'» te,  chez  les  Ksima  surtout,  l’arabe  est  répandu. 

21  janvier. 


Départ  à  8  heures  et  demie.  Durant  toute  la  journée,  nous  marcherons  de  concert 


DE  TISINT  A  MOGADOR. 


m 

avec  une  caravane  que  nous  avons  rencontrée  hier  au  gâte.  Bien  que  nous  soyons  en 
blad  el  makhzen,  il  est  plus  prudent  d’aller  en  compagnie  que  de  cheminer  seuls. 
Après  avoir  traversé  le  kheneg  à  l’entrée  duquel  je  m’étais  arrêté  hier,  je  trouve 
une  immense  plaine  où  je  cheminerai  jusqu’au  soir;  plaine  de  sable  rose,  unie 
comme  une  glace,  sans  une  pierre,  sans  une  ride,  sans  une  ondulation,  s’étendant 
depuis  le  pied  du  Petit  Atlas,  où  je  suis,  jusqu’à  la  mer  d’une  part,  au  Grand 
Atlas  de  l’autre,  et  traversée  par  l’Ouad  Sous.  La  portion  que  j’ai  devant  moi,  occu¬ 
pée  presque  tout  entière  par  les  Chtouka,  est  d’une  fécondité  admirable;  une  partie 
est  cultivée,  l’autre  est  en  pâturages  et  en  forêts.  Les  cultures  ne  sont  plus  semées 
d’argans;  aucun  arbre  ne  les  ombrage  :  ce  sont  des  successions  de  champs  uni¬ 
formes  séparés  par  des  haies  vives;  çà  et  là,  on  y  voit  des  puits;  et,  auprès,  quel¬ 
ques  figuiers;  une  multitude  de  hameaux  s’y  élèvent  :  dans  les  portions  labou¬ 
rées,  on  en  a  sans  cesse  douze  ou  quinze  en  vue  :  ils  sont  ouverts  et  sans  défense, 
les  tours  y  sont  rares;  ce  sont  des  constructions  de  pisé  rose,  sans  arbres  aux  alen¬ 
tours,  si  ce  n’est  des  figuiers  de  Barbarie;  ils  respirent  la  prospérité.  Ces  parties 
cultivées  de  la  plaine  forment  une  des  contrées  les  plus  fertiles  et  les  plus  peu¬ 
plées  du  Maroc.  Les  portions  boisées  présentent  un  aspect  tout  différent  :  là ,  plus 
de  champs,  plus  d’habitations;  des  forêts  d’argans  séculaires  étendent  leur  ombre 
sur  la  surface  unie  du  sol,  qui  se  couvre  d’immenses  pâturages;  pas  un  sillon, 
pas  une  maison  n’interrompent  la  monotonie  de  ces  vastes  prairies,  sous  leur  dôme 
de  feuillage  :  seuls  habitants  de  ces  solitudes,  on  rencontre  de  loin  en  loin  des  trou¬ 
peaux  de  vaches,  de  moutons  et  de  chameaux,  paissant  sous  les  arbres.  La  principale 
de  ces  forêts  s’appelle  Targant  n  Ououdmim;  elle  est  célèbre  par  ses  serpents  :  les 
Aïssaoua  y  viennent  de  loin  en  faire  leur  provision. 

Cheminant  ainsi,  tantôt  à  travers  le  recueillement  des  grands  bois,  tantôt  au  mi¬ 
lieu  de  riantes  cultures  et  d’innombrables  villages,  je  parviens  vers  le  soir  non  loin 
de  l’OuadSous.  Je  m’arrête  à  5  heures  dans  un  hameau,  à  quelque  distance  du  fleuve. 

Je  n’ai  cessé  de  rencontrer  beaucoup  de  monde  sur  le  chemin.  De  toute  la  journée, 
il  ne  s’est  pas  présenté  un  seul  cours  d’eau,  ni  rivière  ni  ruisseau.  J’ai  passé  par- 
un  marché,  le  Tenin  des  Ida  ou  Mhammed,  où  j’ai  fait  une  halte  assez  longue. 

22  janvier. 

Départ  à  6  heures  et  demie  du  matin.  Je  me  dirige  vers  l’Ouad  Sous;  d’ici  là  ce 
n’est  qu’un  vaste  jardin  :  champs  bordés  de  cactus,  ombragés  d’oliviers,  de  figuiers 
et  d’argans,  semés  d’une  foule  d’habitations;  le  chemin,  garni  de  haies,  serpente 
entre  les  vergers  et  les  maisons  qui  se  succèdent  sans  interruption.  Au  travers  de 
cette  riche  contrée,  j’arrive,  à  7  heures  et  demie,  au  bord  du  fleuve.  Je  le  franchis 


184 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


à  un  gué  :  le  lit,  de  sable,  a  100  mètres  de  large;  75  mètres  sont  à  sec;  les  25  au¬ 
tres  sont  occupés  par  une  nappe  d’eau  limpide,  profonde  de  50  centimètres;  courant 
de  rapidité  moyenne.  En  amont  et  en  aval  du  gué,  le  fleuve,  gardant  même  largeur, 
change  d’aspect  :  l’eau,  moins  courante  et  moins  haute,  s’étend  sur  la  surface 
du  lit  dont  le  fond,  devenu  vaseux,  se  garnit  de  roseaux.  Depuis  l’endroit  où  je  l’ai 
passé  jusqu’à  celui  où  je  le  perdrai  de  vue,  l’Ouad  Sous  aura  la  même  apparen¬ 
ce  :  une  bande  de  100  mètres  couverte  de  roseaux.  Je  descends  la  rive  droite;  le 
sol  est  à  peine  à  un  mètre  au-dessus  du  niveau  de  l’eau;  c’est  du  sable,  tapissé  de 
gazon  et  de  joncs,  et  ombragé  de  tamarix.  Ce  terrain  bas  et  humide,  qui  forme  un 
ruban  de  300  mètres  le  long  du  côté  droit,  peut  être  considéré  comme  faisant  partie 
du  lit.  Au  Tlâta  des  Ivsima,  je  quitte  les  bords  du  fleuve  et  gagne  un  village  voisin, 
résidence  de  Sidi  Abd  Allah  d  Ait  Iahia,  marabout  d’Ez  Zaouïa,  de  Tisint,  depuis 
longtemps  établi  en  cette  région.  Du  Tlâta  à  sa  demeure,  ce  ne  sont  que  cultures, 
jardins  et  villages  :  au  milieu  de  la  verdure  se  dresse,  dominant  le  pays,  la  haute 
maison  blanche  de  Hadj  El  Arabi,  vrai  château,  avec  deux  énormes  tours  que  j’aper¬ 
çois  depuis  Taourirtou  Selîman.  Hadj  El  Arabi  est  un  simple  particulier,  fort  riche. 

A  8  heures  et  demie,  nous  sommes  chez  S.  Abd  Allah  ;  c’est  un  compatriote  et  un 
ami  du  Hadj;  nous  comptons  sur  lui  pour  nous  accompagner  et  nous  protéger  dans 
le  Haha,  où  il  jouit,  comme  ici,  d’une  grande  influence.  En  arrivant,  nous  appre¬ 
nons  qu’il  est  absent;  nous  ne  trouvons  que  son  tils.  Celui-ci,  beau  jeune  homme 
d’une  vingtaine  d’années,  Hartâni  de  couleur  presque  noire,  nous  accueille  à  mer¬ 
veille  :  le  Hadj,  excellent  homme  aimé  de  tous  ceux  qui  le  connaissent,  est  reçu  à 
bras  ouverts.  11  est  bientôt  convenu  que  nous  passerons  là  le  reste  de  la  journée;  le 
lendemain  nous  nous  remettrons  en  route,  accompagnés  par  le  jeune  marabout,  qui 
nous  escortera  jusqu’à  Mogador. 

23  janvier. 

Départ  à  9  heures.  D’ici  à  Agadir  Irir,  la  plaine  où  je  suis  depuis  avant-hier  se 
continue;  elle  est  couverte  partie  de  cultures,  partie  de  pâturages  :  ces  derniers 


sont  semés  çà  et  là  de  jujubiers  sauvages;  plus  d’argans.  A  10  heures  et  demie, 
le  pays  devient  désert;  on  entre  dans  un  fourré  d’arbres  et  de  broussailles 


5 


DU  TISINT  A  MOGADOK. 


185 


petits  argans  et  jujubiers  sauvages.  A  11  heures,  après  avoir  franchi  quelques  dunes 
de  sable  de  8  à  10  mètres  de  haut,  je  me  trouve  au  bord  de  la  mer.  Je  longe  le  ri¬ 
vage  jusqu’à  Agadir.  Le  chemin  passe  au-dessous  de  cette  ville,  à  mi-côte  entre 
elle  et  Founti  :  Founti  est  un  hameau  misérable,  quelques  cabanes  de  pêcheurs; 
Agadir,  malgré  son  enceinte  blanche  qui  lui  donne  un  air  de  ville,  est,  me 
dit-on,  une  pauvre  bourgade,  dépeuplée  et  sans  commerce.  A  partir  de  là,  je  suis 
la  côte,  cheminant  à  mi-hauteur  de  la  falaise  qui  la  borde;  elle  n’est  ni  très  haute 
ni  très  escarpée  :  c’est  un  talus  pierreux,  parfois  rocheux,  tapissé  de  broussailles 
basses  et  d’herbages;  le  jujubier  sauvage  et  la  taçouout  y  dominent.  Vers  2  heu¬ 
res  moins  un  quart,  je  descends  pour  traverser,  à  quelques  mètres  de  son  embou¬ 
chure,  l’Asif  Tamrakht  :  la  vallée  en  est  remplie  de  cultures;  plusieurs  villages 
s’v  voient  à  quelque  distance.  La  rivière  forme  deux  bras,  larges  Lun  de  15  mè¬ 
tres,  l’autre  de  50;  tous  deux  ont  un  lit  de  sable;  le  premier  est  à  sec,  des  flaques 
d’eau  sont  dans  le  second.  Au  delà  je  reprends  mon  chemin  le  long  de  la  falaise. 
Vers  3  heures,  celle-ci  change  d’aspect  :  elle  devient  plus  rocheuse  et  se  couvre  d’ar- 
gans  de  -1  à  0  mètres  de  haut;  je  cesse  de  la  suivre  et  je  monte  vers  sa  crête. 
J’y  parviens  à  J  heures  moins  un  quart  ;  c’est  la  fin  de  la  forêt  :  je  suis  à  la  lisière 
d’un  plateau  à  ondulations  légères,  couvert  en  grande  partie  de  cultures  qu’om¬ 
bragent  des  argans  comme  chez  les  Ilalen;  une  multitude  de  bâtiments  isolés,  de 
groupes  de  maisons  y  apparaissent.  Je  fais  halte  à  4  heures,  à  une  des  premières 
habitations.  C’est  une  nezala.  On  donne  ici  ce  nom  à  des  postes  habités  par  des  fa¬ 
milles  attachées  au  makhzen ,  qui  ont  pour  devoir  d’assurer  la  sécurité  des  routes 
et  sont  autorisées  à  percevoir  de  faibles  droits  de  péage.  Ces  nezalas  sont  installées 
dans  un  petit  nombre  de  tribus  soumises  :  elles  ne  font  régner  qu’une  demi-sû¬ 
reté;  ici,  comme  ailleurs,  les  étrangers  n’osent  guère  voyager  seuls. 

Entré  dans  la  tribu  des  II  ah  a  ce  matin,  à  Agadir,  j’y  resterai  jusqu’à  mon  arrivée 
à  Mogador.  Ce  que  j’ai  aperçu  fie  leur  territoire  donne  une  idée  complète  de  ce  que 
j’en  verrai  dans  la  suite.  Leur  pays  peut  se  diviser  en  quatre  portions  :  1°  les 
falaises  du  rivage,  partout  telles  que  je  les  ai  vues;  2°  des  vallées,  à  fond  cultivé 
et  semé  de  villages;  3°  des  côtes  :  toutes  sont  boisées  d’argans;  le  sol  en  est  partie 
de  la  terre,  partie  une  roche  blanche;  les  pentes,  assez  raides,  en  sont  sillonnées 
de  ravins  escarpés;  sous  les  argans,  poussent  des  jujubiers  sauvages  et  mille  sortes 
d’herbes,  et  vivent  des  quantités  énormes  de  gibier,  perdreaux  innombrables,  san¬ 
gliers,  lièvres,  lynx,  etc.;  4°  des  plateaux  :  ils  forment  la  quatrième  portion  du 
territoire  et  la  plus  importante;  ces  terrasses  ressemblent  à  celle  d’Afîkourahen; 
elles  sont  moins  accidentées,  ne  présentent  que  des  ondulations  légères,  et  ne 
sont  pas  peuplées  partout  :  la  majeure  partie  de  leur  surface  est  couverte  de  cul¬ 
tures,  champs  d’orge  et  de  blé  plantés  d’argans  comme  ceux  du  bas  territoire  des 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC.  ^  1 


186 


MECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Ilalen;  au  milieu  des  labours  s’élèvent  une  foule  d'habitations,  dispersées  une  à  une 
ou  par  deux  ou  trois,  ('liez  les  llaha,  non  seulement  on  ne  trouve  pas  de  centre  de 
quelque  importance,  mais  on  ne  voit  point  les  hameaux  des  Chtouka  et  des  11a- 
len  ;  les  maisons  se  dressent  isolées  au  milieu  des  champs,  ou  réunies  par  très  petits 
groupes  :  elles  sont  en  pisé  blanc  ;  celles  des  riches  sont  bien  construites,  avec  des 
encadrements  de  portes  en  pierres  de  taille  et  de  hautes  tours  carrées,  à  angles  et 
couronnement  de  pierre  :  la  contrée  fournit  en  abondance  une  pierre  blanche,  ten¬ 
dre,  facile  à  travailler,  mais  peu  solide,  qui  sert  pour  ces  édifices.  Les  cultures, 
parfois  serrées  sur  une  longue  étendue,  ailleurs  clairsemées,  occupent  les  2/3  de  la 
surface  des  plateaux;  le  reste  est  garni  de  pâturages,  avec  des  bouquets  d’argans 
et,  par  places,  de  grands  genêts  blancs.  Je  n’y  ai  vu  qu'une  forêt,  la  Kaba  Ida  ou 
Gert,  à  la  porte  de  Mogador.  Le  sol  est  de  terre  blanche  mêlée  de  beaucoup  de 
pierres.  Ces  hautes  terres,  où  sont  concentrées  la  plupart  des  cultures  et  des  habita¬ 
tions  des  llaha,  n’ont  d’autre  eau  que  celle  des  medfias. 


24  janvier. 

Départ  à  7  heures  et  demie  du  matin.  Arrêté  à  5  heures  du  soir,  sur  les  bords  de 
l’Ouad  Ait  Amer.  Ma  route  s’esl  effectuée  successivement  dans  les  diverses  régions 
que  je  viens  de  décrire,  sans  donner  lieu  à  aucune  remarque  nouvelle.  La  seule  chose 
à  noter  est  la  composition  cl’une  portion  de  la  falaise,  entre  la  nezala  où  j’ai  passé  la 
nuit  et  le  foudoq  qui  est  au-dessous,  sur  la  côte;  la  partie  supérieure  de  cette  fa¬ 
laise  est  formée  d’énormes  blocs  de  coquillages  agglomérés;  là,  pendant  quelque 
temps,  on  ne  voit  trace  ni  de  terre  ni  de  roche  :  tout  le  sol  n’est  fait  que  de  ces  co¬ 
quillages  pétrifiés;  le  chemin  passe  sur  leur  surface. 

J’ai  rencontré  peu  de  monde  aujourd’hui  et  n’ai  travers*'  aucun  cours  d’eau  im¬ 
portant. 

*  25  janvier. 

Départ  à  8  heures  du  matin.  Arrêté  à  1  heures  du  soir,  à  la  maison  de  lladj  Abd 
el  Malek.  On  voit  plus  de  passants  qu’hier.  Traversé  l'Ouad  Aït  Amer  (lit  de  gros 
galets,  de  50  mètres  de  large,  avec  un  filet  d’eau  courante  de  2  mètres);  cette  rivière 
est  la  seule  que  j’aperçoive  de  la  journée. 


26  janvier. 


Séjour  chez  lladj  \bd  el  Malek. 


DK  T  [SI  NT  A  MOGADOH. 


I  ST 


27  janvier. 


Départ  à  7  heures  du  matin.  Arrêté  à  6  heures  du  soir,  chez  un  ami  de  notre 
marabout.  Le  pays  reste  tel  que  je  l'ai  décrit. 

J’ai  traversé  plusieurs  petits  cours  d'eau  :  l’Asif  Ida  ou  Gelloul  (ruisseau  desséché; 
6  mètres  de  large),  l’Ouad  Ait  Bou  Zoul  (40  mètres  de  large;  à  sec),  l’Ouad  Ijariren 
(3  mètres  de  large;  à  sec;  affluent  de  l’Ouad  Ait  Bou  Zoul),  l’Ouad  Imariren  (15  mè¬ 
tres  de  large;  à  sec;  le  cours  supérieur  traverse  des  gisements  de  sel,  non  loin 
d’une  source  d’eau  vive,  Ain  Imariren,  la  seule  que  j’aie  vue  dans  le  Haha) ,  l’Ouad 
Ida  ou  lsaren  (à  sec;  15  mètres  de  large  près  de  son  confluent),  l’Ouad  Tidsi  (30  mè¬ 
tres  de  large;  à  sec). 

2fi  janvier. 


épart  à  7  heures  et  demie  du  matin.  A  8  heures,  j’entre  dans  une  vaste  forêt 
ombrageant  d’immenses  pâturages  :  c’est  Baba  Ida  ou  Gert.,  lieu  désert,  célèbre  par 
les  brigandages  qui  s’y  commettent.  J’en  sors  à  11  heures  et  demie;  au-delà  je 
franchis  une  pelile  plaine,  en  partie  couverte  de  genêts;  puis  des  dunes  de  sable 
me  conduisent  par  une  pente  douce  au  bord  de  la  mer.  A  midi  et  demi,  je  traverse 
l’Ouad  Ida  ou  Gert.  A  1  heure,  j’entre  à  Mogador. 

Aussitôt  arrivé,  j’allai  au  Consulat  de  France.  J’y  fus  reçu  par  le  chancelier, 
M.  Montai.  Ce  que  fut  pour  moi  M.  Montai  durant  mon  séjour  à  Mogador,  les  ser¬ 
vices  de  tout  genre  qu’il  me  rendit,  rien  ne  saurait  l’exprimer.  Puisse  tout  voya¬ 
geur,  en  pareille  circonstance,  rencontrer  même  accueil,  même  sympathie,  même 
appui  !  Heureux  ceux  dont  lo  pays  est  représenté  par  dos  hommes  semblables,  en  qui 
un  compatriote  inconnu  trouve  dès  le  premier  jour,  avec  la  bienveillance  et  la  pro¬ 
tection  du  magistrat,  le  dévouement  d'un  ami. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


188 


VIL 

DE  MOGADOR  A  TISINT. 

1°.  —  DE  MOGADOR  A  DOUAR  OUMBAREIv  OU  DEHEN. 

Mogador,  dont  le  11.0m  est  écrit  en  grosses  lettres  sur  nos  cartes,  est  loin  d’être 
le  port  important  que  nous  pourrions  nous  figurer.  Celui  qui  s’attendrait  à  trouver 
une  ville  en  relations  constantes  avec  l’Europe  serait  déçu.  En  hiver  surtout,  les 
moyens  de  communiquer  sont  rares  et  irréguliers.  Au  bout  de  45  jours  seulement, 
je  reçus  de  Paris  la  réponse  à  des  lettres  expédiées  le  lendemain  de  mon  arrivée.  Cet 
état  tient  au  peu  de  commerce  que  fait  aujourd’hui  Mogador  :  ce  port  11’a  plus 
d’affaires  qu’avec  les  Chiadma,  lesHaha,  les  Chtouka,  les  llalen,  le  Sahel,  Tindouf, 
et  par  là  Timbouktou.  Il  possède  le  monopole  de  la  majeure  partie  du  trafic  du  Sou¬ 
dan,  de  celui  qui  se  fait  par  les  Tajakant.  C’est  le  plus  bel  apanage  qui  lui  reste. 
Quant  au  bassin  du  Sous,  quant  au  Sahara  occidental  et  central,  de  l’Ouad  Aqqa 
à  l’Ouad  Ziz,  ils  font  leurs  achats  à  Merrâkech,  et  cette  capitale  reçoit  tout  de  Dje- 
dida  (Mazagan).  Le  grand  centre  commercial  du  Maroc  est  la  ville  de  Merrâkech  : 
au  sud  de  l’Atlas,  Fâs  fournit  le  cours  de  l’Ouad  Ziz  et  la  région  du  Sahara  qui  est 
à  l'est  de  ce  fleuve;  Mogador  approvisionne  le  Sahel  et  la  petite  portion  du  bassin 
du  Dra  située  à  l’ouest  de  l’Ouad  Aqqa;  Merrâkech  alimente  tout  le  bassin  du  Sous, 
l’immense  bassin  du  Dra,  sauf  les  réserves  que  nous  venons  de  faire,  et  jusqu’aux 
districts  arrosés  par  les  affluents  de  droite  du  Ziz,  tels  que  le  Todra  et  le  Ferkla. 

Aussitôt  que  j’eus  reçu  les  lettres  que  j’attendais  de  France,  je  me  mis  en  route 
vers  le  sud  pour  regagner  Tisint.  Mon  ami  le  Hadj  m’avait  attendu  :  cette  fois  je 
partais  seul  avec  lui;  il  avait  renvoyé  son  compagnon. 


Du  14  au  20  mars  1884. 

Partis  de  Mogador  le  14  mars,  avec  le  fils  de  S.  Abd  Allah  d  Aït  labia,  que  son 
père  nous  avait  donné  comme  escorte,  nous  arrivâmes  à  la  maison  des  religieux, 
dans  la  tribu  des  Ksima,  le  20  du  même  mois.  Des  pluies  torrentielles  qui  étaient 


DK  MOGADÜK  A  TISINT. 


ISO 


tombées  pendant  une  partie  de  cette  période  avaient  entravé  notre  marche;  c’est 
pourquoi  nous  avions  mis  sept  jours  à  parcourir  une  distance  qui  se  franchit  d’or¬ 
dinaire  en  quatre.  Nous  avions  suivi  une  route  différente  de  la  première,  mais  qui 
n’avait  donné  lieu  à  aucune  remarque  nouvelle.  Par  suite  des  pluies,  les  rivières 
s’étaient  grossies  :  là  où  un  mois  et  demi  auparavant  je  n’avais  vu  que  des  lits  des¬ 
séchés,  je  trouvais  des  torrents  impétueux.  L’Ouad  Ait  Amer,  que  je  traversai  au 
même  point  qu’à  l’aller,  formait  une  rivière  large  de  20  mètres,  profonde  de  70  cen¬ 
timètres  et  si  rapide  que  j’eus  beaucoup  de  peine  à  la  passer. 

Aussitôt  parvenus  à  la  demeure  de  notre  compagnon,  celui-ci  nous  chercha  un 
de  ses  parents,  marabout  originaire  de  Mrimima  et  ami  du  Hadj.  Ce  marabout, 
S.  Ialiia  Pou  Hebel,  moins  grand  personnage  que  Sidi  Abd  Allah,  est  plus  connu  que 
lui  dans  la  région  nouvelle  où  nous  allons  entrer  :  comme  S.  Abd  Allah  a  ses  servi¬ 
teurs  religieux  parmi  les  Ksima  et  les  Ilaha,  il  a  les  siens  chez  les  Imseggin  et  les 
llouara.  Il  fut  convenu  qu’il  nous  escorterait  jusqu’à  Douar  Oumbarek  ou  Dehen.  Ce 
point  se  trouve  sur  la  rive  droite  de  l’Ouad  Sous,  à  quelque  distance  du  fleuve,  au 
nord-est  d’Igli. 

21  mars. 

Départ  à  7  heures  du  matin,  en  compagnie  de  Sidi  Ialiia.  Je  remonte  l’Ouad  Sous, 
à  1  ou  2  kilomètres  de  sa  rive  droite.  Je  le  verrai  toute  la  journée,  serpentant  au  mi¬ 
lieu  des  tamarix ,  entouré  de  cultures,  avec  de  grands  oliviers  ombrageant  son 
cours  et  deux  rangées  de  villages  échelonnés  sur  ses  rives.  Ce  qu’il  sera  aujour¬ 
d’hui,  il  le  restera  jusqu’au  delà  d’Igli.  Le  fleuve,  avec  sa  bordure  de  champs, 
d’arbres  et  d’habitations,  forme  une  large  bande  verte  se  déroulant  au  milieu  de  la 
plaine,  10  mètres  au-dessous  du  niveau  général.  Un  talus  à  1/2  relie  la  dépression 
au  sol  environnant.  Je  marche  au  nord  du  talus,  dans  la  plaine  du  Sous.  C’est  une 
surface  immense,  unie  comme  une  glace,  au  sol  de  terre  rouge  sans  une  pierre; 
elle  s’étend  entre  le  Grand  et  le  Petit  Atlas,  depuis  la  mer  jusqu’au  haut  du  Ras  el 
Uuad;  la  largeur  en  esf  énorme  :  d’autant  plus  grande  qu’on  descend  davan¬ 
tage,  elle  est  ici  de  40  kilomètres  et  sera  encore  de  12  chez  les  Menàba.  La 
vallée  du  Sous  demeurera  la  même  durant  les  trois  jours  que  je  vais  la  remon¬ 
ter  :  plaine  d’une  fertilité  merveilleuse,  enfermée  entre  deux  [longues  chaînes,  dont 
l’une,  moins  élevée  et  à  crêtes  uniformes,  borne  au  sud  l’horizon  d’une  ligne  brune, 
tandis  que  l’autre,  s’élançant  dans  les  nuages,  élève  à  pic  au-dessus  de  la  campa¬ 
gne  ses  massifs  gigantesques  aux  flancs  bleuâtres,  aux  cimes  blanches  (1). 

La  plaine  du  Sous,  toute  d’une  admirable  fécondité,  est  loin  d’être  cultivée  en  en- 

(1)  Il  y  avait  autant  de  neige  sur  ces  parties  du  Grand  Atlas  à  la  fin  de  mars  que  deux  mois  auparavant, 
lorsque  je  les  vis  pour  la  première  fois. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


190 

tier.  Pendant  que  champs,  jardins  et  villages  se  pressent  sans  interruption  sur  les 
rives  du  fleuve ,  ils  sont  très  inégalement  répartis  dans  le  reste  de  la  vallée.  Le  sol  de 
celle-ci  est  occupé  partie  par  des  cultures,  partie  par  des  prairies,  partie  par  des 
forêts;  nulle  part  il  n’est  nu;  partout  cette  terre  généreuse  se  tapisse  d’une  ver¬ 
dure  abondante.  La  portion  que  je  traverse  aujourd’hui  peut  se  diviser  en  trois  ré¬ 
gions  de  longueurs  inégales  :  dans  la  première,  les  cultures  occupent  un  tiers  du  sol; 
le  reste  est  couvert  de  broussailles  et  de  pâturages  :  des  bouquets  de  grands  argans 
croissent  çà  et  là;  de  nombreux  troupeaux  de  vaches  paissent  dans  les  prés;  de 
temps  à  autre  on  rencontre  un  village,  mais  ils  sont  peu  nombreux.  C’est,  le  terri¬ 
toire  des  Imseggin.  La  seconde  région  est  une  vaste  forêt,  faisant  limite  entre  les 
Imseggin  et  les  Houara  :  épais  bois  d  argans;  quelques  villages  y  apparaissent  de 
loin  en  loin  dans  des  clairières;  peu  de  monde,  point  de  troupeaux;  le  sol,  sec  jus¬ 
qu'ici,  devient  détrempé  par  endroits  :  de  petites  mares,  des  flaques  d’eau  le  sèment; 
les  argans  ont  4  à  5  mètres  de  haut;  ils  ne  rappellent,  non  plus  que  ceux  des  Haha, 
les  magnifiques  arbres  des  Chtouka  et  des  llalen  :  à  leur  ombre  croît  une  végéta¬ 
tion  abondante,  broussailles  et  herbe  émaillée  d’une  multitude  de  fleurs.  En  sor¬ 
tant  de  la  forêt,  on  entre  sur  le  territoire  des  Houara;  une  nouvelle  région  com¬ 
mence  :  les  arbres,  qui  étaient  si  nombreux,  deviennent  rares;  point  de  cultures,  si 
ce  n’est  aux  abords  des  villages  :  une  immense  prairie,  semée  de  flaques  d’eau,  s’é¬ 
tend  de  l’Ouad  Sous  au  pied  du  Grand  Atlas;  des  villages,  des  fermes  isolées  sont 
en  vue  :  les  uns  et  les  autres,  comme  tous  les  lieux  habités  que  j’ai  rencontrés 
aujourd’hui,  sont  entourés  d’une  ceinture  de  cactus,  de  quelques  champs  d’orge  et 
de  plantations  d’oliviers. 

A  G  heures  du  soir,  j’arrive  au  grand  village  d’Oulad  Sereïr,  où  S.  Iahia  a  une  mai¬ 
son  ;  je  m’y  arrête. 

J’ai  rencontré  partout,  excepté  dans  la  forêt,  beaucoup  de  gens  sur  ma  route. 
Tous  baisaient  pieusement  la  main  de  mon  marabout,  reconnaissable,  comme 
la  plupart  de  ceux  du  Sous,  à  une  longue  canne  ferrée,  surmontée  d’une  pomme 
de  cuivre,  sorte  de  crosse  qui  ne  le  quitte,  pas.  Mon  protecteur  paraît  un  bon  homme, 
mais  c’est  le  plus  enragé  fumeur  de  kif  qui  soit  au  monde.  Peu  de  localités,  sur  no¬ 
tre  passage,  où  il  n’eût  un  ami,  fumeur  comme  lui.  Sitôt  qu’on  approchait  d’un 
de  ces  points,  il  me  quittait,  prenait  le  pas  gymnastique,  entrait  au  village,  se  fai¬ 
sait  donner  une  pipe,  la  fumait  et  me  rejoignait  :  malgré  ses  soixante -huit  ans,  il 
fit  plus  de  dix  fois  ce  manège  pendant  à1  trajet.  J’ai  traversé  deux  cours  d’eau  im¬ 
portants  :  l’Ouad  (d  Hamerin  (il  arrose,  au-dessus  d’ici,  la  tribu  des  Hamerin,  qui, 
dit-on,  doit  ce  nom  à  la  couleur  rouge  du  sol  de  son  territoire.  C’est  une  belle  ri¬ 
vière  :  eau  de  30  mètres  de  large  et  de  80  centimètres  de  profondeur;  courant  ra¬ 
pide;  lit  de  40  mètres,  moitié  sable,  moitié  galets;  berges  de  terre  à  1/1,  hautes  de 


DE  MOGADOR  A  TISINT. 


3  mètres,  couvertes  de  gazon,  de  lauriers-roses  et  de  tamarix)  ;  l’Ouad  Semnara 
(lit  de  sable  de  40  mètres;  berges  de  3  mètres  de  haut  à  1/1.  L’eau  n’a  que  3  mè¬ 
tres  de  large;  elle  est  limpide  et  courante). 

Durant  la  marche  dans  les  diverses  tribus,  Ksima,  Imseggin  et  Houara,  dont 
j’ai  traversé  les  territoires,  trois  choses  m’ont  frappé  :  l’horizontalité  du  sol  dans 
cette  large  vallée  du  Sous,  la  richesse  de  la  végétation,  enfin  la  force  des  bestiaux  : 
ce  ne  sont  plus  les  petites  vaches  de  l’Algérie  et  du  Sahara  Marocain,  mais  de  beaux 
animaux  comme  ceux  des  environs  de  Tanger,  des  Zaïan  et  d’Europe. 

22  mars. 

Séjour  à  Oulad  Sereïr. 

La  tribu  des  Houara,  dont  j’ai  traversé  une  partie  avec  l’escorte  d’un  pauvre  ma¬ 
rabout,  est  célèbre  et  redoutée  pour  ses  brigandages.  J’ai  eu  un  rare  bonheur  de  ne 
point  y  faire  de  mauvaise  rencontre.  Les  pillages  y  sont  aussi  fréquents  que  jamais, 
bien  que,  depuis  1882,  elle  fasse  partie  du  blad  el  makhzen.Elle  est  commandée  par 
un  qaïd  dont  l’autorité  s’étend  sur  tout  son  territoire,  comprenant  les  deux  rives  de 
l’Ouad  Sous.  La  plupart  des  Houara  habitent  des  fermes  isolées;  les  autres  résident 
dans  des  villages  d’une  forme  particulière  à  la  tribu.  Les  maisons  en  sont  séparées, 
et  entourées  chacune  d’une  haie  circulaire  de  jujubiers  sauvages  ou  de  cactus.  Avec 
cet  usage,  les  moindres  localités  occupent  une  grande  étendue;  il  y  en  a  d’impor¬ 
tantes  :  celle  où  je  suis  a  120  feux.  Aucun  lieu  habité  qui  ne  soit  environné  de 
cultures  et  de  jardins;  comme  arbres,  croissent  des  figuiers,  des  grenadiers,  des  oli¬ 
viers.  Les  demeures,  vastes,  sont  la  plupart  flanquées  de  deux  tours  ne  dépassant 
pas  en  hauteur  les  murs  du  bâtiment;  on  construit  en  pisé;  on  couvre  en  terrasse. 

La  tribu  des  Imseggin,  que  j’ai  traversée  hier,  se  divise,  me  dit-on,  en  onze 
fractions. 

Une  grande  activité  commerciale  règne  en  cette  région;  témoin  le  nombre  de 
marchés  :  on  va  d’ici  à  8  marchés  différents  :  Arbaa  Hamerin ,  Khemîs  Oulad  Dahou , 
Djemaa  Amzou,  Sebt  el  Kefifat,  Had  Menizela,  Tenin  Oulad  et  Teïma,  Tlâta  Hafaïa, 
Sebt  el  Gerdan . 

23  mars. 

Le  pays  à  parcourir  aujourd’hui  est  encore  dangereux;  S.  Iahia  prend  avec  lui, 
comme  renfort,  un  de  ses  fils  qui  demeure  à  Oulad  Sereïr.  Départ  à  (3  heures  du 
matin.  Les  arbres  recommencent;  on  voit  quelques  prairies,  mouchetées  de  bou¬ 
quets  d’argans  :  la  majeure  partie  du  sol,  jusqu’à  10  heures  et  donne,  est  cou¬ 
verte  de  bois;  ces  forêts  sont  semblables  à  celles  d’avant-hier  :  mêmes  essences, 
mêmes  déserts  ombragés,  mêmes  rares  clairières  où  apparaît  un  village  entouré 


J  92 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


de  cultures;  le  peu  de  prairies  qui  s’aperçoivent  sont  semées  d’un  grand  nombre  de 
fermes  isolées;  à  partir  d’Oulad  Sereïr,  le  terrain  redevient  sec  :  plus  de  flaques  d’eau. 
A  10  heures  et  demie,  forêts  et  pâturages  cessent;  j’entre  dans  des  labourages  qui 
ne  tardent  pas  à  occuper  toute  la  surface  du  sol;  ce  sont  des  champs  d’orge  et  de 
blé  auxquels  se  mêlent  des  plantations  d’oliviers,  de  plus  en  plus  étendues  à  mesure 
que  l’on  avance.  Une  foule  de  villages  s’élèvent  de  toutes  parts.  Bientôt  apparaît 
une  longue  ligne  noire,  forêt  d’oliviers  d’où  émerge  le  faîte  d’un  minaret  :  c’est 
Taroudant.  A  midi  et  demi,  j’arrive  au  pied  des  murs.  Je  les  longe  sans  entrer  dans 
la  ville.  L’enceinte  de  Taroudant  est  construite  en  pisé  jaune;  elle  a  5  à  6  mètres  de 
haut,  et  40  centimètres  environ  d’épaisseur;  elle  est  pleine  de  lézardes  et,  bien  que 
sans  brèches,  en  mauvais  état.  Pour  sa  portion  sud,  dont  j’ai  suivi  les  sinuosités,  j’ai 
constaté  l’exactitude  du  tracé  de  M.  Gatell  (I).  Taroudant  me  paraît  située  à  un  point 
où  la  vallée  du  Sous  se  resserre  brusquement  sur  une  courte  longueur,  à  un  kheneg 
en  un  mot,  mais  kheneg  peu  accentué.  Il  semble  que  plusieurs  chaînes  de  hauteurs 
parallèles  au  fleuve  se  détachent  en  face  d’ici  du  pied  du  Petit  Atlas  et  viennent 
expirer,  près  de  l’Ouad  Sous,  en  collines  sablonneuses  boisées  d’argans.  Aucun  cours 
d’eau  n’arrose  la  ville;  elle  est  alimentée  par  de  larges  canaux  dérivés  du  fleuve. 

A  1  heure,  je  quitte  les  murs  de  la  capitale  du  bas  Sous.  Jusqu’à  2  heures  et  demie, 
le  chemin,  entouré  de  haies  d’églantiers,  serpente  entre  des  champs  et  des  planta¬ 
tions  d’oliviers,  au  milieu  de  villages.  Les  environs  de  Taroudant  sont  d’une  richesse 
extrême.  Dès  qu’il  est  labouré,  ce  sol  admirable  de  la  vallée  du  Sous,  dont  une 
grande  partie  reste  inculte,  devient  d’une  fertilité  merveilleuse.  A  2  heures  et  demie, 
je  m’arrête  chez  des  amis  de  S.  labia,  dans  une  petite  zaouïa. 

Peu  de  monde  sur  ma  route  jusqu’à  10  heures  et  demie,  beaucoup  depuis.  J’ai 
traversé  deux  cours  d’eau  importants  :  l’Ouad  Béni  Mhammed  (au  point  où  je  le 
passe,  il  se  divise  en  trois  bras  :  le  bras  occidental  a  un  lit  de  40  mètres,  gravier  et 
sable,  à  sec;  berges  de  75  centimètres;  le  bras  central  est  semblable  au  précédent;  le 
bras  oriental  a  (30  mètres  de  large;  lit  de  galets;  à  sec;  les  deux  premiers  sont  séparés 
par  une  langue  de  terre  couverte  de  pâturages  et  de  tamarix,  les  deux  derniers  par 
une  surface  où  ne  poussent  que  des  touffes  de  melbina.  Cette  rivière  n’a  d’eau  que 
d’une  façon  passagère,  au  moment  des  pluies);  l’Ouad  El  Ouaar  (à  sec;  lit  de  gra¬ 
vier  de  00  mètres;  berges  de  sable,  à  pic,  de  10  mètres  de  hauteur). 


(1)  Bulletin  tle  la  Société  de  Géographie ,  mars-avril  1871. 


DE  MOGADOR  A  TISINT. 


193 


24  mars. 

Départ  à  7  heures  du  matin.  Je  continue  à  cheminer  à  quelque  distance  au  nord 
de  l’Ouad  Sous,  hors  de  la  bande  de  plantations  et  de  villages  qui  le  bordent;  la  val¬ 
lée  reste  ce  qu’elle  était  hier,  toujours  plate,  toujours  sans  une  pierre;  comme  on 
l'a  dit,  elle  se  rétrécit  par  degrés.  Jusqu’au  territoire  des  Menâba,  le  sentier  parcourt 
une  succession  de  cultures,  de  pâturages,  de  taillis  et  de  bois  d’argans;  on  passe  au¬ 
près  de  nombreux  hameaux;  à  chaque  pas  on  rencontre  des  troupeaux  de  bœufs. 
A  partir  de  la  frontière  des  Menâba,  bois  et  broussailles  cessent  ;  on  trouve  quelques 
pâturages,  mais  la  majeure  partie  du  sol  est  occupée  par  des  champs  d’orge  ou  de 
blé;  les  villages  sont  en  plus  grande  quantité  que  jamais  :  comme  tous  ceux  de  la 
vallée  du  Sous,  ils  sont  en  pisé  rouge,  plus  on  moins  foncé;  dans  quelques-uns  s’élève 
une  tour,  distinguant  la  demeure  d’un  homme  riche,  d’un  chikh.  Ils  sont  bien  bâtis, 
bien  entretenus,  non  élégants;  murs  nus,  sans  ornements.  Depuis  Taroudant,  les 
cactus  qui  les  entouraient  chez  les  Houara,  les  Chtouka,  les  Imseggin  et  les  Ksi  ma, 
ont  disparu;  une  sombre  ceinture  d’oliviers  les  enveloppe.  En  marchant  dans  cette 
riche  contrée,  je  parviens  aux  campements  des  Oulad  Dris.  Je  m’y  arrête  à  G  heu¬ 
res  du  soir,  dans  le  douar  d’Oumbarek  ou  Dehen.  Le  maître  de  la  principale  tente, 
vieil  ami  du  11  ad j  ,  m’offre  l’hospitalité.  Beaucoup  de  passants  aujourd’hui  sur  mon 
chemin.  Pendant  les  dernières  heures  de  marche,  j’ai  franchi  un  grand  nombre  de 
canaux,  les  uns  souterrains  (feggaras) ,  les  autres  à  ciel  ouvert;  ils  apportent  l’eau 
de  la  montagne  aux  cultures  de  la  plaine.  J’ai  traversé  trois  rivières  importantes  : 
l’Ouad  Ziad  (lit  de  500  mètres  de  large  où  coulent,  sur  un  fond  moitié  gravier,  moitié 
sable,  six  bras  d’eau  de  2  mètres  chacun;  eau  claire;  courant  rapide);  l’Ouad  Talk- 
jount  (lit  de  40  mètres,  moitié  sable,  moitié  galets;  flaques  d’eau  au  milieu;  berges 
de  terre  de  3  mètres  de  haut)  ;  l’Ouad  Bou  Srioul  (lit  de  gravier  de  50  mètres;  nappe 
d’eau  courante  de  3  mètres;  berges  de  terre  de  3  mètres). 

23  mars. 

Séjour  chez  les  Oulad  Dris.  Ceux-ci  sont  une  petite  tribu  nomade  isolée  campant 
au  nord-est  des  Menâba,  entre  ces  derniers  et  les  Talkjount.  Indépendants  autrefois, 
ils  ont  suivi  le  sort  du  reste  du  Ras  el  Ouad  et,  en  1882,  se  sont  soumis  au  sultan. 
Celui-ci  les  a  placés  sous  la  dépendance  du  qaïd  des  Menâba.  Les  Oulad  Dris  labou¬ 
rent,  mais  leur  fortune  principale  consiste  en  troupeaux  de  chameaux.  Ils  se.  disent 
de  race  arabe;  leur  langue  est  l’arabe,  la  plupart  savent  aussi  le  tamazirt.  Ils  sont 
en  rapports  constants  avec  le  sud,  avec  Tatta,  Tisint,  Aqqa,  ont  des  alliances  avec 
les  Ait  Jellal  et  les  Ida,  ou  Blal.  Leur  costume  est  plutôt  celui  du  Sahara  que  celui 


KISCONNUSSANCI5  AU  MAROC. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


194 

du  Sous  :  un  turban  de  khent  ceint  leur  tête;  comme  linge,  ils  ne  portent  que  du 
khent ;  leurs  vêtements  de  dessus  sont  soit  le  haïk  blanc,  soit  le  selham,  le  kheidous 
ou  le  khenîf. 

Dans  les  autres  tribus  du  Sous  que  j’ai  traversées,  Ivsima,  Imseggin,  Houara, 
Oulad  Iahia,  Ait  Iiggas,  Menâba,  ainsi  que  chez  les  Indaouzal,  les  hommes  portent 
une  chemise  blanche,  de  laine  ou  de  cotonnade,  et  un  haïk  de  même  couleur-;  ce  der¬ 
nier  se  remplace  souvent  par  le  selham  ou  le  khenîf;  la  tête  reste  nue,  ou  s’entoure 
d’un  mince  turban  blanc.  Les  femmes  portent  le  vêtement  général  des  Marocaines;  il 
est  chez  la  plupart  en  khent,  chez  les  autres  en  laine  ou  cotonnade  blanche;  le  khent 
passe  pour  le  plus  élégant.  Les  armes  se  composent  du  long  fusil  que  l’on  connaît,  à 
crosse  large  ou  étroite,  et  du  poignard  recourbé,  qoummia;  on  met  la  poudre  dans 
des  cornes  de  cuivre.  Les  chevaux,  sans  être  nombreux,  ne  sont  pas  rares  dans 
ces  tribus.  Bien  qu’elles  appartiennent  maintenant  au  blad  el  makhzen,  les  usages  y 
sont  les  mêmes  qu’en  blad  es  siba  :  on  n’y  sort  pas  des  villages  sans  être  armé,  on 
n’y  voyage  pas  sans  zetat;  les  fractions  s’y  font  journellement  la  guerre  entre 
elles,  et  les  routes  y  offrent  en  certaines  parties  plus  de  périls  que  dans  bien  des  ré¬ 
gions  insoumises  :  il  est  peu  de  tribus  indépendantes  plus  dangereuses  à.  traverser 
que  les  Houara.  Pendant  mon  séjour  à  Oulad  Sereïr,  on  se  battait  aux  environs  : 
j’entendis  la  fusillade  toute  la  journée  :  deux  fractions  étaient  aux  prises;  le  combat 
finit  à  la  nuit,  par  la  prise  et  la  destruction  d’un  village. 

Les  Ksima,  les  Imseggin,  les  Oulad  Iahia,  les  Ait  Iiggas,  les  Menâba  et  les  Indaou¬ 
zal  parlent  le  tamazirt;  les  Houara  parlent  l’arabe.  Chez  les  premiers,  la  langue 
arabe  est  assez  répandue,  surtout  parmi  les  Ivsima  et  les  Imseggin.  Elle  l’est  très 
peu  chez  les  seuls  Indaouzal. 


2°.  —  DE  DOUAR  OUMBAREK  OU  DE II EN  A  TISINT. 

26  mars. 

Départ  à  5  heures  du  matin.  Notre  hôte  nous  donne  son  fils  pour  nous  escorter 
jusqu’à  llir.  Nous  avons  à  traverser  la  vallée  du  Sous  et  une  partie  du  Petij 
Atlas,  sur  le  versant  méridional  duquel  se  trouve  le  qçar.  La  marche  d’aujourd’hui 
se  divise  en  deux  parties,  la  première  en  plaine,  la  seconde  en  montagne.  En 
quittant  Douar  Oumbarek  ou  Dehen,  je  prends  la' direction  du  sud-est,  de  façon  à 
couper  presque  perpendiculairement  la  vallée  de  l’Ouad  Sous.  Jusqu’au  fleuve,  des 
pâturages  et  des  broussailles  de  jujubier  sauvage  se  succèdent,  dominés  çà  et  là 
par  des  bouquets  d’argans.  Je  passe  en  vue  de  plusieurs  villages,  se  distinguant 


DE  MOGADOR  A  TISINT. 


I!)5 


à  peine  au  milieu  de  leurs  ceintures  d’oliviers.  Vers  O  heures  un  quart,  j’arrive 
à  l’Ouad  Sous;  les  deux  rives  sont  bordées  de  cultures,  de  villages  et  de  jardins, 
mais  l’aspect  du  lit  est  différent  de  ce  qu’il  était  plus  bas.  La  largeur  en  est  de 
près  d’un  kilomètre;  le  fond  est  de  gros  galets,  avec  de  rares  places  sablonneuses; 
ni  roseaux  ni  joncs,  aucune  trace  de  verdure.  Au  milieu  de  cette  surface  grise  coule 
le  tleuve,  en  trois  bras  :  le  premier  n’a  que  2  mètres  d’eau;  le  second  en  a  15  avec 
40  centimètres  de  profondeur  et  un  courant  très  rapide;  le  troisième  a  35  mètres 
de  large  et  lm,20  de  profondeur  :  gonflé  par  des  pluies  récentes,  il  forme  des 
vagues  énormes,  et  le  courant  en  est  si  impétueux  que  nous  ne  pouvons  le  fran¬ 
chir  seuls  :  des  habitants  d’un  village  voisin  viennent  à  notre  secours,  nous  indi¬ 
quent  un  gué,  où  les  eaux,  divisées  en  plusieurs  canaux,  n’ont  au  principal 
qu’un  mètre  de  profondeur,  et  nous  aident  à  traverser  :  c’est  une  opération  longue 
et  difficile,  tant  l’onde  a  de  violence.  Le  gué  se  trouve  en  face  du  hameau  de  Tafel- 
lount.  Le  lit  du  Sous  est  séparé  des  plantations  de  ses  rives  par  des  berges  de  terre  à 
pic,  hautes  de  1 m, 50.  Après  avoir  passé,  je  me  remets  à  marcher  dans  la  plaine; 
elle  garde  un  même  aspect  d’ici  au  pied  du  Petit  Atlas  :  prairies  semées  de  jujubiers 
sauvages  et  de  rares  argans;  nombreux  perdreaux;  point  de  lieux  habités;  il  n’y  a 
de  cultures  que  le  long  du  fleuve. 

A  9  heures  un  quart,  j’arrive  aux  premières  pentes  du  Petit  Atlas;  à  son  pied  se 
trouvent  quelques  champs,  et  à  mi-côte  des  villages.  J’entre  dans  la  montagne  par 
une  plaine  triangulaire  que  traverse  l’Ouad  Tangarfa;  elle  est  couverte  de  pâturages 
avec  jujubiers  sauvages  et  argans,  semblables  à  ceux  dont  nous  sortons;  le  sol, 
terreux  jusqu’à  présent,  commence  à  se  semer  de  pierres  qui  bientôt  deviennent 
nombreuses.  On  passe  devant  des  méditas  :  il  n’y  en  a  point  dans  la  vallée 
du  Sous;  les  portions  de  celle-ci  qui  ne  sont  pas  alimentées  par  le  tleuve  ou 
ses  tributaires  le  sont  par  des  redirs  et  des  canaux  :  les  redirs  servent  à  la  boisson, 
les  canaux  à  ^irrigation  des  cultures.  Parvenu  à  l’extrémité  de  la  plaine  où 
je  me  suis  engagé,  je  remonte  la  vallée  de  l’Ouad  Tangarfa;  puis  je  la  quitte,  et  je 
remonte  celle  d’un  de  ses  affluents  jusqu’au  qcar  de  Tagerra.  Ces  deux  vallées  sont 
pareilles  :  le  fond  en  est  nu  et  pierreux,  d’une  largeur  variant  entre  30  cl  150  mè¬ 
tres;  les  flancs  sont  des  côtes  raides,  hérissées  de  roches,  boisées  d 'argans,  de 
200  mètres  de  hauteur;  les  lits  sont  presque  partout  à  sec;  parfois  il  y  coule  un  filet 
d’eau  large  au  plus  de  1  mètre.  Le  chemin  ne  quitte  pas  les  thalwegs  et  est  fa¬ 
cile.  Au-dessus  de  Tagerra,  l’étroite  vallée  que  je  suis  devient  un  ravin  imprati¬ 
cable,  où  un  ruisseau  bondit  par  cascades  au  milieu  des  rochers.  Je  quitte  le  fond 
à  ce  village  et  gravis  le  flanc  droit;  montée  difficile  :  le  terrain  n’est  que  roches, 
aux  fentes  desquelles  poussent  de  rares  argans;  plusieurs  sources  d’eau  vive  jail¬ 
lissent  du  sol.  Enfin  j’arrive  à  la  crête,  et  bientôt  après  à  un  col.  Je  me  mets 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


I9G 

à  descendre  une  petite  vallée,  celle  de  l’Ouad  el  Asel  :  elle  n’a  pas  20  métrés  de 
large;  des  talus  de  roche  rose  la  bordent  des  deux  côtés;  ils  sont  peu  élevés  et  en 
pente  douce;  des  qcars  et  un  étroit  ruban  de  cultures  ombragées  d’amandiers  s’é¬ 
chelonnent  sur  leurs  premières  pentes,  le  long  de  l’ouad.  Cette  nouvelle  région  diffère 
de  la  précédente;  le  col  que  j’ai  franchi  marque  la  limite  entre  deux  portions  du 
Petit  Atlas  :  jusqu’à  lui,  toutes  les  côtes  étaient  boisées  d’argans;  à  partir  d’ici,  cet 
arbre  disparaît  :  je  ne  le  verrai  plus;  du  col  à  Tisint,  les  flancs  des  montagnes 
seront  une  roche  nue.  Autre  changement  :  dans  la  plaine  du  Sous  les  villages  étaient 
ouverts;  ici  recommencent  les  qcars. 

Vers  4  heures,  l’Ouad  el  Asel  débouche  dans  une  plaine  verdoyante,  entourée  de 
hauteurs  dénudées;  je  la  traverse  :  c’est  une  surface  unie,  au  sol  sablonneux  couvert 
de  pâturages;  elle  s’étend  entre  l’Ouad  el  Asel  et  l’Ouad  Ait  el  Hazen,  et  se  prolonge 
jusqu’à  leur  confluent.  J’atteins  au  bout  d’une  heure  la  dernière  des  deux  rivières, 
et  je  la  remonte  jusqu’au  grand  village  d’Amzoug.  Là  je  fais  halte,  à  7  heures  et 
demie  du  soir.  Un  ami  de  notre  guide  nous  reçoit.  La  vallée  de  l’Ouad  Ait  el  Hazen, 
dans  la  partie  que  j’ai  parcourue,  a  500  à  600  mètres  de  large  au  fond,  cultivés  en 
entier;  les  flancs  sont  des  talus  hauts  et  escarpés  de  grès  noirci,  comme  celui  des 
environs  de  Tazenakht.  Dans  le  bas  j’ai  rencontré  plusieurs  grands  villages  ou  qcars 
d’aspect  prospère,  entourés  de  vergers.  La  rivière  a  60  mètres;  lit  de  gros  galets 
sans  eau. 

La  plaine  que  j’ai  traversée  de  4  à  5  heures  forme  limite  entre  les  Ait  el  Hazen  et 
les  Indaouzal.  Au  sortir  du  territoire  de  ces  derniers,  j’ai  quitté  le  blad  el  makhzen 
et  suis  rentré  en  blad  es  siba.  Les  Ait  el  Hazen  sont  indépendants;  autrefois  alliés 
des  Ait  Semmeg,  ils  le  sont  maintenant  des  Ounzin.  Ils  sont  Chellaha  comme  ces 
deux  tribus  et  comme  les  Indaouzal,  et  parlent  le  tamazirt  :  à  peine  quelques-uns 
d’entre  eux  savent-ils  l’arabe. 

Peu  de  monde  sur  mon  chemin,  excepté  au  bord  de  l’Ouad  Sous  et  dans  les 
vallées  des  ouads  el  Asel  et  Ait  el  Hazen.  Parmi  les  rivières  que  j’ai  traversées,  il  en 
est  une  que  je  n’ai  pas  décrite  :  l’Ouad  el  Amdad  :  il  a  un  lit  de  galets  de  100  mètres 
de  large;  au  milieu  coulent  15  mètres  d’eau  claire  et  courante;  des  berges  de  terre 
à  pic,  de  2  mètres  de  haut,  le  bordent.  Les  villages  et  qcars  rencontrés  au  sud  de 
l’Ouad  Sous  sont  bâtis  mi-pierre,  mi-pisé. 

27  mars. 

Départ  à  5  heures  du  matin.  Notre  hôte  de  cette  nuit  nous  accompagne;  il  nous 
escortera  jusqu’au  col  d’Azrar.  Je  continue  à  remonter  POuad  Ait  el  Hazen  :  la  vallée, 
qui  reste  d’abord  ce  qu’elle  était  hier,  se  met  ensuite  à  se  rétrécir;  puis  les  cultures 


DE  MUGADOR  A  T1SINT. 


197 


cessent  :  au  bout  d’une  heure  et  demie,  c’est  un  sombre  ravin  dont  le  fond  n’a 
d’autre  largeur  que  celle  de  la  rivière,  20  mètres;  celle-ci,  qui  possède  à  présent 
7  à  8  mètres  d’eau,  est  devenue  un  vrai  torrent,  tantôt  coulant  sur  un  lit  de  sable, 
tantôt  bondissant  par  cascades  entre  de  gros  blocs  de  rochers.  La  marche  est  péni¬ 
ble.  Bientôt  il  faut  quitter  le  fond  du  ravin  pour  en  gravir  le.  flanc  droit  :  c’est  un 
talus  rocheux,  haut,  escarpé;  montée  raide  et  difficile.  J’arrive  au  sommet;  un  pla¬ 
teau  couvert  de  cultures  le  couronne;  j’y  marche  quelques  minutes,  puis  je  débou¬ 
che  dans  une  vallée  peu  profonde,  à  flancs  rocheux  et  en  pente  douce,  dont  le 
fond  et  les  premières  côtes  sont  cultivés;  on  y  voit,  avec  des  champs  d’orge,  des 
cactus  et  de  nombreux  amandiers.  Je  la  remonte.  Elle  est  près  de  son  origine; 
je  parviens  au  col  où  elle  prend  naissance.  Dès  lors,  plus  de  cultures,  plus 
d’habitations  jusqu’à  la  vallée  de  l’Ouad  Azrar  ;  d’ici  là,  je  franchis  des  séries  de 
crêtes  et  de  ravines  désertes  :  sol  noir  et  rocheux;  pas  d’autre  végétation  que  de 
maigres  touffes  d  ’  1 1  al  fa  clairsemées  sur  les  pentes;  ce  ne  sont  que  montées  et  des¬ 
centes;  chemin  fatigant  sans  être  difficile.  A  11  heures,  le  terrain  change  :  les  ro¬ 
ches  font  place  à  une  couche  de  sable  blanc,  semé  de  paillettes  brillantes;  une  côte 
douce  conduit  à  l’Ouad  Azrar,  auquel  j’arrive  un  quart  d’heure  après.  Ce  cours  d’eau 
a  une  large  vallée;  les  flancs  de  celle-ci  sont  des  montagnes  rocheuses  de  moyenne 
élévation,  dont  les  premières  pentes,  peu  rapides,  sont,  comme  le  fond,  couvertes  de 
sable  blanc  et  garnies  de  cultures;  la  rivière  a  un  lit  de  30  mètres  dont  7  remplis 
d’eau  claire  et  courante;  les  rives  en  sont  bordées  d’amandiers;  plusieurs  villages, 
bâtis  en  pierre,  s’élèvent  sur  ses  bords.  Je  remonte  la  vallée  jusque  non  loin  de 
son  point  d’origine;  puis,  je  gagne  le  flanc  gauche  et  le  gravis.  D’abord  pier¬ 
reux  et  de  pente  modérée,  il  devient  tout  à  coup  très  raide,  et  se  change 
en  une  paroi  à  pic  :  passage  difficile;  le  chemin  monte  péniblement  au  milieu  de 
grands  blocs  de  roche  noire  d’où  jaillissent  plusieurs  sources.  A  1  heure  et  demie, 
j’atteins  le  sommet;  il  n’a  aucune  largeur;  c’est  une  arête  aiguë,  le  tranchant  d’une 
lame  :  je  le  franchis  à  un  col  situé  presque  au  niveau  du  reste  de  la  crête;  il  s’appelle 
Tizi  Azrar.  Cette  arête  est  la  ligne  culminante  du  Petit  Atlas  :  au  Tizi  Azrar,  on  passe 
sur  son  versant  sud.  Du  col,  j’entre  dans  un  cirque  où  une  rivière  prend  sa 
source;  je  la  descends  :  c’est  l’Ouad  S.  Mohammed  ou  Iaqob;  à  son  origine,  il  a  un 
peu  d’eau  qui  ne  tarde  pas  à  tarir.  Au  sortir  du  cirque,  il  s’enfonce  dans  un  étroit 
ravin  à  flancs  escarpés  de  roche  jaune;  fond  large  de  30  mètres  :  le  lit,  de  ga¬ 
lets,  l’occupe  en  entier;  point  trace  de  végétation.  Après  avoir  coulé  un  certain 
temps  ainsi,  il  débouche  dans  une  plaine  pierreuse,  dont  le  sol  disparaît  sous  les 
hautes  herbes  et  les  genêts.  Je  l’y  laisse  poursuivre  sa  course  et,  passant  à  l’est, 
je  m'engage  dans  le  massif  de  collines  qui  borde  la  plaine  de  ce  côté  :  endroit  mon- 
tueux ;  terre  semée  de  pierres  et  rayée  de  bandes  de  roches  s’allongeant  svmétri- 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


198 

quement  à  fleur  de  sol;  comme  verdure,  un  peu  de  thym  et  quelques  touffes  d’halfa. 
Cheminant  ainsi,  j’atteins  une  nouvelle  vallée,  celle  de  l’Ouad  Imi  n  Tels  :  je  la 
descends  à  son  tour:  ravin  à  flancs  blanchâtres,  rocheux  et  escarpés,  d’autant  plus 
hauts  que  j’avance  davantage;  15  mètres  de  large  au  fond,  occupés  par  le  lit  de  la 
rivière;  celui-ci  est  à  sec  et  couvert  de  galets;  point  de  végétation,  ni  en  bas  ni 
sur  les  flancs.  A  5  heures  et  demie,  la  rivière  entre  dans  la  vaste  plaine  d’Azarar 
Imi  n  Tels  (1),  qui  s’étend  d’ici  à  Ilir;  elle  est  bornée  à  l’est  et  à  l’ouest  par  des 
collines  rocheuses  très  basses,  au  sud  par  une  longue  ligne  de  hauteurs  brunes  et 
nues,  à  crêtes  uniformes;  le  sol  est  de  terre,  semée  par  endroits  de  beaucoup  de 
pierres  :  des  jujubiers  sauvages,  des  genêts,  diverses  herbes  la  couvrent;  de  temps  à 
autre  y  apparaissent  des  champs,  propriété,  les  uns  d’habitants  d’Ilir,  les  autres  de 
marabouts  de  S.  Mohammed  ou  laqob.  Pour  ce  motif,  le  nom  d’Azarar  Imi  n  Tels 
est  remplacé  quelquefois  par  celui  d’Azarar  S.  Mohammed  ou  laqob.  Au  milieu 
de  cette  plaine,  nous  fûmes  surpris  par  la  nuit:  l’obscurité  devint  si  grande 
que  nous  perdîmes  le  sentier;  nous  errâmes  quelque  temps  à  l’aventure,  nous 
accrochant  aux  broussailles  et  trébuchant  dans  les  pierres  :  à  7  heures,  quoi¬ 
que  certains  d’être  près  d’ilir,  mes  deux  guides  abandonnèrent  l’espoir  de  retrouver 
le  chemin;  nous  nous  arrêtâmes  au  pied  d’un  buisson  et  y  passâmes  la  nuit. 

28  mars. 

Départ  à  G  heures  du  matin.  Nous  gagnons  le  plateau  bas,  nu,  pierreux  et  ondulé 


Qtar  d’ilir  et  vallée  de  l’Ouad  S.  Mohammed  ou  laqob.  (Vue  prise  du  liane  gauche  de  la  vallée,  en  amont  d’ilir.) 

Croquis  de  l’auteur. 

.  qui  forme  le  bord  oriental  de  la  plaine,  et,  le  coupant  obliquement,  nous  nous  trou¬ 
vons  bientôt  à  une  crête: au-dessous,  apparaissent  à  nos  pieds  l’Ouad  llir,  ses  dattiers 

(1)  Azararve ut  dire  «  terrain  labourable  ». 


DE  MOGADOR  A  TISINT. 


199 

et  son  qçar.  Je  retrouve  les  palmiers  après  trois  mois  cl’absence.  Une  descente  ra¬ 
pide  à  travers  les  rochers  m’amène  au  fond  de  la  vallée;  il  est  couvert  de  cultures 
ombragées  de  bon  souaïr;  l’Ouad  S.  Mohammed  ou  Iaqob,  qu’on  appelle  aussi  Ouad 
llir,  coule  au  milieu,  n’ayant  que  2  mètres  d’eau  dans  un  lit  de  50  mètres.  Le 
qçar  d’Uir  est  sur  la  rive  gauche.  J’y  entre  à  8  heures  du  matin. 

Je  m’installe  à  llir  chez  un  ami  du  IJadj.  Le  qçar  est  grand  et  riche  :  la  popula¬ 
tion,  composée  deChellaha,  en  est  nombreuse;  bien  que  voisine  des  Ait  Jellal,  elle 
est  indépendante  et  les  nomades  ne  peuvent  rien  sur  elle.  llir  est  bâtie  partie  en 
pierre,  partie  en  pisé,  ce  dernier  dominant. 

Hier,  nous  sommes,  depuis  le  col  d’Azrar,  restés  dans  le  désert  :  nous  eussions 
pu,  en  continuant  à  descendre  l’Ouad  S.  Mohammed  ou  Iaqob,  marcher  en  terre 
habitée.  C’est  à  dessein  que  nous  avons  fait  le  contraire.  Quand  on  est  peu  nombreux, 
qu’on  n’a  pas  de  zetat  du  pays  et  de  zetat  puissant,  il  est  de  règle  d’éviter  les  cen¬ 
tres;  la  vue  de  voyageurs  en  petite  troupe  et  mal  escortés  inspire  à  ceux  devant 
qui  ils  passent  la  pensée  de  courir  à  leur  poursuite  et  de  les  piller  :  c’est  un  danger 
de  tous  les  instants  en  contrée  peuplée.  On  s’y  soustrait  en  échappant  aux  regards 
et  en  prenant  les  chemins  déserts.  C’est  pour  ce  motif  que,  dans  la  vallée  du  Sous, 
au  lieu  d’aller  de  village  en  village  le  long  les  rives  du  fleuve,  noüs  avons  passé 
au  nord,  traversant  tantôt  des  forêts,  tantôt  des  prairies,  nous  tenant  sans  cesse  à 
l’écart  des  centres.  Du  col  d’Azrar  à  llir,  c’est  pour  éviter  les  campements  des  Ait 
Jellal,  situés  le  long  de  l’Ouad  S.  Mohammed  ou  Iaqob,  que  nous  avons  pris  par  le 
désert  d’Imi  n  Tels.  Les  Musulmans  de  ces  contrées,  quand  ils  voyagent  sans  anaïa 
et  sans  escorte  ont  deux  principes  :  marcher  de  nuit  dans  les  endroits  très  dan¬ 
gereux;  choisir  toujours  les  chemins  les  moins  fréquentés  et  les  plus  déserts. 

La  tribu  d’Azrar  que  j’ai  traversée  hier  est  une  petite  tribu  chleuha  indépendante. 

29  mars. 

Séjour  à  llir.  Pendant  la  nuit  que  j’ai  passée  dans  l’Azarar  Imi  n  Tels,  il  est  tombé, 
me  dit-on,  beaucoup  de  neige  au  Tizi  Azrar.  Ni  de  Tazenakht,  ni  d’Agni,  ni  du 
Sahara,  ni  de  chez  les  Ualen,  je  n’avais  aperçu  trace  de  neige  sur  le  Petit  Atlas;  de¬ 
puis  mon  départ  de  Mogador,  j’en  ai  remarqué  deux  fois  sur  sus  crêtes  :  c’étaient 
des  lils  blancs  à  peine  visibles  qui  rayaient  de  lignes  minces  deux  hautes  croupes , 
l’une  en  face  de  Taroudant,  vue  de  la  vallée  du  Sous,  l’autre  à  l’ouest  du  col  d’Az¬ 
rar,  distinguée  avant-hier. 


30  mars. 


D'Ilir  à  Vqqa  lien,  nous  avons  à  franchir  un  long  désert  appelé  KhtJa  Adnan. 


L>00 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Dangereux  toujours  et  pour  tous,  il  l’est  en  particulier  pour  le  Hadj;  on  y  passe  en 
vue  du  qçar  de  Tisenna  s  Amin,  en  ce  moment  en  guerre  avec  Agadir  Tisint.  Si  mon 
compagnon  tombait  aux  mains  de  ses  ennemis,  il  serait  perdu.  Aussi  notre  hôte 
fait-il  appel  à  ses  parents  et  amis,  et  c’est  avec  20  fusils  que  nous  gagnons  Aqqa  lren. 
Cette  escorte  est  gratuite  :  l’anaïa,  qui  se  vend  souvent  cher  aux  étrangers,  se  donne 
de  la  manière  la  plus  généreuse  aux  amis  :  dans  mon  voyage  de  Tisint  à  Mogador, 
et  de  Mogador  à  Tisint,  grâce  aux  connaissances  de  Ou  Addi  et  du  Hadj,  je  n’ai  pas 
eu  à  payer  ceux  qui  m’ont  escorté  :  accompagner  son  ami  jusqu’au  gîte  suivant 
ou  jusqu’en  lieu  sur  fait  partie  des  devoirs  de  l’hospitalité.  C’est  chose  toute  sim¬ 
ple  qui  se  fait  sans  qu’on  ait  besoin  de  la  demander. 

Départ  à  7  heures  du  matin.  D’Ilir  à  Aqqa  lren,  le  chemin,  suivant  d’abord  le 
cours  de  l’Ouad  S.  Mohammed  ou  Iaqob,  puis  celui  de  l’Ouad  Aqqa  lren,  traverse 
un  pays  uniforme  :  vallées  ou  plaines  à  sol  uni,  tantôt  sablonneux,  tantôt  pierreux; 
les  unes  et  les  autres  sont  enfermées  entre  des  parois  de  roche  noire  et 
luisante,  hautes,  escarpées,  nues.  Dans  les  fonds,  la  végétation  ne  manque  pas  : 
genêts  blancs  et  kemcha  dans  le  bassin  de  l’Ouad  S.  Mohammed  ou  Iaqob;  kem- 
cha,  aggaïa  el  melbina  dans  celui  de  l’Ouad  Aqqa  lren.  A  Aïoun  Cliikh  Mohammed 
Aqqa  lren  (maison  avec  une  source  et  quelques  jardins),  les  gommiers  appa¬ 
raissent;  delà  à  Aqqa  lren,  on  les  rencontre,  clairsemés  d’abord,  puis  de  plus  en 
plus  nombreux.  Les  rivières  sont  toutes  à  sec;  toutes  ont  des  lits  de  galets  de  40  à 
50  mètres  de  large.  Telle  est  la  triste  région  qu’on  appelle  le  désert  d’Adnan.  A 
3  heures  et  demie,  j’arrive  à  Aqqa  lren. 

Aqqa  lren  est  une  oasis  aussi  grande  que  celle  deQaçba  el  Djoua.  Elle  renferme  un 
seul  village,  Tabia  Aqqa  lren;  on  voit  dans  les  palmiers  les  ruines  d’une  seconde 
localité,  Agadir  Aqqa  lren,  aujourd’hui  abandonnée.  Tabia  compte  500  à  600  fusils; 
la  population  est  composée  de  Chellaha  et  surtout  de  Baratin  ;  elle  est  vassale  des 
Ida  ou  Blal.  Dans  cette  oasis,  le  sable  est  mélangé  de  roches  blanches  apparaissant 
à  (leur  de  sol;  le  terrain  est  blanc  ainsi  que  le  pisé  des  maisons. 

Je  reçois  ici  des  nouvelles  du  Sahara.  On  a  moissonné  vers  le  1er  mars.  La  ré¬ 
colte,  au  mader  comme  dans  les  champs  des  oasis,  a  été  superbe;  de  mémoire 
d’homme,  on  n’en  a  vu  plus  belle;  l’abondance  règne  partout  :  la  mesure  d’orge, 
qui  valait  1  fr.  50  à  mon  départ,  se  vend  20  centimes  aujourd’hui.  Pour  comble  de 
bonheur,  le  mader  a  été  inondé,  il  y  a  quelques  jours,  par  les  eaux  du  haut  Dra  :  on 
pourra  avoir  double  moisson  cette  année. 

31  mars. 


Si  l’abondance  règne  à  Tisint,  c’est  le  contraire  dans  le  moyen  cours  du  Dra  et 


DE  MOGADOIl  A  TISINT. 


201 


chez  les  Oulad  Iahia  :  une  famine  terrible,  dont  la  mauvaise  récolte  de  dattes  faite 
dans  le  Dra  l’automne  dernier  est  cause  en  partie,  sévit  dans  ces  régions  (1). 
700  tentes  des  Aït  Alouan  (Berâber),  chassées  par  la  disette,  sont  venues  s’établir 
entre  Tisint  et  Mrimima.  La  présence  de  ces  étrangers  rend  la,  Feïja  moins  sûre 
encore  qu’à  l’ordinaire;  ils  y  font  des  courses  continuelles  :  c’est  chaque  jour  un 
nouveau  pillage.  Nous  reprenons  notre  ancienne  méthode,  celle  des  marches  de 
nuit.  A  2  heures  du  matin,  nous  quittons  Aqqa  Iren  et,  traversant  cette  Feïja  au¬ 
jourd’hui  connue,  nous  nous  dirigeons  vers  Tisint.  Nous  entrons  à  7  heures  du 
matin  à  Agadir. 

Je  retrouvai  là  le  rabbin  Mardochée  qui  m’avait  fidèlement  attendu. 


(1)  En  traversant  le  Mezgita,  j’apprendrai  que  dans  tout  le  pays  de  Dra  le  qantar  (environ  45  kilogram¬ 
mes)  de  dattes  se  paie  50  mitkals,  alors  que  d’habitude  il  en  vaut  8. 


rkconnaissanc.i:  vu  n non. 


2  fi 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


202 


VIII. 


DE  TISINT  AU  DADES. 


1°.  —  DE  TISINT  A  TÀZENAKIIT. 

Après  de  nouveaux  mais  vains  efforts  pour  gagner  le  Dra  en  passant  par  Zgid, 
je  me  décidai  à  y  aller  par  une  autre  voie,  celle  de  Tazenaklit.  La  route  de  Zgid, 
difficile  en  tous  temps,  était  impraticable  par  suite  de  la  famine  qui  sévissait 
dans  la  contrée;  je  ne  trouvai  personne  qui  voulût  se  charger  de  m’v escorter.  Obligé 
de  passer  par  Tazenaklit,  où  j’avais  déjà  fait  un  long  séjour,  je  tins  à  prendre, 
pour  y  retourner,  un  chemin  différent  de  celui  que  j’avais  suivi  cinq  mois  aupa¬ 
ravant.  Des  trois  routes  qui  existent  entre  Tisint  et  Tazenaklit,  j’avais  pris  à  l’aller 
la  plus  orientale,  celle  du  Tizi  Agni;  je  choisis  cette  fois  la  plus  à  l’ouest,  celle 
du  Tizi  il  Haroun. 

fi  avril  1884. 

Départ  d’Agadir  à  minuit.  Le  Hadj,  un  de  ses  frères  et  un  de  ses  cousins  m’escor¬ 
tent.  Mardochée  est  avec  moi;  je  ne  me  séparerai  pl us  de  lui  d’ici  à  Lalla  Marnia. 
Je  traverse  la  Feija  en  passant  auprès  des  ruines  d’Imazzen,  qçar  abandonné.  11  ne 
me  reste  rien  à  dire  sur  cette  plaine  :  toujours  mêmes  sables,  mêmes  gommiers. 
J’en  sors  en  remontant  l’Ouad  Aginan  depuis  le  point  où  il  y  débouche.  Il  a 
100  mètres  de  large;  lit  de  galets,  à  sec.  Le  fond  de  la  vallée  est  un  sol  pierreux, 
semé  de  gommiers;  de  400  mètres  de  large  d’abord,  il  se  rétrécit  par  de¬ 
grés;  en  même  temps  les  flancs,  talus  de  roche  noire  peu  élevés  au  début,  devien¬ 
nent  hauts  et  escarpés.  De  l’Ouad  Aginan,  je  passe  à  un  de  ses  affluents,  l’Ouad 
lkis,  appelé  aussi  Ignan  n  Ikis,  que  je  remonte  à  son  tour.  Vallée  identique,  mais 
plus  étroite.  Au  bout  de  quelque  temps,  le  fond  se  remplit  de  cultures  et  de  dat¬ 
tiers  :  un  filet  d’eau  apparaît;  c’est  Tamessoult  :  bientôt  j’arrive  aux  maisons.  Je  fais 
halte.  Il  est  7  heures  du  matin. 

Tamessoult  est  un  gros  village,  construit  en  pierre  à  mi-côte  du  flanc  gauche  de 
l’Ouad  lkis,  à  une  assez  grande  hauteur  au-dessus  de  son  lit.  Au  milieu  se  dresse  la 


DE  TISINT  AU  DADES. 


203 

zaouïa  de  S.  Abel  er  Rahman,  vaste  bâtiment  dominé  par  un  donjon  :  c’est  là  que 
je  suis  descendu.  Le  marabout  qui  y  réside  est  un  homme  puissant  :  il  a  pour  ser¬ 
viteurs  religieux  les  districts  et  les  tribus  de  la  montagne  à  30  ou  40  kilomètres  à  la 
ronde;  son  influence  s’étend  jusque  sur  les  Zenâga.  Ici  je  me  sépare  de  ceux  qui 
m’ont  amené  d’Agadir  :  S.  Abd  er  Rahman  me  donne  une  escorte  de  trois  hommes 
qui  me  conduira  chez  les  Zenâga;  elle  m’y  remettra  entre  les  mains  d’un  des 
grands  personnages  de  la  tribu,  Abd  Allah  d  Ait  Taleb.  Celui-ci,  pour  qui  on  me 
donne  une  lettre,  m’accompagnera  à  son  tour  jusqu’à  Tazenakht.  Je  fais  mes  adieux 
au  Hadj  Bou  Rhim  ;  ce  n’est  pas  sans  émotion  que  je  quitte  cet  homme,  qui  a 
été  si  bon  pour  moi,  avec  qui  je  viens  de  vivre  durant  trois  mois,  et  que  je  ne  re¬ 
verrai  peut-être  jamais. 

Départ  de  Tamessoult  à  10  heures.  Je  remonte  d’abord  la  rive  gauche  de  l’Ouad 
Ikis  à  flanc  de  coteau.  Chemin  rocheux,  difficile.  Le  cours  d’eau  est  à  mes  pieds  :  le 
lit,  rempli  de  palmiers,  a  40  mètres  de  large;  il  occupe  tout  le  fond  de  la  vallée,  et 
coule  entre  deux  parois  de  roche  verticales  de  10  mètres  d’élévation.  Au-dessus  ap¬ 
paraissent  quelques  cultures  en  escaliers,  semées  de  quantité  de  cellules  en  pierre 
destinées  aux  abeilles;  puis  s’élèvent  des  flancs  de  roche  jaune,  hauts,  escarpés  et 
nus.  Au  bout  de  40  minutes,  l’ouad  sort  de  cette  gorge  et  traverse  une  petite  plaine 
déserte;  sol  pierreux;  genêts  blancs  et  seboula  el  far  :  cette  dernière  plante  atteint 
40  à  50  centimètres  de  hauteur.  De  là,  la  rivière  rentre  dans  la  montagne  où  elle 
coule  dans  un  ravin  désert  :  le  fond  en  a  50  à  60  mètres  de  large  dont  15  occupés  par 
le  lit;  celui-ci  est  à  sec  et  couvert  de  galets;  le  reste  est  pierreux  avec  de  rares  ge¬ 
nêts  blancs;  flancs  très  élevés,  très  raides,  de  roche  jaune.  Je  chemine  le  long  du 
cours  d’eau  jusqu’à  1  heure;  à  ce  moment,  on  le  voit  se  garnir  de  palmiers  :  un  qçar 
apparaît  sur  sa  rive  droite;  c’est  Ikis,  dernier  point  habité  de  son  cours.  Là,  le  che¬ 
min  quitte  les  bords  de  l’ouad  pour  gravir  le  flanc  gauche  :  celui-ci  est  formé  par 
un  haut  massif  très  escarpé  connu  sous  le  nom  de  Djebel  Anisi;  il  me  faut  deux 
heures  pour  parvenir  à  son  sommet  :  c’est  un  des  passages  les  plus  pénibles  que 
j’aie  rencontrés  dans  mon  voyage.  On  ne  peut  marcher  qu’à  pied;  le  chemin,  long 
escalier,  s’élève  en  serpentant  entre  des  précipices  immenses  et  des  parois  à  pic;  le 
massif  est  tout  roche  :  murailles  de  couleur  tantôt  jaune,  tantôt  rosée.  Bien  que  le 
sol  paraisse  n’ètre  que  pierre,  une  foule  de  petites  plantes,  herbes  et  fleurs,  crois¬ 
sent  au  bord  du  chemin,  entre  les  fissures  du  roc.  A  3  heures,  je  parviens  à  une 
crête;  devant  moi  s’étend  un  plateau  étroit  et  pierreux  avec  de  rares  touffes  d’halfa; 
ce  plateau,  que  je  parcours,  ne  tarde  pas  à  se  changer  en  une  côte  inclinée  vers  le 
nord;  je  descends,  et  je  me  retrouve  sur  les  bords  de  l’Ouad  Ikis.  11  n’a  que  20  mè¬ 
tres  de  large;  son  lit,  galets  desséchés,  occupe  toute  la  largeur  d’un  ravin;  celui-ci 
a  des  flancs  d’élévation  moyenne,  pierreux,  raides,  tapissés  d’halfa.  Il  coule  ainsi 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


204 

durant  quelque  temps,  puis  les  hauteurs  s’abaissent,  la  vallée  s’élargit,  et  tout  à 
coup  on  se  trouve  sur  un  plateau.  Plus  de  montagnes,  plus  de  rochers  :  une  sur¬ 
face  plane,  à  peine  ondulée,  est  couverte  d’épaisses  touffes  d’halfa.  Le  terrain  est 
mi-sable,  mi-pierre;  la  rivière  serpente  entre  des  flancs  en  pente  très  douce  d’une 
trentaine  de  mètres  d  élévation;  çà  et  là,  seuls  accidents,  des  buttes  rocheuses 
isolées,  hautes  de  50  ou  00  mètres,  dressent  leur  tête  noire  au-dessus  des  ondu¬ 
lations  vertes  du  sol.  De  temps  à  autre,  on  rencontre  un  campement  de  bergers 
Zenâga  :  ils  viennent  s’installer  ici  durant  une  partie  de  l’année,  construisant  des 
huttes  de  pierres  sèches  et  faisant  paître  leurs  troupeaux  aux  alentours.  A  7  heures 
du  soir,  je  m’arrête  à  une  de  ces  stations  pour  y  passer  la  nuit.  Pendant  la  dernière 
portion  de  la  route,  l’Ouad  Ikis  avait  20  mètres  de  large;  le  lit,  mi-sable,  mi-galets, 
en  était  parsemé  de  flaques  d’eau.  Durant  cette  journée,  aucun  voyageur  ne  s’est 
rencontré  sur  mon  chemin. 


/  avril. 


Vue  prise  du  Tizi  n  Haroun,  dans 

la  direetion  du  nord.  (Les  montagnes  ombrées  sont  couvertes  de  neige.) 
Croquis  de  l’auteur. 


Départ  à  7  heures  du  matin.  Je  chemine  quelque  temps  sur  le  plateau  où  j’étais 

hier  soir;  puis,  laissant  et  la 
Djebei  siroua.  plaine  et  l’halfa,  je  m’engage 

dans  un  ravin  étroit  ,  à  flancs 
escarpés  de  roche  noire  et 
luisante  :  montée  courte,  mais 
raide  ;  à  8  heures,  j’atteins  un 
col,  Tizi  n  Haroun  :  là  passe 
la  ligne  de  faite  du  Petit  Al¬ 
las;  je  la  franchis  pour  la 
quatrième  fois.  Un  chemin 
très  difficile,  au  milieu  d’énormes  rochers,  me  conduit  dans  un  profond  ravin;  je 
le  descends  quelques  instants,  d'immenses  murailles  noires  suspendues  au-dessus 

de  ma  tète  :  bientôt  j’en 


aperçois  la  bouche,  où 
s’élève  le  riant  village  de 
Takdicht  :  plus  loin ,  on 
distingue,  s’étendant  à 
perte  de  vue ,  la  plaine  des 
Zenâga.  A  9  heures  et 


Portion  do  la  plaine  des  Zenâga. 

(Vue  prise  do  Takdicht,  dans  la  direction  do  l’est.) 
Croquis  do  l’auteur. 


demie,  j’arrive  à  Takdicht; 

c est  la  résidence  d  Abd  Allah  d  Ait  Taleb ;  sa  maison,  tirremt  aux  tourelles  de  pisé 
découpé  et  couvert  de  moulures,  rappelle  les  gracieuses  demeures  des  environs  du 


DK  TISINT  AU  DADES. 


Ü05 

Dra.  J  y  suis  bien  reçu  par  Abel  Allah  :  il  ne  me  cache  pas  que  j'ai  eu  un  rare 
bonheur  d’arriver  jusqu’à  lui  avec  une  si  faible  escorte  et  des  gens  inconnus  :  si  lui 
ou  ses  fils  m’avaient  rencontré  en  route,  ils  m’eussent,  dit-il,  indubitablement  pillé. 
Maintenant  que  je  suis  entré  dans  sa  maison  et  que  je  lui  ai  remis  une  lettre  de 
S.  Abd  er  Rahman,  il  ne  voit  en  moi  qu’un  hôte  recommandé  par  son  ami  :  je  suis 
le  bienvenu,  et  demain  il  me  conduira  eu  personne  à  destination. 


8  avril. 


A  8  heures  du  matin,  Abd  Allah  monte  à  cheval  ;  nous  partons.  Me  voici  traversant 
pour  la  seconde  fois  cette  belle  plaine  des  Zenâga;  rien  à  en  dire  de  nouveau;  telle 
je  l’ai  vue  dans  sa  portion  orientale,  telle  je  la  retrouve  ici  :  même  sol  uni  comme 
une  glace,  excellente  terre  dont  une  partie  est  cultivée,  dont  la  totalité  pourrait 
l’être.  Le  talus  qui  borde  la  plaine  à  l’ouest,  est  pareil  à  celui  qui  la  limite  à  l’est  : 
muraille  de  roche  noire  et  luisante,  perpendiculaire  dans  le  haut,  en  pente  adoucie  et 
couverte  de  pierres  vers  le  pied.  Je  passe  auprès  de  plusieurs  villages  et  qçars;  le 
plus  remarquable  est  Azdif ,  où  la  résidence  du  chikli  est  une  forteresse  entourée  de 
plusieurs  enceintes,  hérissée  d’une  foule  de  tours;  elle  est  en  pisé,  comme  tou¬ 
tes  les  constructions  des  Zenâga,  et 


Azdif.  (Vue  prise  du  chemin  de  Tnkdicht  à  Ta/emiklit.) 
Croquis  de  l’auteur. 


ami  :  il  m’amène  à  El  Aïn,  va  trouver  S 
qui  appartient  le  qçar,  lui  demande  une  < 
près  m’avoir  vu  partir  pour  Tazenakht 


ornée  avec  élégance.  Je  rencontre  aussi 
plusieurs  zaouïas.  Mon  zetat,  me  conduit 
jusqu’au  delà  des  limites  des  Zenâga; 
là  s’arrête  son  pouvoir  :  sorti  de  sa  tribu, 
sa  protection  cesse  d’être  efficace.  Ce¬ 
pendant  il  ne  m’abandonne  pas;  il  fait 
honneur  jusqu’au  bout  à  la  lettre  de  son 
.  Hamed  ou  Abd  er  Rahman,  marabout  à 
ïscorte  pour  moi,  et  ne  quitte  El  Aïn  qu’a- 
accompagné  par  l’esclave  de  confiance  de 


S.  Hamed. 

D’El  Aïn  à  Tazenakht,  une  seule  chose  à  signaler  :  les  régions  pierreuses  qui  s’é¬ 
tendent  au  nord  del’Ouad  Timjijt,  et  que  j’ai  trouvées  nues  il  y  a  cinq  mois,  sont  au¬ 
jourd’hui  couvertes  de  seboula  el  far.  C’est  pendant  ce  trajet  que  je  fais  la  rencon¬ 
tre  de  l’Azdifi,  racontée  plus  haut.  A  4  heures,  j’arrive  à  Tazenakht. 

Sauf  l’Azdifi,  je  n’ai  vu  sur  la  route  aucun  voyageur.  Les  principaux  cours  d’eau 
traversés  sont  :  l'Ouad  Tiouiin  (lit,  moitié  sable,  moitié  gravier,  de  20  mètres  de 
large;  à  sec;  berges  de  0m, 50  de  hauteur);  l’Ouad  Timjijt  (20  mètres  de  large;  lit  de 


sable:  à  sec). 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


206 


2°.  —  DE  TAZENAKHT  AU  MEZGITA. 


Pas  d’obstacle  qui  ne  se  dresse  pour  m’empêcher  de  gagner  le  Dra.  En  arrivant  à 
Tazenakht,  j’apprends  que  la  route  du  Mezgîta  est  coupée.  La  guerre  vient  d’éclater, 
sur  son  parcours,  entre  le  qçar  de  Tasla  et  les  Ait  Hammou,  fraction  des  Oulad 
Iahia  limitrophe  du  Mezgîta.  Ces  derniers  firent  une  razia  de  200  tètes  de  bétail  sur 
les  gens  de  Tasla,  qui  aussitôt  appelèrent  à  leur  secours  leur  allié  le  Zanifi;  Chikh 
Abd  el  Ouahad  tomba  ces  jours-ci  sur  les  Ait  Hammou,  leur  tua  10  hommes  et  prit 
150  animaux.  Voici  Tazenakht  en  guerre  avec  la  tribu  qu’on  traverse  pour  aller  au 
Dra  :  aucun  habitant  ne  peut  me  servir  de  zetat  sur  ce  chemin.  C’est  jouer  de  mal¬ 
heur,  car  d’ordinaire  cette  voie  ne  présente  point  de  difficulté  :  sous  la  protection 
des  chikhs  de  Tazenakht,  on  la  prend  avec  sécurité;  des  caravanes  la  sillonnent 
sans  cesse.  Avec  les  événements  présents,  je  ne  sais  quand  je  pourrai  partir. 

Après  quatre  jours  d’attente,  je  trouve  un  zetat;  c’est  un  homme  des  Ait  Ham¬ 
mou  qui  vient  d’arriver;  il  se  charge  de  me  conduire  au  Mezgîta  :  lui-même  est 
ici  en  pays  ennemi;  il  n’a  pu  entrer  qu’avec  une  anaïa  et  ne  saurait  passer  par  Tasla  : 
nous  ferons  un  détour;  nous  prendrons  par  le  désert  jusqu’au  territoire  de  sa  tribu, 
et  traverserons  de  nuit  la  région  la  plus  dangereuse. 


13  avril. 


Départ  à  1  heure  de  l’après-midi.  Je  gagne,  par  le  chemin  connu,  la  vallée  de 
l'Ouad  Ait  Tigdi  Ouchchen ;  je  la  remonte  jusqu’à  peu  de  distance  de  Tislit.  Là,  je 
la  laisse  et  me  jette  dans  le  massif  rocheux  qui  en  forme  le  flanc  droit.  Pendant  une 
heure,  je  chemine  en  terrain  montueux,  succession  de  ravins  à  sec  et  de  côtes  pier¬ 
reuses,  sans  autre  végétation  qu’un  peu  de  seboula  el  far.  A  4  heures  et  demie, 
le  pays  change  :  un  vaste  plateau  étend  ses  ondulations  légères;  un  tapis  de  seboula 
el  far  garnit  les  fonds;  les  parties  hautes  sont  des  blocs  de  roche  noire  et  luisante 
émergeant  çà  et  là  de  la  terre  verte.  Je  marche  sur  ce  plateau  pendant  la  fin  de  la 
journée  :  il  demeure  le  même,  sol  plat,  pierreux,  garni  de  verdure.  A  minuit,  nous 
nous  arrêtons.  La  zone  dangereuse  pour  mon  zetat  est  passée;  nous  pouvons  sans 
inquiétude  nous  reposer  jusqu’au  matin.  Le  point  où  nous  faisons  halte  est  au  pied 
d’une  haute  arête  rocheuse ,  le  Djebel  Tifernin.  J’ai  rencontré  beaucoup  de  monde 
dans  la  vallée  de  l'Ouad  Ait  Tigdi  Ouchchen  et  dans  la  montagne  :  à  dater  de  l’heure 
où  j'ai  quitté  cette  dernière,  je  n’ai  aperçu  personne;  dans  les  commencements,  on 
distinguait  un  troupeau  de  loin  en  loin;  puis  on  n’a  plus  rien  vu.  L’Ouad  Tazenakht 


DE  TIS1NT  ALI  DA  DES. 


207 

avait  aujourd’hui  6  mètres  d’eau  courante  au  point  où  je  l’ai  franchi.  Sur  le  pla¬ 
teau,  trois  rivières  de  quelque  importance.  La  première  a  un  lit  de  sable  avec  de  nom¬ 
breuses  tlaques  d'eau;  elle  coule  au  fond  d’une  tranchée  de  300  mètres  de  large,  en 
contre-bas  du  sol  environnant,  séparée  de  lui  par  deux  parois  de  roche  verticales, 
hautes  de  10  mètres.  La  seconde  a  son  cours  au  niveau  du  plateau;  le  lit  en  est  sa¬ 
blonneux,  large  de  15  mètres,  avec  4  mètres  d’eau.  La  troisième  a  un  lit  de  20  mè¬ 
tres,  resserré  entre  deux  berges  de  pierre  de  12  mètres;  elle  a 4  mètres  d’eau  courante. 


14  avril. 

Départ  à  5  heures  du  matin.  Je  gravis  le  Djebel  Tifernin,  arête  de  roche  nue  iso¬ 
lée  au  milieu  du  plateau  :  c’est  la  ligne  de  faite  du  Petit  Atlas.  J’en  atteins  le  som¬ 
met  à  5  heures  et  demie,  et  je  le  passe  à  un  col  situé  peu  au-dessous  du  niveau  gé¬ 
néral  des  crêtes,  Tizi  Tifernin.  Aucune  largeur  au  col;  je  descends  l’autre  versant  : 
la  descente  est  difficile,  comme  l’avait  été  la  montée;  le  chemin  serpente  entre  de 
grands  rochers  gris.  Au  bout  de  quelque  temps,  les  pentes  s’adoucissent  et  se  cou¬ 
vrent  d’halfa  et  de  seboula  el  far;  elles  me  conduisent  à  une  vallée  bordée  d’une 
petite  chaîne  rocheuse  où  apparaît  un  col.  Je  traverse  la  première  et  je  gagne  le 
col.  Celui-ci,  Tizi  n  Omrad,  se  trouve  au  fond  d’une  brèche  perçant  jusqu’au  pied 
la  montagne;  il  est  presque  au  niveau  du  thalweg  qu’on  vient  de  franchir.  Après 
l’avoir  passé,  je  descends  par  un  ravin  étroit  et  rocheux  vers  le  qçar  de  Tesaouant, 
qui  se  voit  dans  le  bas  au  milieu  d’une  large  vallée.  Chemin  difficile,  serpentant  à 
mi-côte;  les  tlancs  du  ravin  sont  de  roche  jaune,  très  escarpés;  verdure  et  fleurs 
dans  le  fond.  Le  versant  sud  de  la  chaîne  est  beaucoup  plus 
long  que  le  versant  nord  :  il  me  faut  une  heure  pour  en 
atteindre  le  pied.  En  y  parvenant,  je  me  trouve  dans  la 
vallée  de  l’Ouad  Tamtsift.  Une  côte  en  pente  douce,  à  sol 
pierreux  couvert  de  seboula  el  far,  m’amène  au  bord  de  la  rivière,  où  est  bâtie  Te¬ 
saouant.  J’entre  à  8  heures 
un  quart  du  matin  dans  le 
qçar.  Mon  zetat  nie  conduit 
à  sa  maison. 

Tesaouant  est  un  petit 
qçar  appartenant  aux  Ait 
Hammou,  fraction  impor¬ 
tante  des  Oulad  Iahia;  il  est 
bâti  suivant  le  modèle  des  constructions  du  Dra,  en  pisé,  avec  une  foule  de  mou¬ 
lures  et  d’ornements  couvrant  ses  murs,  de  tours  et  de  tourelles  dominant  ses  ter- 


Tesaouant.  (Vue  prise  du  nord-est.) 
Croquis  de  l’auteur. 


208 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


rasses.  Des  plantations  de  dattiers,  produisant  des  bon  feggouç,  comme  celles  de 
Tasla,  l’entourent  de  deux  côtés;  elles  sont  situées  sur  les  rives  de  l’Ouad  Tamtsift, 
qui  coule  à  quelques  pas  de  l’enceinte.  La  rivière  est  presque  au  niveau  du  pied 
des  maisons;  le  lit,  de  galets,  large  de  60  mètres,  bordé  de  berges  de  50  centi¬ 
mètres  de  haut,  est  à  sec.  Des  puits  et  des  canaux  alimentent  le  qçar.  En  ce  mo¬ 
ment,  ce  dernier  est  désert  :  les  habitants  sont  dispersés  aux  environs,  vivant  sous 
des  huttes  de  roseaux  et  faisant  paître  leurs  troupeaux. 


15  avril. 


Départ  à  9  heures  du  matin.  Jusqu’à  mon  arrivée  au  Mezgîta,  je  suivrai  le  cours 
de  l’Ouad  Tamtsift.  La  coupe  de  la  vallée  varie  durant  le  trajet  :  le  fond  est  plus  ou 
moins  large;  la  rivière  coule  tantôt  au  pied  du  flanc  droit,  tantôt  au  pied  du  gauche; 
mais  les  caractères  essentiels  se  conservent  :  le  flanc  gauche  est  beaucoup  plus  élevé 
que  le  droit;  il  est  de  roche  jaune;  la  pente  générale  en  semble  de  rapidité  moyenne; 
on  y  voit  de  loin,  çà  et  là,  des  bouquets  de  palmiers  poussant  au  fond  des  ravins. 
Le  flanc  droit  est  formé  de  roche  noire  et  luisante;  il  n’est  pas  très  raide;  de  forme, 
de  composition  et  de  couleur,  il  rappelle  Djebel  Mheïjiba;  comme  lui,  il  est,  dit-on, 
riche  en  minerais.  Entre  ces  deux  talus  s’étend  une  vallée  faite  de  deux  côtes 
en  pente  douce,  s’allongeant  des  pieds  des  flancs  aux  bords  de  la  rivière;  quelque¬ 
fois  elles  ne  parviennent  pas  jusque-là,  et  un  espace  plat  les  sépare;  cette  partie 
centrale,  lorsqu’elle  existe,  est  un  ruban  de  verdure,  herbages,  broussailles,  ta- 
marix  et  jujubiers  sauvages,  au  milieu  desquels  serpente  l’ouad;  les  côtes,  au  con¬ 
traire,  sont  pierreuses;  le  sol  s’y  couvre  de  melbina,  de  seboula  el  far  et  de  gert;  en 
approchant  du  Mezgîta,  on  voit  quelques  gommiers.  Je  passe  par  deux  lieux  habités; 
ils  diffèrent  d’importance  :  l’un,  le  village  d’Ida  ou  Genad,  se  compose  de  quelques 
huttes  en  pierres  sèches  disposées  sans  ordre  auprès  d’une  petite  oasis;  l’autre, 
Ourika,  est  un  qçar  situé  sur  la  rive  gauche  de  la  rivière,  dont  le  lit,  mais  le  lit  seul, 
se  remplit  en  ce  point  de  palmiers.  Il  y  a  une  autre  Ourika  à  peu  de  distance  au  nord 
de  celle-ci;  je  n’ai  pu  la  voir,  cachée  qu’elle  était  par  un  pli  de  terrain  :  ces  deux 
localités  portent  le  nom  collectif  d’Iouriken;  elles  sont  comptées  du  Mezgîta.  A  Ou¬ 
rika,  l’Ouad  Tamtsift,  qui  possédait  déjà  un  peu  d’eau  à  Ida  ou  Genad,  a,  outre 
plusieurs  canaux,  4  mètres  d’eau  courante  dans  son  lit.  D’Ourika  on  aperçoit  le 
Mezgîta  :  ce  n’est  encore  qu’une  ligne  noire  de  dattiers,  s’allongeant  au  pied  d’une 
haute  chaîne  de  montagnes,  et  barrant  devant  moi  la  vallée  où  je  marche.  D’ici  là, 
le  chemin  est  désert  et  la  végétation  diminue;  plus  ni  tamarix  ni  jujubiers  sau¬ 
vages,  plus  même  de  seboula  el  far;  des  touffes  de  melbina  seulement,  et  de  rares 
gommiers;  le  sol  cesse  d’être  pierreux  et  devient  sablonneux  et  blanc. 


DE  TISINT  AU  DADES. 


Ü09 


A  1  heure,  j’arrive  à  l’Ouacl  Dra.  La  vallée  apparaît  comme  une  bancle  verte 
serpentant  entre  deux  chaînes  de  montagnes  :  à  mes  yeux  s’étendent  des  palmiers 
innombrables,  mêlés  de  mille  arbres  fruitiers;  entre  les  branches,  on  aperçoit, 
de  distance  en  distance,  un  ruban  d’argent,  les  eaux  du  fleuve;  une  foule  de 
qçars,  masses  brunes  ou  roses  hérissées  de  tourelles,  s’échelonnent  à  la  lisière 
des  plantations  et  sur  les  premières  pentes  des  flancs.  Ceux-ci  sont  :  à  gauche, 


Ouad  Dra,  dans  le  Mezgitn.  (Vue  prise  d’Ouriz,  dans  la  direction  du  nord.) 
Croquis  de  l’auteur. 


les  parois  tourmentées  et  escarpées,  pleines  de  crevasses  et  de  cavernes,  du 
Kisan,  chaîne  nue  de  roche  rose,  de  200  à  300  mètres  de  hauteur;  à  droite,  un 
talus  de  pierre  noire  et  luisante,  aux  crêtes  uniformes,  aux  surfaces  lisses,  aux 
côtes  raides;  il  s’appelle  Ivoudia  Oulad  labia;  il  a  150  à  200  mètres  d’élévation. 
Entre  ces  deux  murailles  s’étend  le  fond  de  la  vallée,  surface  de  1  200  à  I  800  mè¬ 
tres  de  large,  couverte  de  sable  fin,  et  unie  comme  une  glace;  au  milieu  coule  l’Ouad 
Dra,  sur  un  lit  de  sable  sans  berges,  presque  au  niveau  du  sol  voisin,  qu’il 
inonde  dans  ses  crues;  le  lit  a  une  largeur  moyenne  de  150  mètres,  dont  00  à  100 
toujours  remplis  d’eau.  Sur  ses  rives,  le  fond  de  la  vallée  esl  un  jardin  enchan¬ 
teur  :  figuiers,  tciqqaïout  (1),  grenadiers  s’y  pressent  ;  ils  confondent  leur  feuillage 

(1)  Le  taqqaïout  se  trouve  en  abondance  dans  plusieurs  oasis,  et  surtout  dans  celles  des  bassins  du 
Dra  et  du  Ziz.  ("est  un  arbre  atteignant  d’assez  fortes  dimensions  et  ayant,  par  son  feuillage  et  sa  fleur,  beau¬ 
coup  d’analogie  avec  le  tamarix;  le  fruit  en  sert  à  la  teinture  des  belles  peaux  qu’on  prépare  si  bien  dans  le 

27 


Il KCONX A 1  SS VNCE  \U  MAROC. 


210 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


et  répandent  sur  le  sol  une  ombre  épaisse;  au-dessus  se  balancent  les  hauts  pana¬ 
ches  des  dattiers.  Sous  ce  dôme,  c’est  un  seul  tapis  de  verdure  :  pas  une  place  nue; 
la  terre  n’est  que  cultures,  que  semis;  elle  est  divisée  avec  un  ordre  minutieux  en 
une  infinité  de  parcelles,  chacune  close  de  murs  de  pisé;  une  foule  de  canaux  la 
sillonnent,  apportant  l’eau  et  la  fraîcheur.  Partout  éclate  la  fertilité  de  ce  sol  bien¬ 
faisant,  partout  se  reconnaît  la  présence  d’une  race  laborieuse,  partout  apparaissent 
les  indices  d’une  population  riche  :  à  côté  des  céréales,  des  légumes  poussant  sous 
les  palmiers  et  les  arbres  à  fruits,  se  voient  des  tonnelles  garnies  de  vigne,  des 
pavillons  en  pisé,  lieux  de  repos  où  l’on  passe,  dans  l’ombre  et  la  fraîcheur,  les 
heures  chaudes  du  jour.  Telle  est,  depuis  le  pied  des  parois  de  roche  qui  la  bor¬ 
dent  ,  toute  la  vallée  du  Dra,  jardin  merveilleux  de  150  kilomètres  de  long.  Une 
foule  innombrable  de  qçars  s’échelonnent  sur  les  premières  pentes  des  deux  flancs  : 
peu  sont  dans  la  vallée,  autant  par  économie  d’un  sol  précieux  que  par  crainte  des 
inondations.  Ils  ont  tous  ce  caractère  d’élégance  qui  est  particulier  aux  constructions 
du  Dra;  point  de  murs  qui  ne  soient  couverts  de  moulures,  de  dessins,  et  percés  de 
créneaux  blanchis;  de  hautes  tirremts,  des  tours  s’élèvent  de  toutes  parts;  les  maisons 
les  plus  pauvres  même  sont  garnies  de  clochetons,  d’arcades,  de  balustrades  à  jour.  Un 
des  principaux  de  ces  qçars,  la  capitale  du  Mezgîta,  Tamnougalt,  est  mon  but  d’au¬ 
jourd’hui.  J’y  arrive  à  2  heures  et  demie,  en  cheminant  à  l’ombre  des  grands  arbres. 

Avant  d’y  entrer,  j’ai  traversé  l'Ouad  Dra;  on  ne  peut  le  franchir  partout  :  il  faut 
prendre  les  gués.  Celui  où  je  l’ai  passé  présentait  une  nappe  d’eau  de  120  mètres  de 
large,  avec  GO  à  70  centimètres  de  profondeur.  Le  fond  était  de  sable,  les  eaux 
jaunes,  fraîches  et  bonnes..  Courant  rapide. 

Tamnougalt  est  un  beau  qçar,  résidence  d’Abd  er  Rahman  ben  El  Hasen,  chikli 
héréditaire  du  Mezgîta,  et  capitale  de  ce  district.  Elle  est,  comme  tout  le  Dra,  peuplée 
exclusivement  de  Haratîn.  J’y  séjournerai  quelques  jours  avant  de  prendre  ma 
course  vers  le  Dâdes. 

Le  Mezgîta  se  compose  de  la  bordure  de  cultures  et  de  qçars  qui  garnit  les  deux 
rives  de  l’Ouad  Dra  dans  la  région  où  je  me  trouve  ;  il  ne  s’étend  pas  au  delà  de  la 
vallée  propre  du  fleuve.  C’est  une  bande  longue  et  étroite,  qui  n’a  jamais  plus  de 
2  kilomètres  de  large.  11  en  est  de  même  des  autres  districts  du  Dra,  sans  excep¬ 
tion  :  T  Ait  Seddrât,  T  Ait  Zeri,  le  Tinzoulin,  le  Ternata,  le  Eezouata,  le  Qtaoua, 
El  Mhamid  sont  identiques;  tels  d’entre  eux  ne  se  composent  même  que  de  la  demi- 
vallée  du  fleuve.  Ce  sont,  comme  le  Mezgîta,  des  tronçons  plus  ou  moins  grands 
de  cette  longue  ligne  verte  qui  serpente  dans  le  Sahara,  et  qu’on  appelle  le  pays 

Sahara  Marocain.  .1  ai  toujours  entendu  appeler  l'arbre,  comme  le  fruit,  taqqaïout.  D'après  des  renseignements 
<pie  m'a  communiqués  M.  Pilard,  ce  serait  un  abus  :  selon  lui,  le  vrai  nom  de  l'arbre  est  qbda,  et  en  quelques 
points  telaia;  le  fruit  seul  s’appellerait  taqqaïout,  ou  mieux  tcggauut. 


LEE  DE  L'OUAD  DRA._VUE  DE  TAMNOUG. 


DE  TISINT  AU  DADES. 


■2 11 

de  Dra.  Celui-ci  est  donc  une  ligne  :  le  nom  11e  s’en  applique  qu’à  la  vallée  propre 
de  l’Ouad  Dra,  c’est-à-dire  aux  500  mètres  de  dattiers  qui,  du  Mezgita  à  El  Mhamid, 
bordent  chaque  rive.  Nulle  part  la  bande  ne  s’étend  davantage.  Au-dessous  du  Tin- 
zou  lin,  les  hautes  montagnes  qui  la  resserrent  jusque-là  s’écartent  par  degrés,  et  le 
Dra  finit  par  couler  en  plaine;  mais  le  ruban  de  palmiers  et  de  cultures  11e  s’élargit 
pas  :  il  reste  toujours  ce  qu’il  est  ici.  11  y  a  loin  de  cette  ligne  aux  vastes  territoires 
marqués  sur  nos  anciennes  cartes.  J’observerai  le  même  fait  pour  les  autres  oasis 
que  je  verrai  :  le  Todra,  le  Ferkla,  le  Reris,  les  divers  districts  du  Ziz,  11e  sont  pas 
différents.  Ce  sont  des  lignes. 


3°.  —  I)U  MEZGITA  AU  DADES. 

■ 

20  avril. 

Il  y  a  quatre  chemins  principaux  pour  aller  du  haut  Dra  à  l’Ouad  Dâdes;  ce  sont: 

1°  Triq  Idili.  —  Il  part  de  Tiniril,  qçar  d’Afella  11  Dra,  traverse  l’Ouad  Aqqa  el  Medfa 
(se  jetant  dans  l’Ouad  Dâdes  sur  le  territoire  des  Imerrân),  puis  l’Ouad  Tanzit,  et 
aboutit  au  pays  des  Imerrân  :  deux  jours  de  chemin,  sans  cesse  dans  le  désert.  O11 
passe  la  nuit  au  bord  de  l’Ouad  Aqqa. 

2°  Triq  Anfoug  (appelé  aussi  Triq  Tcigzart).  —  11  part  d’entre  Afra  et  Ta  11 
Amelloul,  franchit  successivement  les  ouads  Aqqa  el  Medfa,  Tanzit  el  Aqqa  11  Ourel- 
laï,  et  aboutit  à  volonté  dans  le  Dâdes  ou  chez  les  Imerrân  :  deux  jours  de  chemin, 
dans  le  désert.  O11  passe  la  nuit  au  Djebel  Anfoug. 

3°  Trig  Iril  n  Oittôb.  —  C’est  celui  que  je  prendrai. 

4U  Triq  Tilqü.  — -  Il  part  d’Aït  Abd  Allah  (Ait  Seddrât),  traverse  le  Kliela  Tilqit  <>t 
débouche  dans  le  Dâdes  à  Ait  Aqqa  ou  Ali  (Zaouïa  Sidi  Dris)  :  deux  jours  de  marche, 
sans  sortir  du  désert.  On  franchit  l’Ouad  Tagmout  à  mi-route  et  on  passe  la  nuit  sur 
ses  bords. 

Ces  chemins  traversent  tous  quatre  un  vaste  désert  montagneux,  la  haute  chaîne  du 
Sarro.  Cette  chaîne  11’est  autre  que  le  Petit  Atlas,  auquel  011  donne  ce  nom  à  l’est  de 
l’Ouad  Dra.  Si  le  Sarro  n’a  pas  d’habitants  lixes,  il  a  une  population  nomade  assez 
nombreuse  :  Imerrân  et  Ait  Seddrât  y  plantent  leurs  tentes  et  y  font  paître  leurs 
troupeaux. 

D’ici  au  Dâdes,  ce  sont  les  Ait  Seddrât  qui  servent  de  zetats;  j’ai  profité  du  grand 
nombre  d’hommes  de  cette  tribu  qui  viennent  ici  au  marché  du  jeudi  pour  m’en¬ 
tendre  avec  l’un  d’eux  :  mon  zetat  me  prendra  aujourd’hui,  j’irai  passer  la  nuit  dans 
son  qçar,  et  demain  matin  nous  partirons  pour  le  Dâdes. 


MECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


2  1 2 

Départ  de  Tamnougalt  à  midi.  Je  descends  la  vallée  du  Dra,  en  suivant  la  ligne 
«les  qçars,  à  la  lisière  des  plantations.  Le  chemin,  passant  sur  les  premières 
pentes  des  flancs,  est  pierreux,  parfois  rocheux.  Rien  à  ajouter  à  ce  que  j'ai  dit  de 
la  vallée  :  toujours  même  largeur  et  même  aspect.  A  3  heures  et  demie,  je  par¬ 
viens  à  la  résidence  de  mon  zetat,  Tirremt  Ali  Ait  El  Hasen.  C’est  le  terme  de 
mon  trajet  pour  aujourd’hui. 

En  route,  j’ai  traversé  l’Ouad  Dra  (lit  de  sable  de  150  mètres;  les  eaux  ont  00  mè¬ 
tres  de  large  avec  90  centimètres  de  profondeur;  courant  rapide). 


21  avril. 


Départ  à  5  heures  du  matin.  J’ai  pour  escorte  mon  zetat  et  deux  autres  fusils. 
On  franchit  d’abord  le  Dra  (70  mètres  de  large  et  0m, 80  de  profondeur),  puis 
on  traverse  sa  vallée  et  on  entre  dans  une  plaine  déserte  :  la  haute  chaîne  du  Ivisan 
s’interrompt  tout  à  coup,  et  une  plaine  s’étend  à  sa  place  au  delà  des  plantations  qui 

bordent  le  fleuve.  Le  Ivisan  reprend  plus  bas,  longeant  de  nouveau  l’ouad  comme 

il  le  fait  dans  le  Mezgita;  il  ne  finit  définitivement  qu’à  hauteur  d’Ousreït,  dans  le 
Ternata.  Chemin  faisant,  on  voit  très  bien  la  chaîne,  qui  apparaît  pendant  quelque 
temps  de  profil  :  c’est  une  lame  rocheuse  isolée ,  s’élevant  entre  le  Dra  et  une  autre 
vallée,  déserte  et  assez  large,  parallèle  à  la  première;  elle  a  de  l’analogie  avec  le 
Bani,  mais  est  plus  haute,  plus  large  et  de  couleur  comme  de  structure  différentes. 

La  base  en  est  un  talus,  doux  d’abord,  de  plus 
o  Dra  Djebci  Kisan  en  pl  us  rai  de  ensuite;  les  parties  moyennes  et 

;  supérieures  sont  une  succession  de  murailles 

presque  verticales  s’étageant  par  gradins.  Vers 
le  sommet  se  trouvent  des  cavernes,  œuvre  «les 
Chrétiens  au  dire  des  habitants;  on  voit  des 
restes  de  murs  à  leurs  bouches.  Cette  portion  du  Ivisan  est  une  arête  droite,  com¬ 
mençant  à  hauteur  d’Agdz,  finissant  ici.  D’où  je  suis,  on  voit  l’Ouad  Dra  couler 
longtemps  encore  dans  la  direction  qu’il  a  depuis  Tamnougalt.  Tant  qu’il  la  garde, 
le  Kisan  ne  reparaît  pas  à  sa  gauche  où  succèdent  à  la  plaine  des  collines  sans  élé¬ 
vation.  Puis  on  distingue  un  coude  très  prononcé  que  fait  le  fleuve,  dans  le  Tin- 
zouliii,  me  dit-on.  A  partir  de  là,  le  Kisan  renaît  :  on  le  voit  de  loin,  dans  une 
direction  nouvelle,  presque  perpendiculaire  à  celle  qu’il  suivait  ici,  ayant  même 
hauteur  et  même  forme,  et  s’élevant  immédiatement  sur  la  rive  gauche  de  l’ouad. 

La  plaine  où  je  chemine  a  un  sol  pierreux;  des  gommiers,  de  nombreuses  touffes 
de  melbina  y  poussent.  Elle  est  bornée  au  nord  par  les  premières  pentes  du  Sarro; 
je  me  dirige  vers  elles  :  à  7  heures,  je  suis  à  leur  pied;  de  ce  moment  à  celui  où  j’at- 


DU  TI  SI  NT  AU  DADUS. 


mi 

teindrai  l’Ouad  Dàdes,  je  ne  cesserai  démarcher  dans  ce  massif;  il  se  compose  d’un 
haut  plateau,  de  2000  mètres  d’altitude  moyenne,  auquel  ou  parvient  par  une  lon¬ 
gue  succession  de  côtes,  tantôt  pierreuses ,  tantôt  rocheuses,  reliées  entre  elles  par 
des  talus  escarpés.  Le  plateau  supérieur  présente  une  vaste  surface  unie  et  ver¬ 
doyante;  le  sol ,  pierreux,  sans  une  ondulation,  y  est  couvert  d’herbe  fine.  Là  surtout 
campent  les  Ait  Seddrût  et  les  Imerrân;  j’y  rencontrerai  plusieurs  groupes  de  tentes 
et  des  troupeaux  de  chameaux  et  de  moutons.  Les  rampes  qui  y  mènent  forment 
une  région  très  accidentée  :  des  ravins  profonds,  aux  flancs  rocheux  et  escar¬ 
pés,  les  coupent;  des  vallées  les  sillonnent;  des  arêtes,  des  pics  les  hérissent  de 
leurs  masses  noires.  Cette  région ,  tourmentée  et  difficile,  est  d’ordinaire  déserte. 
L’eau  abonde  dans  le  Sarro.  Je  traverse,  au  fond  de  plusieurs  ravins,  des  ruis¬ 
seaux  de  4  ou  5  mètres  de  large  dont  les  eaux,  claires  et  courantes,  ne  tarissent  ja¬ 
mais;  point  de  rivières.  La  verdure  ne  fait  pas  défaut  :  non  seulement  le 
plateau  supérieur  en  est  couvert,  les  côtes  douces,  le  fond  et  les  premières  pentes 
des  vallées,  sont  en  partie  tapissés  d’halfa,  de  melbina,  de  seboula  el  far  et  d’autres 
herbages;  il  existe  des  jujubiers  sauvages;  au  bord  de  l’eau  apparaît  le  laurier-rose  : 
il  n’est  pas  jusqu’aux  endroits  les  plus  rocheux,  flancs  de  ravins,  surface  de  talus, 
où  l’on  ne  trouve,  poussant  entre  les  fentes  de  la  pierre,  de  petites  herbes  et  des 
fleurs. 

Vers  1  heure,  j’atteins  le  plateau  qui  couronne  le  Sarro;  à  3  heures,  je  fais  halte 
auprès  de  quelques  tentes  d’Aït  Seddrât.  De  la  vallée  du  Dra  à  ce  point,  je  n’ai  pas 
rencontré  un  seul  être  vivant.  La  route1,  facile  à  la  fin,  a  été  pénible  au  commence¬ 
ment  :  il  a  fallu  mettre  pied  à  terre  pour  remonter  l’Ouad  Tangarfa,  dont  le  lit,  en¬ 
combré  de  blocs  de  roc,  forme  un  chemin  difficile  pour  les  animaux.  A  deux  autres 
endroits,  la  marche  a  été  retardée  :  à  Cliaba  Ouin  s  Tlit  et  au  profond  ravin  qui  se 
trouve  entre  elle  et  le  gîte. 


22  avril. 

Départ  à  7  heures  du  matin.  A  8  heures,  je  suis  à  une  crête  qui  forme  la  limite 
du  plateau  supérieur  du  Sarro  et  la  ligne  culminante  de  cette  chaîne.  En  la  pas¬ 
sant,  je  franchis  pour  la  dernière  fois  le  faite  du  Défit  Atlas.  De  là  apparaissent  à 
mes  yeux,  au  delà  d’une  longue  série  de  croupes  brunes,  la  vallée  de  l’Ouad  Dàdes 
et,  derrière  elle,  bordant  l’horizon,  la  ligne  bleue  du  Grand  Atlas  avec  ses  cimes 
couvertes  de  neige.  Une  descente  très  raide  au  milieu  des  rochers  me  ramène  à  la 
région  des  côtes,  où  je  chemine,  passant  de  vallée  en  vallée,  jusqu’à  4  heures  et  demie. 
A  ce  moment  je  me  trouve  au  pied  du  Sarro  et  au  bord  de  1  Ouad  Dàdes  :  la  chaîne 
expire  à  300  mètres  de  la  rivière.  A  son  pied  commencent  les  cultures  qui  remplis- 


RliCONNAISSANCH  AU  MAROC. 


il  4 

sent  le  lbnd  de  lu  vallée;  elles  forment  une  bande  dont  la  largeur  moyenne  est  de 
1  kilomètre;  au  milieu  coule  en  serpentant  l’Ouad  Dâdes.  Large  de  30  mètres, 
il  remplit  le  tiers  d’un  lit  sablonneux  et  en  partie  couvert  de  roseaux;  c’est  un  tor¬ 
rent,  au  courant  très  rapide,  aux  eaux  jaunes  et  glacées.  Les  champs  qui  le  bordent 
ne  rappellent  en  rien  les  merveilles  du  Dra;  ils  présentent  les  cultures  des  pays  hauts 
et  froids.  Plus  un  dattier;  très  peu  d’arbres;  point  d’oliviers  :  à  peine  quelques  ra¬ 
res  figuiers,  noyers  et  trembles  aux  alentours  des  qçars.  Le  reste  n’est  que  champs 
d’orge  et  de  blé,  tapis  monotone  d’un  vert  cru,  sans  ombre  ni  gaieté.  Cette  végétation 
paraît  triste  à  qui  vient  du  sud.  Les  lianes  sombres  du  Sarro  la  bornent  à  gauche;  à 
droite  règne  le  long  de  la  vallée  une  vaste  plaine  blanche,  peu  élevée  au-dessus  de 
son  niveau,  et  séparée  d’elle  par  un  talus  doux.  Cette  plaine  a  au  moins  8  kilomè¬ 
tres  de  large  et  est  limitée  au  nord  par  les  premières  pentes  du  Grand  Atlas,  der¬ 
rière  lesquelles  apparaissent  les  masses  neigeuses  qui  couronnent  la  chaîne.  Les  cul¬ 
tures  sont  bordées  de  chaque  côté  par  un  cordon  de  qçars.  Les  qcars  de  l’Ouad  Dâdes 
ont  un  aspect  particulier  et  ne  ressemblent  ni  à  ceux  que  j’ai  vus  ni  à  ceux  que  je 
verrai.  Pour  le  détail  des  constructions,  ils  sont  pareils  à  ceux  du  Dra  et  de  l’O.uad 
Iounil  :  même  élégance,  môme  pisé  couvert  d’ornements;  mais,  au  lieu  de  former  un 
massif  compact  de  maisons  d’où  émergent  les  tourelles  des  tirremts,  ils  sont  compo¬ 
sés  chacun  de  plusieurs  petits  groupes  d’habitations,  séparés  les  uns  des  autres  et 
échelonnés  le  long  des  cultures;  ils  en  comprennent  jusqu’à  8  ou  10,  les  uns  ouverts, 
la  plupart  fortifiés,  tous  ayant  au  moins  une  tirremt.  Ces  groupes  se  trouvant  à 
100,  200,  300  mètres  les  uns  des  autres,  on  voit  quelle  longueur  occupe  un  qçar.  11 
résulte  de  là  que  les  localités,  d’autre  part  très  nombreuses,  sont  fort  rapprochées; 
la  distance  n’est,  la  plupart  du  temps,  pas  plus  grande  entre  les  groupes 
limitrophes  de  centres  différents  qu’entre  deux  groupes  du  même  :  il  est  très  dif¬ 
ficile  de  discerner  où  commence  et  où  finit  chacun,  dans  ce  cordon  non  interrompu 
de  maisons  et  de  tirremts  qui  garnit  les  deux  rives  de  l’ouad.  Les  demeures  sont, 
comme  dans  le  Dra  et  comme  presque  partout,  sur  la  lisière  et  non  au  milieu  des 
cultures  :  ici  aussi  les  inondations  sont  à  craindre;  il  n’est  pas  rare  de  voir  les  eaux 
de  la  rivière  couvrir  tout  le  fond  de  la  vallée  et  venir  battre  les  murailles  des 
qçars.  Ceux-ci  ne  sont  pas  les  seules  constructions  de  l’Ouad  Dâdes.  Je  vois  apparaî¬ 
tre  en  grand  nombre  des  bâtiments  curieux  dont  j’avais  remarqué  quelques  types 
chez  les  Ait  Seddràt  du  Dra  :  ce  sont  les  <iged<lun  (1);  l’usage  en  parait  spécial  à 
l’Ouad  Dâdes,  au  Todra,  au  Ferkla  et  à  certains  districts  du  Dra  :  du  moins  je  ne 
les  ai  vus  qu’en  ces  endroits;  dans  les  deux  premières  régions  ils  sont  nombreux,  on 
en  rencontre  à  chaque  pas;  dans  les  deux  autres  ils  sont  moins  fréquents.  Ici,  sur  les 


il)  Au  pluriel,  on  dit  vjcdman. 


DE  TIS1NT  AU  DADES. 


215 

limites  des  qçars,  au  bord  de  l’ouad,  au  milieu  des  cultures,  les  ageddims  se  dres¬ 
sent  en  foule;  ce  sont  des  tours  isolées,  de  10  à  12  mètres  de  hauteur,  en  briques 
séchées  au  soleil,  de  forme  carrée,  percées  de  créneaux  et  garnies  de  mâchicoulis  : 
elles  sont  surtout  nombreuses  sur  les  lignes  formant  frontière  entre  les  localités; 
elles  s’y  dressent  d’ordinaire  par  deux,  se  faisant  face,  une  de  chaque  côté.  Dès 
qu’éclate  une  guerre  entre  qçars,  ce  qui  arrive  presque  tous  les  jours  (le  lendemain 
de  mon  passage,  une  s’est  allumée  et  a  coûté  la  vie  à  plusieurs  personnes),  chaque 
parti  emplit  ses  tours  d’hommes  armés,  avec  mission  de  protéger  cultures  et  canaux 
et  de  tirer  sur  tout  individu  du  camp  opposé  qui  passe  à  portée;  la  fusillade  com¬ 
mence  aussitôt  de  tour  à  tour,  fusillade  vive  par  moments,  surtout  quand  une  troupe 
paraît  dans  la  vallée  pour  essayer  de  ravager  les  champs  de  ses  adversaires.  Des 
questions  de  conduites  d’eau  donnent  naissance  à  la  plupart  de  ces  guerres.  Elles 
durent  parfois  longtemps,  mais  ne  sont  acharnées  que  les  premiers  jours  :  dans 
cette  période  il  est  rare  qu’il  n’y  ait  du  sang  versé;  ensuite  elles  traînent  en  lon¬ 
gueur  et  les  hostilités  se  bornent  à  envoyer  quelques  coups  de  fusil  dans  le  qçar  en¬ 
nemi,  chaque  fois  qu’apparaît  du  monde  sur  une  terrasse,  dans  les  jardins,  quand 
quelqu’un  approche  delà  frontière. 

Je  m’arrête  au  point  où  je  suis  sorti  du  Sarro,  dans  le  qçar  de  Timichcha,  au  pied 
duquel  débouche  le  chemin.  11  fait  partie  du  district  d’Aït  Iahia,  appartenant  aux 
Ait  Seddràt.  Ce  district,  comme  tous  ceux  de  l’Ouad  Dra  et  de  l’Ouad  Dâdes,  se 
compose  exclusivement  de  l’étroite  bande  de  cultures  et  de  qçars  qui  borde  les  rives 
du  cours  d’eau. 

Nulle  part,  excepté  sur  le  plateau  supérieur  du  Sarro  et  aux  approches  de  l’Ouad 
Dâdes,  je  n’ai  rencontré  de  monde  pendant  cette  journée.  Il  s’est  présenté  trois 
passages  difficiles  sur  la  route  :  la  descente,  après  la  ligne  de  faite  du  Sarro,  le  ravin 
de  l’Ouad  Aqqa  n  Ourellaï  et  celui  qui  le  suit. 

23  avril. 

Départ  à  7  heures  du  matin.  Je  remonte  l’Ouad  Dâdes.  Sauf  un  court  défilé  désert 


sflUUI 


Vallee  de  l’Ouad  Dâdes. 

(Les  parties  ombrées  des  montagnes  sont  couvertes  de  neige.) 

(Vue  prise  du  chemin  de  Timichcha  à  Tiilil,  dans  la  direction  du  nord-est.) 

Croquis  de  l’auteur. 


qu’il  traverse  entre  le  district  d’Aït  Iahia  et  celui  du  Dâdes,  il  demeure  sur  mon 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


211. 

parcours  tel  que  je  l’ai  vu  hier  :  mêmes  cultures  semées  d’ageddims,  mêmes  cor¬ 
dons  non  interrompus  de  qçars  et  de  maisons.  Si  ce  n’est  pendant  son  passage  dans 
ce  kheneg,  on  ne  saurait  trouver  sur  l’une  ou  l’autre  de  ses  rives  200  mètres  sans 
constructions.  Rien  de  nouveau  à  signaler  :  les  flancs  comme  le  fond  de  la  vallée  res¬ 
tent  les  mêmes  jusqu’à  mon  arrivée  à  Tiilit,  où  je  m’arrête. 

Chemin  facile.  Beaucoup  de  monde.  J’ai  traversé  l’Ouad  Dâdes;  il  n’est  pas  fran¬ 
chissable  en  tous  points,  mais  seulement  en  certains  endroits  où  il  présente  des 
gués;  à  celui  où  je  l’ai  passé,  il  avait  20  mètres  de  large  sur  80  à  90  centimètres  de 
profondeur;  courant  très  rapide.  Des  qçars  que  j’ai  rencontrés,  deux  ont  attiré 
mon  attention  :  celui  d’Aït  Bon  Amran  (entre  Azdag  et  Taourirt),  où  se  voit  une 
belle  qoubba,  et  celui  d’Imzour,  remarquable  par  l’étendue  des  cinq  ou  six  groupes 
qui  le  forment  et  par  l’importance  de  sa  population. 

Au  Mezgîta,  dans  le  district  d’Aït  Seddrât,  dans  celui  d’Aït  labia,  les  vêtements 
des  Musulmans  sont  les  suivants  :  khenîfs,  bernous  de  poil  de  chèvre  bruns  ou  gris, 
ces  derniers  rayés  de  fines  bandes  blanches  et  noires,  haïks  blancs  et  bruns;  tète 
nue  ou  ceinte,  mais  non  couverte,  de  petits  turbans  blancs  ou  noirs;  les  femmes 
riches  sont  vêtues  de  khent,  les  pauvres  de  laine  blanche  ou  brune.  Dans  le  Dâdes, 
les  costumes  des  femmes  restent  les  mêmes;  ceux  des  hommes  sont,  soit  le  khenif, 
soit  un  long  bernous  de  laine  teinte,  noir  ou  bleu  foncé.  Depuis  Tazenakht,  les  ar¬ 
mes  demeurent  uniformes  :  long  fusil  à  crosse  étroite  et  poignard  recourbé.  L’équi¬ 
pement  offre  une  variation  :  à  partir  du  district  d’Aït  Seddrât  (Dra),  la  corne  à 
poudre  disparaît  et  se  remplace  par  une  petite  gibecière  de  maroquin  rouge  cou¬ 
verte  de  broderies  de  soie;  elle  se  suspend  au  côté  gauche  par  une  bretelle  de  cuir: 
cet  objet  gracieux  est  d’un  usage  universel  dans  la  région  que  je  traverse,  depuis 
les  Ait  Seddrât  du  Dra  jusqu’à  Qçâbi  ech  Cheurfa. 

11  y  avait  aujourd’hui  marché  à  Imzour,  près  de  Tiilit.  J’en  ai  profité  pour  faire 
chercher,  parmi  les  Ait  Seddrât  qui  s’y  trouvaient,  un  zetat  sûr,  qui  me  menât  au 
Todra.  On  en  a  choisi  un;  l’arrangement  a  été  conclu  avec  lui;  il  a  été  fait  en  forme, 
devant  le  taleb  présent  au  marché  :  celui-ci  a  dressé  un  acte  en  partie  double  cons¬ 
tatant  que  le  Seddrâti  un  tel  s’engageait,  moyennant  une  somme  de  15  francs,  paya¬ 
ble  à  l’arrivée,  à  me  conduire  au  Todra;  il  serait  responsable  de  tout  dommage  qui 
me  serait  fait  durant  le  trajet  et,  au  cas  où  je  ne  parviendrais  pas  à  destination, 
devrait  à  la  communauté  juive  de  Tiilit  une  indemnité  de  5000  francs.  Ces  for¬ 
malités  sont  employées  dans  diverses  régions  du  Sahara,  surtout  chez  les  Berâber 
et  les  Ait  Seddrât;  dans  ces  deux  tribus,  il  est  rare  qu’un  Israélite  se  mette  en  route 
sans  s’être,  par  un  acte  de  ce  genre,  mis  en  sûreté  contre  son  zetat.  Cela  ne  se  fait 
pas  entre  Musulmans.  Cette  différence  vient  «h1  ce  que  partout  un  homme  serait 
déshonoré  s’il  avait  violé  l’engagement  pris  avec  un  autre  Mahométan,  et  profité  de 


DK  T1SINT  AU  DADES. 


217 


sa  confiance  pour  l’assassiner;  au  contraire,  dans  certaines  tribus,  comme  celle  où 
je  suis,  qu'un  Musulman  promette  à  un  Juif  de  l’escorter  et  de  le  protéger  et  que, 
chemin  faisant,  il  le  pille  et  le  tue,  ce  sera  regardé  comme  une  peccadille  ou  comme 
un  bon  tour.  Aussi  prend-on  des  précautions  spéciales. 

24  avril. 

Départ  à  9  heures  du  matin.  Je  me  mets  en  route  avec  mon  zetat  pour  gagner  le 
qçar  qu’il  habite.  J’y  passerai  la  nuit,  et  demain  matin  on  partira  pour  le  Todra.  Je 
remonte  l’Ouad  Dâdes,  dont  les  bords  demeurent  ce  que  je  les  ai  vus  :  mêmes  cultu¬ 
res,  mêmes  cordons  continus  de  qçars.  La  largeur  de  la  vallée,  qui  jusqu’ici  n’avait 
pas  varié  d’une  manière  sensible,  diminue  peu  à  peu  :  elle  avait  1000  mètres  à 
Tiilit;  elle  en  a  600  à  Ivhemîs  S.  Bon  lahia,  300  à  Ait  lidir.  A  mesure  qu’on  avance, 
les  arbres,  noyers  et  figuiers,  augmentent.  Les  flancs  subissent  à  Tiilit  une  brusque 
transformation.  Jusque-là  c’étaient  le  Sarro  à  gauche,  une  plaine  à  droite;  aujour¬ 
d'hui  ce  seront,  durant  toute  la  marche,  à  droite  des  côtes  assez  hautes,  à  gauche  une 
plaine  dépassant  à  peine  le  niveau  de  la  vallée,  la  plaine  d’Anbed. 

A  1  heure ,  j’arrive  à  Ait  lidir,  qçar  du  haut  Dâdes,  résidence  de  mon  zetat.  Je 
traverse  là  l’Ouad  Dâdes;  il  coule  en  deux  bras,  l’un  de  12  mètres,  l’autre  de  20  mè¬ 
tres,  d’une  profondeur  égale  d’environ  60  centimètres;  courant  très  rapide. 


RECONNAISSANCE  U  M\ROC. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


2\ S 


IX. 

DU  DADES  A  QGABI  ECU  GHEURFA. 


1°.  —  DU  DADES  AU  QÇAR  ES  SOUQ. 


23  avril. 


Départ  à  5  heures  du  matin.  Mon  Seddrâti,  accompagné  d’un  second  fusil,  m’es¬ 
corte.  J’abandonne  l’Ouad  Dàdes.  Au-dessus  d’Aït  Iidir,  on  en  voit  la  vallée  rester 
la  même  durant  4  ou  5  kilomètres,  puis  elle  se  resserre  :  la  plaine  qui  s’étendait  à 
sa  gauche  finit,  et  est  remplacée  par  un  haut  talus;  la  rivière ,  sans  cesser  d’être  gar¬ 
nie  de  verdure,  entre  dans  un  défilé  étroit  où  on  la  perd  de  vue.  Elle  s’enfonce  dans 

le  Grand  Atlas.  Je  passe  sur  le  plateau 
bas  et  uni  qui  la  borde  à  l’est.  J’aborde 
un  mouvement  de  terrain  des  plus  re¬ 
marquables  :  le  plateau  où  je  m’engage 
est  l’extrémité  occidentale  d’une  im¬ 
mense  plaine  qui,  commençant  à  l’est 
de  l’Ouad  Ziz  et  même  de  l’Ouad  Gir, 
s’étend  vers  l’ouest  jusqu’à  l’Ouad  Dଠ
des.  Cette  grande  dépression  sépare  le 
Grand  et  le  Petit  Atlas,  et  s’enfonce 
entre  les  deux  chaînes  comme  un  golfe 
profond.  Entré  ici  en  cette  plaine,  j’y  demeurerai  jusqu’au  Ziz.  Dans  toute  cette 
région,  elle  se  décompose  en  deux  sections  qu’on  peut  appeler  supérieure  et  infé¬ 
rieure  :  la  première,  où  je  suis  en  ce  moment,  que  je  traverserai  d’ici  à  Imiter  et  du 
Péris  au  Qçar  es  Souq,  est  la  partie  primitive  de  la  plaine;  elle  s’étend  le  long  du 
Grand  Atlas  et  a  pour  limites  :  au  nord,  cette  chaîne;  à  l’ouest,  l’Ouad  Dàdes;  au 
sud,  le  Petit  Atlas  du  Dàdes  à  Imiter,  et  au  delà  la  section  inférieure.  Celle-ci,  où 
j  entrerai  à  Imiter  pour  y  rester  jusqu’au  Reris,  se  trouve  au  pied  du  Petit  Atlas 
el  est  bornée  :  au  sud,  par  cetfe  chaîne;  à  l’ouesl  cl  au  nord,  par  la  section  supé- 


DU  DADES  A  QÇABI  ECU  CHEURFA. 


2l!l 

rieure.  La  seconde  portion  est  en  contre-bas  de  la  première  et  séparée  d’elle  sur- 
toute  sa  longueur  par  un  talus  uniforme.  Celui-ci  est  comme  un  degré  placé  entre 
les  deux  étages  de  la  plaine;  il  est  partout  le  même  :  la  hauteur  en  est  d’environ 
100  mètres;  il  est  composé  de  roche  rose  et  a  la  forme  qu’indique  la  figure,  à  pic  au 
sommet  et  en  pente  douce  au  pied.  La  section  inférieure  a  sans 
doute  été  creusée  par  les  eaux  du  Grand  Atlas  qui,  se  précipitant  — A 

perpendiculairement  de  ses  cimes  dans  la  plaine,  se  sont  heurtées 
aux  masses  rocheuses  du  Sarro,  si  tourmentées  sur  ce  versant, 
et  se  sont  pratiqué  cette  excavation  à  leur  pied.  C’est  le  long  des 
premières  pentes  du  Petit  Atlas  que  l’étage  inférieur  est  le  plus  bas:  là  se  déroulent 
les  lits  des  cours  d’eau;  là  coulent  et  l’Ouad  Imiter  et  l’Ouad  Todra.  La  ligne  de  thal¬ 
weg  entre  le  Grand  et  le  Petit  Atlas  se  trouve  donc  dans  la  seconde  partie.  L’étage 
supérieur  comme  l’étage  inférieur  présentent  un  sol  uni,  dur,  souvent  pierreux; 
aucun  mouvement  n’interrompt  l’uniformité  plate  du  premier,  si  ce  n’est  des  massifs 
rocheux  au  nord  du  Todra  et  une  butte  près  de  Qçar  es  Souq,  témoins  isolés  au  milieu 
de  la  plaine.  Dans  l’étage  inférieur,  comme  s’il  avait  été  moins  complètement  balayé 
que  l’autre,  les  témoins  sont  plus  nombreux  et  s’élèvent  en  masse  plus  compacte  : 
ce  sont  d’abord  le  barrage  qui  se  voit  à  Test  de  Timatreouin,  puis  le  massif  situé 
entre  le  Todra,  le  Reris  et  le  Ferkla,  enfin  les  collines  isolées  que  je  laisserai  à  droite 
en  allant  du  Todra  au  Ferkla;  ces  divers  groupes  paraissent  d’altitude  moindre  que 
le  talus  qui  sépare  les  deux  étages. 

Ma  route  d’aujourd’hui  se  divise  en  deux  parties  :  l’une  dans  la  section  supérieure 
de  la  plaine,  d’Aït  Iidir  aux  abords  d’imiter,  l’autre  dans  la  section  inférieure,  d’i¬ 
miter  au  Todra.  Ces  deux  parties  offrent  une  égale  facilité;  dans  chacune  on  marche 
en  terrain  plat.  Dans  la  première,  je  parcours  une  plaine  de  plus  de  lo  kilo¬ 
mètres  de  large,  sans  une  ondulation;  on  l’appelle  Outa  Anbed;  elle  est  bornée  : 

au  sud,  par  le  Sarro,  longue  ligne  noire  à  reflets  brillants;  au  nord,  parmi  talus  brun 
de  hauteur  médiocre,  commençant  à  la  gorge  où  s’enfonce  l’Ouad  Dàdes  en  amont 
d’Aït  Iidir;  à  l’ouest,  par  la  vallée  de  cette  rivière;  vers  l’est,  rien  ne  limite  l’horizon  : 
tant  qu’on  marche  dans  la  plaine,  on  ne  voit  qu’elle  devant  soi.  On  en  sort  sans  s’en 
apercevoir,  en  s’engageant  dans  le  lit  d’une  rivière  dont  les  berges  rocheuses,  basses 
d’abord,  vont  en  s’élevant  et  finissent  par  devenir  les  lianes  d’un  ravin.  C’est 
un  court  passage  d’où  on  débouche,  à  Imiter,  dans  une  nouvelle  plaine,  la  seconde 
section,  l’étage  inférieur.  Le  sol  de  TOuta  Anbed  est  uni  comme  une  glace;  c’est 
un  terrain  sablonneux  et  dur,  semé  de  petites  pierres;  il  est  aux  deux  tiers  nu; 

un  tiers  est  couvert  de  menus  herbages.  De  rares  ruisseaux  le  sillonnent,  leurs  lits 

desséchés  et  bordés  de  grands  genêts  blancs.  Imiter  est  un  groupe  de  quatre  qçars 
appartenant  aux  Berâber.  Il  se  trouve  à  la  bouche  d’une  vallée  étroite,  dont  les  flancs 


220 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


sont  (les  talus  de  roche  rose  de  100  mètres  de  haut,  raides,  sans  végétation,  sem¬ 
blables  à  ceux  qui  bordent  le  ravin  que  je  viens  de  descendre.  La  rivière  qui  en  sort, 
l’Ouad  Imiter,  débouche  ici  dans  la  plaine  inférieure,  où  elle  s’unit  au  cours  d’eau 
que  j’ai  suivi.  Les  qçars  d’imiter  sont  construits  avec  élégance,  comme  ceux  duDra. 
Quelques  cultures  d’orge  et  de  blé  les  entourent,  avec  des  figuiers  et  des  trembles. 

A  Imiter  commencent  la  seconde  portion  de  ma  route  et  le  second  étage  de  la 
plaine;  celui-ci  est  une  longue  surface  plate  gardant  d’ici,  son  origine,  jusqu’au 
Todra,  où  il  est  coupé  par  la  bande  de  palmiers  de  l’oasis,  une  largeur  moyenne 
de  3  kilomètres;  après  le  Todra,  il  s’élargit  par  degrés  et  atteint  18  kilomè¬ 
tres  entre  le  Ferkla  et  le  Iieris;  au  delà  de  ces  points,  je  le  verrai  s’étendre  à  perte 
de  vue  vers  l’est,  avec  une  largeur  qui  paraîtra  augmenter  encore  :  sur  toute 
son  étendue  il  reste  le  même,  borné  au  nord  par  le  talus  uniforme  de  roche  rose  qui 
le  sépare  de  l’étage  supérieur,  au  sud  par  une  ligne  de  hauteurs  noires  et  rocheuses, 
premières  pentes  du  Sarro.  D’Imiter  au  Todra,  le  sol  est  uni;  il  consiste  en  un  sable 
rose  semé  de  pierres,  rares  au  début,  plus  nombreuses  à  mesure  qu’on  avance  vers 
Test.  On  ne  voit  presque  pas  de  végétation  :  à  peine  un  peu  de  thym  et  de 
mousse  (1).  Un  seul  accident  de  terrain  coupe  la  monotonie  de  la  plaine  :  une  ligne 
de  collines  de  50  à  60  mètres  de  hauteur  la  barre  vers  Timatreouin,  formant  une 
digue  sur  toute  sa  largeur;  ces  collines  sont  en  pente  douce;  le  chemin  qui  les 
franchit  n’offre  aucune  difficulté.  Le  col  où  on  les  passe,  Foum  el  Qous  n  Tazoult, 
est  un  point  important  :  il  forme  limite  entre  les  Ait  Melrad  et  les  autres  fractions 
des  Ait  Iafelman;  le  sol  en  est  intéressant  :  composé  moitié  de  roche  rose,  moitié 
de  roche  noire,  il  réunit  les  éléments  du  Grand  et  du  Petit  Atlas.  Après  l’avoir  tra¬ 
versé  ,  je  me  retrouve  sur  la  plaine  :  dans  le  lointain  apparaissent  les  palmiers  du 
Todra,  comme  une  ligne  noire.  Je  les  atteins  à  4  heures  du  soir.  A  4  heures  et 
demie,  je  fais  halte  dans  le  qçar  de  Taourirt. 

L’oasis  du  Todra  se  compose  uniquement  des  rives  de  l’Ouad  Todra;  c’est  un  long 
ruban,  dont  la  largeur  varie  de  800  à  2000  mètres,  couvert  de  plantations  au  milieu 
desquelles  serpente  la  rivière.  Elle  est  ombragée  sur  toute  son  étendue  d’une  multi¬ 
tude  de  palmiers  auxquels  se  mêlent,  surtout  dans  la  partie  nord  et  aux  environs 
immédiats  des  qçars,  des  grenadiers,  des  figuiers  et  des  oliviers,  mi-cachés  sous  les 
rameaux  grimpants  delà  vigne  et  des  rosiers.  Tel  je  vois  le  Todra,  telles  seront  les 
oasis  du  Ferkla,  du  Reris,  du  Qçar  es  Souq,  minces  serpents  noirs  s’allongeant  dans 
la  plaine. 

Durant  la  route  d’aujourd’hui,  je  n’ai  cessé  de  voir  dans  le  lointain,  vers  le  nord, 


(1)  Mousse  blanchâtre  poussant  par  grosses  touffes;  elle  verdit  en  temps  de  pluie  et  sert  alors  de  nourriture 
aux  chameaux.  On  la  rencontre,  paraît-il.  dans  tous  les  hamadas  du  Sahara  Marocain. 


DU  DADES  A  QÇABI  ECU  CIIEURFA. 


221 

au  delà  des  hauteurs  peu  élevées  bordant  l’Outa  Anbed  et  du  talus  limitant  l’étage 
inférieur,  de  hautes  montagnes  brunes  avec  des  taches  de  neige  sur  leur  faîte  :  ce 
n’étaient  pas  les  crêtes  supérieures  du  Grand  Atlas,  mais  d’importants  échelons  de 
la  chaîne.  Comme  rivières,  j’ai  rencontré  l’Ouad  Imiter  (100  mètres  de  large;  lit 
moitié  sable,  moitié  gravier;  à  sec;  berges  de  sable  de  2  mètres  de  haut)  et  l’Ouad 
Todra  (20  mètres  de  large,  dont  15  remplis  d’eau  courante;  fond  de  gravier;  point 
de  berges;  l’Ouad  Todra  a  une  eau  limpide  et  agréable  au  goût;  son  lit  n’en  man¬ 
que  jamais;  un  grand  nombre  de  canaux  en  dérivent,  donnant  en  tout  temps  un  ar¬ 
rosage  abondant  aux  plantations  qui  le  bordent.  Pendant  la  partie  de  son  cours  où 
il  traverse  l’étage  inférieur  de  la  plaine,  il  coule  au  milieu  d’une  tranchée  d’envi¬ 
ron  1000  mètres  de  large,  séparée  du  terrain  voisin  par  des  talus  escarpés  de  8  ou 
10  mètres.  Le  fond  de  la  tranchée,  de  sable,  est  couvert  de  cultures  et  de  palmiers  : 
c’est  le  cœur  de  l’oasis;  la  plupart  du  temps,  dattiers  et  champs  débordent  un  peu 
des  deux  côtés  de  l’encaissement;  jamais  ils  n’en  dépassent  beaucoup  les  bords;  pareil- 
droits,  ils  s’y  arrêtent.  Je  verrai  plus  loin  l’Ouad  Ziz  couler  à  Qçar  es  Souq  dans  une 
excavation  semblable.  Dans  la  partie  où  il  traverse  l’étage  supérieur,  l’Ouad  Todra 
s’y  creuse  une  vallée  à  pentes  douces  ayant  au  fond  1200  à  1500  mètres  de  large). 
Entre  Imiter  et  le  Todra,  j’ai  vu  deux  lieux  habités,  deux  petits  qçars,  l’un  auprès 
duquel  je  suis  passé,  l’autre  aperçu  de  loin.  Le  premier,  Timatreouin  Ignaouen ,  ap¬ 
partient  aux  Berâber  (les  Ignaouen  sont  une  subdivision  des  Aït  Atta);  il  est  bordé 
de  jardins  et  de  cultures  semblables  à  ceux  d’imiter;  comme  là,  il  n’y  a  pas  un  pal¬ 
mier;  un  canal  descendant  des  premières  pentes  du  Grand  Atlas  y  apporte  une  eau 
courante  et  limpide.  Le  second  est  Qciba  Aït  Moulei  Hamed.  Il  fait  partie  d’un  groupe 
de  trois  qçars  situés  sur  les  bords  de  l’Ouad  Imiter,  non  loin  de  son  continent  avec 
l’Ouad  Todra;  tous  trois  sont  entourés  de  dattiers.  A  l’exception  des  travailleurs  dis¬ 
persés  dans  les  plantations  d'imiter  et  de  Timatreouin ,  je  n’ai  rencontré  personne 
sur  la  route. 


20  et  27  avril. 

Séjour  à  Taourirt.  L’oasis  du  Todra,  une  de  sa  nature,  se  divise  au  point  de  vue 
politique  en  deux  portions  :  la  première,  le  Todra  proprement  dit,  se  compose  de  la 
partie  haute;  elle  est  habitée  par  des  C  bel  1  ali  a  indépendants;  la  seconde,  qui  est  située 
au-dessous  d’elle  et  n’en  est  séparée  par  rien  d’apparent,  appartient  aux  Berâber;  ils 
y  sont  mêlés;  plusieurs  fractions  se  la  partagent.  Dans  tout  le  Todra,  chaque  loca¬ 
lité  est  indépendante  de  ses  voisines.  L’oasis  est  fort  peuplée;  elle  comprend  50  à  GO 
qçars,  échelonnés  les  uns  contre  les  autres  le  long  des  plantations.  La  plupart  sont 
construits  en  des  points  (‘levés  :  ceux  de  l’étage  inférieur  de  la  plaine,  au  bord  de  la 


R  ECO  NN  A  ISS  A  N  G K  AU  MAROC. 


999 


tranchée  que  s’y  est  creusée  l’Ouad  Todra,  les  autres  au  pied  des  flancs  de  sa  vallée, 
comme  Tiidrin  et  Tirremt,  ou  sur  des  buttes  isolées  près  de  ses  rives,  comme  Taou- 
rirt  et  Ait  Ourjedal.  Cette  disposition,  que  j’ai  trouvée  dans  le  Dra  et  le  Dâdes,  se 
prend  ici  pour  les  mêmes  motifs  qu’en  ces  régions;  il  s’en  ajoute  un  de  plus  :  la  né- 


Ouad  Todra  et  qçar  do  Tiidrin.  (Vue  prise  de  Taourirt.) 
Croquis  de  l’auteur. 


cessité  d’avoir  une  position  aisée  à  défendre.  Les  guerres,  fréquentes  ailleurs,  sont 
continuelles  au  Todra;  aussi  point  de  précaution  qu’on  ne  prenne  :  chaque  localité 
est  resserrée  dans  un  étroit  mur  d’enceinte  :  de  toutes  parts  se  dressent  des  aged- 

dims.  Durant  le  temps  que  j’ai  passé  à  Taourirt,  ce 
qçar  était  en  guerre  avec  son  voisin,  Aït  Ourjedal; 
chaque  jour  on  se  tirait  des  coups  de  fusil;  les  fenê¬ 
tres,  les  lucarnes  des  maisons  étaient  bouchées;  on 
n'osait  monter  sur  les  terrasses  de  crainte  de  servir 
de  point  de  mire  :  les  deux  localités  sont  si  proches 
que,  malgré  le  peu  de  portée  des  armes,  on  s’attei¬ 
gnait  de  l’une  à  l’autre.  On  ne  se  contente  pas  toujours 
de  tirailler  à  distance;  il  n’est  pas  rare  de  voir  les 
habitants  d’un  qçar  en  assiéger  un  autre,  le  prendre 
d’assaut  et  le  piller. 

La  langue  du  Todra  est  le  tamazirt;  beaucoup 
d’hommes  savent  l’arabe.  Les  Musulmans  sont  ha¬ 
billés  de  haïks  et  de  bernons  de  laine  blanche,  rare¬ 
ment  de  kheidous;  ils  ont  d’ordinaire  la  tête  nue;  quelquefois  ils  la  ceignent,  sans 
la  couvrir,  d’un  petit  turban  blanc.  L’armement  reste  jusqu’au  Ziz  ce  qu’il  était  au 


\ 


Coiffure  d'une  .luive  du  Todra. 
Croquis  de  l’auleur. 


DU  DADES  A  QÇABI  ECU  CHEÜRFA. 


003 

Dàdes.  Le  vêtement  des  femmes  demeure  le  même;  à  partir  d’ici,  il  sera  toujours  de 
laine  ou  de  cotonnade  blanche  :  plus  de  klient.  Pas  de  Haratin. 

28  avril. 

Du  Todra  au  bassin  de  laMlouïa,  je  serai  en  plein  pays  des  Beràber.  D’ici  à  l’Ouad 
Ziz,  la  région  à  traverser  est  une  vaste  plaine  déserte  semée  d’oasis.  Elle  est  sans 
cesse  parcourue  par  plusieurs  fractions  des  Beràber,  surtout  par  les  Ait  Melrad  el  les 
Ait  Atta.  Comme  la  mésintelligence  règne  en  ce  moment  entre  Ait  Melrad  et  Ait  Atta 
d’une  part,  et  de  l’autre  entre  les  deux  grandes  branches  des  Ait  Atta,  les  Ait  Zem- 
roui  et  les  Aït  Hachchou,  il  me  faudra  trois  zetats  d’ici  à  Qçar  es  Souq  :  un  des  Ait 
Melrad  et  deux  des  Ait  Atta.  Je  me  suis,  pendant  mon  séjour  à  Taourirt,  assuré  de 
ceux  qui  me  conduiront  au  Ferkla.  Ils  doivent  me  prendre  aujourd’hui;  on  passera 
la  nuit  au  qç-ar  de  l’un  d’eux,  dans  le  bas  Todra  :  demain  matin  on  partira  pour  le 
Ferkla,  en  se  joignant  à  la  caravane  qui  y  va  tous  les  mardis. 

Départ  de  Taourirt  à  4  heures  du  soir.  Arrivée  à  Tadafals,  mon  gîte,  à  7  heures. 
Je  n’ai  fait  que  longer  la  lisière  de  l'oasis,  cheminant  tout  le  temps  dans  l’étage  in¬ 
férieur  de  la  plaine;  il  ne  cesse  pas  d’être  uni;  le  sol  y  est  sablonneux  en  restant  dur. 
A  hauteur  des  dernières  localités  du  Todra,  commence  sur  la,  rive  gauche  de  la  ri¬ 
vière  et  assez  loin  d’elle  un  massif  isolé  de  collines  basses  que  je  côtoierai  pendant 
la  marche  de  demain.  A  Aït  Mhammed  finit  l’excavation  dans  laquelle  coulait  TOuad 
Todra.  A  partir  de  là,  le  lit  est  au  niveau  de  la  plaine.  Chemin  faisant,  j’ai  traversé 
TOuad  Imiter  (60  mètres  de  large;  lit  de  sable;  à  sec);  au  point  où  je  l’ai  passé, 
une  digue  en  maçonnerie  barrait  le  cours  de  la  rivière;  c’est  l’ouvrage  de  ce  genre  le 
mieux  construit  que  j’aie  vu  au  Maroc. 


29  avril. 

Départ  à  6  heures  du  matin.  Bientôt  qçars  et  palmiers  disparaissent  sur  les  rives 
de  TOuad  Todra.  Le  lit  s’en  dessèche,  et  je  suis  dans  le  désert.  Je  chemine  dans  la 
plaine  où  je  me  trouvais  hier,  marchant  entre  TOuad  Todra  et  le  massif  qui  s’élève 
à  sa  gauche;  le  sol  est  de  sable  blanc,  pur  auprès  de  la  rivière,  semé  de  petits  cail¬ 
loux  noirs  aux  abords  des  collines;  au  pied  de  celles-ci,  la  terre  en  est  couverte 
comme  d’une  écaille.  Peu  de  végétation  :  dans  les  régions  pierreuses,  quelques  touf¬ 
fes  de  thym;  dans  le  sable,  qui  occupe  la  portion  la  plus  grande,  un  peu  de 
melbina  et  de  jujubiers  sauvages.  Je  vois  au  sud,  bornant  la  plaine,  les  premières 
pentes  du  Petit  Atlas  portant  encore  le  nom  de  Sarro,  ligne  sombre  de  hauteurs 
tourmentées,  aux  flancs  de  roche  noire  et  luisante,  avec  de  minces  filets  de  neige  ap- 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


i 


paraissant  cà  et  là  sur  les  crêtes.  Vers  le  nord ,  une  partie  de  l’étage  inférieur  et  le 
laïus  rose  qui  le  borde  sont  masqués  pendant  une  portion  du  trajet  parles  collines 
dont  je  suis  le  pied:  celles-ci  forment  un  massif  gris,  aux  flancs  rocheux  et  nus,  aux 
côtes  douces,  élevé  de  30  à  40  mètres;  il  s’élève  isolé  dans  la  plaine,  occupant  la  partie 
centrale  du  triangle  dont  le  Todra,  le  Ferkla  et  le  Reris  sont  les  sommets.  Au  delà 
de  sa  ligne  mince,  apparaît  dans  le  lointain  une  longue  chaîne  de  hautes  montagnes 
brunes  :  les  premiers  échelons  du  Grand  Atlas.  Tel  est  ici  l’étage  inférieur  de  la 
plaine,  où  je  marche  jusqu’au  Ferkla.  A  1  heure,  j’atteins  les  premiers  palmiers  de 
l’oasis;  à  1  heure  20  m.,  je  m’arrête  au  qçar  d’Asrir.  Depuis  0  heures  du  matin,  on 
se  croyait  sans  cesse  au  point  d’arriver,  trompé  qu’on  était  par  de  continuels  effets 
de  mirage.  C’était  la  première  fois  que  j’apercevais  ce  phénomène  au  Maroc  :  il  se  re¬ 
présenta  le  lendemain  durant  presque  tout  le  trajet  du  Ferkla  au  Reris.  Depuis  je  ne 
le  vis  plus. 

Je  marchais  aujourd’hui  avec  une  nombreuse  caravane,  au  milieu  de  laquelle  me 
protégeaient  trois  zetats;  elle  se  composait  de  100  à  150  personnes,  moitié  Ait  Atta, 
moitié  Ait  Melrad.  Il  y  avait  dans  le  nombre  60  à  70  fusils,  sans  un  cavalier.  Tout 
ce  monde  venait  du  Souq  et  Tenîn  du  Todra  et  se  rendait  au  Ferkla.  Les  bêtes  de 
somme,  ânes  et  mulets,  étaient  120  ou  150;  les  mulets  sont  très  communs  dans  le 
pays.  Je  n’ai  point  aperçu  d’autres  voyageurs  que  nous  sur  la  route.  L’Ouad  Todra, 
que  j’ai  traversé  ce  matin  au  sortir  de  l’oasis,  y  avait  60  mètres  de  large;  il  était  à 
sec;  le  lit  en  était  formé  de  gros  galets  et  sans  berges.  Il  reste  tel  jusqu’au  Ferkla, 
toujours  desséché  et  au  niveau  du  sol  :  point  de  trace  de  végétation  ni  dans  son 
lit  ni  sur  ses  rives;  rien  qui  de  loin  en  dessine  le  cours  à  la  surface  blanche  de  la 
plaine.  Le  Ferkla  est  en  tout  semblable  au  Todra  :  c’est  une  bande  de  palmiers 
large  de  1  000  à  2000  mètres;  au  milieu  se  déroule  l’Ouad  Todra,  dont  le  lit  s’emplit 
de  nouveau  d’une  eau  abondante  et  limpide.  Il  coule  à  fleur  de  terre;  l’oasis  entière 
est  au  niveau  de  la  plaine.  Le  Ferkla  est  moins  grand  que  le  Todra  :  sa  longueur  est 
moindre;  ses  localités  et  ses  habitants  sont  en  nombre  plus  faible.  Il  appartient  en 
partie  aux  Ait  Melrad,  en  partie  à  des  Chellaha  isolés  :  leurs  qcars  sont  mélangés; 
chacun  de  ceux-ci  est  indépendant,  aussi  bien  ceux  des  Chellaha  que  ceux  des  Berâ- 
ber.  Par  une  exception  unique,  les  Chellaha  du  Todra,  du  Ferkla  et  une  partie  de 
ceux  du  Reris  gardent  une  liberté  absolue  auprès  de  leurs  puissants  voisins  :  ils  n’ont 
pas  sur  eux  la  moindre  debiha.  A  quoi  faut-il  l’attribuer?  Sans  doute  à  leur  cohésion 
lorsqu’il  s’agit  de  défendre  la  liberté  commune,  et  à  leur  caractère  belliqueux.  A 
ce  propos,  il  faut  remarquer  qu’il  ne  se  trouve  pas  un  seul  Hartâni  parmi  eux.  J’ai 
cessé  de  voir  des  Haratin  dès  que  j’ai  quitté  l’Ouad  Dâdes  :  dorénavant  je  n’en  ren¬ 
contrerai  pl us.  Au  Ferkla  comme  au  Todra,  je  trouve  les  élégantes  constructions  du 
Dra.  Les  productions  du  sol  sont  les  mêmes  ici  qu’au  Todra,  avec  celle  différence 


DU  DADES  A  QÇABI  ECU  GHEURFA. 


±2'â 

qu’en  arbres  il  n’y  a  guère  que  des  dattiers;  les  autres  essences  sont  rares  :  on  voit 
quelques  troncs  de  figuiers,  de  grenadiers,  de  pêchers,  d’oliviers,  et  de  la  vigne, 
niais  en  petite  quantité;  au  contraire,  les  palmiers  sont  nombreux  et  beaux  :  ils 
sont  plantés  serrés  et  forment  une  forêt  touffue.  A  leur  ombre,  entre  leurs  pieds,  se 
pressent  des  cultures  arrosées  de  canaux. 


,')()  avril. 

Aujourd'hui  je  vais  au  Reris,  autre  oasis  analogue  à  celle-ci.  Départ  à  8  heures  du 
matin,  .l’ai  mon  escorte  obligatoire  de  trois  Berâber;  je  marche  avec  une  cara¬ 
vane  d’une  vingtaine  de  personnes  dont  la  moitié  est  armée.  Le  massif  de  collines 
que  j’ai  eu  ;'i  main  gauche  durant  la  marche  d’hier  expire  entre  le  Ferkla  et  le 
Reris  :  on  en  distingue  les  dernières  côtes  à  l’ouest  du  chemin.  Vers  le  nord  s’aper¬ 
çoit,  à  grande  distance,  une  haute  chaîne  brune,  aux  nombreuses  découpures,  entre 
lesquelles  brillent  des  croupes  plus  éloignées  couvertes  de  neige  :  le  Grand  Atlas. 
L’étage  inférieur  de  la  plaine  apparaît  ici  dans  toute  son  étendue  :  il  s’étale  entre  le 
Petit  Atlas  et  le  talus  de  roche  rose  au  pied  duquel  est  le  Reris;  plus  un  mouvement 
n’en  plisse  l'immensité  plate  qu’on  voit  s’allonger  vers  l’est  à  1  infini ,  toujours  la 
même,  aussi  loin  que  la  vue  peut  porter.  C’est,  une  surface  nue  et  blanche  se  dérou¬ 
lant  jusqu’à  l’horizon.  Là  coulent  les  ouads  Todra  et  Reris;  là  est  leur  confluent  : 
dans  l’éblouissante  blancheur  de  la  plaine,  leurs  lits  desséchés  et  sans  verdure  ne  se 
distinguent  pas.  Seules,  paraissent  quelques  lointaines  oasis,  points  noirs  se  reflétant 
dans  les  étangs  et  les  longs  lacs  bleus  que  fait  briller  le  mirage.  Du  Ferkla  au  Reris, 
le  sol  est  de  sable  dur  semé  çà  et  là  de  cailloux  noirs  :  comme  seule  végétation,  la 
mousse  des  hamadas,  excepté  en  quelques  points  où  le  subie  forme  des  dunes  de 
50  centimètres  de  haut,  et  où  poussent  des  touffes  de  drin. 

A  I  heure  et  demie,  j’arrive  au  Reris.  Cette  oasis  est,  en  forme  et  en  productions, 
semblable  au  Todra  et  au  Ferkla,  au  Todra  surtout,  auquel  elle  est  en  quelque  sorte 
symétrique.  Comme  lui,  elle  est  située  au  point  où  le  cours  d’eau  qui  la  féconde  sort 
du  talus  rocheux  et  débouche  de  l’étage  supérieur  dans  le  second;  comme  lui,  elle  se 
trouve  partie  en  deçà  du  talus,  resserrée  au  fond  d’une  vallée,  partie  au  delà,  en 
plaine.  C’est  une  bande  de  palmiers  ombrageant  des  cultures  au  milieu  desquelles 
coule  l’ouad  et  s’élèvent  de  nombreux  qçars.  Les  constructions  sont  faites  à  la  façon 
de  celles  du  Dra.  Peut-être  ont-elles  moins  de  moulures  sur  les  murs;  en  revanche 
la  plupart  des  localités  possèdent  des  enceintes  élevées  et,  auprès  des  portes,  des 
tours  d’une  grande  hauteur,  telles  que  je  n’en  ai  vu  nulle  part  ailleurs.  Comme  au 
Ferkla,  les  palmiers  forment  une  forêt  épaisse  et  ont  entre  eux  peu  d’arbres  d’essence 
différente.  L’Ouad  Reris  est  de  la  force  de  l’Ouad  Todra  :  il  a  30  mètres  de  large, 

2  y 


hkconnaissvncis  vu  mvkoc. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


226 

dont  12  remplis  d’eau  claire  et  courante  de  60  centimètres  de  profondeur.  Le  lit  est 
moitié  sable,  moitié  gravier  ;  il  a  des  berges  de  sable  de  2  mètres  de  haut.  Pendant  le 
trajet  d’aujourd’hui,  je  n’ai  rencontré  personne.  J’ai  passé  à  proximité  de  deux  lieux 
habités  :  Zaouïa  Sidi  El  Houari,  groupe  de  quelques  maisons  entouré  de  grands  jar¬ 
dins  d’oliviers  et  de  grenadiers,  sans  un  palmier;  El  Mkhater,  petit  qçar  avec 
dattiers. 

En  ce  moment,  le  Reris  est  fort  agité.  On  s’attend  à  ce  que  les  Ait  Atta  et  les  Ait 
Melrad  en  viennent  aux  mains  bientôt  dans  ces  parages  :  chaque  qçar  se  tient  sur 
ses  gardes;  chacun  a  des  veilleurs  sur  ses  tours,  pour  guetter  et  donner  l’alarme 
en  cas  de  surprise.  Nous  avons  dit  qu’Aït  Atta  et  Ait  Melrad  étaient  en  mauvaise 
intelligence.  Au  printemps  dernier  (1883),  ils  se  sont  livré  une  grande  bataille 
non  loin  d'ici,  auprès  de  Tilouin,  petite  oasis  isolée  à  l’est  du  Ferkla.  Les  Ait  Atta 
étaient  au  nombre  de  8000  fantassins  et  600  chevaux;  les  Ait  Melrad  comptaient 
12000  hommes  de  pied  et  700  cavaliers.  Les  Ait  Atta  furent  vaincus;  1600  péri¬ 
rent:  la  perte  des  Ait  Melrad  fut  de  400  hommes  (1).  Le  combat  n’avait  duré  qu’une 
matinée.  Cette  sanglante  rencontre  fut  suivie  d’une  trêve  d’une  année  :  il  fut  cou- 
venu  qu’on  se  mesurerait  de  nouveau  au  printemps  suivant.  On  s’attend  chaque  jour 
à  voir  commencer  les  hostilités.  Le  principal  théâtre  de  la  lutte  sera  sans  doute  le  Re¬ 
ris.  Les  Ait  Atta  enlevèrent,  il  y  a  une  trentaine  d’années,  aux  Ait  Melrad  une  partie 
des  qçars  qu’ils  possédaient  dans  cette  oasis,  entre  autres  Gelmima,  l’un  des  princi¬ 
paux  de  la  contrée.  Les  Ait  Melrad  vont,  pense-t-on,  essayer  de  reprendre  ce  dernier. 

Ce  n’est  pas  sans  raison  qu’on  considère  la  reprise  de  la  guerre  comme  imminente. 
J’apprendrai  demain,  en  arrivant  à  Qçar  es  Souq,  qu’aujourd’hui  même  les  Ait  Atta 
ont  pillé  une  caravane  d’Aït  Melrad  :  c’est  le  début  des  hostilités. 

1er  mai. 

Départ  de  Gelmima  à  4  heures  du  matin.  .Je  vais  au  Qçar  es  Souq,  petit  district 
sur  l’Ouad  Ziz.  Point  de  caravane  :  je  pars  avec  mes  trois  Berâber.  On  commence 
par  longer  le  pied  du  talus  de  roche  rose  qui  sépare  les  deux  étages  de  la  plaine. 
A  sa  base,  le  sable  devient  rose  et  se  sème  de  pierres;  presque  point  de  végé¬ 
tation  :  quelques  touffes  de  melbina  et  de  mousse  du  hamada.  Vers  7  heures  et  de¬ 
mie,  je  cesse  de  suivre  le  talus  et  je  le  gravis.  Arrivé  à  sa  crête,  je  me  trouve  au 
bord  d’un  plateau;  il  s’étend  à  perte  de  vue  à  l’est  et  à  l’ouest;  il  est  borné  au 
sud  par  le  talus  que  j’ai  monté;  au  nord,  par  un  premier  échelon  du  Grand  Atlas 
qui  se  dresse  comme  une  muraille  à  20  kilomètres  de  moi  :  c’est  la  première 

(1)  .le  ne  puis  croire  à  ce  chiffre  de  2000  morts  en  un  combat  :  cependant  il  m’a  été  affirmé  comme  exact 
en  quatre  points  différents,  au  Todra,  au  Ferkla,  au  Rcris,  à  Qçar  es  Souq. 


DU  DADES  A  QÇAB1  ECU  CHEURFA. 


227 

section  de  la  plaine,  l’étage  supérieur.  A  mes  pieds  s’étend  la  partie  inférieure,  que  je 
viens  de  quitter  :  immense  étendue  blanche  où  paraissent,  comme  deux  points,  les 
oasis  de  Tilouin  et  de  Mekhtara  Aït  Abbou  ;  elle  se  prolonge  toujours  la  même, 
bordée  par  la  ligne  sombre  du  Sarro ,  aussi  loin  que  porte  la  vue.  A  la 
surface  de  la  section  où  je  suis,  s’aperçoit  vers  le  nord-ouest  un  tronçon  de  ligne 
verte,  portion  des  palmiers  de  Taderoucht;  ils  apparaissent  par  une  légère  dépres¬ 
sion  de  la  plaine.  D’un  autre  côté,  au  nord-est,  se  voit  un  mamelon  rougeâtre  dres¬ 
sant  sa  tête  isolée  au  milieu  du  désert.  11  se  trouve  dans  la  direction  du  Qçar  es 
Souq  :  je  marche  droit  sur  lui.  Le  sol  de  cet  étage  supérieur  est  mi-pierreux,  mi- 
rocheux  sur  les  bords;  il  devient  sablonneux  à  mesure  qu’on  se  rapproche  du  milieu  : 
dans  cette  partie  il  y  a  parfois  de  petites  dunes  de  1  à  2  mètres  de  haut.  La  végé¬ 
tation  se  compose,  dans  le  sable,  d’un  peu  de  thym,  de  mousse  du  hamada,  de  rares 
jujubiers  sauvages.  Les  parties  pierreuses  sont  plus  nues  :  à  peine  y  voit-on  quel¬ 
ques  touffes  de  mousse.  Le  terrain  est  uni;  on  n’y  distingue  pas  d’autre  accident 
que  la  butte  isolée  qui  me  sert  de  signal;  elle  est  peu  élevée  :  je  passerai  à  son  pied 
à  2  heures;  elle  me  semblera  avoir  60  ou  80  mètres  de  haut.  C’est  un  mamelon  de 
roche  rouge,  escarpé.  Les  eaux  de  cette  partie  de  la  plaine  vont  d’une  part  à  l’Ouad 
Ziz,  de  l’autre  à  l’Ouad  Reris.  Cela  donne  naissance  à  la  dépression  par  laquelle  j’ai 
aperçu  une  parcelle  du  Taderoucht. 

A  3  heures  et  demie,  l’Ouad  Ziz  apparaît.  Il  est  à  quelque  distance.  C’est  une 
ligne  noire  sortant  du  flanc  de  l’Atlas  et  s’allongeant  à  perte  de  vue  dans  la  plaine. 
Aucun  mouvement  ne  borne  l’horizon,  ni  à  l'est,  ni  à  l’ouest,  ni  au  sud  :  on  ne  voit 
en  ces  trois  directions  qu’une  surface  plate  et  blanche  s’étendant  à  l’infini;  au  milieu 
serpente  la  longue  file  des  palmiers  de  l’Ouad  Ziz,  sans  que  la  ligne  s’en  interrompe 
depuis  le  point  où  ils  débouchent  de  la  montagne  jusqu’à  celui  où  on  les  perd 
des  yeux  aux  limites  de  l’horizon.  Les  districts  qui  se  succèdent  sur  les  bords  du 
Ziz  sont,  comme  ceux  du  Dra,  un  ruban  étroit  se  déroulant  au  milieu  du  désert  : 
comme  eux,  bien  que  portant  des  noms  divers,  Qçar  es  Souq,  Metrara,  Reteb, 
Tizimi,  Tafilelt,  ils  forment  une  seule  oasis,  bande  de  dattiers  bordant  sans  inter¬ 
ruption  le  fleuve,  depuis  le  qçar  le  plus  haut  du  Qçar  es  Souq  jusqu’à  la  localité1 
la  plus  basse  du  Tafilelt. 

A  4  heures  et  demie,  je  parviens  au  Qçar  es  Souq.  Je  m’arrête  au  mellali.  Je  n’ai 
rencontré  personne  durant  ma  route.  J’ai  passé  près  d’un  endroit  habité,  le  petit  qçar 
de  Tarza,  appartenant  aux  Ait  Izdeg.  Deux  cours  d’eau  se  réunissent  au-dessus  de  lui 
et  se  dirigent  vers  le  sud  en  creusant  dans  la  plaine  une  vallée  de  500  mètres  de 
large  :  le  qçar  se  trouve  au  fond  de  celle-ci,  entouré  de  champs,  d’oliviers  el  de 
figuiers;  point  de  palmiers.  Le  principal  des  deux  cours  d’eau,  l’Ouad  Tarza,  a 
50  mètres  de  large;  le  lit,  moitié  sable,  moitié  gravier,  en  est  à  soc. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


±2H 

Le  Qçar  es  Souq  est  un  district  situé  sur  les  bords  du  Ziz  :  c’est  l’un  des  plus  pe¬ 
tits  de  son  cours  et  le  premier  après  sa  sortie  du  Grand  Atlas;  il  commence  au  point 
où  le  fleuve  débouche  de  la  montagne.  Lavallée  du  Ziz  y  offre  une  bande  de  palmiers 
large  de  500  à  1500  mètres,  au  milieu  de  laquelle  coule  le  fleuve  et  s’élèvent  des 
qçars.  Les  constructions  sont  en  pisé;  les  tirremts,  nombreuses,  sont  moins  or¬ 
nées  que  dans  le  Dra.  D’ici  à  Foum  Riour,  où  l’Ouad  Ziz  sort  de  l’Atlas,  le  cours  d’eau 
et  la  majeure  partie  des  dattiers  sont  encaissés  dans  une  tranchée  profonde  de 
plusieurs  mètres,  pareille  à  celle  où  coule  quelque  temps  l’Ouad  Todra;  le  fond 
en  est  de  sable,  les  parois  de  roche  :  en  dehors  sont  le  reste  des  palmiers  et  la 
plupart  des  qçars.  L’Ouad  Ziz  a  ici  40  mètres  de  large,  80  centimètres  de  profondeur, 
une  eau  verte  au  courant  impétueux;  il  a  de  nombreux  rapides  et  ne  se  traverse 
qu’à  des  gués  déterminés;  lit  tantôt  de  gravier,  tantôt  de  sable,  sans  berges. 

Le  costume  et  les  armes  sont  les  mêmes,  à  peu  de  chose  près,  que  dans  les  oasis 
précédentes.  Le  gracieux  sac  à  poudre  de  filai i  brodé  de  soie  se  porte  toujours.  La- 
seule  modification  est  dans  la  coiffure  :  on  garde  le  dessus  de  la  tête  nu;  l’étroite 
bande  de  coton  blanc  dont  on  se  ceignait  le  front  au  Dâdes,  au  Todra  et  au  Reris 
se  remplace  par  quelques  tours  de  fil  de  poil  de  chameau  ou  de  cordelette  de  soie; 
celle-ci  est  d’ordinaire  rose  et  de  7  à  8  millimètres  de  diamètre.  11  est  de  mode 
d’avoir  un  anneau  d’argent  à  l’oreille  gauche.  Peu  de  kheidous  :  on  ne  s’habille  que 
de  blanc;  les  bernons,  de  laine  ou  de  coton,  sont  fréquemment  ornés  de  broderies 
de  soie  aux  couleurs  vives.  Costume  et  armement  resteront  les  mêmes  d’ici  à  Qçâbi 
ech  Cheurfa. 


2°.  —  DU 


QCAR  ES 


SOUQ  A  QÇABI  ECH  CHEURFA. 


2  mai. 


Le  Qçar  es  Souq,  le  Tiallalin,  tous  les  pays  que  je  traverserai  d’ici  au  col  de 
Telremt,  faîte  du  Grand  Atlas,  appartiennent  à  un  même  rameau  des  Rerâber,  les  Ait 
Izdeg.  Je  prends  trois  fusils  de  cette  fraction  pour  m’escorter  jusqu’au  Tiallalin, 
mon  gîte  de  ce  soir.  Ce  district,  situé  sur  le  Ziz,  se  trouve  de  l’autre  côté  de  l’épaisse 
chaîne  rocheuse  au  pied  de  laquelle  est  le  Qçar  es  Souq.  Deux  chemins  y  mènent  : 
l’un  longe  le  cours  du  fleuve,  au  fond  d’une  gorge  profonde,  l’autre  laisse  l’ouad  de 
côté  et  gravit  les  crêtes  de  la  montagne.  Ce  dernier  est  plein  de  difficultés  :  on 
le  prend  en  cas  de  nécessité  absolue,  lorsque  l’Ouad  Ziz,  que  la  première  route 
traverse  plusieurs  fois,  se  trouve  infranchissable.  Bien  que  je  sois  à  l’époque  de  la 
crue  du  fleuve,  et  que  des  pluies  récentes  en  aient  gonflé  les  eaux  et  rendu  le  pas- 


DU  DADES  A  QÇABI  ECU  GHEURFA. 


sage  difficile,  je  prendrai  la  première  voie.  Au  sortir  du  Qçar  es  Souq,  j’entre  dans  la 
montagne.  Celle-ci  est  une  large  chaîne  de  roche  nue;  elle  semble  former  une  suc¬ 
cession  de  murailles  à  pic  et  de  talus,  séparés  par  des  côtes  plus  ou  moins  raides, 
tantôt  rocheuses,  tantôt  pierreuses.  Le  massif  est  presque  en  entier  de  couleur  rouge 
vif:  aux  abords  du  Tiallalin,  les  flancs  changent  de  ton  et  deviennent  d’un  gris  bleu⬠
tre.  L’Ouad  Ziz  traverse  cette  chaîne  par  une  longue  gorge  aux  parois  escarpées,  qui 
se  changent  parfois  en  murailles  verticales;  le  fond  a  par  endroits  300  ou  400  mètres 
de  large,  souvent  50  ou  60.  11  est  sablonneux,  couvert  de  cultures  et  jalonné  de  qçars 
sur  presque  toute  sa  longueur;  la  partie  supérieure  seule,  celle  qui  touche  à  la  plaine 
du  Tiallalin,  est  rocheuse,  nue  et  déserte.  L’autre  forme  un  district  séparé,  El 
Kheneg.  Des  dattiers  ne  cessent  d’ombrager  les  cultures  depuis  Qçar  es  Souq  jusqu’au 
qçar  de  Tamerrâkecht.  Là  ils  disparaissent  :  je  n’en  verrai  plus  d’ici  à  la  fin  de  mon 
voyage.  Dans  ce  défilé,  le  chemin  est  difficile,  à  cause  de  la  quantité  de  fois  qu’il  faut 
traverser  l’Ouad  Ziz  :  quoique  j’aie  fait  un  détour  dans  la  montagne  pour  diminuer 
le  nombre  de  ces  passages,  je  l’ai  franchi  à  six  reprises;  la  plupart  des  gués  avaient 
environ  25  mètres  de  large  et  80  centimètres  de  profondeur;  la  rapidité  très  grande  du 
courant  rendait  longue  chacune  des  traversées.  Parti  de  Qçar  es  Souq  à  7  heures  du 
matin,  je  n’arrive  qu’à  3  heures  et  demie  à  l’extrémité  nord  du  défilé.  Là  je  me  trouve 
en  face  d’une  plaine  où  je  m’engage  :  la  plaine  du  Tiallalin.  Elle  est  bornée  :  au 
sud,  par  la  chaîne  de  laquelle 
je  sors;  au  nord  par  une  autre 
chaîne  nue  et  rocheuse,  pa¬ 
rallèle  à  celle-ci;  à  l’ouest, 
par  un  demi-cercle  de  hautes 
montagnes,  un  peu  plus  éle¬ 
vées  que  celles  que  je  viens 
de  traverser,  et  dont  le  pied , 
à  sa  plus  grande  distance, 

peut  être  à  12  ou  15  kilomètres.  Vers  l’est,  la  plaine  s’étend  jusqu’aux  limites  de 
l’horizon.  Cette  étendue  est  nue  et  plate;  le  sol  en  est  pierreux,  avec  quelques 
parties  rocheuses  et  d’autres  sablonneuses.  L’Ouad  Ziz  la  traverse  dans  sa  largeur; 
les  deux  rives  du  fleuve  sont  bordées  d’un  ruban  continu  de  cultures  et  de  villages 
qui  se  prolongent  par  delà  la  plaine,  derrière  la  chaîne  qui  la  limite  au  nord.  C’est 
le  Tiallalin. 

Le  Tiallalin  a,  comme  végétation,  l’aspect  du  bas  Dades  :  mômes  cultures  tristes, 
même  apparence  morne,  même  absence  d’arbres.  Les  champs,  répartis  sur  les  deux 
bords  de  l’Ouad  Ziz,  forment  une  bande  non  interrompue  d’une  extrémité  a  l’autre 
du  district  :  la  bandeest  de  largeur  inégale,  tantôt  elle  a  2000  mètres,  tantôt  ;i  peine 


Foum  .label. 


Portion  méridionale  du  Tiallalin.  (Vue  prise  de  Kerrando.) 
Croquis  de  l’auteur. 


RKCONNAISSAN  G  K  AU  MAROC. 


230 

1  000.  Si  par  la  pauvreté  de  la  végétation  le  Tiallalin  rappelle  le  Dâdes,  il  ne  lui  res¬ 
semble  en  rien  en  ce  qui  concerne  les  qçars.  Depuis  que  j'ai  quitté  le  bassin  du 
Dra,  l’architecture  va  en  déclinant  :  jusqu’au  Qçar  es  Souq  inclus,  elle  avait  gardé 
de  l’élégance;  il  n’y  en  a  plus  au  Tiallalin  :  les  bâtiments  y  sont  de  pisé  sans  orne¬ 
ment;  il  existe  des  tirremts;  mais  leurs  quatre  murs  flanqués  de  tours  sont  d’une 
simplicité  absolue  :  ni  découpures,  ni  moulures.  Les  ageddims  ont  disparu  avec  les 
derniers  palmiers  du  Reris.  Les  constructions,  d’ici  à  Oudjda,  rappelleront  celles 
du  Tâdla,  des  Aït  Atab,  des  Entifa.  Au  Tiallalin,  elles  sont  non  seulement  moins 
élégantes  qu’au  Dâdes,  mais  aussi  moins  nombreuses;  elles  forment  une  série  de  vil¬ 
lages  peu  espacés,  et  non  cette  suite  continue  d’habitations  qui  donne  au  Dâdes  un 
aspect  si  particulier. 

Je  suis  entré  dans  le  Tiallalin  à  4  heures;  je  m’y  arrête  à  5  heures  à  Qcîba  el  Ihoud, 
petit  village  situé  presque  à  l’extrémité  de  1a.  plaine. 

3  et  4  mai. 


Séjour  au  Tiallalin.  Une  pluie  continuelle,  bénie  par  les  habitants,  peu  agréa¬ 
ble  à  un  voyageur,  m’v  retient  deux  jours. 

5  mai. 


Départ  à  8  heures  du  matin.  Bientôt  je  suis  hors  de  la  plaine.  L’Ouad  Ziz  y  entre 
par  un  kheneg  d’environ  100  mètres  de  large,  entre  le  Djebel  Bon  Qandil,  haute 
montagne  brune  aux  côtes  raides,  à  Test,  et  le  Djebel  Gers,  longue  chaîne  de  roche 
jaune,  à  l’ouest.  Cette  dernière  est  en  pente  faible  pendant  1  à  2  kilomètres ,  puis  s’é¬ 
lève  à  son  tour;  elle  forme  le  flanc  droit  d’une  vallée  où  coule  l’Ouad  Ziz  avant  de 
passer  dans  la  plaine.  Le  flanc  gauche  en  est  un  talus  à  crête  uniforme,  en  rampe 
douce  au  pied,  se  terminant  au  sommet  par  une  muraille  à  pic;  il  n’est  que  roche 

et  pierres  sans  végétation.  Le  fond, 
que  je  remonte,  a  un  sol  terreux; 
la  largeur  moyenne  en  est  de  1  500 
mètres.  Il  est  occupé  par  les  cul- 
tures  et  les  villages  du  Tiallalin  et 
du  Gers;  les  deux  districts  s’y  suc¬ 
cèdent  sans  intervalle  :  ils  s’éten¬ 
dent  sur  toute  la  longueur  de  la 
vallée,  mais  n’en  embrassent  pas  toute  la  largeur,  n’occupant  jamais  qu’une  des 
rives  du  fleuve,  l’autre  restant  inculte  et  déserte.  Je  traverse  une  dernière  fois  l’Ouad 
Ziz  :  au  gué,  il  forme  deux  bras,  de  50  mètres  de  large  chacun;  la  profondeur  du 


Aït  Khozman. 


Vallée  de  l'Ouad  Ziz  et  qçar  d’Aït  Khozman.  (Vue  prise  de  Kerrando.) 
Croquis  de  l’auteur. 


DU  DADES  A  QÇABI  ECU  CHEURFA. 


^31 

premier  esl  de  80  centimètres,  celle  du  second  de  50  centimètres;  les  eaux  coulent 
sur  un  lit  de  gravier,  sans  berges;  le  courant  est  très  rapide.  Dans  le  lointain,  appa¬ 
raît  la  cime  blanche  du  Djebel  el  Aïach i .  Elle  ne  cessera  de  briller  à  mes  yeux  d’ici  à 
Qçâbi  ech  Cheurfa,  et  de  là  jusqu’à  Misour.  Vers  1 1  heures,  je  me  trouve  à  l’extrémité 
de  la  vallée  :  le  flanc  gauche  s’abaisse  tout  à  coup,  et  fait  place  à  une  plaine  bornée, 
au  nord,  par  une  chaîne  rocheuse  et  rouge  qui  s’élève  à  plusieurs  kilomètres  d’ici;  au 
sud,  par  le  prolongement  du  Djebel  Gers;  vers  l’ouest  et  le  nord-ouest,  elle  s’étend 
à  une  grande  distance  et  est  limitée  par  de  hautes  montagnes  très  éloignées  :  de 
là  vient  l’Ouad  Ziz  :  on  distingue  au  loin  à  la  surface  blanche  de  la  plaine  les  taches 
noires  des  jardins  qui  en  marquent  le  cours.  Pour  moi,  je  l’abandonne  et  marche 
d roi t  au  nord ,  vers  la  chaîne  qui  se  dresse  de  ce  côté;  jusque-là,  sol  pierreux,  plat, 
sans  végétation.  A  1  heure  moins  un  quart,  j’arrive  au  pied  du  massif;  je  le  gravis  : 
une  montée  d’une  heure,  par  un  ravin  nu  et  rocheux,  me  conduit  à  un  col.  Là 
commence  un  plateau  accidenté,  au  sol  terreux,  couvert  de  gecldim  (sorte  d’halfa)  et 
de  thym.  Je  le  traverse;  au  bout  de  quelque  temps,  j’atteins  une  crête  :  c’est  l’extrémité 
nord  du  plateau.  Devant  moi  s’étend  une  côte  peu  rapide,  garnie  de  geddim,  et  au 
delà  une  longue  plaine  orientée  comme  celle  du  Tiallalin,  de  l’ouest-sud-ouest  à  l’est- 
nord-est.  Elle  est  limitée  :  au  sud,  par  le  massif  que  je  finis  de  franchir;  au  nord,  par¬ 
le  Djebel  el  Abbarat,  haute  chaîne  de  roche  rouge,  et,  en  avant  de  lui,  par  un  massif 
de  collines  grises  de  40  à  50  mètres  de  hauteur,  qui  s’y  adosse,  tout  en  en  étant 
distinct;  à  l’ouest,  par  un  demi-cercle  de  montagnes  assez  élevées.  Vers  l’est,  elle 
s’étend  à  perte  de  vue.  L’Ouad  Nezala  la  traverse  dans  sa  largeur;  trois  hameaux 
isolés  apparaissent  avec  leur  maigre  verdure  au  milieu  de  sa  surface  déserte.  Bientôt 
je  suis  dans  la  plaine;  le  sol,  sablonneux,  est  couvert  d’herbages  où  le  genêt  do¬ 
mine.  Je  gagne  l’Ouad  Nezala,  que  je  suivrai  jusqu’au  col  de  Telremt,  faîte  du  Grand 
Atlas.  Au  bout  de  la  plaine,  j’entre  dans  le  massif  de  collines  qui  précède  le  Djebel 
el  Abbarat.  L’Ouad  Nezala  s’y  creuse  une  vallée  de  100  mètres  de  large;  les  flancs, 
terre  avec  quelques  pierres,  sont  couverts  de  geddim.  A  4  heures,  je  suis  au 
point  où  finit  ce  massif  et  où  sortent  de  terre  les  parois  escarpées  du  Djebel  el 
Abbarat.  A  droite,  à  gauche,  sont  des  cols  entre  les  coteaux  et  la  montagne.  En  avant, 
s’ouvre  dans  le  flanc  de  cette  dernière  une  brèche  étroite,  Klieneg 
el  Abbarat,  phénomène  des  plus  curieux.  La  chaîne  où  elle  est 
percée  est  une  digue  de  plus  de  200  mètres  'd’élévation,  à 
crête  rocheuse  et  à  base  pierreuse;  les  crêtes  vont  en  s’abaissant 
près  du  klieneg  :  elles  diminuent  d’une  manière  rapide  et  régu¬ 
lière,  en  décrivant  un  demi-cercle;  la  crête  supérieure  elle-même  semble  le  décrire, 
de  façon  qu’au  fond  du  klieneg  la  muraille  du  faite  a  l’air  de  s’être  abaissée  au  niveau 
de  la  rivière  :  ainsi  ce  klieneg  ne  paraît  point  percé  comme  les  autres  par  l’action 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


232 

des  eaux;  il  semble  formé  par  un  pli  de  la  bande  rocheuse  qui  compose  la  chaîne. 
Il  a  100  mètres  de  long  et.  à  peine  30  mètres  de  large;  le  fond  comme  les  parois  en 
sont  de  roche  :  je  le  traverse  dans  le  lit  de  l’Ouad  Nezala.  Au  sortir  du  défilé,  la 
vallée  demeure  étroite;  ses  flancs  s’abaissent  :  ceux-ci  sont  les  pentes  septentrio¬ 
nales  du  Djebel  el  Abbarat;  elles  étaient  nues  sur  l’autre  versant;  ici,  tout  en  gar¬ 
dant  la  même  nature  rocheuse,  elles  se  sèment  de  quelques  arbres.  Ce  sont  les 
premières  côtes  boisées  que  je  voie  depuis  la  vallée  du  Sous.  Bientôt  le  flanc  droit  ex¬ 
pire  et  fait  place  à  un  plateau  nu ,  élevé  de  10  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  ri¬ 
vière;  le  flanc  gauche  continue  à  la  border;  il  n’a  plus  que  40  à  50  mètres  de  haut  : 
c’est  un  talus  de  roche  grise,  en  pente  douce.  Plusieurs  petits  qçars  d’aspect  misé¬ 
rable,  sans  jardins  ni  cultures,  sont  échelonnés  le  long  de  la  vallée.  Je  m’arrête 
à  Pun  d’eux,  Nezala,  qui  est,  comme  ce  nom  l’indique,  un  gîte  habituel  des  voyageurs 
sur  cette  route. 

Je  marche  depuis  ce  matin  avec  une  caravane  de  muletiers  du  Metrara;  je  me  suis 
rencontré  avec  eux  au  Tialla lin  ;  ils  feront  route  avec  moi  jusqu’à  Qçâbi  ech  Cheurfa. 
Leur  métier  est  de  transporter  des  marchandises  entre  le  Tafilelt  et  Fâs.  J’ai  loué, 
de  concert  avec  eux ,  une  escorte  d’Aït  Izdeg  :  ceux-ci  sont  maîtres  de  tout  le  pays, 
du  Qcar  es  Souq  au  col  de  Telremt.  Ils  prennent,  pour  servir  de  zetats  du  Tial- 
lalin  au  col,  5  francs  par  mule,  par  Juif  et  par  chameau,  et  la  moitié  pour  les  ânes; 
les  Musulmans  ne  paient  pas  pour  leur  personne  :  moyennant  cette  redevance,  les 
Aït  Izdeg  escortent  les  caravanes  et  en  garantissent  la  sûreté.  Nos  zetats  se  compo¬ 
sent  de  3  cavaliers  et  6  ou  ?  fantassins. 

Beaucoup  de  monde  aujourd’hui  sur  le  chemin.  J’ai  croisé  sept  ou  huit  convois 
de  50  à  80  bêtes  de  somme  chacun;  les  animaux  étaient  des  mulets,  des  ânes  et  des 
chameaux,  les  deux  dernières  espèces  dominant.  La  route  que  je  suis,  voie  habi¬ 
tuelle  entre  Fâs  et  le  Tafilelt,  est  toujours  aussi  fréquentée.  Depuis  l’Ouad  Ziz,  j’ai 
rencontré  deux  cours  d’eau  de  quelque  importance  :  l’Ouad  Tira  n  Imin  (an  point 
où  je  l’ai  passé  pour  la  première  fois,  il  avait  10  mètres  d’eau  limpide  de  15  centi¬ 
mètres  de  profondeur;  courant  rapide),  et  l’Ouad  Nezala  (à  hauteur  d’Aït  Hammou 
ou  Saïd,  le  lit  en  avait  80  mètres  de  large,  dont  15  remplis  d’eau  claire  et  courante 
de  60  centimètres  de  profondeur.  A  Nezala,  le  lit  n’a  plus  que  15  mètres  de  large,  et 
l’eau  6;  celle-ci  a  15  centimètres  de  profondeur).  Le  kheneg  el  Abbarat,  que  j’ai  tra¬ 
versé  à  4  heures,  est  célèbre  et  redouté  pour  les  brigandages  qu’y  exercent  les  Ait 
Hediddou.  Maintes  fois  ils  ont  guetté  des  caravanes,  embusqués  au  col  que  j’y  ai  vu 
à  main  gauche,  et  les  ont  pillées. 

Nezala  est  un  petit  qcar  délabré,  élevé  naguère  par  un  sultan  qui  voulu!  en  faire 
un  poste  d’observation  et  un  gîte  pour  les  voyageurs.  Il  ne  sert  plus  qu’à  ce  dernier 
usage.  C’esf  une  enceinte  carrée,  flanquée  de  mauvaises  tours,  le  tout  très  bas,  en  pisé 


DU  DADES  A  QÇABI  ECU  CHEURFA. 


233 


gris;  à  l’intérieur  se  trouvent  quelques  maisons,  résidences  de  cinq  ou  six  familles 
habitant  ici,  et  un  grand  nombre  de  cours,  d’écuries,  de  hangars,  la  plupart  à  demi 
ruinés,  où  s’installent  les  voyageurs. 

Sur  la  route  que  j’ai  parcourue  aujourd’hui,  il  n’y  a  pas  de  passage  difficile.  Une 
seule  côte  un  peu  raide,  vers  2  heures;  le  reste  du  temps  j’ai  marché  en  plaine.  De¬ 
main,  durant  toute  la  journée,  le  chemin  sera  plus  uni  encore.  L’aisance  extrême 
avec  laquelle  on  franchit  ici  le  Grand  Atlas  contraste  avec  les  difficultés  que  j’ai  ren¬ 
contrées  en  le  passant  pour  la  première  fois,  au  Tizi  n  Telouet.  Aucun  trait  de  res¬ 
semblance,  hors  l’altitude,  n’existe  entre  l’Atlas  des  Glaoua  et  celui-ci.  Là,  une 
chaîne  aux  crêtes  nues  et  rocheuses  est  formée  de  longs  escarpements  presque  in¬ 
franchissables;  les  deux  versants,  celui  du  nord  surtout,  profondément  ravinés  par 
l’action  des  eaux,  ont  perdu  leur  forme  primitive  et  se  présentent  sous  l’aspect  de 
contreforts  perpendiculaires  à  l’arête  centrale;  rocheux,  tourmentés,  ils  cachent  dans 
leurs  flancs  d’étroites  vallées  resserrées  entre  des  murailles  de  roche,  seuls  refuges 
de  la  végétation  et  de  la  vie  en  cette  contrée  inaccessible,  désolée,  déserte.  Ces  vallées, 
comme  les  contreforts  qui  les  séparent,  ont  leur  direction  normale  à  la  ligne  culmi¬ 
nante  de  la  chaîne.  Ici,  au  contraire,  le  sommet  est  en  partie  boisé  :  on  y  arrive  par 
un  chemin  d’une  facilité  extrême  :  le  massif  se  compose,  non  d’innombrables  mon¬ 
tagnes  couvrant  tout  le  pays,  avec  l’apparence  de  rameaux  perpendiculaires  à  un 
tronc,  mais  d'une  série  de  chaînes  (1)  parallèles  à  l’arête  principale  et  séparées  entre 
elles  par  des  plaines  qui  occupent  la  plus  grande  partie  de  la  contrée.  Les  cours 
d’eau,  auprès  desquels  les  villages  sont  tantôt  nombreux,  tantôt  clairsemés,  s’écou¬ 
lent  au  niveau  des  plaines,  traversant  les  diverses  lignes  de  montagnes  par  autant 
de  khenegs  qui  s’y  ouvrent  comme  des  portes  sur  leur  passage.  Quelques-unes  de 
ces  plaines  sont  si  longues 
que  deux  rivières  les  tra¬ 
versent  dans  leur  largeur, 
à  une  grande  distance  l’une 
de  l’autre  :  telle  la  plaine 
du  Tiallalin,  dont  le  pro¬ 
longement  est  arrosé  par 
l'Ouad  Gir.  Outre  cette  dif¬ 
férence  de  nature,  les  deux  parties  du  Grand  Atlas  que  nous  avons  franchies  en 
présentent  une  autre  :  le  Tizi  n  Glaoui  était  des  deux  côtés  entouré  de  hautes  cimes 
presque  en  tout  temps  couvertes  de  neige  :  il  formait  une  dépression  au  milieu  de 
montagnes  très  élevées.  Le  Tizi  n  Telremt  se  trouve  au  point  où  la  chaîne  commence 


Tizi  n  Telremt. 


l)j.  El  Aiaelii. 


Tizi  n  Telremt  Et  Djebel  el  Aiuehi. 

(Les  parties  ombrées  sont  couvertes  de  neige.)  (Vue  prise  de  yaçba  el  Makhzen.) 

Croquis  do  l’auteur. 


(1)  Nous  en  avons  traversé  cinq  avant  d'arriver  à  la  chaîne  principale. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


30 


234 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


à  décroître  :  à  l’ouest  du  col,  s’élèvent  les  hautes  crêtes  toujours  blanches  du  Djebel 
El  Aïachi,  l’un  des  massifs  les  plus  élevés  de  l’Atlas;  à  l’est,  il  n’y  a  plus  trace  de 
neige,  et  la  chaîne  s’abaisse  rapidement.  Je  l’aurai  longtemps  sous  les  yeux  dans  le 
bassin  de  la  Mlouïa.  Au  delà  du  Djebel  El  Aïachi,  elle  apparaît  comme  un  long 
talus  brun,  à  crête  uniforme,  allant  sans  cesse  en  décroissant.  Elle  s’allonge  vers 
l’est,  diminuant  toujours  de  hauteur,  jusqu’au  point  où  on  la  perd  de  vue  aux 
limites  de  l’horizon. 

6  mai. 

Départ  à  5  heures  du  matin.  Jusqu’au  col  de  Telremt,  je  resterai  en  terrain  plat  : 
sol  dur,  terre  semée  de  gravier  et  de  petites  pierres;  une  végétation  maigre  le  recou¬ 
vre  à  moitié  :  geddim,  thym,  menus  herbages.  D’ici  au  col,  je  traverse  trois  plaines 
unies,  sans  la  moindre  ondulation;  la  première  s’étend  au  loin  vers  l’ouest  et  le 
nord-ouest,  bornée  dans  cette  direction  par  le  pied  même  du  Djebel  El  Aïachi,  dont 
on  voit  les  pentes,  poudrées  de  neige  à  la  base,  se  transformant  peu  à  peu  en  une 
large  masse  d’un  blanc  mat,  émerger  de  sa  surface;  elle  est  limitée  à  l’est  par  un 
talus  gris  de  40  à  50  mètres  de  hauteur,  aux  côtes  pierreuses,  peu  rapides,  clairse¬ 
mées  de  geddim.  La  seconde  plaine  se  prolonge  à  une  grande  distance  vers  l’est, 
où  des  montagnes  d’élévation  moyenne  la  bordent;  elle  est  séparée  de  la  précédente 
et  limitée  à  l’ouest  par  des  massifs  de  collines  aux  pentes  douces  en  partie  tapissées 
de  geddim.  Au  nord,  la  borne  en  est  une  haute  chaîne  de  montagnes,  dont  le  nom 
est  célèbre,  le  Djebel  El  Abbari.  C’est  une  arête  élevée,  dressant  ses  crêtes  à  plus  de 
200  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  plaine  :  les  lianes,  de  couleur  rouge,  en  sont 
rocheux  et  escarpés,  couverts  de  geddim  dans  le  bas,  d’arbres  vers  le  sommet.  Bien 
que  le  col  soit  plus  loin,  le  faite  de  cette  chaîne  est  la  ligne  culminante  du  Grand 
Atlas.  Par  un  fait  curieux,  l’Ouad  Nezala,  au  lieu  de  prendre  sa  source  sur  le  ver¬ 
sant  méridional,  la  prend  au  delà,  sur  le  versant  nord.  11  traverse  le  Djebel  El 
Abbari  par  un  khenegde  30  mètres  de  large.  J’entre  par  ce  kheneg  dans  la  troisième 
plaine;  elle  est  petite  et  sans  ressemblance  avec  les  précédentes,  en  étendue;  adossée 
au  sud  au  Djebel  El  Abbari,  elle  est  bordée  à  l’est  par  un  talus  en  contre-bas  donnant 
sur  un  autre  bassin,  au  nord  par  un  bourrelet  pierreux,  aux  pentes  boisées  (1), 
haut  de  30  mètres.  Au  bout  de  cette  petite  plaine  se  trouve  le  col  de  Telremt,  où  je 
passe  du  bassin  du  Ziz  dans  celui  de  la  Mlouïa.  Je  le  franchis  à  9  heures  du  matin; 
il  est  à  2182  mètres  d’altitude.  Quant  à  la  ligne  de  faîte  générale  de  l’Atlas,  je  l’ai 
passée  en  traversant  le  Djebel  El  Abbari.  Du  col  de  Telremt,  je  gagne  un  ravin  pro- 


(1)  Les  arbres  donc  il  est  question  ici  sont  des  arbres  de  petite  taille,  de  2  à  3  mètres  au  plus  d'élévation;  ils 
sont  clairsemés  et  en  aucun  point  ne  forment  de  bois  compact. 


DU  DADES  A  QÇABI  ECII  CHEURFA. 


235 


fond  dont  la  partie  inférieure,  large  de  20  mètres,  est  bordée  de  talus  raides  garnis 
de  geddim  dans  le  bas,  d’arbres  dans  le  haut.  Je  le  descends;  il  n’est  pas  long  :  au 
bout  de  peu  de  temps  les  flancs  s’abaissent,  s’adoucissent;  bientôt  ils  disparaissent  : 
je  suis  en  plaine.  La  plaine  où  j’entre  porte  le  nom  de  Çahab  el  Geddim.  Elle  est 
unie,  mais  en  pente  prononcée  vers  le  nord;  le  sol,  moitié  terre,  moitié  pierres,  est 
couvert  de  hautes  touffes  de  geddim.  Au  delà  de  Çahab  el  Geddim,  lui  faisant  suite, 
j’ai  devant  moi,  en  contre-bas,  une  seconde  plaine  où  la  Mlouïa  creuse  son  lit;  cette 
plaine  est  très  large;  on  l’appelle  Çahab  el  Ermes.  Un  long  talus  brun  de  moyenne 
élévation,  premières  pentes  du  Moyen  Atlas,  la  borne  au  nord.  Au  delà  se  voient 
un  grand  nombre  d’autres  crêtes,  succession  de  chaînes  grises  s’étageant  les  unes 
derrière  les  autres,  puis,  les  dominant  toutes,  une  bande  bleue  dont  le  haut  est 
couvert  de  neige  :  c’est  le  faite  du  Moyen  Atlas,  ligne  uniforme- où  surgissent  deux 
sommets  en  larges  masses  blanches  :  l’un,  le  Djebel 
Tsouqt,  est  au  milieu  de  la  chaîne,  l’autre,  le  Djebel 
Oulad  Ali,  à  son  extrémité  orientale.  Celui-ci  termine 
le  massif  de  la  façon  la  plus  brusque  et  la  plus  étrange; 
après  s’être  élevé  très  haut,  il  tombe  presque  à  pic  au 
bord  de  la  vallée  de  la  Mlouïa  :  son  versant  est  a  l’as¬ 
pect  d’un  talus  à  2/1  de  plus  de  1500  mètres  d’éléva¬ 
tion.  Cette  falaise  énorme,  où  s’arrête  court  une  si  haute  et  si  longue  chaîne,  est  de 
l’effet  le  plus  extraordinaire.  Je  reverrai  de  près  le  Djebel  Oulad  Ali  dans  la  vallée 
moyenne  de  la  Mlouïa. 

De  Çahab  el  Geddim,  une  rampe  douce,  de  25  mètres  de  hauteur,  me  conduit 
dans  Çahab  el  Ermes.  Comme  la  première,  cette  plaine  s’étend  à  perte  de  vue  vers 
l’est,  et  vers  l’ouest;  le  sol  est  sablonneux;  de  rares  places  sont  nues,  en  d’autres 
pousse  du  thym  :  la  plus  grande  partie  est  tapissée  de  la  plante  basse  qu’on  appelle 
ermes.  On  aperçoit  de  loin  en  loin  «le  petites  tirremts  d’aspect  misérable,  isolées 


Dj.  Tsouqt. 


t)j.  O.  Ali. 


Dj.  Oulad  Ali. 


. . . . . .  1  rl.UTfl* I O ■ - - 


Mlouïa  et  Qaçba  el  Maklizen  (Qçfthi  eeli  Cheurfa.) 

(I,es  parties  ombrées  des  montagnes  sont  couvertes  de  neige.)  (Vue  prise  du  sud-ouest). 

Croquis  de  l'auteur. 


dans  le  désert.  Je  chemine  dans  cette  plaine  jusqu’à  3  heures  et  demie;  à  ce  mo¬ 
ment  s’ouvre  à  mes  pieds  une  tranchée  :  élit*  a  1500  mètres  de  large;  le  fond  en 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


236 


est  couvert  de  verdure  et  de  feuillage;  à  demi  cachés  sous  la  multitude  des  ar¬ 
bres  fruitiers,  plusieurs  qçars  y  montrent  leurs  terrasses  brunes;  au  milieu  coule 
un  fleuve  :  c’est  Qçâbi  ech  Cheurfa  et  la  Mlouïa.  Un  talus  de  sable  nu  me  conduit 
au  fond  de  rencaissement;  le  sol  y  est  de  sable  :  j’y  marche  au  milieu  des  champs  et 
des  vergers.  Au  bout  d’un  quart  d’heure,  je  parviens  à  Qaçba  el  Makhzen,  terme  de 
ma  route. 

Qçâbi  ech  Cheurfa  se  compose  de  localités  toutes  situées  dans  la  tranchée  où  coule 
la  Mlouïa;  elles  sont  unies  par  des  cultures  et  des  jardins  ombragés  d’une_ foule 
d’arbres,  oliviers,  figuiers,  grenadiers  :  ces  feuillages  donnent  au  district  un  air  de 
gaieté  et  de  fête  qui  contraste  avec  l’aspect  morne  du  Tiallalin  et  du  Gers.  Qçâbi  ech 
Cheurfa  est  ainsi  un  ruban  de  cultures  et  de  qçars,  enfermé  entre  deux  hautes  berges, 
et  au  milieu  duquel  coule  la  Mlouïa. 

J’ai  rencontré  moins  de  monde  qu’hier  sur  la  route  :  les  caravanes  croisées  ont 
été  au  nombre  de  trois,  formant  ensemble  150  bêtes  de  somme.  Ainsi  qu’il  était 
convenu,  mes  zetats  m’ont  abandonné  au  col  de  Telremt.  Là  commence  le  blad 
el  makhzen  :  au  nord  du  col ,  les  Ait  Izdeg,  qui  sont  en  mauvais  termes  avec  le  sul¬ 
tan ,  trouveraient  du  danger  à  s’avancer  en  petit  nombre,  et  les  voyageurs,  étant  en 
pays  soumis,  n’ont  plus  besoin  d’escorte.  Du  col  à  El  Qçâbi,  on  est  sur  le  territoire  des 
Ait,  ou  Afella,  petite  tribu  qui,  formant  par  son  origine  une  fraction  des  Ait  Izdeg, 
est  séparée  d’eux  politiquement  et  obéit  au  sultan.  On  y  marche  sans  anaïa,  et  elle 
est  responsable  < les  pillages  commis  sur  son  territoire  :  pour  la  dédommager  des 
bénéfices  que  sa  soumission  lui  fait  perdre,  le  gouvernement  l’a  autorisée  à  préle¬ 
ver  un  droit  sur  ce  qui  passe  sur  ses  terres;  ce  droit  est  de  1  franc  par  bête  de 
somme  et  par  Juif.  Ma  caravane  a  dû  l’acquitter  à  deux  reprises;  souvent,  où  on  ne 
devrait  payer  qu’une  fois,  on  le  fait  trois  ou  quatre;  voici  comment  :  à  peu  de  dis¬ 
tance  du  col  de  Telremt,  quelques  hommes  nous  accostèrent;  ils  demandèrent  le 
montant  de  la  redevance,  nous  le  donnâmes;  assez  loin  de  là,  dans  la  plaine,  nous 
trouvâmes  une  forte  troupe  installée  en  travers  de  la  route;  elle  déclara  que  nous  ne 
passerions  qu 'après  lui  avoir  remis  cette  même  somme;  le  chef  de  la  caravane  de 
se  récrier  :  nous  l’avions  déjà  donnée.  «  Ceux  que  vous  avez  rencontrés  étaient  des 
escrocs;  ils  n’avaient  droit  de  rien  réclamer  :  nous  seuls  sommes  délégués  pour  per¬ 
cevoir  le  péage.  Vous  n’irez  que  quand  nous  l’aurons  reçu  ».  Comme  la  délégation 
se  composait  de  quarante  hommes  armés,  il  fallut  en  passer  par  où  elle  voulut. 
Des  faits  de  ce  genre  se  reproduisent  tous  les  jours  :  les  régions  du  blad  el  makh¬ 
zen  où  sont  installés  ces  péages  (qui  portent  le  nom  de  nezala )  sont  souvent  plus 
onéreuses  à  traverser  que  le  blad  es  sîba;  par  bonheur,  elles  sont  rares  :  ce  sont  d’or¬ 
dinaire  des  contrées  dont  la  population,  à  peine  soumise,  pillerait  ouvertement,  sans 
qu’on  puisse  l’en  empêcher,  si  on  ne  lui  donnait  cette  compensation.  Je  n’ai  cou- 


DU  DADES  A  QÇABI  ECU  GU  EU  li  FA. 


237 


naissance  de  nezalas  de  ce  genre  qu’en  deux  tribus,  les  Ait  ou  Afella  et  les  Ait 
loussi  :  dans  cette  dernière,  elles  sont  nombreuses  :  on  en  compte  10,  dit-on,  de 
Qçâbi  ech  Cheurfa  à  Sfrou.  C’est  une  ruine  pour  les  commerçants. 


/  mai. 


Séjour  à  Qaçba  el  Makhzen.  Ce  lieu  est  une  enceinte  rectangulaire  garnie  de  tours, 
de  construction  récente,  servant  de  résidence  au  qaïd,  à  la  garnison  et  aux  Juifs. 
Autrefois  les  cherifs,  possesseurs  du  sol  du  district,  y  étaient  seuls  maîtres  et  ne  re¬ 
connaissaient  aucune  autorité;  aujourd’hui  le  pays  est  blad  el  makhzen  et  un  qaïd  y 
commande  :  de  tout  temps  le  district  a  été  tributaire  des  Ait  Izdeg.  Il  l’est  en¬ 
core,  et  ce  n’est  pas  un  spectacle  peu  curieux  de  voir  une  province  du  sultan  vas¬ 
sale  d’une  fraction  indépendante.  C’est  Moulei  El  Hasen  qui,  il  y  a  sept  ans,  soumit 
Qçâbi  ech  Cheurfa.  11  y  envoya  un  qaïd  et  des  soldats;  ils  y  achetèrent  un  terrain 
et  construisirent  l’enceinte  où  je  suis  :  nul  ne  s’y  opposa,  et  la  suprématie  du  sultan 
s’établit  sans  résistance.  La  première  année,  elle  s’étendit  sur  les  Aït  ou  Afella, 
les  Oulad  Khaoua  et  les  Aït  Izdeg;  dès  la  seconde,  ces  derniers  cessèrent  de  la  re¬ 
connaître  et  refusèrent  l’impôt.  Les  choses  en  restèrent  là  depuis  lors;  l’autorité  du 
qaïd  est  limitée  au  district  de  Qçâbi  ech  Cheurfa,  aux  Aït  ou  Afella  et  aux  Oulad 
Khaoua.  C’est  une  autorité  précaire  :  dans  le  district  même,  elle  est  peu  respectée  : 
souvent  les  cherifs  reçoivent  à  coups  de  fusil  les  ordres  ou  les  demandes  d’impôts. 
Le  qaïd  actuel  est  un  homme  de  Fâs,  un  Bokkari.  Il  a  avec  lui  une  centaine  de  sol 
dats  réguliers,  askris,  et  deux  canons  de  montagne. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


2,18 


X. 

DE  QÇABI  ECH  CHEURFA  A  LALLA  MARNIA. 


1°.  —  DE  QÇABI  ECH  CIIEURFA  A  OUTAT  OULAD  EL  II  AD  J. 


8  mai. 

Départ  deQâçba  elMakhzen  à  G  heures  du  matin.  La  Mlouïa,  au  pied  de  la  qaçba, 
a  20  mètres  de  large,  des  berges  rocheuses  et  escarpées  de  3  ou  4  mètres,  une  eau 
jaune  et  profonde.  Point  de  gué  en  ce  lieu  :  je  traverse  le  fleuve  un  peu  plus  bas.  Il 
a 25  mètres  de  large,  1 m, 20  de  profondeur,  un  courant  assez  rapide;  le  lit  est  moitié 
sable,  moitié  galets.  Après  l’avoir  franchi ,  je  quitte  la  tranchée  dans  laquelle  il  coule 
et  qui  continue  à  être  remplie  de  cultures;  elle  est  bordée  à  gauche  par  un  talus  mi- 
sable,  mi-roche;  je  le  gravis  :  en  atteignant  la  crête,  je  me  trouve  dans  une  longue 
plaine  bornée  au  sud  par  la  Mlouïa,  au  nord  par  les  premières  pentes  du  Moyen  Atlas. 
Elle  a  3  à  6  kilomètres  de  large,  suivant  les  endroits  :  un  coude  brusque  du  fleuve 
la  limite  près  d’ici,  à  l’ouest;  à  l’est,  elle  s’étend  jusqu’aux  deux  tiers  de  la  distance 
entre  El  Qçabi  et  Misour:  là,  elle  se  heurte  à  un  massif  de  hautes  collines  rocheuses 
au  pied  duquel  elle  finit.  C’est  une  plaine  ondulée,  coupée  de  nombreuses  ravines;  le 
sol  y  est  moitié  sable,  moitié  gravier,  la  plupart  du  temps  sans  végétation.  Elle  est 
de  couleur  rouge,  comme  les  massifs  nus  qui  la  bordent  au  nord.  .le  m’engage  dans 
cette  plaine,  où  je  marche  jusqu  a  8  heures  :  je  redescends  alors  et  traverse  la  Mlouïa  : 
elle  coule  dans  son  excavation  encore  remplie  de  cultures  et  de  qçars ;  c’est  toujours 
le  district  de  Qçabi  ech  Cheurfa.  Le  fleuve  a  la  même  profondeur,  les  mêmes  eaux 
chargées  de  terre  qu’au  gué  précédent;  la  largeur  en  est  de  30  mètres.  Sitôt  parvenu 
sur  sa  rive  droite,  je  monte  le  talus  qui  borde  l’encaissement  de  ce  côté  et  je  me  re¬ 
trouve  en  plaine. 

Près  du  point  où  je  viens  de  passer  la  Mlouïa,  s’élève  sur  ses  bords  le  village 
d’Aït  Blal.  Je  suis  parti  de  Qçabi  ech  Cheurfa  avec  trois  zetats,  deux  Chellaha  d’Aït 
Rial  et  un  Arabe  des  Oulad  Ivhaoua.  Les  deux  Chellaha  se  séparent  ici  de  moi,  disant 
qu’ils  vont  chercher  dans  leurs  maisons  du  pain  pour  la  route  et  me  rejoindront  plus 
loin  :  dans  la  suite ,  j’aurai  beau  m’arrêter  plusieurs  fois,  je  ne  les  verrai  pas;  ils 


DE  QÇABl  ECH  CHEURFA  A  LALLA  MARNIA. 


239 

m’ont  trompé  :  j’avais  eu  le  tort,  sur  les  instances  des  Juifs  d’El  Qçâbi,  de  les  payer 
d’avance;  n’ayant  plus  rien  à  gagner,  ils  m’ont  abandonné.  Je  continuerai  dans  le 
désert  sans  autre  escorte  que  mon  Arabe  :  c’est  un  joli  jeune  homme  d’une  quin¬ 
zaine  d’années;  il  m’accompagnera  fidèlement,  mais,  en  cas  de  mauvaise  rencontre, 
c’eût  été  une  faible  protection  :  son  fusil  n’était  pas  en  état  de  servir.  Je  n’aperçus 
personne  jusqu’à  l’arrivée  dans  son  village. 

La  plaine  où  je  m’engage  est  immense  :  c’est  un  désert  blanc,  s’étendant  au  nord 
jusqu’à  la  Mlouïa,  au  sud  jusqu’au  Grand  Atlas,  à  l’est  jusqu’au  Rekkam ,  à  l’ouest 
aussi  loin  que  la  vue  peut  porter.  La  surface  en  est  ondulée;  le  sol  en  est  dur,  tan¬ 
tôt  sablonneux,  tantôt  pierreux;  il  est  couvert  presque  en  entier  de  geddim.  Le 
Grand  Atlas  est  une  longue  chaîne  brune  à  crête  uniforme,  qui  fuit  vers  l’orient  et 
s’abaisse  de  plus  en  plus;  à  l’est  du  Djebel  El  Aïachi ,  plus  de  trace  de  neige  sur  ses 
cimes.  Le  Rekkam  est  très  éloigné;  le  faite  en  paraît  à  peine  :  c’est  d’ici  une  ligne 
jaune  clair  qui  borde  l’horizon.  Je  le  verrai  demain  plus  distinctement  :  il  se  compose 
d’une  série  de  hauteurs  sablonneuses,  très  basses,  bordant  à  l’est  la  vallée  de  la  Mlouïa, 
entre  le  Grand  Atlas  et  les  monts  Debdou. 

Vers  "2  heures,  l’horizon,  jusqu’alors  fermé  vers  le  nord  par  les  massifs  s’élevant 
en  face  d’El  Qçâbi,  s’ouvre  tout  à  coup  :  les  montagnes  cessent  d’arrêter  la  vue  et 
toute  la  vallée  de  la  Mlouïa  apparaît  :  c’est  une  immense  plaine  blanche,  unie  et  nue, 
bordée  à  droite  par  la  ligne  claire,  à  peine  visible,  du  Rekkam,  à  gauche  par  le 
Moyen  Atlas,  haute  chaîne  noire  couronnée  de  neige,  se  dressant  à  pic,  comme  une 
muraille,  au-dessus  de  sa  surface.  La  vallée  s’allonge  à  perte  de  vue  vers  le  nord,  où 
elle  forme  l’horizon.  La  largeur  en  est  extrême;  près  d’ici,  elle  a  plus  de  30  kilomè¬ 
tres.  A  sa  surface  apparaît  une  ligne  verte  :  Misour,  où  j’arriverai  ce  soir;  on  dirait 

MOYEN  ATLAS.  MISOUR  REKKAM. 

Djebel  Oulad  Ali.  Ras  Rekkam. 


Uuiu.ufïlUll:. 


Vallée  de  la  Mlouïa,  Misour,  Moyen  Atlas  et  Rekkam. 

(Les  parties  ombrées  des  montagnes  sont  couvertes  de  neige.)  (Vue  prise  du  chemin  d’El  Bridja  à  Misour.) 

Croquis  de  l’auteur. 


le  Todra  ou  le  Reris  :  dans  cette  vaste  plaine  de  la  Mlouïa,  plaine  plus  nue  et  plus 
déserte  qu’aucune  portion  du  Sahara  Marocain,  les  rares  groupes  d’habitations  qui 
s’élèvent  hors  de  la  tranchée  du  fleuve  ont  de  tout  point  l’aspect  des  oasis  du  sud  : 
même  isolement  au  fond  du  désert;  même  richesse  de  végétation;  même  fraîcheur 
délicieuse  au  milieu  de  la  plaine  aride  :  il  ne  manque  que  les  dattiers. 


240 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


A  4  heures,  je  me  retrouve  au  bord  de  la  Mlouïa  :  elle  est  dans  l’encaissement  où 
elle  coulait  plus  haut  :  de  Qçàbi  ech  Cheurfa  jusqu’au  delà  d’Outat  Oulad  el  Hadj  il 
en  sera  de  même.  Ici,  le  fond  de  l’excavation,  toujours  sablonneux,  est  garni  de 
cultures  :  elles  appartiennent  aux  Oulad  Kliaoua  et  dépendent  du  hameau  d’El 
Bridja,  résidence  de  mon  zetat.  Je  traverse  le  fleuve,  que  bordent  de  grands  tamarix, 
et  je  gagne  le  village.  J’y  laisse  mon  jeune  compagnon  :  son  père  monte  à  cheval  et 
m’accompagne  pendant  le  reste  du  trajet.  D’El  Bridja  à  Misour,  on  chemine  dans  la 
vallée  de  la  Mlouïa  que  j’apercevais  tout  à  l’heure  :  c’est  une  plaine  unie  comme  une 
glace,  sans  une  ride.  Le  sol  est  dur,  il  est  formé  moitié  de  sable,  moitié  de  gravier. 
La  plupart  du  temps,  point  de  végétation;  parfois  un  maigre  buisson  de  jujubier 
sauvage.  Devant  moi,  la  plaine  de  la  Mlouïa  s’étend  à  l’infini  :  à  droite,  s’allonge  dans 
le  lointain  la  ligne  claire  du  Rekkam;  à  gauche,  se  dressent  au-dessus  de  ma  tête  les 
hauts  massifs  sombres  que  domine  le  Djebel  Oulad  Ali.  A  6  heures  et  demie,  j’entre 
dans  les  jardins  de  Misour.  Marchant  par  des  sentiers  tortueux  entourés  de  haies 
ou  de  murs  de  pisé,  au  milieu  d’une  multitude  d’oliviers,  de  figuiers,  de  pommiers, 
d’arbres  de  toute  sorte  ombrageant  des  cultures,  je  parviens  à  7  heures  au  qçar  de 
Bon  Kenzt,  où  mon  zetat  me  confie  à  un  marabout  de  ses  amis.  J’y  passerai  la  nuit. 

Je  n’ai  rencontré  personne  sur  la  route,  excepté  aux  lieux  habités  où  j’ai  passé, 
Qcâbi  ech  Cheurfa  et  El  Bridja.  La  dernière  fois  que  je  l’ai  traversée,  la  Mlouïa  avait 
35  mètres  de  large,  lm,20  de  profondeur,  un  courant  assez  rapide;  toujours  même 
eau,  jaune,  mais  de  goût  agréable.  Hors  le  fleuve,  je  n'ai  franchi  que  deux  cours 
d’eau  de  quelque  importance  :  l’Ouad  Ouizert  (8 mètres  de  large;  30 à  40  centimètres 
de  profondeur;  eau  claire  et  verte;  courant  rapide),  et  une  rivière  qui  se  jette  dans 
la  Mlouïa  immédiatement  au-dessous  d’El  Bridja  (lit  de  sable,  à  sec,  de  100  mètres 
de  large;  deux  canaux  pleins  d’eau  coulent  sur  ses  rives). 

Misour  est  un  îlot  de  verdure  situé  au  confluent  de  l’Ouad  Sont'  ech  Cherg  et  de  la 
Mlouïa;  la  plus  grande  partie  de  cette  sorte  d’oasis  se  trouve  sur  la  rive  droite  de 
l’Ouad  Soufech  Cherg.  Les  arbres  fruitiers  forment  un  massif  compact  ombrageant 
des  cultures  et  entourant  une  dizaine  de  qçars;  c’est  une  forêt  d’oliviers  produisant 
une  huile  excellente,  de  pommiers  dont  on  exporte  les  fruits  jusqu’à  Fâs,  de  gre¬ 
nadiers,  de  figuiers  :  ces  beaux  arbres  donnent  à  ce  lieu  l’aspect  le  plus  riant. 
Les  jardins  sont  arrosés  de  nombreux  canaux,  saignées  faites  à  l’Ouad  Souf  ech 
Cherg,  dont  les  eaux,  au-dessous  des  cultures,  ont  encore  une  largeur  de  20  mètres 
et  50  centimètres  de  profondeur;  elles  sont  limpides  et  courantes  et  descendent  sur 
un  lit  de  gravier  sans  berges  de  60  mètres  de  large.  Les  constructions  de  Misour  sont 
en  pisé;  elles  sont  simples  :  ni  tirremts,  ni  tours,  ni  ornements. 

Le  costume  demeure  le  même,  sauf  la  coiffure  :  le  cordon  de  soie  disparaît,  et  je 
vois  commencer  l’usage  algérien  de  la  corde  de  poil  de  chameau  maintenant  le 


DIS  QÇABI  ECU  GHEURFA  A  LALLA  MARNIA. 


241 

haïk  sur  la  tête  au-dessus  du  turban  blanc.  L’armement  subit,  dès  Qçàbi  ech  Cheurfa, 
des  modifications  importantes  :  à  partir  de  là,  plus  de  sac  à  poudre  de  filali,  ni  de 
poignard  recourbé.  Le  premier  se  remplace  par  la  poire  de  bois  dont  on  se  sert  à 
Fàs  et  à  Tàza,  le  second  par  un  poignard  droit  assez  long,  qu’on  voit  aussi  du  côté 
de  Fàs.  On  porte  donc  :  un  fusil,  d’ordinaire  court  (nombreux  fusils  à  deux  coups, 
à  capsule,  d’origine  française;  nombreux  mousquetons  européens,  à  pierre),  un 
poignard  droit,  une  poire  à  poudre,  souvent  un  sabre  et  un  pistolet  :  on  voit  beau¬ 
coup  de  ceux-ci  à  capsule. 

En  entrant  à  Misour,  j’ai  quitté  le  blad  el  makhzen.  Les  Oulad  Ivhaoua,  sur  les  ter¬ 
res  desquels  j’ai  marché  la  majeure  partie  de  la  journée,  sont  soumis  au  sultan  : 
c’est  une  soumission  peu  effective,  bornée  à  la  remise  d’un  léger  impôt  entre  les 
mains  du  qaïd  d’El  Qçàbi;  du  reste,  la  tribu  se  gouverne  à  sa  guise.  On  ne  peut 
circuler  sur  son  territoire  qu’avec  un  zetât,  bien  qu’il  soit  compté  blad  el  makh¬ 
zen.  Il  finit  à  Misour  :  ce  district  est  indépendant  :  au  delà,  j’entrerai  sur  les  terres 
de  la  grande  tribu  des  Oulad  el  Hadj  qui  l’est  aussi.  Je  ne  sortirai  du  blad  es  sîba 
qu’aux  abords  de  Debdou.  La  population  de  Misour  est  composée  ,  partie  de  mara¬ 
bouts,  partie  d’Arabes.  Chaque  qçar  y  est  libre,  sans  lien  avec  ses  voisins.  Misour  ne 
reconnaît  point  l’autorité  du  sultan  :  quelques  marabouts  du  district  vont  chaque 
année  en  pèlerinage  à  Fàs  lui  rendre  hommage,  ils  lui  apportent  des  présents,  en  re¬ 
çoivent  en  échange  de  plus  considérables  et  reviennent  :  c’est  une  démarche  privée. 

Un  changement  important  s’est  opéré  depuis  que  j’ai  quitté  Qçàbi  ech  Cheurfa  :  il 
concerne  le  langage.  Dans  le  bassin  du  Ziz,  chez  les  Ait  ou  Afella,  la  langue  uni¬ 
verselle  était  le  tamazirt.  A  El  Qçàbi,  les  uns  parlent  le  tamazirt,  les  autres  l’a¬ 
rabe;  les  deux  idiomes  sont  en  usage.  Depuis  mon  entrée  chez  les  Oulad  Ivhaoua, 
on  ne  parle  que  l’arabe.  Cette  langue  est  seule  employée  à  Misour  et  sur  le  territoire 
des  Oulad  el  Hadj.  Les  Oulad  Ivhaoua  sont  une  fraction  de  cette  dernière  tribu,  mais 
ils  en  sont  séparés  politiquement,  comme  les  Ait  ou  Afella  des  Ait  Izdeg. 


9  mai. 


Je  me  suis  entendu  hier  soir  avec  le  marabout  mon  hôte  pour  qu’il  me  serve  de 
zetat  jusqu’à  Outat  Oulad  el  Hadj.  Je  pars  avec  lui  à  6  heures  du  matin.  Au  départ, 
une  petite  caravane  avec  laquelle  nous  ferons  route  se  joint  à  nous.  Elle  se  compose 
de  six  hommes  armés  et  de  quatre  femmes  :  ces  dernières  sont  des  cherifas  montées 
à  àne  ou  à  mulet. 

Le  chemin  d’aujourd’hui  se  fera  dans  la  plaine  où  je  suis  entré  hier.  Elle  demeure 
très  large,  bien  qu’elle  se  resserre  à  mesure  qu’on  avance  vers  le  nord;  elle  ne  cesse 
pas  d’être  déserte;  aucun  lieu  habité  ne  s’y  distingue  :  il  en  existe  plusieurs  au  fond 

31 


HEC.ONN  AISSWCK  \U  M  Vil  OC. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


2  i2 


de  la  tranchée  où  coule  la  Mlouïa;  rares,  et  espacés  à  grands  intervalles,  ils  n’appa¬ 
raissent  pas  à  la  surface  de  la  plaine  et  restent  cachés  entre  les  talus  qui  bordent  le 
fleuve.  De  Misour  à  El  Outat,  aucune  trace  de  culture  ni  de  vie  ne  s’aperçoit  dans 
cette  vaste  vallée,  région  la  plus  nue  et  la  plus  déserte  qu’on  puisse  voir.  Le  sol  est 
sablonneux  et  dur  et  prend  parfois  l’apparence  de  vase  desséchée;  en  certains  endroits 
il  est  parsemé  de  gravier.  La  végétation  se  réduit  à  quelques  touffes  de  thym  et  à  de 
rares  buissons  de  jujubier  sauvage;  en  un  seul  point,  au  quart  du  chemin  entre 
Touggour  et  El  Outat ,  je  rencontre  de  la  verdure,  genêts  blancs,  jujubiers  sauvages, 
et  çà  et  là  des  betoums;  cela  dure  peu  :  au  bout  de  2  kilomètres,  la  plaine  devient 
aussi  nue  qu’avant.  Jusqu’à  l’arrivée,  les  flancs  de  la  vallée  restent  ce  qu’ils  étaient 
hier,  haute  muraille  sombre  couronnée  de  neige  à  gauche,  mince  ligne  jaune  pres¬ 
que  imperceptible  à  droite.  A  mi-côte  de  l’une  et  de  l’autre,  apparaissent  de  loin  en 
loin  des  taches  vertes,  groupes  de  qçars  et  de  jardins  échelonnés  sur  leurs  pentes. 
Outat.  Oulad  el  Hadj  a  le  même  aspect  que  Misour  :  comme  lui,  c’est  une  ligne  verte 
qui  barre  une  partie  de  la  plaine.  Tels  paraissent  de  loin  le  Todra,  le  Reris,  toutes 
les  oasis  que  j’ai  vues.  De  même  qu’à  Misour,  il  ne  manque  que  les  dattiers  pour  que 
la  ressemblance  soit  complète.  Je  m’arrête  à  5  heures  du  soir  au  mellah  d’El  Outat. 

Je  n’ai  rencontré  personne  sur  ma  route.  Je  n’ai  pas  traversé  de  cours  d’eau  im¬ 
portant  depuis  l’Ouad  Souf  ech  Cherg.  L’eau  manque  dans  la  plaine.  J’ai  passé 
près  de  plusieurs  sources  et  vu  un  grand  nombre  de  ruisseaux  dont  les  lits,  de  roche 
blanche  ou  de  galets,  la  plupart  à  fleur  du  sol,  contiennent  des  flaques  d’eau. 
Je  suis  descendu  un  instant  dans  la  tranchée  de  la  Mlouïa;  le  sol  y  était  moitié 
sable,  moitié  gravier;  elle  était  déserte  et  remplie  de  grands  tamarix  à  l’ombre 
desquels  poussait  du  gazon  :  à  un  moment  il  s’est  fait  une  clairière  dans  cette  forêt; 
le  fond  s’y  est  garni  de  cultures  au  milieu  desquelles  se  dressaient  des  tentes ,  de 
pauvres  maisons  et  des  huttes,  groupées  autour  d’une  qoubba  :  c’était  le  village  de 

Touggour.  Aujourd’hui  j’ai  pu  dis¬ 
tinguer  la  forme  du  Rekkam ,  quoi¬ 
qu’il  fût  encore  loin.  Ce  n’est  point 
une  chaîne,  mais  une  rampe  douce 
s’élevant  par  degrés  imperceptibles 
et  conduisant  à  un  plateau  qui  la  couronne  :  on  dirait  une  série  de  côtes  à  peine 
accentuées,  se  succédant  par  étages,  séparées  par  des  plateaux  s’échelonnant  les 
uns  derrière  les  autres.  La  crête  est  fort  peu  élevée  au-dessus  du  pied,  bien 
qu’elle  en  paraisse  éloignée.  L’ensemble  est  jaune  clair,  sans  arbres ,  et  paraît 
sablonneux. 


A/i>y</i  Ail 


Xtfaui* 


DE  QÇABI  ECU  CHEURFA  A  LALLA  MARNIA. 


243 


10  et  11  mai. 

Séjour  à  Outat  Oulad  el  Hadj.  Ce  nom  désigne  un  vaste  îlot  de  verdure  isolé  au 
milieu  de  la  plaine,  au  confluent  de  la  Mlouïa  et  de  l’Ouad  Chegg  el  Ard;  il  est  en  en¬ 
tier  sur  les  bords  de  cette  dernière  rivière  et  en  majeure  partie  sur  sa  rive  droite. 
Tout  ce  qui  a  été  dit  de  l’aspect  de  Misour  lui  est  applicable  :  même  multitude  d’ar¬ 
bres  fruitiers,  même  prospérité,  même  air  riant;  mais  El  Outat  est  plus  grand  :  au 
milieu  de  ces  superbes  vergers  ne  sont  pas  disséminés  moins  de  31  qçars;  ils  appar¬ 
tiennent  aux  Oulad  el  Hadj  ;  il  existe  dans  le  nombre  plusieurs  zaouïas. 

Les  Oulad  el  Hadj  sont  une  grande  tribu  indépendante;  ils  se  disent  d’origine 
arabe  :  ayant  à  la  fois  des  qçars  et  des  tentes,  ils  sont  moitié  sédentaires,  moitié 
nomades.  Ils  habitent  les  deux  rives  de  la  Mlouïa  et  la  plaine  au  milieu  de  laquelle 
coule  ce  fleuve  depuis  Qçâbi  ech  Cheurfa  jusqu’au  qç-ar  d’Oulad  Hamid,  et  s’éten¬ 
dent  sur  le  massif  du  Rekkam  et  sur  une  partie  des  monts  Debdou  ;  les  qçars  chellaha 
du  flanc  gauche  de  la  Mlouïa  leur  sont  alliés  ou  liés  par  des  debihas.  Une  de  leurs 
fractions,  celle  des  Oulad  Khaoua,  est  séparée  du  reste  de  la  tribu;  depuis  long¬ 
temps  elle  en  est  détachée  et  compte  politiquement  avec  les  Ait  Izdeg;  il  y  a  quel¬ 
ques  années,  elle  s’est  rangée  sous  l’autorité  du  qaïd  d’El  Qçâbi. 

Jusqu’en  1882,  les  Oulad  El  Hadj  en  totalité  reconnaissaient  de  nom  le  sultan.  Us 
avaient  un  qaïd,  élu  parmi  eux,  et  reconnu  par  lui.  Ce  qaïd  étant  allé,  il  y  a  5  ans, 
à  Fâs,  y  fut  accusé  par  un  de  ses  cousins  auprès  de  Moulei  El  IJasen  et  mis  en  prison 
avec  un  autre  personnage  distingué  de  la  tribu.  Le  dénonciateur  revint  et  prit  le  titre 
de  qaïd;  il  fut  agréé  par  le  sultan.  Il  était  de  la  fraction  des  Oulad  Abd  el  Kerim; 
en  1882,  il  fut  tué  par  des  Toual.  Depuis  lors,  la  tribu  est  sans  chef  et  ne  reconnaît 
plus  M.  El  Hasen;  chaque  fraction  se  gouverne  à  sa  guise.  Sauf  trois,  celles  des  Béni 
H  iis ,  des  Ahel  Rechida  et  des  Oulad  Admer,  qui  sont  soumises  au  qaïd  de  Tàza, 
toutes  sont  non  seulement  indépendantes,  mais  en  hostilité  ouverte  avec  le  gouverne¬ 
ment  :  aussi,  à  l’exception  des  Béni  Riis  et  des  gens  de  Rechida  et  d’Admer,  aucun 
individu  des  Oulad  el  Hadj  ne  peut  circuler  en  blad  el  makhzen. 


2°.  _  D’OUTAT  OULAD  EL  HADJ  A  DEBDOU. 

12  mai. 

Je  me  suis  arrangé  hier  avec  les  zetats  qui  me  conduiront  d’ici  à  Debdou  :  ce  sont 
trois  Oulad  el  Hadj,  de  la  subdivision  dos  Hamouziin.  Ils  seront  payés  au  retour, 
par  losef  (fl  Asri,  Juif  d’El  Outat;  j’ai  remis  la  somme  convenue  entre  ses  mains,  en 


MECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


2'c'i 


présence  «les  trois  zetats  :  il  la  leur  donnera  en  échange  d’une  lettre  de  son  fils, 
jeune  homme  qui  fait  ses  études  à  Debdou,  attestant  que  je  suis  arrivé  sain  et  sauf 
dans  cette  localité. 

Mon  escorte  vient  me  prendre  aujourd’hui  à  4  heures  du  matin  ;  au  moment  du 
départ,  trois  Juifs  pauvres  se  joignent  à  nous.  Notre  petite  caravane  traverse  l’Ouad 
Chegg  el  Ard  au  pied  du  mellah,  puis  s’engage  au  milieu  de  plantations  d’o¬ 
liviers;  bientôt  des  champs,  partie  cultivés,  partie  en  friche,  leur  succèdent.  A  4  heu¬ 
res  25  minutes,  je  traverse  le  dernier  des  canaux  qui  les  arrosent,  et  me  voici  de 
nouveau  dans  le  désert.  C’est  toujours  la  plaine  unie  et  nue,  au  sol  de  sable  dur  semé 
de  gravier,  sans  autre  végétation  que,  de  loin  en  loin,  un  peu  de  thym  ou  de  juju¬ 
bier  sauvage  :  telle  elle  était  à  El  Bridja,  à  Misour,  telle  elle  est  ici;  il  n’y  a  qu’une 
différence  :  elle  est  moins  large.  Chemin  faisant,  j’aperçois  à  ma  gauche  un  grand 
îlot  de  verdure  :  El  Arzan;  les  arbres  que  je  distingue  entourent  un  groupe  de  qçars 
appartenant  aux  Oulad  el  Hadj.  Je  traverse  pendant  quelques  minutes  des  champs 
qui  en  dépendent.  AG  heures  du  matin,  j’arrive  sur  les  bords  de  la  Mlouïa ;  elle 
coule  au  niveau  de  la  plaine  :  plus  de  trace  de  la  tranchée  où  je  l’ai  vue  jusqu’à 
présent;  elle  est  séparée  du  sol  de  sa  vallée  par  deux  berges  sablonneuses  en  pente 
douce,  à  1/5,  de  3  mètres  de  hauteur.  Le  lit  a  120  mètres  de  large;  l’eau  y  occupe  en 
général  35  à  40  mètres;  le  reste  est  tantôt  nu,  tantôt  couvert  d’herbages  et  de  tarna- 


rix.  11  se  trouve  ici  un  gué  où  je  franchis  le  fleuve  :  il  a  50  mètres  de  large,  lm,20  de 
profondeur,  un  courant  rapide;  les  eaux  ont  la  même  couleur  jaune  que  je  leur  ai 
vue  dès  Qçâbi  ech  Cheurfa.  Je  viens  de  les  traverser  pour  la  dernière  fois  :  je  quitte 
la  Mlouïa  pour  ne  plus  la  revoir.  La  marche  se  continue  dans  la  vallée;  elle  est 
toujours  unie,  déserte,  sablonneuse;  sur  son  sol  devenu  doux,  on  ne  sent  plus  de 
gravier;  elle  demeure  en  grande  partie  nue  :  à  peine  y  pousse-t-il  quelques  touffes 
d’herbe.  J’aperçois  des  vols  de  gangas,  les  premiers  que  je  voie  au  Maroc.  A  8  heu¬ 
res,  je  passe  non  loin  de  Tiissaf,  frais  rideau  vert  cachant  plusieurs  qçars  sous  ses 
ombrages.  A  quelque  distance  de  là,  le  sol  change  de  nature  :  d’uni,  il  devient  ondulé; 
les  pierres  se  mêlent  au  sable  :  c’est  le  commencement  du  Rekkam.  J’y  marche  jusqu’au 
soir  :  il  ne  cessera  d’être  ce  qu’il  est  maintenant  :  une  série  d’ondulations  légères, 
côtes  et  terrasses  s’étageant,  succédant  insensiblement  à  la  plaine.  Ces  échelons 
successifs  forment  une  rampe  large  et  basse  dont  le  sommet  est  un  plateau  s’éten¬ 
dant  au  loin.  Sol  tantôt  sable,  tantôt  roche  d’un  jaune  clair;  des  touffes  d’halfa 
y  poussent  çh  «4  là  :  c’est  la  seule  végétation  qui  s’y  montre. 

Je  cheminais  ainsi,  lorsque  se  produisit  un  fait  qui  faillit  mettre  lin  à  mon  voyage. 
De  mes  trois  zetats,  l’un,  nommé  Bel  Kasem,  était  un  honnête  homme;  les  deux  au¬ 
tres  s’étant  figuré,  à  la  blancheur  de  mes  habits,  à  la  bonne  mine  de  mon  mulet,  et, 
paraît-il,  d’après  les  dires  de  Juifs  d’El  Outat,  que  j’étais  chargé  d’or,  ne  s’étaient 


DG  QÇABI  EGH  GHEURFA  A  LALLA  MARNIA. 


i.» 


offerts  à  m’escorter  que  dans  le  but  de  me  piller.  Rien  11e  parut  d’abord.  A  midi  et 
demi,  comme  je  marchais  en  tête  de  la  caravane,  prenant  mes  notes,  je  me  sentis 
tout  à  coup  tiré  en  arrière  et  jeté  à  bas  de  ma  monture  :  puis  on  me  rabattit  mon 
capuchon  sur  la  figure,  et  mes  deux  zetats  se  mirent  à  me  fouiller  :  l’un  me  tenait, 
pendant  que  l’autre  me  visitait  méthodiquement.  A  cette  vue,  Bel  Kasem  d’accourir  : 
il  brandit  son  fusil,  menace,  veut  empêcher  le  pillage;  mais  il  est  impuissant  à 
arrêter  ses  compagnons  :  tout  ce  qu’il  peut  est  de  prendre  ma  personne  sous  sa 
protection  :  il  me  rend  la  liberté  et  assiste,  les  larmes  aux  yeux,  au  déballage  de 
mes  effets.  On  m’avait  pris  ce  que  j’avais  sur  moi;  on  se  mit  à  chercher  dans  mon 
bagage  :  il  était  léger  :  on  11’y  trouva  pas  grand’chose;  mes  deux  zetats  s’emparèrent 
de  ce  que  j’avais  d’argent  (une  fort  petite  somme)  et  des  objets  qui  leur  parurent  bons 
à  quelque  usage;  on  me  laissa  comme  sans  valeur  les  seules  choses  auxquelles  je 
tinsse  :  mes  notes  et  mes  instruments.  Puis  011  me  fit  remonter  sur  mon  mulet  et  on 
continua  la  route,  Bel  Kasem  mélancolique  d’avoir  vu  violer  sous  ses  yeux  son  anaïa, 
mes  deux  voleurs  mécontents  de  11’avoir  fait  que  demi-besogne,  étonnés  de  n’avoir 
pas  trouvé  plus  d’argent  et  se  reprochant  de  m’avoir  laissé  les  seules  choses  qu’ils 
ne  m’avaient  pas  prises,  la  vie  et  mon  mulet.  Durant  le  reste  de  cette  journée  et 
durant  toute  celle  du  lendemain,  ils  discutèrent  ce  sujet,  pressant  Bel  Kasem  de 
m’abandonner,  de  les  laisser  me  dépêcher  d’un  coup  de  fusil,  lui  faisant  des  offres, 
lui  promettant  sa  part.  Bel  Kasem  fut  inébranlable  et  déclara  qu’ils  n’auraient  ma 
vie  qu’avec  la  sienne;  il  leur  fit  des  raisonnements  :  comment  feraient-ils  au  retour 
s’ils  n’apportaient  à  El  Asri  la  lettre  de  son  fils  prouvant  mon  arrivée  à  Debdou  ?  Ma 
mort  connue,  ce  Juif,  envers  qui  ils  s'étaient  engagés  à  me  conduire,  se  vengerait  : 
son  seigneur  était  un  des  hommes  les  plus  puissants  d’une  fraction  des  Oulad  el 
Hadj  beaucoup  plus  nombreuse  que  la  leur  :  elle  s’armerait  contre  eux  et  les  ruine¬ 
rait.  Cette  dernière  considération,  jointe  à  l’attitude  ferme  de  Bel  Kasem  et  à  l’adresse 
qu’il  eut  de  faire  traîner  la  discussion  en  longueur,  me  sauva.  En  approchant  de 
Béni  K  iis,  011  décida  qu’il  ne  me  serait  pas  fait  de  mal,  et  qu’on  me  forcerait,  en 
vue  de  Debdou,  à  envoyer  un  billet  au  jeune  Israélite,  annonçant  mon  arrivée,  de¬ 
mandant  la  lettre  pour  son  père,  et  déclarant  que  mon  escorte  avait  été  parfaite. 
Ce  fut  au  dernier  moment  et  en  désespoir  de  cause  que  ce  plan  fut  accepté  :  jusque-là 
la  discussion  11e  cessa  pas;  je  n’en  perdais  pas  un  mot.  Etrange  situation  d’en¬ 
tendre  durant  un  jour  et  demi  agiter  sa  vie  ou  sa  mort  par  si  peu  d’hommes,  et 
de  ne  rien  pouvoir  pour  sa  défense.  Il  n’y  avait  point  à  agir.  J  étais  sans  armes  : 
un  revolver  était  dans  mon  bagage;  il  m’avait  été  pris  :  l’eussé-je  eu,  il  ne  m’eût 
point  servi  :  que  faire  seul  dans  le  désert,  au  milieu  de  tribus  où  tout  étranger  est 
un  ennemi?  Il  n’y  avait  qu’un  parti  à  prendre  :  la  patience;  elle  m’a  réussi.  Au  mo¬ 
ment  de  la  bagarre,  le  rabbin  Mardochée  s’était  bien  conduit  :  il  était  venu  à  mon 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


2/i6 


secours;  mais  que  pouvait-il?  On  lui  fit  sentir  la  pointe  d’un  sabre  et  on  l’écarta. 
Quant  à  mon  domestique  et  aux  Juifs  qui  s’étaient  joints  à  moi,  ils  se  sauvèrent  le 
plus  loin  qu’ils  purent ,  et  on  ne  les  revit  que  lorsque  nous  eûmes  recommencé  à 
marcher. 

Après  cet  incident,  nous  reprîmes  notre  route,  continuant  à  cheminer  dans  le 
Rekkam  jusqu’au  soir.  A  5  heures,  nous  arrivons  à  une  crête;  à  nos  pieds  s’ouvre  un 
petit  ravin  à  flancs  rocheux  et  escarpés  :  un  chemin  raide  nous  conduit  au 
fond;  celui-ci  n’a  pas  plus  de  30  mètres  de  largo  ;  nous  le  suivons  pendant  un  ins¬ 
tant;  à  5  heures  un  quart,  nous  nous  arrêtons.  Nous  sommes  pres¬ 
que  à  la  bouche  du  ravin  :  à  quelques  pas  d’ici,  ses  flancs  tom¬ 
bent  brusquement  et  le  ruisseau  entre  en  plaine.  Nous  nous  abri¬ 
tons  dans  un  creux  de  rocher  et  nous  y  passons  la  nuit. 

De  toute  la  journée,  je  n’ai  rencontré  personne  sur  la  route.  Hors  la  Mlouïa  et 
l’Ouad  Chegg  el  Ard,  je  n’ai  traversé  qu’un  cours  d’eau  de  quelque  importance;  il 
coulait  dans  le  Rekkam  :  au  point  où  je  l’ai  passé,  une  qoubba  et  un  cimetière  se 
trouvaient  sur  sa  rive,  et  une  dizaine  de  palmiers  dans  son  lit;  ce  dernier  avait 
20  mètres  de  large,  moitié  sable,  moitié  roche;  un  filet  d’eau  courante  de  2  mètres  y 
serpentait  à  l’ombre  de  lauriers-roses.  Ras  Rekkam  est  une  butte  isolée,  de  30  à 
40  mètres  de  hauteur;  elle  est,  comme  tout  le  massif,  moitié  sable,  moitié  roche 

jaune  :  seul  accident  de 
terrain  du  Rekkam,  elle  se 
voit  de  loin  malgré  son 
peu  d’élévation  :  je  l’aper¬ 
cevais  des  Oulad  Khaoua, 
avant  d’arriver  à  El  Bridja. 
Pendant  la  fin  de  la  jour¬ 
née,  j’ai  devant  les  yeux 
un  massif  de  montagnes 
sombres;  je  m’y  engagerai 

demain  :  derrière  lui,  est  Debdou.  Tout  le  jour,  j’ai  continué  à  apercevoir  la  vallée 
de  la  Mlouïa;  elle  reste  jusqu’au  dernier  moment  ce  qu’elle  était  plus  haut,  avec 
cette  différence  qu’elle  se  rétrécit  de  plus  en  plus;  le  flanc  gauche  en  est  toujours 
formé  par  le  Moyen  Atlas  qui,  tout  en  restant  élevé,  décroît  à  partir  du  mont  Reg- 
gou.  Celui-ci  est  le  dernier  dont  la  cime  soit  couverte  de  neige.  On  n’en  voit  plus  à 
l’est  de  ce  sommet. 


Dj.  Oulad  Ali. 


Dj.  Roggou. 


Djebel  Oulad  Ali  el  Djebel  Reggou. 

(Les  parties  ombrées  des  montagnes  sont  couvertes  de  neige.) 

(Vue  prise  du  chemin  de  Outat  Oulad  el  Hadj  à  Debdou,  â  24  kil.  d’Outat  Oulad  el  Hadj.) 

Crorpiis  de  l’auteur. 


DE  QÇABI  ECU  CHEÜRPA  A  LALLA  MARNIA. 


2'ü 


l.'i  mai. 


Départ  à  4  heures  du  matin.  D’ici  partent  deux  chemins  pour  Debdou  :  l’un  en 
plaine,  par  la  vallée  de  la  Mlouïa;  l’autre  en  montagne,  par  les  monts  Debdou,  qui 
en  forment  le  flanc  droit.  Je  prends  le  dernier,  le  premier  étant  périlleux  pour  mes 
zetats,  dont  la  fraction  est  en  guerre  avec  Rechida,  près  d’où  il  faudrait  passer.  Je 
continue  à  marcher  dans  le  Rekkam,  me  dirigeant  vers  le  massif  qui  se  dresse  de¬ 
vant  moi;  j’arrive  à  son  pied  à  8  heures  du  matin.  Je  gravis  une  longue  rampe, 
accidentée,  coupée  de  vallées  et  semée  de  collines,  sans  pentes  raides;  le  sol  est 
pierreux,  souvent  rocheux,  en  grande  partie  tapissé  d’halfa,  avec  quelques  ar¬ 
bres,  rares  d’abord,  de  plus  en  plus  nombreux  à  mesure  que  l’on  monte.  A  midi, 
je  parviens  au  sommet  :  le  terrain  cesse  d’être  mouvementé  :  on  débouche  sur  un 
vaste  plateau.  Une  épaisse  forêt  le  couvre  :  elle  est  composée  de  grands  arbres, 
arar,  taqqa,  kerrich  de  6  à  8  mètres  de  hauteur.  Ce  plateau  boisé,  qui  couronne  la 
chaîne,  porte  le  nom  de  Cad  a  Debdou;  dans  le  pays,  on  l’appelle  la  Gada.  Le  sol, 
tantôt  pierres,  tantôt  terre,  y  est  uni.  Beaucoup  d’eau  :  sources  et  mares.  Sous  les  ar¬ 
bres,  la  terre  est  un  tapis  de  gazon  et  de  mousse.  Il  y  a  des  clairières;  elles  sont 
rares  :  les  unes  sont  couvertes  de  gazon;  j’en  traverse  d’autres  en  partie  cultivées  ap¬ 
partenant  aux  habitants  de  Rechida  :  ce  qçar  est  à  peu  de  distance  à  l’ouest,  sur  le 
revers  occidental  du  plateau. 

Je  marche  jusqu’à  3  heures  dans  cette  forêt,  l’une  des  plus  belles  que  j’aie  vues  au 
Maroc.  A  3  heures,  j’arrive  à  une  crête  :  à  mes  pieds  se  creuse  un  profond  ravin  dont 
les  pentes  inférieures  sont  garnies  de  cultures,  les  parties  hautes  sont  rocheuses  et 
boisées.  Dans  le  bas  coule  un  torrent,  l’Ouad  Béni  Riis,  dont  la  source  est  ici.  Je  quitte 
le  plateau  et  descends  par  un  chemin  raide  et  difficile  vers  le  fond  du  ravin.  Je  l’at¬ 
teins  à  4  heures  et  demie,  à  Oulad  Ben  el  Houl,  village  des  Béni  Riis.  Je  fais  halte 
à  5  heures  moins  un  quart,  chez  un  ami  de  Bel  Kasem,  en  la  maison  de  qui  celui-ci 
se  hâte  de  me  mettre  en  sûreté. 


Toute  la  marche  d’aujourd’hui  s’est  faite  dans  le  désert  :  pas  un  être  vivant  sur  le 
chemin.  Le  seul  cours  d’eau  que  j’aie  vu  est  l’Ouad  Béni  Riis;  je  l’ai  traversé  cinq 
minutes  avant  de  m’arrêter;  il  avait  3  mètres  de  large,  0m,25  de  profondeur,  un  cou¬ 
rant  impétueux  :  c’est  un  torrent  bondissant  sur  un  lit  de  roches  et  de  grosses  pierres. 

Oulad  Ben  el  Houl  est  un  grand  village  appartenant  aux  Béni  Riis,  fraction  des 
Oulad  el  Hadj.  11  est  construit  en  long  des  deux  côtés  de  l’Ouad  Béni  Riis.  Le  ra¬ 
vin  où  il  se  trouve  n’a  aucune  largeur  au  fond  ;  ses  flancs  sont  couverts  de  maisons 
vers  le  bas,  puis  de  cultures  coupées  de  cactus;  plus  haut,  c’est  boisé  :  de  grands 
troupeaux  de  chèvres  paissent  dans  cette  dernière  région;  très  escarpés  près  du 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


248 

sommet,  les  lianes  sont  raides  dès  leur  pied.  Les  habitations  des  Béni  Biis  sont  sem¬ 
blables  à  celles  des  Riata  :  elles  sont  en  pisé,  très  liasses  et  mal  construites.  Les  Béni 
Biis  sont  une  des  trois  fractions  des  Oulacl  el  il  ad  j  reconnaissant  l’autorité  du  sultan. 


I  l  mai. 


Les  Hamouziin  ne  peuvent  aller  au  delà  d’Oulad  Ben  el  lloul.  Leur  groupe  est  en 
démêlés  avec  les  tribus  des  environs  de  Debdou.  Bel  Ivasem  me  confie  pour  la  fin 
du  trajet  à  mon  hôte  et  à  trois  autres  de  ses  amis;  ses  deux  compagnons  leur  recom¬ 
mandent  longuement  de  ne  me  laisser  entrer  à  Debdou  qu’une  fois  la  lettre  con¬ 
venue  entre  leurs  mains.  Départ  à,  6  heures  du  matin.  Je  descends  l’Ouad  Béni 
Biis;  sa  vallée  reste  ce  qu’elle  était  hier,  couverte  de  champs  dans  le  bas,  hérissée 
de  roches  et  boisée  dans  le  haut.  Au  bout  d’un  quart  d’heure,  j’arrive  au  confluent 
de  l’Ouad  Béni  Biis  avec  l’Ouad  Oulad  Otman,  petit  cours  d’eau  de  même  force  que 
lui.  Je  remonte  cette  nouvelle  vallée  :  elle  est  identique  à  celle  d’où  je  sors,  mais 
plus  large  au  début.  J’en  suis  le  fond  quelque  temps;  bientôt  elle  se  rétrécit  :  elle  de¬ 
vient  enfin  un  ravin  étroit,  rocheux,  sans  trace  de  cultures,  boisé  depuis  le  lit  du 
torrent  jusqu’au  sommet  des  flancs.  Je  la  quitte  alors;  je  gravis  son  flanc  droit  :  la 
montée,  au  milieu  de  grands  blocs  de  roche,  est  très  difficile.  A  8  heures  et  demie,  je 
parviens  au  sommet;  je  continue  à  marcher  sous  bois  :  les  forêts  que  je  vois  ce  matin 
sont  en  tout  semblables  à  celles  que  j’ai  traversées  hier;  ce  plateau  fait  partie  de  la 
Gada.  A  0  heures  moins  un  quart,  Debdou  apparaît  :  une  petite  ville,  dominée  par 
son  minaret,  étale  à  mes  pieds  ses  maisons  roses  au  fond  d’une  verte  vallée;  alen¬ 
tour  s’étendent  des  prairies  et  des  jardins;  au-dessus  s’élèvent  de  hautes  parois  de 
roc,  aux  crêtes  boisées  que  couronne  la  Gada.  Je  descends  vers  ce  lieu  riant.  Un  che¬ 
min  pierreux,  raide  et  pénible,  y  conduit.  A  10  heures,  je  suis  à  Debdou.  Aies  zetats, 
qui ,  n’ayant  pas  été  mis  dans  le  secret  de  l’aventure,  n’ont  rien  compris  aux  recom¬ 
mandations  des  Hamouziin,  me  laissent  entrer  aussitôt. 

J’ai  rencontré  beaucoup  de  monde  sur  la  route.  L’Ouad  Oulad  Otman,  seul  cours 
d’eau  que  j’aie  traversé,  avait  3  mètres  de  large,  20  centimètres  de  profondeur,  une 
eau  claire  et  courante. 

Debdou  est  située  dans  une  position  délicieuse,  au  pied  du  flanc  droit  de  la  vallée, 
qui  s’élève  en  muraille  perpendiculaire  à  80  mètres  au-dessus  du  fond;  il  forme  une 
haute  paroi  de  roche  jaune,  aux  tons  dorés,  que  de  longues  lianes  rayent  de  leur 
feuillage  sombre.  Au  sommet  se  trouve  un  plateau,  avec  une  vieille  forteresse  dres¬ 
sant  avec  majesté  au  bord  du  précipice  ses  tours  croulantes  et  son  haut  minaret.  Au 
delà  du  plateau,  une  succession  de  murailles  à  pic  et  de  talus  escarpés  s’élève  jus¬ 
qu'au  faite  du  flanc.  Là,  à  500  mètres  au-dessus  de  Debdou,  se  dessine  une  longue 


DE  QÇABI  ECU  CHEURFA  A  LALLA  MAHNIA. 


210 

crête  couronnée  d’arbres,  la  Gada.  Des  ruisseaux,  se  précipitant  du  sommet  de  la 
montagne,  bondissent  en  hautes  cascades  le  long  de  ces  parois  abruptes  et  en  revê¬ 
tent  la  surface  de  leurs  mailles  d’argent.  Rien  ne  peut  exprimer  la  fraîcheur  de  ce 
tableau.  Debdou  est  entourée  de  jardins  superbes  :  vignes,  oliviers,  figuiers,  grena- 


Djebel  Mergeshoum. 


Debdou  cl  vallée  de  l’Ouad  Debdou.  (Les  parties  ombrées  des  montagnes  sont  boisées.) 
(Vue  prise  du  liane  droit  de  la  vallée,  enlrc  Debdou  et  Qaçba  Debdou.) 

Croquis  de  l’auteur. 


diers,  pêchers  y  forment  auprès  de  la  ville  de  profonds  bosquets  et  au  delà  s’étendent 
en  ligne  sombre  sur  les  bords  de  l’ouad.  Le  reste  de  la  vallée  est  couvert  de  prairies, 
de  champs  d’orge  et  de  blé  se  prolongeant  sur  les  premières  pentes  des  lianes. 
La  bourgade  se  compose  d’environ  400  maisons  construites  en  pisé;  elles  ont  la 
disposition  ordinaire  :  petite  cour  intérieure,  rez-de-chaussée  et  premier  étage; 
comme  à  Tlemsen,  bon  nombre  de  cours  et  de  rez-de-chaussée  sont  au-dessous  du 
niveau  du  sol.  Les  rues  sont  étroites,  mais  non  à  l’excès  connue  dans  les  qçars. 
Point  de  mur  d’enceinte.  La  localité  est  alimentée  par  un  grand  nombre  de  sources 
dont  les  eaux  sont  délicieuses  et  restent  fraîches  durant  l’été;  l’une  d’elles  jaillit  dans 
la  partie  basse  de  Debdou ,  à  la  limite  des  jardins.  Le  voisinage  en  est  abondamment 
pourvu  :  Qaçba  Debdou,  la  vieille  forteresse  qui  domine  la  ville,  en  possède  plusieurs 
dans  son  enceinte.  Debdou  est  soumise  au  sultan  ainsi  que  les  villages  de  sa  vallée; 
la  population  de  ces  divers  points  est  comprise  sous  le  nom  d’Ahel  Debdou.  Point  de 
qaï'd,  point  de  chikh,  point  de  dépositaire  de  l’autorité;  le  pays  se  gouverne  à  sa 
guise,  et  tous  les  ans  le  qaïd  de  Tâza,  de  qui  relève  le  district,  ou  un  de  ses  lieute- 

32 


ÎIECONNAISSANCE  VU  MAROC. 


230 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


liants,  y  fait  une  tournée,  règle  les  différends  et  perçoit  l’impôt.  La  population  de 
Debdou  présente  un  fait  curieux,  les  Israélites  en  forment  les  trois  quarts;  sur  envi¬ 
ron  2000  habitants,  ils  sont  au  nombre  de  1500.  C’est  la  seule  localité  du  Maroc  où 
le  nombre  des  Juifs  dépasse  celui  des  Musulmans. 

Debdou  est  le  premier  point  que  je  rencontre  faisant  un  commerce  régulier  avec 
l'Algérie  :  un  va-et-vient  continuel  existe  entre  cette  petite  ville  et  Tlemsen.  Les  né¬ 
gociants  Israélites  y  cherchent  les  marchandises  qui  ailleurs  viennent  des  capitales 
marocaines  ou  de  la  côte;  ils  les  emmagasinent  chez  eux,  et  les  écoulent  peu  à  peu 
sur  place  et  dans  les  marchés  du  voisinage.  Debdou  a  quelques  relations  avec  Fâs 
et  Melilla,  mais  ses  seuls  rapports  importants  sont  avec  l’Algérie;  il  en  sera  de 
même  des  centres  par  lesquels  je  passerai  désormais,  Qaçba  el  Aïoun  et  Oudjda. 

Debdou  et  le  massif  de  montagnes  qui  porte  son  nom  nourrissent  de  grands  trou¬ 
peaux  de  chèvres,  des  vaches  et  d’excellents  mulets  dont  la  race  est  renommée. 


3°.  —  DE  DEBDOU  A  LALLA  MARNIA. 

Arrivé  à  Debdou  dépouillé  de  tout  argent,  sans  un  centime,  j’eusse  été  fort  em¬ 
barrassé  si  je  n’avais  été  près  delà  frontière.  Je  n’étais  qu’à  trois  ou  quatre  jour¬ 
nées  de  La  lia  Marnia.  Je  vendis  mes  mulets  :  cela  me  fournit  de  quoi  gagner  la  fron¬ 
tière  française  sur  des  animaux  de  louage. 

18  mai. 


Je  me  mets  en  route  avec  une  nombreuse  caravane  de  Juifs  se  rendant  au  tenîn 
du  Za.  On  arrivera  demain  à  Dar  Ech  Chaoui,  lieu  du  marché;  aujourd’hui,  on  va 
à  Qaçba  Moulei  Ismaïl,  sur  l’Ouad  Za.  Environ  trente  Israélites,  montés  la  plu¬ 
part  sur  des  mulets,  forment  la  caravane;  elle  est  protégée  par  six  zetats  à  pied,  Ke- 
rarma  auxquels  on  paie  un  prix  convenu  au  départ,  tant  par  Juif,  tant  par  mulet, 
tant  par  âne. 

Départ  à  9  heures  du  matin.  Je  descends  la  vallée  de  l’Ouad  Debdou;  le  sol  en 
est  terreux,  semé  de  quelques  pierres;  elle  reste  tout  le  temps  ce  qu’elle  était  au  dé¬ 
part,  si  ce  n’est  que  les  cultures  y  diminuent  :  elles  n’occupent  bientôt  qu’une  partie 
du  fond,  dont  le  reste  se  couvre  de  hautes  broussailles  où  surgissent  çà  et  là  quelques 
grands  arbres.  A  10  heures  et  demie,  je  suis  à  l’extrémité  de  la  vallée  et  j’entre  dans 
la  plaine  de  Ta f rata  :  c’est  une  immense  étendue  déserte,  unie  comme  une  glace, 
à  sol  de  sable;  souvent  pendant  plusieurs  années  cette  surface  reste  nue,  stérile,  sans 
végétation;  à  cette  heure,  grâce  aux  pluies  de  l’hiver,  elle  est  clairsemée  d’herbe 


UK  CKJABl  KGU  CHKUltFA  A  LALLA  MAItNIA. 


251 


tendre  :  cela  lui  donne  un  aspect  verdoyant  qu’elle  a  rarement;  en  deux  points  se 
trouvent  des  datas,  ou  maders,  où  le  sol  est  vaseux,  coupé  de  flaques  d’eau  et  couvert 
de  hautes  herbes.  La  plaine  s’étend  à  l’ouest  jusqu’à  la  Mlouïa  :  de  ce  côté,  on  aper¬ 
çoit  dans  le  lointain  les  montagnes  bleues  des  Riata  et  du  Rif  et  la  ligne  basse  du 
Gelez  dominée  par  la  cime  du  Djebel  Béni  Bon  Iahi;  à  l’est,  elle  est  bordée  par  un 
demi-cercle  de  montagnes  grises  moins  hautes  que  le  Djebel  Debdou,  auquel  elles  se 
rattachent;  au  sud,  par  le  Djebel  Debdou  s’étendant  jusqu’à  Rechida;  au  nord,  par 
les  deux  sommets  bruns  du  Mergeshoum  et  la  ligne  blanche  du  Gelob,  vers  lequel 
je  marche.  Je  franchis  ce  dernier  à  3  heures  et  demie;  c’est  un  bourrelet  calcaire  de 
peu  de  hauteur  qui  se  traverse  en  quelques  minutes.  De  là  je  passe  dans  une  plaine 
ondulée  à  sol  terreux  semé  de  pierres,  presque  nue;  les  mêmes  herbes  que  dans 
le  désert  de  Tafrâta  y  poussent,  mais  rares,  ne  déguisant  nulle  part  l'aspect  jaune 
do  son  sol.  Elle  paraît  bornée  au  sud  par  le  Mergeshoum  et  le  Gelob,  au  nord  et  à 
l’est  par  l’Ouad  Za.  J’y  marche  le  reste  de  la  journée.  A  5  heures  50,  je  me  trouve 
à  la  crête  d’un  talus  :  au-dessous,  la  vallée  de  l’Ouad  Za  s’étend  à  mes  pieds,  rem¬ 
plie  de  cultures,  de  jardins  et  de  douars.  Le  talus  est  peu  élevé  et  en  pente  douce; 
il  est  composé  moitié  de  sable,  moitié  de  roche  (galets  roulés)  :  je  le  descends  et 
j’entre  dans  la  vallée;  au  milieu  d’elle  se  dressent,  sur  une  butte  isolée,  les  ruines 
imposantes  d’une  vieille  forteresse  :  c’est  Qaçba  Moulei  Ismaïl ,  détachant  ses  hautes 
murailles  roses  sur  le  fond  vert  du  sol.  Je  marche  vers  elle,  cheminant  au  milieu 
des  champs  et  des  arbres  fruitiers,  franchissant  à  chaque  pas  des  canaux  d’eau 
limpide.  A  6  heures,  j’y  parviens  :  c’est  le  terme  de  ma  route  d’aujourd’hui. 

Je  n’ai  rencontré  personne  sur  mon  parcours  depuis  l’entrée  dans  le  Tafrâta.  Les 
deux  seuls  cours  d’eau  de  quelque  importance  que  j’aie  traversés  sont  :  l’Ouad 
Debdou  (3  mètres  de  large,  20  centimètres  de  profondeur,  eau  claire  et  courante  cou¬ 
lant  sur  un  lit  de  gravier;  pas  de  berges)  et  Aïn  Hammou  (2  mètres  d’eau  coulant  sur 
un  lit  large  de  4  mètres,  encaissé  entre  des  berges  de  sable  de  15  mètres  de  haut). 

Qaçba  Moulei  Ismaïl  porte  aussi  le  nom  de  Taourirt  :  on  la  désigne  d’habitude 
dans  le  pays  sous  cette  dernière  appellation.  Elle  s’élève  sur  un  mamelon  isolé, 
dans  un  coude  de  l’Ouad  Za,  dont  la  vallée  s’élargissant  forme  une  petite  plaine  :  la 
vallée,  bordée  à  gauche  par  la  rampe  que  j’ai  descendue,  l’est  à  droite  par  un  talus 
escarpé,  partie  sable,  partie  roche  jaune,  de  60  à  80  mètres  de  haut.  Le  fond  présente 
l’aspect  le  plus  frais  et  le  plus  riant;  il  est  tapissé  de  cultures  et  d’une  mul¬ 
titude  de  bouquets  d’arbres,  oliviers,  grenadiers,  figuiers,  taches  sombres  sur  cette 
nappe  verte.  Au  milieu  se  dressent  une  foule  de  tentes  dispersées  par  petits  groupes, 
disparaissant  sous  la  verdure.  Les  rives  de  l’Ouad  Za,  dans  cette  région,  présen¬ 
tent  partout  même  aspect  :  elles  sont,  d’une  richesse  extrême;  cette  prospérité  est 
due  à  l’abondance  des  eaux  de  la  rivière;  jamais  elles  ne  tarissent  :  c’est  une  supé- 


MECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


2o2 

riorité  du  pays  de  Za  (on  appelle  bleui  Za  les  bords  du  cours  d’eau)  sur  Debdou  et 
ses  environs,  où  les  belles  sources  que  j’ai  vues  se  dessèchent  en  partie  pendant  les 
étés  très  chauds. 

Qaçba  Moulei  Ismaïl,  ou  Taourirt,  est  une  enceinte  de  murailles  de  pisé,  en  partie 
écroulée,  dont  il  reste  des  portions  importantes;  les  murs,  bien  construits,  sont 
élevés  et  épais,  garnis  de  banquettes,  flanqués  de  hautes  tours  rapprochées;  ils  sont 
du  type  de  ceux  de  Meknâs  et  de  Qaçba  Tàdla.  De  larges  brèches  s’ouvrent  dans 
l’enceinte,  qui  n’est  plus  défendable.  Au  milieu  s’élève,  sur  le  sommet  de  la  butte, 
que  les  murailles  ceignent  à  mi-côte,  un  bâtiment  carré  de  construction  récente  servant 
aux  Kerarma  à  emmagasiner  leurs  grains  :  la  tribu  a  ici  la  plupart  de  ses  réserves. 
Cette  sorte  de  maison,  neuve,  mal  bâtie,  basse,  contraste  avec  l’air  de  grandeur 
des  vieilles  murailles  de  la  Qaçba. 

Départ  à  6  heures  un  quart  du  matin.  Je  remonte  la  vallée  du  Za;  elle  reste 
ce  qu’elle  était  à  Taourirt,  couverte  de  cultures  et  de  jardins  et  très  peuplée. 
A  7  heures,  une  maison  se  dresse  au  haut  de  la  rampe  qui  en  forme  le  flanc  gauche  ; 
c’est  Dar  Ech  Chaoui,  résidence  de  Chikh  Ben  Ech  Chaoui,  chikh  héréditaire  et  au¬ 
jourd’hui  qaïd  des  Kerarma,  tribu  à  laquelle  appartient  cette  portion  du  Za.  Je  monte 


DJEBEL  MERGESHOUM. 


Vallée  de  l'Ouad  Za  rl  Djebel  Mergeshoum.  (Vue  prise  de  Dar  Ech  Chaoui.) 
Croquis  de  l’auteur. 


vers  la  maison;  au  pied  de  ses  murs,  sur  le  plateau  dont  elle  occupe  le  bord, 
se  trouve  le  marché  auquel  se  rend  ma  caravane,  Tenin  el  Kerarma.  J’y  fais  halte. 
On  distingue  d’ici  la  vallée  de  l’Ouad  Za  à  une  certaine  distance  vers  le  sud; 
jusqu’à  un  tournant  où  on  la  perd  de  vue,  elle  garde  même  aspect,  toujours 
verte,  toujours  habitée. 


Le  marché  où  je  suis,  très  animé  d’habitude,  l’est  peu  aujourd’hui  :  les  habitants 
de  la  rive  gauche  de  la  Mlouïa  n’ont  pu  s’y  rendre,  le  fleuve  étant  infranchissable 
depuis  plusieurs  jours.  Il  est  toujours  gros  en  cette  saison;  c’est  l’époque  de  sa  crue  : 
qu’il  pleuve  ou  non,  les  eaux  en  sont  fortes  et  difficiles  ou  impossibles  à  passer  de 
la  mi-avril  à  la  mi-juin. 

Je  quitte  le  marché  à  1 


heure.  J’ai  pris  deux  zetats  Chedja,  qui  me  conduiront  à 


DE  QÇABI  ECU  CIIEURFA  A  DALLA  MARNIA. 


Qaçba  el  Aïoun.  où  j’arriverai  demain.  Je  redescends  dans  la  vallée  du  Za  et  je  la 
traverse  ainsi  que  la  rivière;  puis  je  gravis  le  talus  qui  en  forme  le  flanc  droit.  Par¬ 
venu  au  sommet,  je  me  trouve  dans  une  plaine  sablonneuse  ondulée.  Je  suis 
dans  le  désert  d’Angad  ;  j’y  resterai  jusqu’à  mon  arrivée  à  Lalla  Marnia.  C’est  une 
plaine  immense  ayant  pour  limites  :  à  l’ouest,  l’Ouad  Zaet  la  Mlouïa;  à  l'est,  les  hau¬ 
teurs  qui  bordent  la  Tafna;  au  nord,  le  Djebel  Béni  Iznâten  (1);  au  sud,  les  djebels 
Béni  Bou  Zeggou  et  Zekkara  faisant  suite  au  Mergeshoum.  Parfaitement  plate  au 
centre,  elle  est  ondulée  sur  ses  lisières  nord  et  sud,  d’une  manière  d’autant  plus  ac¬ 
centuée  qu’on  se  rapproche  davantage  des  montagnes  qui  la  bordent.  Le  sol  en  est 
sablonneux;  il  est  dur  lorsqu’il  est  sec,  et  forme  une  vase  glissante,  où  la  marche 
est  difficile,  aussitôt  qu'il  pleut.  Nu  d’ordinaire,  le  désert  d’Angad  se  couvre  d’une 
herbe  abondante  après  les  hivers  humides;  cette  année,  la  surface  en  est  toute 
verte  :  c’est  un  bonheur  pour  les  tribus  nomades,  dont  les  troupeaux  trouvent  à  foi¬ 
son  la  nourriture  que  d’habitude  il  faut  chercher  dans  le  Dahra.  Cette  bonne 
fortune  arrive  rarement  :  la  plaine ,  si  riante  en  ce  moment ,  vient  d’être 
durant  cinq  années  nue  et  stérile,  triste  étendue  de  sable  jaune  sans  un  brin  de  ver¬ 
dure.  Le  désert  d’Angad  est  occupé  par  trois  tribus  nomades,  les  Mhaïa,  les  Chedja 
et  les  Angad.  En  outre,  plusieurs  tribus  montagnardes  qui  habitent  ses  limites 
empiètent  sur  lui  en  des  endroits  de  sa  lisière  :  ainsi  le  cours  de  l’Ouad  Meseg- 
mar  est  garni  de  cultures  et  de  douars  appartenant  aux  Béni  Bou  Zeggou.  Cette 
plaine,  jusqu’à  la  frontière  française,  est,  ainsi  que  les  montagnes  qui  la  bordent, 
soumise  au  sultan;  il  en  est  de  même  du  pays  que  je  traverse  depuis  Debdou.  La 
réduction  de  ces  contrées  est  complète  et  réelle,  mais  ne  date  que  de  187(3  ;  elle  est  le 
résultat  de  l’expédition  que  fit  alors  Moulei  el  Hasen  et  dans  laquelle  il  vint  jusqu’à 
Oudjda.  Auparavant,  presque  toute  la  contrée  était  insoumise.  Je  chemine  dans  le 
désert  d’Angad  jusqu’à  5  heures  un  quart;  à  ce  moment  j’arrive  au  bord  de  l’Ouad 
Mesegmar;  je  le  traverse  el  je  m’arrête  sur  sa  rive  droite,  dans  une  tente  où  je  pas¬ 
serai  la  nuit. 

Sur  ma  route,  il  y  avait  un  assez  grand  nombre  de  passants;  ils  revenaient  comme 
moi  du  marché.  .J’ai  vu  peu  de  lieux  habités,  quelques  rares  douars  des  Béni  Bou 
Zeggou;  ils  étaient  petits,  de  G  à  8  tentes  chacun,  et  isolés  les  uns  des  autres.  L’Ouad 
Za,  au  point  où  je  l’ai  passé,  avait  un  lit  de  sable  de  80  mètres  de  large  :  l’eau  y  oc¬ 
cupait  20  mètres;  elle  avait  80  centimètres  de  profondeur  et  un  courant  rapide.  De 
cette  rivière  à  l’Ouad  Mesegmar,  j’ai  traversé  des  ruisseaux  sans  importance,  ayant  un 
peu  d’eau  par  suite  dos  pluies  récentes;  plusieurs  étaient  difficiles  à  franchir  à  cause 


(1)  Los  Boni  Iznâten  (Boni  Zenàta)  sont  la  grande  tribu  qui  est  désignée  d'habitude  sur  nos  cartes  sous  le 
nom  de  Béni  Snassen. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


254 

de  leurs  berges  escarpées,  hautes  souvent  de  7  à  8  mètres,  qui  en  faisaient  de  vraies 
coupures  dans  la  plaine.  L’Ouad  Mesegmar  a  (3  mètres  de  large,  dont  3  remplis 
d’eau  courante;  il  coule  entre  deux  berges  de  sable  à  1/1  de  20  mètres  de  hauteur. 
Le  point  où  je  l’ai  atteint  est  le  plus  haut  de  la  bande  de  cultures  qui  le  borde;  il  n’y 
a  pas  de  tentes  au-dessus  de  celle  où  je  suis.  Ici  et  tout  le  long  du  cours  d’eau ,  en 
le  descendant,  les  deux  rives  sont  garnies  de  champs,  de  jardins,  de  grands 
arbres  et  de  nombreuses  tentes,  les  unes  isolées,  les  autres  groupées  par  deux  ou 
trois.  C’est,  un  ruban  vert,  moucheté  de  noir,  se  déroulant  dans  le  désert. 

Les  tentes  du  Za  étaient  en  flidj,  celles  de  l’Ouad  Mesegmar  sont  en  nattes  gros¬ 
sières  :  toutes  sont  vastes.  Point  de  maison  dans  le  Za,  sauf  celle  de  Chikh  Ben  Ech 
Chaoui.  Il  y  en  a  une  sur  l’Ouad  Mesegmar;  elle  est  à  quelques  pas  d’ici  :  c’est 
la  résidence  du  qaïd  des  Béni  Bon  Zeggou.  Ce  dernier,  Qaïd  Hamada,  était  le  chikh 
delà  tribu  avant  d’en  être  qaïd  de  par  le  sultan;  c’était  le  plus  grand  pillard  de 
la  contrée  avant  1876;  à  présent,  au  contraire,  il  est  d’une  sévérité  extrême  contre  • 
les  voleurs  et  fait  régner  l’ordre  le  plus  rigoureux  sur  son  territoire. 


20  mai. 

Départ  à  5  heures  un  quart  du  matin.  Je  continue  à  cheminer  dans  le  désert  d’An- 
gad.  J’arrive  à  11  heures  du  matin  à  Qaçba  el  Aïoun.  La  marche  était  difficile  à 
cause  de  l’état  du  sol,  détrempé  par  des  pluies  récentes.  Je  n'ai  rencontré  personne 
durant  le  trajet.  Les  cours  d’eau  que  j’ai  franchis  sont  au  nombre  de  deux  :  l’Ouad 
Metlili  (lit  de  5  mètres;  1 m , oO  d’eau;  berges  de  sable  de  12  mètres  de  hauteur;  ce 
cours  d’eau  prend,  me  dit-on,  sa  source  au  Djebel  Béni  Iala);  l’Ouad  el  Qceb  (25  mè¬ 
tres  de  large;  lit  de  galets,  à  sec;  berges  de  sable,  à  pic,  hautes  de  15  mètres.  Cette 
rivière  prend  sa  source  chez  les  Béni  Iala  et  se  jette  dans  la  Mlouïa  chez  les  Béni 
Oukil;  elle  reçoit,  m’assure-t-on,  l’Ouad  Mesegmar  sur  sa  rive  gauche). 

Qaçba  Aïoun  Sidi  Mellouk,  appelée  d’ordinaire  Qaçba  el  Aïoun,  s’élève  isolée  au 
milieu  du  désert  d’Angad.  Aux  environs,  apparaissent  quelques  cultures  et  un  certain 
nombre  de  petits  douars  des  Chedja.  La  Qaçba  est  une  enceinte  rectangulaire  de  murs 
de  pisé  ayant  4  à  5  mètres  do  haut  et  30  à  40  centimètres  d’épaisseur;  ni  banquettes, 
ni  fossés.  A  l’intérieur  sont  des  maisons,  la  plupart  en  mauvais  état,  n’ayant 
qu’un  rez-de-chaussée;  elles  sont  bâties  par  pâtés,  séparés  tantôt  par  de  larges  pas¬ 
sages,  tantôt  par  des  places  :  point  de  rues  proprement  dites,  et  moins  encore  de  ces 
ruelles  étroites  qu’on  voit  dans  les  qçars.  Un  grand  nombre  d’habitations  sont  blan¬ 
chies.  Au  milieu  de  la  Qaçba,  sont  creusés  plusieurs  puits  qui  l’alimentent.  La  vue 
intérieure  de  Qaçba  el  Aïoun  rappelle  de  loin  celle  de  certains  quartiers  de  Géry- 
ville  :  mêmes  voies  larges,  mêmes  demeures  basses,  même  population  de  petits  mar- 


DE  QÇABI  ECU  GHEURFA  A  LALLA  MAHNIA. 


r\  v  v 

zoo 

chauds.  En  dehors  de  l’enceinte,  vers  l’angle  nord-est,  se  trouve  un  bouquet  d’arbres 
et,  au  milieu,  la  qoubba  de  S.  Mellouk;  auprès  jaillissent  plusieurs  sources,  donnant 
une  eau  abondante  et  bonne;  on  les  appelle  Aïoun  S.  Mellouk,  d’où  le  nom  delà 
Qaçba.  Celle-ci  est  ancienne,  mais  tombait  en  ruine  et  était  déserte  lors  de  l’expé¬ 
dition  de  Moulei  El  Hasen  en  187(3.  Il  la  restaura  et  y  installa  la  garnison  qui  s’y 
trouve  :  elle  se  compose  d’une  centaine  de  réguliers  (askris),  commandés  par  un  ara. 
Qaçba  el  Aïoun  est  en  outre  la  résidence  du  qaïd  des  Chedja,  Chikh  Hamida  ech 
Chergi,  chef  suprême  dans  la  place;  il  a  auprès  de  lui  son  lieutenant  et  quelques 
hommes  du  makhzen.  Les  autres  habitants  sont  des  marchands  musulmans  et  juifs, 
ceux-ci  originaires  de  Debdou  ou  de  Tlemsen,  qui  vendent  des  denrées  d’Europe  et 
d’Algérie  aux  soldats  et  aux  tribus  des  environs. 

Le  sultan  croit  avoir  ici  600  réguliers  commandés  par  un  ara,  Hadj  Mohammed  : 
de  fait,  il  y  possède  100  ou  150  malheureux  qui  n’ont  de  soldats  que  le  nom.  Il  envoie 
5000  fr.  par  mois  pour  la  solde  de  la  troupe  :  les  hommes  ne  touchent  rien,  sont 
nus  et  meurent  de  faim;  l’ara  et  ses  lieutenants  gardent  tout. 

Le  commerce  de  Qaçba  el  Aïoun  a  de  l’importance.  Les  boutiques  installées  dans 
son  enceinte  sont  bien  approvisionnées.  Chaque  semaine,  se  tient  au  pied  de  ses 
murs  un  marché,  le  Tlàta  Sidi  Mellouk.  Ce  jour-là,  les  tribus  des  environs,  celles  de 
la  montagne  comme  celles  de  la  plaine,  viennent  en  foule,  apportant  des  laines,  des 
tellis,  des  flidjs,  des  tapis,  des  peaux,  et  les  échangeant  contre  des  objets  de  provenance 
algérienne, 'cotonnades,  etc.  Les  années  de  bonne  récolte,  les  petits  marchands  de  la 
Qaçba  font  d’excellentes  affaires  :  ils  vendent  en  grande  quantité  du  café,  de  l’eau- 
de-vie,  du  vin,  du  thé,  du  sucre,  du  kif,  des  cotonnades,  des  faïences,  des  verres, 
des  bougies,  des  belras,  de  la  mercerie,  du  papier,  aux  soldats  et  aux  tribus  voisines, 
dont  quelques-unes,  les  Béni  Iznâten  surtout,  sont  très  riches.  Quand  la  terre  est 
stérile,  que  la  moisson  manque,  qu’il  y  a  disette,  le  trafic  est  nul  :  c’est  ce  qui  a  eu 
lieu  ces  derniers  temps.  Cette  année,  beaucoup  de  pluie  est  tombée  au  printemps; 
on  espère  une  excellente  récolte;  depuis  cinq  ans  on  manquait  d’eau,  il  y  avait 
sécheresse  et  famine. 


21  mai. 


Séjour  à  Qaçba  el  Aïoun.  Une  pluie  torrentielle  qui  tombe  depuis  hier  soir  m’em¬ 
pêche  de  partir. 

On  est  fort  enflammé  ici  des  exploits  du  Chéri/'  (c’est  le  nom  qu’on  donne  dans  le 
Maroc  au  Malidi),  (pie  la  grâce  de  Dieu  a  rendu  invulnérable  et  invincible,  (pii  a 
chassé  les  Chrétiens  d’Egypte  et  qui  marche  sur  Tunis  :  on  a  reçu  à  Eàs  plusieurs 
lettres  de  lui  :  le  sultan  les  a  fait  lire  dans  les  mosquées.  Moulei  El  Hasen  est  en  ce 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


2ol3 

moment  à  Meknâs;  il  ;i  ordonné  des  levées  de  troupes  considérables  :  onze  corps  sont 
prêts  à  l’heure  qu’il  est,  deux  sur  le  Sebou,  neuf  dans  le  Sous;  ils  présentent  un 
effectif  total  de  40,000  hommes  et  sont  formés  de  contingents  tirés  des  tribus  les  plus 
guerrières  du  royaume  de  Merrâkech  et  du  Sous.  C’est  contre  les  Français  que  se 
font  ces  préparatifs.  Au  mois  de  ramdân,  le  sultan  se  mettra  à  la  tète  des  troupes, 
et  en  avant  vers  Oudjda!  —  Ce  sont  les  réguliers  et  les  mkhaznis  de  la  Qaçba  qui  ra¬ 
content  ces  fables  :  ils  y  croient,  et  cette  perspective  de  guerre  leur  fait  faire  la  gri¬ 
mace.  Des  bruits  aussi  ridicules  et  plus  encore  circulent  dans  toute  l’étendue  du 
Maroc.  Partout  les  esprits  y  sont  occupés  des  événements  du  Soudan  égyptien ,  qui 
grossissent  dans  des  proportions  fantastiques  en  traversant  l’Afrique.  A  Tisint,  à 
Tatta,  dans  le  Sous,  le  Cherif,  après  avoir  conquis  l’Egypte,  avait  pris  Tripoli,  Tunis, 
Alger,  et  avait  mis  à  mort  tout  ce  qui  était  chrétien.  Dans  la  vallée  du  Ziz,  il  n’était 
pas  à  Alger,  mais  Tunis  était  tombé  en  son  pouvoir  et  les  Français  vaincus  fuyaient 
devant  lui.  A  Debdou,  il  était  à  Tripoli.  A  Qaçba  el  Aïoun  et  à  Oudjda,  il  n’a  conquis 
que  l’Égypte,  avec  le  Caire  et  Alexandrie.  Partout,  aussi  bien  dans  le  sud  qu’ici, 
chez  les  Ida  ou  Dial  et  dans  le  Sous  comme  chez  les  Berâber,  on  est  curieux  de  ces 
nouvelles  :  aussitôt  que  j’arrivais  en  un  lieu,  la  première  question  qu’on  m’adressait, 
à  titre  d’étranger,  était  :  «  Quelles  nouvelles  du  Cherif?  »  Mais,  si  l’on  s’occupe  de 
lui,  on  paraît  s’en  occuper  avec  calme  et  attendre  patiemment  qu’il  vienne,  sans  se 
soucier  de  prendre  les  armes  pour  lui  tendre  la  main.  En  résumé,  il  excite  une  vive 
curiosité,  mais  peu  d’enthousiasme,  surtout  dans  les  tribus  indépendantes.  Les  tribus 
soumises,  en  général  plus  dévotes,  plus  instruites,  plus  fanatiques  que  les  autres, 
moins  occupées  par  des  luttes  de  chaque  jour  avec  les  voisins,  prêtent  une  attention 


voyage.  Nulle  part  on  ne  désirait  la  guerre  sainte;  mais  l’ignorance,  qu’entretient 
la  politique  craintive  des  puissances  européennes,  est  si  grande  que  tout  peut  arriver  : 
malgré  le  calme  actuel,  il  suffirait  que  soit  le  sultan,  soit  quelque  grand  chef  reli¬ 
gieux,  comme  Chikh  Mohammed  El  Arabi  el  Derkaoui,  levât  l'étendard  de  la 
guerre  sainte  pour  réunir  en  quelques  jours  une  armée  de  50000  hommes.  Cette 
masse,  animée  plutôt  par  l’espoir  du  pillage  que  par  le  zèle  religieux,  s’évanouirait 
à  la  première  défaite,  et  se  doublerait  au  moindre  succès. 


22  mai. 

Départ  à  6  heures  et  demie  du  matin.  Je  reprends  ma  route  dans  le  désert  d’An- 
gad,  cheminant  au  milieu  de  la  plaine,  avec  mes  deux  chaînes  monotones  à  droite  et 
à  gauche.  Ce  sont  deux  longues  lignes  de  montagnes  sombres,  à  peu  près  de  même 
hauteur,  nues  l’une  et  l’autre  comme  tous  les  massifs  que  j’ai  vus  depuis  le  Djebel 


DE  QÇABI  ECU  CHEURFA  A  [.ALLA  MARNIA. 


257 

Debdou.  Au  flanc  du  Djebel  Béni  Iznâten  apparaissent  de  nombreuses  taches  noires, 
villages  et  jardins.  Le  sol  ne  change  pas  :  il  demeure  sablonneux  et  couvert  d’her¬ 
bages;  après  Qaçba  el  Aïoun,  il  est  pendant  trois  ou  quatre  kilomètres  semé  de 
quelques  arbres.  Je  rencontre  des  douars,  plusieurs  troupeaux  de  chameaux,  de 
moutons  et  de  chèvres,  et,  en  un  ou  deux  points,  des  cultures.  Profitant  du  bienfait 
de  la  pluie,  qui  vient  de  fertiliser  les  sables  de  l’Angad,  les  Chedja  se  sont  hâtés 
d’ensemencer  quelques  parcelles  de  terre.  Durant  toute  la  journée  le  pays  reste  très 
plat;  ce  n’est  qu’en  approchant  d’Oudjda  que  deux  accidents  de  terrain  changent 
l’aspect  du  désert.  Vers  le  nord,  une  côte  en  pente  douce,  parallèle  au  Djebel  Béni 
Iznâten,  se  projette  en  avant  de  lui  dans  la  plaine  et  se  termine  au  cours  de  l’Isli.  Vers 
l’est,  on  voit  la  fameuse  Koudia  el  Khodra,  théâtre  du  champ  de  bataille  de  l’Isli ;  de 
loin,  elle  apparaît  comme  un  long  talus  verdoyant,  bas,  à  crête  uniforme,  barrant 
toute  la  plaine  d’Angad  depuis  le  Djebel  Zekkara,  dont  il  se  détache  et  auquel  il  est 
perpendiculaire,  jusqu’à  la  côte  qu’on  vient  de  signaler  :  entré  celle-ci  et  FJ  Koudia 
el  Khodra,  se  trouve  une  trouée  où  passe  l’Ouad  Isli.  A  2  heures  40,  je  parviens  à  cette 
rivière.  Elle  a  12  mètres  de  large  et  70  centimètres  de  profondeur;  le  courant  est  ra¬ 
pide;  le  lit,  de  gros  galets,  est  en  entier  couvert  par  les  eaux;  deux  berges  de  sable 
à  1/1,  de  8  mètres  de  haut,  rencaissent.  L’ouad  coule  au  pied  même  de  El  Koudia  el 
Khodra  :  sa  berge  droite  se  confond  avec  le  versant  occidental  de  ces  hauteurs.  Je 
commence  à  monter  au  sortir  de  la  rivière  :  côte  douce,  mélange  de  terre  et  de  pier¬ 
res;  à  2  heures  50,  je  suis  au  sommet.  Un  plateau  s’y  étend,  ridé  d’ondulations  légè¬ 
res;  il  est  couvert  d’herbe;  le  sol  en  est  terreux,  avec  des  pierres  et  des  endroits  ro¬ 
cheux.  Je  le  traverse.  A  3  heures  et  demie,  j’en  atteins  le  bord  oriental.  Depuis  quelque 
temps,  j’aperçois  Oudjda,  étalant  au-dessous  de  moi  ses  maisons  blanches  au  milieu 
de  grandes  plantations  d’oliviers.  Une  rampe,  pareille  à  celle  qui  le  limite  à  l’ouest, 
courte  et  douce,  borne  ici  le  plateau.  Je  la  descends  et  ne  tarde  pas  à  entrer  dans  les 
jardins  d’Oudjda  :  vastes  et  bien  cultivés,  ombragés  d’une  multitude  d’arbres,  ils 
sont  la  seule  chose  digne  d’attention  en  ce  lieu.  Je  m’arrête,  à  4  heures  un  quart, 
dans  un  des  foudoqs  de  la  ville. 

Oudjda  est  située  au  pied  de  El  Koudia  el  Khodra,  en  terrain  plat,  dans  la  plaine 
d’Angad,  qui  se  prolonge  au  delà  jusqu’à  Lalla  Marnia.  C’est  une  fort  petite  ville  : 
elle  semble  moins  peuplée  qu’El  Qçar.  La  richesse  et  la  prospérité  y  régnent;  la  pré¬ 
sence  d’un  qaïd  .  de  mkhaznis  ,  le  passage  des  caravanes,  le  commerce  avec  l’Algérie  , 
y  entretiennent  l’animation  et  y  apportent  la  fortune. 

Un  mkhazni  à  cheval  m’a  escorté  de  Qaçba  el  Aïoun  à  Oudjda;  un  autre  m’accom¬ 
pagnera  d’Oudjda  à  la  frontière  française.  Il  a  suffi  de  les  demander  aux  qaïds; 
une  escorte  de  ce  genre  s’accorde  toujours,  à  condition  de  payer  :  le  prix  est  mo¬ 
dique.  Le  gouvernement  concourt  à  fournir  les  zetats  dans  les  régions  du  blad  (4 

33 


RECONNAISSANCE  \L  MAROC. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


258 

inakiizen  trop  peu  sûres,  comme  celle-ci,  pour  y  voyager  seul.  Chemin  faisant, 
j’ai  rencontré  une  caravane;  elle  se  composait  de  marchands  juifs  venant  de  Tlem- 
sen  et  allant  à  Debdou.  Hors  l’Ouad  Isli,  je  n’ai  traversé  qu’un  cours  d’eau  de  quel¬ 
que  importance  :  l’Üuad  Bon  Rdim  ((3  mètres  de  large;  1  mètre  de  profondeur;  courant 
insensible;  berges  de  lm,50  d  élévation  ,  à  1/1.  Les  eaux  proviennent  des  pluies  der¬ 
nières;  la  rivière,  à  sec  toute  l’année,  se  gonfle  à  la  moindre  averse  et  se  dessèche 
aussi  vite  :  hier  elle  était  infranchissable). 

23  mai. 

Départ  d’Oudjda  à  7  heures  du  matin.  A  10  heures,  je  passe  la  frontière  et  j’entre 
en  terre  française.  Peu  après  j’arrivai  à  Lalla  Marnia,  terme  de  mon  voyage. 


FIN  DE  LA  PREMIERE  PARTIE. 


SECONDE  PARTIE. 


RENSEIGNEMENTS. 

I. 


BASSIN  DE  L’GUAD  OU  MM  ER  REBIA. 


E’Ouad  Oumm  er  Rebia  prend  sa  source  sur  le  territoire  des  Boni  Mgild  ,  à  une  haute  montagne  d’où 
sort  aussi  la  Mlouïa.  De  là  il  traverse  les  tribus  des  Zaïan,  des  Ichqern ,  des  Qetaïa,  des  Ait  Rouba,  des 
Béni  Amir,  des  Béni  Mousa,  ces  quatre  dernières  faisant  partie  du  Tàdla.  En  sortant  des  terres  des  Boni 
Mousa ,  il  reçoit  l’Ouad  el  Abid ,  qui  est  la  limite  et  de  cette  tribu  et  du  pays  de  Tàdla.  A  partir  de  là,  il  ne 
cesse  de  couler  entre  des  tribus  différentes,  formant  frontière  entre  elles  :  d’abord  entre  les  Boni  Miskin 
au  nord  et  les  Srarna  au  sud;  puis  entre  les  Chaouïa  (nord)  et  les  Rhamna  (sud);  ensuite  entre  les 
Chaouïa  (nord)  et  les  Doukkala  (sud);  enfin  entre  les  Chtouga  (nord)  et  les  Doukkala  (sud). 

Les  tribus  mentionnées  en  aval  du  Tàdla  sont  nomades,  parlent  l'arabe  et  se  disent  de  race  arabe. 
Elles  sont  soumises  au  sultan.  Trois  d’entre  elles  sont  regardées  comme  les  plus  puissantes  du  blad  el 
makhzen  :  celles  des  Rhamna,  des  Chaouïa  et  des  Doukkala  :  les  premiers  peuvent,  dit-on,  mettre 
1 1  000  hommes  à  cheval,  les  seconds  7  000,  les  derniers  6  000. 

AFFLUENTS.  —  L’  Ouad  Oumm  er  Rebia  reçoit  un  grand  nombre  d’affluents,  parmi  lesquels  on 
remarque,  en  descendant  son  cours:  l’Ouad  Derna,  l’Ouad  Daï,  l'Ouad  el  Abid,  l'Ouad  Teççaout.  Ces 
quatre  cours  d'eau  se  jettent  sur  sa  rive  gauche.  L'un  d'eux,  l’Ouad  el  Abid,  égale  en  importance 
l’Oumm  er  Rebia  elle-même. 

1”  OUAD  DERNA.  —  Cette  rivière  prend  sa  source  dans  le  Djebel  Ait  Seri,  arrose  le  grand  village  de 
Tagzirt  et,  à  2  heures  de  marche  au-dessous  de  ce  point,  entre  dans  le  territoire  des  Ait  Iaïch  :  elle  se  jette 
dans  l’Oumm  er  Rebia  à  Zidania,  vieille  qaçba  qui  ressemble  à  celle  de  Fichlâla  et  qui  a  été  construite 
aussi  par  Moulei  Ismaïl.  Zidania  est  située  à  a  heures  de  marche  au-dessous  de  Qaçba  Tàdla,  chez  les  Ou- 
lad  Abd  Allah,  fraction  des  Béni  Amir.  Point  de  ville  du  nom  de  Derna. 

2°  OUAD  DA/.  —  Cette  rivière  roule  à  peu  près  le  même  volume  d’eau  que  l’Ouad  Derna  :  elle  prend 
sa  source  dans  la  même  chaîne  de  montagnes  :  c’est  chez  les  Oulad  Bou  Bekr,  fraction  des  Béni  Mellal, 
qu'elle  entre  en  plaine.  Elle  se  jette  sur  la  rive  gauche  de  l’Oumm  er  Rebia  dans  le  territoire  des  Béni 
Mousa.  Point  de  ville  du  nom  de  Daï. 

3°  OUAD  EL  Alill).  —  Les  sources  de  cette  grande  rivière  sont,  comme  celles  de  l’Oumm  er  Rebia, 
dans  une  contrée  sauvage,  boisée,  infestée  de  lions  et  de  panthères,  région  peu  fréquentée  el  que  ne  tra¬ 
verse  aucun  chemin.  En  remontant  l'Ouad  el  Abid  au-dessus  d’Ouaouizcrt ,  on  trouve  les  Ait  Messat  sur 
sa  rive  gauche  et  les  Ait  Atta  d  Arnalou  sur  sa  rive  droite  :  la  rivière  forme  frontière  entre  les  deux  tri¬ 
bus.  Puis  elle  entre  dans  celle  des  Ait  Seri.  A  partir  de  là,  plus  de  bourgades;  il  n’y  a  que  de  petits 
villages,  des  huttes  et  des  tentes  groupées  autour  de  tirremts. 

Au-dessous  d’Ouaouizert ,  c’est  encore  la  grande  tribu  des  Ait  Messat  qui  occupe  la  rive  gauche  de 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


260 


l’ouad  :  les  Entifa,  puis  les  Srarnalui  font  suite.  Sur  la  rive  droite,  on  traverse  successivement,  en  des¬ 
cendant  la  rivière,  les  Ait  Atta  d  Amalou,  les  Ait  Bou  Zîd ,  les  Ait  Atab  et  enlin  les  Béni  Mousa. 

L’Ouad  el  Abid  a  deux  points  de  passage  importants  dans  la  portion  inférieure  de  son  cours  : 

A  3  heures  de  marche  en  amont  de  son  confluent  avecl'Oumm  er  Rebia,  se  trouve  légué  de  Bou  Aqba, 
célèbre  par  la  bataille  qui  s’y  livra.  En  cet  endroit,  l'Ouad  el  Abid  forme  limite  entre  les  Entifa  et  les 
Béni  Mousa. 

5  heures  plus  haut,  c’est-à-dire  à  H  heures  du  confluent,  se  trouve  un  pont  construit  par  Moulei  Is- 
maïl  et  encore  en  bon  état  :  il  n’a  point  de  nom  particulier  :  on  l’appelle  El  Qantra. 

AFFLUENT.  —  L’Ouad  el  Abid  reçoit  sur  sa  rive  gauche  une  rivière  importante  dont  nous  avons  aperçu 
le  confluent  entre  Ouaouizert  et  Ait  ou  Akeddir;  c’est  l'Ouad  Ait  Messat. 

Ouad  Ait  Messat.  —  Cette  rivière  prend  sa  source  dans  le  Grand  Atlas  un  peu  au-dessus  de  Zaouïa 
Abansal.  Elle  arrose  sur  son  cours  un  grand  nombre  de  qçars  :  ils  appartiennent  aux  Ait  Isbaq,  l’une 
des  5  fractions  des  Ait  Messat.  Voici  les  principaux  d’entre  eux,  dans  l’ordre  où  on  les  trouve  en  descen¬ 
dant  l’ouad  : 

Zaouïa  Ahansal  (zaouïa  très  importante,  dont  le  chef  actuel  se  nomme  Sidi  Ilamed  ou 


Hamed  Ahansal). 

Ait  Tamzout . rive  droite. 

Zaouïa  Ait  Sidi  Ali  ou  llaseïn . rive  droite. 

Tillougit . rive  droite. 

Ait  Aïssa . rive  droite. 

Izerouan  (3  qçars) . rive  droite. 

Distances  :  de  l’Oussikis  à  Zaouïa  Ahansal . 1  jour. 

De  Zaouïa  Ahansal  à  Ouaouizert . 2  jours. 


4°  OU  AD  TEÇÇAOIJT.  —  Cette  rivière  se  jette  sur  la  rive  gauche  de  l’Oumm  er  Rebia,  à  7  heures  de 
marche  au-dessous  du  confluent  de  ce  fleuve  avec  l’Ouad  el  Abid.  La  Teççaout  est  formée  de  la  réunion 
de  deux  cours  d’eau  :  le  premier,  Teççaout  Fouqia  ou  Ouad  Akhdeur,  passe  entre  Demnât  et  Bezzou  ;  le 
second ,  Teççaout  Tabtia  ou  Teççaout  Morràkech,  passe  entre  Demnât  et  El  Qlaa.  Ces  deux  rivières 
prennent  leur  source  dans  un  même  massif  de  montagnes  et  se  dirigent  vers  le  nord,  l’une  par  l’est, 
l’autre  par  l’ouest  :  elles  se  réunissent  en  plaine  entre  El  Qlaa  et  Bezzou,  et  de  là  vont  se  jeter  dans 
l’Oumm  er  Rebia.  Le  chemin  qui  va  en  ligne  directe  de  Demnât  au  Dâdes,  chemin  très  suivi,  re¬ 
monte  la  Teççaout  Fouqia  jusqu’à  sa  source  :  de  là  il  passe  sur  le  territoire  des  Haskoura,  dans  le  bas¬ 
sin  du  Dra.  La  Teççaout  orientale  a  tout  son  cours  supérieur  occupé  par  la  grande  tribu  tamazirt 
indépendante  des  Ait  b  Ououlli.  Elle  traverse  ensuite  le  territoire  des  Aït  Abbes,  puis  celui  des  En¬ 
tifa,  enfin  celui  des  Srarna,  sur  lequel  les  deux  Teççaout  se  réunissent  et  se  jettent  dans  l’Oumm  er 
Rebia. 

AFFLUENTS.  — La  Teççaout  Fouqia  reçoit  plusieurs  affluents  dont  le  principal  est  l’Ouad  el  Arous,  se 
jetant  sur  sa  rive  droite  au  point  frontière  entre  les  Ait  b  Ououlli  et  les  Ait  Abbes. 

Ouad  el  Auous.  —  A  2  kilomètres  au-dessus  de  son  confluent  avec  l’Ouad  Teççaout,  il  reçoit  lui-même 
sur  sa  rive  droite,  au  village  d’Agerd  n  Ouzrou,  un  cours  d’eau  important,  l’Ouad  b  Ougemmez. 

Ouad  b  Ougemmez.  —  Cette  rivière  porte  aussi  le  nom  d’Ouad  Ait  Ouaham.  Elle  prend  sa  source 
dans  le  Grand  Atlas,  auprès  du  Tizi  Izourar  :  le  cours  en  appartient  tout  entier  à  la  tribu  des  Aït  b  Ou¬ 
gemmez  :  un  grand  nombre  de  qçars  s’échelonnent  le  long  de  ses  rives  :  le  plus  rapproché  de  sa 
source  est  Zaouïa  Aït  Ouaham  (appelé  aussi  Zaouïa  Alonzi)  ;  le  plus  bas  est  Agerd  n  Ouzrou,  où  il  se 
jette  dans  l’Ouad  el  Arous.  Entre  eux,  il  en  existe  d’autres,  dont  les  principaux  sont,  en  descendant:  Ait 
Ali,  Ait  Ouriad. 

Entre  Ait  Ouriad  et  Agerd  n  Ouzrou,  l'Ouad  b  Ougemmez  reçoit  sur  sa  rive  gauche  un  affluent, 
l’Ouad  Ibakellioun. 

Ouad  Ibakellioun.  —  Le  cours  en  appartient  aussi  en  entier  aux  Aït  b  Ougemmez  :  il  est  bordé  de 


BASSIN  DE  L’OIJAD  OUMM  Eli  BEBIA. 


261 

nombreux  qçars  :  le  plus  considérable  d’entre  eux  est  Ibakellioun,  situé  non  loin  de  la  source  de  l’ouad. 

Cette  rivière  reçoit  elle-même  un  affluent,  l’Ouad  Tizi  Ait  Imi,  se  jetant  sur  sa  rive  gauche  dans  la 
partie  basse  de  son  cours. 

Ouad  Tizi  au  imi. —  Il  prend  sa  source  au  col  d’Aït  Imi,  dans  le  Grand  Atlas.  Le  cours  en  appartient 
à  la  tribu  des  Ait  b  Ougemmez.  Il  arrose  plusieurs  qçars. 

Les  localités  situées  sur  les  cours  des  ouads  b  Ougemmez,  Ibakellioun  et  Tizi  Ait  Imi  forment  la 
totalité  de  la  tribu  des  Ait  b  Ougemmez,  tribu  indépendante,  de  race  et  de  langue  tamazirt. 

Pas  de  marché  chez  les  Ait  b  Ougemmez. 

Un  mellah ,  sur  l'Ouad  b  Ougemmez. 

Distances  :  de  FOussikis  à  Ait  Ouaham . forte  1/2  journée. 

D’Aït  Ouaham  à  Had  Ait  Atab .  1  jour. 

»  Agerd  n  Ouzrou .  17  kilomètres. 

»  Demnât .  2  petites  journées. 


Renseignements  sur  les  tribus. 


TRIBUS  DU  T  AD  LA.  —  Voici  la  décomposition  des  tribus  du  Tàdla  : 


Ourdirra 


Oulad  Bhar  el  Kebar. 


Oulad  Bhar  es  Srar. 


Oulad  Brahim. 
Goutta. 

(  Béni  Khelf. 

I  Mfasis . 

I  Oulad  Azzouz. 
)  Oulad  Smir. 


Béni  Khîran. 


Madna . 


v  Béni  llasen. 
Oulad  Bou  Radi. 

Béni  Mancour. 

Genadiz. 
i  Torch. 


Smàla. . . 


Oulad  Aïssa. 


Oulad  lousef.  { 


Béni  Zemmour 


Béni  Bataou 


Ait  lahi 


Beraksa. 
j  Asasga. 

1  Houasen. 

<  Oulad  Fennan. 

!  Chraa. 

Oulad  Gaouch. 
Ait  Cal  eh.  ) 
Nouaser. .  \ 
Berachona. .  ( 
Oulad  Nahr.  \ 
Béni  Zrandil. 
Ababsa. 

Oulad  Brahim. 
Zania. 

Soual. 
Rouased. 

Aït  Bihi. 

\  Aït  Mousa. 
Ahouraïn. 
Geraïat. 


/ 


Oetaïa 


Semget. 

Ait  Ala . 

Ait  Brahim. 
Ait  Kerkaït. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


0-2 


Oulad  Saïd.. 


Reni  Madan  ;  Ait  Rouba.  !  Oulad  lousef. 


Oulad  Smaïn. 
Oulad  Iaqoub. 
Oulad  Bou  laoud. 
Bezzaza. 

Oulad  Iaïch. 
Oulad  Mammer. 


Boni  Amir . 


Béni  Mousa. 


Zouaïr. 

Béni  Mellal. 

Oulad  Assoun ... 

Oulad  Nedja _ _ 

Oulad  Abd  Allah. 
Beradia. . .  j 
Abel  Sous.  ■  i 
Oulad  Ali.  1 

Oulad  Hasen . 

Krifat . 

Oulad  Zian .  L 

Oulad  Bou  Herrou.  / 
Béni  Chegdal..  \ 

Oulad  Rejia....  '  i 
Mouali  el  Ouad.  ^ 

Oulad  Zalira. 
El  Amgar. 
Oulad  Zmarn. 
Asara. 

Oulad  Smida. 
Béni  Aoun. 
Oulad  Merah. 
Krazza. 


Oulad  Arif. 


Aït  Seri . . 


Aït  Ouirra. 


(Béni  Oujjin. 

Oulad  Brahim. 

Ahel  Zerberraebi. 

Béni  Miskin. 

AIT  SE H/.  —  Voici  la  décomposition  des  Aït  Seri,  tribu  tamazirl  indépendante 

Imhaouchen. 

Aït  Daoud. 

\  Aït  Mesaoud. 

Aït  El  Hasen. 

Aït  Alou  ou  Brahim. 

Aït  ou  Azzou. 

Aït  Ousaden. 

Aït  Iqqo. 

Aït  Abd  es  Selam. 

Aït  Iaqoub. 

Aït  Smaïn. 

Aït  Hammi. 

Aït  Bou  Bekr. 

Aït  Ichcbo. 

Mrabten. 

Aït  Daoud. 

Ait  Ousakki. 

Mharir. 

Aït  Alou  ou  El  Hasen. 

Aït  Ioudi. 


Aït  Mhammed. 


Aït  Abd  el  Ouali. 


Friata . 

Aït  Hebibi. 


Aït  Ma  ha .  i 

Aït  Abd  en  Nour.  | 


BASSIN  DE  L’OUAD  OUMM  ER  REBIA. 


2B3 


Aït  Saïd 


,  Aït  Ali  ou  Seliman. 

IAït  Hammou  ou  Saïd. 

Aït  Ishaq. 

Ihebaren. 

Aït  Hammou  ou  Mançour. 
Aït  Daoud  ou  Bou  Hïa. 

Aït  Daoud  ou  Iousef. 

\  Aït  Ougrar. 


Les  Aït  Seri  sont  de  langue  comme  de  race  lamazirt.  Partie  nomades,  partie  sédentaires,  ils  ont  des 
tentes  et  des  villages;  ces  derniers  dominent.  Leur  territoire  nourrit  peu  de  chevaux;  pouvant  armer 
un  très  grand  nombre  de  fantassins  ,  ils  n’ont  presque  pas  de  cavaliers. 

Deux  fractions  des  Aït  Seri ,  les  Ai  t  Ouirra  et  les  Aït  Mhammed,  sont  célèbres  pour  leur  hostilité  aux 
Juifs  :  leur  territoire  est  absolument  interdit  à  cette  race.  Un  Israélite  veut-il  le  traverser  quand  même, 
il  lui  faut  se  travestir  et  prendre  garde  de  ne  point  se  trahir  :  s’il  était  reconnu,  il  n’échapperait  pas  à  la 
mort.  Tout  Juif  trouvé  est  tué  ,  et  l'horreur  qu’il  inspire  va  si  loin  qu'on  ne  dépouille  pas  son  cadavre  et 
que  ses  marchandises  sont  jetées  au  vent. 

ICHQERN .  —  Les  Ichqern  sont  une  tribu  de  race  et  de  langue  tamazirt  bornée  au  nord  par  les  Zaïan, 
à  l’ouest  par  le  Tâdla  (Béni  Zemmour  et  Qetaïa),  au  sud  par  les  Ait  Seri  (Ait  Ouirra).  11  y  a  4  heures  de 
chemin  entre  Qaçba  Tâdla  et  leur  frontière.  Ils  peuvent  mettre  environ  8000  hommes  à  cheval.  Ils  sont 
indépendants,  bien  qu’un  qaïd  in  partibus  vive  chez  eux.  Ils  ont,  en  ce  qui  concerne  les  Juifs  ,  le  même 
usage  que  les  Ait  Ouirra  et  les  Ait  Mhammed,  usage  qui  n’existe  nulle  part  ailleurs  au  Maroc. 

Sur  la  frontière  nord  des  Ichqern  ,  se  trouve  le  point  assez  connu  de  Khanifra.  Khanifra  est  une  qaçba 
un  peu  plus  grande  que  Fichtâla,  située  à!»  heures  de  marche  à  l’est-nord-est  de  Bou  el  Djad;  sur  la 
limite  même  des  Ichqern  et  des  Zaïan,  elle  fut  longtemps  un  sujet  de  disputes  pour  ces  deux  tribus. 
Fondée  par  les  premiers,  elle  appartient  aujourd’hui  aux  seconds.  Là  habite  ce  malheureux  qaïd  des 
Zaïan  dont  nous  avons  parlé  plus  haut. 

CHAOUIA.  —  Les  Chaouïa  sont  nomades  et  parlent  l’arabe  :  ils  forment  une  nombreuse  tribu  soumise 
au  sultan.  A'oici  leur  décomposition  : 


Oulad  Mhammed  (3  qaïds).  < 


Khesasra  (1  qaïd). 


1 1  qaïd  i 


Oulad  Zireg. 
Oulad  Chaïb. 

El  Khlot. 

Oulad  Aniama. 
Oulad  Bou  Bekr. 
Oulad  El  Asri. 
Brasiin. 

Oulad  Mnisf. 

El  Aoulad  (1  qaïd). 

Oulad  Bou  Arif. 

Béni  Iinman.. 

I  llamdaoua. 

Béni  Sqeten. 

El  Elf. 

Béni  Brahim. 
Mnia. 

Djemoua. 

Oulad  Fers. 
Oulad  Senjej. 

Oulad  Sidi  Ben  Daoud  (1  qaïd). 

Oulad  Bou  Ziri  (1  qaïd). 

Oulad  Saïd  (1  qaïd). 

Msamsa  (I  qaïd). 


Chaouïa  |  Mzab  (1  qaïd) 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


264 


I  Oulad  Haris.  j  (Réunies,  ces  deux  fractions  forment  un  groupe  plus 
I  Medarra.  j  nombreux  encore  que  les  Mzab.  —  1  qaïd.) 

F  Oulad  Zian  (1  qaïd). 

Mediouna  (1  qaïd). 

|  Siaïda  (2  qaïds). 

Zenata  (1  qaïd). 

La  fraction  des  Mzab  contient  un  grand  nombre  de  zaouïas;  telles  sont  :  Oulad  Sidi  Aïssa,  Qeradma , 
Oulad  Sidi  el  Hadj,  Oulad  Sidi  Bel  Qasem,  El  Kaouka. 

Z  MIT  — Les  Zaïr  forment  une  puissante  tribu  indépendante,  de  race  et  de  langue  tamazirt.  Leur  ter¬ 
ritoire  se  trouve  à  l'ouest  de  celui  des  Zaïan  et  au  nord-ouest  du  Tàdla.  Quoique  ce  pays  soit  monta¬ 
gneux,  ils  possèdent  un  grand  nombre  de  chevaux. 

AIT  MESSAT.  —  C’est  une  puissante  tribu  chleuba  (1),  indépendante,  qui  a  pour  limites,  au  sud  la 
crête  supérieure  du  Grand  Allas,  au  nord  l’Ouad  el  Abid,  à  l’est  les  Ait  Seri  et  les  Berâber,  à  l’ouest  les 
ouads  b  Ougemmez  et  Teççaout.  Les  Ait  Messat  habitent,  les  uns  dans  des  qçars,  les  autres  sous  la 
tente  :  ceux-ci  sont  les  plus  nombreux.  La  tribu  peut,  en  tout,  armer  4000  fantassins  et  300  à  500  cava¬ 
liers.  Elle  se  décompose  en  cinq  fractions. 

Ait  Isliaq. 

Ait  Mohammed. 

Ait  Ougoudid.  ï 

Ait  Abd  Allah.  ,  Atferkal. 

Ibararen  .  .  .  ) 

Les  Ait  Isliaq  forment  environ  2000  fusils.  Ils  s’étendent  entre  la  zaouïa  d’Ahansal  et  l’Ouad  el 
Abid  :  tout  le  cours  de  l’Ouad  Ait  Messat  leur  appartient  :  à  eux  encore  les  deux  groupes  de  qçars  d’Aïl 
Mazir  et  d’Aït  lssoumour.  Ait  Mazir  est  une  collection  de  qçars  répartis  dans  la  montagne  entre  l’Ouad 
el  Abid  et  l’Ouad  Ait  Messat,  au  delà  de  la  rive  gauche  de  ce  dernier.  Ait  lssoumour  est  une  réunion  de 
3  qçars  situés  près  de  l’Ouad  el  Abid  au-dessus  d’Aït  Mazir  :  on  compte  17  kilomètres  d’Aït  lssoumour 
à  Ouaouizert.  Les  Ait  Isliaq  sont  la  seule  des  cinq  fractions  des  Ait  Messat  qui  possède  des  qçars.  Les 
quatre  autres  n’ont  que  des  tentes  et  des  tirremts. 

Les  Ait  Mobammed  sont  limitrophes  des  Ait  Isliaq  :  ils  s’étendent  entre  eux,  les  Ait  b  Ougemmez, 
l’Ouad  el  Abid  et  la  crête  du  Grand  Atlas  :  à  l’est  des  Ait  b  Ougemmez ,  ils  occupent  le  vaste  plateau 
d’Iferres.  Pas  de  rivière  sur  leur  territoire;  mais  les  sources  sont  nombreuses.  Pays  montagneux  et 
boisé.  Point  de  qçars  :  les  Ait  Mohammed  emmagasinent  leurs  biens  dans  des  tirremts  pendant  qu’ils 
vivent  sous  la  tente.  Ils  sont  environ  500  fusils. 

Les  Ait  Ougoudid  habitent  à  l’ouest  des  Ait  Mobammed,  entre  eux  et  les  Ait  Abd  Allah.  Ils  n’ont  que 
des  tentes  et  des  tirremts.  Il  en  sera  de  même  des  fractions  suivantes  :  leur  pays,  comme  celui  des 
Ait  Abd  Allah  et  celui  des  Ibararen,  est  en  tout  semblable  à  celui  des  Ait  Mohammed.  Les  Ait  Ougoudid 
comptent  500  fusils. 

Les  Aït  Abd  Allah  habitent  à  l’ouest  des  Ait  Ougoudid,  entre  eux  et  les  Ibararen.  Us  sont  en  face  des 
Ait  Atab.  Ils  peuvent  lever  500  fusils. 

Les  Ibararen  se  trouvent  à  l’ouest  des  Ait  Abd  Allah ,  auprès  des  Entifa  :  ils  forment  environ  500  fusils. 

Ces  trois  dernières  fractions  portent  le  nom  collectif  d’Atferkal. 

Ainsi  qu’on  le  voit  ,  une  seule  rivière  arrose  le  territoire  des  Ait  Messat,  celle  qui  porte  le  nom  de  la 
tribu. 

Il  existe  chez  les  Ait  Messat  une  zaouïa  dont  le  chef  est  tout-puissant  sur  eux  :  la  zaouïa  d’Ahansal.  Le 

(1)  Lorsque  nous  nous  rapprocherons  du  sud,  nous  emploierons  souvent  le  mot  de  Clileuh  pour  désigner  la  race  à  laquelle  ap¬ 
partiennent  les  populations,  afin  de  marquer  qu’elles  sont  composées  d’ima/iren  blancs  «  Cliellalia  » ,  et  non  d’imaziren  noirs 
«  Haralin  ». 


BASSIN  DE  L'OUAD  OUMM  ER  REBIA. 


265 


pouvoir  de  son  chikli  est  absolu  sur  les  Ait  Messat,  et  son  influence  s’étend  beaucoup  plus  loin.  Jusqu’à 
Merràkech  d’une  part,  jusqu'au  Dâdes  et  au  Todra  de  l’autre,  il  est  connu  et  vénéré.  Un  esclave  de  Sidi 
Hamed  ou  Hamed  Ahansal ,  chef  actuel  de  la  zaouïa ,  suffit  pour  conduire  en  sûreté  une  caravane  du  To¬ 
dra  à  Merràkech.  A  lui  a  recours  quiconque  veut  voyager  dans  ces  régions. 

Les  Ait  Messat  ne  parlent  que  le  tamazirt  :  très  peu  parmi  eux  savent  l’arabe. 

Deux  marchés  sur  leur  territoire  :  Khemls  Ait  Khelift  (Ait  Abd  Allah),  Arbaa  Tabaroucht  (Ail  Ishaq). 

Point  de  Juifs. 

AIT  B  OUOULLl .  —  C’est  une  nombreuse  tribu  chleuha,  indépendante,  cantonnée  sur  le  haut  cours 
de  la  Teççaout  Fouqia  et  sur  tout  celui  de  l’Ouad  el  Arous.  Elle  n’habite  que  des  qçars.  Les  Ait  b  Ououlli 
parlent  le  tamazirt. 

Point  de  marché  sur  leur  territoire. 

Un  mellah. 

AIT  ABIŒS.  —  Petite  tribu  chleuha  cantonnée  sur  les  rives  de  l’Ouad  Teççaout  au-dessous  des  Ait  b 
Ououlli.  Nominalement,  elle  dépend  du  qaid  des  Entifa  :  de  fait,  elle  est  peu  soumise.  Les  Ait  Abbes 
n’habitent  que  des  qçars.  Ils  parlent  le  tamazirt. 

Point  de  marché. 

Un  mellah. 

Distance  :  des  Ait  Abbes  aux  Ait  Bon  llarazen  comme  d’imiter  à  Taourirt  (Todra). 

AIT  BOU  HARAZEN.  — Petite  tribu  chleuha  située  à  quelque  distance  à  l  est  de  Djemaaa  Entifa. 
Elle  fait  partie  du  blad  el  makhzen  et  obéit  au  qaid  des  Entifa.  Point  de  rivière  sur  son  territoire  :  celui- 
ci  n’est  arrosé  que  par  des  sources.  Les  Ait  Bou  llarazen  n’habitent  que  des  qçars  :  leur  langue  est  le 
tamazirt,  mais  beaucoup  d’entre  eux  savent  l’arabe. 

Un  marché,  l’Arbaa  Bou  llarazen. 

Deux  mellahs. 

Distance  :  d'Arbaa  Bou  llarazen  à  Djemaaa  Entifa  comme  de  Timatreouinà  Taourirt  (Todra), 

INKTO.  —  Petite  tribu  chleuba  au  sud  des  Entifa.  Elle  appartient  au  blad  el  makhzen  et  obéit  au  qaid 
de  Demnât.  Elle  n’habite  que  des  qçars.  La  langue  en  est  le  tamazirt.  Le  territoire,  situé  à  l’est  de  l’Ouad 
Teççaout  Fouqia,  n’en  est  arrosé  que  par  des  sources  :  on  n’y  voit  aucun  cours  d’eau. 

Un  marché ,  l’ Arbaa  Ouaoula. 

Pas  de  Juifs. 

Distances  :  d’Inkloà  Demnât  comme  d’Aïtlidir  (Dâdes)  à  Taourirt  (Todra). 

»  Djemaaa  Entifa  comme  d’Aït  lidir  »  » 

AIT  A! AD.  — Tribu  chleuha  indépendante  occupant  les  premières  pentes  du  Moyen  Atlas  au  nord-est 
des  Ait  Atab.  La  fraction  des  Ait  Atab  qui  la  limite  de  ce  dernier  côté  s’appelle  les  Ikadousen.  Les  Ait 
Aïad  peuvent  mettre  en  ligne  environ  !  000  hommes,  dont  100  cavaliers.  Ils  sont  habituellement  alliés 
aux  Ait  Atab. 

Un  marché,  le  Tlâta  Ait  Aïad. 

Un  mellah. 


Itinéraires. 


DE  FAS  t  BOU  EL  DJ  AD.  —  Fâs,  Sl’rou,  Ait  Ioussi,  Béni  Mgild,  Vin  cl  Louh,  Akebab,  Ichqern  , 
Bou  el  Djad. 

DE  FAS  A  ROU  EL  DJAD.  —  Fâs,  Sfron,  Ait  Ioussi,  Béni  Mgild,  Zaïan,  Bou  el  Djad. 

DU  TADLA  A  QÇARl  ECU  CHEUBFA.  —  Du  Tàdla,  un  chemin  remonte  le  cours  de  l'Ouad  Oumm 
cr  Rebia  jusqu'à  sa  source  :  de  là  on  peut  gagner  Oçâbi  ech  Cheurfa.  Cette  route  n’est  point  fréquentée  : 

3  i 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


266  RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 

les  animaux  féroces,  lions  et  panthères,  qui  peuplent  les  grandes  forêts  traversées  par  le  haut  cours 
de  rOumm  er  Rebia,  en  sont  cause  en  partie. 

DE  BOIJ  EL  DJ  AD  A  MOU  LE  I  il  O  U  IAZZA.  —  De  Bou  cl  Djad  à  Moulei  Bon  Iazza,  on  compte 
10  heures  de  marche  :  chemin  faisant  :  on  rencontre  deux  lieux  habités  ,  Sidi  Bou  Abbed,  situé  à  4  heures 
de  Bou  el  Djad,  et  Sidi  Oumbarek,  qui  se  trouve  à  7  heures  de  cette  même  ville.  Entre  Sidi  Bou  Abbed 
et  Sidi  Oumbarek,  on  traverse  l’Ouad  Crou ,  entre  S.  Oumbarek  et  Moulei  Bou  Iazza,  on  franchit  la 
frontière  du  Tàdla,  et  on  passe  des  Béni  Zemmour  chez  les  Zaïan. 

Sidi  Bou  Abbed  est  un  village  de  200  maisons  :  au  milieu  s’élèvent  la  qoubba  de  Sidi  Bou  Abbed  et 
une  zuouïa  où  vivent  ses  descendants. 

Sidi  Mohammed  Oumbarek  était  un  cherif  vénéré;  mort  depuis  très  longtemps,  il  a  laissé  une  posté¬ 
rité  nombreuse  qui  habite  autour  de  sa  qoubba,  dans  un  village  de  400  maisons  :  ce  village  a  pris  son 
nom  ;  il  est  situé  au  milieu  de  grandes  forêts. 

Moulei  Bou  Iazza  est  une  bourgade  de  1  200  à  1  400  habitants.  Elle  porte  le  nom  d’un  cherif  célèbre, 
mort  là  depuis  des  siècles.  Il  n’a  laissé  ni  postérité  ni  disciples,  le  souvenir  de  ses  vertus  et  son  tom¬ 
beau  sont  tout  ce  qui  reste  de  lui;  son  mausolée,  reconstruit  jadis  par  Moulei  Ismaïl,  est  fort  beau  :  il 
est  du  même  modèle  que  ceux  de  Bou  el  Djad.  Celte  qoubba  est  l’objet  d’une  grande  vénération. 

DE  DEMNAT  A  I1EZZOU.  —  Une  journée  de  marche.  Chemin  faisant,  on  traverse  l’Ouad  Teççaout 
Fouqia.  Bezzou  est  une  bourgade  de  1  500  habitants  avec  un  mellah.  Elle  ressemble  de  tous  points  à 
Djemaaa  Entifa.  Elle  est  située  en  plaine  entre  l’Ouad  Teççaout  et  l’Ouad  el  Abid.  Elle  est  sous  la  juri¬ 
diction  du  qaïd  des  Entifa. 

DE  DEMNAT  A  EL  QLAA.  —  Un  jour  et  demi  de  marche,  soit  :  de  Demnât  à  Zaouïa  Sidi  Reliai,  une 
journée;  de  Zaouïa  Sidi  Reliai  à  El  Qlaa,  une  demi-journée.  Entre  ces  deux  derniers  points  on  chemine 
constamment  en  plaine  et  on  ne  traverse  aucun  cours  d'eau.  El  Qlaa  est  sur  le  territoire  des  Srarna.  C’est 
une  ville  de  3  000  habitants,  de  l’importance  de  Demnât.  Elle  possède  un  grand  mellah.  Située  à  l’ouest 
de  la  Teççaout  Talitia,  à  l'est  de  l’Ouad  Rdât,  elle  n’a  d’autre  eau  que  celle  qui  lui  est  amenée  de  la 
Teççaout  par  des  feggara  (I). 

DE  DEMNAT  AU  T1Z1  N  GLAOUl.  —  11  y  a  deux  chemins  :  l'un,  plus  long  mais  beaucoup  meilleur, 
passant  par  Zaouïa  Sidi  Reliai,  Tagmout,  etc.;  l’autre,  plus  court  mais  très  diflicile,  entrant  à  Demnât 
dans  la  montagne  el  allant  tout  droit  vers  le  col  :  le  dernier  est  très  peu  fréquenté. 

DE  Z ARAKTEN  AU  7 ELOUET.  —  H  y  a  deux  chemins  :  l’un  est  celui  que  nous  avons  pris;  voici 
l’autre  :  Zarakten,  Aqoub  es  Soullân  (en  tamazirt,  Asaou  n  Ougellid),  point  de  croisée  du  sentier 
venant  de  Tagmout,  Tikhfar  (l’Ouad  Rdât  étant  à  main  droite),  Talatin  n  Ouadil,  Timi  Ourrt,  Amsen- 
sa,  traversée  de  l’Ouad  Amsensa,  affluent  de  l’Ouad  n  Iri,  Tanzmoul  (sur  l’Ouad  Amsensa),  Ider  (sur 
l’Ouad  n  lri).  A  partir  de  là,  on  reprend  le  chemin  connu. 

D’OU AOUIZERT  A  L’OUSSIKIS.  —  D’Ouaouizert  à  l’Ouad  el  Abid,  1  heure.  Jusque-là  on  est  sur  le 
territoire  des  Ait  Atla  d  Amalou. 

De  l'Ouad  el  Abid  à  Talmest,  un  jour.  Talmest  est  sur  les  terres  des  Berâber.  Entre  l’Ouad  el  Abid 
et  les  Berâber  se  trouve  le  territoire  des  Ait  Messat.  C’est  là.  qu’on  a  marché  durant  la  plus  grande  par¬ 
tie  de  la  journée  :  le  chemin  y  traverse  le  groupe  de  qçars  d’Aïl  Issoumour. 

De  Talmest  à  Tarhamt,  un  jour.  Tarhamt  est  un  endroit  désert  où  les  caravanes  ont  l’habitude  défaire 
halte  pour  passer  la  nuit. 

De  Tarhamt  à  l’Oussikis,  un  jour.  De  Talmest  à  l’Oussikis  on  n’a  cessé  de  marcher  sur  le  territoire  des 
Berâber.  L'Ouad  Dâdes,  auquel  on  arrive  dans  l’Oussikis,  est  la  première  rivière  qu’on  rencontre  depuis 
l’Ouad  el  Abid  :  entre  ces  deux  cours  d’eau  ce  ne  sont  que  montagnes  :  point  de  neige  sur  le  chemin 
en  été;  à  dater  du  mois  de  novembre,  il  y  en  a  fréquemment. 


(1)  Ou  donne  le  nom  de  feggara  à  des  canaux  souterrains  offrant  des  jours  de  distance  en  distance  :  ces  jours  sont  d’ordinaire 
très  rapprochés  :  il  est  rare  iju’ils  aient  10  mètres  d’espace  de  l’un  à  l’autre. 


BASSIN  DE  L’OUAD  OüMM  ER  REBIA. 


^07 

DU  TOI)  R  A  AUX  A  IT  A  TA  R  HT  A  DEMNA  T.  - —  Du  Todra  à  l’Oussikis,  une  journée  de  marche.  On 
passe  au  départ  sur  la  rive  droite  de  l’Ouad  Todra;  puis  on  entre  dans  la  montagne,  ou  l’on  reste  jus¬ 
qu'à  TOussikis  sans  rencontrer  de  toute  la  route  ni  qçar  ni  cours  d’eau.  Dans  ce  long  désert  on  ne 
trouve  que  des  tentes  des  Ait  Bou  Iknifen;  encore  n’y  sont-elles  qu’en  été  :  en  hiver  elles  se  transpor¬ 
tent  sur  le  Sarro. 

De  TOussikis  trois  chemins  conduisent  à  la  plaine  d’Izourar,  plateau  désert  : 

Triq  Aqqa  (à  Test). 

Triq  Izilal  (au  centre). 

Triq  Tairont  (à  l’ouest). 

Dans  la  plaine  d  lzourar  campent  en  été  des  Ait  ou  Allai  et  des  Ait  Bou  Daoud.  De. cette  plaine  on 
passe  à  la  vallée  de  TOuad  b  Ougemmez  :  un  seul  chemin  y  conduit  :  on  franchit  au  Tizi  Izourar  une 
crête  qui  marque  l’extrémité  du  plateau,  et  de  là  on  descend  directement  dans  la  vallée  de  TOuad  b 
Ougemmez  :  on  l’atteint  à  Zaouïa  Ait  Ouaham.  De  TOussikis  à  Ait  Ouaham,  un  piéton  isolé  met  une 
forte  demi-journée.  Pour  les  caravanes  il  faut  une  journée. 

D’Aït  Ouaham  partent  deux  routes,  Tune  vers  les  Ait  Atab,  l’autre  vers  Demnât. 

La  première  monte  sur  le  flanc  droit  de  TOuad  b  Ougemmez,  en  face  même  de  la  zaouïa,  puis  fran¬ 
chit  un  col,  le  Tizi  n  Tirrist.  C’est  un  passage  difficile.  De  là  on  entre  dans  la  vaste  plaine  d  lferres. 
Elle  est  occupée  par  les  tentes  des  Ait  Mohammed  (fraction  des  Ait  Messat).  On  descend  ensuite  dans 
la  vallée  de  TOuad  el  Abid.  Un  piéton  isolé  ne  met  qu’une  journée  pour  aller  d’Aït  Ouaham  à  Had  Ait 
Atab. 

Si  Ton  prend  la  seconde  voie,  celle  de  Demnât,  on  descend  TOuad  b  Ougemmez  jusqu’à  Agerd  n 
Ouzrou,  puis  TOuad  el  Arous  jusqu’à  son  confluent  avec  la  Teççaout  Fouqia.  On  remonte  ensuite  la 
Teççaout  pendant  4  heures  environ;  puis  on  passe  sur  sa  rive  gauche,  on  franchit  le  Djebel  Tamatout 
(montée  très  difficile),  et  de  là  on  se  rend  à  Demnât.  Il  y  a  deux  petites  journées  d’Aït  Ouaham  à 
Demnât.  On  passe  la  nuit  dans  le  haut  de  la  tribu  des  Ait  b  Ououlli,  sur  les  rives  de  la  Teççaout. 

DE  L’OUSSIKIS  A  OUAOUIZEHT.  —  Ou  gagne  le  plateau  d’izourar  par  le  chemin  le  plus  oriental, 
Triq  Aqqa.  On  traverse  le  plateau,  puis  on  franchit  successivement  le  Tizi  n  Terrisin  et  le  Tizi  n  Ter- 
boula.  De  là  on  débouche,  à  Zaouïa  Ahansal ,  dans  la  vallée  de  TOuad  Ait  Messat.  On  descend  cette  ri¬ 
vière  jusqu’à  son  confluent  avec  TOuad  el  Abid,  et  on  gagne  Ouaouizert.  On  compte  un  jour  de 
TOussikis  à  Zaouïa  Ahansal ,  et  deux  jours  de  la  zaouïa  à  Ouaouizert.  Ce  chemin  a  pour  les  caravanes 
l’avantage  de  passer  par  Zaouïa  Ahansal,  résidence  d’un  puissant  chef  religieux  de  qui  elles  prennent 
Tanaïa.  Ce  marabout  est  la  ressource  habituelle  de  ceux  qui  voyagent  chez  les  Ait  Messat. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC- 


-2118 


II. 

BASSIN  DE  L’OUAD  DBA. 


Le  cours  du  Dra  se  divise  en  trois  portions  :  cours  supérieur,  depuis  les  sources  des  ouads  Idermi  et 
Dâdes  jusqu’au  point  où  ces  cours  d’eau  se  réunissent;  cours  moyen,  depuis  ce  confluent  jusqu’à  Mha- 
rnid  el  Kozlân;  cours  inférieur  de  Mhainid  el  Rozlân  à  l’Océan. 

Dans  le  cours  supérieur,  point  de  rivière  portant  le  nom  de  Dra  :  deux  torrents,  dont  la  réunion  for¬ 
mera  le  fleuve,  roulent  au  pied  de  l’Atlas  leurs  eaux  froides  et  impétueuses;  les  rives  en  sont  presque 
constamment  bordées  de  villages  et  de  cultures  :  région  montagneuse;  végétation  des  pays  froids: 
les  crêtes  du  Grand  Atlas  se  dessinent  tout  près  des  vallées  en  longue  masse  blanche;  dans  les 
fonds,  point  de  palmiers  :  des  oliviers,  des  figuiers,  des  noyers. 

Dans  son  cours  moyen,  l’Ouad  Dra,  formé  de  la  réunion  des  deux  rivières  précédentes,  prend  une 
nouvelle  direction  :  il  coule  perpendiculairement  à  l’Atlas  et  s’enfonce  dans  le  sud  :  c’est  un  large 
fleuve,  au  cours  majestueux,  faisant  miroiter  ses  belles  ondes,  claires  et  paisibles,  à  l’ombre  de  pal¬ 
miers  innombrables  :  il  coule  sans  interruption  entre  les  dattiers  et  les  villages,  oasis  longue  de  40 
lieues,  pays  le  plus  beau  et  le  plus  riche  du  Maroc.  11  a  presque  toujours  une  eau  abondante;  que,  par 
extraordinaire,  elle  manque  dans  son  lit,  les  nombreux  canaux  qui  le  bordent  en  restent  pleins.  La  val¬ 
lée  est  bordée  do  montagnes  qui  vont  s’abaissant  et  s’écartant  à  mesure  qu’elles  s'avancent  vers  le  sud. 

Dans  le  cours  inférieur,  plus  un  dattier,  plus  une  maison  ;  au  sortir  d’El  Mhamid,  l’Ouad  Dra  entre 
dans  le  désert;  il  y  reste  jusqu’à  la  mer.  Il  coule  en  plaine;  plus  d’eau;  son  lit  à  sec  s’élargit  déme¬ 
surément;  ses  bords  sont  aussi  désolés  qu’ils  étaient  riants  tout  à  l’heure.  Sa  direction  a  changé  :  il  a 
fait  un  coude  brusque  à  angle  droit,  et  il  se  dirige  vers  l’Océan  parallèlement  aux  crêtes  de  l’Atlas. 

Nous  allons  nous  occuper  successivement  de  chacune  de  ces  trois  portions  du  cours  de  l’Ouad  Dra. 


1°.  —  BASSIN  SUPÉRIEUR  DU  DBA. 


Le  bassin  supérieur  du  Dra  se  compose  de  ceux  des  deux  rivières  dont  la  jonction  forme  ce  fleuve  : 
l’Ouad  Dâdes  et  l’Ouad  Idermi. 

Nous  allons  étudier  séparément  chacun  de  ces  deux  cours  d’eau. 


Ouad  Dâdes. 

L’Ouad  Dâdes  prend  sa  source  dans  le  Grand  Atlas  :  il  traverse,  en  descendant,  les  districts  ci-des- 
sons  ipii  se  succèdent  immédiatement  les  uns  aux  autres  :  lmdras,  Ait  Atta,  Ait  Seddrât,  Dâdes,  Ait 
labia,  Ishihen,  linerrân,  Ait  Bon  Delai.  Au-dessous  d" Ait  Bon  Delai,  il  s’unit  à  l’Ouad  Idermi  au  kheneg 
de  1  area.  La  jonction  des  deux  rivières  forme  l’Ouad  Dra.  L’Ouad  Dâdes,  par  l’importance  de  son 
volume  d’eau,  est  la  principale  source  du  fleuve. 

Le  district  (V  i  nuira. <<  est  lormé  de  quelques  qçars  tous  situés  sur  l’Ouad  Dâdes  :  l’Imdras  est  habité 


BASSIN  DE  l/OUAD  DR  A. 


2119 

par  îinr*  fraction  dos  Ait  Melrad  (Berâber).  Il  ne  se  compose  que  d’une  djemaaa,  c’est-à-dire  qu’il  ne 
forme  politiquement  qu’un  seul  groupe. 

la1  district  d’.nc  Atta  est  aussi  composé  de  qçars  s’élevant  tous  sur  les  rives  mêmes  de  l’Ouad  Dâ- 
des  :  il  est  habité  par  des  Ait  Atta  (Berâber);  il  se  divise  en  deux  groupes  ou  djemaaas,  le  Semrir  et 
l'Oussikis,  le  premier  en  amont,  le  second  en  aval. 

Le  district  d 'au  Seddrât  se  compose  également  de  qçars  situés  sur  les  rives  mêmes  de  l’Ouad  Dâdes  ; 
les  habitants  en  sont  des  Ait  Seddrât;  ils  ont  leur  chikh  el  aam  particulier  ;  ce  district  ne  forme  qu’une 
djemaaa.  Le  principal  de  ses  qçars  est  celui  d’Aït  Saoun  :  on  appelle  quelquefois  de  son  nom  tout  le 
district,  pour  le  distinguer  du  grand  nombre  d’autres  régions  peuplées  d’Aït  Seddrât. 

Le  district  du  Dâdes  ne  se  compose,  comme  les  précédents,  que  de  qçars  situés  au  bord  même  de 
l'Ouad  Dâdes.  Le  Dâdes  est  habité  partie  de  Draoua  (Baratin),  partie  de  Berâber,  partie  d’Aït  Seddrât. 
Ces  derniers  sont  les  plus  nombreux  :  Draoua,  Berâber  et  Ait  Seddrât  sont  mélangés  et  dans  les  dje¬ 
maaas  et  dans  les  qçars  ;  tout  le  pouvoir  est  entre  les  mains  des  Ait  Seddrât  et  des  Berâber.  Le 
Dâdes  est  divisé  en  six  groupes  ou  djemaaas;  chacun  d’eux  a  son  chikh  el  aam  particulier  :  il  n’y  a  de 
chikh  supérieur,  réunissant  plusieurs  djemaaas  sous  son  autorité,  que  dans  des  cas  exceptionnels,  lors¬ 
que  des  djemaaas  s’unissent  pour  une  guerre.  Voici  les  noms  de  ces  six  subdivisions  du  Dâdes,  dans 
l’ordre  où  on  les  trouve  en  descendant  le  cours  de  l’ouad  :  Ait  Temouted,  Ait  Ounir,  Ait  Hammou, 
Ait  ou  Allai,  Iourtegin,  Arba  Mia.  Les  chikh  el  aam  qui  administrent  chacune  de  ces  djemaaas  n’ont 
pour  fonction  que  d’en  gérer  les  affaires  générales  :  ils  ne  se  mêlent  point  du  gouvernement  particu¬ 
lier  des  qçars  :  chacun  de  ceux-ci  s’administre  comme  il  l’entend,  réglant  ses  affaires  à  sa  guise  et  se 
battant  avec  les  localités  voisines  à  tout  instant.  Les  guerres,  journalières  entre  qçars,  sont  rares  entre 
djemaaas,  et  ne  deviennent  presque  jamais  générales.  Cette  façon  de  se  gouverner,  ces  querelles  intes¬ 
tines  sont  des  coutumes  invariables  des  Ait  Seddrât  :  elles  existent  et  dans  toute  leur  tribu  et  dans  les 
régions  où,  comme  ici,  ils  dominent. 

Le  district  à'  au  Tahia  appartient  aux  Ait  Seddrât:  dans  chaque  qçar  se  trouvent,  mélangés  avec  eux, 
un  petit  nombre  de  Draoua  (Baratin);  mais  ils  n'ont  aucune  part  aux  affaires.  L’Ait  labia  ne  forme 
qu’une  djemaaa  :  il  a  son  chikh  cl  aam  particulier.  Comme  les  districts  précédents,  celui-ci  se  com¬ 
pose  de  qçars  situés  sur  les  bords  de  l’Ouad  Dâdes.  L’Ait  labia  peut  mettre  sur  pied  environ  1  500  fusils. 

Le  district  d' ishihen-  Les  Ishihen  sont  encore  des  Ait  Seddrât.  Comme  les  Ait  labia,  comme  leurs  frères 
du  Dâdes  et  d’Aït  Saoun,  ils  ne  sont  pas  une  fraction  homogène  de  la  tribu  des  Ait  Seddrât,  mais  un 
mélange  d’Aït  Zouli  et  d’Aït  Mehelli,  de  tous  les  groupes.  L’ïshihen  a  un  chikh  el  aam  particulier  :  il 
ne  forme  qu’une  seule  djemaaa.  Même  remarque  que  pour  le  Dâdes  et  les  autres  pays  d’Aït  Seddrât  : 
ce  chikh  el  aam,  apparence  de  gouvernement  régulier,  n’empêche  pas  les  guerres  continuelles  de  qçar 
à  qçar.  Les  Ishihen  forment  environ  200  fusils. 

Le  district  d'/merràn  appartient  à  la  grande  tribu,  moitié  sédentaire,  moitié  nomade,  qui  porte  ce 
nom.  Elle  possède  ce  district  sur  l’Ouad  Dâdes,  occupe  une  vaste  région  au  nord  de  cette  rivière  et 
étend  ses  tentes  sur  la  partie  occidentale  du  Djebel  Sarro.  La  portion  de  l’Ouad  Dâdes  possédée  par  les 
Imcrrân  se  divise  en  quatre  djemaaas  :  ce  sont,  en  descendant  la  rivière,  celles  de  Tarzout  Imerrân, 
d'imasin,  de  Tamesraoul,  et  d’Assaka.  Elles  ont  chacune  leur  chikh  el  aam  et  se  gouvernent  séparé¬ 
ment.  Les  qçars  sont  tous  sur  les  rives  mêmes  de  l’ouad. 

Le  district  d 'au  Bon  Delai  se  compose  d’une  douzaine  de  qçars  situés  sur  les  bords  de  l’Ouad  Dâdes: 
le  principal  d’entre  eux  est  Zaouïa  Sidi  Felali;  on  se  sert  quelquefois  de  son  nom  pour  désigner  tout 
le  groupe  dont  il  fait  partie. 

Les  districts  que  nous  venons  d’énumérer  sont,  ainsi  que  le  bassin  entier  de  l’Ouad  Dâdes,  indépen¬ 
dants  du  sultan. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


I.  —  District  du  Dàdes. 


Voici  les  principaux  qçars  dont  il  se  compose  :  tous  sont  sur  les  bords  mêmes  de  l’Ouad  Dàdes. 


RIVE  DROITE  : 


Ait  Mesaoud .  1 

Irerm  Melloul .  i 

Qçar  Zida .  Ait  Temouted. 

Irerm  n  Imzil .  \ 

Tirremt  Ait  Ali  ou  labia. . .  .  j 

Tarmoucht . |  Ait  Ounir. 

Ait  Rou  lousef  (3  qçars). . . 

El  H ara . 

Tilmiouin  (2  qçars) . 

Ait  Mezber . 

Ait  Kasi  ou  Ali  (3  tirremts) 


khemis  Sidi  Rou  labia  (marclie) .  /  ...  , 

,  .  r  ,\  ,  ,  .  , ,  Ait  ou  Allai. 

Qoubba  Sidi  Rou  labia  (qoubba  isolee)  i 

Ait  b  Oulman .  / 

Amdnar .  ) 

Ifri .  '  Iourtegin. 

Tiilit .  \ 


Ait  Rou  Heddou .  \ 

hiizour . 

Irerm  n  Igran . 

Taourirt  Izknasen . 

Taourirt  Izknasen . 

Cheurfa  Ait  Rou  Amran . | 

Ait  Haroun .  )  Arba  Mia. 

Zaouïa  Ait  Rou  Rekr . 

Azdag  . 

Cheurfa  Ait  Rou  Amran . 

Zaouïa  el  Oustia  Ait  Rou  Amran . 

Cheurfa  Ait  Taltmanart .  ! 

Cheurfa  Ait  Rou  Amran .  j 


Ait  Ruinmou. 


30  fusils. 
40 
GO 
200 
10 
30 
GO 
100 
40 
100 
150 


G0 

40 

50 

G0 


RIVE  GAUCHE  : 


Ait  Seliman .  ... 

Akboub . 

Ait  Iidir . 

Ait  Slillo . 

Tirremt  Ait  Merset . 

Ait  b  Oumal . 

Tirremt  Hamed . 

Ait  Hamed . 

Ait  Ioud . 

Tirremt  Ait  Mezber . 

Aït  Rou  Rekr . . 

Ait  Rou  Allai . 

Aït  Ouzzin . 

Tagenza  (Zaouïa  Aït  Sidi  El  Rordad). . 

Iattasen . 

Aserrin . . . . 

Tirremt  Kasi . 

Aït  El  Haseïn . 


Aït  Temouted. 


Aït  Ounir. 


/  Aït  Hammou. 


Aït  ou  Allai. 


Iourtegin. 


50  fusils. 
30 
20 
100 
10 
150 
20 
20 
20 
20 
20 
GO 
50 
30 
50 
20 
20 
50 


BASSIN  DE  L’OUAD  DBA. 


271 


Imzour . 

Zaouïa  Fouqania  Sidi  Dris . . 

El  Maïach . 

Zaouïa  Sidi  Dris . . 

Aït  Aqqo  ou  Ali . 

Aït  Haroun . 

Ait  Bou  Bekr . 

Azdag . 

Zaouïa  Aït  Sidi  Mouloud  Fouqania. . . 
Zaouïa  Aït  Sidi  Mouloud  Tahtania. .  . . 

Aït  Ioul ....  .  . 

Aït  Bou  Bekr . 


|  Arba  Mia. 


100  fusils 


Les  marchés  du  Dâdes  sont  :  le  Khcmîs  Sidi  Bou  labia,  l’Arbaa  Imzour,  l’Arbaa  Ait  b  Oumal. 
Il  y  a  au  Dâdes  deux  mellahs. 


II.  —  District  d'Aït  Iahia. 

Il  se  compose  des  qçars  suivants,  tous  situés  dans  la  vallée  de  l’Ouad  Dâdes,  les  uns  sur  ses  rives 
mêmes,  les  autres  sur  celles  de  l'Ouad  Imgoun,  auprès  de  son  confluent.  C’est  à  Tagnit  Ba 
Ilammou  d  Aït  Taleb  que  cette  rivière  se  jette  dans  l’Ouad  Dâdes.  Les  qçars  de  la  rive  droite  situés 
au-dessous  de  Tagnit  sont  donc  sur  l’Ouad  Dâdes  même;  ceux  qui  sont  au-dessus  se  trouvent  sur 
l’Ouad  Imgoun.  Mais  ces  localités  sont  si  rapprochées  les  unes  des  autres,  si  groupées  que,  bien  que 
sur  deux  rivières  différentes,  elles  sont  toutes  dans  la  vallée  de  l’Ouad  Dâdes. 

Voici  les  qçars  dont  l’ensemble  forme  le  district  d’Aït  Iahia,  dans  l’ordre  où  on  les  trouve  en  des¬ 
cendant  la  vallée  : 

RIVE  DROITE  : 

Tirremt  Ifertioun. 

Aït  Er  Râmi. 

Ibarahen. 

Aït  Abbou. 

Ilouahen. 

Ikazzour. 

Tagnit  Aït  Mobo. 

Tagnit  Ba  Ilammou  d  Ait  Taleb. 

Tirremt  Ait  El  Hasen. 

Tirremt  Ouazen. 

Aït  Er  Ridi. 

El  H  ara. 

Taourirt. 

Aït  Tazarin. 

Tirigiout. 

Ikeddaren. 

Ait  Igmad. 

RIVE  GAUCHE  : 

Zaouïa  Ouad  Zfal. 

Aïlkemt. 

Aït  ou  Addar. 

Timichcha  (8  qçars  . 

l'as  de  marché  dans  h’  district  d’Aït  Iahia. 

Dans  l’ Aït  Iahia,  comme  dans  le  Dâdes,  les  deux  rives  de  l’ouad  sont  bordées  d’un  ruban  non  inter- 


272 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


rompu  de  cultures  :  mais  elles  sont  un  instant  désertes  entre  les  deux  districts;  à  cet  endroit,  la  ri¬ 
vière  traverse  une  petite  gorge  inculte  et  inhabitée  de  1  200  à  1  400  mètres  de  long  :  c’est  la  frontière. 


III.  —  District  d'Ishihen. 


Tous  les  qçars  qui  composent  Tlshihen  sont  sur  les  bords  de  l’Ouad  Dâdes.  Celui-ci  a,  sur  toute  la 
longueur  du  district,  ses  deux  rives  garnies  d’une  bande  continue  de  cultures.  Avant  d’y  entrer,  il  a 
été  quelque  temps  désert  :  entre  T  Ait  labia  et  Tlshihen,  il  a  traversé  une  gorge  inculte  et  inhabitée  qui 
forme  frontière  entre  eux;  la  longueur  de  ce  désert  est  égale  à  la  distance  de  Taourirt  à  Asfalou  (To- 
dra).  Voici  les  qçars  dont  se  compose  l’Ishihen,  dans  l’ordre  où  on  les  trouve  en  descendant  la  rivière  : 

RIVE  DROITE  I 

Tirremt  Ait  Sidi  Ali . 

»  Ait  ou  Ben  Ali . 

»  Isso  ouMhammed.. 

»  Ben  Zizi . 

»  Ibarahen .  [  ,.  u<7...  .  , 

I  tirrematin  Ait  n  Aglou. 

»  1  barahen  1  ahtia. .  . .  I 

»  Isso  ou  Hamed....  | 

»  Hammou  d  Ait  Ioub.  / 

Taria  (1)  Ait  Amer. 

Taria  Ait  Ali  ou  Moha. 

Taria  Ben  Sekri. 

Tirremt  Taria  ala  sagia  Imerrân. 

RIVE  GAUCHE  I 

Ait  Bakhous. 

Tirremt  Issoun  Ben  Touda. 

Tirremt  Ali  Heddou. 

Tirremt  Heddou  Nzaha  (Ait  Isso). 

Tirremt  Ait  el  Mallem. 

Tirremt  Ait  Heddou. 

Ait  Iqqo. 

Tirremt  Ait  Heddou  ou  Saïd. 

Tirremt  Ousfia. 

Distances  :  d’Aït  Bakhous  à  Tirremt  Ousfia,  2  fois  comme  de  Taourirt  à  Tinrir  (Todra). 

Ait  n  Aglou  est  en  face  d’Aït  Bakhous. 

Tirremt  Taria  ala  sagia  Imerrân  est  en  face  de  Tirremt  Ousfia. 

11  n’y  a  dans  Tlshihen  ni  zaouïa,  ni  marché,  ni  Juifs. 


portant  le  nom  collectif 


IV.  —  District  d'Imerran. 

La  portion  de  la  grande  tribu  des  Imerrân  qui  habite,  sur  l'Ouad  Dâdes,  ce  district,  auquel  elle  a 
donné  son  nom,  comprend  les  qçars  qu’on  va  lire,  tous  sur  le  cours  même  de  la  rivière.  Les  bords  de 
celle-ci  sont,  dans  tout  le  district,  garnis  d’une  double  bande  de  cultures  qui  ne  s’interrompt  qu’à 
un  seul  endroit  et  sur  un  très  court  espace,  entre  Tirremt  Ait  Brahim  et  Tirremt  Ait  Temoudout. 
Entre  Tlshihen  et  l’Imerrân,  la  vallée  est  un  instant  déserte  ;  l’ouad  y  traverse  une  petite  gorge  inculte 
et  inhabitée  :  on  l’appelle  Khela  Igrikan;  elle  forme  la  limite  entre  les  deux  districts.  Ce  désert  a  peu 
de  longueur  :  autant  qu’il  y  a  de  distance  de  Tamnougalt  à  Takatert. 


(lj  Taria  veut  dire  château;  ce  mot  a  le  même  scus  <jue  celui  de  tirremt. 


BASSIN  DE  L'OUAD  DBA. 


273 


RIVE  DROITE  : 


Ait  Hammou  ou  Fekou..  .  . 

Tirremt  El  Hasen  d  Ait  Isso . 

Tirremt  Ait  Assa . 

Ait  Ben  Saïd . 

Talat  n  Tanout  (Clierifs.  3  qçîbas)..  . 

Iaraben  .  . 

Ali  Ait  El  Hasen  ou  Saïd . 

Tirremt  Ou  Tmakecht . 

Tirremt  Saïd  d  Aït  Lalla. .  . 

Cheurfa  Aït  Mohammed . 

Irrem  Aqdim . 

Moulei  lousef  d  Aït  Ba  El  Hasen. . .  . 

Ifran  Ali  ou  Reho . 

Tirremt  Moulei  Es  Srîr. . 

Tirremt  Aït  Abd  Allah . 

Aït  Bou  Meshaoul . 

Cheuria  El  Bour . 

Mesgoug  . 

Tigemmi  Tazouggart  Aït  El  Ilaseïn. 

Tirremt  Aït  ou  Aggoun . 

Tirremt  Aït  Brahim . 

Tirremt  Aït  Teinoudout . 

Tirremt  Bou  Ouchchan . 

Tirremt  Aït  Kelb  ou  Ouchchen . 

Tirremt  Azarif . 


Tarzout. 


25  fusils. 
8 

12 

7 

12 

8 


8 

15 

20 

20 


■  Imasin. 


30 

15 

20 

-10 

20 


I  , 

j 


Famesraout. 


\ 


Assaka. 


10 

20 

40 

20 

20 

12 


RIVE  GAUCHE  : 


Entre  Tirremt 

série*  :  c'est  le  se 


Taleint  Bou  Heddou. 
Tirremt  Iderdar. .  . . 


Tirremt  Izeggaren 


70  fusils 


Tirremt  Hammou  d  Ait  Ali. 
Tirremt  Imi  n  Ichil . 


Agerd  Oumerri 


Tarzout. 


4 

50 

12 

8 

50 

45 

50 


Assaka. 


Distances 


Agerd  Ait  Zaïneb . 

Amerdoul  (10  tirremts) . 

Aït  Zanet . 

Tirremt  Aaraben . 

Aït  Gendou  (4  tirremts) . 

Bou  Iqba  (8  tirremts) . 

Amerdoul  Aït  Imi  (8  tirremts). . . 

Tirremt  Aït  Iladdou  ou  Amr . 

Tirremt  Aït  Mohammed . . 

Tirremt  Idir  Aït  Temoudout . 

Tirremt  Aït  Iddi  Ikniouin . 

Tirremt  Bou  Tezouerin . 

d  Ait  Hammou  ou  Fekou  à  Ifran  comme  deux  fois  de  Taourirt  à  Tinrir  (Todra). 
D'Ifran  à  Mesgoug  comme  de  Tamnougalt  à  Asellim. 

De  Mesgoug  à  Tirremt  Ait  Brahim  comme  de  Taourirt  à  Tinrir. 

De  Tirremt  Aït  Brahim  à  Tirremt  Aït  Temoudout  comme  deux  fois  de  Taourirt  à 
De  Tirremt  Aït  Temoudout  à  Tirremt  Azarif  comme  de  Tamnougalt  à  Asellim. 

Ait  Brahim  el  Tirremt  Ait  Temoudout,  l’Ouad  Dûdes  traverse  une  petite  gor 
il  point  de  l’Imerràn  où  les  rives  en  soient  inhabitées. 

35 


20 

12 

11) 

8 


mrir. 


ItlXONN.USSVNCE  \  L  51  \l,  or.. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


274 

Un  marché,  le  I  lad  Imasin,  au  bord  de  la  rivière,  entre  Mesgoug  et  Tirremt  Ait  A  bd  Allah. 
Point  de  Juifs. 


V.  —  Affluents  cle  l'Ouad  Dàdes. 

L’Ouad  Dàdes  a  peu  d'alfluents  sur  sa  rive  gauche  :  ceux  qu’il  y  reçoit  sont  peu  importants  et  ont 
des  cours  déserts.  Sur  sa  rive  droite,  au  contraire,  il  en  reçoit  un  assez  grand  nombre,  et  parmi  eux 
fie  considérables.  Beaucoup  traversent  des  lieux  habités  :  la  région  comprise  entre  l'Ouad  Dàdes  et 
le  Grand  Allas  est  très  peuplée. 

Voici  les  quelques  affluents  dont  nous  avons  pu  savoir  les  noms  :  c’est  une  liste  fort  incomplète. 


ni ve  oauciie  : 


Ouad  Tagmout.  —  (Ayant  son  continent  dans  le  Dàdes;  cours  désert. 

Ouad  Aqqa  el  Med/a.  — -  (Ayant  son  confluent  dans  l’Imerràn;  cours  désert.) 


iuve  droite  : 


Achil  Sidi  Bou  Jahia.  —  (Ayant  son  confluent  à  Ooubba  Sidi  Bou  labia,  dans  le  Dàdes.) 

Ouad  imyoun. —  (Ayant  son  continent  à  Tagnit  Ba  Ilammou  d  Ait  Taleb.  11  arrose  les  territoires  de 
plusieurs  tribus;  il  fera  l’objet  d'un  article  spécial. 

Ouad  Iserki.  —  (Ayant  son  confluent  dans  l’Ail  Bou  Delai).  11  prend  sa  source  dans  le  Grand  Atlas  et 
arrose  successivement  les  qçars  suivants  appartenant  à  la  tribu  des  Imerràn  : 

Dar  Ait  labia. 

Oumm  er  Remman. 

Dar  Aït  Moulei. 

Tidrest. 


De  plus,  entre  Dar  Aït  Moulei  et  Tidrest,  se  trouvent,  à  une  heure  de  distance  de  l'ouad,  sur  le 
flanc  gauche  de  sa  vallée,  les  quatre  qçars  suivants  : 

Tifl.it. 

Timtedit. 

Irerm  n  Tizi. 

Irerm  Amellal. 


Us  appartiennent  aussi  aux  Imerràn. 

Distances  :  de  l’Ouad  Iserki  à  Tikirt ,  une  petite  journée  de  marche. 

De  l’Ouad  Iserki  à  Tizgi,  une  petite  journée  de  marche. 

Cette  énumération  est  très  incomplète  :  il  y  manque,  entre  autres,  les  rivières  arrosant  d’autres 
portions  des  Imerràn  et  celles  de  la  grande  tribu  des  Haskoura. 

OUAD  IM  GO  UN.  —  Il  prend  naissance  au  Djebel  Tarkeddit,  dans  le  Grand  Atlas:  en  descendant,  il 
arrose  trois  tribus  dont  il  porte  successivement  les  noms  pendant  qu’il  est  sur  leurs  territoires  :  on 
l’appelle  d’abord  Ouad  Tourza  Aït  Sekri,  puis  Ouad  Ait  llamed,  enfin  Ouad  Imgoun.  Le  premier  dis¬ 
trict  qu’il  traverse  est  celui  de  Tourza  Ait  Sekri;  il  se  compose  d'une  certaine  quantité  de  qçars  qui 
appartiennent  tous  aux  Imerràn  :  ce  sont ,  en  descendant  : 

Aït  ou  Ahman  (groupe  de  7  qçars).  150  fusils. 

Ait  Daoud  (groupe  de  7  qçars).  200 

Aït  Mousa  ou  Daoud  (groupe  de  8  qçars).  200 
Aït  Toumert  (groupe  de  8  qçars).  150 


BASSIN  DE  L'OUAD  DBA. 


:  /  o 


De  là  il  passe  dans  la  tribu  des  Vît  Ilamed  :  il  y  arrose  un  assez  grand  nombre  de  localités;  elles  for¬ 
ment  toute  la  tribu  :  celle-ci  compte  environ  700  fusils.  Elle  est  isolée  et  indépendante. 

Des  Ait  Ilamed,  il  entre  dans  le  territoire  des  Imgoun  :  il  y  arrose  successivement  les  qçars  suivants; 


Agouti . rive  droite. 

El  Bout . rive  droite. 

Bon  Terrar . rive  droite. 

Ait  Qlaa . rive  gauche. 

Tazrout. 

Azrou. 

Aït  Hammou  ou  labia. 

Gheurfa  Iifar. 

Iberroussen. 

Tirremt  Izouralen  d  Aït  Hammou  ou  labia. 

Tabarkhast. 

Tazrout. 

Ouarsdik. 

Tabaouchit. 

Aït  Irmad  d  Imgoun. 

El  Mima. 

Zaouïa  Agerd. 

Talmout. 

Er  Reken. 

El  Qlaa. 
llara  Imroudas. 

Aït  Merrar. 

Ges  qçars,  avec  trois  autres  situés  sur  l’Ouad  Vît  Meraou,  et  dont  nous  parlerons  plus  bas,  com¬ 
posent  toute  la  tribu  d’Imgoun.  Au-dessous  d’ Aït  Merrar,  EOuad  Imgoun  n’arrose  que  les  quidques 
localités  du  district  d’ Aït  labia  énumérées  plus  haut,  puis  il  se  jette  dans  l’üuad  Dâdes. 

Distances  :  de  T  Aït  labia  à  Aït  Merrar  comme  de  Tiilit  à,  Kliemîs  Sidi  Bou  labia. 

D’Aït  Merrar  à  Aït  Qlaa  comme  de  Tiilit  à  Aït  Iidir. 

D'Aït  Merrar  à  Bou  Terrar  comme  de  Tiilit  à  Aït  Iidir. 

De  Bou  Terrar  à  Agouti  comme  de  Tiilit  à  Aït  Iidir. 

De  Bou  Terrar  aux  premiers  qçars  de  Tourza  Aït  Zekri  comme  de  T  Aït  labia  à  Aït  Iidir. 

11  n’y  a  point  de  désert  entre  l’Imgoun  et  l'Aï t  labia  :  les  rives  de  l’Ouad  Imgoun  sont ,  entre  ces 
territoires  comme  dans  chacun  d’eux,  bordées  d’une  ligne  continue  de  cultures. 

11  existe  deux  mellabs  sur  l’Ouad  Imgoun,  l’un  et  l’autre  dans  la  tribu  d'Iingoum 
Un  marché,  le  T 1  à  t  a  Imgoun. 

AFFLUENTS.  —  EOuad  Imgoun  reçoit  sur  sa  rive  gauche  l’Ouad  Aït  Meraou,  qui  s’y  jette  à  Aït  Qlaa. 
Ouap  Ait  Meraou.  —  Il  prend  sa  source  dans  le  Grand  Atlas,  puis  arrose  le  territoire  des  Ait  Me¬ 
raou  :  cette  tribu  se  compose  d’un  certain  nombre  de  qçars  échelonnés  sur  les  bords  de  l’ouad;  elle 
compte  700  ou  800  fusils.  Vu-dessous  des  Ail  Meraou,  la  rivière  entre  dans  la  tribu  des  Imgoun,  où  elle 
passe  par  les  trois  qçars  suivants,  avant  de  se  jeter  dans  l’Ouad  Imgoun  : 


Igourramen. 

Taria  Aït  Meraou  (très  grand  qçar;  200  fusils  et  50  chevaux). 
Timstiggit. 


MECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


270 


VI.  —  Renseignements  sur  quelques  tribus  au  nord  de  l'Ouad  Dâdes. 

Les  pentes  du  Grand  Allas,  au  nord  de  l’Ouad  Dâdes,  sont  habitées  par  une  population  nombreuse. 
Elles  appartiennent  à  plusieurs  tribus  dont  les  principales  sont  :  à  l’est,  divers  groupes  des  Ait  Melrad 
(subdivision  des  Ait  lafelman,  qui  sont  eux-mêmes  une  fraction  des  Berâber);  à  l'ouest,  les  Imerrân 
et  les  Haskoura. 

IMERRAN.  —  C’est  une  grande  tribu  pouvant  mettre  sur  pied  3000  à  3  300  fusils  el  150  chevaux  : 
elle  est  ehleuha  et  ne  parle  que  le  tamazirt  ;  elle  est  indépendante.  Les  Imerrân  ont  des  tentes  et  sur¬ 
tout  des  qçars.  Les  tentes  sont  dans  b'  Sarro  et  sur  les  pentes  méridionales  du  Grand  Atlas.  Les  qçars 
forment  un  grand  nombre  de  districts  dont  voici  les  principaux  : 

imerrân  (sur  l’Ouad  Dâdes;  les  qçars  en  ont  été  énumérés  plus  haut). 

Tour -a  Ait  Sekrî  (sur  l'Ouad  Imgoun  ;  les  qçars  en  ont  été  énumérés  plus  haut). 

Ahei  Ouad  IserH,  (sur  l’Ouad  Iserki  ;  les  qçars  en  ont  été  énumérés  plus  haut). 

Jf/ernan  (situé  à  2  jours  de  l'Irnasin,  à  2  j.  du  Telouet,  à  3  j.  de  üemnât). 

ikandoul  (ou  Kandnula )  (à  1  jour  de  Llgernan,  à  3,j.  du  Telouet,  à  I  j.  de  l'Imasin  :  le  chemin  de 
l'Irnasin  traverse  le  Tizi  n  Taddart). 

Ait  i ahia  nu  Ali  (à  2  jours  de  l’Imasin,  à  1  j.  de  Donnât,  tout  près  du  Telouet). 

Ait  Hammou  ou  AU  (touche  à  T  Ait  labia  ou  Ali). 

Zaouia  An  Zerrouq  (à  2  jours  de  l'Imasin ,  à  2  j.  de  üemnât ,  à  2  j.  1  2  du  Telouet). 

Ait  Outfaou  (à  1  jour  1/2  de  l’Imasin,  à  2  j.  du  Telouet,  à  1/2  journée  de  Tourza  Ait  Sekri). 

Tirrematin  igehnouz  (4  qçars.  — Al  petite  journée  de  l’Imasin,  à  1/2  j.  de  Tourza  Ait  Sekri,  à  1/2  j.  de 
l'Ail  Outfaou,  à  2  j.  du  Telouet). 

Targanada  (à  1/2  jour  de  l'Imasin,  à  I  j.  1  ;2  du  Telouet,  à  1  j.  de  Tourza  Ait  Sekri,  à  1  j.  de  l'Ouar- 
zazât). 

J  g  H  Ait  Zarwr  (à  1  jour  de  l’Imasin,  â  1  j.  de  Tourza  Ait  Sekri,  à  1  j.  de  l’Ouarzazât). 

Timicha  (à  1  jour  de  l’Imasin ,  à  1  j.  de  Tourza  Ait  Sekri ,  à  1  j.  de  l'Ouarzazàt  ;  du  district  de  Timicha 
à  celui  d’Igli  Ail  Zarar,  même  distance  que  d’Ourika  â  Ouriz  ;  une  rivière  passe  entre  eux:  1  '  Ig  U  est  sur 
la  rive  droite,  le  Timicha  sur  la  gauche). 

Tinrinut  (sur  la  même  rivière  que  le  Timicha,  mais  plus  bas  :  du  Tindout  au  Timicha  comme  de 
Tesaouant  à  Ourika). 

Les  diverses  fractions  des  Imerrân  se  gouvernent  d’une  manière  identique  :  elles  s'unissent  par 
groupes  plus  ou  moins  nombreux,  et  chacun  d’eux  élit  un  chikh  el  aam. 

Il  existe  chez  les  Imerrân  quatre  mollahs  :  dans  le  Targanada,  l’Igli  Ait  Zarar,  le  Timicha  el  h1  Tin- 
doul. 

H  AS  1(0/  RA .  —  Les  Haskoura  sont  une  nombreuse  tribu  comprenant  plus  de  200  qçars. 

VII.  —  Itinéraires. 

1°  DE  L'IMASIN  A  TOURZA  AIT  SEKIll.  —  Pour  aller  de  l’Imasin  aux  qçars  de  Tourza  Ait  Sekri, 
sur  le  haut  Ouad  Imgoun,  on  quitte  l’Ouad  Dâdes  dès  le  départ  et  on  gagne  d’abord  l’Ouad  el  Melh  : 
ce  dernier  est  une  rivière  qui  prend  sa  source  dans  h1  désert  de  Timasinin,  puis  qui  descend  vers  l’Ima- 
sin;  avant  d’y  parvenir  et  d’atteindre  l’Ouad  Dâdes,  elle  déverse  ses  eaux  dans  une  dépression  nommée 
Issin  Imariren  :  il  se  forme  là  un  vaste  marais  qui  n’a  pas  d’écoulement  et  ne  communique  point 
avec  l'Ouad  Dâdes.  Lorsque  ce  marais  se  dessèche,  on  ramasse  beaucoup  de  sel  dans  son  lit.  On  re¬ 
monte  ensuite  l'Ouad  el  Melh  jusqu’au  Khela  ,’l’imasinin  ;  on  traverse  ce  désert  :  à  son  extrémité  se 
trouvent  la  vallée  de  l'Ouad  Imgoun  et  les  qçars  de  Tourza  Ait  Sekri.  —  Il  y  a  une  journée  et  demie 
de  chemin  entre  l'Imasin  et  Tourza  Ait  Sekri;  la  nuit  se  passe  dans  le  désert,  dans  la  plaine  d'Azbed. 


BASSIN  DE  L’OUAD  DBA. 


2°  COLS  DANS  LE  GRAND  Al  LAS.  —  Le  Grand  Atlas,  quoique  très  élevé  et  presque  toujours  rou¬ 
vert  de  neige  entre  l’Ouad  Dâdes  et  le  bassin  de  l'Qumm  er  Rebia ,  est  percé  de  plusieurs  cols  pratica¬ 
bles  toute  l'année;  quand  les  neiges  couvrent  l’un  d'eux  d’une  couche  trop  épaisse,  on  attend  huit, 
dix,  quinze  jours  au  village  le  plus  rapproché,  ou  bien  on  essaie  de  passer  par  un  autre  :  en  aucune 
saison  les  relations  ne  sont  interrompues  entre  les  deux  versants  de  la  chaîne.  Les  quatre  principaux 
cols  sont,  en  allant  de  l’est  à  l'ouest  : 

’l’izi  ou  Rijimt  (chemin  de  l’Ouad  Imgoun),  Tizi  Ait  Imi  (chemin  de  l’Ouad  b  Ougenimez),  Tizi 
Tarkeddit ,  Tizi  Amzoug. 


Ouad  Idermi. 


I.  —  Ouad  Idermi. 

L’Ouad  Idermi,  dont  la  réunion  avec  l’Ouad  Dâdes  forme  TOuad  Dru,  résulte  du  confluent  de  deux 
rivières  :  TOuad  lounil  et  l'Ouad  [mini  :  ce  continent  se  trouve  entre  Tazentout  et  Tikirt.  A  peu  de 
distance  au-dessus  de  ces  points,  les  deux  cours  d’eau  avaient  reçu,  chacun  sur  leur  rive  droite,  un 
tributaire  d’une  importance  égale  à  la  leur,  savoir  ;  l’Asif  Marron ,  se  jetant  dans  l’Ouad  lounil  entre 
Taztelt  et  Tamdakht;  l’Ouad  Iriri ,  se  jetant  dans  TOuad  Imini  entre  Tizgzaouin  et  Imzouren. 

Nous  allons  étudier  séparément  chacune  de  ces  quatre  rivières  ,  puis  nous  passerons  à  TOuad  Idermi. 

1°  OUAD  ÎOUNIL.  —  On  l’appelle  aussi  quelquefois  Ouad  Bou  Felfoul.  Les  eaux  en  sont  douces.  Il 
prend  sa  source  au  Djebel  Anremer;  il  passe  d’abord  par  1  os  villages  de  : 

Tirza,  Zaouïa  Bou  Felfoul. 

Fuis  il  entre  dans  le  district  d’Ounila ,  appelé  aussi  Iounilen,  et  y  arrose  successivement  les  vil¬ 
lages  do  : 

Irris,  Ait  Sidi  Aïssa,  Anmiter,  Irounan,  Timsal,  Angelz,  Tiourassin,  Tiferoui  (1). 

De  là  il  entre  dans  le  district  d’Assaka,  où  il  arrose  : 

Tiinellilt,  Tagendouzt,  Tajegjit,  Ait  Heddou,  Ait  Oumazir,  Bedaan,  Tametkal,  Zaouïa  Igourra- 
men,  Ait  Alla,  Ida  ou  Tazert ,  And  Ait  Mesaoud  (2). 

Ensuite  il  passe  dans  le  district  de  Tizgi ,  où  il  arrose  : 

Takerrat,  Zaouïa  Igourramen,  Berda,  Torora,  Tizgi  (3). 

De  là  il  passe  dans  celui  «T Ait  Zaïneb,  où  il  arrose  : 

Tamakouchl ,  \chahod,  Ait  Fers,  T'igert,  Taïl’st,  Ouaounsemt ,  Tazleft,  Tamdakht,  \sfalou,  Ait  b 
Oulinan,  Ait  Aïssa,  Itelouan,  Agilan,  Taselmant ,  Tabourabt,  Tazentout  (A). 

Sur  tout  son  cours,  depuis  Zaouïa  Bou  Felfoul  jusqu’à  Tazentout ,  ses  deux  rives  sont  cultivées.  Il  a 
généralement  de  l’eau  toute  Tannée. 

La  réunion  des  deux  villages  do  Tazleft  et  de  Tamdakht,  entre  lesquels  l’Asif  Marren  so  jette  dans 
TOuad  lounil,  porte  le  nom  de  Teççaïout. 

Les  villages  de  celte  région  ont  en  moyenne  de  201)  à  500  habitants;  Tizgi  peut  en  avoir  500 ou  000; 
Tiourassin,  la  première  Zaouïa  Igourramen,  Ait  Aïssa  et  Tikirt  ,  de  000  à  SOI). 

La  portion  de  désert  s'étendant  entre  Itelouan  (Ouad  lounil)  et  le  Tammasl  (Ouad  Idermi)  porte  le 
nom  de  Khela  Afella  1  fri .  , 

2"  ASIE  MARREN.  —  (In  l'appelle  aussi  Ouad  el  Molli  et  Ouad  Tamdakht.  Ses  eaux  sont  douces  dans 
son  cours  supérieur,  jusqu’à  Imirren  ;  là  elles  traversent  de  grands  gisements  de  sel  et  deviennent  sa- 

(I)  Ces  villages  forment  la  totalité  du  district  d’Ouuila. 

(-2i  Ces  villages  forment  la  totalité  du  district  d’Assaka. 

(3)  Ces  villages  forment  la  totalité  du  district  de  Tizgi. 

(i)  I.e  district  d’Ait  Zaïnel)  se  compose  :  l"  des  villages  que  nous  venons  d’énumérer,  2°  de  ceu\  que  nous  mentionnerons  plus 
loin  sur  le  cours  de  l'Ouad  Imini. 


I1EC0NNAISSANCE  AU  MAIIOC. 


21 H 

lées.  Il  prend  sa  source  dans  le  Grand  Allas,  à  l’ouest  du  Djebel  Vnremer  :  de  là  il  traverse  d’abord  la 
plaine  du  Telouet,  y  recevant  sur  sa  rive  droite  plusieurs  petits  affluents,  au  bord  desquels  se  trouvent 
la  plupart  des  villages  du  district. 

Dans  le  Telouet,  l’Asif  Marron  arrose  successivement  : 

Adbaa,  rive  droite;  Imi  n  Zgi,  rive  droite;  Imirren,  rive  droite. 

Entre  ces  deux  derniers  points ,  il  y  a  un  court  désert.  Après  Imirren,  la  rivière  sort  du  Telouet.  Elle 
I raverse  le  désert  d’Assaka  Ourami. 

Puis  ses  bords  se  couvrent  de  cultures,  et  elle  arrose  : 

Timountout  Fouqia  (avec  une  source  d’eau  douce,  Aïn  Amezouar),  rive  droite  ;  Timountout  Tabtia, 
rive  droite. 

Ces  deux  villages  forment  un  district  séparé  :  au-dessous,  elle  rentre  dans  un  désert,  celui  d'Auun- 
kou.  Elle  arrose  ensuite  un  village  isolé; 

Tadellast,  rive  gauche. 

Nouveau  désert,  puis  autre  village  isolé  : 

Ankhessa  (qoubba  et  zaouïa  vénérées). 

Nouveau  désert  jusqu’à  Tecçaïoul  :  là  elle  entre  dans  le  dislriel  d’Aït  Zaïneb ,  et,  avec  Tazleft  sur  sa 
rive  gauche,  Tamdakht  sur  la  droite,  elle  se  jette  dans  l'Ouad  Iounil. 

L’Asif  Marron  a  habiluellement  de  l’eau  dans  son  cours  inférieur,  d’ïmirren  à  Teççaïout  ;  au-dessus 
d’Imirren,  il  n'en  a  que  rarement  ,  au  moment  des  grandes  pluies  ou  à  celui  de  la  fonte  des  neiges  : 
l'eau  des  ruisseaux  qui  devraient  l’alimenter  dans  cette  région  est  retenue  pour  l’irrigation  du  Telouet. 

Le  district  du  Telouet  se  compose  des  villages  ci-dessous,  dont  trois  sont  situés  sur  le  cours  de  l’Asif 
Marron,  les  autres  sur  des  affluents  de  sa  rive  droite  : 

Tasga,  Tardas!,  Vît  llammou  ou  Ali,  Ait  Baddou,  Tabougoumt,  Toumjoujt,  1  ri  1  el  Abian,  Tamer- 
ranist,  Areg,  llaïndàken,  lmaounin  (appelé  aussi  Dar  el  Glaoui  et  Dar  el  Qaïd),  Aaclioun,  Adaha,  Imi 
n  Zgi,  Imirren. 

Dans  cette  énumération,  on  a  commencé  par  les  villages  du  bassin  supérieur,  en  descendant  pro¬ 
gressivement  à  ceux  des  affluents  inférieurs.  Entre  Tarilast  et  Ait  llammou  ou  Ali,  se  trouve  la  qoubba 
isolée  de  Sidi  Mançour  ou  llamed.  A  Imirren  sont  de  vastes  gisements  salins  :  on  y  extrait  le  sel  par 
grandes  dalles  semblables  à  celles  du  Tâdla. 

AFFLUENT.  —  L’Asif  .Marron  ne  reçoit  qu’un  affluent,  encore  est-il  de  peu  d'importance  ;  c’est 
l’Ouad  Tichka;  il  descend  du  col  de  ce  nom  et  se  jette  sur  la  rive  droite  de  la  rivière  à  Imirren. 

3°  OUAD  JM/NI.  —  On  l’appelle  aussi  Ouad  Tidili.  Les  eaux  en  sont  douces.  11  prend  sa  source  au 
Djbel  Tidili.  Puis  il  eidre  dans  le  district  de  Tidili,  où  il  arrose  successivement  une  quinzaine  de  villa¬ 
ges  (I)  dont  les  principaux  sont  : 

Timjdout,  Sour,  Dir,  Igadaïn,  Urman,  Timzrit,  Timkist,  Ascii. 

Il  passe  de  là  dans  le  district  de  Tizgi  n  Ouzalim,  où  il  arrose  environ  dix  villages  (2). 

11  s’engage  ensuite  dans  le  district  d  lmini,  oi'i  il  arrose  successivement  : 

Iflilt,  Iril,  Tagnit,  Afella  lsli,  Taourirt,  Taskoukt,  Amerzeggan,  El  Médina  (3). 

Il  entre  enfin  dans  le  district  d’Aït  Zaïneb,  où  il  arrose  : 

Tadoula,  Tizgzaouin,  Imzouren,  Ait  Bou  Mhind,  El  Mollah,  Zaouïa  Sidi  Ahmed,  Tikirt. 

Sur  tout  son  cours,  depuis  Timjdout  jusqu’à  Tikirt,  l’Ouad  lmini  est  cultivé. 

L’Ouad  lmini  et  l'Ouad  Iriri  coulent  de  même  manière  que  l’Ouad  Iounil  ;  les  villages  sont  exclusi¬ 
vement  sur  leurs  bords,  et  le  fond  seul  de  leurs  vallées  est  cultivé.  Ces  vallées  sont  semblables 
à  celle  de  POuad  Iounil,  fort  étroites  et  fort  encaissées  jusque  auprès  de  leur  confluent ,  et  s'élargissant 

(I)  Composant  la  totalité  fin  district. 

(-2)  Composant  la  totalité  de  ce  district. 

(3)  Ces  villages  forment  la  totalité  de  l'tmini. 


BASSIN  DE  L'OUAD  DRA. 


2  7!) 


à  son  approche.  Entre  elles,  comme  entre  l’üuad  Iounil  el  EAsit  Marron,  et  comme  entre  l’Asif  Mit  mm 
et  l’Ouad  Imini,  le  désert  est  absolu.  Le  désert  qui  s’étend  de  l’Üuad  Imini  à  l’Asif  Marron  s’appelle 
Khela  Tamrart. 

Le  principal  village  du  Tidili  est  Timjdout;  le  principal  de  l'Ail  Zaïneb  est  Tikirl  :  il  n’y  en  a  point 
de  marquant  dans  l'Imini. 

AFFLUENT.  —  Hors  l’Ouad  Iriri,  l’Ouad  Imini  ne  reçoit  qu’un  affluent  :  l’Üuad  Tamanat,  petit 
cours  d’eau  sans  importance  descendant  du  col  du  même  nom  et  se  jetant  sur  sa  rive  gauche  dans  le 
Tidili. 

1"  OU  Al)  IIUM.  —  Les  eaux  en  sont  douces.  11  prend  sa  source  dans  le  Siroua.  De  là  il  entre  dans 
la  tribu  des  Ikhzama,  tribu  portant  aussi  quelquefois  le  nom  d’Aït  ou  Zgid,  où  il  arrose  successive¬ 
ment  les  trois  villages  suivants  : 

Tesakoust,  Tourtit,  Ait  Nbdaz  (1),  rive  droite. 

Luis  il  entre  dans  un  désert ,  où  il  coule  pendant  un  certain  temps. 

De  là  il  passe  dans  la  tribu  des  Ait  Abd  Allah,  où  il  arrose  : 

Azreg,  Tagouïamt,  Tasrekht  (2). 

Puis  il  traverse  le  désert  do  Bon  Izri. 


h  heures. 

1 /2  jour. 

1/2  heure. 

4  heures. 

3/4  d’heure. 

rive  gauche.  Le  premier 


En  sortant  de  là,  il  entre  dans  la  tribu  des  Ait  Touaïa,  où  il  arrose  : 

Tazeggert,  Taoura,  Seroub,  Ait  Bou  Khtir,  Ansekki,  Zaouïa  Iggourramen  (3). 

De  là  il  se  jette  dans  l’Ouad  Imini,  un  peu  au-dessus  d’Imzouren. 

Distances  :  de  Tikirt  à  Tazeggert  (pas  de  désert) . 

De  Tazeggert  à  Tasrekht  (désert) . 

De  Tasrekht  à  Azreg  (pas  de  désert . 

D’Azreg  à  Ait  Nbdaz  (désert) . 

D’Aït  Nbdaz  à  Tesakoust  (pas  de  désert) . 

AFFLUENTS.  —  L’Üuad  Iriri  reçoit  deux  affluents,  l'un  et  l’autre  sur  s 
est  l’Ouad  Amasin,  s’y  jetant  entre  Tesakoust  et  Tourtit;  le  second,  l’Ouad  Bou  Igouldan,  s’y  jetant  un 
peu  au-dessous  de  Tourtit. 

Ouad  Amasin. — •  11  prend  sa  source  au  Tizi  n  Ougdour.  Il  coule  dans  le  désert  jusqu'au  village 
d’Amasin,  l’un  des  principaux  des  Ikhzama.  11  reste  sur  lo  territoire  de  cotte  tribu  jusqu’à  son  con¬ 
fluent,  sans  arroser  d'autre  lieu  habité. 

Distances  :  d’Amasin  à  Tesakoust . .  .  . 3  heures. 

D’Amasin  à  Tizi  n  Ougdour .  1  heure  1/2. 

Ouad  Bou  Igouldan.  —  Il  prend  sa  source  dans  le  désert  de  Bon  Igouldan.  De  là  il  passe  dans  la  tri¬ 
bu  des  Ait  Marlif,  où  il  arrose  8  ou  10  villages  dont  les  principaux  sont  : 

Arbar,  Agdour,  Almid,  Tleinsen,  Tagdourt  n  Touda,  Ait  Tagdourt. 

Puis  il  passe,  pour  n’en  plus  sortir,  sur  le  territoire  des  Ikhzama ,  où  il  arrose  le  village  d’üurti,  le 
seul  de  cette  tribu  (pii  soit  sur  son  cours. 

Les  Ait  Marlif  reconnaissent  nominalement  la  suprématie  de  Mohammed  ou  Abd  Allah ,  l’un  des 
chikhs  des  Ait  Tameldou.  Leur  tribu  ne  se  compose  que  des  villages  qu'elle  possède  sur  l’Üuad  Bou 
Igouldan. 


Distance  :  de  Tourtit  à  Ait  Tagdourt  (sans  passer  par  Ourti , 

qui  est  dans  un  coude  de  la  rivière) .  1  heure  1/2. 

OUAD  IDERMI.  —  Aussitôt  après  le  confluent  des  deux  rivières  qui  le  forment,  il  s’enfonce  dans 
une  gorge  étroite  et  déserte,  appelée  Khela  Assaka,  ayant  pour  flanc  droit  une  haute  croupe  rocheuse 
très  escarpée,  lrrem  n  Ououl.  Ce  défilé  forme  la  limite  entre  le  disliicl  d’Aït  Zaïneb  et  celui  d’üuar- 


(1)  Le  territoire  des  Ikhzama  s'étend  sur  une  partie  du  cours  de  trois  rivières,  savoir  :  l’Ouad  Iriri,  l’Ouad  Amasin,  l’Ouad  Hou 
Igouldan. 

(•J)  Ces  villages  tonnent  la  totalité. de  la  tribu. 

(3)  Ces  villages  tonnent  la  totalité  de  la  tribu. 


2, su 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


zazût'.  Après  l'avoir  franchi,  l'Ouad  Idermi  entre  dans  ce  dernier.  Pendant  tout  le  temps  qu’il  y  demeure, 
il  coule  à  l’ombre  des  palmiers  et  au  milieu  de  riches  villages.  Le  Ouarzazât  se  décompose  en  3  sub¬ 
divisions  :  il  les  traverse  l’une  après  l'autre. 

11  arrose  d’abord  celle  de  Tammast,  où  il  baigne  successivement  les  villages  et  les  qçars  de  : 


Tiffoultout . 

Aran . 

Aït  Iousef  ou  Talil . 

Tamasint . 

Tarramt . 

Fedragoum .  . 

De  là  il  passe  dans  celle  de  l’Ouarzazàt  proprement  dit,  où  il  arrose  : 

Zaouïa  Sidi  Otman  (grand  village  de  300  familles).  . . 

Tamerzast .  . 

Tabount  . 

Tigemmi  Djedid . 

Tadja . 

Taourirt . 

Tazrout . 

Tenmasla . 

Qoubba  Sidi  Daoud  (qoubba  isolée  ,  sans  village) . 

Aït  Kedif . 

T  al  et . 

Aourz . 


rive  gauche, 
rive  droite, 
rive  gauche, 
rive  gauche, 
rive  droite, 
rive  gauche. 


rive  droite, 
rive  gauche 
rive  droite, 
rive  droite, 
rive  droite, 
rive  gauche, 
rive  droite, 
rive  droite, 
rive  gauche, 
rive  gauche, 
rive  droite, 
rive  gauche. 


Puis  il  passe  dans  celle  de  Raid,  où  il  arrose  : 


Tademricht  (grand  village  avec  zaouïa) . rive  gauche. 

Hebib .  rive  droite. 

Raid . rive  droite. 


Là  linit  l’Ouarzazât.  L’Ouad  Idermi  rentre  dans  le  désert  et  y  reste  jusqu’au  point  où,  s’unissant  à 
l’Ouad  Dâdes,  il  forme  l’Ouad  Dru.  Ce  désert  s’appelle  Khela  Timikirt. 

Les  trois  subdivisions  et  les  villages  que  nous  venons  d’énumérer  forment  la  totalité  de  l’Ouarzazât. 
Ce  district  est  soumis  au  sultan,  et  surtout  au  qaïd  des  Olaoua,  qui,  fonctionnaire  du  makhzen  au 
Telouet,  est  ici  chef  héréditaire.  11  exerce  son  pouvoir  avec  douceur,  à  la  façon  des  chikhs  de  Tikirt 
et  de  Tazenakht;  aussi  s’aperçoit-on  à  peine  dans  le  Ouarzazât  qu’on  est  en  blad  el  makhzen.  Au-des¬ 
sous  de  lui,  trois  chikhs,  dont  les  ressorts  ne  répondent  pas  tout  à  fait  aux  trois  subdivisions  du  pays, 
se  partagent  l’autorité.  Ce  sont  :  Chikh  El  lloseïn  ould  Amrar  Mhind ,  résidant  à  Tiffoultout;  un  fils  du 
qaïd  des  Olaoua,  Chikh  Hammadi,  à  Taourirt;  Chikh  I lamina  Ali,  à  Tenmasla. 

11  n’y  a  qu’un  marché  dans  l’Ouarzazât  :  le  Khemîs  Sidi  Otman.  Les  marchés  sont  fort  rares  dans 
ces  régions  :  dans  le  bassin  entier  de  l’Ouad  Idermi,  on  n’en  compte  que  trois,  le  tenîn  de  Telouet,  le 
khemis  de  Ouarzazât  el  le  khemîs  de  Tazenakht. 

Il  y  a  7  mollahs  dans  l’Ouarzazât.  Les  Juifs  sont  nombreux  dans  ces  contrées  :  il  existe  44  mol¬ 
lahs  dans  le  bassin  de  l'Ouad  Idermi;  ils  se  répartissent  de  la  manière  suivante  :  Assaka  (Ouad  Iounil), 
3  mollahs;  Tizgi  (Ouad  Iounil),  1;  Aït  Zaïneb,  6;  Telouet,  4;  Tidili,  7;  Irnini,  4;  Ikhzama,  2;  Aït 
Touaïa,  I  :  Ait  Marlif,  2;  Ouarzazât,  7;  Ait  Amer,  2;  Zenàga,  3;  Irels,  I  ;  Tammasin,  I. 


Distances  :  de  Tikirt  à  Tiffoultout .  . 2  heures. 

De  Tiffoultout  à  Taourirt . 1  heure. 

De  Taourirt  à  Raid .  .  1  heure. 

De  Ralil  à  Afelia  n  Dra  (Ouad  Dra) .  1  jour. 


BASSIN  DE  L’OUAD  DBA. 


281 


AFFLUENT.  —  L’Ouad  Idermi  ne  reçoit  qu’un  affluent  important,  l’Ouad  Ait  Tigdi  Ouchchen,  se  je¬ 
tant  sur  sa  rive  droite  au  lieu  appelé  Bin  elOuidan,  dans  le  désert  de  Timikirt.  Cette  rivière  est  presque 
aussi  considérable  que  l'Ouad  Idermi  lui-même. 

II.  —  Ouad  Aït  Tigdi  Ouchchen. 

L’Ouad  Ait  Tigdi  Ouchchen,  qui  se  jette  sur  la  rive  droite  de  l’Ouad  Idermi  entre  le  Ouarzazât  et 
le  Dra,  est  formé  de  la  réunion  de  deux  rivières,  l’Ouad  Tazenakht  et  l’Ouad  Azgemerzi.  Leur  confluent 
se  trouve  dans  la  tribu  des  Ait  Tigdi  Ouchchen,  au  village  d'Assaka. 

I"  OUAD  TAZENAKHT.  —  Il  est  formé  lui-même  de  la  jonction,  à  Imdrer  Tahtani,  de  trois  cours 
d’eau,  l’Ouad  Siroua ,  l’Ouad  Ta  n  Amelloul  et  l’Ouad  Tasrirt  :  nous  allons  décrire  ces  trois  rivières, 
puis  nous  passerons  à  l’Ouad  Tazenakht. 

Ouad  Siroua.  —  Il  prend  sa  source  dans  le  mont  Siroua.  Il  coule  d’abord  dans  le  désert,  puis 
entre  dans  la  tribu  des  Ait  Ouarrda;  il  y  arrose  successivement  les  villages  suivants  : 

Temsasar,  Taloust,  Imirleïn,  Areg,  Temouddat. 

Puis  il  passe  dans  le  district  d’Amara,  dépendance  de  celui  de  Tazenakht,  dans  lequel  on  le  confond 
quelquefois;  il  y  arrose  : 

Imdrer  Fouqani,  Imdrer  Tahtani. 

A  ce  dernier  point,  il  s’unit  aux  deux  autres  rivières  pour  former  l’Ouad  Tazenakht. 

Distance  :  d’Imdrer  Tahtani  à  Temsasar . 1/2  jour. 

Ouad  Ta  n  Amelloul.  —  Il  prend  sa  source  dans  le  désert  de  Ta  n  Amelloul.  De  là  il  entre  dans  la 
tribu  des  Ait  Ouarrda,  où  il  arrose  successivement  les  villages  de  : 

Afella  ou  Asif,  Tazrout,  Tafrent,  Tamjerjt,  Nekeb  Fouqani,  Nekeb  Tahtani. 

Puis  il  passe  dans  le  district  d’Amara  et  coule,  sans  rencontrer  de  lieu  habité,  jusqu'à  Imdrer  Tah¬ 


tani,  où  il  se  réunit  aux  ouads  Siroua  et  Tasrirt. 

Distances  :  d’Imdrer  Tahtani  à  Afella  ou  Asif . 4  heures. 

D’Imdrer  Tahtani  à  Tamjerjt . 1  heure  1/2. 


Ouad  Tasrirt.  —  Il  prend  sa  source  dans  le  Khela  Tasrirt.  Après  avoir  coulé  longtemps  dans  le  dé¬ 
sert,  il  entre  dans  le  district  d’Amara,  où  il  arrose  l’un  après  l’autre  les  villages  de  : 

Tamzerra  (avec  la  qoubba  de  S.  El  Hasen  Ali),  Ansera. 

En  face  d’Imdrer  Tahtani,  il  se  réunit  aux  deux  autres  rivières. 


Distances  :  d’Imdrer  Tahtani  à  Tamzerra . 3  heures. 

De  Tamzerra  au  Khela  Tasrirt . 1/2  jour. 


OUAD  TAZENAKHT.  —  On  lui  donne  aussi  le  nom  d’Ouad  Ait  Ouzanif.  Au-dessous  d’Imdrer  Tahtani , 
il  continue  d’abord  à  couler  dans  le  district  d’Amara  ;  il  y  arrose  successivement  les  villages  de  : 
lmreld,  Tareddout. 

Puis  il  passe  dans  le  district  (h1  Tazenakht,  où  il  baigne  : 

Taourirt,  Adreg,  Tagadirt  Ait  Daoud,  Tagadirt  Ait  Atto,  Tazenakht  ,  Tazrout. 

De  là  il  passe  dans  la  tribu  des  Ait  Tigdi  Ouchchen,  où  il  s’unit,  à  Assaka,  à  l’Ouad  \zgemerzi. 


Distances  :  de  Tazenakht  à  Imdrer  Tahtani . 4  heures. 

De  Tazenakht  à  Assaka .  1/3  heure. 


Les  villages  du  Tazenakht  et  de  l’Amara  que  nous  avons  énumérés  sur  ces  différents  cours  d’eau 
composent  la  totalité  de  ces  districts. 

La  tribu  des  Ait  Ouarrda  ne  comprend  qu’un  village  en  plus  de  ceux  que  nous  avons  mentionnés  : 
ce  village  esl  Ainasin ,  situé  entre  les  ouads  Siroua  et  Ta  n  Amelloul,  à  3  heures  de  Temsasar  cl  à 
I  heure  et  demie  de  Tamjerjt.  Los  Aït  Ouarrda  sont  une  tribu  tamazirt  (ohleulia)  indépendante,  \ucun 
lien  ne  les  unit  à  leurs  voisins.  Les  plus  importants  de  leurs  villages  sont  l’amjerjt,  Afella  on  \sif, 
Tazrout. 


IIECO.NNVISSMNCK  MUtOC.. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


282 

Les  points  où  prennent  leur  source  les  trois  rivières  dont  est  formé  l’Ouad  Tazenakht  demandent 
quelques  explications.  Le  Djebel  Siroua  appartient,  le  versant  est  aux  Ait  Ouarrda,  le  versant  sud  aux 
Ait  Oubliai ,  le  versant  ouest  aux  Ait  Tedrart.  Le  Khela  Ta  n  Amelloul  s'étend  entre  les  Ait  Ouarrda  et 
les  Ait  Oubial,  le  Khela  Tasrirt  entre  les  Zenâga  et  les  Seketàna.  Ces  deux  déserts,  qui  se  font  suite, 
s’étendent  depuis  le  Siroua  jusqu'au  Petit  Atlas;  c'est  dans  leurs  solitudes,  série  de  plateaux  rocheux, 
qu’est  la  ligne  de  partage  des  eaux  entre  les  deux  bassins  du  Sous  et  du  Dra. 

2"  OUAD  AZGEIUE HZ I.  —  On  lui  donne  aussi  le  nom  d’Ouad  Ifenouan.  11  prend  sa  source  dans  le 
voisinage  du  col  d’Agni,  sur  le  territoire  des  Zenâga.  11  arrose  successivement  dans  cette  tribu  les  vil¬ 
lages  suivants  : 

Isil,  Ta/oult,  El  Kharbt,  Terga,  Tamarouft,  Ifenouan. 

De  là  il  passe  sur  le  territoire  des  Ait  Amer,  où  il  arrose  : 

Temdaouzgez,  Taloust. 

Enfin  il  s’unit  à  l’Ouad  Tazenakht  un  peu  au-dessous  d’Assaka. 


Distances  :  de  Taloust  à  Temdaouzgez . 3  heures. 

D’Assaka  à  Taloust .  1/2  heure. 


AFFLUENTS.  —  L’Ouad  Azgemerzi  reçoit  deux  affluents  importants ,  l’un  et  l’autre  sur  sa  rive  gauche  : 
l'üuad  Tiouiin,  s’y  jetant  à  Temdaouzgez,  et  l’Ouad  Timjijt,  s’y  jetant  à  quelques  pas  au-dessus  de  Ta¬ 
loust. 

Ouad  Tiouiin.  —  11  prend  sa  source  dans  le  désert  de  Tasrirt.  11  y  demeure  jusqu’au  moment  où,  à 
Kerkda,  il  débouche  dans  la  plaine  des  Zenâga;  il  y  arrose  les  villages  suivants,  tous  de  cette  tribu  : 
Kerkda,  Agelmim,  Ait  Mesri,  Atrcs,  Tiouiin. 

De  Tiouiin,  les  bords  en  sont  inhabités  jusqu’à  Temdaouzgez,  où  il  entre  dans  le  territoire  des  Ait 


Amer  el  se  jette  dans  l’Ouad  Azgemerzi. 

Distances  :  de  Kerkda  à  Ait  Mesri .  1  heure  1/2. 

D’Aït  Mesri  à  Atres . 3  heures. 

D’Atres  à  Tiouiin .  1  heure  1/2. 

De  Tiouiin  à  Temdaouzgez . 8  heures. 


Ouad  Timjijt.  —  Il  prend  sa  source  dans  le  désert  de  Tasrirt.  En  sortant  de  là,  il  entre  dans  la  plaine 
des  Zenâga,  où  il  arrose  d’abord  les  villages  suivants,  qui  font  partie  de  leur  territoire  : 

Igjgan,  Tilsekht,  Itkhisen,  El  Ain  Ait  Hamed,  Zaouïa  Sidi  El  Hoseïn. 

Puis  il  passe  sur  les  terres  des  Ait  Amer,  où  il  arrose  successivement  : 

Zaouïa  Sidi  Abd  Allah  ou  Mliind,  El  Ain  Igourramen,  Ait  Ali  ou  lous,  Agdal,  Ait  ou  Ansera,  Ait 
Allioun,  Tizi,  Asersa,  Talmodat. 

Enfin  il  se  jette  dans  l’Ouad  Azgemerzi. 

Les  quatre  villages  d’Aït  Ali  ou  lous,  Agdal,  Ait  ou  Ansera,  Ait  Allioun,  sont  compris  sous  la  déno¬ 


mination  collective  de  Timjijt. 

Distances  :  de  Taloust  à  Aït  Allioun . 2  heures. 

D’Aït  Ali  ou  lous  à  Igjgan . 4  heures. 


REMARQUES  SUR  LES  TRIBUS.  —  Les  deux  principales  tribus  du  bassin  de  l'Ouad  Azgemerzi  sont 
les  Ait  Amer  et  les  Zenâga. 

Ait  Amer.  — Leur  territoire  comprend  uniquement  des  villages  que  nous  avons  énumérés  plus  haut. 
Parmi  eux  se  remarque  une  zaouïa  fort  influente  dans  la  contrée,  celle  de  Sidi  Abd  Allah  ou  Mliind.  Le 
chef  actuel  en  est  Sidi  Ilamed  ou  Abd  er  Rabman,  descendant  du  saint.  Il  possède,  outre  le  village  de 
la  zaouïa,  celui  d'El  Aïn  Igourramen. 

Zenaga.  —  Cette  tribu  se  compose  des  villages  mentionnés  sur  les  ouads  Azgemerzi,  Tiouiin,  Tim- 
jijl,  et  d’un  certain  nombre  d’autres  situés  entre  ces  cours  d’eau.  Ceux-ci  sont  la  plupart  sur  de  petits 
affluents  des  trois  rivières  principales,  ou  sur  des  canaux  qui  en  dérivent.  Tous  se  trouvent  dans 
la  grande  plaine  des  Zenâga.  Les  principaux  d’entre  eux  sont  : 


BASSIN  DE  L'ÜUAD  DBA. 


Azdif,  Taleouin  (entre  Azdif  el  Vît  Ylesri),  Ougins  (à  3  heures  d'Azdif),  Toudma  (à  \  heures  d’Ou- 
gins),  Vît  Ersal  (à  3  heures  de  Toudma,  sur  un  ruisseau  tributaire  de  l’Ouad  Azgemerzi),  Betlal  là 
!  heure  et  demie  d’Aït  Ersal),  Ait  Khouzoud  (à  quelque  distance  de  Tazoult),  Angalt'  (à  l’ouest  de  Ta- 

ZOlllt). 

De  ces  villages,  le  plus  important  est  Azdif. 

3°  OUAD  AIT  TIGDI  OUGHGHEN.  —  Dès  le  point  où  il  se  trouve  formé,  par  la  réunion  des 
ouads  Tazenakht  et  Azgemerzi,  il  entre  dans  la  tribu  des  Ait  Tigdi  Ouchchen  :  il  y  arrose  successive¬ 
ment  les  villages  de  : 

Assaka,  Talonnent,  Tislit  Ait  Tigdi  Ouchchen,  El  Bordj  (1). 

Puis  il  sort  de  cette  tribu  :  un  peu  plus  loin  il  arrose  Tagentout. 

Au  delà,  on  ne  trouve  plus  qu’un  seul  point  habité  sur  son  cours  :  c’est  Fint,  village  isolé,  recon¬ 
naissant  la  suzeraineté  du  qaïd  de  l’Ouarzazât.  \  Fini,  les  palmiers  reparaissent. 

AFFLUENTS.  —  L’Ouad  Ait  Tigdi  Ouchchen  a  deux  affluents  principaux;  il  les  reçoit  l’un  et  l’autre 
sur  sa  rive  gauche;  ce  sont  :  l’Ouad  Ait  Semgan,  s’y  jetant  à  Tislit;  l’Ouad  Irels,  s’y  jetant  à  Fini  . 

Ouau  Ait  Semgan.  —  Il  prend  sa  source  au  Siroua;  il  s’engage  d’abord  dans  le  district  des  Ait 
Semgan,  où  il  arrose  successivement  les  villages  de  \ïl  Irmor,  Idrar,  Ait  Tigga. 

De  là  il  passe  dans  celui  de  Tammasin,  où  il  baigne  :  Tinzalin,  llelouqt ,  Tislit  Tammasin. 

Au-dessous  de  Tislit,  il  entre  dans  h*  désert  d’Iseldeï,  où  il  reste  jusqu’à  son  confluent  avec  l’Ouad 
Ait  Tigdi  Ouchchen. 

Distances  :  les  3  villages  des  Ait  Semgan  sont  groupés  au  pied  même  du  Siroua. 


Des  Ait  Semgan  à  Tinzalin . 4  heures. 

De  Tinzalin  à  llelouqt . 1  heure. 

De  Helouq  à  Tislit  Tammasin . 3  heures. 

De  Tislit  Tammasin  à  Tislit  Ait  Tigdi  Ouchchen . 0  heures. 


AFFLUENTS.  —  L’Ouad  Ait  Semgan  a  deux  affluents  :  l’Ouad  Bachkoum,  se  jetant  sur  sa  rive  droite 
à  llelouqt,  et  l’Ouad  Asdrem,  se  jetant  sur  sa  rive  gaucho  à  Tislit  Tammasin. 

Ouad  Bachkoum.  —  Il  prend  sa  source  dans  le  Khela  Bachkoum  et  si1  jette  dans  FOuad  Ait  Semgan 
sans  avoir  arrosé  un  seul  lieu  habité.  Il  reste  tout  le  long  de  son  cours  dans  le  désert. 

Distance  :  de  Helouqt  au  Khela  Bachkoum . 4  heures 

Ouad  Asdrem.  —  11  prend  sa  source  dans  le  désert  d’Asdrem;  il  arrose  successivement  les  villages 
suivants,  du  district  de  Tammasin  :  Tamazirt,  Tamellakout; ,  EzZaouïa,  Ait  Mekraz,  Enzel. 


De  là  il  se  jette  à  Tislit  dans  l’Ouad  Ait  Semgan. 

Distances  :  du  Khela  Asdrem  à  Tamazirt . 1  heure. 

De  Tamazirt  à  Tislit  Tammasin . 3  heures. 


Oitad  Irels.  —  11  prend  sa  source  sur  le  territoire  des  Ikhzama,  dans  les  montagnes  qui  forment  le 
flanc  droit  de  l’Ouad  I  ri  ri .  De  là  il  entre  dans  le  désert  de  Tazga  Asdrem,  situé  au  nord  de  celui  d’As¬ 
drem.  Après  l’avoir  traversé ,  il  passe  dans  le  district  de  Tammasin,  où  il  arrose  le  village  de  Indiout. 

De  là  il  rentre  dans  h1  désert,  où  il  reste  jusqu’au  groupe  isolé  d’ trois  ;  il  en  arrose  les  deux  qcars  : 
Irels  et  Tamaïoust. 

Puis  il  coule  de  nouveau  dans  le  désert;  il  y  demeure  jusqu’à  Fint,  où  il  se  jette  dans  l’Ouad  Ait 
Tigdi  Ouchchen. 

A  Irels  commencent  les  dattiers  :  il  n’v  en  a  point  dans  le  district  de  Tammasin.  Celui-ci  se  compose 
exclusivement  des  villages  mentionnés  sur  une  partie  des  cours  des  ouads  Ail  Semgan,  Asdrem  et  Irels; 


il  reconnaît  l’autorité  du  Zanifi. 

Distances  :  de  la  frontière  des  Ikhzama  à  Indiout . 3  heures  1  '2. 

D’Indiout  à  Irels .  1/2  jour. 

D’Irels  à  Fint .  1  heure  1/2. 


(I)  Ce  s  villages  forment  la  totalité  de  la  tribu. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


-2  S', 


III.  —  Itinéraires. 

1"  DE  1JOUAD  IOUNIL  A  IJ  ASIE  MA  lilŒ  N.  —  Un  chemin  conduit  de  Zaouïa  Bou  Felfoul  à  Ta- 
bougoumt  (Telouet). 

Distance  :  2  heures  de  marche  dans  le  désert. 

2°  DU  TELOUET  A  Tl  Kl  DT.  — On  peut  faire  ce  trajet  en  descendant  le  cours  de  l'Asif  Marren  : 
ce  chemin  est  un  peu  plus  court  que  celui  de  l’Ouad  lounil;  mais  les  déserts  qu'il  traverse  le  rendent 
plus  dangereux  :  aussi  est-il  beaucoup  moins  fréquenté. 

:u  DE  TAZENAKHT  AUX  AIT  MA  HUE.  —  Le  chemin  est  le  suivant  : 


De  Tazenakht  au  Tammasin . 8  heures. 

Du  Tammasin  à  Tesakoust  (Ouad  Iriri) . 5  heures. 

De  Tesakoust  à  Tourtit .  1/2  heure. 

De  Tourtit  à  Tagdourt  n  Touda  (Ail  Marlitj . 1  heure  1/2. 


4°  DE  II  Kl  H  T  A  TA/ENAKIIT.  —  Au  départ  de  Tikirt,  on  s’engage  dans  le  désert  de  Tilzir.  On  y 
reste  jusqu'à  : 


Tilzir  (qçar  isolé) .  1  heure. 

De  là  on  rentre  dans  le  désert,  où  on  demeure  jusqu’à  : 

Tisili  (qçar  isolé) . 2  heures. 

Ou  y  reste  de  nouveau  jusqu'à  : 

Tislit  Tammasin . 3  heures. 

De  là  on  passe  dans  le  désert  de  Bachkoum,  puis  dans  celui  de  Tala  qui  lui  fait  suite  :  une  source 
d’eau  vive  sert  de  borne  entre  eux. 

On  aboutit  à  :  Adreg  (sur  l’Ouad  Tazenakht  . 

Distance  :  de  Tislit  Tammasin  à  Tazenakht .  1  jour. 

5"  DE  TI  KIR  T  Al  MEZGITA.  —  Il  y  a  trois  chemins  principaux  : 

a.  —  En  quittant  Tikirt,  on  descend  h'  cours  de  l’Ouad  Idermi  jusqu'à  l’extrémité  sud  du  Ouarzazât. 
A  R.alil,  on  s’en  écarte  un  peu  et  on  h'  longe  dès  lors  à  quelque  distance,  dans  le  désert  de  Taria.  On  y 
marche  durant  toute  une  journée  :  au  bout  de  ce  temps,  on  arrive  à  l’Ouad  Dra,  aux  villages  d’Afella 
n  Dra. 

C’est  le  nom  d’une  subdivision  du  Mezgîta. 

n.  —  En  quittant  Tikirt ,  on  descend  le  cours  de  l’Ouad  Idermi  jusqu'à  Tenmasla  (Ouarzazât).  Là  on 
le  quitte  el ,  sans  rencontrer  aucun  lieu  habité,  on  traverse  successivement  trois  déserts,  ceux  d’irirel 
Hadj ,  d’Aïn  n  Zeggert  et  d’Izezgir.  Puis  on  arrive  à  Ait  Saoun  (village  isolé,  allié  au  Mezgîta.  Les  dat¬ 
tiers  n'y  apparaissent  pas  encore). 

De  là  on  traverse  l’un  après  l’autre  deux  déserts,  ceux  d’Irf  n  Isli  et  d’Ouaourmest  :  au  bout  de  celui- 


ci,  on  trouve  le  Mezgîta,  où  on  débouche  à  Agdz. 

Distances  :  de  Tenmasla  à  Ait  Saoun . 1  jour. 

D'Aït  Saoun  à  Agdz . 2  heures. 


c.  — De  Tikirt  à  Tagenzalt.  Là  on  s’engage  dans  le  Ivhela  Tifernin,  où  Ton  marche  durant  une  jour¬ 
née  entière.  Vu  bout  de  ce  temps  on  arrive  à  Ait  Semgan  (qçar  unique  de  400  familles;  il  est  isolé;  il 
n’a  aucun  rapport  avec  la  tribu  qui  habite  l'Ouad  Ait  Semgan.  Beaucoup  de  dattiers). 

De  là  on  passe  successivement  par  :  Tesaouant  (des  Ait  Ilammou),  Zaouïa  Ouzdiin,  louriken  (groupe 


BASSIN  DE  L'OUAD  DliA. 


285 

do  deux  villages  appelés  chacun  Ourika,  situés  l'un  sur  l’Ouad  Tamtsift ,  l'autre  à  quelque  distance 
de  cette  rivière,  dans  les  collines  formant  le  flanc  gauche  de  sa  vallée). 

Enfin  on  parvient  à  l'Ouad  Dra  à  Agdz  (Mezgîta). 

Distance  :  d’Aït  Semgan  à  Iouriken . 1/2  jour. 

6"  DE  TAZ ENAKHT  AU  MEZGITA.  — Au  sortir  de  Tazenakht,  on  entre  dans  le  Khela  I;  idan;  dé¬ 
sert  pierreux;  pas  de  rivières  :  il  fait  partie  du  territoire  du  Zanifi.  On  y  marche  durant  un  jour.  Puis 
on  parvient  au  qçar  de  Tarokht  (sur  l'Ouad  Tamtsift;  zaouïa;  dattiers). 

On  suit  le  cours  de  l’Ouad  Tamtsift  :  on  arrive  à  : 

Tasla  Ait  Brahim  (dattiers) .  1  heure. 

Jusque-là  on  est  resté  sur  le  territoire  du  Zanifi  :  on  le  quitte  ici  ainsi  que  l’Ouad  Tamtsift.  On  atteint  : 

Aït  Semgan  (qçar  isolé;  dattiers) . 1  heure. 

Puis  on  revient  à  l’Ouad  Tamtsift,  qu’on  retrouve  au  qçar  de  Tesaouant  (appartenant  aux  Aït  Ham- 
mou,  fraction  des  Oulad  laliia). 

De  là  on  suit  l’Ouad  Tamtsift  jusqu’à  son  confluent  avec  le  Dra,  entre  Agdz  et  Ouriz  (Mezgîta).  On 
passe,  chemin  faisant,  par  deux  points  habités,  Ida  ou  Genad  et  Ourika.  En  dehors  de  la  route,  à  2  ou 
B  heures  au  sud  d’Ida  ou  Genad,  se  trouve,  dans  la  montagne,  le  grand  qçar  d’El  Feggara  :  il  appar¬ 
tient  aux  Oulad  Iahia. 

7"  DE  TAZENAKHT  A  TISINT.  —  11  y  a  trois  chemins  entre  ces  deux  points  : 

Le  premier,  à  l'est,  franchissant  le  Petit  Atlas  au  Tizi  Agni  ; 

Le  second,  à  l’ouest,  le  franchissant  au  Tizi  n  Haroun; 

Le  troisième,  entre  les  deux  précédents,  le  franchissant  au  Tizi  n  Baroukh. 


2°  BASSIN  MOYEN  DU  DBA. 

La  réunion  des  ouads  Dàdes  et  Idermi  au  Kheneg  Tarea  forme  le  fleuve  connu  sous  le  nom  d’Ouad 
Dra.  Le  cours  en  est  d’abord  resserré  entre  les  flancs  du  Petit  Atlas  qu’il  traverse;  puis  la  vallée  s'élar¬ 
git;  au-dessous  de  Tamegrout,  il  perce  une  dernière  chaîne  de  montagnes,  le  Bani;  ensuite  il  entre  en 
plaine.  Jusqu’au  Bani,  la  direction  du  Dra  est  du  nord-ouest  au  sud-est.  Au  delà  elle  paraît  être  de 
l’E.-N.-E  à  TO.-S.-O.  Du  Kheneg  Tarea  au  Bani,  les  bords  du  fleuve  sont,  sans  interruption,  couverts  de 
palmiers  et  de  qçars.  Ils  sont  divisés  en  plusieurs  districts,  chacun  uniquement  composé  des  rives  de 
l’onad;  ce  sont  :  le  Mezgîta,  l’Aït  Seddrât,  T  Aït  Zeri,  le  Tinzoulin,  le  Ternata,  le  Fezouata.  Au  delà  du 
Bani  les  bords  du  Dra  se  garnissent  encore  à  deux  reprises  de  dattiers  et  d'habitations  :  il  s'v  forme 
ainsi  deux  derniers  districts,  le  Qlaoua  el  El  Mhamid,  semblables  aux  précédents,  mais  séparés  d’eux 
et  isolés  l’un  de  l’autre  par  de  courts  déserts.  Au  delà  d’El  Mhamid,  l'Ouad  Dra  est  désert  jusqu’à  son 
embouchure  dans  l’Océan.  C’est  dans  cette  vaste  portion  inhabitée  de  son  cours  qu’il  traverse  le  üebaïa 
et  forme  les  nniders  dont  nous  parlerons  plus  bas.  [/ensemble  des  parties  peuplées  de  ses  rives,  com¬ 
posé  des  huit  districts  énumérés  ci-dessus,  porte  le  nom  de  B/ad  Dra  ou  Dra.  C’est  de  cette  région 
que  nous  allons  nous  occuper. 

Dans  le  Mezgîta,  l’Ouad  Dra  coule  en  une  vallée  étroite,  de  1  500  mètres  de  largeur  moyenne,  en¬ 
caissée  enfre  deux  flancs  élevés  et  rocheux.  Dans  T  Aït  Seddrât,  I  \  ï  f  Zeri  et  le  Tinzoulin,  la  vallée  esl 
la  même  qu’au  Mezgîta  :  elle  demeure  ainsi  jusqu’à  El  Douirat  (Ternata).  A  partir  de  là,  elle  s'élargit  : 
le  flanc  droit  reste  contre  le  fleuve;  mais  le  flanc  gauche  s’en  écarte  beaucoup.  De  Béni  Zouli  à 
Mançouria,  il  y  a  entre  les  deux  flancs  la  distance  de  Tamnougall  à  Tesaouant.  Les  qçars  et  les  cultures 
sont  toujours  uniquement  au  bord  de  l’ouad  :  dans  la  vallée  ainsi  élargie,  le  désert  seul  règne  enfre  h; 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


2tf(i 

lien vo  et  le  flanc  gauche.  Dans  tout  lu  Dra  il  on  est  de  môme  :  l’ouad  au  milieu;  dans  son  lit,  cultures 
et  palmiers ,  ainsi  que  sur  ses  rives;  en  dehors  des  plantations,  à  leur  lisière,  les  qcars;  au  delà,  le  dé¬ 
sert.  Au-dessous  de  Mançouria,  la  vallée  s’étend  encore  :  le  flanc  droit  s'éloigne  à  son  tour.  A(Tame- 
grout,lcs  deux  flancs  sont  fort  loin,  à  une  demi-journée  de  marche  chacun.  Après  Tamegrout,  le  fleuve 
entre  dans  un  désert  appelé  El  Kheneg  :  il  y  a  ses  rives  incultes  et  inhabitées,  pour  la  première  fois  de¬ 
puis  sa  naissance  :  point  de  qcars,  point  de  cultures,  point  de  palmiers,  même  dans  son  lit.  Ce  désert 
a  une  longueur  double  de  la  distance  de  Tamnougalt  à  Ourika.  Il  est  borné  au  sud  par  le  Bani,  que  le 
Dra  traverse  par  un  passage  étroit,  Foum  Taqqat.  Au-dessous  du  Bani,  le  fleuve  entre  en  plaine  et  y 
reste  jusqu’au  Debaïa  ;  plus  de  montagne  en  vue,  ni  à  l’est,  ni  à  l’ouest,  ni  au  sud. 

Nous  avons  décrit  le  Mezgîta  au  cours  de  notre  voyage  :  tout  le  Dra  ale  même  aspect  enchanteur: 
partout  même  fraîcheur,  même  abondance  d’eau,  même  végétation  luxuriante.  Cependant  il  n’y  existe 
pas  de  lieu  où  l'eau  ne  tarisse  jamais  dans  le  fleuve  :  certains  étés,  des  parties  de  son  lit  se  dessè¬ 
chent;  mais  les  années  où  cela  arrive  sont  rares,  et,  même  alors,  les  canaux  qui  servent  à  l’alimen¬ 
tation  et  à  l’arrosage  ne  cessent  pas  de  couler  à  pleins  bords.  Dans  le  Dra,  les  inondations  sont  plus 
fréquentes  que  les  sécheresses  :  il  n’est  pas  rare  de  voir,  en  hiver,  le  fleuve  envahir  toute  la  vallée  et 
venir  battre  les  murailles  des  qcars.  L'eau  de  l'Ouad  Dra,  quoiqu’un  peu  jaune,  est  agréable  à  boire. 
Parmi  les  arbres  innombrables  qui  ombragent  le  cours  du  fleuve  ,  partout  les  dattiers  dominent  :  ils 
sont,  du  Kheneg  Tarea  à  Tamegrout,  des  espèces  suivantes  :  bou  feggouç,  bou  sekri ,  djihel,  bou 
souaïr,  timikelt  (qualité  inférieure);  au  sud  de  Tamegrout,  il  n’y  a  plus  que  des  djihels  avec  quelques 
bon  feggoue.  Dans  tout  le  Dra,  on  trouve  aussi  bon  nombre  de  takkaïouts,  sortes  de  grands  tamarix 
dont  on  se  sert  pour  donner  la  couleur  rouge  aux  peaux  :  ils  forment  une  des  fortunes  du  pays  :  les 
peaux  du  Dra  sont,  avec  celles  du  Tafllelt,  les  plus  renommées  du  Maroc.  Nous  avons  vu  qu’à  Tam¬ 
nougalt  il  y  avait  une  grande  quantité  d’arbres  fruitiers,  figuiers,  grenadiers,  pêchers,  vigne,  etc.; 
ils  sont  très  nombreux  entre  Tamnougalt  et  Akhellouf.  En  dehors  de  ce  tronçon,  il  n’y  a  guère  que  des 
dattiers.  Dans  tout  le  pays  de  Dra,  les  abeilles  sont  nombreuses  et  le  miel  abonde. 

La  population  du  Dra  est  mêlée.  Celle  du  Mezgîta  est  formée  de  Draoua;  celle  de  l’Aït  Seddrât,  de 
Draoua  et  d’Aït  Seddrât;  celle  de  l’Aït  Zeri,  d'Oulad  labia;  celle  du  Tinzoulin,  de  Draoua;  celle  du 
Ternata,  de  Draoua,  de  Boha,  d’Oulad  labia,  les  Roha  dominant,  les  Oulad  labia  étant  en  minorité; 
celle  du  Fezouata,  du  Qtaoua,  d’El  Mhaniid,  de  Draoua,  sous  la  domination  des  Ait  Atta.  Les  Ait  Sed¬ 
drât,  les  Oulad  labia,  les  Roha,  sont  des  tribus  séparées  dont  nous  avons  déjà  eu  occasion  de  parler 
ou  dont  nous  parlerons  plus  tard.  Les  Ait  Atta  sont  une  fraction  de  la  tribu  des  Berâber.  Quant 
aux  Draoua,  ce  sont  ceux  qu’ailleurs  on  appelle  Haratîn.  Ici,  Draoui  et  Hartâni  sont  synonymes.  Les 
Draoua  forment  la  partie  de  beaucoup  la  plus  grande  de  la  population  du  Dra;  ils  passent  pour  les  re¬ 
présentants  de  la  race  primitive  du  pays.  Ils  ne  parlent  que  le  tamazirt ,  pou  d’entre  eux  savent  l’a¬ 
rabe;  on  les  dit  bonnes  gens ,  mais  lâches  et  mous  de  caractère.  Dans  le  Mezgîta  seul,  ils  ont  gardé 
leur  indépendance;  partout  ailleurs  ils  sont  tributaires. 

I.  —  Mezgîta. 

Le  Mezgîta  est  un  district  qui  comprend  les  rives  de  l'Ouad  Dra,  depuis  le  point  où  elles  commen¬ 
cent  à  être  habitées,  au  sud  du  Kheneg  Tarea,  jusqu'au  district  de  l’Ail  Seddrât.  Il  se  compose,  en 
descendant  la  vallée,  des  qcars  suivants  : 

RIVE  DROITE  : 


Tizgi.  .  ( 

50  fusib 

Incheï .  1  Ras  Dra. 

80 

Tarrout.  ( 

40 

Rebat. 

200 

Zaouïa  Griourin  (Zaouïa  Sidi  Cou  Bekr,  appelée 

BASSIN  DE  L’OUAD  DBA. 


aussi  Zaouïa  Ait  Ben  Nacer,  dépendant  de  celle  de 


Tainegrout) . 

1 00 

Tarmast. 

50 

Asellim  Agdz. 

200 

Agdz. 

200 

Hara  Agdz. 

50 

Ouriz. 

75 

Takatert. 

100 

Aremd. 

40 

Tassourl. 

30 

Aït  el  Khrodj. 

15 

El  Kebbalm. 

15 

Iîoudat. 

20 

El  Bordj. 

1110 

Tigit. 

100 

Zekak. 

10 

Igmoden. 

30 

Argioun. 

50 

Timidert. 

300- 

Irirer. 

150 

kivk  gauciil  : 


Tanamrout. 
Sefala.  .  . 
Arbalou.  . 
Tiniril.  .  . 
El  11  ara  .  . 
Intliten  .  . 
Taleouin. 


Ras  I  iras. 


40  fusils. 

200 

20 

60 

40 

30 

40 

60 

100 

40 

20 

20 

20 

40 

40 

30 

10 

30 

15 

20 

30 

15 


Tafergalt. 

Tamnougalt  (résidence  de  Chikli  el  Mezgîti). 

Asellim. 

Zouaoui  (Zaouïa  es  Sagia;  Mrabtin  Ait  Sidi  Mouloud). 
Asellim  Tahtani. 

Zaouïa  es  Souq. 

Qaçba  Ait  Ali. 

Talmzit. 

Ibousas. 

Taourirt  Ibousas. 

Talat  Ait  labia. 

Zaouïa  Mrabtin  Sidi  Ech  Chergi. 

Ait  el  Qaïd  El  Amer. 

Takatert  Ait  Ikhelf. 

Zaouïa  Sidi  Mobammed  ou  Abd  Allah. 


Distances  :  du  Kheneg  Tarea  à  Tizgi  comme  d’Ourika  à  Tesaouant. 

De  Tizgi  à  Tarrout  comme  d’Ourika  à  Tesaouant. 

De  Tarrout  à  Tamnougalt  comme  d'Ourika  à  Tesaouant. 

De  Tamnougalt  à  Irerm  Azeggar  comme  de  Tamnougalt  à  Agdz. 

Irerm  Azeggar  fait  face  à  Irirer. 

Intliten  est  à  peu  près  en  face  de  Rebat,  un  peu  plus  haut  que  lui. 

De  Tizgi  à  Irirer,  pas  de  désert,  tout  est  palmiers. 

Les  trois  premiers  qçars  de  la  rive  droite  et  les  six  premiers  de  la  rive  gauche  portent  le  nom 
collectif  de  Bas  Dra,  ou  Bas  Mezgîta,  ou  Afella  n  A  si  C ,  ou  Afella  n  Dra. 

Le  Mezgîta  est  un  district  indépendant.  Sa  population,  exclusivement  composée  de  Draoua  ( Bara¬ 
tin),  est  gouvernée  par  un  chikh  héréditaire.  Ce  chikh,  ou  plutôt  ce  qaïd,  car  tel  est  le  titre  qu'il  prend. 


288 


est  actuellement  Qaïd  A  bd  er  Rahnian  ben  El  Hasen;  il  réside  à  Tamnougalt;  il  est  blanc  ainsi  que 
ses  enfants  :  ceux-ci  sont  fils  d’une  sœur  du  Zaniti,  chikh  de  Tazenakht.  Sa  famille  a  le  pouvoir  su¬ 
prême  dans  le  Mezgîta  depuis  plusieurs  siècles;  elle  est  originaire  du  Tazarin.  11  ne  reconnaît  le  sul¬ 
tan  que  comme  autorité  spirituelle  et,  de  fait,  n’admet  point  sa  suprématie.  11  lui  envoie  chaque  an¬ 
née  un  cadeau  consistant  en  deux  qantars  de  henné  et  un  ou  deux  chevaux  de  bât.  11  est  fort  riche,  a 
de  grandes  propriétés  et  lève  un  impôt  annuel  de  55  000  francs;  50000  francs  sont  payés  par  ses  sujets 
musulmans,  5  000  par  les  Juifs.  Un  ordre  sévère  règne  sur  son  territoire  :  tout  voleur  est  puni  de  mort  : 
c’est  la  seule  peine  qu’il  connaisse.  Aussi,  quoique  ses  Etats  n’aient  aucun  rapport  avec  le  sultan,  dit- 
on  qu’ils  sont  «  blad  el  makhzen  »,  allusion  à  la  sûreté  et  à  l’ordre  qui  y  régnent.  Le  Mezgîta,  le  dis¬ 
trict  d’Aït  Zeri  et  le  Tinzoulin  sont  les  seuls  lieux  du  Maroc  qui,  bien  qu’indépendants  du  sultan,  soient 
dits  «  blad  el  makhzen  »,  façon  d  exprimer  la  régularité  de  leur  gouvernement. 

En  dehors  du  Mezgîta  proprement  dit,  dont  nous  venons  de  parler,  on  compte  comme  en  faisant 
partie  les  deux  petits  qçars  d’Ourika  (Iouriken),  dans  la  vallée  de  l’Ouad  Tamtsift. 

Il  y  a  à  peine  7  ou  8  chevaux  dans  le  Mezgîta  :  le  qaïd  en  possède  i. 

Le  Mezgîta  a  deux  marchés  :  le  Had  Agdz  et  le  Khemîs  Tamnougalt. 

Il  contient  5  mellahs. 


II.  —  Ait  Seddrât. 


Le  district  de  l’Aït  Seddrât  fait  suite  à  celui  du  Mezgîta  :  il  se  compose  des  rives  de  l’Ouad  Dra,  de 
la  limite  du  Mezgîta  à  celles  de  l’Aït  Zeri  et  du  Tinzoulin.  On  passe  du  Mezgîta  dans  l’ Ait  Seddrât  sans 
s’en  apercevoir,  en  marchant  toujours  à  l’ombre  des  palmiers.  Voici  les  qçars  dont  se  compose  ce  dis¬ 
trict,  dans  l’ordre  où  on  les  rencontre  en  descendant  le  ileuve  : 


1UVE  DROITE 


Ait  Ougzi. 


20  fusils. 


Zaouïa  Tamkasselt. 
Ait  Iaïsi. 

Tamkasselt  el  Hara. 


40 

20 

40 

200 

40 

40 

30 

20 

40 

00 


Tansikht. 

Abernous. 

Tanzmout. 


El  Had. 

Ait  Aïssa. 

Qaçba  Ait  Arbi. 
Irsig. 


RIVE  GAUCHE 


Irir  n  Azeggar. 

Ait  Ilammou  ou  Saïd. 
El  Hara. 

Ait  Melekt. 


80 

50 

00 

20 

80 

00 

50 

30 

10 

50 

20 

llll) 


30  fusils. 


Imjdoudar. 


Ait  Ishaq. 


Ait  Khelfoun. 
Ait  Abd  Allah. 


Tizi  n  Isekfan. 
Zaouïa  Sidi  Dris. 


Azagour. 
Ait  Sakt. 
Taaqilt. 


Distances  :  d’Irirer  à  Ait  Ougzi  connue  de  Tamnougalt  à  Ouriz. 


BASSIN  DE  L’OÜAD  DIIA. 


289 


Ait  Hammou  ou  Saïd  fait  face  à  Ait  Ougzi. 

D'Aït  Hammou  ou  Saïd  à  Taaqilt  comme  de  Tesaouant  à  Tamnougalt. 
Irsig  fait  face  à  Taaqilt. 


Les  Ait  Seddrât  sont  une  nombreuse  tribu  tamazirt,  partie  sédentaire,  partie  nomade,  possédant 
des  qçars  et  des  tentes.  Les  qçars  sont  sur  l'Ouad  Dra  et  l’Ouad  Dâdes,  les  tentes  entre  ces  deux  cours 
d’eau,  dans  le  massif  du  Sarro.  Ils  se  divisent  en  deux  groupes,  les  Ait  Zouli  etles  Ait  Mehelli.  Chacun 
d’eux  compte  environ  2000  fusils.  Voici  la  décomposition  des  Ait  Seddrât  : 


Aït  Ali  ou  Haseïn. 
Ait  Iidir. 


Imzdouder. 

Aït  Bou  Taliammart. 


Les  différentes  fractions  des  Ait  Seddrât  ne  vivent  pas  groupées  :  elles  sont  disséminées  et  mélan¬ 
gées  entre  elles,  aussi  bien  dans  les  qçars  du  Dra  que  dans  ceux  de  l’Ouad  Dâdes.  Voici  comment  la 
tribu  se  gouverne  :  ceux  qui  sont  dans  le  Dra  élisent  un  chikh  pour  une  année;  un  an,  il  est  pris  parmi 
les  Ait  Zouli,  un  an  parmi  les  Ait  Mebelli.  Ceux  de  l’Ouad  Dâdes  font  de  même.  Les  nomades  se 
réunissent  pour  cette  élection,  qui  à  ceux  du  Dra,  qui  à  ceux  de  l’Ouad  Dâdes.  Ces  chikhs  nommés 
pour  une  année,  que  nous  avons  vus  apparaître  la  première  fois  sur  l’Ouad  Dâdes,  sont  appelés  chikh 
cl  nam.  L’usage  des  chikh  el  aam  est  spécial,  dans  le  Maroc,  aux  trois  tribus  des  Ait  Seddrât,  des 
Imerrân  et  des  Berâber.  Ces  derniers,  dans  toute  l’étendue  de  leur  immense  territoire  et  dans  leurs 
innombrables  subdivisions,  ont  cette  méthode  uniforme  de  gouvernement,  qui  est  un  de  leurs  carac¬ 
tères  particuliers. 

Les  Ait  Seddrât  sont  blancs,  mais  bronzés.  Ils  sont  très  braves  :  leur  réputation  de  courage  s’étend 
au  loin.  Ils  ne  parlent  que  le  tamazirt. 

Les  Ait  Seddrât  n’ont  aucune  relation  avec  le  sultan.  Ils  sont,  comme  toutes  les  tribus  de  l’Ouad 
Dra  et  comme  le  pays  de  Dra,  entièrement  indépendants. 

Le  district  de  E Aït  Seddrât  est  habité  par  des  Draoua  et  par  des  Aït  Seddrât  :  le  gouvernement  est 
entre  les  mains  de  ces  derniers.  Il  y  a  environ  30  chevaux  dans  le  district. 

Un  marché,  le  Tlâta  Tanzmout. 


Un  mellah. 


III.  —  Aït  Zeri  et  Tinzoulin. 


Au-dessous  du  district  d’Aït  Seddrât,  lui  faisant  suite,  se  trouvent  :  sur  la  rive  droite,  le  district  de 
l'Aït  Zeri,  puis  celui  du  Tinzoulin,  réunis  sous  l’autorité  d’un  seul  chef,  Chikh  Kl  Arabi  ben  Olman  ; 
sur  la  rive  gauche,  d’abord  deux  qçars,  l’un  indépendant,  l'autre  sous  le  pouvoir  de  Chikh  ben  Olman; 
puis  le  commencement  du  grand  district  du  Ternata.  Cette  portion  du  Ternata  qui  fait  face  à  I  Vît.  Zeri 
et  au  Tinzoulin  a  un  nom  spécial,  lias  Ternata.  Nous  en  parlerons  plus  tard  en  même  temps  que  du 
Ternata. 

En  quittant  l’Aït  Seddrât  ,  on  trouve  donc  sur  l’Ouad  Dra  : 


rive  gauche  : 


Ifriouin  (zaouïa  indépendante  habitée  par  des  marabouts). 
Timesla  (soumise  à  Chikh  El  Arabi  tien  Otman). 


30  fusils. 
150 


Puis  on  entre  dans  Ras  Ternata. 


RECONNAISSANCE  Al)  MAROC. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


200 


III VE  DROITE  : 


Ait  Zeri 


Tinzoulin 


Qciba  Chikh  El  Arabi  ben  Otman  (porte  aussi  le  nom  d’Aït  Otman). 

.r>0  fusils 

Tinegza. 

20 

Ouriz  Oulad  Megeddem. 

60 

Oulad  Mousa. 

50 

Igdaoun. 

150 

Aqebt. 

30 

Oulad  Mesad. 

100 

Zaouïa  Amadar. 

30 

El  11  ara. 

10 

Qaçba  el  Makhzen. 

100 

Aït  Rehou. 

30 

El  Haddan. 

40 

Rebat. 

200 

Amerdoul. 

30 

Aït  el  Hadj  El  Hasen. 

100 

Idderb. 

30 

Timskalt. 

50 

Zaouïa  el  Feggouç. 

20 

Distances  :  d'Irsig  à  Qcîba  Chikh  El  Arabi  comme  de  Tamnougalt  à  Ourika. 
D’Ifriouin  à  Taacjilt  comme  d’Ouriz  à  Tamnougalt. 

De  Qciba  Chikh  el  Arabi  à  Aqebt  comme  de  Tesaouant  à  Ourika 
D’Aqebt  à  Zaouïa  el  Feggouç  comme  de  Tesaouant  à  Tamnougalt 


Pas  de  marché  dans  T  Ait  Zeri.  Deux  marchés 


dans  le  Tinzoulin  :  le  tenîn  et  le  khemis  de  Rebat. 


Un  mollah  dans  FAït  Zeri,  et  deux  dans  le  Tinzoulin. 

Les  Ait  Zeri  sont  une  fraction  des  Oulad  Iahiu,  grande  tribu  nomade  dont  nous  parlerons  plus  loin. 
Chikh  El  Arabi  ben  Otman  appartient  à  cette  tribu,  à  la  tête  de  laquelle  est  depuis  longtemps  sa  famille  : 
les  États  de  Chikh  El  Arabi  sont  formés  de  fous  les  Oulad  labia,  aussi  bien  les  nomades,  ceux  du 
Zgid,  etc.,  que  ceux  qui  habitent  le  Ternata  et  que  les  Ait  Zeri,  puis  du  Tinzoulin  et  de  Timesla.  Ti- 
mosla  el  le  Tinzoulin  sonl  peuplés  de  Ilraoua,  l’Aït  Zeri  d’Oulad  labia.  Chikh  ben  Otman  a  un  pouvoir 
despotique  sur  ses  sujets  des  bords  de  l’Ouad  Dra,  et  une  autorité  très  limitée  sur  les  autres. 

Il  y  a  une  trentaine  de  chevaux  parmi  les  Oulad  labia  des  bords  de  l’Ouad  Dra;  il  n’y  en  a  que  deux 
ou  trois  dans  le  Tinzoulin. 


IV.  —  Ternata. 

Au-dessous  du  Tinzoulin,  se  trouve  le  district  du  Ternata  :  nous  avons  vu  que  sur  la  rive  gauche  il 
commence  plus  haut,  après  Timesla  :  le  Ternata  se  compose  donc  de  deux  portions,  l’une  où  il  s’é¬ 
tend  sur  les  deux  rives  du  Dra,  c’est  le  Ternata  proprement  dit;  l’autre  où  il  n’en  occupe  que  la  rive 
gauche,  c’est  Ras  Ternata.  Les  divers  qçars  du  Ternata  sont,  en  descendant  le  fleuve  à  partir  de  Ti¬ 
mesla  : 

RIVE  GAUCHE  : 


Aït  Abd  Allah  ou  Mimoun  J 

200  fusils. 

Akhellouf . 1 

300 

ISou  Nan . '  , 

150 

„  ■  )  Ras  1  ernata. 

Zergan . 1 

75 

Tiggint . \ 

75 

El  Douirat . ) 

50 

Imi  Ougni. 

50 

Arlal  Fouqani. 

30 

Qaçba  Foum  Tazenakht  (appelée  aussi  Tafroust). 

60 

Béni  Zouli. 

300 

BASSIN  DE  L’OUAD  DBA. 


291 


Takhelil.  200  fusils. 

Tanagamt.  40 

Ilara  el  Khoubz.  •  40 

El  Ilara.  40 

Tinegdid.  40 

Irerdaïn.  100 

Asouhad.  40 

Aderbaz.  40 

Astour.  300 

Bou  Zergan.  200 

Tidsi.  00 

Bir  Chat.  80 

Qcar  Djedid.  50 

Zaouïa  Sidi  Ben  Nacer.  15 

El  Mançouria.  150 

Bou  Khelal.  200 

Tamzout.  30 

Tamazirt.  80 

Oulad  el  Hadj  (2  petits  qçars  :  Qçîba  Oulad  el  Agid  et  Qçîba  Oulad  cl  Bacha).  100 
Zaouïa  el  Qlaa  (appelée  aussi  Zaouïa  el  Ftah).  40 

RIVE  DROITE  I 

Afra  Oulad  es  Soultân.  150  fusils. 

El  Kaba  (Oulad  Ioub)  (2  qçars).  400 

Zaouïa  Oulad  Ioub.  20 

Tarzout.  80 

El  Meqatra  (2  qçars).  150 

Mêlai.  200 

Oulad  Ousa.  300 

Qçîba  Oulad  Ousa.  30 

Rebat  el  Hadjer.  80 

Zaouïa  Amrou  ou  Abd  er  Rabman.  100 

Tisergat.  200 

Tirzert.  80 

El  Kherraza.  GO 

Tigit  Oulad  Chaouf.  200 

Tigit  Ait  b  Oulman.  70 

Aria  ou  Asif.  50 

Qçîba  Sidi  Oumbarek.  40 

Qçîba  el  Mqadra.  50 

Qçîba  Berda.  00 

El  Aroumiat.  300 

Asrir  Ilemsan  (ce  qçar  est  compté  du  Fezouata).  80 

Iqoubban  (zaouïa).  30 

Mehdia.  100 

Tanzita  (2  qçars,  le  plus  haut  habité  par  des  cherifs).  200 

Zaouïa  Tanzita  (porte  aussi  le  nom  de  Zaouïa  cl  Baraka).  30 


Distances  :  d’Ifriouin  à  Béni  Zouli  1  fois  et  demie  comme  de  Tamnougalt  à  Tesaouant. 

De  Béni  Zouli  à  Astour  comme  de  Tamnougalt  à  Ourika. 

D'Astour  à  Mançouria  comme  de  Tamnougalt  à  Ourika. 

De  Mançouria  à  Zaouïa  el  Qlaa  comme  de  Tamnougalt  à  Ouriz. 

De  Zaouïa  el  Feggouç  à  Afra  Oulad  es  Soultân  comme  de  Tamnougalt  à  Agdz. 
D’Afra  Oulad  es  Soultân  à  El  Aroumiat  comme  de  Tamnougalt  à  Tesaouant. 
D’El  Aroumiat  à  Zaouïa  Tanzita  comme  de  Tamnougalt  à  Agdz. 

Afra  Oulad  es  Soultân  est  immédiatement  au-dessous  de  Zaouïa  el  Feggouç. 
Bou  Nana  est  en  face  de  Zaouïa  el  Feggouç. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


292 

Béni  Zouli  est  en  face  de  Mêlai  et  d’Oulad  Ousa. 

Tisergat  est  en  face  d’Astour. 

Mançouria  est  en  face  d‘El  Aroumiat. 

Mehdia  est  en  face  de  Zaouïa  el  Qlaa. 

Zaouïa  el  Baraka  est  en  face  d’Amzrou  (Fezouata). 

Le  l'orna  ta  n’est  pas  un  État  compact  comme  le  Mezgîta,  TAïtSeddrât,  l’Aït  Zeri  et  le  Tinzoulin. 
C’est  une  réunion  de  qçars  appartenant  à  deux  tribus  différentes,  sans  qu’aucune  autorité  supérieure, 
assemblée  ou  chikh,  les  unisse  jamais.  Les  habitants  du  Ternata  sont  :  des  Draoua,  disséminés  dans 
toutes  les  localités,  mais  n’en  possédant  aucune,  les  Itoha  et  des  Oulad  labia.  Ces  deux  dernières  tribus 
se  partagent  tous  les  qçars;  voici  comment  : 

Los  Roha  possèdent  :  1"  la  portion  du  Ternata  située  sur  la  rive  gauche  de  TOuad  Dra  (Ras  Ternata 
compris);  2°  sur  la  rive  droite  :  Afra,  El  Meqatra,  et  ce  qui  est  au-dessous  de  Tigit  Ait  b  Oulman, 
ainsi  que  ce  dernier  qçar,  moins  Asrir  Ilemsan. 

Les  Oulad  f aida  possèdent  le  reste  de  la  rive  droite. 

Enfin,  un  des  qçars  du  Ternata,  Asrir  Ilemsan,  appartient  aux  Beràber  et  est  compté  du  Fezouata. 

Les  Roha  forment  une  tribu  à  part.  Ils  se  disent  d’origine  arabe  et  ne  parlent  qu’arabe.  Ils  n’habi- 
tent  que  des  qçars;  les  seuls  qu’ils  aient  sont  ceux  du  Ternata.  Là  se  trouve  massée  toute  leur  tribu. 
Chez  eux,  point  de  chikh,  point  de  chef  ni  héréditaire  ni  temporaire  :  chaque  localité  se  gouverne  à 
sa  fantaisie  et  a  une  existence  politique  isolée  de  celle  de  ses  voisins.  Les  Roha  sont  aussi  indépen¬ 
dants  que  les  Beràber  eux-mêmes,  et  ne  sont  vassaux  de  personne.  Ils  ont  environ  50  chevaux. 

Les  marchés  du  Ternata  sont  :  l'Arbaa  Akhellouf,  le  Kheinîs  Béni  Zouli,  le  Had  Astour,  le  Tenîn 
El  Aroumiat,  le  Djemaa  Tisergat. 

Il  y  a  au  Ternata  (!  mellahs. 

V.  —  Fezouata. 

Au  district  du  Ternata  succède,  immédiatement  au-dessous  de  lui,  celui  du  Fezouata,  appelé  aussi 
Tagnnadart.  Le  Fezouata  comprend  les  deux  rives  de  l’Ouad  Dra;  il  est  limité  dans  sa  partie  inférieure 
par  le  désert  d’El  Kheneg. 

Voici  les  qçars  dont  il  se  compose,  dans  Tordre  où  on  les  trouve  en  descendant  le  fleuve  : 

RIVE  GAUCHE  : 


Amzrou  (debiha  sur  les  Imsouffa).  300  fusils. 

Qcîba  Aït  Aqqo  (debiha  sur  les  Imsouffa).  20 

Charet  (debiha  sur  les  Imsouffa).  150 

Ait  Kheddou  (debiha  sur  les  Imsouffa).  40 

Asrir  Ignaouen  (debiha  sur  les  Ait  Aïssa  ou  Brahim).  70 

Qcîba  Ilemsan  (debiha  sur  les  Ilemsan).  50 

Béni  Otman  (debiha  sur  les  Imsouffa).  30 

Aria  Oudrar  (debiha  sur  les  Imsouffa).  500 

Agrour  (debiha  sur  les  Imsouffa).  50 

Timtig  (2  qçars  habités  par  des  cherifs;  debiha  sur  les  Imsouffa).  80 

Béni  Khallouf  (debiha  sur  les  Ignaouen).  150 

Oulad  Bou  Ions  (debiha  sur  les  Aïtlsfoul).  100 

Tamegrout  Ait  Ben  Nacer  (Zaouïa  Sidi  Ben  Nacer;  le  chef  de  la  famille  et  de  la 
zaouïa  est  aujourd'hui  Sidi  Mohammed  ou  Bou  Bekr).  100!) 

Sefalat  (pas  de  debiha  sur  les  Beràber.  Les  Sefalat  sont  des  Roha  indépendants).  800 
Qçàbi  Izligen  (debiha  sur  les  Izligen).  100 

RIVE  DROITE  I 

Oulad  Brahim  (debiha  sur  les  Aït  Isfoul).  300  fusils. 

El  Megarba  (debiha  sur  les  Izakenniouen).  80 


BASSIN  DE  L’OUAD  DBA. 


293 


Agni  (debiha  sur  les  Ignaouen).  GO  fusils. 

Tazrout  (debiha  sur  les  Aït  Bou  Iknifen).  100 

Tinfou  (debiha  sur  les  Izligen).  100 

Zaouïa  Sidi  Bou  Nou.  100 


Distances  :  d’Amzrou  à  Tamegrout  comme  de  Tamnougalt  à  Tesaouant. 

De  Timtig  à  Tamegrout  comme  de  Tamnougalt  à  Iouriken. 

De  Tamegrout  à  Qçâbi  Izligen  comme  de  Tamnougalt  à  Tesaouant. 

Oulad  Braliim  esta  hauteur  de  Tamegrout. 

On  voit  qu’entre  Amzrou  et  Tamegrout  il  n’y  a  point  de  qçar  sur  la  rive  droite.  Cependant  les  deux 
bords  et  une  partie  du  lit  du  fleuve  ne  cessent  sur  cette  étendue  d’être  couverts  de  palmiers. 

Au  Fezouata  appartient  encore  le  qçar  d’Asrir  Ilemsan,  situé  sur  le  territoire  du  Ternata. 

Fezouata  ou  Tagmadart  est,  comme  Ternata,  le  nom  d’une  région  et  non  celui  d’une  tribu.  Ici  non 
plus,  ni  assemblée  ni  chikh  ne  gouverne  tout  le  district.  Chaque  localité  vit  isolée  et  s’administre  à 
sa  guise.  Les  qçars  appartiennent  à  leurs  habitants,  qui  sont  des  Draoua  :  chacun  est  indépendant  des 
autres,  et  a,  séparément,  sa  debiha  sur  une  fraction  dos  Berâber.  De  même  que  les  Draoua  du  nord 
sont  soumis  qui  aux  Aït  Scddrât,  qui  aux  Oulad  labia,  qui  aux  Boha,  ceux  du  Fezouata  et  des  districts 
situés  au  sud  du  Fezouata,  c’est-à-dire  du  Qtaoua  et  d’El  Mhamid,  sont  soumis  aux  Berâber.  Cette 
sujétion  diffère,  par  ses  conditions,  de  celle  du  nord.  Là,  les  Draoua,  enveloppés  dans  une  popula¬ 
tion  étrangère  souvent  plus  nombreuse  qu’eux,  partout  mélangés  avec  elle,  n’ont  aucune  part  à  l’ad¬ 
ministration  et  ne  sont  comptés  pour  rien.  A  partir  d’ici,  ils]  sont  les  seuls  habitants  fixes;  mais, 
comme  les  qçars  de  Tatta,  et  bien  plus  qu’eux,  ils  sont  obligés,  pour  être  à  l’abri  de  la  puissante 
tribu  nomade  qui  les  entoure,  d’avoir  chacun  leur  debiha  sur  une  de  ses  fractions.  En  raison  de  la 
faiblesse  des  Draoua  et  de  la  puissance  de  leurs  voisins ,  les  Ait  Atta  (l’un  des  deux  grands  groupes 
des  Berâber),  les  charges  du  vasselage  sonl  lourdes  pour  les  trois  districts  du  bas  Dra.  Nous  avons  in¬ 
diqué  plus  haut  sur  quelle  fraction  des  Aït  Alta  chaque  qçar  du  Fezouata  a  sa  debiha. 

La  population  du  Fezouata  se  compose  donc  d’abord  des  habitants  fixes,  les  Draoua,  qui  se  gou¬ 
vernent  eux-mêmes,  chaque  qçar  séparément,  comme  les  gens  de  Tisint  et  de  Talla;  puis  de  Berâber 
de  passage  :  ceux-ci  ont  dans  les  qçars  des  maisons  où  ils  déposent  leurs  provisions,  mais  où  ils  n’ha¬ 
bitent  pas,  vivant  d’ordinaire  sous  la  tente. 

Point  de  chevaux  chez  les  Draoua  du  Fezouata,  ni  chez  ceux  du  Qtaoua  et  d’El  Mhamid. 

Deux  marchés  dans  le  Fezouata  :  l’Arbaa  Amzrou  et  le  Sebl  Tamegrout. 

Un  mollah. 

Entre  Zaouïa  el  Qlaa  et  Amzrou,  sont  les  ruines  d’une  ville  autrefois  la  plus  peuplée  et  la  plus  puis¬ 
sante  du  Dra,  Zegoura. 

Tamegrout  est  le  siège  d’une  des  plus  grandes  zaouïas  du  Maroc.  C’est  l’une  des  cinq  dont  l’influence 
politique  aussi  bien  que  religieuse  s’étend  an  loin  et  peut  acquérir  par  les  circonstances  une  impor¬ 
tance  énorme  :  ces  cinq  zaouïas  sont  :  celle  d’Ouazzân  (Moulei  Abd  es  Selam),  celle  de  Bou  el  Djad 
(Sidi  Ben  Daoud),  celle  du  Metrara  (Chikh  Mohammed  el  Arabi  el  Derkaoui),  celle  de  Tamegrout  (Si¬ 
di  Mohammed  ou  Bou  Bekr),  celle  du  Tazeroualt  (Sidi  El  lloseïn).  En  ce  moment,  l'influence  des  qua¬ 
tre  premières  est  surtout  religieuse,  celle  de  la  cinquième  surtout  politique.  Le  pouvoir  de  Sidi  Ben 
Nacer  est  immense  dans  toute  la  vallée  de  l'Ouad  Dra,  dans  celle  du  Sous,  dans  celles  des  ouads  Dâ- 
des  et  Idermi;  il  s'étend  jusqu’à  Tatta  et  Agadir  Irir  à  l’ouest,  jusqu’à  moitié  chemin  du  Tafilelt  à 
l'est.  Cette  zone,  qui  comprend  une  grande  partie  de  la  tribu  des  Berâber,  presque  tout  le  groupe  des 
Aït  Atta,  est  entièrement  à  sa  dévotion.  On  vient  en  pèlerinage  à  Tamegrout  de  bien  plus  loin  encore, 
de  Mogador,  du  Sahel,  du  Tafilelt  :  le  nom  de  Sidi  Mohammed  ou  Bon  Bekr  est  connu  et  vénéré  dans 
tout  le  Maroc.  Le  sultan  marque  en  toute  occasion  le  plus  grand  respect  pour  ce  saint. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


VI.  —  Qtaoua. 


En  sortant  du  Fczouata,  l’Ouad  Dra  entre  dans  un  désert  appelé  El  Khewg  :  plus  de  cultures,  plus  de 
palmiers,  ni  dans  son  lit  ni  sur  ses  bords  :  le  désert  est  absolu  ;  mais  il  n’est  pas  long.  La  longueur  en 
est  égale  à  deux  fois  la  distance  de  Tanmougalt  à  Ourika.  C'est  à  l’extrémité  de  ce  désert  que  le  fleuve 
traverse  le  Bani  :  il  perce  la  chaîne  au  kliencg  appelé  Foum  Tacjqat.  Cette  trouée  par  laquelle  l'Ouad 
Dra  débouche  dans  le  Sahara  proprement  dit,  au  sud  de  la  digue  si  étrange  du  Bani,  a  une  grande 
célébrité  chez  les  Berûber.  Ils  la  regardent  comme  le  lieu  de  leur  origine  première,  comme  leur  ber¬ 
ceau  commun,  et  y  font  chaque  année  des  pèlerinages  et  des  sacrifices.  Après  avoir  passé  Foum  Taq- 
q a t ,  on  arrive  bientôt  au  district  du  Qtaoua. 

Le  Qtaoua,  qu’on  appelle  aussi  fi  Azrar,  est  borné  au  nord  par  le  petit  désert  d’El  Kheneg  et  au  sud 
par  celui  de  Bou  Selman.  11  se  compose  des  qçars  suivants,  situés  sur  les  bords  de  l’Ouad  Dra  :  voici 
leur  énumération,  en  descendant  le  fleuve  : 


RIVE  DROITE  I 


100  fusils. 


Béni  Semgin  (debiha  sur  les  Ignaouen). 

Qçâbi  Oulad  Bon  Ijerira  (debiha  sur  les  Ignaouen). 
Regba  (debiha  sur  les  Ignaouen). 

Insrad  (debiha  sur  les  Ignaouen). 

Béni  Haïoun  (debiha  sur  les  Ignaouen). 

Qacba  er  Remla  (debiha  sur  les  Ilemsan). 
Iklichouan  (debiha  sur  les  Ilemsan). 

Béni  Ilenaït  (debiha  sur  les  Aït  Bou  Iknifen). 
Zaouïa  Sidi  Çaleh. 

Béni  Sbih  (debiha  sur  les  Aït  Bou  Iknifen). 

Aït  Reba  (debiha  sur  les  Ignaouen). 


40 

GO 

1000 

G00 

50 

200 

200 


400 

80 


Zaouïa  Sidi  Abd  el  Ali. 

Zaouïa  el  Berrania. 

Distances  :  de  Qçâbi  Izligen  à  Béni  Semgin  comme  de  Tanmougalt  à  Tesaouant. 

De  Béni  Semgin  à  Insrad  comme  de  Tamnougalt  à  Ouriz. 

DTnsrad  à  Béni  Haïoun  comme  de  Tamnougalt  à  Takatert. 

De  Béni  Haïoun  à  Béni  Sbih  comme  de  Tamnougalt  à  Ouriz. 

De  Béni  Sbih  à  Zaouïa  el  Berrania  comme  de  Tamnougalt  à  Ouriz. 

La  population  du  Qtaoua  est  la  même  ct.se  trouve  dans  les  mêmes  conditions  que  celle  du  Fczouata. 
Elle  se  compose  de  Draoua  (ilaratîn)  se  gouvernant  à  leur  fantaisie  dans  leurs  murs,  mais  tributaires 
des  Berûber  :  un  certain  nombre  de  ces  derniers  habitent  parmi  eux,  à  litre  d’étrangers;  ils  ont  des 
maisons  dans  les  qçars,  y  vivent  une  partie  de  l’année,  et  l’autre  errent  sous  la  tente.  En  dehors  des 
Draoua  et  des  Berûber,  il  y  a  une  troisième  classe  de  personnes  :  celle  des  chéri  fs  et  des  marabouts  : 
ils  sont,  comme  presque  partout,  indépendants. 

Il  existe  trois  très  grands  qçars  dans  le  Qtaoua  :  Insrad,  Béni  Haïoun  et  Boni  Sbih. 

Insrad  est  remarquable  par  l’instruction  et  la  piété  de  sa  population  :  presque  tous  les  hommes  sont 
talebs  ou  hadjs.  Le  qçar  est  administré  par  un.chikh  :  le chikh  actuel  s’appelle  Er  Ilijel  ;  c’est  un  Draoui 
des  plus  noirs.  Insrad  n'a  qu’une  seule  porte;  quiconque  pénètre  dans  la  ville  y  dépose  ses  armes  en 
entrant. 

Béni  Haïoun  est  gouverné  par  son  chikh,  El  Bechra  ould  Mellouk.  C’est  l’homme  le  plus  puissant  du 
Qtaoua.  Il  a  sous  son  autorité  plusieurs  autres  qçars  :  Béni  Henaïl,  Ikhehouan,  Qaçba  er  Remla,  Zaouïa 
Sidi  Çaleh.  Béni  Haïoun,  sa  résidence,  forme  ainsi  la  capitale  d’une  petite  confédération  :  c’est  pour¬ 
quoi  on  donne  parfois  à  ce  qçar  le  nom  d’El  Qtaoua.  Chikh  El  Bechra  est ,  comme  ses  voisins,  vassal 
des  Berûber.  Il  est  célèbre  par  ses  richesses  et  son  luxe:  il  possède  un  immense  jardin  où  sont  enfer- 


BASSIN  DE  L’OUAD  DBA. 


2«j;, 

rués  des  mouflons,  des  gazelles,  des  autruches  et  d’autres  animaux  du  désert.  Outre  ses  marchés  heb¬ 
domadaires,  Béni  llaïoun  a  un  marché  permanent  au  milieu  du  qçar. 

Béni  Sbih  est  un  grand  qçar,  rival  de  Béni  llaïoun  et  souvent  en  guerre  avec  lui;  il  a  pour  chikh  un 
Draoui ,  Chikh  lil  Aziz.  Béni  Sbih  possède  six  mosquées  et  un  marché  permanent.  L’enceinte  du  qçar 
n’a  que  deux  portes. 

Les  marchés  du  Qtaoua  sont,  outre  les  marchés  permanents  mentionnés  :  le  had  et  le  khemîs  de 
Béni  llaïoun,  le  had  et  le  khemîs  de  Béni  Sbih. 

Deux  mellahs,  l’un  à  Béni  llaïoun,  l’autre  à  Béni  Sbih. 

VII.  —  El  Mhamicl. 


El  Mhamid,  ou,  comme  on  l’appelle  pour  le  distinguer  d'autres  lieux  du  même  nom,  Mhamid  el 
Rozlân,  est  le  dernier  district  du  pays  de  Dra.  Entre  le  Qtaoua  et  lui  se  trouve  un  court  désert,  Khela 
Bon  Selman.  Le  fleuve  le  traverse,  les  rives  stériles.  11  en  sort  pour  entrer  dans  El  Mhamid,  où  ses 
bords  se  couvrent  de  nouveau  de  palmiers  et  de  qçars;  voici  les  noms  de  ces  derniers,  dans  l’ordre  où 
on  les  rencontre  en  descendanl  le  fleuve  : 


RIVE  GAUCHE  : 

Oulad  Dris  (debiha  sur  les  Aït  Bou  Daoud).  400  fusils. 

Bou  Non  (debiha  sur  les  Aït  Alouan).  80 

Tleha  (debiha  sur  les  Aït  Bou  Daoud).  100 

El  Mharza  (debiha  sur  les  Ignaouen).  50 

Qciba  Aït  Aïssa  ou  Brahim  (Aït  Aïssa  ou  Brahini).  100 

Oulad  Hamed  (debiha  sur  les  Ignaouen).  300 

El  Betha  (debiha  sur  les  Aït  Bou  Daoud).  80 

Cendouga  (debiha  sur  les  Ignaouen).  40 

Oulad  Mhiia  (debiha  sur  les  Aït  Alouan).  200 

Qciba  Chiadma  (pas  de  debiha.  Les  Chiadma  sont  Arabes  et  indépendants).  200 
Qciba  Sidi  Zaoui  (debiha  sur  les  Aït  Alouan).  100 

Distances  :  de  Zaouïa  el  Berrania  à  El  Betha  comme  de  Tamnougalt  à  Tesaouant. 

D’El  Betha  à  Oulad  Hamed .  000  mètres. 

D'Oulad  Hamed  à  Cendouga  comme  de  Tamnougalt  à  Takatert. 

De  Cendouga  à  Qciba  Chiadma.  .  .  .  800  mètres. 

D’Oulad  Hamed  à  Oulad  Dris  comme  de  Tamnougalt  à  Ouriz. 

D’Oulad  Dris  à  El  Betha  comme  de  Tamnougalt  à  Ouriz. 

D’Oulad  Mhiia  à  Cendouga .  800  mètres. 

La  population  d’El  Mhamid  est  semblable  à  celle  du  Qtaoua  et  du  Fezouata  et  se  trouve  dans  les 
mêmes  conditions  :  Uraoua  tributaires  des  Berâber,  possédant  les  qçars,  et  se  gouvernant  dans  chacun 
d’eux  isolément  et  à  leur  guise;  Berâber  de  passage;  cherifs  indépendants. 

Point  d’autre  marché  que  le  marché  permanent  d’Oulad  Hamed. 

Un  mellah. 

Au  sortir  d’El  Mhamid,  l’Ouad  Dra  s’enfonce  dans  le  désert  :  il  y  reste  jusqu’à  l’Océan. 


VIII.  —  Affluents  de  l'Ouad  Dra. 

Voici  les  noms  de  quelques-uns  des  affluents  de  l’Ouad  Dra,  entre  le  Klicneg  Tarea  et  El  Mhamid. 
Affluents  de  la  rive  droite  : 

Ouad  imider.  —  11  a  son  confluent  au-dessus  de  Rebat  (Mczgîta).  Il  ne  traverse  que  le  désert. 

Ouad  Tamtsift.  —  Il  a  son  confluent  au-dessus  d’Ouriz.  Il  arrose  successivement  la  qoubba  de  Tarourt, 
Tasla  Aït  Brahim,  Aït  Semgan  (appelé  aussi  Amenrirka),  Tesaouant,  Ourika.  A  Ourika,  se  jette  sur  sa 
rive  gauche  un  ruisseau  prenant  sa  source  à  Aïnach,  zaouïa  avec  dattiers  et  cultures  située  à  quelque 
distance  dans  la  montagne. 


290 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Ouad  Agni  Ouremd.  —  11  a  son  confluent  au-dessus  d’Aremd;  il  ne  traverse  que  le  désert. 

Ouad  Bou  Louytin.  —  Il  a  son  confluent  à  Argioun.  Cette  localité  est  à  égale  distance  de  Tamnougalt  et 
d’Ourika. 

Ouad  Alemt.  —  Il  a  son  confluent  au-dessus  de  Tamkasselt;  il  ne  traverse  que  le  désert  :  c’est  un  cours 
d’eau  d’une  assez  grande  longueur. 

Ouad  Tansikht.  —  Il  a  son  confluent  au-dessus  d’Aït  Oussilii;  c'est  un  cours  d’eau  assez  long,  mais  ne 
traversant  que  le  désert. 

Ouad  Alemta.  —  Il  a  son  confluent  au-dessus  de  ltebat  Ait  Mimoun;  il  ne  traverse  que  le  désert,  bien 
qu’assez  long.  Alemta  est  le  nom  d’une  montagne  d’où  descendent  plusieurs  rivières. 

Ouad  Tasminert.  — -  Il  a  son  confluent  entre  Aqcbt  et  Oulad  Mesad.  11  vient  du  Khela  Tasminert  et  de¬ 
meure  pendant  tout  son  cours  dans  le  désert. 

Ouad . —  11  a  son  confluent  au-dessus  de  Zaouïa  Amadar;  il  ne  traverse  que  le  désert. 

Ouad  M hit.  —  Il  a  son  confluent  au-dessus  de  Timskalt.  Il  ne  traverse  que  le  désert. 

Ouad . —  Il  a  son  confluent  sous  Zaouïa  el  Feggouç.  Il  ne  traverse  que  le  désert. 

Ouad  Nfui.  —  11  a  son  confluent  sous  Qaçba  el  Kaba.  Il  ne  traverse  que  le  désert. 

Ouad  El  Batha  el  Beida.  —  11  a  son  confluent  au-dessus  de  Tarzout.  Il  ne  traverse  que  le  désert. 

Ouad  Gremar.  —  Il  a  son  confluent  au-dessus  d’El  Meqatra.  Il  ne  traverse  que  le  désert. 

Ouad  Abd  Allah.  —  Il  a  son  confluent  au-dessus  de  Rebat  el  Hadjer.  Il  ne  traverse  que  le  désert. 

Ouad  Mergou.  —  Il  a  son  confluent  au-dessus  d’El  Aroumiat.  Il  ne  traverse  que  le  désert. 

Ouad  el  Feja.  —  Il  a  son  confluent  au-dessous  de  Zaouïa  el  Baraka: c’est  un  cours  d’eau  long,  mais  désert. 

Ouad  el  Miet.  —  Il  a  son  confluent  au-dessous  d’Oulad  Brahim.  Il  ne  traverse  que  le  désert. 

Ouad Zerri.  —  Il  a  son  confluent  au-dessus  d’Anagam.  Il  ne  traverse  que  le  désert. 

Affluents  de  la  rive  gauche  : 

Ouad  idili.  —  Il  a  son  confluent  au-dessous  de  Tiniril.  Il  prend  sa  source  dans  le  Sarro  :  le  cours  en 
est  désert. 

Ouad  Tara  Melloul.  —  11  a  son  confluent  au-dessous  de  Taleouin.  Le  cours  en  est  désert. 

Ouad  Abdi.  —  Il  a  son  confluent  au-dessus  de  Talat  :  il  ne  traverse  que  le  désert.  Il  prend  sa  source 
dans  le  Djebel  Kisan  et  n’est  qu’un  ravin  très  court  :  au  contraire,  les  cours  d’eau  précédents  sont  longs. 

Ouad  au  Aïssa  ou  Daoud.  —  Il  a  son  confluent  au-dessous  d’Aït  Khelfoun  ;  il  ne  traverse  que  le  désert. 

Ouad  Tangarfa. —  Il  a  son  confluent  au-dessous  d’Aït  Khelfoun  :  il  ne  traverse  que  le  désert,  et  se  jette 
audessous  du  cours  d’eau  précédent. 

Ouad  Ousreït. —  Il  a  son  confluent  au-dessous  d’Abernous;  il  ne  traverse  que  le  désert. 

Ouad  Tamellalt.  —  Il  a  son  confluent  au-dessous  de  Zaouïa  Sidi  Dris;  il  ne  traverse  que  le  désert. 

Ouad . —  Il  a  son  confluent  entre  Taaqilt  et  Ifriouin;  il  ne  traverse  que  le  désert. 

Ouad. . —  Il  a  son  confluent  entre  Ifriouin  et  Timesla;  il  ne  traverse  que  le  désert. 

Chaba  Moulei  laqob.  Il —  a  son  confluent,  au-dessus  d’Aït  Abd  Allah  ou  Mimoun;  il  ne  traverse  que 
désert. 

Chaba  Moulei  Bou  Fers. —  Il  a  son  confluent  au-dessus  d'Akhellouf;  il  ne  traverse  que  le  désert. 


Chaba . —  Il  a  son  confluent  au-dessus  d’El  Douirat.  Il  ne  traverse  que  le  désert.  Ce 

cours  d’eau,  ainsi  que  les  quatre  précédents,  prend  sa  source  dans  le  Khela  Bou  Zeroual. 

Chaba . —  Il  a  son  confluent  sous  Tafroust;  il  ne  traverse  que  le  désert.  On  appelle 


Tazenakht  l’endroit  où  il  se  jette  dans  le  fleuve. 

Ouad  el  Miet.  — 11  a  son  confluent  sous  Bou  Zergan  :  c’est  une  rivière  longue;  elle  ne  traverse  que 
le  désert. 

Ouad  el  Farer.  —  11  a  son  confluent  entre  Zegoura  el  Zaouïa  el  Ftah.  Il  prend  sa  source  à  Foum  Ténia 
Tatilelt.  11  ne  traverse  que  le  désert. 

La  plupart  des  rivières  que  nous  venons  d'énumérer  sont  presque  toujours  à  sec. 


BASSIN  DE  L’OUAD  DBA. 


2'.n 


3°.  —  BASSIN  INFÉRIEUR  DU  DBA. 

L’Ouad  Dra,  des  derniers  palmiers  d’El  Mliamid  à  l’Océan,  coule  dans  le  désert.  Sur  sa  rive  droite, 
c’est  une  plaine  ondulée  s’étendant  jusqu’au  Bani ,  plaine  rayée  par  endroit  de  collines  basses,  et  par¬ 
tout  telle  que  nous  l’avons  vue  au  sud  de  Tintazart.  Sur  la  rive  gauche,  on  trouve,  après  avoir  gravi 
un  talus,  une  plaine  semblable  à  celle  de  droite  :  sol  ondulé,  avec  de  petits  cours  d’eau,  et  de  la  végé¬ 
tation  au  printemps.  On  appelle  ces  deux  plaines  les  Feïja.  La  dernière  a,  en  moyenne,  une  journée  de 
marche  en  profondeur;  un  nouveau  talus,  visible  de  Tatta,  la  borne  au  sud.  Si  l’on  monte  sur  ce  talus, 
on  trouve  le  hamada,  vaste  plateau  où  rien  ne  borne  plus  l’horizon  :  sol  plat,  dur  et  pierreux,  sans 
eau  ni  végétation.  Le  hamada  s’étend  au  loin  vers  le  sud  :  c’est  le  commencement  du  grand  désert. 

Si  les  bords  du  fleuve  ne  sont  pas  habités,  les  trois  déserts  qui  l’entourent  servent  de  terrains  de 
parcours  à  diverses  tribus  nomades;  ce  sont  : 

Les  Tajakant,  tribu  religieuse,  dont  tous  les  membres  sont  marabouts.  Elle  est  établie  dans  le  ha¬ 
mada,  au  sud  des  Ida  ou  Blal  et  des  Ait  ou  Mribet;  elle  a  des  tentes,  et  un  qçar,  Tindouf. 

Les  Arib ,  tribu  nomade  possédant  un  qçar,  Zaïr,  et  des  tentes  :  leurs  campements  s’étendent  parfois 
fort  loin,  dans  le  hamada  à  l’est  des  Tajakant,  dans  la  Feïja  méridionale  en  face  des  Beràber,  et  dans 
le  désert  compris  entre  le  sud  du  Talîlelt  et  le  sud  du  Dra  :  d’ordinaire  ils  son?  massés  au  sud  du  De- 
baïa.  Cette  tribu .  jadis  considérable,  est  déchue  aujourd’hui  de  son  antique  puissance.  Les  Arib  se  di¬ 
sent  Arabes  :  ils  sont  blancs  de  peau  et  ne  parlent  que  l’arabe. 

Les  Beràber ,  ou  du  moins  certaines  parcelles  d’entre  eux,  surtout  des  portions  des  Ait  Alouan  (les 
Ait  Alouan  font  partie  des  Ait  Atta)  ;  ils  campent  dans  la  Feïja  septentrionale,  en  face  de  la  région  oc¬ 
cupée  par  les  Arib  ;  ils  ont  pour  limites  :  au  nord  le  Bani,  à  l’est  et  au  sud  l’Ouad  Dra,  à  l’ouest  les  Ida 
ou  Blal. 

Les  Icla  ou  Blal;  ils  occupent  les  deux  Feïja,  celle  de  la  rive  gauche  comme  celle  de  la  rive  droite, 
entre  les  Arib  et  les  Beràber  à  l'est  et  les  Ait  ou  Mribet  à  l’ouest. 

Les  Ait  ou  Mribet ;  ils  occupent  aussi  les  deux  Feïja,  entre  les  Ida  ou  Blal  d’une  part,  et  de  l’autre  des 
tribus  du  Sahel  sur  lesquelles  je  n’ai  pu  recueillir  de  renseignements. 

Au  milieu  de  ces  tribus  nomades,  on  ne  trouve  que  cinq  qçars,  isolés  dans  le  désert  ;  ce  sont  : 

Tindouf,  sur  le  hamada,  au  sud  de  l’Ouad  Dra.  Ce  qçar,  de  fondation  récente,  appartient  aux  Tajakant. 
Il  est  important  comme  centre  religieux  et  plus  encore  comme  point  de  départ  et  d’arrivée  de  caravanes 
annuelles  du  Soudan. 

Zaïr,  sur  la  rive  gauche  du  Dra,  à  quelque  distance  de  son  lit.  Ce  qçar  a  été  construit,  il  y  a  peu  d’années, 
par  les  Arib.  La  population,  appartenant  toute  à  cette  tribu,  en  est  d’environ  500  fusils.  Il  est  arrosé 
par  des  sources  et  possède  quelques  plantations  de  dattiers.  Sa  distance  au  lit  du  Dra  est  celle  de  Tam- 
nougalt  à  Ouriz;  sa  distance  au  qçar  le  plus  méridional  d’El  Mliamid  est  celle  de  Tesaouant  à  Ouriz. 

QrarKhsa,  situé  sur  la  rive  droite  du  Dra,  à  3  ou  4  heures  de  son  lit.  Il  appartient  aux  Khsa,  fraction 
des  Oulad  labia;  la  population  en  est  d’environ  400  fusils;  il  est  arrosé  par  un  canal  qui  lui  apporte 
l’eau  du  Dra;  point  de  dattiers.  Sa  distance  à  Zaïr  est  deux  fois  celle  de  Tamnougalt  à  Ourika;  sa  dis¬ 
tance  à  l’Ouad  Dra  est  à  peu  près  la  même. 

El  Mhazel ,  sur  la  rive  droite  du  Dra,  à  une  certaine  distance  de  son  lit.  C’est  un  grand  qçar  de  400  feux 
habité  par  les  Ait  Sidi  Abd  en  Nebi,  marabouts  descendant  du  saint  de  ce  nom,  dont  la  qoubba  est 
dans  le  qçar  :  la  zaouïa  est  importante.  El  Mhazel  est  arrosée  par  des  sources;  point  de  dattiers.  Elle 
est  au  sud-ouest  de  Qçar  Khsa,  à  une  distance  (pii  est  une  fois  cl  un  tiers  celle  de  Tesaouant  à  Tam¬ 
nougalt. 

Mrimima,  ofi  nous  avons  séjourné. 

A  côté  de  ces  tribus  nomades  et  de  ces  quelques  qçars,  se  trouvent  deux  petits  groupes  de  inara- 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC.  38 


208 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


bouts  vivant  côte  à  côte  sous  la  tente,  en  des  lieux  invariables,  au  nord  du  Debaïa  :  avec  eux  finit  la 
liste  des  populations  qui  occupent  les  déserts  du  Dra  inférieur.  Ces  deux  groupes  sont  : 

Oulad  sidi  Amer ,  marabouts  campant  à  quelque  distance  au  nord  du  Debaïa,  dans  les  collines  de 
Soussia. 

Mrabtîn  Hamîrin ,  marabouts  campant  non  loin  des  précédents,  dans  les  mêmes  collines  de  Soussia. 

Ainsi  que  nous  l’avons  dit  en  parlant  des  maders,  l'Ouad  Dra  est  presque  toujours  à  sec  dans  son  cours 
inférieur  :  certaines  années  seulement,  ses  eaux  dépassent  El  Mhamid  et  s’écoulent  jusqu’à  la  mer;  en¬ 
core  cette  crue  ne  dure-t-elle  que  quelques  jours.  En  dehors  de  ces  rares  périodes,  il  n’a  point  d’eau, 
sauf  le  peu  que  lui  apportent  en  temps  de  pluie  scs  principaux  affluents.  Son  lit  est,  dans  cette  portion, 
presque  partout  sablonneux  :  ce  fond,  lorsqu’il  est  arrosé,  devient  très  fertile  :  il  produit  une  végéta¬ 
tion  abondante  et,  si  on  l’ensemence,  de  superbes  récoltes.  Ces  parties  cultivables  du  Dra  sont,  d’a¬ 
bord,  le  Debaïa;  puis,  plus  bas,  différents  tronçons  portant  le  nom  de  mader.  Le  Debaïa  et  les  maders 
sont  seuls  labourables  dans  le  Dra  inférieur  :  le  reste  est  stérile. 

Le  DEBAÏA.  —  Le  Debaïa  est  une  plaine  de  sable,  longue  de  2  jours  de  marche  et  large  de  1  jour  t/2. 
L’Ouad  Dra  passe  au  milieu ,  la  traversant  dans  sa  longueur.  Une  partie  de  cette  plaine  se  cultive  cha¬ 
que  année  :  les  tribus  voisines  s’en  sont  partagé  les  terres;  tous  les  automnes,  elles  viennent  y  passer 
deux  ou  trois  semaines,  arrosent  au  moyen  de  canaux  dérivés  du  Dra,  et  labourent  ce  qu’elles  peuvent. 
Si  l’année  est  pluvieuse  et  la  crue  forte,  les  eaux  du  fleuve  couvrent  tout  le  Debaïa  durant  plusieurs 
jours  :  sinon,  les  canaux  seuls  s’emplissent  :  enfin,  s’il  a  fait  très  sec,  l’eau  manque  entièrement  et  la  se¬ 
mence  est  perdue.  Les  tribus  qui  cultivent  dans  le  Debaïa  sont  :  les  Arib,  les  Aït  Alouan  (Ait  Atta),  les 
Khsa  (Oulad  labia),  les  Oulad  Chaouf  (Oulad  labia),  les  Nesasda  (Oulad  labia),  les  Ait  Abd  en  Nebi ,  les 
Oulad  Sidi  Amer,  les  Mrabtîn  Hamirin. 

Le  Debaïa  a  son  extrémité  orientale  à  hauteur  de  Zaïr. 

Les  MADER.  —  Il  y  a  une  grande  différence  entre  le  Debaïa  et  les  maders  :  le  premier  est  une  plaine 
traversée  par  le  Dra,  les  seconds  sont  le  lit  même  du  fleuve;  l'un  est  arrosé  par  les  eaux  propres  du 
Dra,  les  autres  ne  le  sont  habituellement  que  par  celles  de  ses  affluents  ;  le  Dra  forme  celui-là,  les  ri¬ 
vières  qui  s’y  jettent  produisent  ceux-ci.  Le  Debaïa  est  situé  de  telle  façon  qu’il  reçoit  tout  l’excédant 
des  eaux  du  Dra.  Les  maders  sont  chacun  au  confluent  d’un  tributaire  du  fleuve  et  se  fertilisent  du  sur¬ 
plus  de  leurs  eaux.  Point  de  cours  d’eau  important  se  jetant  dans  le  Dra  qui  n’y  forme  un  mader  ;  point 
de  mader  qui  ail  une  origine  différente.  Flus  la  rivière  est  forte,  plus  la  portion  arrosée  est  considéra¬ 
ble,  plus  le  mader  est  grand.  Ces  différents  maders  sont  séparés  entre  eux  et  du  Debaïa  par  des  por¬ 
tions  stériles;  parfois,  dans  les  grands  maders,  les  cultures  sont  entrecoupées  de  courts  tronçons  im¬ 
propres  au  labourage. 

Nous  n’avons  plus  à  décrire  les  maders,  auxquels  nous  avons  fait  une  visite  racontée  plus  haut  :  les 
eaux  du  haut  Dra,  arrêtées  au  Debaïa,  y  viennent  rarement  :  on  ne  compte  point  sur  elles  pour 
la  récolte,  la  terre  s’arrosant  assez  par  l’eau  qu’y  déversent  les  rivières  qui  les  forment.  On  y  cul¬ 
tive  de  l'orge,  un  peu  de  blé  et  du  maïs.  Ce  dernier  devient  d’une  taille  prodigieuse  :  les  tiges  en  sont, 
dit-on,  plus  hautes  qu'un  cavalier  monté;  les  épis  en  ont  près  d’une  coudée  de  long.  Les  années  1878, 
1879, 1880,  on  a  cultivé  les  maders;  on  ne  l'a  point  fait  en  1881  ni  en  1882  :  on  n’ensemence  que  quand 
des  nuages  apparaissent  en  automne,  donnant  l’espoir  d’un  hiver  pluvieux,  non  qu’on  ait  besoin  de 
pluie  dans  les  maders  mêmes,  mais  il  faut  qu’il  en  tombe  dans  la  montagne  pour  remplir  les  rivières 
qui  les  arrosent. 

11  y  a  six  maders  :  le  Mader  Ida  ou  Blal ,  le  Mader  Tatta,  le  Mader  Aqqa,  le  Mader  Tizgi,  le  Mader 
Icht,  le  Mader  Imi  Ougadir;  ces  maders  sont  séparés  entre  eux  par  des  portions  stériles  plus  ou  moins 
longues.  Le  premier  est  arrosé  parles  ouads  Zgid  et  Kheneg  et  Teurfa,  les  cinq  derniers  par  les  ri¬ 
vières  qui  leur  ont  donné  à  chacun  leur  nom.  Les  Ida  ou  Blal  et  les  habitants  de  Tisint  labourent  le 
Mader  Ida  ou  Blal  ;  les  Ida  ou  Blal,  les  gens  de  Tatta  et  les  Aït  ou  Mrîbet,  le  Mader  Tatta;  les  Ait  ou 


BASSIN  DE  L’OUAD  DBA. 


299 


Mrîbet  et  les  gens  d’Aqqa,  le  Mader  Aqqa;  les  Ait  o«  Mrîbet  et  les  gens  des  oasis  voisines,  les  trois  der¬ 
niers.  Dans  le  Mader  Ida  ou  B 1  a  1 ,  le  terrain  est  imprégné  de  sel;  l’eau,  quand  il  y  en  a,  est  salée;  si 
l'on  creuse  des  puits,  c’est  de  l’eau  salée  qu’on  trouve.  Le  meilleur  des  six  maders,  comme  terrain,  est 
le  Mader  Aqqa;  le  plus  vaste  de  beaucoup  est  le  Mader  Ida  ou  Blal.  Ce  dernier  se  divise  en  plusieurs 
portions  ayant  des  noms  distincts  et  séparées  entre  elles  par  de  courts  espaces  stériles  :  voici  ces  por¬ 
tions  dans  l'ordre  où  elles  se  présentent  lorsqu’on  descend  le  fleuve  : 


Zbar  (1). . . 

Zouaia.  . . . 

Bou  Halg.. 

Tingaï . 

Steïla . 

Djema . 

Bel  Lebhan 
Bou  Rioul. 

Chebka  Djedeïd. . . 

Rist  Djedeïd . 

Bou  Arbaïn . 

Hedeb  Bou  Naïla. . 

Khrouf . 

Bou  Abd  Allah. .  .  . 
Ta  Bou  Abd  Allah. 

Tiba  Marnia . 

Qçar  Chair . 

Lebdia . 


(  entre  eux  est  un  espace  stérile  long  comme  la  distance  de  Tisint  à  Aqqa  Iren. 

|  entre  eux  est  un  espace  stérile  long  comme  la  distance  de  Tisint  à  Aqqa  Igiren. 

(  entre  eux  est  un  espace  stérile  long  comme  la  distance  de  Tisint  à  Trit. 

|  entre  eux  est  un  espace  stérile  long  comme  la  distance  de  Tisint  à  Trit. 

J  entre  eux  est  un  espace  stérile  long  comme  la  distance  de  Qaçba  el  Djoua  à  Trit. 

J  entre  eux  est  un  espace  stérile  long  comme  la  distance  de  Qaçba  el  Djoua  à  Tisint. 
j  entre  eux  est  un  espace  stérile  long  comme  la  distance  de  Qaçba  el  Djoua  à  Trit. 

j  entre  eux  est  un  espace  stérile  long  comme  la  distance  de  Tisint  à  Aqqa  Ait  Sidi. 
! . id. 


id. 

id. 

id. 

id. 

id. 

id. 

id. 

id. 


Distances  :  de  Zbar  à  Tingaï  comme  de  Tintazart  à  Qaçba  el  Djoua. 

de  Tingaï  à  Rist  Djedeïd  comme  de  Tintazart  à  Aqqa  Igiren. 
de  Rist  Djedeïd  à  Lebdia  comme  de  Tintazart  à  Qoubba  Sidi  El  Hoseïn. 
de  Tisint  à  Tingaï  comme  de  Tisint  à  Kheouïa. 
de  Tisint  à  Zbar  comme  de  Tisint  à  Kheouïa. 


Quant  au  Mader  Tatta,  il  est  d’une  pièce  et  n’est  coupé  d’aucune  place  stérile  :  la  longueur  en  est 

égale  à  la  distance  de  Qaçba  el  Djoua  à  Tisint.  11  est  séparé  de  Lebdia,  dernier  point  du  Mader  Ida  ou 

Blal,  par  un  désert  :  il  faut,  pour  parcourir  ce  dernier,  le  même  temps  que  pour  aller  de  Tisint  il  Aqqa 
Igiren. 

AFFLUENTS.  —  D’El  Mbamid  au  Sahel,  l’Ouad  Dra  reçoit  successivement  un  grand  nombre  d'af¬ 
fluents  dont  les  principaux  sont  les  suivants  : 

Affluents  de  la  rive  droite  : 

Ouad  Ilamsailikh. 

Ouad  Zgîd,  s’y  jetant  à  Tingaï  (Mader  Ida  ou  Blal). 

Ouad  Bou  Tamat,  s’y  jetant  à  Tingaï  (Mader  Ida  ou  Blal). 

Ouad  Jfenina,  s’y  jetant  à  Rist  Djedeïd  (Mader  Ida  ou  Blal). 

Ouad  et  Qtib,  s’y  jetant  il  Rist  Djedeïd  (Mader  Ida  ou  Blal). 

Ouad  Kheneg  et  Tewfa,  s’y  jetant  à  Bou  Arbaïn  (Mader  Ida  ou  Blal).  ^ 

Ouad  Bent  en  Nas,  s’y  jetant  à  Khrouf  (Mader  Ida  ou  Blal). 

Ouad  Tatta,  s’y  jetant  il  Areg  Souir  (Mader  Tatta). 

Ouad  Meskaou,  s’y  jetant  à  Souekh  (Mader  Tatta). 


(I)  A  Zbar  se  trouve,  dit-on,  au  bord  même  du  Dra,  une  hauteur  rocheuse  dont  les  flancs  sont  couverts  d’inscriptions  que  nul 
n’a  pu  déchiffrer  :  point  de  dessins,  point  de  figures,  rien  que  des  caractères  d’écriture. 


MECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


300 

Ouad  A/jqa,  s'y  jetant  à  Qoubba  Sidi  Amara  (Mader  Aqqa). 

Ouad  Tizÿi  el  iiaratin,  s’y  jetant  à  Mader  Tizgi. 

Ouad  Ida,  s’y  jetant  à  Mader  Iclit. 

Ouad  imi  Ougadir,  s’y  jetant  à  Mader  Imi  Ougadir. 

Affluent  de  la  rive  gauche  : 

Ouad  Tangarfa,  s’y  jetant  à  Bel  Lebhan  (Mader  Ida  ou  Blal)  :  cette  rivière  prend  sa  source  dans  le  ba- 
mada  :  sur  ses  bords,  déserts  aujourd’hui,  on  voit  les  ruines  d’un  qçar  depuis  longtemps  abandonné; 
une  légende  prétend  que  les  habitants  en  ont  été  chassés  par  les  moustiques.  Pas  d’eau  dans  l’ouad, 
mais  des  puits  d’eau  douce  en  son  lit. 

Nous  allons  étudier  séparément  les  divers  cours  d’eau  tributaires  de  droite  du  Dra. 

I.  —  Ouad  Hamsaïlikli. 

Ci1  n’est  qu’un  ruisseau,  prenant  sa  source  entre  le  Djebel  Hamsaïlikh  et  le  Djebel  Mheïjiba  et  se  je¬ 
tant  dans  l’Ouad  Dra  un  peu  plus  haut  que  l’Ouad  Zgid.  Il  ne  coule  que  dans  le  désert. 

II.  —  Ouad  Zgid. 

L’Ouad  Zgid  est  formé  de  deux  rivières,  l’Ouad  Arlal  et  l’Ouad  El  Qabia  :  il  ne  prend  son  nom  qu’à 
partir  du  confluent  de  ces  deux  cours  d’eau,  confluent  situé  un  peu  en  amont  du  qçar  de  Smira.  Il  se 
jette  dans  l’Ouad  Dra  au  Mader  Ida  ou  Blal,  à  Tingaï.  Nous  étudierons  séparément  l’Ouad  Arlal,  l’Ouad 
El  (Jabia  et  l’Ouad  Zgid. 

1"  OUAD  ARLAL.  — 11  porte  aussi,  dans  son  cours  supérieur,  le  nom  d’Ouad  El  Gloa.  Il  prend  sa  source 
dans  le  Petit  Atlas  et  coule  d’abord  dans  une  vallée  étroite,  resserrée  dans  les  flancs  de  cette  chaîne.  Il 
y  arrose  successivement  les  qçars  suivants,  qui  appartiennent  aux  Oulad  labia  et  forment  la  région 
appelée  El  Kheneg  :  ce  sont,  en  descendant  : 

Bou  er  Iîebia  40  fusils. 

El  Merja  50  — • 

Oulad  Hammou 
Oulad  Adim 
El  Geddara 

El  Gloa  200  fusils. 

C’est  jusqu’ici  que  l'Ouad  Arlal  porte  souvent  le  nom  d’Ouad  El  Gloa;  au-dessous,  on  ne  l’appelle 
qu’Ouad  Arlal.) 

Asemlil  Qedîm 
Asemlil  Djedid 

Assaka  30  fusils. 

Agenf  30  — 

Tagemt  30  — 

Arlal  00  — 

A  Arlal,  l’Ouad  Arlal  sort  du  Petit  Atlas  et  entre  dans  la  Feïja  :  cette  Feïja  est  le  prolongement  de 
celle  que  nous  avo*s  traversée  avant  d’arriver  à  Tanzida,  vaste  étendue  plate  et  sablonneuse,  déserte, 
bornée  au  nord  par  les  premières  pentes  du  Petit  Atlas,  au  sud  par  le  Bani.  La  rivière  y  coule  dans  le 
désert  jusqu’auprès  de  Smira,  où  elle  s’unit  à  l’Ouad  el  (Jabia. 

Sur  tous  les  cours  d'eau  du  bassin  de  l’Ouad  Zgid,  sans  exception,  on  trouve  des  dattiers  à  chaque 
point  habité  :  pas  un  village,  pas  un  qçar,  si  petit  qu’il  soit,  qui  n’ait  ses  plantations  de  palmiers.  Ces 
rivières  sont  aussi  les  mêmes  en  ce  qui  concerne  leurs  eaux  :  elles  en  ont  aux  lieux  habités  et  rarement 
ailleurs. 

Distances  :  de  Smira  à  Arlal  comme  de  Mrimima  à  Agadir  Tisint. 
de  Smira  à  El  Gloa  comme  de  Tazenakht  à  Irels. 


BASSIN  DE  L'OUAD  DBA. 


301 


2"  OU  AD  EL  QABIA.  —  Il  porte  aussi  les  noms  d’Ouad  Ouinjgal  et  d’Ouad  Alougoum.  Il  prend  sa  source 
dans  le  désert  de  Tarouni.  Ce  désert  a  une  longueur  d’une  journée  de  marche  :  il  commence  à  Tazenakht 
et  finit  à  Ouinjgal;  le  sol  en  est  rocheux  et  pierreux,  sans  aucune  végétation.  La  .vallée  de  l’ouad  est 
d’abord  encaissée  entre  les  pentes  du  Petit  Atlas  et  étroite  :  on  trouve  successivement  sur  son  cours, 
en  le  descendant,  les  qçars  suivants  : 

Ouinjgal,  Ouagginekht,  Taouinekht  (2  qçars),  Zaouïa  Sidi  Blal ,  Tagergint,  Amazzer,  Ait  Aïssa,  Ait 
Mrabet,  Talat,  Tastift,  Foum  el  Ouad,  Talill,  Ait  Taleb,  Tirremt  (Ait  Taleb  et  Tirremt  ont  ensemble 
200  fusils). 

Les  premiers  qçars,  jusqu’à  Foum  el  Ouad  inclus,  forment  le  territoire  des  Ait  ou  Hamidi;  les  trois 
derniers  forment  celui  d’Alougoum;  tous  ensemble  sont  ce  qu’on  appelle  le  pays  de  Qabia.  La  popu¬ 
lation  d'El  Qabia,  après  avoir  été  longtemps  alliée  aux  Oulad  labia,  s’est  mise  de  sa  propre  volonté 
sous  l’autorité  du  Zanifi;  cette  région  est  donc  regardée  aujourd’hui  comme  faisant  partie  des  États  de 
ce  dernier. 

A  Tirremt,  l'Ouad  El  Qabia  sort  du  Petit  Atlas  et  entre  dans  la  Feïja  :  il  y  demeure,  dans  le  désert, 
jusqu’au  point  où  il  s’unit  à  l’Ouad  Arlal. 

D’Ouinjgal  à  Tirremt  ,  les  bords  de  l’ouad  sont  garnis  de  cultures,  d’habitations  et  de  dattiers  for¬ 
mant  une  bande  continue  qui  s’interrompt  en  un  seul  endroit,  entre  Taouinekht  et  Zaouïa  Sidi  Blal. 


Entre  ces  points,  les  deux  rives  sont  stériles  et  inhabitées  :  c’est  un  désert  d’une  heure  de  lon¬ 
gueur. 

Pas  de  marché  dans  le  Qabia. 

Distances  :  de  Tazenakht  à  Ouinjgal .  1  jour. 

d’Ouinjgal  à  Tastift .  1/2  jour. 

de  Tastift  à  Tirremt . 1  heure  1/2. 

d’El  Mhamid  à  El  Qabia  comme  de  Tisint  à  Mrimima . 

d’Oulad  Djerrar  à  El  Qabia  (par  Smira) .  1  jour. 

d’El  Mhamid  à  T  Alougoum  (en  coupant  au  court  par  la  Feïja).  .  1/2  jour. 


3n  OUAD  ZGID.  —  Il  coule  d’abord  dans  la  Feïja.  A  hauteur  du  confluent  dont  il  résulte  se  trouvent 
trois  petits  qçars  entourés  chacun  de  nombreux  palmiers,  massés  en  un  seul  groupe,  à  4  ou  5  kilomè¬ 
tres  de  distance  de  son  lit,  sur  sa  rive  gauche  :  ce  sont,  en  descendant  : 

Oulad  Merah  70  fusils. 

El  Kheouïa 

Nkheïla  150  fusils. 


Ces  trois  qçars  appartiennent  aux  Oulad  labia  (fraction  des  Oulad  llellal). 

A  quelques  pas  au-dessous  du  confluent  où  il  prend  naissance ,  l’Ouad  Zgid  entre  dans  l'oasis  de 
Zgid  :  il  y  arrose  successivement  les  qçars  suivants  : 


Smira . 

Oulad  Ilammou 
Oulad  Hamida. 
Oulad  Djema.  . 
El  Mharoug..  . 
Oulad  Bou  Qdir 
El  Rouanem.  . 

Amzou . 

El  Mhamid.  .  . 

Agroud . 

Tamzaourout.  . 
Amzaourou.  .  . 

Aqqa . 

Bou  Delai  .  .  . 
M  hindi . 


rive 

gauche 

70  fusils 

rive 

gauche 

rive 

gauche 

rive 

gauche 

rive 

gauche 

20  fusils. 

rive 

gauche 

rive 

gauche 

rive 

gauche 

50  fusils, 

rive 

droite 

150  — 

rive 

gauche 

rive 

droite 

30  fusils 

rive 

droite 

30  — 

rive 

droite 

rive 

gauche 

30  fusils 

rive 

droit*1 

400  — 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


302 


Bou  Gir . rive  gauche  40  fusils. 

Oulad  Belqas .  rive  droite 

Oulad  Djerrar . rive  gauche 

Tabia  en  Nkheïla  )  .  ,  ,  .  „  .  ,  ,_A  . 

„  .  compris  sous  le  nom  de  labia  n  Boro . rive  gauche  150  tusils. 

labia  Djedida 


Ces  qçars  sont  échelonnés  dans  la  Feïja  au  bord  même  de  l’ouad;  de  Smira  à  Tabia  en  Nkheïla,  les 
rives  de  celui-ci  sont,  sans  interruption,  bordées  de  dattiers.  L'oasis  de  Zgid  ne  comprend  pas  d’au¬ 
tres  qçars  que  ceux  qui  viennent  d’être  mentionnés  :  elle  appartient  à  deux  fractions  des  Oulad  Ialiia, 
les  Oulad  Reliai  possédant  tout  ce  qui  est  sur  la  rive  gauche,  l’Ahel  El  Mhamid  possédant  tout  ce  qui 
est  sur  la  rive  droite.  L’oasis  de  Zgid  se  trouve,  comme  celles  de  Tisint,  de  Tatta,  d’Aqqa,  au  pied  du 
Bani,  auprès  d’un  kheneg  par  où  s’écoule  la  rivière  qui  l’arrose;  mais,  au  lieu  d’être  au  sud  du  Bani 
comme  Tisint  et  Aqqa ,  elle  est  au  nord  comme  Tanzida,  comme  une  partie  de  Tatta.  Pas  un  seul 
qçar  du  Zgid  n’est  au  sud  de  la  chaîne. 

Un  marché  dans  le  Zgid,  le  tenin  de  Smira. 

Immédiatement  au-dessous  de  Tabia  en  Nkheïla,  la  Feïja  finit,  et  l’Ouad  Zgiçl  traverse  le  Bani  au 
kheneg  dit  Foum  Zgid.  De  là,  il  entre  dans  une  vaste  plaine  déserte  où  il  coule  jusqu’au  village  isolé 
de  Mrimima.  De  ce  point  à  son  confluent  avec  le  Dra,  à  Tingaï,  son  cours  se  continue  dans  la  même 
plaine,  aussi  unie  et  aussi  déserte  qu’auparavant;  à  l’approche  de  l’Ouad  Dra,  elle  prend  le  nom  de 
Terf  ed  Del  et  devient  sablonneuse  :  dans  cette  partie,  les  eaux  de  l’Ouad  Zgid  la  fertilisent  et  elle  pro¬ 
duit  de  belles  moissons.  Cette  plaine  de  Terf  ed  Del  est  analogue  à  celle  de  Medelles,  que  nous  avons 
visitée,  et  est,  comme  elle,  séparée  du  lit  du  Dra  par  un  mince  bourrelet  rocheux. 


Distances  :  de  Mrimima  à  Oulad  Djerrar.  .  . . 1  jour. 

de  Tisint  à  Tabia  n  Boro  (par  la  Feïja) . 3/4  de  jour. 

de  Tabia  n  Boro  à  Mhinch . 3/4  d’heure. 

de  Mhinch  à  El  Mhamid . 1/2  heure. 

d’El  Mhamid  à  Tabia  en  Nkheïla .  3  heures. 


Il  y  a  doux  mollahs  dans  le  bassin  de  l’Ouad  Zgid;  l’un  dans  le  Zgid,  l’autre  dans  l’Alougoum. 

AFFLUENTS.  —  L’Ouad  Zgid  a  trois  affluents  principaux,  tous  sur  sa  rive  droite;  ce  sont  :  l’Ouad 
Tlit,  s’y  jetant  à  El  Mhamid  ;  l’Ouad  el  Feïja,  s’y  jetant  aussi  à  El  Mhamid,  quelques  pas  plus  bas;  l’Ouad 
Tisint  ,  s’y  jetant  à  environ  2  kilomètres  au-dessous  de  Mrimima. 

Ouad  Tlit.  —  L’Ouad  Tlit  prend  sa  source  dans  le  Khela  Ikis,  désert  montagneux,  rocheux,  sans  vé¬ 
gétation  :  sa  vallée,  enfermée  entre  les  pentes  du  Petit  Atlas,  est  d’abord  fort  étroite  :  il  y  arrose  suc¬ 
cessivement  les  qçars  suivants  : 

Amdzgin,  Tafrouqt  (Zaouïa  Sidi  Merri),  Argemmi,  Tagadirt,  Taourirt  n  Ouzenag,  Seroub  (mara¬ 
bouts),  Qioud,  Taourirt  n  Tilles,  Agred,  Imi  n  Tlit,  Aoufelgach. 

Ces  qçars,  avec  ceux  que  nous  mentionnerons  plus  loin  sur  l’Ouad  Temgissin,  forment  tout  le  ter¬ 
ritoire  du  Tlit.  Il  est  sous  l’autorité  du  Zenâgi,  à  l’exception  d'Argemmi,  de  Tagadirt  et  d’Aoufel- 
gach  qui  se  sont  rangés  sous  celle  du  Zanifi. 

A  Aoufelgach,  l’Ouad  Tlit  sort  de  la  montagne  et  entre  dans  la  Feïja  :  il  y  coule  dans  le  désert  jus¬ 
qu’à  son  confluent  avec  l’Ouad  Zgid,  à  El  Mhamid. 

Point  de  marché  dans  le  Tlit.  Une  zaouïa  importante,  celle  de  Sidi  Merri,  à  Tafrouqt  :  là  se  trouve  le 
tombeau  de  ce  saint;  il  est  très  vénéré  :  c’est  tout  ce  qui  reste  de  Sidi  Merri;  il  n’existe  plus  de  des¬ 
cendant  de  lui  dans  la  zaouïa. 

Distances  :  de  Temdaouzgez  au  désert  d’Ikis  (à  travers  le  désert  d’Ifenouan)  .  .  3  heures. 


longueur  du  désert  d’Ikis . 3  heures. 

de  Temdaouzgez  au  Tlit .  1/2  jour. 

d’Amdzgin  à  Imi  n  Tlit . 3  heures. 

d’Imi  n  Tlit  à  Aoufelgach .  1  heure. 

d’Aoufelgach  à  El  Mfyamid . 1/2  jour. 


BASSIN  DE  L'OUAD  DRA. 


303 


AFFLUENTS.  —  L’Ouad  Tlit  a  un  affluent,  l’Ouad  Temgissin,  se  jetant  sur  sa  rive  droite  à  Imi  n 
Tlit. 

Ouad  Temgissin.  —  Il  coule  entre  les  pentes  du  Petit  Atlas.  Dans  son  cours  inférieur,  il  arrose  suc¬ 
cessivement  les  trois  qçars  que  voici;  ils  font  partie  du  Tlit  : 

Temgissin,  Ait  Maouas,  Imaraten. 

Le  premier  reconnaît  l’autorité  du  Zanifl;  le  dernier,  celui  de  l’Azdifl;  quant  à  Ait  Maouas,  c’est  un 
qçar  de  marabouts  :  il  est  indépendant. 

Distance  :  d’Imi  n  Tlit  à  Temgissin . 3  heures. 

Ouad  kl  Feija.  —  Il  prend  sa  source  dans  la  Feïja,  entre  Tanzida  et  Zgid.  Un  seul  point  habité  sur 
son  cours,  le  qçar  d’Erhal.  * 

Ouad  Tisint.  —  Cette  rivière,  aussi  importante  que  l’Ouad  Zgid  lui-même,  fera  l’objet  d’un  article 
spécial. 

REMARQUE  SUR  LA  TRIBU  DES  OULAD  IAHIA.  — La  vaste  région  comprise  entre  le  Bani  au  sud,  le  Dra 
à  l’est,  les  abords  du  Ouarzazât  au  nord,  les  Ait  Tigdi  Ouchchen ,  les  Ait  Amer,  les  Zenàga,  les  Ida  ou 
Blal  à  l’ouest,  forme  le  territoire  des  Oulad  labia  :  on  voit  que  presque  tout  le  bassin  de  l’Ouad  Zgid  y 
est  renfermé.  Les  Oulad  Iahia  sont  une  nombreuse  et  puissante  tribu  de  nomades,  habitant  la  plupart 
sous  la  tente ,  mais  ayant  aussi  un  certain  nombre  de  qçars  :  ces  qçars  sont ,  les  uns  dans  le  bassin  de 
l’Ouad  Zgid,  les  autres  plus  au  nord,  sur  de  petits  affluents  du  Dra,  enfin  un  certain  nombre  sur  le 
Dra  (Ait  Zeri,  Ternata).  Ils  se  disent  de  race  arabe.  Leur  langue  est  l’arabe,  mais  beaucoup  d’entre  eux 
savent  le  tamazirt.  Ils  sont  très  blancs  de  peau;  leur  type  ressemble  à  celui  des  Ida  ou  Blal;  leurs 
femmes  sont  d’une  beauté  remarquable.  Dans  leurs  vêtements,  ils  se  rapprochent  plutôt  des  Chellaha 
que  des  Ida  ou  Blal  :  moins  de  khent,  moins  de  bernons  blancs  que  ces  derniers  :  des  khenifs,  des 
bernous  gris  et  bruns,  des  baïks  rayés  de  diverses  couleurs.  Les  femmes  ont  le  costume  qu’on  porte  à 
Tisint  et  chez  les  Ida  ou  Blal. 

Les  Oulad  Iahia  réunis  forment  environ  3000  à  3300  fusils.  Ils  sont  sous  le  commandement  d’un 
chikh  unique,  Chikh  El  Arabi  ben  Otman,  dont  la  famille  exerce  depuis  un  temps  immémorial  le  pou¬ 
voir  suprême  sur  toute  la  tribu.  Chikh  Ben  Otman  réside  sur  les  bords  du  Dra  dans  le  qçar  appelé  in¬ 
différemment  Qcîba  Chikh  El  Arabi,  ou  Ait  Otman  (Ait  Zeri).  Chikh  El  Arabi  est  indépendant  et  n’a 
aucune  relation  avec  le  sultan.  Son  pouvoir  est  très  efficace  sur  des  rives  du  Dra  :  il  va  s’affaiblissant 
à  mesure  qu’on  s’éloigne  d’elles.  Le  chikh  est  en  ce  moment  en  paix  avec  ses  voisins;  c’est  une  excep¬ 
tion  :  il  est  presque  toujours  en  guerre  avec  eux,  surtout  avec  le  Zanifl  et  le  Mezgîti.  Chikh  El  Arabi 
a  sous  son  autorité  non  seulement  tous  les  Oulad  Iahia,  mais  encore  le  district  du  Tinzoulin  et  le  grand 
qçar  de  Timesla,  peuplés  l’un  et  l’autre  de  Draoua. 

Trois  centres  religieux  ont  une  grande  influence  sur  les  Oulad  labia  :ce  sont  les  zaouïas  de  Mrimima 
(Zaouïa  Sidi  Abd  Allah  Oumbarek),  de  Tamegrout  (Zaouïa  Sidi  Ben  Nacer)  et  de  Bon  Mousi  (Sidi  Ali 
ou  Abd  er  Rahman).  Les  marabouts  de  Bou  Mousi  sont  ceux  qu’ils  vénèrent  d’une  façon  spéciale,  ceux 
auxquels  ils  remettent  chaque  année  leur  principale  redevance  religieuse. 

Les  Oulad  Iahia  se  décomposent  en  : 

Oulad  Bechili  (habitant  l’Ouad  Dra  :  les  Aït  Zeri  en  sont  une  fraction); 

El  Kaba  (qçars  dans  le  Tinzoulin  et  désert)  ; 

Oulad  Kerzab  (qçar  de  Mêlai  dans  le  Ternata  et  désert); 

Nesasda  (Rebat  el  Iladjer,  Qaçba  Ali  ou  Mousa,Gheradna  dans  le  Ternata  et  désert); 

Oulad  Chaouf  (Tignit  dans  le  Ternata  et  désert); 

Khsa  (Tansita  Fouqania,  Qçar  Khsa  et  désert); 

Oulad  Aïssa  (qçars  de  l’Ouad  El  Gloa  et  autres,  et  désert); 

Kerazba  Tleuh  (Ilir,  El  Kheouïa,  Ansig  et  désert)  ; 

Nesoula  (désert  entre  Tisint  et  Zgid); 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


30  4 

Oulad  Hellal  (Zgid  et  désert)  ; 

Ahel  El  Mhamid  (Zgid  et  désert); 

Ait  Hammou  (qçars  d’Ouzdiin,  de  Tesaouant,  d’El  Feggara  et  désert). 

ITINÉRAIRES.  —  1°  De  Mrimima  au  Tinzoulin.  —  De  Mrimima  à  Zgid;  de  Zgid  à  Ait  Taleb  (Alou- 
goum),  en  passanl  par  Smira;  puis  Arlal ,  Agent,  Assaka,  Asemlil ,  El  Gloa,  El  Merja,  Bou  er  Rebia.  De  là 
on  gagne  Ijdouin  (I)  (zaouïa;  60  feux),  Aïnach  (zaouïa;  30  feux),  El  Feggara  (qçar  des  Ait.  Hammou; 
400  fusils);  enfin  on  arrive  au  Tinzoulin.  On  met  en  général  4  jours  1/2  pour  faire  ce  chemin. 

2°  De  Mrimima  a  Ait  Otman. —  De  Mrimima  à  Oulad  Djerrar,  1  jour;  d’Oulad  Djerrar  à  El  Qabia(en 
passant  par  Smira),  1  jour;  d’El  Qabia  à  Asemlil,  1  jour;  d’Asemlil  à  El  Feggara,  1  jour;  d’El  Feggara 
à  Ait  Otman,  1  grande  demi-journée.  On  met  donc,  par  ce  chemin,  qui  tjst  à  peu  près  le  même  que  le 
précédent  ,  4  jours  1/2  :  c’est  calculé  à  raison  d’une  marche  de  vitesse  moyenne. 

3"  De  Tazenakht  au  Tlit.  —  De  Tazenakht,  on  gagne  Temdaouzgez  sur  l’Ouad  Azgemerzi.  On  passe 
sur  la  rive  droite  de  cette  rivière  et  on  s’engage  dans  le  désert  d’Ifenouan ,  portion  de  la  plaine  des  Ze- 
nâga,  sol  terreux  où  on  laboure  les  années  pluvieuses;  du  Khela  Ifenouan,  on  entre  dans  le  Khela  Ikis, 
en  gravissant  le  talus  rocheux  qui  limite  la  plaine  des  Zenâga.  Le  Khela  Ikis  est  un  désert  pierreux, 
montagneux;  terrain  difficile,  point  de  végétation.  On  y  marche  jusqu'à  Amdzgin  ,  qçar  le  plus  haut 
du  Tlit.  —  On  compte  une  1/2  journée  de  marche  de  Temdaouzgez  à  Amdzgin,  la  moitié  de  la  route 
s’effectuant  dans  le  désert  d’Ifenouan,  l’autre  dans  celui  d'Ikis. 

4°  Distances  de  Mrimima  au  Dra. —  En  marchant  bien,  on  va  de  Mrimima  à  Mhamid  el  Rozlàn  en 
2  jours  4/2,  et  de  Mrimima  à  Qcîba  Chikh  Ben  Otman  (par  le  Zgid)  en  3  jours  1/2.  De  Mhamid  el 
Rozlàn  à  Qcîba  Chikh  Ben  Otman,  on  compte  deux  fortes  journées. 

III.  —  Ouad  Tisint. 

L’Ouad  Tisint  est  un  cours  d’eau  résultant  de  la  jonction  de  trois  rivières  qui  s’unissent  au  pied  du 
Bani,  à  la  porte  du  kheneg  de  Tisint.  Ces  trois  rivières  sont  :  4°  l’Ouad  Tanzida,  2°  l’Ouad  Aginan, 
qui  se  joint  au  premier  auprès  d’un  groupe  de  palmiers  appelé  Tamjerjt ,  à  700  mètres  en  amont  d’Aqqa 
Ait  Sidi,  3°  l’Ouad  Qaçba  el  Djoua  s’unissant  aux  deux  précédents  peu  au-dessous  de  leur  conlluent,  à 
Aqqa  Ait  Sidi. 

Nous  allons  étudier  séparément  ces  trois  cours  d’eau  ;  puis  nous  passerons  à  l’Ouad  Tisint. 

1°  OUAD  TANZIDA.  —  Cette  rivière  prend  sa  source  dans  la  Feïja  et  n’a  d’autre  localité  sur  son 
cours  que  le  qçar  de  Tanzida. 

L’Ouad  Tanzida,  ainsi  que  tous  les  cours  d’eau  du  bassin  de  l’Ouad  Tisint,  n’a  d’eau  qu’aux  appro¬ 
ches  des  lieux  habités. 

AFFLUENTS.  —  11  reçoit  quatre  affluents  :  l’un  sur  sa  rive  droite  :  c’est  l’Ouad  Agni,  s’y  jetant  à  Tan¬ 
zida;  les  trois  autres  sur  sa  rive  gauche  :  ce  sont  les  ouads  Asengar,  Agmour,  Adres. 

Ouad  Agni.  —  11  prend  sa  source  au  Tizi  Agni  et  baigne  le  village  d’Agni;  celui-ci  est  le  seul  point 
habité  de  son  cours. 

Ouad  Asengar.  —  Ouad  Agmour.  —  Ouad  Adres.  —  Ces  trois  rivières  se  jettent  dans  l’Ouad  Tanzida 
dans  l'ordre  où  nous  les  nommons,  la  première  en  amont,  la  dernière  en  aval,  la  seconde  entre  les  deux 
autres.  Les  cours  en  ont  très  peu  de  longueur.  Elles  descendent  toutes  trois  du  Bani,  et  ont  chacune  sur 
leurs  rives  un  qçar  du  même  nom  qu’elles,  avec  des  plantations  de  palmiers  :  ces  trois  qçars  sont  des 
zaouïas;  ils  sont  indépendants  et  en  dehors  de  toute  tribu. 

Distances  :  de  Tanzida  à  Adres  comme  de  Tisint  à  Qaçba  el  Djoua. 

d'Adres  à  Agmour  comme  de  Tisint  à  Qaçba  el  Djoua. 
d’Agmour  à  Asengar  comme  de  Tisint  à  Qaçba  el  Djoua. 


(I)  Sans  cloute  la  même  que  la  zaouïa  cl’Ouzdiin. 


BASSIN  DL  L'OUAD  DH  A. 


305 


2"  OUAD  AGINAN.  —  Il  prend  sa  source  dans  le  désert  de  Tasrirt.  Puis  il  entre  dans  la  tribu 
d’Ounzin  :  il  y  arrose  successivement  les  qçars  suivants  : 

Tamdrart  (célèbre  pour  ses  poteries;  on  l’appelle  aussi,  à  cause  de  cela,  Qçar  el  Qdour). 

Igerda,  Taltgmout  el  Haratîn,  Lemdint. 

Jusqu’ici  il  n’y  avait  pas  de  palmiers  :  au-dessous  de  Lemdint,  il  y  en  a  en  tous  les  lieux  habités  de 
la  rivière  : 

Aserrar,  Iril. 

L’ouad  sort  après  Iril  de  la  tribu  d’Ounzin  et  passe  dans  le  district  d’Aginan,  où  il  arrose  : 

Doutourirt,  Iferd  Aginan  (appelée  aussi  Fiirir),  Azegza. 

Ces  trois  qçars  forment  tout  l’Aginan.  Au-dessous  d’eux,  la  rivière  entre  dans  la  tribu  des  Ait  Bon 
labia;  elle  en  arrose  deux  des  qçars,  Kiriout,  Timzourit. 

Puis  elle  coule  dans  le  désert  et  y  reste  jusqu’au  point  où  elle  s’unit  à  l’Ouad  Tanzida. 

Le  territoire  des  Ait  Bon  labia  se  compose  des  deux  qçars  mentionnés  et  de  quelques  autres  que 
nous  énumérerons  plus  loin  :  celui  du  district  d’Aginan  ne  comprend  que  les  trois  qui  viennent  d’être 
cités  :  celui  de  l’Ounzin  en  contient  un  grand  nombre  d’autres  qui  seront  l'objet  d’une  mention  spé¬ 
ciale  :  ces  trois  territoires  ont  pour  population  des  Imaziren  sédentaires,  mélange  de  Haratîn  et  de  Chel- 
lalia,  les  derniers  dominant  :  la  langue  y  est  le  tamazirt.  Les  Ait  Bou  labia,  l’Aginan  et  l’Ounzin  sont 
tous  vassaux  des  Ida  ou  Blal. 

Distances  :  de  Tisint  aux  Ait  Bou  labia  comme  de  Tisint  à  Aqqa  Izenqad. 

des  Ait  Bou  labia  à  l’ Aginan  comme  de  Tisint  à  Aqqa  Ait  Sidi. 
de  l’Aginan  à  Aserrar  comme  de  Tisint  à  Trit. 
d'Aserrar  à  Lemdint  comme  de  Trit  à  Qaçba  el  Djoua. 
de  Lemdint  à  Igerda  comme  de  Tisint  à  Aqqa  Ait  Sidi. 
d’Igerda  à  Tamdrart  comme  de  Tisint  à  Trit. 

AFFLUENT.  —  L’Ouad  A  ginan  reçoit  un  affluent,  l’Ouad  Ignan  n  Ikis,  se  jetant  sur  sa  rive  gauche 
à  quelque  distance  au-dessous  de  Timzourit. 

Ouad  Ignan  n  Ikis.  —  11  prend  sa  source  au  Tizi  n  Haroun,  dans  le  désert,  sur  le  territoire  des  Ze- 
nàga.  Il  arrose  en  descendant  trois  qçars  qui  forment  le  reste  du  territoire  des  Ait  Bou  labia;  ce  sont  : 

Ikis,  Atrs  n  Ouafil,  Tamessoult  (Zaouïa  Sidi  Abd  er  Babman). 

11  y  a  des  palmiers  en  chacun  de  ces  trois  endroits,  seuls  lieux  habités  de  la  rivière. 

Distance  :  d’Atrs  n  Ouafil  à  l’Aginan .  1/2  journée. 

3"  OUAD  QAÇBA  EL  DJOUA.  —  Il  prend  sa  source  dans  le  défilé  qui  se  trouve  entre  le  massif  des 
Koudia  Bou  Tizen  et  le  Bani  ;  il  arrose  trois  qçars  : 

Qaçba  el  Djoua,  Trit,  Aqqa  Ait  Sidi. 

AFFLUENTS.  —  L’Ouad  Qaçba  el  Djoua  reçoit  trois  affluents,  tous  sur  sa  rive  gauche;  ce  sont  :  l’Ouad 
Anbed  Tesatift,  s’y  jetant  à  quelque  distance  au-dessus  de  Qaçba  el  Djoua;  l’Ouad  Triq  Targant,  s’y  je¬ 
tant  à  Qaçba  el  Djoua;  l’Ouad  Aqqa  Iren,  s’y  jetant  à  Trit. 

Ouad  Anbed  Tesatift.  —  Il  prend  sa  source  au  col  appelé  Kheneg  Tesatift  et  coule  sans  cesse  dans 
le  désert. 

Ouad  Triq  Targant.  — Il  prend  sa  source  à  un  col  situé  entre  son  bassin  el  celui  de  l'Ouad  Targant; 
le  cours  en  est  désert. 

Ouad  Aqqa  Iren.  —  Il  prend  sa  source  dans  le  Khela  Tasrirt.  Il  arrose  ensuite  un  groupe  de  doux 
qçars  faisant  partie  de  la  tribu  d’Ounzin  :  ce  groupe  de  deux  qçars  s’appelle  Ait  Mançour. 

Après  Ait  Mançour,  il  sort  du  territoire  des  Ounzin  et  entre  dans  le  désert,  où  il  demeure  jusqu’à 
Aqqa  Iren. 

D’Aqqa  Iren,  le  cours,  traversant  la  Feïja,  est  de  nouveau  désert  jusqu’à  Trit. 

A  Trit,  Aqqa  Iren,  Ait  Mançour,  il  y  a  des  dattiers. 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC.  3‘> 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


306 


Toutes  les  tribus  ou  fractions  cantonnées  sur  cette  rivière  sont  vassales  des  Ida  ou  Blal. 

Distances  :  de  Trit  à  Aqqa  Iren  comme  de  Tisint  à  Qaçba  el  Djoua. 

d’Aqqa  Iren  à  Aït  Mançour  comme  de  Tisint  à  Klieneg  Tçsatift. 

4n  OUAD  TISINT.  —  Nous  connaissons  déjà  le  cours  de  TOuad  Tisint  qui,  commençant  à  Aqqa  Ait 
Sidi,  traverse  aussitôt  après  le  kheneg  appelé  Foum  Tisint,  puis  arrose  l'oasis  de  Tisint;  des  5  qçars 
de  celle-ci,  un  seul,  Agadir,  est  sur  ses  rives  mêmes.  En  sortant  des  palmiers  de  Tisint  ,  la  rivière  en¬ 
tre  dans  le  désert  et  y  reste  jusqu’au  moment  où  elle  se  jette  dans  l’Ouad  Zgid.  Auprès  de  son  con- 
fluent,  dans  le  voisinage  de  Mrimima,  l’aspect  en  est  le  suivant  :  150  mètres  de  largeur;  lit  de  galets 
et  de  sable;  au  milieu  est  une  bande  verte,  large  de  50  mètres,  tamarix  el  gazon  :  là  serpente  d’habi¬ 
tude  un  peu  d’eau  :  au  mois  de  janvier  1884,  la  nappe  avait  10  mètres  de  large  et  20  centimètres  de 
profondeur;  de  plus,  en  divers  endroits,  se  trouvaient  des  redirs  :  berges  en  pente  douce  de  3  à  4 
mètres  de  haut. 

11  n’y  a  point  d’Israélites  dans  le  bassin  de  TOuad  Tisint. 

REMARQUE  SUR  LA  TRIBU  D'OUNZIN.  —  La  tribu  d’Ounzin,  qu’on  appelle  aussi  quelquefois  Iounzioun, 
compte  environ  1,200  feux  :  ils  sont  répartis  en  un  grand  nombre  de  villages  situés  sur  les  deux  ver¬ 
sants  du  Petit  Atlas.  Ces  villages  sont  : 

Sur  le  versant  sud ,  ceux  que  nous  avons  énumérés  sur  les  cours  des  ouads  Aginan  et  Aqqa  Iren ,  et 
un,  Tisfrioui,  sur  TOuad  Targant. 

Sur  le  versant  nord  (bassin  du  Sous)  : 

Tamda  Aïtbir,  El  Aïn  Ounzin  (appelé  aussi  Imi  el  Ain),  Iranim,  El  Houaïdj  Imersi  (2  qçars),  Imoula 
(grand  qçar),  Anisi  (ou  Inisi) ,  Agouidir,  Anamer,  Ioulioul ,  Ould  Fatma  Hammou,  Tamellakout,  Tam- 
jejrt,  Agerd  n  Oulili,  Ait  Hamed,  Taïfst. 

Nous  avons  énuméré  ces  qçars  en  commençant  par  les  plus  septentrionaux  et  en  finissant  par  les 
méridionaux.  Aucune  rivière  ne  les  arrose  ;  ils  ne  sont  alimentés  que  par  des  sources. 

Pas  de  marché  dans  l’Ounzin  :  les  habitants  vont  à  l’Arbaa  Ammeïn  et  au  Had  Imtaoun. 

Point  de  Juifs. 

Cette  tribu  se  trouve  sur  la  route  menant  des  Zagmouzen  à  Tisint.  Elle  est  limitée  au  nord  par  les 
Seketâna,  au  sud  par  TAginan  et  les  Ait  Bou  labia. 

ITINÉRAIRES.  —  1"  Des  Zagmouzen  a  l’ Aginan.  —  On  va  d’abord  au  had  des  Seketâna  :  de  là,  on  ga¬ 
gne  le  territoire  des  Imadiden.  Des  Imadiden  on  entre  dans  le  désert  de  Talart  Imadid,  long  d’une 
heure  de  marche  ;  puis  on  passe  dans  la  tribu  d’Ounzin  à  Tamda  :  de  Tamda,  on  va  à  El  Aïn.  Entre  El 
Ain  et  TOuad  Aginan  s’étend  le  désert  de  Tasrirt,  long  d’une  journée  :  on  le  traverse.  En  en  sortant, 
on  aboutit  à  Taltgmout,  qçar  des  Ounzin  sur  TOuad  Aginan  :  on  descend  ce  cours  d’eau  jusqu’à  TA¬ 
ginan. 

2°  De  l’Aginan  a  Tamda  Aïtbir  (Ounzin).  —  On  remonte  TOuad  Aginan  jusqu’à  Tamdrart.  Puis 
on  le  laisse  et  on  gravit  le  flanc  droit  de  sa  vallée  :  après  une  forte  montée,  on  parvient  à  un  plateau, 
Areg  Igni  n  Imerraden.  C’est  un  désert.  On  le  parcourt  et  on  passe  dans  un  autre  appelé  Tougdin,  puis 
dans  un  troisième  du  nom  de  Taznout.  Ces  trois  déserts  font  partie  du  Khela  Tasrirt.  A  l'extrémité  du 
dernier  se  trouve  le  qçar  d'El  Aïn  Ounzin  :  de  là,  on  gagne  Tamda.  Point  de  rivière  depuis  TOuad  Agi¬ 
nan.  El  Aïn  est  dans  le  bassin  du  Sous. 

3n  De  Tisint  a  Tinfat.  —  De  Tisint ,  on  va  rejoindre  TOuad  Aginan  et  on  le  remonte  jusqu’à  Tam¬ 
drart.  De  là,  on  gagne  le  qçar  d’Argoummi,  puis  celui  d’Irri,  puis  un  groupe  de  plusieurs  qçars  appelé 
Tinfat;  Argoummi,  Irri  et  Tinfat  font  partie  de  la  fraction  d’Imskal  de  la  tribu  des  Seketâna.  Ils  sont 
dans  le  bassin  du  Sous. 

Distances  :  de  Tamdrart  à  Argoummi  comme  de  Tisint  à  Kheneg  Tesatift. 
d’Argoummi  à  Irri  comme  de  Tisint  à  Qaçba  el  Djoua. 
d’Irri  à  Tinfat  comme  de  Tisint  à  Trit. 

i"  De  Tisint  a  Tazouli.  — On  va  à  Aqqa  Iren  :  de  là,  on  remonte  TOuad  Aqqa  Iren  jusqu'à  Ait  Man- 


BASSIN  DE  L'OUAD  DBA. 


307 

cour.  On  quitte  la  rivière  et  on  gagne  successivement  les  qçars  suivants  :  Taïfst,  Inisi,  Imi  et  Aïn,  Tam¬ 
da,  Madida  (groupe  de  plusieurs  qçars),  Ifri  Madida,  Imtaoun  (groupe  de  4  qçars)  et  Tazouli  (groupe 
de  7  qçars)  :  tous  sont  dans  le  bassin  de  l’Ouad  Sous;  tous,  sauf  ceux  de  Tazouli,  ne  sont  arrosés  que 
par  des  sources  :  depuis  Ait  Mançour,  on  ne  rencontre  aucun  cours  d’eau  sur  le  chemin  jusqu’à  Tazouli  : 
là  on  trouve  une  rivière,  l’Ouad  Tazouli ,  venant  du  pays  des  Zenàga  et  se  jetant  dans  l’Ouad  Ait 
Semmeg. 

Taïfst,  Inisi,  Imi  el  Aïn  ,  Tamda  font  partie  de  la  tribu  d’Ounzin.  Madida  et  Ifri  Madida  font  partie 
de  la  fraction  des  Imadiden,  de  la  tribu  des  Seketâna.  Toutes  ces  localités,  jusqu’à  Tazouli,  sont  tribu¬ 
taires  des  Ida  ou  Blal. 

Distances  :  d’Aït  Mançour  à  Taïfst  comme  de  Tisint  à  Qaçba  el  Djoua. 
de  Taïfst  à  Inisi  comme  de  Tisint  à  Trit. 
d’Inisi  à  Imi  el  Aïn  comme  de  Tisint  à  Aqqa  Iren. 
d’Imi  el  Aïn  à  Tamda  comme  de  Tisint  à  Aqqa  Ait  Sidi. 
de  Tamda  à  Madida  comme  de  Trit  à  Aqqa  Ait  Sidi. 
de  Madida  à  Ifri  Madida  comme  de  Tisint  à  Aqqa  Aït  Sidi. 
d’Ifri  Madida  à  Imtaoun  comme  de  Tisint  à  Trit. 
d’Imtaoun  à  Tazouli  comme  de  Tisint  à  Qaçba  el  Djoua. 


IV.  —  Ouads  Bou  Tamat,  Henina,  el  Qcib,  Kheneg  et  Teurfa,  Bent  en  Nas. 

1°  OUA  D  BOU  TA  MA  T.  —  Il  prend  naissance  à  l’ouest  do  Tisint ,  sur  le  versant  sud  du  Bani  :  près  de 
sa  source,  il  passe  à  Qoubba  Sidi  Ali  ou  Azza,  mausolée  entouré  de  palmiers  :  un  chéri f,  gardien  du 
sanctuaire,  habite  seul  ce  lieu.  De  là,  TOuad  Bou  Tamat  va  se  jeter  dans  le  Dra  à  Tingaï. 

Distance  :  de  Sidi  Ali  ou  Azza  à  Agadir  Tisint  comme  d’Agadir  Tisint  à  Trit. 

2°  OU  AD  HENINA.  —  La  source  en  est  à  l’ouest  de  celle  de  TOuad  Bou  Tamat,  sur  les  pentes  méri¬ 
dionales  du  Bani.  Le  cours  en  est  parallèle  à  celui  de  TOuad  Bou  Tamat,  mais  ne  traverse  que  le  dé¬ 
sert.  L’Ouad  Ilenina  se  jette  dans  le  Dra  à  Itist  Djedeïd. 

Aux  environs  de  leurs  sources,  les  ouads  Henina  et  Bou  Tamat  sont  éloignés  comme  Tisint  l’est  de 
Trit. 

3°  OU  AD  EL  QCIB.  —  Il  prend  naissance  sur  le  versant  sud  du  Bani,  à  l’ouest  de  TOuad  Henina.  Entre 
les  sources  de  ces  deux  rivières  se  trouve  la  distance  d’Agadir  Tisint  à  Aqqa  Aït  Sidi.  L’Ouad  el  Qcib  a 
son  cours  désert  et  se  jette  dans  le  Dra  à  Bist  Djedeïd. 

4°  OU  AD  KHENEG  ET  TEURFA.  —  Il  est  formé  de  trois  cours  d’eau  se  réunissant  à  la  porte  du 
Kheneg  et  Teurfa;  ce  sont  :  TOuad  Aqqa  Izen,  TOuad  Tesatift  et  TOuad  Aqqa  Igiren.  Nous  étudierons 
séparément  ces  trois  rivières,  puis  nous  passerons  à  TOuad  Kheneg  et  Teurfa  : 

Ouad  Aqqa  Izen.  —  Cours  d’eau  sans  importance  ne  traversant  que  le  désert.  Il  prend  sa  source  au 
Kheneg  Aqqa  Izen. 

Ouad  Tesatift.  —  Cours  d’eau  sans  importance,  sans  cesse  dans  le  désert.  11  sort  du  Kheneg  Tesatift. 

Ouad  Aqqa  Ioiiien.  —  Cette  rivière  ne  porte  en  général  ce  nom  qu’entre  Aqqa  Igiren  et  le  Kheneg 
et  Teurfa;  au-dessus,  dans  tout  son  cours  supérieur,  on  l'appelle  Ouad  Targant.  Elle  prend  sa  source 
aux  crêtes  du  Petit  Atlas  et  arrose  en  descendant  les  qçars  de  Tisfrioui,  Tisennasamin,  Targant,  Aqqa 
Igiren  (groupe  de  deux  qçars). 

Toutes  ces  localités  sont  entourées  de  dattiers.  La  première  compte  comme  faisant  partie  de  l’Oun- 
zin  ;  Tisennasamin,  Targant,  Aqqa  Igiren  sont  isolées.  Dans  (rois  de  ces  lieux,  la  population  est  la 
même,  mélange  de  Haratîn  et  de  Ghellaha  vassaux  des  Ida  ou  Blal.  A  Targant  seule  il  n’en  est  pas 
ainsi  :  ce  point,  habité  par  des  marabouts,  est  indépendant  :  Targant  n’est  d’ailleurs  qu  un  petit  qçar, 
fort  misérable. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


308 

L’Ouad  Aqqa  Igiren,  comme  tous  ceux  qui  prennent  leur  source  sur  le  versant  sud  du  Petit  Atlas, 
est  partout  à  sec,  si  ce  n’est  aux  points  habités. 

Distance  :  d'Aqqa  Igiren  à  Targant . 4  heures. 

AFFLUENTS.  —  L’Ouad  Aqqa  Igiren  ou  Ouad  Targant  reçoit  entre  Tisennasamin  et  Targant,  sur 
sa  rive  droite,  un  affluent  important,  l'Ouad  Sidi  Mohammed  ou  Iaqob. 

Ouad  Sidi  Mohammed  ou  Iaqob.  —  On  l’appelle  aussi  Ouad  Ilir  :  prenant  sa  source  à  la  crête  du  Pe¬ 
tit  Allas,  non  loin  du  col  d’Azrar,  il  traverse  d’abord,  en  descendant,  les  déserts  où  campent  les  Ait 
Jellal  ;  puis  il  arrose  les  qçars  suivants  : 

Sidi  Mohammed  ou  Iaqob  (zaouïa),  Fedoukkes,  Reken,  Ilir. 

Les  deux  derniers  sont  entourés  de  dattiers;  les  premiers  n’en  ont  point.  Ces  divers  qçars  sont  iso¬ 
lés  les  uns  des  autres.  Sidi  Mohammed  ou  Iaqob  se  trouve  sur  la  rive  gauche  de  l’ouad  :  c’est  une 
zaouïa  qu’habitent  les  descendants  de  Sidi  Mohammed  ou  Iaqob  ;  le  tombeau  de  ce  saint  se  trouve  là. 
Les  marabouts  sont  au  nombre  d’environ  80;  on  vient  les  visiter  de  fort  loin.  Ce  point  est  un  lieu  de 
pèlerinage  fréquenté  par  les  gens  de  Tisint,  de  Tatta  et  d’Aqqa,  et  par  les  Zenâga. 

Distances  :  de  Toug  er  Rih  à  Ilir  comme  de  Toug  er  Rih  à  Foum  Asgig. 
d’Ilir  à  Reken  comme  de  Tisint  à  Trit. 

de  Reken  à  Fedoukkes  comme  2  fois  de  Tisint  à  Aqqa  Ait  Sidi. 
de  Fedoukkes  à  S.  Mohammed  ou  Iaqob  comme  de  Tisint  à  Aqqa  Iren. 

OUAD  KHENEG  ET  TEURFA.  —  11  passe,  après  sa  sortie  du  Kheneg  et  Teurfa  à  El  Mehagen  (bas  co¬ 
teaux);  puis  à  Ain  Delai  (bouquets  de  palmiers,  sans  habitations)  ;  à  Ain  Chcbar  (source);  ensuite  il 
entre  dans  la  plaine  semée  de  gommiers  d’El  Kheroua,  à  l’extrémité  de  laquelle  il  traverse  le  Kheneg 
el  Gerzim  :  il  descend  de  là  à  Gerzima  (plaine  de  sable  avec  du  sebt),  puis  arrose  la  plaine  de  Medel- 
les  et  enfin  se  jette  dans  le  Dra,  dans  la  portion  du  Mader  Ida  ou  Blal  appelée  Bou  Arbaïn. 

AFFLUENTS.  —  L’Ouad  Kheneg  et  Teurfa  a  trois  principaux  affluents,  deux  sur  sa  rive  droite  et  un 
sur  sa  rive  gauche.  Les  premiers  sont  l’Ouad  Toufasour,  s’y  jetant  au  Kheneg  el  Gerzim ,  et  l’Ouad 
Asgig,  s’y  jetant  au  point  même  où  il  finit,  à  Bou  Arbaïn.  Celui  de  gauche  est  l’Ouad  Djedari,  s’y  jetant 
au  sud  du  Gelob,  au  pied  de  ce  mont. 

Ouad  Toufasour.  —  Il  prend  sa  source  dans  l’areg,  au  sud  du  Bani,  à  Aoumasin  (bouquets  de  pal¬ 
miers  sans  habitations),  puis  passe  à  Toufasour  (quelques  palmiers  sans  maisons);  de  là,  il  entre  dans 
la  plaine  d’El  Kheroua,  où  il  se  jette,  au  Kheneg  el  Gerzim,  dans  l'Ouad  Kheneg  et  Teurfa.  Le  cours 
en  est  désert. 

Affluent.  —  L’Ouad  Toufasour  reçoit  un  affluent,  l’Ouad  Mezarreb ,  se  jetant  sur  sa  rive  gauche 
dans  la  plaine  d’El  Kheroua. 

Ouad  Mezarreb.  —  11  prend  sa  source  aux  collines  d’El  Mezarreb,  au  sud  du  Bani;  le  cours  en  est 
désert. 

Ouad  Asgig.  —  11  prend  sa  source  dans  les  collines  qui  sont  au  sud  de  Tatta  ;  le  cours  en  est  désert. 

Ouad  el  Djedari.  —  11  prend  sa  source  dans  le  flanc  sud  du  Bani,  entre  l’Ouad  el  Qcib  et  le  Kheneg 
et  Teurfa.  Le  cours  en  est  désert.  Il  se  jette  dans  l’Ouad  Kheneg  et  Teurfa  au  pied  du  Gelob,  mon¬ 
tagne  nue,  déserte  et  isolée  qu’on  voit  de  Rist  Djedeïd  :  le  massif  du  Gelob  se  trouve  entre  les  deux 
rivières  qui  coulent,  l’une  contre  son  flanc  est,  l’autre  contre  son  flanc  ouest,  et  se  réunissent  à  son 
extrémité  sud.  Le  Gelob  contient  des  mines  d’antimoine. 

5°  OUAD  BENT  EN  NAS.  —  L’Ouad  Bent  en  Nas,  qu’on  appelle  aussi  dans  son  haut  cours  Ouad 
Kheneg  Zrorha ,  prend  sa  source  un  peu  au  nord  du  Kheneg  Zrorha ,  traverse  ce  kheneg,  s’engage 
dans  la  plaine  de  Bouddeïr,  en  sort  par  le  Kheneg  Bent  en  Nas  et  enfin  se  jette  dans  le  Dra  au  Khrouf. 
Le  cours  en  est  désert. 

AFFLUENTS.  —  Il  reçoit  deux  affluents,  l’Ouad  Aïn  es  Seka,  se  jetant  sur  sa  rive  droite,  et  l’Ouad  el 
Bouir,  se  jetant  sur  sa  rive  gauche. 

Ouad  Ain  es  Seka.  —  Il  prend  sa  source  dans  la  plaine  de  Bouddeïr,  passe  à  Aïn  es  Seka  (source  et 


BASSIN  DU  L'OUAD  DBA. 


309 

bouquets  de  palmiers,  sans  habitations),  puis  à  Art  el  Mamoun  (lieu  désert),  et  enfin  se  jette  dans 
l’Ouad  Bent  en  Nas. 

Ouad  el  Bouir.  —  Il  prend  sa  source  à  des  puits  situés  à  l’est  de  l’Ouad  Bent  en  Nas.  Le  cours  en  est 
désert. 

REMARQUE  SUR  LA  TRIBU  DES  AIT  JELLAL.  —  I  jes  Ait  Jellal,  qu’on  appelle  aussi  quelquefois  Oulad 
Jellal,  sont  une  tribu  nomade  installée  au  nord  des  Ida  ou  Blal,  avec  qui  ils  sont  presque  toujours  en 
guerre,  quoiqu'ils  leur  paient  une  debiha.  Ils  sont,  avec  les  Oulad  labia,  la  seule  tribu  nomade  campant 
sur  le  versant  sud  du  Petit  Atlas.  Encore  les  Oulad  labia  ne  sont-ils  nomades  qu’à  demi  et  ont-ils  bon 
nombre  de  qçars  ;  les  Ait  Jellal,  au  contraire,  n’en  possèdent  pas  un  seul  et  ne  vivent  que  sous  la  tente. 
Ils  peuvent  lever  800  à  900  fusils;  leurs  campements  habituels  sont  sur  les  bords  de  l’Ouad  Sidi  Mo¬ 
hammed  ou  laqob,  au-dessus  de  la  zaouïa.  Leurs  limites  sont  :  au  nord  la  crête  supérieure  du  Petit 
Atlas,  à  l’ouest  les  Isaffen,  à  l’est  l’Ounzin,  au  sud  les  Ida  ou  Blal;  jamais  ils  ne  descendent  au-des¬ 
sous  d’Afra  sur  l’Ouad  Tatta,  d’Ilir  sur  l’Ouad  Sidi  Mohammed  ou  laqob;  ils  ne  sortent  pas  de  la 
montagne,  où  ils  vivent  du  produit  de  leurs  moutons  et  de  leurs  chameaux.  Les  Ait  Jellal  ne  parlent 
qu’arabe.  Gomme  les  Ounzin,  comme  toutes  les  tribus  de  ces  régions,  ils  sont  indépendants.  Les  de- 
bibas  comme  les  leurs  ne  sont  en  aucune  façon  des  marques  de  dépendance. 

ITINÉRAIRE  D'AQQA  IGIREN  A  EL  HOUAIDJ  IMERSI.  —  On  part  d’Aqqa  Igiren;  on  remonte  l’Ouad 
Targant  en  passant  par  Targant,  Tisennasamin  et  Tisfrioui,  puis  on  le  quitte  et,  continuant  à  marcher  sur 
le  territoire  d’Ounzin  où  l’on  est  entré  à  Tisfrioui,  on  y  traverse  successivement  les  qçars  d’Ould  Fatma 
Hammou,  d’Agouidir,  d’Imoula  (très  grand  qçar);  de  là,  on  parvient  à  El  Houaïdj  Imersi  (2  qçars).  Ces 
derniers  qçars  appartiennent  à  la  tribu  d’Ounzin;  ils  ne  sont  arrosés  que  par  des  sources  et  n’ont  point 
de  dattiers;  ils  sont  dans  le  bassin  du  Sous. 


V.  —  Ouad  Tatta. 


L’Ouad  Tatta  prend  naissance  à  la  crête  du  Petit  Atlas ,  dans  la  tribu  des  Ida  ou  Kensous  :  cette  tri¬ 
bu  occupe  la  portion  du  plateau  supérieur  de  la  chaîne  siluée  an  nord  de  cette  rivière,  les  sources 
de  celle-ci  et  son  cours  supérieur.  L’Ouad  Tatta  arrose  d’abord  un  certain  nombre  de  villages  des  Ida 
ou  Kensous,  puis  il  passe  dans  la  tribu  de  Tagmout;  il  y  baigne  les  qçars  dont  elle  se  compose.  Là 
commencent  les  dattiers.  Le  Tagmout  succède  immédiatement  aux  Ida  ou  Kensous  :  point  de  désert 
entre  eux.  Au-dessous  du  Tagmout,  au  contraire,  il  y  a  un  désert  assez  long.  L’ouad  le  traverse  et  en¬ 
suite  entre  dans  l’oasis  de  Tatta;  il  y  arrose  successivement  les  qçars  suivants  : 

Afra  (qui  se  prononce  aussi  Ofra;  elle  est  formée  de  deux  qçars  :  l’un,  appelé  Agadir  Afra,  ou  Aga¬ 
dir  el  Hena,  est  sur  le  bord  de  la  rivière;  l’autre  est  situé  à  quelque  distance,  sur  les  premières  pentes 
du  liane  droit  :  il  porte  le  nom  d’Afra  Fouqania,  ou  d’Aït  Hoseïn.  C’est  dans  ce  dernier  que  se  trouve 
la  qoubba  de  Sidi  Mohammed  d  Ait  Hoseïn). 

Ait  Iasin  (formée  de  deux  qçars) 

Tarla . rive  droite. 

Tiiti . rive  gauche. 

Qacba  el  Makhzen  (ruines  d’une  qaçba  depuis  longtemps, 
déserte) . rive  droite. 

Tigiselt . rive  gauche. 

Agerzaggen . rive  gauche. 

Tiiggan  (à  quelque  distance  de  l’ouad,  sur  sa  rive  gauche). 

Au-dessous  de  Tiiggan,  l’ouad  entre  dans  une  vaste  plaine,  Areg  Bon  Ajaj  :  à  partir  de  là,  il  coule 
dans  le  désert  et  y  reste  jusqu’à  son  confluent  avec  le  Dca,  dans  le  Mader  Tatta,  à  F  Areg  Souir. 

En  tous  les  points  habités  du  Tagmout  et  de  Tatta,  il  y  a  des  palmiers.  Entre  les  divers  qçars  du  Tag- 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC 


.110 

moût,  point  de  portion  déserte;  il  y  a  un  désert  assez  long  entre  le  Tagmout  et  Afra;  il  y  en  a  d’autres 
plus  courts  entre  Afra  et  Ait  Iasin,  entre  Ait  lasin  et  Tarla,  entre  Tiiti  et  Qaçba  el  Makhzen,  entre 
Qaçba  el  Makhzen  et  Tigiselt,  entre  Tigiselt  et  Agerzaggen,  entre  Agerzaggen  et  Tiiggan.  Ce  n’est 
qu’entre  Tarla  et  Tiiti  qu’il  n’y  en  a  point  :  encore  les  plantations  ne  s’y  prolongent-elles  que  sur  la 
rive  gauche  de  la  rivière.  C’est  à  hauteur  de  Tiiti  que  l’Ouad  Tatta  franchit  le  Bani,  au  Kheneg  Adis  : 
il  passe  contre  le  flanc  ouest  du  kheneg,  le  long  de  la  montagne  dont  il  baigne  le  pied;  à  ce  point,  il 
est  étroitement  enfermé  entre  la  paroi  du  Bani  d’une  part,  les  murs  de  Tiiti  de  l’autre. 

De  sa  source  à  Ait  Iasin,  l’Ouad  Tatta  coule  dans  une  vallée  étroite  et  profonde,  encaissée  entre  les 
pentes  du  Petit  Atlas;  d’Aït  Iasin  à  Tiiti,  il  descend  par  une  série  de  plaines,  areg ,  s’étageant  entre 
des  lignes  de  collines  rocheuses  de  00  à  100  mètres  de  hauteur,  toutes  parallèles  au  Bani.  Tarla  est  si¬ 
tuée  au  pied  méridional  de  la  dernière  de  ces  chaînes  avant  le  Bani.  La  région  montagneuse  que  tra¬ 
verse  la  rivière  entre  le  Tagmout  et  Afra  s’appelle  Bon  Oudi. 

Distances  :  de  Qaçba  el  Makhzen  à  Tarla  comme  de  Qaçba  el  Djoua  à  Trit. 
de  Tarla  à  Ait  Iasin  comme  d’Agadir  Tisint  à  Trit.  - 
d’Aït  Iasin  à  Afra  comme  d’Adis  à  Toug  er  Rih. 

de  Toug  er  Rih  au  Tagmout  comme  de  Toug  er  Rih  à  Kheneg  Tesatift. 

AFFLUENTS.  —  L’Ouad  Tatta  reçoit  quatre  affluents  principaux  :  trois  sur  sa  rive  droite,  un  sur  sa 
rive  gauche.  Ce  sont  :  sur  sa  rive  droite  :  l’Ouad  Sidi  Nacer,  s’y  jetant  dans  le  désert  entre  le  Tagmout 
et  Tatta,  à  un  point  appelé  Irir  (gidi  ;  l’Ouad  Asmerdan,  s’y  jetant  entre  Tarla  et  Ait  Iasin;  l’Ouad 
Azerftin,  s’y  jetant  dans  le  désert  non  loin  de  Tiiggan  :  sur  sa  rive  gauche  :  l’Ouad  Adis,  s'y  jetant  dans 
le  désert,  en  un  point  appelé  Beka  Ghikh  en  Nahr. 

Ouad  Sidi  Nacer.  —  Je  n’ai  pu  avoir  aucun  renseignement  sur  lui. 

Ouad  Asmerdan.  — Il  prend  sa  source  dans  un  massif  de  montagnes  appelé  Asmerdan.  Il  arrose  en 
descendant  deux  qçars,  faisant  partie  de  Tatta;  ce  sont  : 

Aïgou,  Agellouz,  l’un  et  l’autre  entourés  de  dattiers. 

Distances  :  de  Tarla  à  Agellouz  comme  d’Aqqa  Izenqad  à  Aqqa  Izen. 

d’Agellouz  à  Aïgou  comme  de  Tintazart  à  Toug  er  Rih. 

Ouad  Azerftin.  —  Il  prend  sa  source  sur  les  premières  pentes  du  Petit  Atlas,  traverse  le  Bani  au 
Kheneg  Azerftin,  puis  se  jette  dans  l’Ouad  Tatta.  Le  cours  en  est  désert. 

Ouad  Adis.  —  Il  prend  sa  source  dans  le  Petit  Atlas,  où  il  traverse  un  kheneg  du  nom  d’Imi  n  ou 
Aqqa.  Le  cours  en  est  désert  jusqu'au  point  où  il  entre  dans  l’oasis  de  Tatta,  à  Aqqa  Izenqad  :  jusque- 
là  il  est  appelé  Ouad  Imi  n  ou  Aqqa;  c’est  à  partir  d’Aqqa  Izenqad  qu’il  porte  le  nom  d’Ouad  Adis.  11 
arrose  en  descendant  : 

Aqqa  Izenqad  ; 

Adis  (2  qçars,  Tamessoult  sur  la  rive  gauche  de  la  rivière,  Ait  ou  Ahman  du  même  côté  ,  mais  à 
quelque  distance  du  bord); 

Zaouïa  Aïl  Ben  Nacer; 

Qoubba  Sidi  Ali  ben  Djebira; 

Djerfel  Hammam  (bouquets  de  palmiers;  point  d'habitations); 

Tazoult  ; 

Eufriin  (bouquets  de  palmiers  et  sources;  point  d’habitations). 

Depuis  Tazoult,  il  coule  dans  le  désert,  jusqu’au  point  où  il  se  jette  dans  l’Ouad  Tatta. 

Il  franchit  le  Bani  au  Kheneg  Adis,  dans  la  partie  est  de  ce  passage,  au  pied  de  Tamessoult  dont 
il  baigne  les  murs. 

AFFLUENTS.  —  L’Ouad  Adis  reçoit  quatre  affluents  principaux,  deux  sur  sa  rive  droite  et  deux  sur 
sa  rive  gauche.  Ceux  de  droite  sont  :  l’Ouad  Izourzen,  s’y  jetant  à  Aqqa  Izenqad;  l’Ouad  Toug  er  Rih, 
s’y  jetant  entre  la  qoubba  de  Sidi  Ali  ben  Djebira  et  Djerf  el  Hammam.  Ceux  de  gauche  sont  :  l’Asif 
Oudad,  s’y  jetant  un  peu  au-dessus  d’Aqqa  Izenqad;  l’Ouad  Djebaïr,  s’y  jetant  à  Eufriin. 


BASSIN  DE  L’OUAD  DBA. 


31 1 


Ouad  Izourzen.  —  11  prend  sa  source  dans  la  région  moyenne  du  Petit  Atlas;  le  cours  en  est  désert. 

Affluent.  —  L’Ouad  Izourzen  reçoit  sur  sa  rive  droite,  tout  près  d’Aqqa  Izenqad,  l’Ouad  Bon 
Chaked. 

Ouad  Bon  Chaked.  - —  11  prend  sa  source  au  puits  de  Bou  Chaked;  le  cours  en  est  désert. 

Ouad  Toug  er  Rih.  — Cette  rivière  importante  porte  un  grand  nombre  d’autres  noms  :  on  l’appelle 
aussi  Ouad  Bou  Herhour,  Ouad  Tirremt,  Ouad  Ijja.  Elle  prend  sa  source  dans  le  massif  montagneux 
d'Azegga;  elle  entre  ensuite  dans  l’oasis  de  Tattà  où  elle  arrose  successivement  les  qçars  que  voici  : 

Tifrest 
Serrina  \ 

Aït  Ijja  (  compris  sous  le  nom  d’Aït  Zouli  ; 

Tazoulit  ) 

Tirremt  (composée  de  3  ou  4  qçars)  ; 

Agjgal  (appelée  aussi  Raliba)  (à  hauteur  et  non  loin  d’Afra  sur  l’Ouad  Tatta); 

Imtüan  (à  hauteur  et  près  d’Aït  Iasin  sur  l’Ouad  Tatta), 

Tigzmert  (sur  la  rive  droite  de  l’ouad,  à  quelque  distance  de  son  lit); 

Taldnount  (se  compose  de  2  qçars,  Aglagal  et  Tammast  :  Taldnount  en  comprenait  autrefois  7,  mais 
les  5  autres  ont  été  détruits,  il  y  a  trente  ans,  par  les  Ida  ou  Blal;  les  ruines  qu’on  voit  au  point  nommé 
Ras  Irir  en  faisaient  partie.  —  Aglagal  et  Tammast  sont  sur  la  rive  gauche  de  l’ouad  ; 

El  Qçàhi  (appelé  aussi  El  Qcîbat  et  El  Qaçbat;  c’est  un  seul  qcar  formé  de  deux  quartiers,  Tirremt 
et  Aït  Jellal,  compris  dans  une  même  enceinte); 

Tiiti  ; 

Toug  er  Rih  (appelé  aussi  Isbabaten). 

Auprès  de  ce  dernier  qçar,  la  rivière  se  jette  dans  l’Ouad  Adis. 

Elle  traverse  le  Bani  au  kheneg  d’Adis ,  passant  au  milieu  du  défilé,  entre  l’Ouad  Tatta  et  l’Ouad 
Adis. 

Tous  les  points  habités  de  l’Ouad  Toug  er  Rih  ont  des  palmiers. 

Distances  :  d’El  Qçâbi  à  Tigzmert  comme  de  Toug  er  Rih  à  Adis. 

de  Tigzmert  à  Imtfian  comme  de  Toug  er  Rih  à  Adis. 
d’Imtfian  à  Agjgal  comme  de  Toug  er  Rih  à  El  Qçâbi. 
d’Agjgal  à  Tirremt  comme  d’El  Qçâbi  à  Adis. 
de  Tirremt  à  Tazoulit  comme  de  Toug  er  Rih  à  Adis. 

Asif  Oudad.  —  Il  prend  sa  source  sur  les  pentes  inférieures  du  Petit  Atlas,  aux  collines  d’Anamelloul, 
et  se  jette  dans  l’Ouad  Imi  n  ou  Aqqa,  peu  au-dessous  d’Aqqa  Izenqad  :  le  cours  en  est  désert;  on  y 
trouve,  dans  la  montagne,  le  puits  Hasi  El  Hasen  Mohammed,  creusé  en  son  lit. 

Affluent.  — L’Asif  Oudad  reçoit  au  pied  du  Bani  un  affluent,  l’Ouad  Kheouïa,  qui  se  jette  sur  sa 
rive  gauche. 

Ouad  Kheouia.  —  11  prend  sa  source  dans  les  pentes  inférieures  du  Petit  Atlas,  aux  collines  de 
Kheouïa.  Le  cours  en  esl  désert. 

Ouad  Djebaïr.  —  Il  prend  sa  source  Anrerif,  puis  passe  à  Djebaïr,  ensuite  à  Sidi  El  Medaoui  (bou¬ 
quets  de  palmiers  sans  habitations),  puis  à  Eufriin,  où  il  se  jette  sur  la  rive  gauche  de  l’Ouad  Adis. 

REMARQUE  SUR  LES  TRIBUS.  - —  Ainsi  qu’on  le  voit,  les  eaux  du  bassin  de  l’Ouad  Tatta  n’ar¬ 
rosent  que  trois  territoires,  ceux  des  Ida  ou  Kensous,du  Tagmout  et  de  Tatta.  Les  Ida  ou  Kensous 
et  le  Tagmout  sont  des  tribus.  Tatta  est  un  district  dont  les  qçars  ne  sont  unis  entre  eux  par  aucun 
lien.  Nous  connaissons  Tatta  :  nous  nous  occuperons  ici  des  Ida  ou  Kensous  et  du  Tagmout. 

Ida  ou  Kensous.  —  Ils  s’étendent  sur  une  partie  du  haut  plateau  qui  couronne  les  deux  versants  du 
Petit  Atlas ,  et  occupent  les  sources  de  l’Ouad  Tatta  et  le  cours  supérieur  de  cette  rivière.  Leur  territoire 
a  pour  limites,  à  l’ouest  les  Ida  ou  Zkri,  au  sud  le  Tagmout  et  les  Aït  Jellal,  à  l'est  la  tribu  d'Azrar. 
Leurs  terres  prolongent  celles  des  Ida  ou  Zkri  et  >ont  dans  une  situation  analogue  :  ces  deux  territoires 


312 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


se  touchent  ,  et  on  passe  d’une  tribu  à  l’autre  sans  sortir  des  villages  et  des  cultures.  La  famille  des 
chikhs  héréditaires  des  Ida  ou  Kensous  s’étant  éteinte  il  y  a  quelque  temps ,  ceux-ci  se  sont  placés 
d’eux-mêmes  sous  l’autorité  de  Hadj  Mohammed  Amerri,  chikh  héréditaire  des  Ida  ou  Zkri  :  c’est  lui 
qui  les  gouverne  à  présent.  Ils  ne  reconnaissent  pas  le  sultan.  Leur  pays  renferme  un  très  grand  nom¬ 
bre  de  qçars.  Ils  forment  plus  de  2,500  fusils.  C’est  une  tribu  riche  et  industrieuse  :  elle  est  renom¬ 
mée  pour  ses  belles  maisons  et  pour  ses  ouvriers  en  cuivre  et  autres  métaux;  elle  fabrique  les  plus 
beaux  poignards,  les  plus  beaux  fusils,  les  plus  belles  cornes  à  poudre  du  sud  du  Maroc.  Les  Ida  ou 
Kensous  ont  trois  ou  quatre  agadirs.  Pas  de  marché.  Ils  vont  à  ceux  de  Tatta,  des  Isaffen,  des  Ida  ou 
Zkri.  Pas  de  Juifs.  Point  de  dattiers  ni  d’oliviers  chez  eux,  mais  un  très  grand  nombre  d’amandiers. 
L’Ouad  Tatta  est  la  seule  rivière  qui  arrose  leur  territoire.  La  plupart  de  leurs  qçars  ne  sont  alimentés 
que  par  des  citernes. 

Les  Ida  ou  Kensous  sont  Chellaha  et  ne  parlent  que  le  tamazirt.  Ils  sont  sédentaires. 

En  ce  moment,  les  Ida  ou  Kensous  sont  en  guerre  avec  Qaçba  el  Djoua. 

Tagmout.  —  Cette  tribu  ne  comprend  qu’une  douzaine  de  qçars ,  tous  situés  sur  les  rives  mêmes  de 
l'Ouad  Tatta,  immédiatement  au-dessous  de  ceux  des  Ida  ou  Kensous.  Les  Ait  Tagmout  forment  en¬ 
viron  700  fusils.  Us  n’ont  pas  de  chikh  ;  ils  se  gouvernent  démocratiquement  par  une  djemaaa.  Point 
d’agadir.  Pas  de  marché  ni  de  Juifs.  Les  Ail  Tagm«ut  sont  Chellaha  et  sédentaires  et  ne  parlent  que 
le  tamazirt.  Ils  ont  des  palmiers  et  aussi  des  amandiers  :  ce  dernier  arbre  disparaît  au-dessous  de  leur 
territoire. 

Dans  les  montagnes  des  environs  de  Tagmout,  il  y  a  du  minerai  d’argent. 


VI.  —  Ouad  Meskaou. 


L’Ouad  Meskaou  prend  sa  source  sur  les  premières  pentes  du  Petit  Atlas  entre  Tatta  et  Aqqa ,  tra¬ 
verse  le  Bani  au  kheneg  appelé  Foum  Meskoua,  et  se  jette  dans  le  Dra  au  Mader  Tatta,  dans  la  partie 
nommée  Souekh.  Le  cours  en  est  désert. 


VII.  —  Ouad  Aqqa. 

L’Ouad  Aqqa,  qui,  dans  son  haut  cours,  est  appelé  souvent  Ouad  Isaffen,  prend  naissance  à  la  crête 
supérieure  du  Petit  Atlas,  dans  la  tribu  des  Ida  ou  Zkri  :  cette  dernière  occupe  le  haut  plateau  qui 
couronne  la  chaîne  au  nord  de  la  rivière,  les  sources  de  celle-ci  et  tout  son  cours  supérieur,  qu’elle  gar¬ 
nit  de  ses  qçars.  En  sortant  des  Ida  ou  Zkri ,  l’Ouad  Aqqa  entre  chez  les  Isaffen  :  ces  deux  tribus  se 
font  suite  sans  qu’aucun  désert  les  sépare;  point  de  désert  non  plus  entre  les  divers  villages  ou  qçars 
de  chacune  d’elles  :  depuis  les  sources  jusqu’au  point  le  plus  bas  des  Isaffen ,  les  bords  de  l’ouad  ne  sont, 
sans  interruption,  que  qçars  et  que  cultures  :  oliviers,  figuiers,  amandiers  surtout,  chez  les  Ida  ou 
Zkri;  oliviers,  figuiers  et  palmiers  chez  les  Isaffen  et  au-dessous  d’eux.  En  quittant  les  Isaffen,  l’Ouad 
Aqqa  traverse  un  court  espace  désert,  puis  arrose  le  grand  village  de  Tizgi  Ida  ou  Baloul.  De  là,  il  en¬ 
tre  dans  le  vaste  désert  d’Iinaouen,  où  il  reste  jusqu’au  Bani  :  il  traverse  cette  chaîne  à  Foum  Aqqa;  en¬ 
suite  il  entre  dans  l’oasis  d' Aqqa  ;  il  en  arrose  les  plantations,  et  passe  au  pied  de  plusieurs  de  ses 
qçars  :  Ez  Zaouïa,  Erhal,  Ait  Bou  Fedaïl,  Ait  Djellal,  Ait  Aliter  sont  sur  ses  bords.  Au  sortir  d’Aqqa, 
l’ouad  rentre  dans  le  désert,  où  il  demeure  jusqu’à  son  confluent  avec  le  Dra,  auprès  de  la  qoubba  de 
Sidi  Amara,  dans  le  Mader  Aqqa.  Sur  tout  son  cours,  il  n’a  d’eau  d’une  manière  habituelle  qu’aux  points 
où  il  est  habité. 

AFFLUENTS.  —  L’Ouad  Aqqa  reçoit  quatre  affluents  principaux,  deux  sur  sa  rive  droite  el  deux  sur 
sa  rive  gauche;  les  deux  de  droite  sont  :  l’Ouad  Iberqaqen,  s’y  jetant  chez  les  Isaffen,  en  un  point  qui 


BASSIN  DE  L’OUAD  DBA. 


313 


forme  la  limite  entre  deux  fractions  de  cette  tribu,  les  Ait  Tasousekht  au  sud  et  les  Ait  Ouagrou  au 
nord;  l’Ouad  Tizert,  s’v  jetant  dans  le  petit  désert  qui  sépare  les  Isaffen  de  Tizgi  Ida  ou  Baloul.  Les 
deux  affluents  de  gauche  sont  :  l'Ouad  Imiteq,  s’y  jetant  dans  le  désert  d’Imaouen;  l’Ouad  Kebbaba, 
s’y  jetant  dans  le  désert  au  sud  d’Aqqa. 

Ouad  Iberqaqen.  —  11  descend  des  crêtes  supérieures  du  Petit  Atlas.  Le  cours  en  appartient  en 
entier  à  la  tribu  des  Iberqaqen.  Cette  rivière  a,  sur  toute  sa  longueur,  ses  bords  peuplés  et  cultivés  : 
le  fond  de  la  vallée,  très  étroit  et  très  encaissé,  est  partout  couvert  de  qçars  et  de  jardins,  oliviers  et 
figuiers  dans  la  portion  supérieure,  palmiers  dans  la  partie  basse. 

Ouad  Tizert.  —  Comme  la  rivière  précédente,  il  reste  tout  le  long  de  son  cours  enfermé  entre  les 
pentes  du  Petit  Atlas,  qui  encaissent  profondément  sa  vallée.  Il  arrose  une  dizaine  de  qçars  alignés  les 
uns  auprès  des  autres  sur  ses  bords  et  formant  un  seul  groupe  appelé  Tizert. 

Ouad  Imiteq.  — Il  prend  sa  source  aux  pentes  moyennes  du  Petit  Atlas,  arrose  le  qçar  d’Imiteq 
(qçar  isolé  entouré  de  palmiers,  habité  par  des  Chellaba  et  des  Haratîn),  puis  se  jette  dans  l’Ouad 
Aqqa  dans  le  désert  d’Imaouen. 

Ouad  Kebbaba.  —  Il  coule  à  Test  de  l’Ouad  Aqqa,  longe  la  lisière  orientale  de  l'oasis  d’Aqqa,  où  il 
arrose. les  deux  qçars  d’Agadir  Ouzrou  et  d’El  Kebbaba,  puis  se  jette  dans  l’Ouad  Aqqa  dans  le  désert. 

AFFLUENT.  —  L’Ouab  Kebbaba  reçoit  un  affluent,  l’Ouad  Defalia,  se  jetant  sur  sa  rive  gauche  au- 
dessous  d’Aqqa ,  dans  le  désert. 

Ouad  Defalia.  —  Il  prend  sa  source  sur  le  flanc  sud  du  Bani  et  arrose  le  petit  qçar  d’Oumm  el  Aleg 
(se  composant  de  30  maisons  divisées  en  deux  quartiers;  il  appartient  aux  Ait  ou  Mribet).  Le  reste  du 
cours  est  désert  et  à  sec. 

REMARQUES  SUR  LES  TRIBUS.  —  Le  bassin  de  l'Ouad  Aqqa  appartient  en  entier,  à  l’exception  des 
qçars  d’Imiteq  et  de  Tizgi  Ida  ou  Baloul,  qui  sont  isolés,  à  3  tribus  :  les  Ida  ou  Zkri,  les  Isaffen,  les 
Iberqaqen,  les  Ait  Tizert,  les  Ait  ou  Mribet;  sur  le  territoire  de  ces  derniers  se  trouve  l'oasis  d’Aqqa. 
Nous  avons  déjà  parlé  et  d’Aqqa  et  des  Ait  ou  Mribet.  Nous  allons  dire  quelques  mots  des  quatre 
autres  tribus. 

Ida  ou  Zkri.  —  Cette  tribu  habite  le  haut  plateau  qui  couronne  le  Petit  Atlas  au  nord  de  l’Ouad 
Aqqa,  les  sources  de  cette  rivière, -sa  vallée  supérieure  jusqu’aux  Isaffen,  et  les  plateaux  qui,  en  cette 
partie  de  son  cours,  s’étendent  des  deux  côtés  de  sa  vallée.  Elle  est  tout  entière  gouvernée  par  un 
seul  chikli,  Iladj  Mohammed  Amerri;  ce  chikh  est  très  puissant  :  plusieurs  tribus  voisines  se  sont, 
par  des  debihas,  constituées  ses  vassales.  Les  Ida  ou  Zkri  ne  reconnaissent  point  le  sultan.  Ils  ont  un 
marché,  le  Djemaa  Izalaren,  qu’on  appelle  aussi  Djemaa  Amerri  parce  qu’il  se  tient  près  de  la  de¬ 
meure  du  chikh.  Leur  pays  renferme  un  grand  nombre  de  qçars;  ils  ont  trois  ou  quatre  agadirs  ;  ils 
peuvent  lever  2000  fusils.  Leur  sol  est  très  fertile  :  les  bords  de  l’Ouad  Aqqa  sont  couverts  d’oliviers; 
le  plateau  qui  forme  la  plus  grande  partie  de  leur  territoire ,  et  qui  s’étend  sur  le  haut  des  deux  ver¬ 
sants  du  Petit  Atlas,  n’est  que  champs  et  qu’amandiers.  Les  Ida  ou  Zkri  sont  Chellaba  et  sédentaires. 
Comme  famille,  ils  sont  frères  des  Ilalen,  tout  en  étant  une  tribu  séparée.  Us  ont  pour  limites  :  à  Test 
les  Ida  ou  Kensous,  au  sud  les  Isaffen,  à  l’ouest  les  Iberqaqen  et  les  Ilalen. 

Distances  :  de  Taroudant  à  la  maison  de  Chikh  Amerri . 1  jour. 

de  Tizgi  Ida  ou  Baloul  à  la  maison  de  Chikh  Amerri.  .  1  jour. 

Isaffen.  —  Cette  tribu,  appelée  aussi  Ait  Isaffen,  n’habite  que  la  vallée  même  de  l'Ouad  Aqqa; 
elle  est  limitée,  au  nord  par  les  Ida  ou  Zkri,  au  sud  par  un  petit  désert  qui  la  sépare  de  Tizgi  Ida  ou 
Baloul.  Point  de  désert  entre  les  Isaffen  et  les  Ida  ou  Zkri;  on  passe  d'une  tribu  dans  l’autre  sans  sor¬ 
tir  des  jardins  et  des  cultures.  Les  Isaffen  se  subdivisent  en  trois  fractions;  ce  sont,  en  descendant 
l'Ouad  Aqqa  : 

Les  Ida  ou  Tints  (sur  les  bords  de  l’Ouad  Aqqa,  au-dessous  des  Ida  ou  Zkri  et  au-dessus  des  Ait 
Ouagrou.  Us  sont  gouvernés  par  un  chikh  héréditaire,  Chikh  Bel  Aid  Et  Taleb). 

KLCONNAISSANCE  AU  MVROC. 


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314 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Les  Ait  Ouagrou  (sur  les  bords  de  l’Ouad  Aqqa,  au-dessous  des  Ida  ou  Tiuts.  Ils  sont  gouvernés  par 
un  ehikh  héréditaire,  Ould  el  Hadj  labia). 

Les  Ait  Tasousekht  (sur  les  bords  de  l’Ouad  Aqqa,  au-dessus  des  Ait  Ouagrou.  Ils  sont  gouvernés 
par  un  chikh  héréditaire,  Ou  Bon  Hamed.  Cette  fraction  est  celle  que  nous  avons  traversée  en  allant 
à  Mogador.  Le  point  où  nous  avons  quitté  l’Ouad  Aqqa,  le  confluent  de  l’Ouad  Iberqaqen,  en  est  la 
limite  nord). 

Comme  on  le  voit,  les  Isaffen  sont  gouvernés  par  trois  chikhs  héréditaires.  C’est  une  tribu  séden¬ 
taire  et  chleuha  :  point  de  Haratln,  on  n’y  parle  que  le  tamazirt;  cependant  quelques  hommes  sa¬ 
vent  l’arabe. 

Un  marché,  le  Khemîs  Isaffen;  il  se  tient  au  pied  de  Qaçba  Chikh  Ould  el  Hadj  labia. 

Les  Isaffen  ont  la  plus  mauvaise  réputation  auprès  des  étrangers  :  voleurs,  pillards,  ils  rançonnaient 
impitoyablement,  il  y  a  peu  de  temps  encore,  les  voyageurs  et  les  caravanes  qui  traversaient  leur  ter¬ 
ritoire  :  le  chef  de  la  zaouïa  d’Aït  Haroun  Isaffen  se  distinguait  entre  tous,  et  on  ne  pouvait  passer  de¬ 
vant  la  maison  de  Dieu  sans  être  dévalisé;  aussi,  depuis  1877  (1),  les  convois  de  Mogador  à  Aqqa  et 
à  Tizounin  ne  prenaient  plus  leur  route  habituelle  par  le  territoire  des  Isaffen  (celle  que  j’ai  prise  moi- 
même  en  allant  à  Mogador)  :  ils  passaient  par  l’ouad  et  la  tribu  de  Tizert  et  débouchaient  de  là  sur 
Tizgi,  quoique  ce  chemin  soit  très  difficile  pour  les  bêtes  de  somme.  Depuis  une  année  environ,  les 
caravanes  reprennent  leur  ancienne  voie.  Le  chef  de  la  zaouïa  d’Aït  Haroun  a  été  longtemps  absent  et 
est  revenu  plus  calme  :  les  autres  Isaffen  ont  décidé  de  même  qu’à  l’avenir  les  voyageurs  passeraient  en 
paix;  ce  changement  s’est  produit  après  un  châtiment  que  Dieu  leur  a  infligé  :  ils  ont  été  maudits  par 
un  marabout  à  cause  de  leurs  brigandages,  leur  rivière  s’est  desséchée  et  il  y  a  eu  une  famine  épou¬ 
vantable;  les  eaux  ne  sont  revenues  que  lorsqu’ils  se  furent  amendés. 

Iberqaqen.  —  Cette  tribu  habite  d'une  part  le  haut  plateau  qui  couronne  le  versant  sud  du  Petit 
Atlas,  de  l’autre  la  vallée  de  l’Ouad  Iberqaqen.  Elle  ne  forme  qu’un  seul  groupe  :  une  seule  djemaaa 
la  gouverne.  Point  de  chikh.  Elle  a  trois  agadirs,  portant  l’un  le  nom  de  Tidgar,  les  deux  autres  ceux 
d’Agadir  Iberqaqen  (Fouqani  et  Tahtani).  Les  Iberqaqen  sont  Chellaha  et  sédentaires.  Leur  langue  est 
le  tamazirt.  Peu  parmi  eux  comprennent  l’arabe.  Point  de  marché  sur  leur  territoire  :  ils  vont  au 
Khemîs  Isaffen  et  au  Djemaa  Amerri.  Les  Iberqaqen  sont  une  tribu  nombreuse  et  puissante,  moins 
cependant  que  leurs  voisins  les  Isaffen  avec  lesquels  ils  sont  souvent  en  guerre. 

Tizert.  —  Cette  tribu  comprend  environ  douze  qçars,  échelonnés  sur  l’Ouad  Tizert  et  unis  entre 
eux  par  des  jardins.  De  plus,  Tizgi  Ida  ou  Baloul,  sur  l’Ouad  Aqqa,  est  quelquefois  comptée  comme 
faisant  partie  de  Tizert.  Point  de  chikh  :  une  djemaaa  gouverne  la  tribu.  Les  Ait  Tizert  sont  Chellaha 
et  sédentaires.  Leur  langue  est  le  tamazirt.  Pas  de  marché  :  on  va  au  Khemîs  Isaffen. 

Point  de  Juifs.  11  n’y  a  qu’un  mellah  dans  le  bassin  de  l’Ouad  Aqqa,  celui  qui  se  trouve  dans  l’oasis 
d’Aqqa. 


VIII.  —  Ouad  Tizgi  el  Haratln. 

Il  est  appelé  aussi  Ouad  Tizgi  ïriren.  Il  prend  sa  source  dans  le  Petit  Atlas  et  traverse  le  Bani  à  un 
kheneg  où  se  trouvent  deux  qçars  :  l’un,  Ait  Oumcndil,  est  au  milieu  même  du  kheneg,  l’autre,  Tizgi 
el  Haratln,  est  immédiatement  au-dessous  :  l’un  et  l’autre  s’élèvent  sur  les  bords  mêmes  de  la  rivière; 
leurs  jardins  se  touchent  et  entre  eux  les  rives  de  l’ouad  ne  cessent  d’être  ombragées  de  dattiers. 
Après  avoir  traversé  cette  oasis,  l’ouacl  rentre  dans  le  désert  où  il  reste  jusqu’à  son  confluent  avec  le 
Dra,  au  Mader  Tizgi. 

Tizgi  el  1  lara  tin  est  un  grand  qçar  de  loO  feux,  formé  de  deux  quartiers  compris  en  une  même  en- 

(1)  1877-1878  ou  1205,  appelé  dans  le  langage  usuel  l’an  95;  celle  année  est  tristement  célèbre  dans  le  sud  du  .Maroc,  à  cause 
de  la  famine  terrible  qui  la  signala. 


BASSIN  DE  L'OUAD  DBA. 


315 


ceinte.  Il  s’y  tient  un  marché  permanent,  comme  à  Agadir  Tisint.  La  population  y  est  un  mélange  de 
Chellaha  et  de  Haratîn,  ceux-ci  dominant;  elle  est  tributaire  des  Ait  ou  Mrîbet  (fraction  d’Idgich). 
Tizgi  el  Haratîn,  qu’on  appelle  aussi  Tizgi  Iriren,  est  située,  comme  Tisint,  à  la  bouche  d’un  kheneg 
du  Bani. 

Ait  Oumendil  qui  se  trouve,  comme  ïiili,  au  milieu  même  du  kheneg,  est  un  qçar  de  100  feux, 
peuplé  de  Chellaha  et  de  Haratîn,  sous  la  suzeraineté  des  Ait  ou  Mrîbet  (fraction  d  ldgich). 

Distances  :  de  Tizounin  à  Tizgi  el  Haratîn  comme  d’Agadir  Tisint  à  Mrimima. 

d’Aït  Oumendil  à  Tizgi  el  Haratîn  comme  d’Agadir  Tisint  à  Ait  ou  Iran. 

AFFLUENTS.  —  L’Ouad  sTizgi  el  Haratîn  reçoit  un  affluent,  l’Ouad  Tizounin,  se  jetant  sur  sa  rive 
gauche  dans  le  désert,  entre  Tizgi  et  l’Ouad  Dra. 

Ouad  Tizounin.  —  C’est  un  cours  d’eau  sans  importance.  Il  prend  sa  source  sur  le  flanc  sud  du 
Bani,  puis  arrose  successivement  les  deux  qçars  de  Tizounin  et  d’Igdi. 

Ils  sont  séparés  l’un  de  l’autre  par  un  désert  de  plusieurs  kilomètres.  Au-dessous  d'Igdi,  la  rivière 
coule  dans  le  désert  jusqu’à  son  confluent  avec  l’Ouad  Tizgi  el  Haratîn. 

Tizounin  est  un  grand  qçar,  isolé  dans  la  plaine ,  appartenant  aux  Ait  ou  Mrîbet.  C’est  là  que  rési¬ 
dent  les  chikhs  de  celte  tribu,  ou  du  moins  ceux  de  la  fraction  des  Ait  ou  Iran,  qui  a  aujourd’hui  en¬ 
viron  quinze  chikhs.  Les  Ait  ou  Mrîbet  forment  la  grande  majorité  de  la  population  de  Tizounin;  les 
autres  habitants  sont  quelques  Haratîn  pauvres.  Les  belles  maisons,  les  jardins  sont  aux  chikhs.  Outre 
l’ouad,  qui  est  peu  important,  il  y  a  plusieurs  sources;  les  vergers  produisent  de  bonnes  dattes,  mais 
sont  peu  étendus.  Pas  de  mellah;  quelques  Juifs  isolés  viennent  trafiquer  comme  à  Agadir  Tisint  et 
comme  à  Tizgi  el  Haratîn.  Marché  permanent  comme  dans  ces  deux  localités.  Tizounin  contient  400  à 
500  maisons  ;  celles  des  chikhs  sont  les  seules  qui  soient  toujours  habitées  :  les  autres  appartiennent 
à  des  nomades  de  leur  fraction  qui  y  emmagasinent  leurs  grains,  y  viennent  de  temps  en  temps,  mais 
passent  la  plus  grande  partie  de  l’année  sous  la  tente.  Le  premier  des  chikhs  de  Tizounin  est  Chikh 
Hamed.  C'est  le  seul  qui  ait  de  l’autorité  :  les  autres  chikhs  sont  ses  cousins,  qui,  par  la  noblesse  de 
leur  naissance,  ont  droit  au  titre  de  chikh,  sans  pour  cela  partager  le  pouvoir  avec  leur  aîné.  En 
effet,  parmi  les  familles  où  le  titre  de  chikh  est  héréditaire,  il  y  en  a,  et  c’est  le  plus  grand  nombre, 
où  le  chef  seul  porte  ce  titre;  mais  il  y  en  a  d'autres,  comme  celle-ci,  où,  soit  plusieurs  frères,  soit 
même  toute  une  génération  de  cousins,  le  prennent  également. 

Igdi  est  un  petit  qçar  entouré  de  quelques  dattiers  :  il  appartient  à  la  fraction  d’Idgich  des  Ait  ou 
Mrîbet. 

Distance  :  de  Tizounin  à  Igdi  comme  dkàgadir  Tisint  à  Bou  Mousi. 


IX.  —  Ouad  Icht. 


C’est  un  cours  d’eau  peu  important  prenant  sa  source  dans  une  plaine  située  au  nord  du  Bani,  entre 
cette  chaîne  et  le  Petit  Atlas  :  il  traverse  le  Bani  au  Kheneg  Icht  et,  immédiatement  au-dessous,  à 
sa  bouche  même,  arrose  l’oasis  qui  lui  donne  son  nom.  De  là,  il  rentre  dans  le  désert,  et  y  reste  jusqu’à 
son  confluent  avec  le  Dra  au  Mader  Icht. 

L’oasis  dTcht  ne  renferme  qu’un  qçar,  situé  sur  la  rive  gauche  de  l’ouad,  et  entouré  de  vastes  plan¬ 
tations  de  palmiers  s’étendant  des  deux  côtés  de  la  rivière  jusqu’au  pied  du  Bani.  Ce  qçar,  d’environ 
200  maisons,  est  peuplé  de  Chellaha  mêlés  de  quelques  Haratîn;  il  est  gouverné  par  un  chikh,  El 
Hoseïn  ;  il  reconnaît  la  suzeraineté  des  Ait  ou  Mrîbet.  Icht  est  riche,  prospère,  puissante.  Marché  per¬ 
manent  comme  à  Agadir  Tisint,  Tizounin  et  Tizgi  Iriren.  L’Ouad  Icht  est  presque  toujours  à  sec, 
même  dans  l’oasis;  mais  il  y  a  un  grand  nombre  de  sources,  aussi  bien  dans  les  jardins  qu’à  1  intérieur 
du  qçar.  Les  dattiers  sont  nombreux,  mais  d’espèces  médiocres  :  ce  sont  des  bou  souaïr. 

Distance  :  de  Tizgi  el  Haratîn  à  Icht  comme  de  Qacba  el  Djoua  à  Tatta. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


316 


X.  —  Ouad  Imi  Ougadir. 


L’Ouad  Imi  Ougadir  porte  aussi  le  nom  d’Ouad  Tamanart  :  il  prend  sa  source  dans  la  tribu  des  Ait 
lmejjat  et  reçoit  les  eaux  de  celle  d’Ifran  et  d'une  partie  de  celle  d'Id  Brahim.  Après  avoir  traversé  une 
portion  du  territoire  des  Ait  lmejjat,  il  arrose  l’oasis  de  Tamanart  :  les  quatre  qçars  qui  la  composent 
se  trouvent  sur  ses  rives  :  ce  sont,  en  descendant  : 

Agerd. 

Qaçba  Ait  Herbil . rive  droite. 

Irir . rive  gauche. 

Igouïaz . rive  gauche. 

Entre  ces  quatre  qçars  les  bords  de  l’ouad  sont,  sans  interruption,  bordés  de  dattiers.  Au-dessous 
de  Tamanart,  la  rivière  entre  dans  le  désert  et  y  reste  jusqu’au  Bani  :  elle  traverse  cette  chaîne  au 
Kheneg  Imi  Ougadir.  La  longueur  de  ce  passage  est  égale  ou  un  peu  moindre  à  celle  du  kheneg  de 
Tisint  :  palmiers  au  milieu  :  à  la  bouche  sud  se  trouve  un  grand  qçar  entouré  de  dattiers  :  c’est  : 

Imi  Ougadir. 

En  sortant  d'Imi  Ougadir,  l’ouad  rentre  dans  le  désert  et  y  demeure  jusqu’à  l’Ouad  Dra,  où  il  se  jette 
au  Mader  Imi  Ougadir. 

Ce  mader,  comme  ceux  d’Icht  et  de  Tizgi,  produit  des  moissons  superbes  :  tous  trois  sont  cultivés 
surtout  par  les  Ait  ou  Mribet.  Les  habitants  des  oasis  voisines  et  ceux  du  Petit  Atlas  y  labourent 
aussi  :  on  y  voit  venir  jusqu’à  des  Isafïen  et  des  Iberqaqen. 

Imi  Ougadir  est  un  grand  qçar  de  400  maisons,  où  neuf  ou  dix  groupes  des  Ait  ou  Mribet  possèdent 
des  demeures  et  emmagasinent  grains  et  dattes.  Quelques  habitants  chellaha  s’y  trouvent,  mais  ils  sont 
en  petit  nombre  :  ce  lieu  est  avant  tout  un  grand  agadir  des  Ait  ou  Mribet.  Marché  permanent  au  mi¬ 
lieu  du  qçar,  comme  à  Agadir  Tisint.  Juifs  commerçants  comme  dans  cette  dernière  localité,  mais  pas 
de  mellah. 

Distances  :  de  Tamanart  à  Icht  comme  d’Agadir  Tisint  à  Mrimima. 

d’Agerd  à  Qaçba  Ait  Herbil  comme  d’Agadir  Tisint  à  Bou  Mousi. 
de  Qaçba  Ait  Herbil  à  Irir  comme  d’Agadir  Tisint  à  Ez  Zaouïa. 
d’Irir  à  Igouïaz  comme  d’Agadir  Tisint  à  Foum  Tisint. 
de  Tamanart  à  Imi  Ougadir  comme  d’Agadir  Tisint  à  Mrimima. 
d’Imi  Ougadir  à  Icht  comme  d’Agadir  Tisint  à  Trit. 

REMARQUES  SUR  LES  TRIBUS.  —  La  partie  méridionale  du  cours  de  l’Ouad  Imi  Ougadir,  de  même 
que  tout  ce  qui  est  situé  au  sud  du  Bani  dans  les  bassins  des  ouads  Icht,  Tizgi  el  Haratîn,  Aqqa  et 
Meskaou,  fait  partie  du  territoire  des  Ait  ou  Mribet.  Le  haut  bassin  de  l'Ouad  Imi  Ougadir  appartient 
à  trois  tribus,  les  Ait  lmejjat,  les  Ifran,  les  Id  Brahim.  Le  cours  moyen  en  est  occupé  par  le  district 
isolé  de  Tamanart. 

Ait  Imejjat.  —  Ils  peuvent  former  3  000  fusils.  C’est  une  puissante  tribu  sédentaire,  possédant  de 
nombreux  qçars.  Les  Ait  lmejjat  sont  Chellaha  :  leur  langue  est  le  tamazirt.  Ils  ont  vaincu,  il  y  a  quel¬ 
ques  années,  Sidi  El  Hoseïn  ben  Hachera,  le  célèbre  marabout  du  Tazeroualt.  Auparavant  ils  étaient  ses 
sujets  :  aujourd’hui  il  n’a  plus  d’autorité  sur  eux.  Indépendants  du  sultan  depuis  un  temps  immémorial, 
les  Ait  lmejjat  se  sont  soumis  à  Moulei  El  llasen  en  1882,  en  même  temps  que  la  plupart  des  tribus  du 
Sahel,  lors  de  son  expédition  dans  le  bas  Sous  et  le  Sahel  Marocain.  Le  sultan  leur  a  donné  deux  qaïds. 
L’un  d’eux  est  Chikh  Mohammed,  d’Agerd  (Tamanart). 

Ifran.  —  On  les  appelle  aussi  Ofran.  C’est  une  tribu  chleuha  et  sédentaire  située  au  sud-ouest  des 
Ait  lmejjat:  ils  sont  soumis  au  sultan  depuis  la  même  époque  et  dans  les  mêmes  conditions  que  ces 
derniers.  Moulei  El  Hasen  les  a  réunis,  avec  le  Tazeroualt  et  les  Ida  ou  Semlal,  sous  le  qaïdat  de  Hadj 
’l’ahar,  fils  de  Sidi  El  Hoseïn  ben  Hachera.  Les  Ifran  sont  une  tribu  de  moyenne  importance. 


BASSIN  DE  L’OUAD  DBA. 


317 

Id  Brahim.  —  Grande  tribu,  soumise  au  sultan  de  la  môme  manière  que  les  précédentes;  son  terri¬ 
toire,  au  sud  de  celui  des  Ifran  et  de  celui  des  Ait  Imejjat,  s’étend  au  loin  vers  l'ouest.  Moulei  El 
Ilasen  l’a  mise  avec  Tamanart  sous  le  commandement  d’un  qaïd  unique,  H  ad  j  Hamed  El  Manari,  chikli 
héréditaire  de  Qaçba  Ait  Herbil  à  Tamanart.  Les  Id  Brahim  sont  comptés,  ainsi  que  les  Ifran  et  les  Ait 
Imejjat,  comme  appartenant  au  Sahel  :  en  effet,  la  plus  grande  partie  des  territoires  de  ces  trois  tribus 
se  trouve  dans  le  bassin  de  l’Océan,  et  non  dans  celui  du  Dra.  Les  Id  Brahim  sont  Chellaha  et  sédentai¬ 
res  :  leur  langue  est  le  tamazirt.  Ils  se  décomposent  en  : 

Ida  ou  Leggan,  Ait  Herbil,  Ait  Ouadaï,  Ait  Illoul,  Ait  Mousa  ou  Daoud,  Ait  Bou  Achra,  Ait  Zkri, 
Ait  Bouhou. 

Tamanart.  —  C’est  une  oasis  composée  de  quatre  qçars,  Agerd,  Qaçba  Ait  Herbil,  Irir,  Igouïaz. 
Ces  quatre  localités  sont  enveloppées  dans  une  longue  bande  de  dattiers  :  les  fruits  que  produisent  ces 
derniers  sont  abondants,  mais  de  qualité  médiocre  :  ce  sont  des  bou  souaïr.  Avant  leur  récente  soumis¬ 
sion  au  sultan,  la  guerre  régnait  presque  toujours  entre  les  qçars  de  Tamanart.  Agerd  était  en  hosti¬ 
lité  à  peu  près  perpétuelle  avec  ses  trois  sœurs  :  les  tribus  voisines  se  mêlaient  à  ces  querelles;  les 
Ait  Imejjat  et  d'autres  tribus  du  nord  venaient  au  secours  d’Agerd,  les  Ait  ou  Mribet  prêtaient  leur  appui 
aux  trois  autres  localités.  Aujourd’hui  Tamanart  vit  en  paix  :  l’oasis  a  fait  sa  soumission  en  1882 ,  en 
même  temps  que  les  Ait  Imejjat  et  les  Id  Brahim  :  le  chikh  de  Qaçba  Ait  Herbil  a  été  nommé  qaïd  de 
l'oasis  et  des  Id  Brahim  par  Moulei  El  Hasen.  Là  s’arrête  l'autorité  de  ce  dernier  (1)  :  toutes  les  tribus 
qui  sont  au  sud  et  à  l’est  des  Ait  Imejjat,  de  Tamanart  et  des  Id  Brahim,  telles  que  les  Ait  ou  Mribet,  etc., 
ne  la  reconnaissent  plus.  Agerd  se  compose  de  200  maisons  et  a  un  marché,  dont  on  ne  peut  me  dési¬ 
gner  le  jour,  seul  marché  de  Tamanart;  Qaçba  Ait  Herbil  a  200  maisons,  Irir  n’en  a  que  50,  et  Igouïaz 
que  lo.  Entre  Agerd  et  Qaçba  Ait  Herbil,  sur  une  colline,  se  trouve  une  tour  toujours  gardée  par  une 
quinzaine  de  fusils  de  Qaçba  Ait  Herbil,  surveillant  le  pays  et  dominant  Agerd.  La  population  est 
chleuha  avec  quelques  Haratîn.  Un  mellah  à  Agerd,  le  seul  du  bassin  de  l’Ouad  Imi  Üugadir.  11  n’y  a 
d’Israélites  ni  chez  les  Ait  Imejjat,  ni  chez  les  Ifran,  ni  chez  les  Id  Brahim. 

Itinéraire  de  Tisint  à  Ouad  Noun. 

1er  jour.  —  De  Tisint  à  Aqqa  Igiren. 

‘t  jour.  —  D'Aqqa  Icjiren  à  Tiiggan. 

3  jour.  —  De  Tiiggan  à  Tizounin. 

On  passe  par  Oumm  el  Aleg,  et  de  là  on  va  à  Tizounin  :  beaucoup  de  gazelles  dans  la  plaine,  autour 
de  Tizounin  :  c’est  le  seul  lieu  où  Ton  trouve  du  gibier.  Dans  la  même  région,  on  rencontre  aussi  un 
grand  nombre  de  moufllons,  mais  en  montagne,  dans  le  Bani.  Entre  Oumm  el  Aleg  et  Tizounin,  déserl 
à  sol  dur  et  plat  avec  quelques  gommiers. 

Distance  :  d’Oumm  el  Aleg  à  Tizounin  comme  d'EI  Feggouçat  à  Mrimima. 

4°  jour.  —  De  Tizounin  à  Tizgi  el  Haratîn. 

On  traverse  un  désert  pierreux;  sol  plat,  sans  autre  végétation  que  des  jujubiers  sauvages  et  quelques 
gommiers.  Le  chemin  ne  passe  par  aucun  lieu  habité ,  mais  on  distingue  à  main  gauche  le  qçar  d’igdi, 
pendant  la  première  partie  de  la  route. 

Distance  :  de  Tizounin  à  Tizgi  el  Haratîn  comme  d’Agadir  Tisint  à  Mrimima. 

5  jour.  —  De  Tizgi  el  Ilaratin  à  Icftl. 

Entre  Tizgi  et  Icht,  on  continue  à  longer  le  pied  méridional  du  Bani,  en  l’ayant  toujours  à  main  droite 
au  nord).  Tas  de  kheneg  dans  la  chaîne  entre  ces  deux  points.  Pendant  la  première  moitié  du  chemin. 


(1)  Ou  m’a  assuré  que,  depuis  mou  voyage,  la  plupart  des  tribus  soumises  par  le  sultan  en  celte  expédition,  tant  celles  du  Salicl 
que  celles  du  bas  Sous  et  du  Ras  el  Ouad,  s’étaient  soulevées  el  avaient  repris  leur  indépendance.  Ces  faits  se  seraient  passés 
en  automne  issi. 


318 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


on  marche  au  milieu  d’un  areg ,  plaine  sablonneuse  avec  des  gommiers  :  à  mi-route,  on  rencontre,  des¬ 
cendant  des  crêtes  du  Bani,  le  lit  desséché  d’un  ruisseau,  au  milieu  duquel  se  trouvent  des  puits  (point 
de  palmiers  ni  de  végétation  auprès  d’eux).  A  partir  de  là,  le  terrain  reste  toujours  plat,  mais  les  gom¬ 
miers  se  mêlent  de  quelques  rares  troncs  d'argans.  De  Tizgi  à  Icht ,  le  pays  est  désert. 

En  arrivant  à  Icht ,  on  voit  d'abord ,  à  la  lisière  de  l’oasis ,  une  qoubba  ;  c’est  auprès  d’elle  qu’on  en¬ 
tre  sous  les  palmiers  :  on  chemine  quelque  temps  à  leur  ombre,  en  remontant  l’Ouad  Icht  :  les  dattiers 
en  bordent  les  deux  rives,  mais  il  n’y  en  a  point  dans  son  lit  :  on  parvient  ainsi  au  qçar  d’Icht. 

Distance  :  de  Tizgi  el  Haratîn  à  Icht  comme  de  Qaçba  el  Djoua  à  Tatta. 

fi  joui*.  —  D'Iclit  à  Tamanart. 

Icht  est  situé,  comme  Tisint,  à  la  bouche  sud  d’un  kheneg  du  Bani.  Pour  aller  à  Tamanart,  on  traverse 
le  kheneg  et  on  passe  au  nord  de  la  chaîne  :  de  là  à  Ouad  Noun,  le  Bani  restera  toujours  au  sud  du  che¬ 
min.  En  allant  d'icht  à  Tamanart,  on  Ta,  durant  toute  la  route,  en  arrière  et  à  gauche.  Chemin  plat  et 
désert,  tantôt  sablonneux,  tantôt  pierreux;  beaucoup  de  gommiers. 

Le  premier  qçar  auquel  on  arrive  est  Igouïaz,  puis  on  gagne  celui  d’Irir. 

Distance  :  d’icht  à  Tamanart  comme  d’Agadir  Tisint  à  Mrimima. 

ïc  jour.  —  De  Tamanart  à  Tarjijt. 

Entre  ces  deux  points,  le  chemin  traverse  une  plaine  unie  et  déserte,  un  areg.  Sol  pierreux,  avec 
quelques  gommiers.  On  se  tient  sans  cesse  au  nord  du  Bani,  qu’on  distingue  pendant  tout  le  trajet  à 
une  certaine  distance  dans  le  sud.  On  ne  traverse  ni  ne  voit  aucun  lieu  habité  jusqu’à  Tarjijt.  A 
partir  du  point  où  Ton  est  sorti  de  Tamanart,  on  marche  sur  le  territoire  des  Id  Brahim.  Tarjijt  est 
un  groupe  de  plusieurs  qçars  faisant  partie  d’une  des  fractions  de  cette  tribu  ;  une  petite  rivière  y  passe  : 
les  eaux  s’en  écoulent,  comme  toutes  celles  de  cette  contrée,  vers  l’ouest  ou  le  sud-ouest  pour  aller 
aboutir  à  Tirmert  qu’elles  arrosent.  Tarjijt  a  un  grand  nombre  de  palmiers,  bou  souaïr  et  rares  bou 
feggouç.  De  Tarjijt  on  voit  le  Bani;  il  en  est  à  la  même  distance  que  le  mont  Taïmzour  de  Mrimima. 

Distance  :  de  Tamanart  à  Tarjijt  comme  d’Idroumen  (dunes  de  sable)  à  Tatta. 

8e  joui*.  —  De  Tarjijt  à  Tirmert. 

Entre  ces  deux  points,  le  chemin  traverse  un  pays  accidenté,  mais  sans  passage  difficile.  On  franchit 
quelques  ruisseaux;  on  voit  à  droite  et  à  gauche  des  qçars;  je  n’ai  pu  en  savoir  les  noms.  Au  sortir  de 

Tarjijt  on  quitte  la  tribu  des  Id  Brahim  et  on  entre  dans  celle  des .  C’est  une  tribu  nombreuse,  se 

disant  d’origine  arabe,  habitant  en  partie  la  tente,  en  partie  des  qçars.  Celui  de  Tirmert  est  sur  son 
territoire  :  il  est  la  résidence  de  son  qaïd,  Ould  Ilamed  ou  Saloum. 

Distance  :  de  Tarjijt  à  Tirmert  comme  de  Tatta  à  Tizgi  Ida  ou  Baloul. 

»°  jour.  —  De  Tirmert  à  Aougelmim. 

Aougelmim  est  le  principal  des  qçars  qui  composent  le  district  d’Ouad  Noun  et  la  résidence  de  son 
chikh,  El  Habib  ould  Beïrouk.  De  Tirmert  à  ce  point,  ce  n’est  qu’une  plaine  unie  et  déserte,  sans  un 
cours  d’eau ,  sans  un  gommier. 

Distance  :  de  Tirmert  à  Aougelmim  comme  d’Agadir  Tisint  à  Mrimima. 


Seketâna  et  Gezoula. 

Toutes  les  populations  habitant  entre  l’Ouad  Sous,TOuad  Dra  et  le  Sahel  sont  divisées  en  deux  gran¬ 
des  familles,  les  Seketâna  et  les  Gezoula.  Personne  dans  toute  cette  région,  les  marabouts  exceptés, 
qui  n’entre  dans  une  de  ces  deux  familles  :  les  quelques  tribus  se  disant  d’origine  arabe  en  font  partie 
au  même  titre  que  les  Imaziren  reconnus,  les  Haratîn  au  même  titre  que  les  Chellaha.  Les  marabouts, 
les  cherifs  et  les  Juifs  restent  seuls  en  dehors  de  cette  division;  encore  l’exception  n’est-elle  pas 
absolue  pour  les  marabouts  ni  pour  les  cherifs  :  quelques  zaouïas  sont  Seketâna  ou  Gezoula.  Les  tri¬ 
bus  sont  entièrement  de  l’une  ou  de  l’autre  famille  :  il  ne  saurait  en  être  différemment.  Mais  les  dis- 


BASSIN  DE  L'OUAD  DBA. 


319 


tricts ,  les  oasis,  comme  Tisint,  Tatta,  etc.,  où  les  divers  qçars  n’ont  aucun  lien  entre  eux,  sont  pres¬ 
que  toujours  mélangés  :  telle  localité  estGezoula,  telle  autre  voisine  Seketâna;  on  voit  même  des  qçars 
mi-Seketâna,  mi-Gezoula. 

La  région  où  les  populations  sont  ainsi  divisées  en  Seketâna  et  Gezoula  est,  en  résumé,  celle  qui  est 
arrosée  par  les  affluents  de  gauche  de  l’Ouad  Sous  d’une  part,  par  les  affluents  de  droite  du  Dra  d’au¬ 
tre  part,  c’est-à-dire  le  massif  presque  entier  du  Petit  Atlas.  Au  nord  de  cette  contrée,  sur  la  rive 
droite  du  Sous,  on  ne  m’a  plus  paru  connaître  la  classification  en  Gezoula  et  Seketâna;  au  sud ,  il  n’y  a 
que  le  désert;  à  l’ouest  se  trouvent  les  tribus  du  Sahel,  parmi  lesquelles  cette  division  n’existe  pas;  à 
l'est,  sur  la  rive  gauche  du  Dra,  sont  les  Berâber  :  ceux-ci  ne  sont  ni  Gezoula  ni  Seketâna,  ils  ne  sont 
que  Berâber  :  leur  tribu,  avec  ses  nombreuses  fractions,  est,  en  population  comme  en  étendue  de  ter¬ 
ritoire,  égale,  sinon  supérieure  aux  Gezoula  ou  aux  Seketâna  :  c’est  un  troisième  peuple,  mais  qui  a 
gardé  jusqu’à  ce  jour  son  homogénéité ,  son  fractionnement  naturel ,  son  organisation  régulière  et  son 
groupement  compact,  choses  que  les  deux  autres  onl  perdues  depuis  un  temps  déjà  lointain  dont  ils  n’ont 
pas  souvenance. 

La  classification  en  Seketâna  et  Gezoula  n’est  pas  seulement  un  souvenir  généalogique  :  c’est,  encore 
à  présent,  une  division  réelle  :  un  qçar,  une  tribu  Seketâna  a-t-elle  une  guerre  contre  un  qçar  ou  une 
tribu  Gezoula,  c’est  toujours  parmi  les  fractions  de  sa  race  qu’elle  cherchera  des  alliés.  Les  Seketâna 
se  prêtent  secours  entre  eux,  même  à  une  grande  distance,  et  les  Gezoula  de  même.  Ainsi,  il  y  a 
quelques  jours,  les  habitants  de  Qaçba  el  Djoua  ont  été  jusque  dans  le  bassin  du  Sous  porter  aide  à 
une  fraction  des  Ait  Semmeg  qui  avait  réclamé  leur  assistance.  De  même,  pendant  mon  séjour  à  Tin- 
tazart,  il  était  parti  60  Chellaha  et  Haratîn  de  Tatta  pour  secourir  leurs  frères  dans  le  voisinage  de 
l’Ouad  Isalfen.  Gela  n’empêche  pas  cependant  les  querelles  et  guerres  entre  membres  d’une  des  deux 
familles  :  bien  plus,  il  arrive  parfois,  bien  que  rarement,  qu’un  qçar  ou  une  fraction,  appartenant 
d’origine  à  l’une  des  deux  races ,  change  de  camp  à  la  suite  de  querelles  intestines  et  se  range  du  côté 
de  l’autre  :  on  la  compte  dès  lors  comme  faisant  partie  de  cette  dernière.  C’est  ainsi  que  les  Indaou- 
zal,  tout  en  n’étant  d’origine  qu’une  seule  tribu,  sont  comptés  aujourd’hui  mi-Seketâna,  mi-Ge¬ 
zoula. 

Dans  le  bassin  du  Sous,  on  remplace  souvent  les  appellations  de  Seketâna  et  de  Gezoula  par  celles 
d’Aït  Semmeg  et  d’Oulad  labia  :  les  Ait  Semmeg  sont  Seketâna,  et  les  Oulad  labia  Gezoula;  cela  re¬ 
vient  donc  au  même. 

Deux  tribus  ont ,  comme  nom  propre,  l’une  celui  de  Seketâna,  l’autre  celui  de  Gezoula.  Toutes 
deux  habitent  le  bassin  de  l’Ouad  Sous;  la  première  est  sur  la  rive  gauche,  au  sud  des  Zagmouzen, 
dans  le  Petit  Atlas;  la  seconde  est  sur  un  des  affluents  de  droite  du  fleuve,  dans  le  Grand  Atlas.  Nous 
manquons  de  détails  sur  cette  dernière.  Quant  à  la  première,  c’est  une  tribu  importante,  comptée 
comme  Seketâna  et  entourée  de  tous  côtés  de  Seketâna  :  les  Zenâga,  les  Ounzin,  les  Ait  Semmeg,  qui 
l’avoisinent  à  l’est,  au  sud  et  à  l’ouest,  sont  tous  Seketâna.  On  pourrait  peut-être  considérer  cette  tri¬ 
bu,  qui  a  gardé  en  propre  le  nom  générique  de  toute  la  famille,  comme  en  étant  en  quelque  sorte  le 
noyau. 

Voici  comment  sont  répartis  les  Seketâna  et  les  Gezoula  : 

Oulad  labia  (du  bassin  du  Sous) . Gezoula. 

Indaouzal . mi-Gezoula,  mi-Seketâna. 

Aït  Semmeg . Seketâna. 

Seketâna .  » 

Ait  Amer .  » 

Zenâga .  » 

Tagmout  (Ouad  Tatta) .  » 

Ida  ou  Kensous . Gezoula. 

Ait  Jellal .  » 

Ilir  (Ouad  Sidi  Mohammed  ou  Iaqob) .  » 


320 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Reken 


Fedoukkes.  .  . 
Tazouli.  .  . 
Imtaoun.  .  .  . 
Ounzin  .  .  .  . 
Aginan  .  .  .  . 
Aït  Bou  labia.  . 
Aqqa  Iren.  .  . 
Qcour  Beïdin.  . 
Qaçba  el  Djoua 
Trit. 

Tanzida.  .  .  . 


( 

Tisint  \ 


Agadir. .  . 
Aït  ou  Iran 
Bou  Mousi. 
Taznout.  . 


(  Ez  Zaouïa 


Aït  Sidi  Mhind 
Aït  Sidi  Ali.  . 


Aqqa  Igiren . 

Tintazart  . 

Anrerif . 

Adis . 

Tiiti . 

Aqqa  Izenqad . 

Tirremt . 

„  ^  ,  Isbabaten  (Toug  er  Rih). 

Tigiselt . 

Taldnount . 

Imtfian . 

Aït  Iasin . 

Agjgal . 

Aït  Sidi  El  Hoseïn.  .  . 
Aït  Zouli . 


Aqqa . 

Oulad  Iahia  (du  bassin  du  Dra) 

Ida  ou  Blal . 

Aït  ou  Mrîbet . 


Gezoula. 

)) 

Seketâna. 

» 

» 


» 

Gezoula. 

Seketâna  et  Gezoula  mélangés. 

Seketâna. 

Gezoula. 

Seketâna. 

Seketâna. 

Gezoula. 

n’est  d’aucune  famille. 

Seketâna. 

Seketâna. 

Gezoula. 

Seketâna. 

Seketâna. 

» 

» 

» 

» 

» 

Gezoula. 

» 

» 

» 

» 

» 


mi-Seketâna,  mi-Gezoula. 
Seketâna  et  Gezoula  mélangés. 
Gezoula. 

Seketâna. 

Gezoula. 


BASSIN  DE  L’OUAD  SOUS. 


:U2I 


III. 

BASSIN  DE  L’OUAD  SOUS. 


L'Ouad  Sous  porte  en  son  cours  supérieur  le  nom  d’Ouad  Tifnout  :  il  ne  prend  celui  de  Sous  qu’à 
partir  de  son  confluent  avec  l’Ouad  Zagmouzen.  Cette  rivière,  presque  aussi  considérable  que  lui,  se  jette 
sur  sa  rive  gauche  au  village  de  Tinmekkoul  (Iouzioun).  Nous  étudierons  séparément  l’Ouad  Tifnout, 
l’Ouad  Zagmouzen  et  l’Ouad  Sous. 


1°.  —  OUAD  TIFNOUT. 


L’Ouad  Tifnout,  avant  sa  jonction  avec  l’Ouad  Zagmouzen,  reçoit  sur  sa  rive  gauche,  entre  Tabia  et 
Taïssa,  un  autre  affluent  important,  l’Ouad  Ait  Tameldou.  Nous  nous  occuperons  successivement  de  ces 
deux  rivières. 


1"  OUAD  TIFNOUT.  —  On  l’appelle  souvent  dans  son  cours  inférieur  Ouad  Iouzioun.  Il  sort 
du  flanc  du  Grand  Atlas  à  un  point  nommé  Tinzer  (narine).  Ce  lieu  est  ainsi  appelé  parce  qu’il  s’y  trouve 
deux  ouvertures  juxtaposées  comme  des  narines  :  l’une  est  bouchée,  à  l’intérieur,  par  un  poisson  mons¬ 
trueux;  de  l’autre  jaillit  l’Ouad  Tifnout.  Cette  source  merveilleuse  est  célèbre  à  plus  d’un  titre  :  elle  a, 
dit-on,  des  propriétés  médicales  extraordinaires.  Au-dessous  de  Tinzer,  l’Ouad  Tifnout  entre  dans  la 
tribu  des  Ait  Tameldou;  il  y  arrose  d’abord  un  groupe  de  quatre  villages  appelé 

Tizgi  n  Taqquïn; 

puis ,  restant  toujours  dans  la  même  tribu,  il  passe  successivement  par  un  grand  nombre  de  villages  dont 
voici  les  principaux  : 

Imelil. 

Taagnit. 

Ouaounzourt. 

Mezgemmat. 

Asareg. 

Tasoult. 

Amzarko. 

Imi  n  Amoumen. 

Tizourin. 


Ait  Irmor. .  ) 

Askaoun  '  '  ^es  duah’e  filages  sont  compris  sous  le  nom  d’Aït  Oureld. 

Moumalou.  ^ 

Dar  Ougadir. 

Heloud. 

Dou  Ougadir. 

Agerd  n  Ougadir. 

And  Ait  Dra. 

Igidi. 

Arled  Fouqani. 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


41 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Timiter. 

Arled  Tahtani. 

Mzi. 

Tilkit. 

Tarneouin. 

Tabia. 

Ici  l’Ouad  Tifnout  sort  du  territoire  des  Ait  Tameldou  et  entre  sur  celui  des  Iouzioun.  Il  y  arrose  suc¬ 
cessivement  les  villages  de  : 

Taïssa. 

Takherri. 

Tamararsent. 

Toug  el  Khir. 

Agaouz. 

Tinksif. 

Agdz  Igourramen. 

Taouarsout. 

Ichakoukf. 

Idergan. 

Asoul. 

Tarrat. 

Ibergnat. 

Asaoun. 

Tabia. 

Agdz  Ait  ou  Asrar. 

Aoufour. 

Toug  el  Khir  Tahtani. 

Anmid. 

Tinmekkoul. 

A  ce  village,  l’Ouad  Tifnout  s’unit  à  l’Ouad  Zagmouzen  :  là  commence  l'Ouad  Sous. 

L’Ouad  Tifnout  a  de  l’eau  durant  l’année  entière  sur  toute  l’étendue  de  son  cours.  Les  bords  en  sont 
d'une  richesse  extrême  :  de  la  source  de  la  rivière  au  confluent  où  elle  finit,  ils  ne  sont  qu'un  long  jar¬ 
din.  Les  eaux  ne  cessent  de  couler  au  milieu  des  cultures  et  à  l’ombre  des  arbres  fruitiers.  Noyers ,  gre¬ 
nadiers,  oliviers  se  pressent  sur  les  rives;  la  vigne  court  le  long  de  leurs  branches;  blés,  orges,  maïs 


font  un  tapis  à  leurs  pieds. 

Distances  :  de  Tinzer  à  Tabia .  1  jour. 

de  Tinzer  à  Tizgi  n  Taqqaïn . 3  heures. 

de  Tizgi  n  Taqqaïn  à  Imelil . 1  heure. 

de  Imelil  à  Ouaounzourt . 3/4  d’heure. 

de  Ouaounzourt  à  Imi  n  Amoumen .  1  h.  1/2. 

de  Imi  n  Amoumen  à  Agerd  n  Ougadir . 1  h.  1/2. 

de  Agerd  n  Ougadir  à  Dou  Ougadir . 1/2  heure. 

de  Dou  Ougadir  à  Timiter .  1  heure. 

de  Timiter  à  Dar  Ougadir .  1  h.  1/2. 

de  Imelil  à  Tabia . fort  1/2  jour. 

de  Tabia  à  Taïssa .  1  heure. 


AFFLUENTS.  —  L’Ouad  Tifnout  reçoit  un  grand  nombre  d’affluents;  ce  sont  : 

RIVE  DROITE  : 

Ouad  Amoumen,  s’y  jetant  à  Imi  n  Amoumen. 

Ouad  Idikel,  s’y  jetant  à  Dar  Ougadir. 

Ouad  Izgrouzen,  s’y  jetant  à  Dou  Ougadir. 

Ouad  Ikis,  s’y  jetant  à  Agerd  n  Ougadir. 

RIVE  GAUCHE  : 

Ouad  Inmarakht,  s’y  jetant  à  Ouaounzourt. 


BASSIN  DE  L’OUAD  SOUS. 


323 


Ouad  Saksad,  s’y  jetant  à  Dar  Ougadir. 

Ouad  Msount,  s’y  jetant  à  Timiter. 

Ouad  Tizgi  n  Mousi,  s’y  jetant  à  Mzi. 

Ouad  Amoumen.  —  Il  prend  sa  source  dans  le  Grand  Atlas,  traverse  le  territoire  des  Ait  ou  Amoumen 
(composé  de  9  villages,  tous  sur  son  cours),  et  se  jette  dans  l'Ouad  Tifnout.  Les  Ait  ou  Amoumen  sont 
une  fraction  des  Ait  Tameldou. 

L'Ouad  Amoumen  a  de  l’eau  sur  tout  son  cours  et  en  toute  saison. 


Distances  :  de  l’Adrar  n  Deren  aux  Ait  ou  Amoumen . 1/2  jour. 

des  Ait  ou  Amoumen  à  Imi  n  Amoumen . 1  heure. 


Ouad  Idikel.  —  Il  prend  sa  source  au  Djebel  Idikel.  De  là  il  traverse,  en  descendant,  d’abord  le  dis¬ 
trict  d’Idikel  (composé  de  14  villages,  tous  sur  son  cours);  puis,  au-dessous,  celui  de  Talat  n  Ig  (4  villa¬ 


ges).  L’un  et  l’autre  sont  des  fractions  des  Ait  Tameldou. 

L’Ouad  Idikel  n’a  d'eau  cpie  pendant  la  saison  des  pluies. 

Distances  :  de  l’Idikel  au  Talat  n  Ig . 5  heures. 

du  Talat  n  Ig  à  Dar  Ougadir .  1  h.  1/2. 

du  Talat  n  Ig  à  Arled  Fouqani  (route  dans  le  désert) . 3  heures. 


Ouad  Izgrouzen.  —  Il  prend  sa  source  au  Tizi  n  Tamejjout.  Il  passe  d’abord  par  le  village  de  Ta- 
mejjout,  puis  il  traverse  le  territoire  des  Izgrouzen,  composé  de  21  villages,  tous  sur  son  cours.  De  là  il 
se  jette  dans  l'Ouad  Tifnout.  Tamejjout,  ainsi  que  les  Izgrouzen,  fait  partie  de  la  tribu  des  Ait  Tameldou. 
L'Ouad  Izgrouzen  n’a  d’eau  que  pendant  la  saison  des  pluies. 

Le  Tizi  n  Tamejjout  est  traversé  par  un  chemin  allant  des  Izgrouzen  à  Agoundis  :  d’Agoundis  on  peut 


gagner  Dar  El  Gentaü,  et  de  là  Merrâkech. 

Distances  :  du  Tizi  n  Tamejjout  à  Tamejjout .  1  heure. 

de  Tamejjout  aux  Izgrouzen . 1  heure. 

des  Izgrouzen  à  Dou  Ougadir . 1  h.  1/2. 

des  Izgrouzen  à  Agoundis . fort  1/2  jour. 

d’Agoundis  à  Dar  El  Gentafi . fort  1/2  jour. 


Ouad  lias.  —  11  prend  sa  source  dans  le  Grand  Atlas  et  traverse  ensuite  le  territoire  d’Ikis  (composé 
de  14  villages,  tous  sur  son  cours);  de  là  il  se  jette  dans  l’Ouad  Tifnout.  L’Ikis  est  une  fraction  des  Ait 
Tameldou. 

Cette  rivière  n’a  d’eau  que  dans  la  saison  des  pluies. 


Distances  :  de  l’Adrar  n  Deren  à  l’Ikis . 1/2  jour. 

de  l’Ikis  à  Agerd  n  Ougadir .  1/2  jour. 


Ouad  Inmarakht.  —  Il  traverse  d’abord  la  fraction  d’Inmarakht  (composée  de  7  villages  tous  sur  son 
cours);  de  là  il  passe  dans  celle  des  Ait  Leti  (composée  de  13  villages,  tous  sur  son  cours),  puis  dans 
celle  d’Asif  n  Sous  (3  villages)  ;  de  là  il  se  jette  dans  l’Ouad  Tifnout.  Les  divers  groupes  que  traverse 
l’Ouad  Inmarakkt  font  tous  partie  des  Ait  Tameldou. 

Cette  rivière  a  de  l’eau  en  abondance  sur  tout  son  cours,  pendant  l’année  entière. 


Distances  :  d’Inmarakht  aux  Ait  Leti . 1  heure  1/2. 

des  Ait  Leti  à  Asif  n  Sous .  1  heure. 

d’Asif  n  Sous  à  Ouaounzourt .  1  heure. 


Ouad  Saksad.  —  Il  prend  sa  source  au  Djebel  Saksad  ;  de  là  il  arrose  successivement  les  deux  villa¬ 
ges  d’Ifergan  et  d'And  Imzilen.  L’un  et  l’autre  font  partie  des  Ait  Irmor,  fraction  des  Ait  Tameldou. 

11  y  a  toujours  de  l’eau  dans  l’Ouad  Saksad ,  et  sur  tout  son  cours. 


Distances  :  du  Djebel  Saksad  à  Ifergan .  1  heure. 

d'Ifergan  à  Dar  Ougadir .  1  heure. 


Ouad  Msount.  —  Il  prend  sa  source  dans  le  Khela  Tamzernit  (forêt  de  teceft).  Au  sortir  de  ce  désert, 
il  entre  sur  le  territoire  des  Ait  Msount,  fraction  des  Ait  Tameldou  ;  il  y  arrose  successivement  les  vil¬ 
lages  delsherin,  Izoukennan,  AïtIIedin,  Ait  ou  Allai,  Tidirmit,  Imi  n  Msount. 


324 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


De  là  il  gagne  limiter,  où  il  se  jette  clans  l’Ouad  Tifnout. 


Il  n’a  d’eau  que  clans  la  saison  des  pluies. 

Distances  :  du  Khela  Tamzernit  à  Isherin .  1  heure. 

d’Isherin  à  limiter .  1  heure. 


AFFLUENT.  —  L’Ouad  Msount  en  reçoit  un  ,  l’Ouad  Ait  Mesri ,  se  jetant  sur  sa  rive  gauche  à  Isherin. 

Ouacl  Ait  Mesri.  —  Il  traverse  le  territoire  des  Ait  Mesri  (7  villages,  tous  sur  son  cours),  fraction  des 
Ait  Tameldou. 

Il  n’a  d’eau  que  durant  la  saison  des  pluies. 

Distance  :  des  Ait  Mesri  à  Isherin . 1/2  jour. 

Ouad  TizGi  n  Mousi.  —  On  l’appelle  aussi  Ouacl  Izgern.  La  source  en  est  clans  le  désert,  peu  au- 
dessus  de  Tizgi  n  Mousi.  Il  passe  d’abord  par  le  village  de  Tizgi  n  Mousi,  puis  par  l’Amzaourou  (G  vil¬ 
lages,  tous  sur  son  cours);  de  là  il  traverse  le  territoire  des  Izgern  (9  villages);  il  rentre  ensuite  clans 
le  désert,  où  il  reste  jusqu’à  son  confluent  avec  l’Ouad  Tifnout.  Les  villages  et  fractions  situés  sur  son 


cours  font  partie  des  Ait  Tameldou. 

11  n’a  d'eau  que  durant  la  saison  des  pluies. 

Distances  :  de  Mial  (Ouad  Ait  Tameldou)  à  Tizgi  n  Mousi  (désert) . 3  heures. 

de  Tizgi  n  Mousi  à  TAmzaourou . 1  heure. 

de  l’Amzaourou  aux  Izgern . 3  heures. 

des  Izgern  à  Mzi  (Ouad  Tifnout) .  1/2  jour. 


REMARQUES  SUR  LES  TRIBUS.  —  Le  territoire  des  Iouzioun  se  compose  exclusivement  des  villages 
que  nous  avons  énumérés  sur  le  cours  de  l’Ouad  Tifnout.  Les  Iouzioun  forment  une  tribu  séparée;  ils 
sont  indépendants  du  sultan,  mais  reconnaissent  la  suprématie  des  deux  puissants  chikhs  des  Ait  Ta¬ 
meldou  :  chacun  de  ces  chefs  a  la  moitié  d’entre  eux  sous  son  autorité.  Les  Iouzioun  sont  de  race  et  de 
langue  tamazirt.  Us  sont  Chellaha.  C’est  une  tribu  riche  et  commerçante.  Un  marché,  le  Tlâta  Tabia. 
Deux  mellahs. 

2°  OUAD  AIT  TAMELDOU.  —  On  lui  donne  aussi  parfois  le  nom  d’Ouad  Tittal.  11  prend  sa  source 
clans  le  désert  d’Igisel.  De  là  il  entre  dans  la  tribu  des  Ait  Tameldou ,  où  il  reste  pendant  tout  son  cours  ; 
il  y  arrose  successivement  les  villages  suivants  : 

Tittal,  Mial,  Tazoult,  Aban,  Bou  Tizi,  Ait  Melloul,  Ikouchoden,  Id  Marmouch,  Inmerzen,  Igourzan  , 
Ida  ou  Amrar,  Talat  n  Ougnal ,  Arbalou,  Iril,  Tammarouin,  Ait  Qedni. 

Ce  village  est  le  dernier  de  l’Ouad  Ait  Tameldou,  qui  de  là  se  jette  sur  la  rive  gauche  de  l’Ouad  Tifnout, 
un  peu  au-dessous  de  Taïssa. 

L’Ouad  Ait  Tameldou  a  toujours  beaucoup  d’eau  dans  son  lit,  tout  le  long  de  son  cours. 


Distances  :  de  Tizi  n  Ougdour  à  Tittal . 5  heures. 

de  Tittal  à  Mial .  1  heure. 

de  Mial  à  Tazoult .  1  heure. 

de  Tazoult  à  Ait  Melloul .  1  heure. 

d’Aït  Melloul  à  Arbalou . 2  h.  1/2. 

d’Arbalou  à  Ait  Qedni . 1  h.  1/2. 

d’Aït  Qedni  à  Taïssa .  1  h.  1/2. 


AFFLUENTS.  —  L’Ouacl  Ait  Tameldou  reçoit  plusieurs  affluents;  ce  sont  : 

RIVE  DROITE  I 

Ouad  Amzarou ,  s’y  jetant  à  Tazoult. 

Ouad  Igemran,  s’y  jetant  à  Aït  Melloul. 

Ouad  Mançour,  s’y  jetant  à  Arbalou. 

rive  gauche  : 

Ouad  Achakski,  s’y  jetant  à  Mial. 

Ouad  Aoullous. 

Ouad  Amzarou.  —  Il  prend  sa  source  au  désert  d’Ifenouan.  Tout  le  cours  en  est  sur  le  territoire  des 


BASSIN  DE  L’OUAD  SOUS. 


Ait  Tameldou.  Il  arrose  successivement  les  villages  de  Tagrioualt,  Araben ,  Assaka,  Ida  El  Hasen  Ali, 
Ait  Ouahou,  Anrouz,  Tazoult. 

A  ce  dernier  point,  il  se  jette  dans  l'Ouad  Ait  Tameldou. 

L’Ouad  Amzarou  a  de  l’eau  pendant  toute  l’année  et  sur  tout  son  cours. 


Distances  :  du  Khela  Ifenouan  à  Tagrioualt . 3  heures. 

de  Tagrioualt  à  Assaka .  1/2  heure. 

d’Assaka  à  Tazoult .  1  heure. 


AFFLUENT.  — L’Ouad  Amzarou  reçoit  un  affluent,  l’Ouad  Tasoukt,  se  jetant  sur  sa  rive  gauche  à 
Assaka. 

Ouad  Tasoukt.  —  11  prend  sa  source  dans  le  désert  de  Tiddes.  Tout  le  cours  en  est  sur  le  territoire  des 
Ait  Tameldou;  il  y  arrose  d’abord  un  groupe  de  3  villages  appelé  Ait  Ouartasa  puis  successivement, 
Akchtim,  Ait  Iferd,  Assaka,  où  est  son  confluent  avec  l’Ouad  Amzarou. 


Il  a  de  l’eau  en  toute  saison  sur  tout  son  cours. 

Distances  :  du  Khela  Tiddes  à  Ait  Ouartasa . faible  1/2  jour. 

d’Aït  Ouartasa  à  Assaka .  1  heure. 


Ouad  Igemran.  — -U  prend  sa  source  au  Djebel  Agendi,  montagne  boisée,  couverte  de  grandes  fo¬ 
rêts  de  teceft.  Tout  le  cours  en  est  sur  le  territoire  des  Ait  Tameldou  :  il  y  arrose  successivement  les 
villages  suivants  : 

Igemran  (formée  de  2  villages),  Tizgi  n  Ouhakki,  Tamjerjt  (très  grand  village),  Ait  Melloul. 

Il  n'a  d’eau  que  pendant  la  saison  des  pluies. 


Distances  :  du  Djebel  Agendi  à  Igemran .  1/2  heure. 

d’Igemran  à  Tamjerjt .  1,2  heure. 

de  Tamjerjt  à  Ait  Melloul .  1/2  heure. 


AFFLUENT.  —  L’Ouad  Igemran  reçoit  l’Ouad  Ait  Tougda,  se  jetant  sur  sa  rive  droite  un  peu  au-dessus 
d’Aït  Melloul. 

Ouad  Ait  Tougda.  —  11  prend  sa  source  au  Djebel  Agendi.  Tout  le  cours  en  est  sur  le  territoire  des 
Ait  Tameldou.  Il  arrose  successivement  les  villages  suivants  : 


Ait  Ouzarar,  Ait  Tougda. 

Puis  il  se  jette  dans  l'Ouad  Igemran. 

Il  n’a  d’eau  que  pendant  la  saison  des  pluies. 

Distances  :  du  Djebel  Agendi  à  Ait  Ouzarar .  1  heure. 

d’Aït  Ouzarar  à  Ait  Melloul . 1/2  heure. 


Ouad  Mançour.  —  Il  prend  sa  source  au  désert  de  Timoures.  Tout  le  cours  en  est  sur  le  territoire  des 
Ait  Tameldou.  Il  arrose  successivement  les  villages  suivants  : 

Mançour,  Tlzoui,  Amazzer,  Agerd  n  Zarar,  Tagadirt,  Tareroucht,  Iloukous,  Ilemsen,  Taourirt,  Imoula, 
Timiter,  Ouaouzgert,  Arbalou. 

A  ce  dernier  village  est  le  confluent  de  l’Ouad  Mançour  et  de  l’Ouad  Ait  Tameldou. 

La  rivière  a  de  l’eau  sur  tout  son  cours  et  pendant  toute  l’année. 


Distances  :  du  Khela  Timoures  à  Mançour .  1  heure. 

de  Mançour  à  Tlzoui .  1/2  heure. 

de  Tlzoui  à  Arbalou .  1  h.  1/2. 


AFFLUENT.  —  L’Ouad  Mançour  reçoit  l’Ouad  Tizgi,  qui  se  jette  sur  sa  rive  droite  à  Tlzoui. 

Ouad  Tizgi.  —  Il  prend  sa  source  au  désert  d’ifenouan.  Tout  le  cours  en  est  sur  le  territoire  des  Ait 
Tameldou.  Il  arrose  successivement  ; 

Tizgi,  Talmoudat,  Igourdan,  Tichki,  Ida  Ali  ou  llammou,  Imskal ,  Timgdal,  Tlzoui. 

A  ce  dernier  point  est  son  confluent  avec  l’Ouad  Mançour. 

II  a  toujours  de  l’eau  dans  son  lit ,  sur  tout  son  cours  et  en  toute  saison. 


Distances  :  du  Khela  Ifenouan  à  Tizgi .  1  heure. 

de  Tizgi  à  Tlzoui .  1  heure. 


326 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Ouad  Achakski.  —  On  l’appelle  aussi  Ouad  Mial.  Il  prend  sa  source  au  Djebel  Achakski.  Pas  un  seul 
lieu  habité  sur  son  cours. 

11  n’a  d’eau  que  pendant  la  saison  des  pluies. 

Ouad  Aoullous.  —  On  l’appelle  aussi  Ouad  Ait  Tedrart.  Il  prend  sa  source  dans  le  Siroua  :  il  arrose 
sur  son  cours  les  villages  suivants ,  appartenant  tous  aux  Ait  Tedrart  : 

Tadmamt,  Aoullous,  Tamalout,  Azgaour,  Adrer,  Tamalout  Ait  Amer  ou  Ali ,  Asif  Zimer,  Agerd  n  Ou- 
drer,  Aglagal,  Askaoun. 

De  là,  plus  de  lieu  habité  sur  son  cours  jusqu’à  son  confluent  avec  l’Ouad  Ait  Tameldou. 


Les  Ait  Tedrart  sont  une  fraction  de  la  tribu  des  Ait  Selîman. 

Distances  :  de  Tadmamt  à  Askaoun . 2  heures. 

d’Aoullous  à  Amasin- (Ikhzama) .  1/2  jour. 

d’Agerd  n  Oudrer  à  Iril  n  Oro  (en  traversant  le  désert  de  Teddref) .  .  1/2  jour. 

d’Agerd  n  Oudrer  à  Taïssa .  3  h.  1/2. 


AFFLUENT.  —  L’Ouad  Aoullous  reçoit  à  Askaoun  l’Ouad  Id  ou  Illoun,  qui  se  jette  sur  sa  rive  gauche. 
Ouad  Id  ou  Illoun.  —  Il  reste  pendant  tout  son  cours  sur  le  territoire  des  Id  ou  Illoun,  où  il  arrose  suc¬ 
cessivement  les  villages  de  : 

Tinzert,  Iferran,  Agni ,  Almessa,  Aouzrout. 

Les  Id  ou  Illoun  sont  une  fraction  de  la  tribu  des  Ait  Selîman. 


Distances  :  de  Tinzert  à  Aouzrout .  1  heure. 

d’Agni  à  Aglagal  (Ouad  Aoullous) .  1  heure. 

d’Agni  à  Outoura  (Ouad  Zagmouzen) . 2  heures. 


REMARQUES  SUR  LES  TRIBUS.  —  Nous  avons  rencontré  sur  les  cours  d’eau  que  nous  venons  d’étudier 
trois  tribus  :  les  Iouzioun,  dont  il  a  déjà  été  parlé,  les  Ait  Selîman  et  les  Ait  Tameldou.  Toutes  trois  sont 
indépendantes  et  de  race  comme  de  langue  tamazirt.  Elles  sont  Chellalia  :  il  n’existe  point  de  Haratîn  dans 
le  bassin  du  Sous.  Elles  sont  sédentaires  :  le  bassin  du  Sous  ne  renferme  à  peu  près  point  de  nomades. 

Ait  Selîman.  —  Tribu  se  subdivisant  en  deux  fractions,  les  Ait  Tedrart  et  les  Id  ou  Illoun.  La  pre¬ 
mière  est  la  plus  nombreuse.  Chacune  se  compose  d’une  certaine  quantité  de  villages,  les  uns  sur  les 
cours  d’eau ,  où  nous  les  avons  mentionnés,  les  autres  dans  la  montagne,  alimentés  par  des  sources.  Les 
Ait  Selîman  sont  gouvernés  par  un  chikh,  dont  le  pouvoir  est  héréditaire  :  le  chikh  actuel  s’appelle  Abd 
Allah  Ait  Ali  ou  Ious  :  la  maison  des  Ait  Ali  ou  Ious  réside  à  Aoullous  ;  elle  n’a  aucune  relation  ni  avec 
le  sultan  ni  avec  le  Telouet.  Pas  de  marché  chez  les  Ait  Selîman.  Deux  mellahs. 

Ait  Tameldou.  —  Ils  sont  indépendants  et  gouvernés  par  leurs  chikhs  héréditaires  :  ceux-ci  sont  au 
nombre  de  deux  :  voici  comment  ils  se  partagent  le  pouvoir. 

A  Tamjerjt  réside  la  famille  de  chikhs  des  Id  ou  Mhind;  le  chef  en  est  en  ce  moment  Mohammed  ou 
llammou  ;  il  a  sous  son  autorité  une  partie  de  l’Ouad  Tifnout ,  une  partie  de  l'Ouad  Inmarakht,  l'Ouad 
Amoumen,  la  moitié  de  l’Ouad  Idikel,  la  moitié  de  l’Ouad  Izgrouzen,  l’Ouad  Ikis,  l'Ouad  Msount,  l’Ouad 
Tizgi  n  Mousi,  l’Ouad  Amzarou,  l’Ouad  Igemran,  l'Ouad  Ait  Tougda,  l'Ouad  Mançour,  la  moitié  de 
l’Ouad  Tizgi.  De  plus ,  en  dehors  des  Ait  Tameldou  ,  sa  suprématie  est  reconnue  d’une  part  par  la  moitié 
des  Iouzioun,  do  l’autre  parles  Ikhzama  (bassin  de  l’Ouad  Iriri). 

A  Ait  Iferd  réside  la  seconde  famille  de  chikhs  ;  c’est  une  branche  de  la  maison  des  Ait  Ouzanif.  Le 
chef  actuel  en  est  Mohammed  ou  Abd  Allah;  il  a  sous  son  pouvoir  le  reste  de  l’Ouad  Tifnout  (les  Ait 
lrmor),  les  Ait  Leti  sur  l’Ouad  Inmarakht,  la  moitié  de  l'Ouad  Idikel  (Talat  n  Ig),  l’Ouad  Saksad,  la  moi¬ 
tié  de  l’Ouad  Izgrouzen,  l’Ouad,’ Ait  Tameldou ,  l’Ouad  Achakski,  l’Ouad  Tasoukt,  la  moitié  de  l’Ouad 
Tizgi.  Il  faut  y  joindre,  hors  des  Ail  Tameldou,  le  reste  des  Iouzioun  et  les  Ait  Marlif  (bassin  de  l'Ouad 
Iriri). 

Ces  deux  puissantes  familles  entretiennent  avec  le  qaïd  du  Telouet  des  relations  analogues  à  celles  qu'a 
avec  lui  le  Zànifi  :  c’est  leur  seul  lien  avec  le  makhzen. 

Les  principaux  produits  de  la  tribu  sont  les  noix  et  les  olives,  qui  abondent  sur  tout  son  territoire.  On 


BASSIN  DE  L'ÛUAD  SOUS. 


327 


récolte  aussi  des  raisins  et  des  grenades  sur  les  rives  de  l’Ouad  Tifnout.  La  vallée  de  cette  rivière  est  la 
partie  la  plus  riche  du  pays  des  Ait  Tameldou.  Peu  d’abeilles.  De  grands  troupeaux  de  moutons  et  de 
bœufs;  beaucoup  d’ânes  et  de  mulets;  des  chevaux  et  des  chameaux. 

Les  Ait  Tameldou  sortent  peu  de  chez  eux  pour  faire  le  commerce  ;  mais  on  se  rend  en  leur  pays  de 
Tazenakht,  de  T  Ait  Zaïneb,  du  Telouet,  des  bords  de  l’Ouad  Sous,  pour  acheter  des  grains  et  des  fruits  ; 
on  en  exporte  ainsi  du  blé,  de  l’orge,  des  fèves,  des  noix,  de  l’huile. 

Le  centre  le  plus  important  de  la  tribu  est  Araben  (120  familles  musulmanes  et  3  familles  israélites). 

Minerai  de  fer  dans  le  désert  d’Ifenouan. 

Un  seul  marché  chez  les  Ait  Tameldou,  le  llad  Tamjerjt. 

Les  Israélites  sont  nombreux  sur  leur  territoire  :  ils  y  ont  seize  mellahs. 


2°.  —  OUAD  ZAGMOUZEN. 


On  l’appelle  aussi  quelquefois  Ouad  Ait  Oubial  et  Ouad  Ait  Otman.  Il  prend  sa  source  au  mont  Siroua. 
Delà,  il  coule  pendant  quelque  temps  dans  le  désert,  puis  il  entre  dans  la  tribu  des  Ait  Oubial;  il  y  arrose 
successivement  les  villages  suivants  : 

Ait  ou  Alman,  Ait  Sin,  Assaka,  Tagouïamt. 

De  là  il  passe  immédiatement  dans  la  tribu  des  Ait  Otman,  où  il  arrose  : 

Ait  Sin  d  Ait  Otman,  Tammenout,  Outoura,  Ait  Sad,  Takchtamt ,  Ait  Aïcht,  Tagmout  (murailles  ro¬ 
cheuses  avec  cavernes  inaccessibles  et  restes  de  constructions). 

Là  finissent  les  Ait  Otman  :  la  rivière  s’engage  dans  le  long  désert  de  Tifergin,  où  elle  reste  durant 
plusieurs  heures  ;  elle  entre  ensuite  sur  le  terrritoire  des  Zagmouzen,  où  elle  baigne  : 

Arfaman,  Tagjdit,  Anammer,  Ikerouan,  Tifourt,  Irzi,  Timicht,  Taserga,  Agadir  Zagmouzen,  Armed 
Zagmouzen,  Iril  n  Oro  (très  grand  village),  Tabia,  Taltnezourt,  Taourirt,  Tirest,  Iril  Mechtiggil,  Dou 
Ouzrou,  Taleouin,TabianBoro,  Tagergoust,  Bou  Oulga,  Timellilt. 

De  là,  l’ouad,  sans  que  les  cultures  s’interrompent  sur  ses  rives,  passe  dans  la  tribu  des  Ait  Semmeg; 
il  y  arrose  de  nombreux  villages,  dont  voici  les  principaux  : 


Imjijouin. 

Targa  n  Mimoun . rive  droite. 

Ez  Zaouïa  (en  face  de  Targa  n  Mimoun) . rive  gauche. 

Tazdert  Fouqani. 

Tazdert  Tahtani. 

Tagenza. 


Puis  il  passe  dans  la  tribu  des  Ait  labia,  où  il  baigne  un  grand  nombre  de  villages,  dont  les  principaux 
sont  : 

Imi  n  Ougni. 

Taourirt  el  Had . rive  droite. 

Arfaman. 

Tazarin. 

Tastift. 

Amzaourou. 

Bitgan. 

Imider. 

Imirgel. 

A  Imirgel  finissent  les  Ait  labia.  Quelques  pas  plus  bas,  la  rivière  se  réunit  à  l’Ouad  Tifnout,  au 
village  de  Tinmekkoul,  sur  le  territoire  des  Iouzioun. 

Au-dessous  d’Aït  Aïcht,  l’Ouad  Zagmouzen  a  toujours  de  l’eau,  quelle  que  soit  la  saison.  Plus  haut,  il 
est  quelquefois  à  sec. 

Distances  :  d’Aït  Oubial  à  Tagmout .  1/2  jour. 


328 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


de  Tagmout  à  Iril  n  Oro .  1/2  jour. 

d'Iril  n  Oro  à  Imirgel .  1  jour. 

d’Imirgel  à  Tinmekkoul .  1/2  heure. 

d’Arfaman  (Ait  Iahia)  à  Tinksif .  1/2  jour. 

de  Tinksif  à  Tasdremt  (Aït  Ououlouz) .  1  heure. 


AFFLUENTS,  —  L’Ouad  Zagmouzen  reçoit  deux  affluents,  l’un  et  l’autre  sur  sa  rive  gauche;  ce  sont  : 
l’Ouad  Anializ,  s’y  jetant  à  Timicht  (Zagmouzen),  et  l’Ouad  Ait  Semmeg,  s’y  jetant  à  Tagenza  (Ait  Sem- 
meg). 

Ouad  Amaliz.  —  11  prend  sa  source  dans  le  désert  Talart  Imadid.  De  là  il  traverse  le  territoire  des 
Imadiden,  fraction  des  Seketâna,  puis  il  entre  sur  celui  des  Ait  Abd  el  Ouirt,  où  il  arrose  successivement 
les  villages  de  Miggar  el  Iledid  et  d’Amaliz,  séparés  l’un  de  l’autre  par  le  désert  d'Igidi  n  Oumaliz.  Les 
jardins  d’Amaliz  touchent  à  ceux  de  Timicht,  où  la  rivière  se  jette  dans  l’Ouad  Zagmouzen. 

Les  Ait  Abd  el  Ouirt  sont  une  tribu  à  part,  habituellement  alliée  aux  Imadiden;  elle  ne  se  compose 
que  des  deux  villages  que  nous  venons  de  citer  et  de  deux  autres,  Tafrent  et  Tasrent,  situés  dans  la  mon¬ 
tagne,  à  peu  de  distance  des  premiers. 

L’Ouad  Amaliz  a  de  l’eau  sur  tout  son  cours  et  en  toute  saison. 

Distance  :  d’Amaliz  au  désert  Talart  Imadid . 3  heures. 

AFFLUENT.  —  L’Ouad  Amaliz  reçoit  un  affluent,  l'Ouad  Sidi  Haseïn,  se  jetant  sur  sa  rive  droite  à 
Amaliz. 

Ouad  Sidi  Haseïn.  —  Il  prend  sa  source  dans  le  Khela  Tasrirt,  passe  au  pied  de  la  qoubba  de  Sidi 
Haseïn,  puis  entre  sur  le  territoire  des  Seketâna,  dans  la  fraction  des  Imskal.  Il  y  arrose  d’abord  Irri, 
puis  Tinfat,  et  se  jette  dans  l’Ouad  Amaliz  au  village  d’Amaliz. 

Ouad  Ait  Semmeg.  —  C’est  une  rivière  importante,  qui  presque  partout  a  de  l’eau  :  elle  prend  sa 
source  dans  le  Petit  Atlas,  reçoit  divers  affluents  et  arrose  sur  son  cours  supérieur  plusieurs  tribus 
(on  ne  peut  me  donner  de  renseignements  sur  cette  portion);  puis  elle  entre  sur  le  territoire  des  Ait 
Semmeg  ;  elle  y  arrose  successivement  un  grand  nombre  de  villages  ,  dont  voici  les  principaux  : 

Asedmer,  Timichcha,  Agadir  Djedid  ,  Ammeïn  (groupe  de  plusieurs  qçars),  Doutourirt,  Imzil,  Tarzout. 

Distance  :  d’Asedmer  à  Tagenza . 4  heures. 

REMARQUES  SUR  LES  TRIBUS.  —  Les  tribus  que  nous  avons  mentionnées  sur  l’Ouad  Zagmouzen  et 
ses  affluents  sont  toutes  indépendantes  et  toutes  de  race  et  de  langue  tamazirt.  D’ailleurs  le  bassin  de 
l’Ouad  Sous  tout  entier,  sauf  une  ou  deux  exceptions  insignifiantes,  n’est  peuplé  que  de  Chellaha,  et  la 
langue  tamazirt  y  est  partout  l’idiome  en  usage.  Parmi  les  tribus  du  bassin  de  l’Ouad  Zagmouzen,  les 
unes,  telles  que  les  Aït  Oubial,  les  Ait  Otman,  les  Zagmouzen,  les  Aït  labia,  les  Aït  Abd  el  Ouirt,  ne  pos¬ 
sèdent  que  les  villages  que  nous  avons  énumérés  et  d’autres  intercalés  entre  eux,  el  ne  s’étendent  pas  en 
dehors  des  vallées  des  rivières;  deux,  au  contraire,  les  Ait  Semmeg  et  les  Seketâna,  sont  de  grandes 
tribus  dont  nous  n'avons  mentionné  qu’une  faible  portion. 

Les  Aït  Oubial  n’ont  point  de  marché.  Ils  sont  renommés  pour  l'excellent  safran  qui  se  récolte  sur  leur 
territoire  ;  on  en  trouve  dans  la  plus  grande  partie  du  haut  Sous,  mais  celui  de  leur  pays  est  réputé  le 
meilleur. 

Les  Ait  Otrnan  ont  un  marché,  le  Tenîn  Aït  Sin. 

Les  Zagmouzen  en  ont  un  aussi,  le  Khemîs  Iril  n  Oro.  On  trouve,  dit-on,  du  minerai  d’argent  sur 
leur  territoire. 

Les  Aït  labia  possèdent  un  marché,  le  Tenîn  Taourirt  el  Had.  Ils  sont  gouvernés  par  un  chikh  hé¬ 
réditaire  résidant  à  Arfaman. 

Pas  de  marché  dans  la  petite  tribu  des  Aït  Abd  el  Ouirt. 

Les  Juifs  sont  nombreux  dans  ces  régions:  il  y  a  douze  mellabs  dans  le  bassin  de  l’Ouad  Zagmouzen. 

Seketana.  —  Toutes  les  populations  du  bassin  du  Sous  et  toutes  celles  comprises  entre  Sous  et  Dra, 
à  l’exception  du  Sahel,  se  divisent  en  deux  grandes  familles  :  les  Gezoula  et  les  Seketâna.  Nous  avons 


BASSIN  DE  L’OUAD  SOUS. 


329 

énuméré  plus  haut  les  tribus  et  les  groupes  divers  dont  se  composent  l  une  et  l’autre.  Dans  le  bassin  du 
Sous,  deux  noyaux  séparés  ont  conservé  l’un  le  nom  de  Gezoula,  l’autre  celui  de  Seketâna ,  et  se  les  sont 
attribués  comme  dénominations  particulières  :  nous  parlerons  plus  loin  des  Gezoula,  quand  nous  en 
serons  à  l’Ouad  Sous  proprement  dit;  ici ,  dans  le  bassin  de  l’Ouad  Zagmouzen,  se  trouve  la  tribu  dite 
des  Seketâna. 

Les  Seketâna  sont  cantonnés  dans  le  Polit  Atlas,  sur  la  rive  gauche  de  l'Ouad  Zagmouzen,  à  environ 
6  ou  8  kilomètres  de  ce  cours  d’eau,  à  peu  près  à  hauteur  de  la  tribu  des  Zagmouzen.  La  plupart  de 
leurs  villages  sont  alimentés  par  des  sources  :  les  deux  rivières  qui  traversent  leur  territoire,  l’Ouad 
Amaliz  et  l’Ouad  Sidi  llaseïn,  n’arrosent  qu’un  petit  nombre  de  localités.  Les  Seketâna  possèdent  en 
outre,  à  proximité  de  l’Ouad  Zagmouzen,  un  gros  village  isolé,  Ihoukern.  Il  s’élève  à  2  kilomètres  au 
sud  de  la  rivière,  entre  Tagmout  et  Ait  Aïcht.  Quoique  presque  enclavé  dans  les  Ait  Otman,  c’est  aux  Se¬ 
ketâna  qu’il  appartient. 

Ceux-ci  se  divisent  en  trois  fractions  :  Seketâna  proprement  dits,  Imadiden,  Imskal.  Les  premiers 
habitent  la  portion  ouest  du  territoire,  les  seconds  le  centre,  les  derniers  l’est. 

Seketâna  proprement  dits.  —  Voici  leurs  principaux  villages  :  Tizgi,  Tirikiou,  Allegou,  Tanfekht,  Aouirst, 
Imgoun,  Taglaout,  Taourirt,  Ait  Abbou,  Iriln  Ouaman,  Ait  Dellia ,  Agdz,  Tabadricht,  Ait  Heddou,  Ti- 
liona,  Ait  Rohou. 

imadiden.  —  Voici  leurs  principaux  villages  :  Aderdour,  Iril  n  Tefraout,  ïaddart,  Tazga,  Ait  Rohou,  Ifri 
Imadiden. 

imskal.  — Voici  leurs  principaux  villages  :  Argoummi,  Irri,  Gounin,  Ifran,  Imrid,  Tazoult,  l'izi  n  Tifourt, 
Imi  nOugni,  Tamskourt,  Agoudal,  Timasinin,  Timersit.  Les  cinq  derniers  portent  le  nom  collectif  de 
Tinfat.  Le  village  isolé  d'Ihoukern  compte  avec  les  Imskal. 

Ces  trois  fractions  sont  à  peu  de  distance  les  unes  des  autres,  surtout  les  deux  dernières  :  dans  cha¬ 
cune,  les  villages  sont  fort  rapprochés  et  se  touchent  entre  eux  parleurs  cultures. 

Les  principaux  centres  sont  Imgoun,  Aouirst,  Tanfekht.  Un  marché,  le  Had  Tirikiou. 

Chacune  des  trois  fractions  des  Seketâna  est  gouvernée  séparément  par  son  chikh  héréditaire. 

Les  principales  productions  du  pays  sont  les  olives,  les  noix,  les  figues,  et  surtout  le  safran. 

Ait  Semjieg.  —  C’est  une  puissante  tribu,  atteignant  les  bords  de  l’Ouad  Zagmouzen  et  s’étendant  au 
loin  sur  les  pentes  du  Petit  Allas,  qui  forme  le  flanc  gauche  de  la  vallée  de  cette  rivière.  Elle  se  divise 
en  nombreuses  fractions;  plusieurs  cours  d’eau  eu  arrosent  le  territoire.  Elle  est  sous  l’autorité  d’un 
chikh  héréditaire  résidant  à  Tagenza.  Le  chikh  actuel  s’appelle  Ould  Ahmed  ou  Ahman.  Un  marché, 
l’Arbaa  Doutourirt,  qu’on  appelle  aussi  Arbaa  Ammeïn. 


3°.  —  OUAD  SOUS  JUSQU’A  TAROUDANT. 


La  portion  de  la  vallée  de  l'Ouad  Sous  comprise  entre  Tinmekkoul,  où  il  commence  à  prendre  ce 
nom,  et  Taroudant  s’appelle  Ras  el  Ouad.  Cette  dénomination  est  vague  :  tantôt  elle  ne  s’applique  qu'à 
la  plaine  au  milieu  de  laquelle  coule  le  fleuve,  tantôt  on  y  comprend  les  versants  des  montagnes  qui 
la  bordent. 

L’Ouad  Sous,  l'Asif  n  Sous,  comme  on  l’appelle  le  plus  souvent,  est  très  habité  sur  tout  son  cours; 
pas  un  seul  point  désert  sur  ses  rives  :  depuis  Tinmekkoul  jusqu’à  la  mer,  elles  sont  couvertes  de 
cultures  et  de  villages  se  succédant  sans  interruption.  Le  fleuve  coule  au  milieu  d’une  plaine  très  unie 
qui  prend  bientôt  une  grande  largeur;  cette  largeur  augmente  sans  cesse  à  mesure  qu’on  s’avance 
vers  la  mer.  C’est  partout  un  sol  d’une  fertilité  admirable;  mais  une  partie  seulement  en  est  cultivée, 
le  reste  est  laissé  en  pâturages  et  en  forêts.  Plusieurs  tribus  habitent  sur  le  cours  du  Sous  :  les  unes 
s’étendent  sur  ses  deux  rives,  comme  les  Rhala;  les  autres  sur  une  seule,  comme  les  Menâba  ou  les 

42 


MECONNAISSANCE  AO  MAIIOC. 


330 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Indaouzal;  les  unes  ne  possèdent  que  les  bords  mêmes  du  fleuve  :  tels  les  Rhala  et  les  Menâba;  d’au¬ 
tres  s’enfoncent  au  loin  dans  les  terres  :  tels  les  Oulad  labia,  les  Indaouzal. 

Au-dessous  de  Tinmekkoul,  l’Ouad  Sous  entre  immédiatement  dans  la  tribu  des  Rhala.  Elle  se  com¬ 
pose  de  trois  fractions  :  Ida  ou  Gemmed,  Ait  Ououlouz ,  Ida  ou  Tift.  Les  Ida  ou  Gemmed  sont  sur 
la  rive  droite,  les  deux  autres  groupes  en  face  d'eux  sur  la  rive  gauche;  les  Ait  Ououlouz  sont  en 
amont,  les  Ida  ou  Tift  en  aval. 

Tous  les  villages  des  Rhala  se  trouvent  sur  les  bords  mêmes  du  fleuve  ;  voici  les  principaux  d’en¬ 
tre  eux  : 

Sur  la  rive  droite  :  fraction  des  Ida  ou  Gemmed  : 


Iranimin. 

Koulat. 

Sidi  Omar. 

Tir. 

Tashmoumt . 

Ikhfri . 

Tagenza. 

Aderdour . 

Zaouïa  Sidi  Ious . 

Tagadirt  n  Tafoukt . 

Zaouïa  el  Ferfar . 

El  Ferfar . 

Tigemmi  n  Talart . 

Igedda. 

Tiourza  (appelé  aussi  Aourz).  .  .  . 

Aourir . 

I  milan . 

Aoumselart . 

Aougeddim  . 

Irk. 

Tarlemt. 

Tagadirt  Ait  Hamed  ou  lloummou. 

Agdour . 

Ait  Selîman. 

Tiflit . 

Tagendout. 

Ait  Ouasaou. 

Tinnikt. 

Talat  n  Tiout. 


en  face  d’Amerli. 
en  face  de  Tloussa. 

en  face  de  Tloussa . 120  fusils. 

en  face  d’Aït  Ouinbarek. 
en  face  de  Tasserlit. 
en  face  de  Tigider. 
en  face  de  Timikert. 
en  face  de  Tahalla. 

en  face  de  Tahalla. 
en  face  d’Imilan. 
en  face  de  Bouour. 
en  face  de  Tassoumat. 
entre  Tassoumat  et  Assaka. 


en  face  de  Tahalla. 
en  face  de  Bouour. 

en  face  de  Louleïza. 


Sur  la  rive  gauche  :  d’abord  la  fraction  des  Aït  Ououlouz  : 

Tasdremt. 

Agerd. 

Tamgout. 

Agadir  n  Ousekti. 

Agadir  n  Iblaz. 

Zaouïa  Moulei  Ali. 

El  Qaçba. 

Adouz. 

Tamdrart. 

Aourir. 

Tagergoust. 

Ces  huit  derniers  villages  sont  compris  sous  le  nom  collectif  d’Aoulouz. 
Viennent  ensuite  ceux  des  Ida  ou  Tift  : 


Amerli 


300  fusils. 


BASSIN  DE  L’OUAD  SÜUS. 


Iferd  n  Khalifa. 

Igedad .  150  fusils. 

Amari. 

Tagoust. 

x\gadir  Aït  Haseïn. 

Tloussa. 

Zaouïa  Sidi  Mhind  ou  Iaqob. 

Aït  Oumbarek. 

Taserlit. 

Tigider. 

Timikert. 

Imejjat. 

Bouour. 

Tagadirt  n  Ououddiz. 

A  Bouour,  en  face  des  derniers  villages  des  Ida  ou  Gemmed,  commence,  sur  la  rive 
ritoire  des  Indaouzal.  Au-dessous  de  Tinzert,  on  entre,  sur  la  rive  droite,  dans  celui 
fleuve  forme  la  frontière  entre  les  deux  tribus.  Voici  les  villages  qu’il  arrose  : 

Rive  droite  :  Menâba  : 


Tinzert . 

Ida  ou  Qaïs  (groupe  compact  de  7  villages) . 

Zaouïa  Moulei  Abd  el  Qader. 

Aïn  n  Ougeïda. 

Igoudar. 

Aït  Ioub . 

Oulad  Ifasen . 

Tamast  (sur  la  rive  gauche  de  l’ouad  ;  seul  village  des  Menâba 

dans  cette  situation) . . 

Oulad  Brahil . en  face  de  Tamast. 

Aïn  el  Asid. 

Souatat . 

Zrabia. 

El  Bordj. 

Oulad  Brahim. 

Agedal. 

Dir. 

Sama. 

Ida  ou  Gouilal . 

Igli . 

Erzagna. 

Aït  Aïssa. 

Zaouïa  Ben  Abbou. 

Agadir  er  Remel. 

Rive  gauche  :  Indaouzal  : 


150  fusils. 
120  fusils. 


150  fusils. 
150  fusils. 


300  fusils. 


120  fusils. 


150  fusils. 
200  fusils. 


Tassoumat. 

Assaka. 

Louleïza .  120  fusils. 

Tafellount. 

Tirkt. 

Agadir  el  Bour. 

Aït  Merras. 

Sidi  Malek. 


A  Sidi  Malek  finit  la  portion  occupée  parles  Indaouzal;  ils  sont  suivis  par  les  Ou 
appartient  toute  la  rive  gauche  du  fleuve  depuis  là  jusqu’à  Taroudant  :  le  long  de  cet 
qu’une  série  non  interrompue  de  villages  ;  voici  seulement  les  noms  des  principaux  : 


gauche,  le  tor¬ 
des  Menâba.  Le 


lad  labia ,  à  qui 

espace,  ce  n’est 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


332 


Tamast  (appartenant  aux  Menâba,  quoique  sur  la  rive  gauche). 

Taourart. 

Tezzart. 

El  Mhara. 

Timdouin . . .  400  feux. 

Arazan . 120  feux. 

Taqtrant. 

Agadir  n  Abbou. 

Oulad  Bou  Ris . .  .  120  feux. 

Freïja. 

Au-dessous  des  Menàba,  sur  la  rive  droite,  se  trouvent  d'abord  les  Ait  Iiggas,  bordant  l’ouad  de 
leurs  villages;  puis  les  Oulad  labia,  qui ,  à  partir  de  là,  occupent  les  deux  rives  du  fleuve  jusqu’à  Ta- 
roudant.  Ce  n’est,  dans  ces  deux  tribus,  que  succession  constante  de  jardins,  de  hameaux  et  de  bour¬ 
gades  tout  le  long  du  cours  d’eau  :  le  principal  centre,  sur  la  rive  droite,  est  le  village  de  Ben  Sifer. 

L’Ouad  Sous  a  toujours  de  l’eau  dans  son  lit. 

Nous  avons  dit  le  nombre  de  fusils  des  localités  les  plus  importantes  :  les  autres  ont  en  général  de 
30  à  00  familles. 


Distances  :  de  Tinmekkoul  à  Aoulouz . 

de  Tinmekkoul  à  Tasdremt . 

d’ Aoulouz  à  Tir . 

de  Tir  à  Tinzert . 

de  Tinzert  à  Igli . 

de  Tir  à  Ida  ou  Qaïs . 

d’Aoulouz  à  Iferd  n  Khalifa . 

d’Iferd  n  Khalifa  à  Tagadirt  n  Ououddiz . 

d’Iril  n  Oro  à  Aderdour  (en  coupant  au  court)  .  .  . 
d’Iril  n  Oro  à  Aoulouz  (en  coupant  au  court)  .  .  . 

d’Iril  n  Oro  à  Igli . 

d’Iril  n  Oro  à  Tinmekkoul  (en  longeant  l’ouad).  .  . 

d’Igli  à  Ida  ou  Gouilal . 

d’Igoudar  à  Ida  ou  Gouilal . 

d’Igoudar  à  Igli . 

d’Igoudar  à  la  frontière  des  Rhala . 

de  Zaouïa  Ben  Abbou  à  Agadir  er  Renie! . 

d’Aït  Aïssa  à  Agadir  er  Remel .  .  .  . 

de  Tinnikt  à  Oulad  Hasen . 

de  Tinnikt  à  Aourz . 

de  Tasdremt  à  Tirkt  (en  coupant  au  court) . 

de  Tasdremt  à  Bouour  (en  suivant  l’ouad)  ... 

de  Tirkt  à  Bouour  (en  suivant  l’ouad) . 

de  Tirkt  à  Oulad  Bou  Ris . 

d’Oulad  Bou  Ris  à  Freïja . 

d’Oulad  Hasen  à  Taroudant . 


3  heures. 

1  h.  1/2. 

Le  fleuve  seul  les  sépare. 
3  heures. 

3  heures. 

4  heures. 

Leurs  jardins  se  touchent. 

2  heures, 
fort  1/2  jour, 
fort  1/2  jour. 

1  jour  1/3. 
forte  journée. 

Ils  se  touchent. 

2  heures. 

2  heures. 

1  heure. 

Les  jardins  se  touchent. 
Les  jardins  se  touchent. 

1  h.  1/2. 

3  h.  1/2. 

3  h.  1/2. 

3  heures. 

2  heures. 

1  jour. 

1  h.  1/2. 

1  jour. 


De  l’examen  de  ces  distances  il  ressort  deux  choses  :  la  première,  c’est  que  l’Ouad  Sous  fait  un  coude 
considérable  auprès  d’Aoulouz;  la  seconde,  que  l’Ouad  Zagmouzen  décrit  un  long  circuit  avant  de  se 
jeter  dans  l’Ouad  Tifnout. 

On  ne  met  en  effet  que  3  heures  et  demie  pour  aller  de  Tasdremt  à  Tirkt  :  on  laisse  le  fleuve  à  gau¬ 
che,  on  coupe  au  court  à  travers  un  désert,  le  Khela  Ait  Ouasaou,  et  on  ne  retrouve  l’Ouad  Sous  qu’à 
Tirkt.  Si  on  voulait  faire  le  même  trajet  en  longeant  le  fleuve,  au  milieu  des  villages  et  des  cultures, 
il  faudrait  5  heures  de  temps. 

De  même,  pour  se  rendre  d’Iril  n  Oro  à  Aoulouz,  il  suffit  d’une  forte  demi-journée.  On  descend 
l’Ouad  Zagmouzen  jusqu’à  Taourirt  el  Had  :  là  on  le  quitte  et  on  coupe  au  court  à  travers  les  monta¬ 
gnes  du  flanc  gauche.  On  monte  d’abord  par  le  désert  Timezgida  n  Izrar;  puis  on  arrive  à  la  qoubba 


BASSIN  DE  L’ÜUAD  SUES. 


333 

de  Sidi  Bon  Ueja,  située  au  col  même  où  se  franchit  le  massif  :  ce  col,  fort  célèbre,  s’appelle  Tizi  n 
Suus.  De  là  on  passe  dans  un  nouveau  désert,  la  forêt  de  Don  Ouzrou  Zouggar,  célèbre  par  les  brigandages 
qui  s’y  commettent  :  non  loin  de  là  se  trouve  le  village  d’Agni  nFad,  qui  reste  en  dehors  de  la  route.  Après 
deux  heures  de  marche  dans  cette  solitude,  on  débouche  chez  les  Rhala  à  Aourir,  village  du  groupe 
d’Aoulouz.  Ce  chemin  est  ce  qu’on  appelle  le  chemin  de  Tizi  n  Sous.  Quoique  en  montagne,  il  n’est 
pas  très  pénible.  Il  se  fait  en  une  demi-journée.  On  mettrait  deux  fois  plus  de  temps  en  suivant  le 
fond  des  vallées  :  en  effet,  on  compte  une  forte  journée  pour  aller  d’Iril  n  Oro  à  Tinmekkoul,  et  il  y  a 
encore  deux  ou  trois  heures  de  ce  point  à  Aoulouz. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que, si  les  bords  du  Sous  sont  cultivés  partout,  il  n’en  est  pas  de  même  de 
la  large  plaine  formant  le  fond  de  la  vallée  :  elle  n’est  cultivée  qu’en  partie  :  le  reste  est  couvert  de  bois 
et  de  pâturages.  Les  principales  forêts  sont  :  sur  la  rive  droite,  celle  de  Bon  Taddout  (Ait  Iiggas  et 
Ûulad  labia);  sur  la  rive  gauche,  celle  de  Briouga  (Oulad  labia,  entre  Timdouin  et  Taroudant);  au 
milieu  de  cette  dernière  se  trouve  le  grand  village  de  Tiout,  situé  à  mi-distance  entre  Igli  et  Taroudant. 

REMARQUES  SUR  LES  TRIBUS.  —  Les  habitants  du  Sous,  sauf  un  ou  deux  petits  groupes  d’Arabes 
de  quelques  tentes  seulement,  comme  celui  des  Oulad  Dris,  groupes  jetés  on  ne  sait  comment  et 
noyés  au  milieu  du  reste  de  la  population,  sont  tous  de  race  tamazirt  (chleuha)  et  de  mœurs  séden¬ 
taires.  La  langue  usuelle  y  est  partout  le  tamazirt.  Dans  le  haut  Sous,  au-dessus  du  Ras  el  Ouad,  et 
dans  les  chaînes  du  Grand  et  du  Petit  Atlas,  cette  langue  est  à  peu  près  la  seule  connue.  Mais  à  me¬ 
sure  qu’on  descend  le  cours  du  fleuve  et  qu’on  se  rapproche  du  fond  de  sa  vallée,  le  nombre  des  in¬ 
dividus  sachant  l’arabe  augmente.  A  partir  des  Menàba,  il  est  peu  d’hommes,  au  bord  de  l’ouad,  qui 
ne  connaissent  cette  langue. 

L’état  politique  des  tribus  du  Ras  el  Ouad  a  traversé  depuis  quelque  temps  diverses  vicissitudes  : 
durant  de  longues  années,  ces  tribus  ont  été  insoumises,  sans  aucune  relation  avec  le  makhzen.  Récem¬ 
ment,  pendant  l’été  de  1883,  Moulei  El  Hasen  lit  une  campagne  dans  le  bas  Sous  et  le  nord  du  Sahel 
Marocain,  et  en  profita  pour  inviter  les  habitants  du  Ras  el  Ouad  à  l'obéissance  :  c’était  dans  un  moment 
de  famine;  les  populations,  pauvres  et  affaiblies,  ne  voulurent  pas  entrer  en  lutte;  d’ailleurs  une  por¬ 
tion  d’entre  elles,  fatiguée  d'une  longue  anarchie,  souhaitait  un  gouvernement  régulier  :  elles  se  sou¬ 
mirent.  On  donna  le  titre  de  qaïd  à  leurs  chikhs  héréditaires  :  ceux-ci  furent  chargés  de  collectionner 
l'impôt  et  de  lever  des  soldats  pour  le  compte  du  sultan  :  au  reste,  point  de  garnisons,  point  d'hommes 
du  makhzen,  pas  un  seul  fonctionnaire  étranger.  Tel  était  l’état  du  pays  au  moment  de  mon  voyage.  On 
était  soumis  au  sultan,  mais  celui-ci  n'exigeait  que  fort  peu  ;  trop  cependant ,  au  gré  de  ces  tribus  ja¬ 
louses  de  leur  liberté  :  même  ceux  qui  naguère  avaient  désiré  ce  régime  en  étaient  lassés  :  il  est  vrai 
qu’ils  n’y  avaient  point  trouvé  le  bien  qu’ils  en  attendaient.  Aussi  cet  état  de  choses  n’a,  parait-il, 
pas  duré  longtemps.  Dès  la  première  année  d’abondance,  la  révolte  a  été  générale  :  en  automne  1884, 
toutes  les  tribus  ont,  dit-on,  refusé  argent  et  soldats;  en  quelques  lieux  où  les  qaïds  avaient  abusé 
de  leur  autorité  ou  voulu  maintenir  l’ordre  établi,  elles  les  ont  chassés,  en  détruisant  leurs  demeures. 
Depuis  lors  toutes  vivent  de  nouveau  dans  une  complète  indépendance,  sans  aucun  rapport  avec 
Moulei  El  Hasen. 

Celui-ci  avait  divisé  le  Ras  el  Ouad  en  six  provinces,  amel.  Chacune  d’elles  se  composait  d’une  des 
tribus  ou  fractions  de  tribus  principales,  que  gouvernait  son  chikh  avec  le  titre  de  qaïd  :  ce  magistrat 
avait  de  plus  dans  son  ressort,  surtout  en  ce  qui  concernait  leurs  rapports  avec  le  sultan,  les  tribus 
voisines  moins  considérables,  ou  celles  dont  la  dépendance  n'était  pas  complète.  C'est  ainsi  que  le 
qaïd  des  Menàba  avait  dans  son  amel  les  Ait  Iiggas  et  les  Talkjount  d'une  part ,  les  Indaouzal  de  l'au¬ 
tre.  Les  six  amels  étaient  : 

1"  Rhala  (Ida  ou  Gemmed). 

3"  Rhala  (Ait  Ououlouz  et  Ida  ou  Tift). 

3"  Menàba. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


334 

4°  Onlad  Ialiia. 

3°  Aït  Semmeg  (sur  l’Ouad  el  Amdad;  versant  sud  du  Grand  Atlas). 

0"  Mentaga  (dans  le  massif  du  Grand  Atlas). 

Rhala.  —  Tribu  occupant  les  deux  rives  de  l’Ouad  Sous.  Tous  les  villages  en  sont  sur  les  bords 
mômes  du  fleuve.  Elle  se  divise,  comme  nous  l’avons  vu,  en  Ida  ou  Gemmed,  Ait  Ououlouz,  Ida  ou 
Tiff.  Deux  chikbs  héréditaires,  portant  aujourd'hui  le  titre  de  qaïd,  les  gouvernent  :  ce  sont  le  qaïd 
1 1 aida  ould  El  Hasen  ou  Ahman,  résidant  à  Tagenza  :  il  a  sous  son  autorité  les  Ida  ou  Gemmed;  le 
qaïd  Omar  el  Aoulouzi,  demeurant  à  Agadir  n  Iblaz  :  il  commande  aux  Aït  Ououlouz  et  aux  Ida  ou 
Tilt.  Deux  marchés  chez  les  Rhala,  le  llad  Aoulouz  et  l’Arbaa  Aoulouz.  Cinq  mellahs. 

Menaba  —  Tribu  Occupant  la  rive  droite  de  l’Ouad  Sous;  elle  forme  une  bande  étroite  le  long  du 
fleuve  et  ne  s’étend  pas  dans  l’intérieur  de  la  vallée.  Elle  est  gouvernée  par  Qaïd  El  Arbi,  résidant  à 
Igli;  la  maison  de  celui-ci,  vaste  "demeure  avec  grandes  dépendances,  s’appelle  El  Mkhatir.  Trois 
marchés  dans  la  tribu,  Had  Igli,  Djemaa  Tinzert  et  Tlâta  Ait  loub  :  ce  dernier,  connu  sous  le  nom 
de  Tlâta  Menâba,  est  le  marché  le  plus  important  du  lias  el  Ouad.  11  y  a  12  mellahs  chez  les  Menâba. 

Indaouzal.  —  C’est  une  grande  et  puissante  tribu  située  sur  la  rive  gauche  de  l’Ouad  Sous  ;  sur  les 
bords  immédiats  du  lleuve,  elle  n’occupe  qu'une  faible  longueur;  mais  au  delà  elle  s’étend  au  loin, 
bornée  à  Test  par  les  Aït  labia  et  les  Aït  Semmeg,  au  nord  par  les  Rhala  et  les  Menâba,  à  l’ouest  par 
les  Oulad  Ialiia,  au  sud  et  au  sud-ouest  par  diverses  petites  tribus  indépendantes  :  toute  la  plaine  qui 
s’étend  au  sud  des  Menâba  et  des  Rhala  lui  appartient,  ainsi  que  les  premières  pentes  du  Petit  Allas 
sur  une  assez  grande  profondeur;  le  Tizi  n  Sous  est  sur  son  territoire.  Elle  a  deux  chikhs  héréditaires 
résidant,  l'un  à  Akchtim,  l’autre  dans  un  village  appelé  de  son  nom,  Ould  Sidi  Malek.  De  plus,  les 
localilés  des  Indaouzal  limitrophes  des  Aït  Ialiia  se  sont  rangées  sous  l’autorité  du  chef  de  ces  derniers, 
le  chikh  d'Arfaman.  Pour  leurs  rapports  avec  le  sultan,  les  Indaouzal  dépendent  du  qaïd  El  Arbi, 
d’Igli.  Cette  tribu,  en  paix  en  ce  moment,  a  été  longtemps  désolée  par  des  querelles  intestines  :  de¬ 
puis  une  époque  très  ancienne,  elle  est  divisée  en  deux  partis,  presque  toujours  en  guerre  l’un  contre 
l’autre;  dans  ces  luttes,  chaque  parti  eut  constamment  pour  soutien  son  voisin,  l’un  les  Aït  Semmeg, 
l’autre  les  Oulad  Ialiia.  A  la  longue  ils  prirent  les  noms  de  ces  alliés,  en  sorte  qu’aujourd’hui  une  moitié 
des  Indaouzal  est  dite  Ait  Semmeg,  l'autre  Oulad  Ialiia. 

La  tribu  est  chleuha  et  sédentaire;  elle  possède  un  grand  nombre  de  villages  :  nous  en  avons 
cité  quelques-uns  sur  l'Ouad  Sous;  ce  sont  presque  les  seuls  qui  soient  arrosés  par  une  rivière; 
la  plupart  des  autres  n’ont  que  des  sources  ou  des  citernes;  voici  les  noms  des  principaux  : 

Tidnes,  Agni  n  Fad,  Kouilal,  Tabia  n  lmaoun,  Taourirt  el  Mrabtin,  Aït  Ions,  Ait  Djarna,  Akchtim, 
Amalou,  Assaïn,  Aït  Bazmad,  Aït  Bou  Iazza,  Tamalalt,  Amari,  Es  Sebl ,  Imi  el  Aïn. 


Distances  :  d’Arfaman  (Aït  Ialiia)  à  Tidnes .  1  li.  1,2. 

de  Tidnes  à  Agni  n  Fad  (forêt  de  Dou  Ouzrou) . 3  heures. 

d'Agni  n  Fad  à  Assaïn .  1  heure. 

d'Assaïn  à  Assoumat . 3/4  d’heure. 


Aït  Bazmad,  Aït  Bou  Iazza,  Tamallalt,  Amari,  Es  Sebt,  Imi 
el  Aïn  sont  groupés  autour  d'Assaïn. 

Deux  marchés  :  l’un  se  tient  le  samedi,  au  village  appelé  pour  ce  motif  Es  Sebt;  l’autre  est  l'Arbaa 
Aït  Abd  Allah  ou  Mliind. 

Deux  mellahs. 

Oulad  1ah:a.  —  Très  grande  tribu,  la  plus  considérable  du  bassin  du  Sous.  Elle  s’étend  sur  la  rive 
droite  du  fleuve  de  Taroudant  aux  Aït  liggas,  sur  sa  rive  gauche  de  Tamast  à  Taroudant.  Sur  toute 
cette  longueur,  la  vaste  plaine  située  entre  le  Grand  Atlas  d'une  part,  le  Petit  Allas  de  l’autre, 
lui  appartient.  Elle  occupe  la  vallée  dans  tonte  sa  largeur,  au  lieu  de  ne  comprendre,  comme  les 
Rhala  el  les  Menâba,  que  les  bords  de  l’ouad.  Elle  est  gouvernée  par  un  chikh  héréditaire,  portant 
aujourd'hui  le  titre  de  qaïd;  il  se  nomme  Ould  El  Djeïdli;  sa  résidence  est  Timdouin  :  c’est  un 


BASSIN  DR  L’OUAD  SOUS. 


333 

homme  riche  et  puissant.  11  y  a  quelques  années,  avant  la  soumission  du  lias  el  Ouad,  ayant  eu  l’im¬ 
prudence  d’aller  à  Taroudant,  il  y  fut  saisi  et  incarcéré  par  ordre  du  sultan  :  moyen  de  lui  faire  don¬ 
ner  une  partie  de  ses  richesses.  Il  demeura  près  de  (5  ans  en  prison ,  et  11e  fut  relâché  que  sur  les  ins¬ 
tances  de  Sidi  Mohammed  ou  Bou  Bekr,  chef  de  la  zaouïa  de  Tamegrout,  lors  d’un  voyage  que  ce 
saint  personnage  lit  à  Taroudant. 

Le  principal  marché  de  la  tribu  est  le  Tenin  Timdouin.  Trois  mollahs. 

Mentaga.  —  Tribu  soumise  au  sultan,  que  gouverne,  avec  le  titre  de  qaïd  ,  son  chikh  héréditaire, 
Ali  ou  Malek.  Il  réside  à  Sidi  Mousa.  Les  Mentaga  habitent  sur  les  pentes  du  Grand  Atlas.  Une  seule 
rivière,  à  laquelle  ils  donnent  leur  nom,  arrose  leur  territoire  :  elle  prend  sa  source  à  la  crête  même 
de  la  chaîne;  on  ne  peut  me  dire  où  elle  se  jette.  Deux  marchés,  le  Tlàta  et  l’Arbaa  Mentaga. 

AFFLUENTS.  —  L’Ouad  Sous  en  a  un  grand  nombre  :  voici  les  principaux  :  l’Üuad  Tazioukt,  s’y  je¬ 
tant  à  Tasdremt;  l’Ouad  el  Amdad,  s’y  jetant  à  Ida  ou  (Jais;  l'Ouad  Bou  Srioul,  s’y  jetant  à  Üulad 
Hasen;  l’Ouad  Talkjount,  s’y  jetant  à  Igli.  Il  reçoit  tous  ces  cours  d’eau  sur  sa  rive  droite. 

Ouad  Tazioukt.  —  Il  sort  du  désert  d’Iger  n  Znar,  qui  s’étend  entre  son  cours  et  le  district  d’Ou¬ 
neïn.  11  arrose  successivement  les  villages  suivants  : 

Tagoulemt,  Tanfit ,  Agersaf,  Takemmou,  Bou  Mazir,  Ihouzin,  Tlemkaïa. 

Leur  ensemble  forme  le  district  de  Tazioukt;  il  dépend  du  qaïd  d’Aoulouz. 

L'Ouad  Tazioukt  a  de  l’eau  sur  tout  son  cours  et  en  toute  saison. 


Distance  :  de  Tasdremt  à  Tagoulemt . 3  heures. 

Largeur  du  désert  d’Iger  11  Znar . 3  heures. 


Ouad  el  Amdad.  —  Dans  son  haut  cours,  on  l’appelle  souvent  Ouad  Ouneïn.  Il  prend  sa  source  aux 
crêtes  du  Grand  Atlas;  en  descendant,  il  entre  d'abord  dans  le  district  d’Ouneïn  :  il  y  arrose  un  grand 
nombre  de  villages,  dont  les  principaux  sont  : 

Adouz,  Irazin,  Anzi,  Taleouin. 

De  là  il  passe  dans  la  tribu  des  Ait  Semmeg;  il  y  arrose  successivement  beaucoup  de  villages  :  les 
principaux  sont  : 

Sidi  ou  Aziz,  Ait  Bou  Bekr  (groupe  de  plusieurs  villages),  Aouftout,  Touloua. 

Durant  tout  ce  temps,  il  reste  en  montagne.  Ensuite  il  débouche  en  plaine  par  le  kheneg  d'Imi  n  ou 
Asif  :  il  entre  là  dans  la  vallée  du  Sous;  il  y  traverse,  dans  sa  partie  orientale,  la  tribu  des  Talkjount; 
puis  il  sert  de  limite  pendant  quelque  temps  entre  les  Bhala  et  les  Menàba,  et  enfin  il  se  jette  dans 
l'Ouad  Sous,  entre  Ida  ou  (Jais  et  Ain  n  Ougeïda. 

A  Imi  n  ou  Asif  se  trouve  un  grand  village  avec  marché,  Khemîs  Sidi  Mohammed  ou  Iaqob. 

L’Ouad  el  Amdad  a  de  l’eau  sur  tout  son  cours  et  en  toute  saison. 

Distance  :  d’Aderdour  à  Ouneïn .  1  jour. 

Le  district  d’Ouneïn  est  fort  peuplé  ;  il  se  compose  non  seulement  des  villages  arrosés  par  l’Ouad 
el  Amdad,  mais  encore  de  plusieurs  autres  à  proximité  :  il  est  gouverné  par  un  chikh.  Ce  district  a 
fait  sa  soumission  en  même  temps  que  tout  le  Bas  el  Ouad  :  auparavant  le  Gentafi  s'était  efforcé  à  plu¬ 
sieurs  reprises  de  le  réduire  sous  son  autorité  :  il  n'avait  jamais  pu  y  réussir.  Un  mollah  dans  TOuneïn. 

Les  Ait  Semmeg  sont  une  nombreuse  tribu  habitant  les  bords  de  l'Ouad  el  Amdad  el  la  région  voisine  : 
ils  n’ont  rien  de  commun  avec  les  Ait  Semmeg  de  l'Ouad  Zagmouzen.  Ceux  que  nous  trouvons  ici  for¬ 
ment  un  des  0  amels  du  Bas  el  Ouad.  Ils  sont  gouvernés  par  le  qaïd  Omar  ben  Bacha,  résidant  à  Aouf¬ 
tout.  Un  mellah  sur  leur  territoire.  Deux  marchés  :  le  Khemîs  Sidi  ou  Aziz  et  le  Tenin  Ait  Bou  Bekr. 

Ce  nom  d’Aït  Bou  Bekr  rappelle  une  triste  histoire.  En  août  1880,  un  jeune  Autrichien,  M.  Joseph 
Ladeïn,  quittait  Merrâkech  avec  l’intention  de  gagner  Taroudant  par  l’Atlas  :  c’est  une  route  ordinai¬ 
rement  sûre  :  il  ne  prit  pas  de  travestissement,  n’emmena  point  d’escorte,  se  pensant  assez  protégé  en 
se  joignant  à  une  caravane.  Un  domestique  israélite  le  suivait.  Il  remonta  l'Ouad  Ntis,  traversa  l'Ouneïn, 
entra  chez  les  Ait  Semmeg  :  jusque-là  tout  allait  bien.  Mais  le  malheureux  ne  devait  pas  dépasser  les 


336 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Ait  Bou  Bekr  :  cheminant  sur  leur  territoire,  il  arriva  au  village  d’Hierk,  chez  les  Ait  Ben  Mançour, 
non  loin  de  la  zaouïa  de  Sidi  Bou  Nega.  Il  voulut  s’y  arrêter  quelques  instants  et  demanda  à  boire  :  on 
lui  tendit  un  vase  d’eau  :  au  moment  où  il  le  portait  à  ses  lèvres ,  on  se  jeta  sur  lui  et  on  l’égorgea.  Dans 
la  suite,  les  Ait  Ben  Mançour  furent,  dit-on,  condamnés  à  une  forte  amende  pour  ce  crime.  Quel  en  avait 
été  le  mobile?  Ce  n’était  point  le  vol  :  le  voyageur  n'avait  que  des  effets  de  peu  de  valeur;  rien  dans 
son  équipage  ne  dénotait  qu’il  fût  riche.  Tous  ceux  qui  me  racontèrent  le  fait  me  dirent  qu’on  l’avait 
tué  parce  qu’il  était  chrétien. 

Ouad  Bou  Srioul.  —  11  prend  sa  source  aux  crêtes  du  Grand  Atlas,  non  loin  de  celle  de  l’Ouad  el 
Gentafi,  auprès  du  Djebel  Arbar.  Il  passe  d’abord  dans  diverses  fractions,  puis  entre  sur  le  territoire 
des  Gezoula  :  c’est  une  nombreuse  tribu,  restée  insoumise  au  sultan;  de  là,  la  rivière  débouche  en 
plaine  et  traverse  successivement  les  terres  des  Talkjount  et  celles  des  Menâba. 

L'Ouad  Bou  Srioul  a  toujours  de  l’eau  dans  son  lit. 

Distance  :  d’Oulad  Hasen  au  Djebel  Arbar .  1  jour. 

Ouad  Talkjount.  —  11  prend  sa  source  au  Djebel  Titouga;  puis  il  entre  chez  les  Ida  ou  Zeddar, 
grande  tribu  soumise  au  makhzen  :  de  là  il  débouche  en  plaine,  et  traverse  d’abord  le  territoire  des 
Talkjount,  puis  celui  des  Menâba. 

L’Ouad  Talkjount  a  de  l’eau  pendant  la  plus  grande  partie  de  l’année. 

Distance  :  d’Igli  au  Djebel  Titouga .  1  jour. 


4°.  ITINÉRAIRES. 

1"  DE  L'OUAD  TIFNOUT  AU  TELOUET.  —  Un  chemin  mène  de  l'un  à  l’autre  :  on  remonte 
l’Ouad  Tifnout  jusqu’auprès  de  sa  source;  de  là,  une  côte  douce  conduit  à  un  col  et  au  bassin  opposé. 
Point  de  pentes  raides;  route  facile. 

2°  DE  TAZENAKHT  AUX  AIT  OIJBIAL.  ■ —  La  distance  est  d’un  jour  de  marche.  De  Tazenakht, 
on  remonte  d’abord  l’ouad  du  même  nom,  puis  l’Ouad  Ta  n  Amelloul  jusqu’à  sa  source.  On  franchit 
le  désert  de  Ta  n  Amelloul  :  celui-ci  s’étend  entre  les  Ait  Ouarrda  et  les  Ait  Oubial  :  on  se  trouve  à  cette 


dernière  tribu  dès  qu’on  Ta  traversé. 

Distances  :  de  Tazenakht  à  Imdrer . 3  heures. 

d’Imdrer  au  Khela  Ta  n  Amelloul . 3  heures. 

Traversée  du  Khela  Ta  n  Amelloul .  1  h.  1/2. 


3°  DE  TAZENAKHT  AUX  ATT  TEDRART.  —  On  gagne  les  Ait  Oubial,  puis  les  Ait  Otman;  là  on 
laisse  l'Ouad  Zagmouzen  à  Outoura,  et  on  monte  vers  le  nord  dans  les  montagnes  qui  en  forment  le 
flanc  droit  :  elles  s’appellent  à  ce  point  Djebel  lleddi  et  forment  un  désert  dangereux.  On  y  chemine 
jusqu’aux  Id  ou  llloun  :  il  y  a  2  heures  entre  leur  territoire  et  Outoura.  On  traverse  l’Ouad  Id  ou  Illoun  ; 
on  entre  dans  un  nouveau  désert,  celui  de  Teddref  :  après  l’avoir  franchi,  on  se  trouve  à  l’Ouad  Ait 
Tedrart.  Une  heure  entre  les  Id  ou  Illoun  et  Aglagal. 

4°  DE  TAZENAKHT  AUX  AIT  TAMELDOU.  —  11  y  a  deux  chemins  principaux;  les  voici  : 

I.  —  Gagner  d’abord  le  territoire  des  Id  ou  Illoun,  puis  celui  des  Ait  Tedrart;  de  là  passer  aux  Ait 
Tameldou,  qui  n’en  sont  qu’à  1  heure  de  distance.  On  marche  tout  le  temps  en  pleine  montagne. 

IL  —  De  Tazenakht,  on  gagne  les  Ikhzama  à  Tesakoust  (Ouad  Iriri).  De  là  on  va  à  Amasin  (Ikhzama) 
et  on  remonte  l’ouad  de  ce  nom  jusqu’à  sa  source,  au  Tizi  n  Ougdour.  On  franchit  ce  col  :  c’est  un  pas¬ 
sage  facile;  il  forme  la  limite  entre  les  bassins  du  Dra  et  du  Sous.  De  là  on  s’engage  dans  le  désert 
d’Igisel,  où  l'on  marche  durant  5  heures ,  jusqu’au  village  de  Tittal ,  le  premier  des  Ait  Tameldou. 

3°  DE  T  A  MAROUET  A  TUSFAT  (SEKETANA).  — On  compte  I  jour  de  marche  entre  ces  deux 
points.  On  gagne  le  Khela  Tasrirt  en  passant  par  Ait  Mesri  :  on  marche  une  demi-journée  dans  ce  désert  : 
ou  en  sort  à  Irri,  sur  l’Ouad  Sidi  Haseïn.  Irri  n'esf  qu’à  une  demi-heure  de  marche  de  Tintât. 


BASSIN  DE  L’UUAD  SOUS. 


337 


Distance  :  de  Tamarouft  au  Khela  Tasrirt . 4  heures. 

6°  D’IRIL  N  ORO  AUX  SE  K  ET  AN  A.  —  On  suit  les  rives  de  l’Ouad  Zagmouzen  jusqu’à  D'il  Mech- 
tiggil  (Zagmouzen).  Là  on  le  quitte  et,  marchant  vers  le  sud,  on  s’engage  dans  le  Petit  Atlas.  Au  bout 
d’une  heure  de  marche,  on  atteint  le  territoire  des  Seketâna  :  on  passe  d’abord  à  Tizgi,  puis  aussitôt 
après  on  trouve  Tirikiou.  De  là,  si  on  veut  se  rendre  chez  les  Seketâna  proprement  dits,  on  prend  à 
l’ouest;  si  on  veut  gagner  soit  les  Imadiden,  soit  les  Imskal,  on  se  dirige  vers  l’est.  Ces  deux  fractions 
sont  en  face  l  une  de  l’autre,  du  même  côté  et  presque  à  même  distance  de  Tirikiou. 


Distances  :  d'Iril  n  Oro  à  Iril  Mechtiggil . 3/4  d’heure. 

d'Iril  Mechtiggil  à  Tirikiou .  1  h.  1/4. 


7"  DES  AIT  IAH1A  [OU AD  ZAGMOUZEN)  A  T  ATT  A.  —  Il  y  a  un  chemin  partant  du  territoire 
des  Ait  labia,  remontant  l'Ouad  Ait  Semmeg  jusqu’à  sa  source,  puis  gagnant  Tatta. 

8°  D’IRIL  N  ORO  A  MERRAKECH.  —  On  compte  3  jours  et  demi  de  marche  : 

1er  jour.  —  D’Iril  n  Oro  à  Tinmekkoul,  en  descendant  l’Ouad  Zagmouzen. 

2°  jour.  —  On  gagne  Tlemkaïa  sur  l’Ouad  Tazioukt;  on  remonte  cette  rivière  jusqu’à  Tanût.  Là  on  la 
quitte,  et  on  s’engage  dans  le  désert  d’Iger  n  Znar  qui  s’étend  au  delà  de  sa  rive  droite.  On  y  marche 
durant  trois  heures  ;  puis  on  atteint  à  Taleouin  (district  d’Ouneïn)  l’Ouad  el  Amdad  :  on  le  remonte 
jusqu’à  Adouz. 

3°  jour.  —  On  quitte  l’Ouad  el  Amdad  à  Adouz  :  on  s’engage  dans  une  vaste  plaine  ;  au  bout  de  3  heures, 
on  atteint  un  groupe  formé  de  2  villages  :  le  premier  est  Tamsellount,  le  second  Tamdroust  :  ils  comp¬ 
tent  dans  le  district  d’Ouneïn.  En  sortant  de  Tamdroust,  on  entre  dans  le  désert  montagneux  d’Ouich- 
dan  :  côtes  raides ,  chemin  parfois  difficile  :  au  milieu  de  ce  désert  est  le  col  où  l’on  franchit  la  crête 
supérieure  du  Grand  Atlas.  On  chemine  dans  le  Khela  Ouichdan  jusqu’à  la  tin  de  la  journée  :  le  soir,  on 
parvient  au  village  d’Alla  où  l’on  s’arrête  :  on  y  entre  sur  le  territoire  des  Gentafa.  Alla  est  sur  l’Ouad 
El  Gentafl,  qui,  à  quelques  pas  plus  bas,  s’unit  à  l’Ouad  Agoundis.  La  jonction  de  ces  deux  cours  d’eau 
forme  l’Ouad  Nfis. 

4e jour.  —  D’Alla  on  gagne,  à  très  peu  de  distance,  Dar  El  Gentafl,  où  se  trouve  le  confluent  des  deux 
rivières.  Dar  El  Gentali,  appelée  aussi  Tagentaft,  est  un  gros  village,  résidence  du  qaïd  des  Gentafa. 
A  partir  de  là,  on  descend  le  cours  de  l’Ouad  Nfis  :  jusqu’au  soir,  on  ne  cesse  d’en  longer  les  bords.  C’est 
une  vallée  très  encaissée,  ressemblant  à  celle  de  l’Ouad  Iounil  :  les  flancs  en  sont  des  murailles  à  pic 
presque  partout  infranchissables  :  on  ne  peut  passer  qu’au  fond  ;  là,  pas  un  point  désert  :  tout  est  cou¬ 
vert  de  cultures  et  de  villages;  voici  les  principaux  de  ceux  qu’on  traverse  successivement  :  Imerraoun, 
Takherri,  Ihenneïn,  Targa,  Ait  Irai,  Iger  n  Kouris,  Toug  el  Khir,  Tigourramin,  Talat  n  As,  Imidel, 
Imgdal,  Tagadirt  el  Bour,  Ouirgan,  Imariren.  On  passe  la  nuit  à  Imariren.  Là  s’arrêtent  le  territoire  des 
Gentafa  et  l’autorité  de  leur  puissant  qaïd. 

5°  jour.  —  On  quitte  l’Ouad  Ntis,  on  gravit  le  flanc  gauche  de  sa  vallée,  et  on  sort  de  celle-ci.  Au  bout  de 
3  heures  de  marche,  on  atteint  un  village,  Asdrem  Kilt  :  on  entre  là  sur  un  nouveau  territoire,  soumis 
au  qaïd  El  Gergouri;  on  passe  ensuite  à  Agdour  Kik,  Ouizil,  Tigzit  :  ces  quatre  villages  font  partie  de 
la  fraction  de  Kik,  portion  de  la  tribu  où  nous  sommes.  Au  delà,  on  en  traverse  encore  deux  du  ressort 
d’El  Gergouri,  Agergour  et  Fres.  A  Eres  s’arrête  son  autorité  et  commence  la  juridiction  du  bacha  de 
Merrâkech.  Jusqu’au  soir,  on  continue  à  cheminer  en  rencontrant  de  fréquents  villages  :  les  principaux 
sont  Tala  Moumen,  Toukhribin,  Agadir  Ait  Teç.çaout,  Akreïch.  C’est  dans  ce  dernier  qu’on  passe  la 
nuit.  De  toute  la  journée,  on  n’a  pas  aperçu  une  seule  rivière  sur  la  route.  (D’Asdrem  Kik  à  Agergour, 
2  heures.  —  Agergour  et  Fres  se  touchent.  —  De  Fres  à  Tala  Moumen,  1  heure.  —  De  Tala  Moumen  à 
Agadir,  1  heure.  —  D’Agadir  à  Akreïch,  2  heures.) 

6 e jour.  —  D’Akreïch  à  Merrâkech  il  n’y  a  que  4  heures  de  marche  :  durant  tout  ce  temps  on  est  en  plaine 
el  sous  bois  :  cet  espace  entier  est  occupé  par  une  forêt  de  grands  arbres,  lieu  désert  et  dangereux, 
d’ordinaire  infesté  de  brigands. 


HlXOiNiNAlSSANCi:  U.  MAIIOC. 


î.î 


338 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


9"  DE  LOU  AD  TI  F  U  OU  T  A  ME  RRAKECH.  —  On  gagne  Dou  Ougadir  :  de  là  on  remonte  l’Ouad 
Izgrouzen  jusqu’à  sa  source.  Celle-ci  se  trouve  à  la  crête  du  Grand  Atlas,  au  Tizi  n  Tamejjout.  On  fran¬ 
chit  la  chaîne  à  ce  col  et  on  débouche  dans  la  vallée  de  l’Ouad  Agoundis.  On  en  descend  le  cours  en 
traversant  un  grand  nombre  de  villages,  dont  voici  les  principaux  :  Tizi  n  Idikel,  Tizi  n  Glouli ,  Igisel, 
Irai  n  Rbar,  Iberziz,  Azgrouz,  Agoundis,  Taourbart,  Dar  el  Mrabtin,  Ijjoukak,  Dar  El  Gentaü.  De  là 
on  suit  la  vallée  de  l’Ouad  Nüs  :  le  reste  de  l’itinéraire  est  le  même  qu’à  l’article  précédent. 

Le  cours  de  l’Ouad  Agoundis  est  sous  l’autorité  de  Qaïd  El  Gentaü.  Ce  personnage,  dans  la  famille 
de  qui  le  pouvoir  est  héréditaire  depuis  de  longues  générations,  est  célèbre  dans  tout  le  Maroc  par  ses 
immenses  richesses  :  plusieurs  légendes  ont  cours  sur  leur  origine  :  les  uns  disent  qu’il  existe  une  mine  d’or 
sous  son  château,  d’autres  prétendent  qu’il  a  trouvé  la  pierre  philosophale.  Pendant  longtemps  le  Gentaü 
a  été  insoumis.  Il  y  a  quelqnes  années,  Moulei  El  Hasen  résolut  de  faire  une  expédition  contre  lui.  Le 
Gentaü  n’osa  résister  ;  il  préféra  désarmer  le  sultan  par  des  présents  :  à  son  approche ,  il  alla  au-devant  de 
lui,  se  faisant  précéder  par  des  cadeaux  dont  voici  l’énumération  :  100  nègres,  100  négresses,  100  che¬ 
vaux,  100  vaches  avec  leurs  veaux,  100  chamelles  avec  leurs  petits.  Devant  de  tels  dons,  Moulei  El 
Ilasen  se  tint  pour  satisfait.  Il  reçut  la  soumission  du  chikh  et  lui  laissa  son  pouvoir,  en  lui  donnant  le 
titre  de  qaïd.  Seulement  il  emmena  deux  de  ses  filles,  dont  il  fit  ses  épouses  :  le  Gentaü  a  ainsi  l’hon¬ 
neur  d’être  beau-père  du  sultan.  Mais,  de  son  côté,  celui-ci  a  des  otages  précieux  qui  lui  répondent 
de  la  fidélité  du  puissant  qaïd.  Lorsque  ce  dernier  vient  à  Merrâkech,  il  y  est  fort  bien  reçu,  mais  il  ne 
lui  est  permis  ni  de  voir  ni  d’entretenir  ses  filles. 

10 0  DE  TINTAZART  ( T  ATT  A )  A  MERRAKECH .  —  Tintazart ,  Afra,  Imi  n  ou  Aqqa  (kheneg  désert), 
Ti  n  Iargouten  (qçar  des  Ait  Hamid,  Chellaha  vassaux  des  Ait  Jellal);  Aït  el  Hazen  (tribu  formée  de 
plusieurs  villages  situés  sur  la  rivière  du  même  nom;  versant  nord  du  Petit  Atlas);  Arbaa  Ammeïn  (vil¬ 
lage  avec  marché  le  mercredi;  il  fait  partie  d’Ammeïn,  groupe  de  plusieurs  villages  situés  sur  l’Ouad 
Ait  Semrneg);  Tizi  n  Sous  (c’est  le  col  dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  celui  où  se  trouve  laqoubba  de 
Sidi  Bou  Reja)  ;  Aoulouz  ;  on  gravit  la  montagne  d’Aougeddimt,  et  on  gagne  le  village  de  Taleouin  ;  on 
traverse  TOuneïn ;  de  l’Ouneïn  on  entre  dans  le  désert,  où  l'on  franchit  le  mont  Ouichdan,  très  haut  mas¬ 
sif  dont  le  sommet  est  presque  toujours  couronné  de  neige.  De  là  on  passe  à  l’Ouad  Nüs  :  on  le  descend 
assez  longtemps,  puis  on  gagne  successivement  Tagadirt  el  Bour,  Kik,  Ouizil,  Akreïch,  Merrâkech. 

Distances  :  de  Tintazart  à  Imi  n  ou  Aqqa  comme  de  Tintazart  à  Fourn  Meskoua. 
d’Imi  n  ou  Aqqa  à  Talella  comme  de  Tintazart  à  Foum  Meskoua. 
de  Talella  aux  Aït  Hamid  comme  de  Tintazart  à  Tiiggan. 

des  Aït  Ilamid  aux  Ait  el  Hazen  comme  de  Tintazart  à  l’Ouad  Tatta  (sur  la  route  d’Aqqa). 
des  Aït  el  Hazen  à  Arbaa  Ammeïn  comme  de  Tintazart  à  Foum  Meskoua. 
d’Arbaa  Ammeïn  à  Tizi  n  Sous  comme  de  Tintazart  à  Foum  Meskoua. 
de  Tizi  n  Sous  à  Aoulouz  comme  de  Tintazart  à  Foum  Meskoua. 
d’ Aoulouz  à  Taleouin  comme  de  Tintazart  à  Aqqa. 

de  Taleouin  à  Djebel  Ouichdan  comme  de  Tizi  n  Tzgert  à  l’Ouad  Tatta  (sur  la  route  d’Aqqa). 

de  Tagadirt  el  Bour  à  Kik  comme  de  Tintazart  à  Aqqa. 

de  Kik  à  Ouizil  comme  de  Tintazart  à  Adis. 

d’Ouizil  à  Akreïch  comme  de  Tintazart  à  Adis. 

d’Akreïch  à  Merrâkech  comme  de  Tintazart  à  Foum  Meskoua. 


IV. 


SAHEL. 


Tribu  des  Haha. 

Le  pays  des  Haha  est  merveilleux  de  fertilité  et  encore  assez  riche,  bien  qu’après  avoir  été  pressuré 
par  OuldBihi(le  dernier  d’une  famille  de  qaïds  héréditaires  qui  a  longtemps  été  à  la  tète  de  la  tribu), 
désolé  par  Anflous  (serviteur  d’Ould  Bilii  qui  usurpa  le  pouvoir  après  que  ce  dernier  eut  été  empoi¬ 
sonné  par  le  sultan,  et  qui  fut,  lui  aussi,  pris  par  trahison  et  mis  à  mort),  il  soit  aujourd’hui  horrible¬ 
ment  opprimé  par  le  makhzen.  A  chaque  pas,  on  voit  des  ruines,  des  maisons  détruites,  des  tours  à 
demi  renversées  :  ce  sont  les  traces  qu’a  laissées  la  courte  domination  d’ Anflous.  A  chaque  pas,  on  en¬ 
tend  les  plaintes  des  habitants  sur  les  déprédations  des  représentants  actuels  du  sultan  :  un  homme 
a-t-il  quelque  bien,  on  le  dépouille  aussitôt.  Aussi  beaucoup  de  Haha  (on  dit  Haha  en  arabe,  et  Ihahan 
en  tamazirt)  cherchent-ils  à  obtenir  la  protection  de  consuls  chrétiens  de  Mogador.  Malgré  tant  de 
maux,  le  pays  est  assez  prospère  :  demeures  nombreuses;  beaux  troupeaux;  vastes  cultures.  Mais 
le  terrain  labourable  qui  reste  inculte  occupe  une  immense  étendue  :  on  pourrait  ensemencer  une 
surface  presque  double  de  celle  qu’on  cultive. 

Les  Haha  se  divisent  en  12  fractions,  auxquelles  M.  El  Hasen,  depuis  leur  soumission  récente  (après 
avoir  été  longtemps  indépendants,  ils  viennent  d’être  en  révolte  durant  plusieurs  années),  a  préposé 
4  qaïds.  Ces  qaïds  ont  sous  leurs  ordres  des  chikhs  et  des  aamels.  Les  chikhs  sont  ici  les  gouverneurs 
des  fractions  :  il  y  en  a  un  pour  chacune  des  douze;  les  aamels  sont  chargés  de  percevoir  les  impôts 
pour  le  sultan  :  ils  sont  en  plus  grand  nombre. 

Les  12  fractions  sont  : 

Ida  ou  Gert,  Ikcnafen,  Ida  ou  Isaren,  Ida  ou  Gelloul,  Ida  ou  Tromma,  Ait  Amir,  Ida  ou  Aïssi, 
Ida  ou  Zenzen,  Ida  ou  Khelf,  Ida  ou  Bou  Zia,  Ida  ou  Mada . (1). 

Les  quatre  premières  sont  les  plus  importantes. 

Les  Haha  sont  serviteurs  de  plusieurs  marabouts  :  ils  paient  des  redevances  aux  Geraga  et  à  Sidi 
Abd  Allah  d  Ait  labia  :  nous  avons  dit  que  celui-ci  était  originaire  d’Ez  Zaouïa,  à  Tisinl.  Quant  aux 
Geraga,  c’est  une  célèbre  famille  de  religieux,  originaire  du  Chiadma,  où  elle  a  encore  sa  principale 
zaouïa,  entre  Mogador  et  Safi. 

La  tribu  des  Haha  est  sédentaire;  elle  parle  le  tamazirt  ,  mais  l’arabe  y  est  assez  répandu  (2). 

Pas  de  Juifs  chez  les  Haha  en  dehors  des  deux  villes  qui  sont  sur  leur  territoire  sans  appartenir  à  leur 
tribu,  Mogador  et  Agadir  Irir. 

District  de  Tidsi. 

Le  district  do  Tidsi  se  compose  de  3  grands  villages  :  Tidsi  (300  fusils),  El  Qaçba  (200  fusils),  Oum- 
sedikht  (700  fusils);  ils  sont  à  peu  de  distance  les  uns  des  autres.  Le  Tidsi  est  gouverné  par  un  seul 

(I)  On  n’a  pu  me  dire  le  nom  de  la  douzième  fraction. 

(â)  Une  légende  qui  a  cours  dans  le  pays  veut  que  les  llalia  soient  Arabes  d'origine  et  que  ce  soit  par  leur  long  séjour  au  milieu 
d'imaziren  qu’ils  aient  pris  les  mœurs  et  la  langue  de  ces  derniers. 


MECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


:i  40 


chikh,  en  même  temps  marabout;  il  s’appelle  Sidi  El  Hanafi.  Le  Tidsi  reconnaît  le  sultan,  mais  n’est 
point  administré  par  lui  :  les  mkhaznis  n’y  entrent  point,  et  il  n’y  a  ni  qaïd  ni  aamel  nommé  par  Mou- 
lei  El  Hasen;  mais  le  chikh  héréditaire,  tout  en  ne  tenant  son  autorité  que  de  son  sang  et  de  la  volonté 
de  ses  concitoyens,  reconnaît  le  sultan  et  va  chaque  année  apporter  un  tribut  à  Taroudant. 

Pas  de  Juifs.  Un  marché,  d’une  grande  importance,  le  Khernîs  Tidsi,  se  tenant  dans  le  village  de 
Tidsi.  Ce  village  est  quelquefois  appelé  Ez  Zaouïa  parce  que  c’est  là  qu'est  la  zaouïa,  résidence  du 
chikh.  Terrain  fertile  :  blé,  orge,  maïs,  lentilles,  olives.  Pas  de  rivière;  le  pays  est  arrosé  par  des 
sources.  11  est  en  plaine,  au  pied  du  versant  septentrional  du  Petit  Atlas.  Les  gens  du  Tidsi  sont  Chel- 
laha  et  parlent  le  tamazirt. 

Distances  :  du  Tidsi  à  Taroudant  comme  d’Aqqa  Igiren  à  Trit. 

du  Tidsi  à  Afikourahen  comme  d’Aqqa  Igiren  à  Tatta. 

Tribu  des  Ilalen. 


Les  Ilalen  sont  une  nombreuse  tribu  tamazirt  se  divisant  en  18  fractions,  savoir  : 

Ida  ou  Ska  (450  fusils;  nous  avons  traversé  leur  territoire). 

au  Touf  el  Azz  (300  fusils  ;  nous  avons  traversé  leur  territoire). 

isendalen  (1600  fusils;  nous  les  avons  laissés  au  sud). 

au  Toufaout  (1  500  fusils;  nous  les  avons  laissés  au  sud  :  nous  avons  passé  près  de  leurs  frontières  en 
sortant  des  Ait  Touf  el  Azz). 

Tazalart  (200  fusils  ;  leur  territoire  contient  de  grandes  mines  de  cuivre.  Les  ouvriers,  s'habillant  de 
vêtements  de  cuir,  descendent  l'extraire  à  200  ou  300  coudées  au-dessous  de  la  surface  du  sol). 

Ait Abd Allah  (1  600  fusils;  nous  les  avons  laissés  au  sud  :  ils  sont  voisins  des  Ait  Tazalart). 

in  Tîmmelt  (2000  fusils;  nous  les  avons  laissés  au  sud;  cette  fraction  habite  les  bords  de  l’Ouad  In 
Timmelt ,  affluent  de  l’Ouad  Üulrass). 

Amzaourou  (100  fusils). 

Tasdmît  (200  fusils  ;  cette  fraction  est  située,  par  rapport  à  Afikourahen,  au  delà  de  celle  d’Amzaou- 
rou  et  dans  la  même  direction). 

Ait  Oaassou  (600  fusils  ;  ils  habitent  les  bords  de  l’Ouad  Ikhoullan,  immédiatement  au-dessus  des 
Ikhoullan). 

au  Ali  (1200  fusils;  ils  habitent  sur  l’Ouad  Ikhoullan,  immédiatement  au-dessus  dos  Ait  Ouassou). 

ikhoullan  (300  fusils.  Nous  avons  traversé  leur  territoire). 

Mezdaggen  (320  fusils.  Sur  l’Ouad  Ikhoullan,  immédiatement  au-dessous  des  Ikhoullan). 

Ida  ou  Ska  (450  fusils.  Cette  seconde  fraction  d’Ida  ou  Ska  est  sur  l'Ouad  Ikhoullan,  immédiatement 
au-dessous  des  Mezdaggen). 

A fra  (360  fusils.  Nous  avons  traversé  ce  territoire). 

Tazgelt  (1 100  fusils.  Nous  avons  traversé  cette  fraction). 

Ida  ou  Genadif  (1  700  fusils.  Ils  occupent  la  vallée  de  l’Ouad  Ait  Mezal,  immédiatement  au-dessus  des 
Ait  Mezal). 

irer  (300  fusils.  Fraction  habitant  sur  l’Ouad  Ait  Mezal,  immédiatement  au-dessus  des  Ida  ou  Genadif). 

Les  Ilalen  ne  reconnaissent  point  le  sultan;  ils  sont  indépendants.  Chacune  de  leurs  18  fractions  a 
son  administration  séparée  :  point  de  chikhs  héréditaires,  si  ce  n’est  dans  une  seule  fraction,  les  Ait 
Abd  Allah  :  ceux-ci  ont  un  chikh,  Hadj  Ilammou;  mais  là  même  il  y  a  plutôt  un  titre  qu'un  pouvoir, 
Hadj  Ilammou  ne  fait  que  les  volontés  de  la  djemaaa.  Chaque  fraction  est  gouvernée  par  sa  djemaaa, 
qu'on  appelle  ici  anfaliz  :  cette  assemblée  se  compose  de  délégués  de  toutes  les  familles  de  la  fraction; 
chacune  en  envoie  un  :  l’ensemble  de  ces  chefs  de  famille  forme  l’anfaliz,  qui  règle  toutes  les  affaires  du 


groupe. 


SAHEL. 


34  ! 


Chaque  fraction  a  au  moins  un  agaclir;  quelques-unes  en  ont  deux  ou  trois.  L’agadir,  village  où  cha¬ 
que  famille  a  sa  chambre  ou  sa  maison  renfermant  ses  grains,  ses  provisions  de  toute  sorte,  ses  objets 
précieux,  est  le  magasin  général  de  la  fraction  et  son  réduit  en  temps  de  guerre.  C’est  aussi  là  que 
s’assemble  l’anfaliz. 

Pas  de  grande  zaouïa  chez  les  Ilalen.  Mais  chacune  des  LS  fractions  en  possède  une  petile  où  elle 
entretient  un  taleb  :  il  est  chargé  de  faire  les  écrits  dont  on  a  besoin  et  d’enseigner  à  lire  à  ceux  qui 
voudraient  apprendre.  11  est  pourvu  aux  frais  de  cette  zaouïa  de  la  façon  suivante  :  à  l’entrée  des  grains 
dans  l’agadir,  on  en  prélève  la  dîme,  c’est-à-dire  exactement  un  dixième;  un  tiers  de  cette  dime  est 
donné  à  la  zaouïa,  les  deux  autres  sont  distribués  aux  pauvres. 

Les  cultures  se  composent  de  beaucoup  d'orge,  d'un  peu  de  blé  et  de  lentilles  :  mais  la  richesse  des 
Ilalen  est  surtout  dans  leurs  amandes  et  leur  huile  d’argan.  Pas  de  Juifs  sur  leur  territoire.  Les  mar¬ 
chés  de  la  tribu  sont  : 

Tlàta  Aït  Toufaout. 

Arbaa  Aït  Abd  Allah. 

Khcmîs  Ait  Ali. 

Tenîn  Aït  Touf  el  Azz. 

Djemaa  Ida  ou  Genadif. 

Les  rivières  qui  l’arrosent  sont  au  nombre  de  trois  :  l’Ouad  Ikhoullan  (affluent  du  Sous),  l’Ouad  Aït 
Mezal  et  l’Ouad  In  Timmelt. 

Comme  nous  l’avons  vu  de  nos  yeux,  les  diverses  fractions  des  Ilalen  sont  souvent  en  guerre  entre  elles. 

Les  Ilalen  sont  Chellaha  et  sédentaires  :  ils  ne  parlent  que  le  tamazirt;  très  peu  d’entre  eux  savent 
l’arabe. 

Itinéraire  d’Afikourahen  au  Tazeroualt. 

D’Afikourahen  on  gagne  la  fraction  des  Aït  Mezal;  on  la  traverse,  et  on  entre  dans  celle  des  Ait  Ilou- 
gaïm  :  c’est  la  première  journée.  De  là  on  franchit  l’Ouad  Oulrass,  et  on  arrive  dans  la  tribu  de  Zarar 
Ida  Oultit;  on  y  passe  la  nuit  dans  un  village,  le  plus  souvent  dans  celui  de  Bou  el  Hanna  :  c’est  le 
deuxième  jour.  De  là  on  part  de  grand  matin  et  on  parvient  le  lendemain,  de  bonne  heure,  après 
3  jours  1/2  de  marche,  à  la  qoubba  de  Sidi  Hamed  ou  Mousa,  c’est-à-dire  à  la  zaouïa  de  Sidi  El  Hoseïn. 
On  est  au  cœur  du  Tazeroualt. 

Ait  Ilougaim.  —  Ils  forment  une  fraction  des  Chtouka  :  ce  sont  donc  des  Chellaha  sédentaires  par¬ 
lant  le  tamazirt.  Comme  tous  les  Chtouka,  ils  sont  soumis  au  makhzen  et  sous  la  juridiction  du  qaïd 
Ould  Ben  Dleïmi.  Ils  comprennent  une  centaine  de  villages.  Pas  d’agadir  (il  n’y  en  a  nulle  part  en 
blad  el  makhzen  :  chacun  y  enfouit  ses  grains  dans  des  silos,  qu’on  appelle  ici  matmora).  Pas  de  chikh 
général  ni  de  djemaaa  collective  :  chaque  village  a  soit  son  chikh  local,  soit  sa  djemaaa.  Un  marché, 
le  Tenîn  Ilougaim,  à  Tamaliht;  il  forme  un  centre  commercial  important.  Dans  le  village  de  Tamaliht, 
il  y  a  HO  familles  juives,  les  seules  de  la  tribu. 

Pas  de  rivière  chez  les  Ait  Ilougaim.  Mais  non  loin  de  là  coule  l’Ouad  Oulrass,  où  ils  ont  de  nom¬ 
breux  heïouan  (on  donne  ce  nom  aux  terres  qu’on  possède  sur  le  territoire  de  tribus  étrangères).  Les 
Aït  Ilougaim  sont  riches;  ils  ont  beaucoup  de  chevaux.  A  partir  des  Ait  Mezal,  et  jusqu’au  Tazeroualt, 
les  tribus  qu’on  rencontre  en  possèdent  un  grand  nombre  :  il  n’y  en  a  au  contraire  à  peu  près  poinl 
dans  la  portion  du  Petit  Atlas  située  à  l'est  des  Chtouka. 

Quand  on  vient  des  Ilalen,  on  passe  d’habitude  la  nuit  dans  le  groupe  des  Aït  Ilougaim  portant  le 
nom  d’Aït  ou  Adrim.  De  chez  eux  on  gagne  les 

Ait  Oulrass.  —  Ils  habitent  les  bords  de  l’Ouad  Oulrass.  Fraction  importante  des  Chtouka,  ils  sont 
soumis  au  sultan  et  sous  l’autorité  d’Ould  Ben  Dleïmi.  Point  de  chikh  ni  de  djemaaa  :  ils  sont  en  cela 
dans  les  mêmes  conditions  que  les  Ait  Ilougaim.  Ils  ont  environ  100  villages. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


342 

Pas  de  marché,  ni  de  Juifs. 

La  vallée  de  l'Ouad  Oulrass  est  très  riche  :  quelques  palmiers,  mais  ne  donnant  que  de  mauvaises 
dattes ,  arbres  fruitiers  et  céréales  en  abondance.  L’Ouad  Oulrass  se  jette  dans  la  mer,  après  avoir,  au- 
dessous  des  Ait  Oulrass,  traversé  la  tribu  de  Massa,  qu’on  appelle  aussi  Mast. 

Des  Ait  Oulrass,  on  entre  dans  la  tribu  de 

Zarar  Ida  Oultit.  —  Grande  tribu  qui  habite  au  sud  des  Ait  Oulrass,  au  delà  du  flanc  gauche  de  la  vallée 
de  l'Ouad  Oulrass.  Elle  est  blad  el  makhzen  depuis  l’expédition  du  sultan  dans  le  Sous  et  le  Sahel ,  et  ap¬ 
partient  à  la  juridiction  d  is  Oublar,  qaïd  des  Ida  ou  Garsmouk  :  pas  de  chikh  héréditaire;  un  anfaliz 
règle  les  affaires  de  la  tribu.  Les  Zarar  Ida  Oultit  sont  une  tribu  chleuba  el  sédentaire,  parlant  le  la- 
mazirt.  Beaucoup  de  qçars;  le  principal  est  Ouizzân,  qui  se  prononce  aussi  Ouzzân  et  Oujjân.  Nom¬ 
breux  chevaux.  Point  de  rivière  :  des  sources  et  des  citernes. 

Un  marché,  très  fréquenté,  le  tlàta  d’Ouizzân.  Un  mellah  dans  la  même  localité. 

De  cette  tribu ,  on  passe  dans  celle  des 

Ida  ou  Baaqil.  —  Grande  tribu ,  autrefois  libre  comme  la  précédente ,  nominalement  soumise  au 
sultan  depuis  l’expédition  de  1882.  Elle  a  été  placée ,  avec  plusieurs  autres,  sous  le  qaïdat  de  Hadj  Ta- 
har,  lils  de  Sidi  El  Hoseïn,  le  marabout  du  Tazeroualt.  Tribu  riche  et  puissante.  Jadis  elle  faisait  sou¬ 
vent  la  guerre  à  Sidi  El  Hoseïn,  qui  ne  l’apaisait  qu’à  prix  d’argent.  Les  Ida  ou  Baaqil  sont  Chellaha 
et  sédentaires.  Leur  langue  est  le  tamazirt.  Beaucoup  de  qçars  et  beaucoup  de  chevaux. 

Point  de  marché  ni  de  Juifs  sur  leur  territoire.  Celui-ci  n’est  arrosé  par  aucune  rivière. 

De  là  on  passe  dans  le  district  de 

Tazeroualt.  —  Le  Tazeroualt  est  un  grand  district  traversé  par  l’Ouad  Tazeroualt. 

L’Ouad  Tazeroualt  vient  du  territoire  des  Aïl  Imejjat  :  de  là  il  entre  dans  le  Tazeroualt;  il  y  arrose 
d’abord  Agadir  Sidi  El  Hoseïn ,  puis  Zaouïa  Sidi  Hamed  ou  Mousa  (connue  aussi  sous  le  nom  de 
Zaouïa  Sidi  El  Hoseïn  et  sous  celui  de  Tallent  Sidi  Hachem),  enfin  Ilir.  Du  Tazeroualt  il  passe  chez  les 
Ait  Bou  Amran,  où  il  reste  jusqu’à  son  embouchure  dans  l’Océan.  C’est,  disent  les  indigènes,  à  l’em¬ 
bouchure  de  cette  rivière  que  des  chrétiens  sont  venus  en  1882  vendre  des  grains  et  diverses  denrées  : 
c’est,  ajoutent-ils,  en  partie  pour  empêcher  qu'ils  ne  reviennent  sur  la  côte  et  que  pareil  fait  ne  se  re¬ 
nouvelle  que  le  sultan  est  venu  aussitôt  après  dans  le  pays,  qu’il  en  a  obtenu  la  soumission  nominale 
et  qu’il  y  a  investi  des  qaïds.  Il  a  même  laissé  chez  les  Ait  Bou  Amran  un  camp  de  1200  à  2  000  sol¬ 
dats  qui  depuis  lors  y  sont  en  permanence. 

Le  Tazeroualt  est  riche  et  fait  un  grand  commerce.  Là  se  tient,  deux  fois  par  an,  l’une  en  mars 
et  l’autre  à  la  fin  d’octobre,  la  fameuse  foire  de  Sidi  Hamed  ou  Mousa,  célèbre  dans  le  Sahel, 
dans  le  Sahara  et  dans  le  Sous,  où  l’on  vient  en  foule  de  Mogador  et  même  de  Merrâkech.  Outre  ces 
foires,  les  pareilles  de  celle  de  Mrimima  et  de  Souq  el  Mouloud,  le  Tazeroualt  a  un  marché  chaque 
semaine,  le  had  d’Ilir.  Il  existe  à  Ilir  un  grand  mellah,  le  seul  du  district. 

Le  Tazeroualt  est  depuis  un  temps  immémorial  gouverné  par  des  marabouts  qui  descendent  de  Sidi 
Hamed  ou  Mousa.  Le  chef  de  la  zaouïa  et  chikh  du  pays  est  en  ce  moment  Sidi  El  Hoseïn  ou  Hachem. 
Il  a  trois  résidences  principales  :  1°  Ilir ,  grand  et  riche  qçar,  le  plus  important  du  Tazeroualt  et  l’un 
des  plus  peuplés  de  tout  le  sud  :  là  est  son  habitation  principale,  avec  la  plupart  de  ses  femmes  et 
de  ses  négresses;  c’est  sa  demeure  la  plus  somptueuse  et  la  plus  agréable,  celle  où  il  vit  habituelle¬ 
ment;  il  y  a  une  garde  de  200  cavaliers  nègres,  ses  esclaves.  2°  Ez  Zaouïa;  ainsi  que  l’indique  ce 
nom,  c’est  le  sanctuaire  religieux  de  la  famille  :  là  sont  les  qoubbas  de  Sidi  Hachem,  père  de  Sidi  El 
Hoseïn,  de  Sidi  Hamed  ou  Mousa,  son  ancêtre,  de  tous  ses  aïeux;  là  habitent  les  marabouts  de  sa  race, 
ses  cousins,  ses  neveux.  On  appelle  aussi  Ez  Zaouïa  de  divers  autres  noms,  Tallent  Sidi  Hachem, 
Zaouïa  Sidi  Hamed  ou  Mousa,  Zaouïa  Sidi  El  Hoseïn.  3 0  Agadir  Sidi  El  Hoseïn;  c’est  une  forteresse 
bâtie  sur  le  roc  au  sommet  d’un  mont  escarpé.  Sidi  El  Hoseïn  y  a  entassé  toutes  ses  richesses,  et  a 
accumulé  les  défenses  de  tout  genre  pour  les  protéger  :  l’agadir,  situé  à  la  frontière  est  du  territoire, 


Sahel. 


343 


est  dans  une  position  telle  qu’on  ne  peut  y  monter  que  par  un  long  chemin  en  escalier,  creusé  dans 
le  roc  et  faisant  mille  lacets;  les  murs  de  la  forteresse  sont  d’une  épaisseur  extrême;  les  tours  en 
sont  garnies  de  canons  ;  elle  est  sans  cesse  gardée  par  une  forte  garnison  d’esclaves  dévoués  :  c’est  là 
que  le  marabout  s’était  enfermé  en  1882,  à  l’approche  du  sultan. 

Ainsi  que  nous  l’avons  dit,  l’ancêtre  des  puissants  chefs  du  Tazei’oualt  est  Sidi  Hamed  Ou  Mousa  : 
sa  qoubba  s’élève  auprès  d’Ez  Zaouïa.  Ce  n’était  qu’un  mendiant  à  qui  Dieu,  en  récompense  de  ses 
mérites,  accorda  ses  grâces,  grâces  qui  de  son  vivant  même  se  manifestèrent  par  de  nombreux  mi¬ 
racles.  L’époque  à  laquelle  vivait  ce  saint  est  très  reculée;  il  laissa  des  descendants  à  qui  il  légua  la 
bénédiction  divine,  qui  se  perpétua  en  eux  jusqu’à  ce  jour.  Mais  s’il  fut  le  fondateur  de  leur  grandeur 
religieuse,  il  ne  fut  point  celui  de  leur  puissance  temporelle.  Celle-ci  n’échut  à  sa  maison  qu’après 
plusieurs  générations  :  ce  fut  l’un  de  ses  successeurs,  Sidi  Ali  Bon  Dmia,  qui  l’établit,  à  une  époque 
elle-même  très  lointaine.  Sidi  Ali  Bou  Dmia,  à  la  fois  marabout  et  guerrier,  étendit  au  loin  le  pouvoir 
de  la  zaouïa  de  Tazeroualt  et  acquit  une  grande  célébrité  :  les  ruines  imposantes  de  son  palais  sub¬ 
sistent  encore  à  peu  de  distance  de  la  zaouïa  actuelle.  Depuis  sa  mort,  bien  des  générations  se  sont 
succédé  :  la  puissance  de  sa  dynastie,  tout  en  restant  considérable,  a  subi  des  phases  diverses.  Sidi 
Hachem,  père  du  marabout  actuel,  avait  donné  un  grand  éclat  à  sa  maison.  Brave  et  guerrier,  il  avait 
marché  sur  les  traces  de  Sidi  Ali  Bou  Dmia,  et,  payant  sans  cesse  de  sa  personne,  n’avait  pas  tardé  à 
se  faire  un  grand  renom  de  valeur  dans  les  régions  environnantes.  Grâce  à  cette  réputation,  à  l’admi¬ 
ration  et  à  la  crainte  qu’il  inspirait,  il  était  parvenu  à  grouper  autour  de  lui  toutes  les  tribus  du  voi¬ 
sinage.  Pendant  sa  vie,  elles  lui  restèrent  soumises,  moitié  de  gré,  moitié  de  force.  Cet  édilice  s’écroula 
en  partie  à  sa  mort.  Sidi  El  Hoseïn,  son  (ils  et  son  successeur,  âgé  de  70  ans  aujourd’hui,  fut  orphelin 
de  bonne  heure  ;  un  certain  nombre  de  tribus  en  profitèrent  pour  s’émanciper  :  il  ne  montra  dans  la 
suite  aucune  des  qualités  belliqueuses  de  son  père  ;  aussi  n’est-il  plus  réellement  maître  que  du  Ta¬ 
zeroualt.  Mais  il  est  très  riche;  ses  trésors  sont  immenses;  l’autorité  que  ne  lui  a  pas  donnée  son 
caractère,  son  or  la  lui  procure  quand  il  le  veut;  il  arme  à  prix  d’argent  les  tribus  des  environs  et 
peut  ainsi  réunir  à  son  gré  autour  de  lui  tous  les  fusils  du  Sahel  :  c’est  ce  qu’on  lui  a  vu  faire  il  y  a 
quelques  années.  Aussi  Sidi  El  Hoseïn  est-il  aujourd’hui  encore  le  plus  grand  pouvoir  qui  existe  de 
l’océan  Atlantique  au  pays  de  Dra.  11  peut  mettre  en  armes  tout  le  Sahel,  Ghtouka  compris,  et  se  faire 
envoyer  des  contingents  de  diverses  tribus  du  bassin  inférieur  du  Dra.  Son  influence  religieuse  est  con¬ 
sidérable.  Son  nom  est  connu  dans  tout  le  Maroc,  dont  Sidi  Hamed  ou  Mousa  est  un  des  saints  les  plus 
vénérés.  Une  grande  partie  des  zaouïas  du  Sahel ,  du  Sous  et  du  Sahara,  entre  Sous  et  Dra,  appartient  à 
des  rameaux  de  la  famille  dont  il  est  le  chef.  Par  sa  célébrité,  son  influence  religieuse,  ses  richesses, 
sa  puissance,  l’étendue  de  son  autorité,  la  zaouïa  de  Sidi  Hamed  ou  Mousa  peut  être  comptée  comme 
une  des  cinq  grandes  zaouïas  du  Maroc,  allant  de  pair  avec  celles  d’Ouazzân,  de  Bou  el  Djad,  de  Tame- 
grout,  du  Metrara  (Sidi  Mohammed  El  Arabi  el  Derkaoui). 

Distances  :  d’Agadir  Sidi  El  Hoseïn  à  Ez  Zaouïa  comme  d’Agadir  Tisint  à  Aïoun  S.  Abd  Allah  ou  Mhind. 
d’Ez  Zaouïa  à  Ilir  comme  d’Agadir  Tisint  à  Trit. 

Campagne  de  Moulei  El  Hasen  dans  le  Sous  en  1882. 

Un  événement  considérable  s’est  passé  récemment  dans  le  bas  Sous  et  dans  le  Sahel  :  le  sultan  y  a  fait 
une  expédition  et  a  reçu  la  soumission  d’un  grand  nombre  de  tribus  qui  étaient  indépendantes  depuis 
un  temps  immémorial.  Ce  fait  est  l’objet  de  tous  les  entretiens  dans  le  Sahara,  dans  le  Sous  et  dans 
les  contrées  voisines  :  voici  le  résumé  de  ce  que  j'ai  entendu  dire,  aussi  bien  à  Tatta  et  à  Mrimima  que 
dans  le  Sous,  le  Sahel  et  chez  les  llaha. 

Au  commencement  de  Tété  de  1882,  Moulei  El  Hasen  traversa  l’( )uad  Sous ,  auprès  de  son  embouchure, 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


3  44 

à  la  tête  d’une  armée  puissante  :  il  avait  assemblé  tous  les  contingents  de  son  empire ,  ceux  des  tribus 
de  Fâs  comme  ceux  des  tribus  de  Merrâkech  :  tout  ce  qu'il  avait  pu  lever,  il  l’avait  emmené  :  celte  ar¬ 
mée  pouvait  être,  au  début  de  l’expédition,  de  40000  hommes;  une  fois  en  marche,  ce  chiffre  tomba 
assez  vite  par  suite  des  nombreuses  désertions.  Avec  ces  forces  imposantes,  le  sultan  s’avança  jusqu'aux 
limites  du  Tazeroualt  :  il  s’y  arrêta  à  une  localité  du  nom  de  Tiznit.  Il  convoqua  alors  tous  les  chikhs  ou 
notables  des  tribus  voisines  et  en  premier  lieu  les  deux  principaux  personnages  du  pays,  Sidi  El  Hoseïn, 
chef  du  Tazeroualt,  et  El  Habib  ould  Beïrouk,  chikh  du  district  d’Ouad  Noun.  Sidi  El  Hoseïn  avait  des 
motifs  graves  de  se  défier  du  sultan  :  d’une  part,  il  avait  toujours  témoigné  à  Moulei  El  Hasen  une  hos¬ 
tilité  extrême  ;  de  l’autre,  il  passait  pour  le  seigneur  le  plus  riche  du  Maroc  :  il  était  fort  probable  que  s’il 
se  rendait  à  l’invitation  du  sultan,  celui-ci,  le  tenant  enti’e  ses  mains,  le  mettrait  à  mort,  autant 
par  rancune  que  par  cupidité.  Aussi,  malgré  les  mille  instances  de  Moulei  El  Hasen,  malgré  les  protes¬ 
tations  d’amitié  qu’il  lui  prodigua,  se  garda-t-il  de  se  rendre  à  sa  convocation;  mais  il  se  fit  représenter 
auprès  de  lui,  pendant  que  de  sa  personne  il  allait  s’enfermer,  à  l’abri  de  ses  canons,  dans  son  agadir. 
Quant  aux  autres  chefs  mandés,  ils  vinrent  trouver  le  sultan.  Celui-ci  leur  tint  ce  langage  :  «  Vous 
voyez  les  Chrétiens  installés  au  sud  d’Ouad  Noun;  d’autres  veulent  s’établir  à  Uni ,  d’autres  ailleurs. 
Cela  vous  plaît-il  ?  Non,  je  veux  le  croire.  Qui  peut  l’empêcher  ?  Est-ce  vous  ?  Vous  n’en  avez  pas  la  force. 
Et-ce  moi?  A  mes  observations,  ils  répondent  que  le  pays  n’est  point  sous  mon  autorité.  Il  n’y  a  qu’un 
moyen  de  s’opposer  à  leurs  empiétements  :  reconnaissez  mon  pouvoir  :  je  vous  promets  que  non  seu¬ 
lement  il  ne  vous  sera  pas  lourd ,  mais  même  il  vous  sera  profitable.  Que  les  Chrétiens ,  quand  ils 
viendront  sur  ces  rivages,  ne  trouvent  que  des  sujets  de  Moulei  El  Hasen  :  il  suffit;  vous  n’aurez  plus 
rien  à  craindre  de  leur  côté  ;  et  pour  ce  qui  est  de  moi ,  vous  ne  serez  pas  longtemps  sans  éprouver  les 
bienfaits  de  mon  alliance.  »  Il  sortit  de  là  l’arrangement  suivant  :  tous  les  chikhs  présents  reconnurent 
l’autorité  du  sultan;  celui-ci  les  nomma  qaïds  dans  leurs  tribus  ou  leurs  districts  et  les  renvoya  avec 
des  présents  :  il  était  sous-entendu  que  le  pouvoir  du  sultan  ne  serait  que  nominal ,  mais  qu’il  allait 
l’affirmer  et  en  donner  une  preuve  visible  aux  yeux  des  Chrétiens  en  construisant  une  ville  au  cœur  de 
la  région  qui  venait  de  se  ranger  sous  ses  lois. 

La  contrée  qui  fit  ainsi,  en  été  1882,  sa  soumission  à  Moulei  El  Hasen,  est  celle  qui  est  comprise  entre 
l’Ouad  Sous  au  nord  ,  l’Océan  à  l’ouest,  l’Ouad  Dra  au  sud,  les  Ait  ou  Mrîbet  au  sud-est.  Cette  dernière 
tribu  est  restée  indépendante  :  à  elle  s’arrête  le  blad  el  makhzen.  Mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  ce 
blad  el  makhzen  ne  l’est  que  bel  kedeb ,  «  d’une  façon  mensongère  »,  comme  disent  les  indigènes ,  et  de 
nom  seulement  :  c’est  une  domination  qui  coûte  beaucoup  plus  au  sultan ,  en  cadeaux  pour  entretenir 
l'alliance,  qu’elle  ne  lui  rapporte  en  impôts.  Cette  domination,  Moulei  El  Ilasen  voulut,  avonsnous 
dit,  en  donner  une  preuve  en  élevant  une  ville  dans  la  contrée  :  il  choisit  Remplacement  de  Tiznit,  où  il 
avait  campé,  et  convint  avec  les  chikhs  des  environs,  désormais  qaïds,  qu’ils  y  construiraient  pour  lui  une 
ville  dont  il  leur  donnerait  les  plans  :  il  paierait  leur  travail.  En  effet,  peu  de  jours  après  le  départ  de 
l’armée,  arrivèrent  plans  et  architectes  :  on  commença  aussitôt  :  on  se  mit  à  construire  une  cité  avec 
ses  mosquées,  sa  qaçba,  son  mellah,  ses  fondoqs;  on  fit  une  vaste  enceinte  carrée  avec  des  murs  de 
cinq  largeurs  de  main  d’épaisseur  et  avec  36  tours  sur  chaque  côté.  La  ville  n’est  pas  éloignée  de  la 
mer  :  le  sultan  veut  en  faire  une  sorte  d'entrepôt  où  viennent  commercer  les  Européens. 

Des  Chrétiens  sont  récemment  venus  par  mer  sur  cette  côte,  cherchant  un  lieu  favorable  à  Rétablis¬ 
sement  d'un  port.  Ils  ont  visité  Aglou ,  Ifiii  et  d’autres  points.  Ifni,  dans  la  tribu  des  Ait  Bou  Amran,  a 
paru  leur  plaire.  On  ne  sait  pas  autre  chose  de  leurs  entreprises. 

C’est  la  première  fois  que  les  contrées  qui  viennent  de  reconnaître  le  sultan  font  acte  de  soumission; 
mais  ce  n’est  pas  la  première  fois  que  Moulei  El  Ilasen  a  affaire  à  elles.  Il  y  a  plusieurs  années,  du  vi¬ 
vant  de  Sidi  Mohammed,  Moulei  El  Hasen,  son  fils  aîné,  fit  une  campagne  de  ce  côté.  11  s’avança  jusqu  a 
l’Ouad  Oulrass  ;  mais  là  il  se  trouva  face  à  face  avec  Sidi  El  Hoseïn  ould  Hachem  qui  lui  barrait  le  pas¬ 
sage  à  la  tête  d’une  armée  :  le  marabout  lui  envoya  un  message,  lui  donnant  I rois  jours  pour  battre  en 


SAHEL,. 


retraite  :  au  delà  de  ce  délai,  il  l’y  forcerait  les  armes  à  la  main.  Moulei  El  Hasen,  ne  se  trouvant  pas 
en  force,  se  retira;  en  partant,  il  répondit  à  la  lettre  de  Sidi  El  Hoseïn  :  «  Vous  m'avez  donné  trois 
jours  pour  me  retirer;  je  vous  donne  trois  ans  pour  vous  soumettre.  »  Peu  après,  Sidi  Mohammed 
mourut  et  Moulei  El  Hasen  monta  sur  le  trône  :  depuis  ce  temps,  on  se  disait  chaque  année  dans  le  Ta- 
zeroualt  et  dans  l’Ouad  Noun  :  «  C’est  cette  année  qu’il  va  venir.  »  Enûn  il  est  venu  en  1882.  Dès  que  Sidi 
El  Hoseïn  eut  connaissance  de  son  approche,  il  fit  transporter  tout  ce  qu’il  avait  de  plus  précieux  dans 
son  agadir,  y  accumula  des  provisions  énormes  et  s’y  enferma  avec  sa  famille  et  son  armée  d’esclaves. 
Puis  il  envoya  au-devant  du  sultan  un  messager,  chargé  de  présents  et  d’une  lettre  fort  humble  :  il  priait 
Moulei  El  Hasen  de  lui  pardonner,  de  le  ménager;  il  n’était  qu’un  simple  religieux,  uniquement  con¬ 
sacré  à  Dieu,  n’ayant  ni  le  pouvoir  ni  la  volonté  de  s’opposer  à  ses  desseins.  Moulei  El  Hasen  lui  répon¬ 
dit  qu'il  suffisait  qu'il  ait  eu  peur,  qu’il  ait  déménagé  à  son  approche  et  qu’il  se  soit  humilié;  à  présent 
qu’il  était  soumis,  il  ne  voyait  plus  en  lui  qu’un  marabout,  descendant  d’un  saint,  et  en  conséquence  il 
lui  envoyait  des  cadeaux,  hommage  à  son  caractère  sacré.  En  même  temps  il  l’engageait  à  venir  auprès 
de  lui.  Nous  avons  vu  comment  Sidi  El  Hoseïn  eut  la  sagesse  de  ne  pas  se  rendre  à  cette  invitation,  quel¬ 
ques  instances  que  fît  dans  la  suite  le  sultan.  Mais  s’il  refusa  de  se  présenter  lui-même ,  il  envoya  à 
Moulei  El  Hasen  un  de  ses  fils  qui  fut  fort  bien  reçu. 

Telle  fut,  selon  les  indigènes,  cette  campagne  dans  laquelle  le  sultan  reçut  la  soumission  de  la  partie 
du  Sahel  dont  nous  avons  donné  les  limites  plus  haut  et  en  même  temps  de  la  vallée  de  l’Ouad  Sous,  de¬ 
puis  l’embouchure  de  ce  fleuve  jusqu’au  haut  du  Ras  el  Ouad.  L’expédition  fut  de  courte  durée  :  le 
6  juin  1882,  Moulei  El  Hasen  passait  avec  son  armée  à  proximité  de  Mogador;  le  2  juillet,  il  arrivait  chez 
les  Massa,  tribu  habitant  le  bas  cours  de  l'Ouad  Oulrass  et  comptant  environ  1  500  maisons  (le  plus 
grand  village  des  Massa  est  Agoubalou,  près  de  l’embouchure  de  la  rivière  dans  l'Océan);  le  20  juillet,  le 
sultan  écrivait  dans  les  villes  de  son  empire  que  la  campagne  était  terminée  et  avait  eu  plein  succès  : 
on  célébra  à  cette  occasion  des  réjouissances  publiques. 

Voici,  pour  un  certain  nombre  de  tribus  du  Sahel ,  comment  le  sultan  a  réparti  les  qaïds  : 


Ksima . 

Chtouka . 

Assaka . 

Ouizzân . 

Aït  Jerrar . 

Ida  ou  Seinlal . 

Tazeroualt . 

Ifran . 

Tiznit  (ville  nouvelle). 

Assa . 

Ait  Bou  Amran . 

Aglou . 

Aït  Imejjat . 

El  Akhsas . 

Ait  Brahim . 

Aït  Abd  Allah . 


1  qaïd. 
1  qaïd. 
1  qaïd. 
1  qaïd. 
1  qaïd. 
1  qaïd. 
I  qaïd. 
I  qaïd. 
1  qaïd. 


1  qaïd. 


1  qaïd. 
1  qaïd. 
1  qaïd. 
1  qaïd. 


1  qaïd  (Ould  Ben  Dleïmi). 


réunis  sous  le  qaïdat  de  Hadj  Tahar  ben  Sidi  El  Hoseïn. 


Isbouïa  . . 
Tamanart 


« 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


3  4  fi 


Aït  Hamed . 

Ait  Mesaoud . 

Aït  Azouafid . 

Aït  Iasin . 

Aït ’Bou  Hioualat .... 

Aït  Mo  usa  ou  Ali ... .  \ 

Ait  Cheggout . 

Aït  El  Hasen . 

Aït  El  Haseïn . 

Ait  Chergouout . 

Ait  Mejjat . 

Aït  Tedrarin . 

Oulad  Bon  Aïta . 

Oulad  Izenqad . 

Oulad  Taoubbalt .... 

Ouad  Noun .  1  qaïd. 

Ainsi  qu’on  Jo  voit,  l’expédition  do  Moulei  El  Hasen  dans  le  Sous  et  le  Sahel  avait  sans. doute  un  dou¬ 
ble  objet  :  l’un  d’affirmer  aux  yeux  des  Chrétiens  sa  suprématie  sur  ces  contrées;  l’autre  de  s’emparer 
de  la  personne  de  Sidi  El  Hosein,  contre  qui  il  nourrissait  une  vieille  rancune  et  de  qui  les  trésors  lui 
offraient  une  riche  proie.  Les  instances  sans  nombre  qu’il  fit  auprès  du  marabout  pour  l'attirer  dans 
son  camp  prouvent  le  prix  qu’il  attachait  à  sa  capture.  De  ces  deux  buts ,  c’était,  je  crois,  le  second  que 
le  sultan  avait  le  plus  à  cœur.  Il  ne  put  l'atteindre.  Le  premier  au  contraire  fut  rempli  sans  difficulté. 
Si  l’on  s’étonne  qu’un  si  grand  nombre  de  tribus  aient  aisément  consenti  à  se  soumettre,  que  ni  elles 
ni  Sidi  El  Hosein  n'aient  tenté  aucune  résistance,  on  trouvera  la  principale  cause  de  cette  conduite  dans 
la  famine  épouvantable  qui  régnait  alors  en  ces  régions.  Le  pays  était  affaibli  ;  chacun  était  obligé 
d’aller  chercher  des  vivres  au  loin;  on  n'avait  plus  de  bestiaux,  plus  de  provisions,  on  avait  dû  vendre 
les  chevaux,  enfin  on  était  dans  de  très  mauvaises  conditions  pour  faire  la  guerre.  Il  parut  sage  de  se 
soumettre,  quitte  à  se  révolter  quand,  l’abondance  revenue,  on  serait  en  état  de  lutter.  On  m’a  assuré 
que  c’était  déjà  fait.  Lors  de  mon  voyage  (hiver  et  printemps  1884),  le  pays  était  encore  en  l’état  où 
l’avait  laissé  le  sultan.  Mais  il  paraît  que,  5  ou  6  mois  après,  la  récolte  ayant  été  excellente  et  la  ri¬ 
chesse  régnant  partout,  on  s’est  soulevé  de  tous  les  côtés  à  la  fois  et  que  la  plus  grande  partie  des  tri¬ 
bus  du  Sahel,  du  Ras  el  Ouad  et  même  du  bas  Sous,  les  Ghtouka  entre  autres,  ont  secoué  le  joug. 

Notes  diverses  sur  le  Sahel 

1°  DAR  BEN  DLEIMl  est  un  grand  village  situé  au  bord  de  la  mer,  à  un  jour  de  marche  au  sud 
d’Agadir  Irir.  Il  se  trouve  sur  le  territoire  des  Ghtouka  et  est  la  résidence  du  qaïd  de  cette  tribu ,  Ould 
Ben  Dleïmi. 

2°  OUAD  NOUN  n'est  ni  le  nom  d’une  rivière  ni  celui  d’une  ville,  mais  celui  d’un  petit  district 
formé  de  la  réunion  de  plusieurs  qçars;  ceux-ci  s’élèvent  au  milieu  d’une  plaine  nue  et  stérile;  autour 
d’eux,  ni  palmiers,  ni  jardins,  ni  labourages  :  ils  se  dressent  isolés  dans  l'areg.  L’Ouad  Noun  a  un  chikh 
héréditaire,  El  Habib  ould  Beïrouk  •  c’est  un  personnage  peu  aimé  ,  mais  puissant  et  craint  aux  environs. 
Le  sultan  a  nommé  son  frère,  Dabman,  qaïd  du  district. 

3°  REGI  BAT ,  OULAD  DELE1M.  — Ce  sont  deux  tribus  nomades  ayant  leurs  campements  dans 
le  Sahel,  au  sud  du  Maroc,  entre  l’Ouad  Noun  et  l’Adrar.  Leurs  rezous  écument  le  Sahara  entre  Tim- 
bouktou  et  Tindouf  et  apparaissent  parfois  sur  le  cours  inférieur  du  Dra. 

4°  CHQARNA.  —  Tribu  nomade  errant  dans  le  Sahel ,  au  sud  du  Maroc.  Elle  comptait,  il  y  a  20  ans, 
300  ou  000  combattants  montés  à  chameau  ;  c’est  à  peine  si  elle  en  possède  200  aujourd’hui.  Les 
Chqarna  n’ont  point  de  chevaux,  le  chameau  est  leur  seule  monture. 

* 


Aït  Bella. . , 


Aït  Djemel. 


1  qaïd. 


BASSIN  DE  L’OUAD  ZIZ. 


Y 


BASSIN  DE  L’OUAD  ZIZ. 


1°.  —  OUAD  ZIZ. 


L’Ouad  Ziz  prend  sa  source  aux  crêtes  supérieures  du  Grand  Atlas,  dans  la  grande  fraction  des  Ait 
llediddou.  11  coule  pendant  quelque  temps  sur  leur  territoire;  cette  partie  de  son  cours  prend  le  nom 
de  district  des  Ait  llediddou  ;  des  qçars  nombreux  sont  sur  ses  bords  ;  sa  vallée  est  dominée  par  de 
hautes  montagnes.  En  sortant  des  Ait  llediddou,  il  reste  désert  un  certain  temps;  puis  il  entre  dans  le 
district  du  Ziz.  Le  Ziz  se  compose  de  25  à  30  qçars,  tous  sur  les  rives  du  fleuve;  il  appartient  aux  Ait 
Izdeg.  Après  avoir  arrosé  le  Ziz,  l'ouad  traverse  un  court  passage  désert  et  entre  dans  le  Gers.  G’esl 
un  nouveau  district;  il  le  traverse,  en  baigne  tous  les  qçars,  et  de  là  passe  immédiatement  dans  le  Tial- 
lalin.  En  sortant  du  Tiallalin,  le  fleuve  se  trouve  de  nouveau,  mais  pour  la  dernière  fois,  dans  le  dé¬ 
sert  ;  après  y  avoir  coulé  pendant  quelque  temps,  il  s’engage  dans  le  district  d ' E 1  Kheneg,  où  commen¬ 
cent  les  palmiers  :  à  partir  de  là,  il  ne  cesse  d’en  avoir  son  cours  ombragé,  et  il  se  déroule  jusqu’au 
Taûlelt  entre  deux  rubans  continus  de  dattiers  et  de  qçars;  ses  rives,  devenues  un  des  endroits  les 
plus  riches  du  Maroc,  s’appellent  alors  successivement  districts  de  Qçar  es  Souq,  du  Metrara,  de  Ite- 
teb,  de  Tizimi  et  du  Taûlelt. 

Nous  allons  examiner  une  partie  de  ces  districts. 

Nous  nous  occuperons  ensuite  des  affluents  de  l’Ouad  Ziz. 


I.  —  District  des  Ait  Hediddou. 


de  qçars  appartenant  aux  Ait  Hediddou  et  échelonnés  sur  les  deux  rives  du  fleuve  :  ces  qçars,  avec  quel¬ 
ques  autres  situés  sur  l’Ouad  Sidi  Hamza,  sont  les  seuls  que  possèdent  les  Ait  Hediddou ,  fraction  très 
nombreuse  des  Ait  Iafelman,  mais  composée  surtout  de  nomades.  En  voici  l’énumération,  dans  l’ordre 
où  on  les  trouve  en  descendant  l’ouad  : 


RIVE  DROITE  I 


Ait  Bou  Üuzellif  (2  qçars). 
Sountat. 

Toulgdit. 

Ait  Ouazerf. 

Aqdim. 

Imtras. 

Ait  Amer. 

Taberracht. 

Ait  Ali  ou  Iqqo. 

Tarribant. 

Ait  Amer. 


50  fusils. 


100 

20 

100 

100 

300 

3(1 

00 

50 

20 

50 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


:i  48 


RIVE  GAUCHE  : 

Imelouan.  50  fusils. 

Aït  Amer.  150 

Ait  Ali  ou  Iqqo.  30 

lgli,  Ait  Amer,  Tarribant  forment  un  groupe  distinct,  séparé  du  reste  du  district  par  un  long  kheneg. 
La  réunion  de  ces  trois  qçars  se  nomme  Ait  Saïd  ou  Heddou.  Les  autres  portent  le  nom  collectit  de 
Qçour  Asif  Melloul  :  l’Ouad  Ziz,  au  nord  du  kheneg,  s’appelle  Asif  Melloul. 

Plus  de  qçar  sur  l’ Asif  Melloul  au-dessus  de  ceux  que  nous  venons  de  nommer.  Ce  sont  les  plus  hauts 
de  l’Ouad  Ziz. 

Les  Ait  Hediddou,  maîtres  de  ce  pays,  en  sont  les  seuls  habitants.  Ils  sont  indépendants.  Point  de 
relations  avec  le  makhzen. 

Langue  tamazirt. 

Deux  marchés  :  tenîn  et  khemîsà  Aqdim. 

Pas  de  Juifs. 

Distances  :  de  Mezizelt  à  lgli  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Ait  Otman. 

d’Aït  Bou  Ouzellif  à  lgli  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Qçar  es  Souq. 
de  Tarribant  à  Ait  Ali  ou  lqqo  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Tamerrakecht. 

Ait  Ali  ou  Iqqo  (de  la  rive  gauche)  est  en  face  de  Taberracht. 

Imelouan  est  en  face  de  Toulgdit. 

11  y  a  un  espace  désert  entre  Tarribant  et  Ait  Ali  ou  Iqqo;  les  autres  qçars  sont  les  uns 
près  des  autres,  unis  par  leurs  cultures. 


II.  —  Ziz. 


Le  district  du  Ziz  se  compose  d’un  certain  nombre  de  qçars  échelonnés  sur  les  deux  rives  de  l’Ouad 
Ziz;  en  voici  l’énumération,  dans  l’ordre  où  on  les  rencontre  en  descendant  le  ileuve  : 


Tabia. 


RIVE  DROITE 

Mezizelt. 

Zaouïa  Sidi  Bou  Qil  (2  qçars). 
Tabia. . 

El  H  ara 
Ait  Saïd. 

Ait  Zebbour. 

Ait  llammou  el  l.ladj. 

Tirezdet. 

Ait  Mousa  ou  Ali. 

Irezd  (cherifs;  3  qçars). 

Ait  el  Hadj  Saïd. 

Ait  Kharroub. 

Ibzazen .  ) 

Ait  Bou  el  Khial 

Izourar . 

Rich. 


Ait  Ialiia  ou  Khalifa. 


RIVE  GAUCHE 


Tamagourt. 

Gafaï. 

Tasiset. 

Tabarkaït. 

Ou  Allai. 

Izebban. 

Izebban. 

Tagersift. 


20  fusils. 
500 


300 


20 

15 

80 

70 

150 

10 

4 

150 


20 


100  fusils. 
100 
18 
25 
00 
15 
80 
100 


BASSIN  DE  L'OUAD  ZiZ. 


341) 

Le  pays  de  Ziz  appartient  aux  Ail  Izdeg  et  n’est  habité  que  par  eux.  Les  Ait  Izdeg  sont  une  fraction 
des  Ait  Iafelman.  Ils  sont  indépendants. 

Langue  tamazirt. 

Deux  marchés  :  tenîn  et  khemîs  à  Zaouïa  Sidi  Bou  Qil. 

Pas  de  Juifs. 

Distances  :  de  Tirilasin  à  Rich  comme  de  Souq  Tiallalin  à  Mellah  Tiallalin. 

de  Rich  à  Mezizelt  comme  de  Tamerrakeclit  à  Mellah  Tiallalin. 
de  Tamagourt  à  Igli  (Ait  Hediddou)  comme  d’Aït  Otman  à  Mellah  Tiallalin. 
Désert  entre  Tamagourt  et  Igli. 

Pas  de  désert  entre  Rich  et  Mezizelt,  sur  les  rives  de  l’ouad. 

Tamagourt  est  en  face  de  Mezizelt. 

Tagersift  est  en  face  d’Aït  lahia  ou  Khalifa. 


III.  —  Gers. 


Le  district  du  Gers  se  compose  d’un  certain  nombre  de  qçars  situés  sur  les  bords  de  l’Ouad  Ziz  et 
tous  sur  sa  rive  droite  :  en  face  d’eux,  la  rive  gauche  est  déserte.  Voici  les  noms  des  qçars  du  Gers, 
dans  l’ordre  où  on  les  trouve  en  descendant  l'Ouad  Ziz  : 


RIVE  DROITE  : 

Tirilasin  Qedîm  )  ..  . 

Aït Tikkert .  |  Ilrilasl"' 

Kherzouza. 

Qcîra  Ait  Aouda. 

Amalou. 

El  Bain. 

Ait  El  Feqih. 

Qcîra  Alibou  (Alibou  est  le  chikh  cl  aam  de  toute  la  fraction  des  Ait  Izdeg,  cette  année). 
Cedouqa. 


lu  fusils. 
40 
40 
25 
60 
150 
50 
20 
30 


De  plus,  entre  Amalou  et  El  llaïn,  on  voit  les  ruines  de  Douar,  grand  qçar  détruit. 

Le  district  du  Gers  appartient  aux  Ait  Izdeg.  La  population  y  est  un  mélange  d’Aït  Izdeg  et  de  Qe- 


bala  (1). 


Langue  tamazirt. 
Point  de  marché. 


Pas  de  Juifs.  Mellah  ruiné  à  Douar. 

Distances  :  Cedouqa  est  en  face  d’Aït  Khozman,  sur  la  rive  opposée  de  l'ouad. 

de  Cedouqa  à  Aït  Tikkert  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Ait  Çaleh, 


IV.  —  Tiallalin. 


Le  Tiallalin  se  compose  d’un  certain  nombre  de  qçars  échelonnés  sur  les  deux  rives  de  l’Uuad  Ziz.  En 
voici  l’énumération  ,  dans  l’ordre  où  on  les  trouve  en  descendant  le  ileuve  : 

rive  droite  : 

Kerrando.  50  fusils. 

Qcira  el  Ihoud  (appelée  aussi  Mellah  Tiallalin). 


(I)  C’est  en  approchant  de  l’ouad  Ziz  que  j’ai  entendu  ce  nom  pour  la  première  fois.  Il  est  employé  sur  tout  le  cours  du  Ziz  et 
dans  le  bassin  supérieur  de  la  Mlouïa.  11  ne  désigne  point  une  race,  mais  l’état  d’une  partie  de  la  population.  Une  portion  des 
lmaziren  sédentaires  de  cette  contrée  n’a  pas  su  conserver  son  indépendance  et  a  été  réduite  par  des  tribus  nomades  voisines  à 
l’état  de  tributaire  :  ce  sont  ces  tributaires  qu’on  appelle  Qebala.  Ils  sont  presque  tous  Chellalia,  de  même  race,  par  conséquent, 
et  de  même  couleur  que  la  plupart  de  leurs  dominateurs.  Par  extension,  on  désigne  quelquefois  du  nom  de  Qebala  des  Chellalia  sé¬ 
dentaires,  même  indépendants,  lorsque  ces  Chellalia  vivent  isolés,  sans  aucun  lieu  avec  personne.  Ainsi  les  Chellalia  du  Reris  et 
de  linéiques  autres  oasis  sont  souveut  dits  Qebala,  bien  que  libres. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


350 


Iserdan. 

30  fusils 

Bousam. 

20 

Tadaout. 

20 

Qcîra  Ait  Aba. 

10 

Ait  ou  Alil. 

50 

Ait  Hahou. 

15 

Ait  Amer. 

4 

Ait  Çaleh. 

RIVE  GAUCHE  : 

30 

Ait  Khozman. 

40  fusils. 

Ait  Heqqou. 

20 

Ait  ou  Jsaden. 

20 

Ait  ou  Innou. 

20 

Ait  Zaïa. 

15 

Bou  Idiren. 

00 

Qcîr  Cherif. 

15 

Qcir  Sidi  Omar. 

50 

Izabouben. 

10 

Ait  labia  ou  Khalifa. 

10 

Ait  Brahim. 

10 

Ait  Attou. 

30 

El  Qçar  el  Kebir. 

20 

Tamdafelt. 

12 

Taouahit. 

80 

Imazan. 

60 

Tamazount. 

15 

Izerrahen. 

15 

Isaffen. 

6 

Ait  labia. 

50 

Timrirt. 

12 

Imri. 

30 

Le  Tiallalin  appartient  aux  Ait  Izdeg  et  n'est  peuplé  que  d'eux.  Chez  les  Ait  Izdeg,  chaque  district, 
pour  les  sédentaires,  chaque  campement,  pour  les  nomades,  se  gouverne  à  sa  fantaisie,  sans  chikh,  ni 
à  l’année,  ni  autre  :  quelquefois  on  en  nomme,  mais  pour  quelques  mois,  pour  la  durée  d’une  guerre 
par  exemple.  Ces  jours-ci,  on  en  a  élu;  voici  pourquoi  :  le  sultan  a  prié  les  Ait  Izdeg  de  lui  envoyer 
leurs  chikhs  :  après  délibération,  ils  y  ont  consenti,  en  ont  nommé  et  les  lui  ont  envoyés.  Mais  ils  ne 
dépendent  point  de  Moulei  El  Hasen;  ils  ne  lui  paient  rien  et  n’ont,  disent-ils,  que  de  la  poudre  à  lui 
donner.  S'ils  n'ont  pas  de  chikhs  permanents  dans  leurs  diverses  subdivisions,  ils  en  ont  toujours  un 
pour  l’ensemble  des  Ait  Izdeg  :  c’est  un  chikh  el  aam,  qui  est  nommé  chaque  année  par  l’assemblée  des 
diverses  djemaaas. 

Langue  tamazirt. 

Trois  marchés  à  Ait  ou  Alil,  le  had ,  le  tlâla,  le  khemîs. 

Un  mellali. 

Distances  :  Qcir  Sidi  Omar  est  juste  en  face  de  Qcira  el  lhoud. 


V.  —  El  Kheneg. 


On  appelle  de  ce  nom  le  district  formé  par  les  qçars  échelonnés  sur  les  deux  rives  de  l’Ouad  Ziz  dans 
le  long  défilé  qu'il  traverse  entre  Foum  Jabel  et  Foum  Riour.  Voici  les  noms  de  ces  qçars,  dans  l’ordre 
où  on  les  rencontre  en  descendant  le  fleuve  : 


BASSTN  DE  E’OUAD  Z1Z. 


RIVE  DROITE  : 


Asbarou. 

20  fusils 

Ait  ütman. 

200 

Qcîra  el  Mehenni. 

30 

Oui  Itgir. 

60 

Serrin. 

40 

Cheba. 

20 

RIVE  GAUCHE  : 

Tamerrakecht  (3  petits  qçars). 

40  fusils 

I fri  (3  petits  qçars). 

40 

Ait  Isfa  ou  Daoud. 

30 

Amzou. 

300 

Ingbi. 

30 

Tingbit. 

40 

Béni  Iffous. 

50 

Ait  Moulei  Mohammed. 

100 

Timzourin  (2  qçars). 

40 

El  Kheneg  appartient  aux  Ait  Izdeg  et  n’est  peuplé  que  d’eux. 
Langue  tamazirt. 

Pas  de  marché. 

Pas  de  Juifs. 


VI.  —  Qçar  es  Souq. 


Le  district  du  Qçar  es  Souq  se  compose  d’un  certain  nombre  de  qcars  échelonnés  sur  les  rives  de 
l’Ouad  Ziz;  en  voici  l’énumération,  dans  l'ordre  où  on  les  trouve  en  descendant  le  fleuve. 


RIVE  DROITE  : 

Tazouqa.  200  fusils. 

Tagnit.  40 

Qçar  es  Souq  (composée  de  5  qçars  :  Mouskel- 
lal,  Qcîba  Ait  Moha  ou  Ali,  El  Haratîn, 

Agaouz,  Azrou  ;  ils  forment  un  cercle  au  mi¬ 
lieu  duquel  sont,  le  marché  et  le  mellah).  300 

Tisgedlt.  100 

Tarzout  (2  qçars).  100 

Azemmour.  1 50 

Targa  (2  qçars).  150 

rive  gauche  : 

Tiriourin.  150  fusils. 

Béni  Ouaraïn  (3  qcars).  100 

Er  Rahba.  60 

Qçar  Djedid  Ait  Hammou  (3  qcars).  60 


Le  Qçar  es  Souq  est  peuplé  d’Aït  Izdeg  et  de  cherifs.  Ceux-ci  sont  indépendants  des  premiers.  Point 
de  djemaaa  ni  de  chikh  pour  l’ensemble  du  district.  Chaque  qçar  a  sa  djemaaa  et  son  gouvernement  à 
part  ;  ils  ne  s’unissent  entre  eux  qu’en  cas  de  guerre. 

Langue  tamazirt. 

Un  marché,  à  Qçar  es  Souq. 

Un  mellah. 

Distances  :  de  Mellah  Qçar  es  Souq  à  Targa  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Ait  Çaleh. 

Qçar  Djedid  Ait  Hammou  est  en  face  de  Tarzout. 

Tiriourin  est  en  face  de  Tazouqa. 


352 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


VII.  —  Metrara. 


Le  district  se  compose  d’un  certain  nombre  de  qçars  échelonnés  sur  les  bords  de  l'Ouad  Ziz.  En  voici 
l’énumération,  dans  l’ordre  où  on  les  rencontre  en  descendant  le  cours  du  fleuve  : 

RIVE  DROITE  : 


Tisgedlt. 

40  fusils. 

Béni  Mehelli. 

100 

Asrir. 

200 

Mediouna. 

20 

El  Hibous. 

400 

Qaçba  Qedîma. 

400 

RIVE  GAUCHE  : 

Oulad  el  Hadj. 

300  fusils. 

Qçar  Dekhlani. 

150 

El  Rrouch. 

40 

Qçar  Djedid. 

100 

Zaouïa  Moulei  Abd  Allah. 

20 

Qçar  Berrani. 

100 

Taourirt. 

100 

Sidi  Bou  Abd  Allah. 

300 

Titaf. 

200 

Qaçba  Djedida. 

200 

Béni  Mousi. 

300 

Geri  Ourgaz. 

4 

Gaouz. 

100 

Tazenagt. 

400 

Le  Metrara  n’est  habité  que  par  des  cherifs  et  des  Qebala  :  les  premiers  sont  les  plus  nombreux  et 
ont  la  prépondérance.  Ils  sont  seuls  maîtres  du  pays.  Ils  sont  libres,  n’obéissent  pas  au  sultan  et  ne 
sont  sous  la  dépendance  d’aucune  tribu  :  ni  Berâber  ni  autres  n'ont  droit  de  parler  dans  le  Metrara. 
Cherifs  et  Qebala  sont  mélangés  dans  les  divers  qçars.  Point  de  chikh  ni  de  djemaaa  administrant  l’en¬ 
semble  du  district.  Chaque  qçar  a  son  existence  isolée,  se  gouverne  au  moyen  de  sa  djemaaa  et  ne  s’u¬ 
nit  à  d’autres  qu’en  cas  de  guerre. 

On  ne  parle  que  l’arabe. 

Quatre  marchés  :  tenîn  et  khemîs  à  Qaçba  Qedîma  ;  tonîn  ei  khemîs  â  Sidi  Bou  Abd  Allah. 

Pas  de  Juifs. 

Un  homme  est  tout-puissant  dans  le  Metrara  et  a  en  sa  main  tout  le  district,  c’est  Chikh  Mohammed 
El  Arabi  el  Derkaoui.  Ce  chef  religieux,  qui  réside  à  Gaouz,  est  extrêmement  influent  :  chaque  année,  le 
sultan  lui  envoie  sa  part  de  dîme;  il  y  a  deux  ans,  il  lui  a  expédié  40  qantars  (le  qantar  vaut  ici 
1250  francs).  Sidi  Mohammed  El  Arabi  avait,  à  la  fin  de  1881 ,  appelé  les  Beràber  à  la  guerre  sainte 
contre  les  Français;  mais  peu  après  il  les  contremanda.  Son  pouvoir  est  énorme  sur  tous  les  Berâber, 
Ait  Atta  comme  Ait  Iafelman.  D’un  mot,  il  peut  les  armer.  Par  le  nombre  et  la  valeur  guerrière  de  ces 
tribus,  tout  à  sa  dévotion,  il  est  un  des  cinq  chefs  religieux  les  plus  puissants  du  Maroc.  11  compte  au 
même  rang  que.  Moulei  Abd  es  Selam  el  Ouazzâni,  Sidi  Ben  Daoud,  Sidi  Mohammed  ou  Bou  Bekr  et 
Sidi  El  Hoseïn. 

Distances  :  point  de  désert  entre  le  Qçar  es  Souq  et  le  Metrara. 

d’Oulad  el  Hadj  à  Tazenagt  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Tamerrakecht. 

de  Qçar  Djedid  Ait  Hammou  à  Oulad  el  Hadj  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Ait  Çaleh. 

de  Tisgedlt  à  Targa  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Ait  Çaleh. 

Béni  Mousi  est  en  face  de  Qaçba  Qedîma. 


BASSIN  DE  L’OUAD  ZIZ. 


353 


VIII.  —  Districts  inférieurs. 


Los  trois  districts  les  plus  bas  de  l’Ouad  Ziz  se  composent  chacun,  comme  les  précédents,  d’une  dou¬ 
ble  ligne  de  qçars  échelonnés  sur  les  deux  rives  du  fleuve. 

Le  Reteb  comprend  30  ou  40  qçars  :  population  mélangée,  cherifs,  marabouts,  Qebala.  Langue  arabe. 
Un  mellah. 

Le  Tizimi  se  compose  de  30  40  qçars.  Deux  mellabs. 

Le  Tafllelt,  d’environ  300  qçars.  Cinq  mellabs. 


IX.  —  Affluents  de  l’Ouad  Ziz. 


L’Ouad  Ziz  reçoit  divers  affluents;  voici  quelques-uns  d’entre  eux  : 

1°  L’Ouad  Ait  labia,  se  jetant  sur  sa  rive  gauche  à  Igli  (Ait  Hediddou). 

2°  L’Ouad  Zaouïa  Sidi  Hamza,  se  jetant  sur  sa  rive  gauche  à  Tagersift  (district  du  Ziz). 

3°  L’Ouad  Todra,  se  jetant  sur  sa  rive  droite  au-dessous  du  Reteb,  dans  un  des  districts  de  son  cours 
inférieur. 

1°  Ouad  Ait  Iahia.  —  Il  prend  sa  source  dans  le  Grand  Atlas  et  se  jette  sur  la  rive  gauche  de  l’Ouad 
Ziz  à  Igli  (Ait  Hediddou).  Voici  les  qçars  que  l'on  rencontre  sur  son  cours,  en  le  descendant  : 


rive  gauche  : 


Tazarin. 

Izloufa. 

Tabouarbit. 

Anfergal. 

El  Bordj. 


90  fusils. 
20 
50 
150 

10 


Ces  qçars  appartiennent  aux  Ait  labia,  fraction  des  Ait  lafelman.  Les  Ait  labia  sont  très  nombreux, 
mais  presque  tous  nomades;  ils  ne  possèdent  pas  d’autres  qçars  que  les  3  précédents.  Ils  sont  indé¬ 
pendants  et  passent  pour  grands  pillards.  Leurs  quelques  qçars  n’ont  point  de  chikh  spécial. 

Langue  tamazirt. 

Ni  marché,  ni  Juifs. 

Distances  :  d’El  Bordj  à  Igli  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Ait  ou  Alil. 

d’El  Bordj  à  Tazarin  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Ait  Çaleh. 

Point  de  désert  entre  ces  deux  derniers  points. 

2"  Ouad  Sidi  IIamza.  —  Il  prend  sa  source  au  Djebel  El  Aïachi  et  se  jette  sur  la  rive  gauche  de  l’Ouad 
Ziz  à  Tagersift  (Ziz).  Voici  les  qçars  qu’il  arrose,  dans  l’ordre  où  on  les  trouve  en  le  descendant  : 


RIVE  DROITE  : 


Tazrouft  (marabouts). 

200  fusib 

Zaouïa  Sidi  Hamza  (marabouts). 

300 

Aït  ou  Allou  (2  qçars)  (Aït  Izdeg). 

100 

Ait  Iaqob  (Aït  Hediddou). 

000 

Tanrerift  (Aït  Hediddou). 

50 

Toullist  (4  qçars)  (Aït  Izdeg). 

200 

Langue  tamazirt. 
Pas  de  marché. 


Deux  Juifs  à  Zaouïa  Sidi  Hamza. 

Distances  :  de  Tagersift  à  Tanrerift  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Qçar  es  Souq. 

Défilé  désert  assez  long  entre  ces  deux  points,  appelé  Kheneg  Tarq. 
de  Tanrerift  à  Ait  Iaqob  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Ait  ou  Alil. 


RF.r,ONNAISS\NCR  AU  MAROC. 


45 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Désert  entre  ces  deux  points. 

d’Aït  Iaqob  à  Ait  ou  Allou  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Qçar  es  Souq. 

Désert  entre  ces  deux  points. 

d’Aït  ou  Allou  à  Zaouïa  Sidi  Hamza  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Aït  Otman. 

Désert  entre  ces  deux  points. 

de  Zaouïa  Sidi  Hamza  à  Tazrouft  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Aït  ou  Alil. 

Désert  entre  ces  deux  points. 

de  Toullist  à  Tagersift  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Aït  ou  Alil. 

L’Ouad  Zaouïa  Sidi  Hamza  reçoit  un  affluent,  l’Ouad  Nezala,  se  jetant  sur  sa  rive  gauche  à  Toullist. 
Ouad  Nezala.  —  11  prend  sa  source  au  Djebel  El  Abbari  ;  voici  les  qçars  qui  se  trouvent  sur  son  cours, 
dans  l’ordre  où  on  les  trouve  en  le  descendant  : 


Ibabahen . 

Abbari . 

Qcîra  ou  Ba  El  Hasen . 

Bou  Seroual . 

Nezala . . 

Tiffitra . 

Semlal . 

Tazalart.  .  . . 

Tous  ces  qçars  appartiennent  aux  Aït  Izdeg. 

Langue  tamazirt. 

Ni  marché,  ni  Juifs. 


rive  droite, 

0  fusils 

rive  gauche, 

40 

rive  gauche, 

20 

rive  droite, 

20 

rive  droite, 

20 

rive  droite, 

8 

rive  gauche, 

10 

rive  gauche, 

30 

Distances  :  de  Toullist  à  Tazalart  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Aït  Çaleh. 

Désert  entre  ces  deux  points. 

de  Tazalart  à  Semlal  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Aït  Çaleh. 

Désert  entre  ces  deux  points. 

de  Semlal  à  Tiffitra  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Aït  ou  Alil. 

Désert  entre  ces  deux  points. 

de  Tiffitra  à  Nezala  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Aït  Otman. 

Désert  Taqqat  Nezala  entre  ces  deux  points. 

de  Nezala  à  Ibabahen  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Aït  ou  Alil. 

3°  O u ad  Todra.  —  L’Ouad  Todra,  d’une  grande  importance,  et  par  lui-même,  et  par  son  affluent 
l'Ouad  Reris,  fera  l’objet  d’un  article  spécial. 


2°.  —  OUAD  TODRA. 

I.  Ouad  Todra. 

L'Ouad  Todra  prend  sa  source  à  peu  de  distance  de  l’oasis  du  Todra,  dans  les  hauts  massifs  qu’on  en 
aperçoit  vers  le  nord-ouest.  Le  mont  d’où  il  sort  s’appelle  Aqqa  Tizgi;  c’est  une  muraille  rocheuse  du 
pied  de  laquelle  jaillissent  des  sources  abondantes  qui  forment  l'Ouad  Todra.  De  là  il  va  arroser  la  longue 
bande  du  Todra,  où  il  a  toujours  de  l’eau,  été  et  hiver.  Au  sortir  de  cette  oasis,  le  lit  s’en  dessèche  et  les 
bords  en  deviennent  déserts  jusqu’au  Ferkla.  Il  arrose  le  Ferkla,  puis  rentre  dans  le  désert  :  du  point 
où  il  sort  du  Ferkla  à  celui  où  il  se  jette  dans  le  Ziz,  on  ne  trouve  plus  sur  ses  rives  aucune  grande 
oasis,  mais  seulement  de  loin  en  loin  quelque  qçar  isolé  entouré  de  dattiers,  simple  tache  dans  la  plaine. 
Dans  la  portion  inférieure  de  son  cours,  il  porte  souvent  le  nom  d’Ouad  Ferkla. 

Nous  allons  étudier  successivement  le  Todra,  le  Ferkla  et  les  qçars  au-dessous  de  Ferkla. 

1°  TOI) HA.  —  L’oasis  du  Todra  se  compose  de  deux  parties  :  d’abord  le  Todra  proprement  dit,  formé 
des  qçars  appartenant  à  la  tribu  chleuha  des  Todra,  en  second  lieu  une  série  de  qçars  appartenant  aux 
Berâber.  Tous  sont  sur  le  cours  même  de  l’Ouad  Todra,  ceux-ci  au-dessous  des  premiers.  Une  longue 


BASSIN  DE  L’OUAU  Z1Z. 


355 


bande  de  palmiers,  courant  sans  interruption  sur  les  bords  de  la  rivière ,  enveloppe  les  uns  et  les  autres  . 
aucune  frontière  apparente  n’existe  entre  ceux  des  Todra  et  ceux  des  Berâber. 

Todra  proprement  dit.  —  Voici  les  noms  des  qçars  qui  le  composent,  dans  l’ordre  où  on  les  rencon¬ 
tre  en  descendant  l’Ouad  Todra  : 


Ait  Baba . 

rive  gauclie , 

20  fusils 

Ait  Ousal  (Zaouïa  Sidi  Abd  el  Ali.  . . 

'  Tizgi . 

120 

Tabia . 

rive  gauche , 

30 

Ait  Acbeba  .  .  . 

....  rive  droite , 

25 

Ait  Sidi  ou  Brahim.  .  . 

Ait  Zakri . 

Ait  Segmounni .  ; 

Ait  Ismen .  ' 

1 

•  Aït  Senan.  . 

rive  gauche ,  1 
rive  gauche,  1 
rive  gaucho ,  t 

100 

300 

Ait  <  aib  ou  Otman. . .  [ 

Ihedzamen .  ' 

Zaouïa  Ihedzamen . .  .  / 

rive  gauche ,  i 
rive  gauche ,  1 
rive  gauche ,  ) 

Ait  Aritan . 

100 

Ait  Ijjou . 

15 

Ait  Barra  .  .  .  . 

40 

Ait  Ouzana  .  .  . 

100 

Asfalou . 

50 

Ait  Zilal . 

30 

Tagounsa . 

35 

Ait  Bou  Oujjan  . 

120 

Ismarin . 

40 

Tikoutar  .  .  .  . 

100 

Tiidrin . 

80 

Taourirt  .  •  .  . 

150 

Ait  Ourjedal.  .  . 

40 

Afanour . 

200 

Tirremt . 

50 

Tinrir . 

200 

Imousas  .  .  .  . 

30 

Ilougan  (Zaouïa  Oulad  Sidi  Hamed  Ben  Abd  ec  Cadoq)  .  . 

30 

Helloul . 

70 

Tamasint .  .  .  . 

50 

Aït  b  Oulman  .  . 

25 

Azrou . 

25 

Tagoummast .  . 

200 

Ifri . 

20 

Ait  El  Ilasen  ou 

Ali  .  , 

30 

Ait  El  Qati  .  .  . 

20 

Iadouan . 

60 

Ait  labia  .  .  .  . 

10 

Ait  Mohammed  . 

150 

Ait  Iala . 

Ikhb .  ] 

50 

Ait  Bou  labia. . 
Aït  Hammi ....  , 

•Ainzaourou  .  .  .  . 

rive  gauche, 

200 

Hara  Imziouan .  j j ar.t 

Hara  Mrabtin  (Zaouia  Sidi  el  Hadj  Amer) . .  j 

600 

Les  qçars  que  nous  venons  d’énumérer  composent  toute  la  tribu  des  Todra.  Les  Todra  sont  Chellaha; 
ils  se  subdivisent  en  deux  fractions,  Ait  Çaleh  et  Ait  Genad  :  tel  qçar  appartient  à  telle  fraction;  dans 
certains,  les  deux  fractions  sont  mélangées.  Chaque  qçar  a  son  gouvernement  à  part  et  vit  isolé  des  au¬ 
tres,  ne  s'en  rapprochant  qu’en  cas  de  guerre;  leur  organisation  à  tous  est  identique  :  ils  se  nomment 
chacun  un  chikh  el  aam  tous  les  premiers  de  l’an.  En  temps  ordinaire,  aucun  lien  entre  les  différent- 


MECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


350 


qçars  :  on  ne  se  concerte,  on  ne  se  réunit  que  s’il  y  a  guerre.  Les  Todra  sont  indépendants.  Ils  n'ont  de 
debiha  sur  personne,  pas  même  sur  leurs  puissants  voisins  les  Berâber.  Leur  nombre  et  surtout  leur 
caractère  belliqueux  ont  sauvé  leur  indépendance. 

Les  Todra  ont  un  qacli,  Sidi  Hamed  d  Ait  Sidi  Aïssa,  habitant  Tinrir. 

Langue  tamazirt. 

Deux  marchés,  tenîn  et  khemîs  de  Tinrir. 

Quatre  mellahs. 

Distances  :  de  Tinrir  à  El  llara  comme  de  Tinrir  à  Tizgi,  ou  quelques  centaines  de  mètres  de  plus, 
de  Taourirt  à  Asfalou  2  fois  1/2  comme  de  Taourirt  à  Tinrir. 
d’Asfalou  à  Tizgi  4  fois  comme  de  Taourirt  à  Tinrir. 


De  Tizgi  à  El  llara,  tout  l’ouad  n’est  que  cultures  et  dattiers  (bou  lèggouç  et  bou  souaïr);  pas  de 
désert. 

Qçars  des  Beraber  faisant  partie  de  l’oasis.  —  Voici  leur  énumération,  dans  l’ordre  où  on  les  ren¬ 
contre  en  descendant  l’ouad  ;  ils  font  suite  immédiatement  aux  précédents  : 

Taria  Ilemsan . rive  droite,  40  fusils. 

Tirremt  Ait  b  ou  Iknifen . rive  droite,  20 

Ignaouen . rive  droite,  50 

Tirremt  Ait  Iazza.  . . . .  .  rive  gauche,  50 

Ait  el  Miskin  (zaouïa) . rive  gauche,  30 

Tirrematin  Ait  Aïssa  ou  Brahim  (2  qçars  :  Tirremt  Fouqania,  Tirremt 

Tahtania) . rive  gauche,  100 

Tachbacht  Aït  Isfoul . rive  gauche,  50 

Ces  qçars,  bien  que  se  touchant,  sont  indépendants  les  uns  des  autres;  ils  appartiennent,  l’un  à  telle 
fraction  des  Berâber,  l’autre  à  telle  autre,  et  suivent  le  sort  de  leurs  propriétaires. 


Distances  :  de  El  llara  à  Taria  Ilemsan  comme  de  Taourirt  à  Asfalou. 

de  Taria  à  Tirremt  Ait  b  ou  Iknifen  comme  de  Taourirt  à  Asfalou. 
de  Tirremt  Ait  b  ou  Iknifen  à  Ignaouen  comme  de  Taourirt  à  Asfalou. 
de  Tirremt  Ait  Iazza  à  T.  Ait  Aïssa  ou  Brahim  comme  de  Taourirt  à  Tinrir. 
de  T.  Aït  Aïssa  ou  Brahim  à  Tachbacht  Aït  Isfoul  comme  de  Taourirt  à  Asfalou. 

Ignaouen  et  Tirremt  Ait  Iazza  se  font  face. 

2°  FERKLA.  —  L'oasis  du  Ferlda  se  compose  d'un  certain  nombre  de  qçars,  échelonnés  sur  les  deux 
rives  de  l’Ouad  Todra,  au  milieu  d’une  bande  de  palmiers  qui  les  enveloppe  tous.  Voici  l’énumération 
de  ces  qçars,  dans  l’ordre  où  on  les  rencontre  en  descendant  l’ouad  : 


RIVE  DROITE  : 

El  Khorbat  (Aït  Melrad).  400  fusils. 

Chat  (2  qçars)  (Aït  Melrad).  200 

Aït  Ben  Nacer  (marabouts).  30 

Ait  Asem  (Aït  Melrad).  200 

Tirdouin  (Aliel  Ferkla).  120 

Gardmit  (Ait  Melrad).  200 

RIVE  GAUCHE  : 

Asrir  (Abel  Ferkla).  000  fusils. 

Cheurfa  Taïrza  (cherifs).  50 

Talalt  (Ahel  Ferkla).  50 

Tirfert  (Baratin).  200 

Aït  Sidi  El  Houari  (marabouts).  400 

üulad  Mammer  (Ahel  Ferkla).  150 


La  population  du  Ferkla  est  composée  partie  d’Aït  Melrad,  partie  d’Ahel  Ferkla,  partie  de  Baratin, 
partie  de  marabouts.  Les  uns  cl  les  autres  sont  indépendants.  Les  Ahel  Ferkla  sont  des  Chellaba;  les 
qçars  que  nous  venons  de  mentionner  comme  leur  appartenant,  forment  toute  leur  tribu;  ils  sont  libres 


BASSIN  DL  L’OUAD  Z1Z. 


357 


et  n’ont  de  debiha  sur  personne  :  les  Ait  Melrad  mêmes,  leurs  puissants  voisins,  ne  sont  pas  plus 
indépendants  qu’eux.  Les  Haratin  et  les  marabouts  ont  su  également  conserver  leur  liberté. 

Les  divers  qçars  du  Ferkla  vivent  isolés  les  uns  des  autres,  chacun  avec  son  gouvernement  particulier  ; 
ce  gouvernement  est  le  même  dans  tous  :  celui  d’un  chikhel  aam.  Aucun  lien  commun  n’unit  les  qçars 
entre  eux. 

Les  dattes  du  Ferkla  sont  des  bou  feggouç  et  des  bou  souaïr. 

Langue  tamazirt. 

Deux  marchés,  had  et  khemîs  d’Asrir. 

Un  mellah. 

Distances  :  d’El  Khorbat  à  Oulad  Mammer  comme  de  Tinrir  (Todra)  à  Ait  Mohammed. 

Gardmit  est  en  face  d’Oulad  Mammer. 

3°  QÇARS  AU-DESSOUS  DU  FERKLA.  —  11  existe  un  chemin  direct  du  Todra  au  Talilelt,  par  le 
cours  de  l’Ouad  Todra.  Le  voici  : 

On  quitte  le  Ferkla  et  l’on  s’engage  dans  le  désert  en  descendant  la  rive  droite  de  l’Ouad  Todra.  On 
arrive  d’abord  à  : 

Izelf  Ait  Mclracl,  qçar  de  50  fusils,  entouré  de  dattiers  ;  il  est  à  quelque  distance  de  l'Ouad  Todra  et 
n’est  alimenté  que  par  des  sources. 

Distance  :  du  Ferkla  à  Izelf  comme  d’imiter  à  Timatreouin. 

De  là  on  gagne  : 

lyli  Ait  Khelifa,  grand  qçar  de  300  fusils,  entouré  de  dattiers,  habité  par  une  population  de  mara¬ 
bouts  (Oulad  Sidi  El  Houari),  de  Haratin  et  d' Aït  Khelifa  (Ait  Alla).  11  est  aussi  à  quelque  distance  de 
la  rivière,  sur  sa  rive  droite;  il  est  arrosé  par  des  sources. 

Distance  :  d’Izelf  à  Igli  comme  2  fois  de  Taourirt  (Todra)  à  Asfalou. 

Puis  on  passe  à  : 

Mellab  Ait  lazza ,  qçar  de  100  fusils,  entouré  de  dattiers.  Mellah  se  trouve  sur  la  rive  gauche  de  l’Ouad 
Todra.  Chemin  faisant,  on  a  traversé  la  rivière  à  mi-route  entre  Jgli  et  Mellab. 

Distance  :  d’Igli  à  Mellab  comme  deux  fois  de  Taourirt  à  Asfalou. 

On  continue  à  descendre  la  rive  gauche  du  cours  d’eau  et  on  arrive  à  : 

Oui  Touroug. ,  qçar  de  150  fusils,  entouré  de  dattiers,  appartenant  aux  Ait  lazza  et  aux  Ait  Khelifa.  Il 
est  situé  sur  le  bord  même  de  l’ouad  (rive  gauche). 

Distance  :  de  Mellab  à  Oui  Touroug  comme  de  Taourirt  (Todra)  à  Foum  el  Qous  n  Tazoult. 

De  là  on  continue  à  descendre  l’Ouad  Todra,  «pii,  peu  au-dessous  d’Oul  Touroug,  reçoit  sur  sa  rive 
gauche  l’Ouad  Reris.  Puis  on  parvient  à  : 

Tilouin,  grand  qçar,  entouré  de  dattiers ,  situé  sur  le  bord  de  la  rivière  (rive  gauche).  C’est  auprès 
de  Tilouin  qu’eut  lieu,  en  1883,  une  grande  bataille  entre  les  Ait  Alta  et  les  Ait  Melrad.  Le  qçar  ap¬ 
partient  actuellement  aux  Ait  Melrad. 

Distance  :  d’Oul  Touroug  à  Tilouin  comme  de  Mellab  à  Oui  Touroug. 

De  Tilouin,  en  descendant  toujours  l’Ouad  Todra,  on  arrive  à  : 

Fezna,  qçar  de  300  fusils,  entouré  de  dattiers,  s’élevant  au  bord  du  cours  d’eau  (rive  gauche).  11  ap¬ 
partient  aux  Ait  Iafelman. 

Distance  :  de  Tilouin  à  Fezna  comme  de  Taourirt  (Todra)  à  Imiter. 

Peu  au-dessous  de  Fezna,  l’Ouad  Todra  se  jette,  dit-on,  dans  l’Ouad  Ziz:ce  confluent  se  trouverait 
non  loin  d'El  Ojerf  sur  le  Ziz. 


II.  —  Ouad  Imiter. 


L’Ouad  Todra  reçoit  deux  affluents  importants  :  l’Ouad  Imiter,  se  jetant  sur  sa  rive  droite  dans  la 


358 


RECONNAISSANCE  AC  MAROC. 


portion  inférieure  de  l'oasis  du  Todra,  au-dessous  du  qçar  d’Aït  labia,  en  face  de  celui  d’Aït  Moham¬ 
med;  l'Ouad  Reris,  se  jetant  sur  sa  rive  gauche  à  quelque  distance  au-dessous  d’Oul  Touroug. 

Nous  allons  les  étudier  l’un  après  l’autre. 

L’Ouad  Imiter  prend  sa  source  dans  les  massifs  qui  s’élèvent  au  nord  dé  la  plaine  d’Anbed.  Il  arrose 
successivement  sur  son  cours  : 

Imiter  (groupe  de  quatre  qçars  contigus  :  Ait  Brahim , 

Irir,  Taouahmant,  Ait  Mohammed,  appartenant  tous 

aux  Ait  b  ou  Iknifen;.  150  fusils. 


Timatreouin  Ignaouen. 

50 

Qeiba  Ait  Moulei  Hamed....  j 

rive  gauche 

) 

Qeiba  Moulei  Brabim . \ 

rive  droite  , 

50 

Qeiba  Imougar .  . .  ) 

rive  gauche  > 

) 

Les  jardins  de  ces  trois  derniers  qçars  se  touchent;  ceux-ci  ne  forment  qu’un  seul  groupe;  deux 
d’entre  eux  appartiennent  à  des  cherifs,  le  dernier  à  des  Ait  Atta  (les  Imougar  sont  une  subdivision  des 
Ait  Isfoul). 

De  là,  l’Ouad  Imiter  passe  à 

Tilouin  Ait  Isfoul . rive  droite,  20  fusils. 

Puis  il  va  se  jeter  dans  l’Ouad  Todra,  en  face  d’Aït  Mohammed. 

Des  trois  qcîbas  à  Tilouin,  comme  de  Tilouin  à  Ait  Mohammed,  il  n’y  a  que  le  désert. 

Distances  :  de  Qeiba  Imougar  à  Tilouin  comme  de  Timatreouin  à  Foum  el  Qous. 

de  Tilouin  à  Ait  Mohammed  comme  de  Timatreouin  à  Foum  el  Qous. 


III.  —  Ouad  Reris. 


L'Ouad  Reris  prend  sa  source  sur  le  versant  méridional  du  Grand  Atlas.  Le  premier  endroit  habité 
qu’il  arrose  est  le  district  d’Amtrous.  Après  l’avoir  traversé,  il  rentre  dans  le  désert;  puis  on  trouve 
successivement  sur  son  cours,  en  le  descendant  :  une  réunion  de  5  qçars  appartenant  aux  Ait  Melrad, 
un  désert,  le  district  de  Semgat,  un  désert,  un  groupe  de  4  qçars  des  Ait  Melrad,  un  désert,  l’oasis  de 
Taderoucht,  un  désert,  le  Reris.  Au  sortir  du  Reris,  il  rentre  dans  le  désert  et  y  demeure  jusqu’à  son 
confluent  avec  l’Ouad  Todra,  à  peu  de  distance  d’Oul  Touroug. 

AMTROUS.  —  Le  district  d’Amtrous  se  compose  d’un  certain  nombre  de  qçars,  situés  sur  l’Ouad 
Reris;  en  voici  les  noms,  dans  Tordre  où  on  les  trouve  en  descendant  la  rivière  : 


Toumlilin . 

Ait  Daoud  ou  Azzi 
Taadadats.  .  .  . 

Timoula . 

Igedman . 

Ait  Hani  .  .  .  . 
Tizeggarin .  .  .  . 

Asing . 

Tiidrin . 


rive  droite ,  30  fusils, 

rive  gauche,  70 
rive  gauche,  50 
rive  gauche,  50 
rive  droite,  40 
rive  gauche ,  50 
rive  gauche,  30 
rive  gauche,  100 
rive  gauche,  100 


Le  district  d’Amtrous  est  habité  partie  d'Ait  Melrad,  partie-  d’Aït  Ilediddou.  Les  deux  fractions  se 
partagent  les  différents  qçars. 

Ni  marché  ,  ni  Juifs. 


Distance  :  d’Aroraï  à  Tiidrin  comme  de  Taourirt  à  El  Hara  (Todra). 

AIT  MELRAD.  —  Au-dessous  de  ce  district,  se  trouvent,  séparés  de  lui  par  un  désert  assez  court, 
5  qçars  unis  en  un  seul  groupe,  appartenant  aux  Ait  Melrad;  ce  sont,  dans  l’ordre  où  on  les  trouve 
en  descendant  la  rivière  : 


BASSIN  DK  r/OUAD  ZIZ. 


Aroraï.  100  fusils. 

Achoul  Sidi  Bou  Iaqob.  100 

Aït  Sidi  Mohammed  ou  Iousef.  20 

Ait  er  Riban .  30 

Amougger.  100 

Ni  marché,  ni  Juifs. 


Distance  :  d’imiter  à  Amougger  comme  de  Tinrir  à  El  Hara. 

Les  cinq  qcars  se  touchent. 

SEMGAT.  —  Au-dessous  de  ces  cinq  qcars,  sur  le  cours  de  l’Ouad  Reris,  se  trouve,  séparé  d’eux  par 
un  court  désert,  le  district  de  Scmgat.  11  se  compose  des  qçars  suivants,  échelonnés  sur  les  bords  de  la 
rivière;  les  voici,  dans  l’ordre  où  on  les  rencontre  en  la  descendant  : 


Aït  Bou  Izzem. 
Imelouan.  .  . 


Ni  marché,  ni  Juifs. 


en  descendant  la  rivière  : 


rivé  gauche , 

100  fusils. 

rive  gauche , 

30 

rive  gauche , 

50 

rive  gauche, 

80 

rive  droite, 

30 

rive  gauche , 

50 

rive  gauche, 

40 

é  que  d’eux. 

sgi  à  El  Hara  (T 

odra). 

i  Tinrir. 

1 

n  désert  assez 

court ,  se 

Ce  sont,  dans  Tordre  où 

Tahamdount . rive  droite,  30  fusils. 

Qçar  Kebir  Aït  Brahim . rive  droite,  30 

Qçar  Ait  Brahim . rive  gauche,  30 

Timzgit  (2  qçars) . sur  les  deux  rives,  50 

Ces  localités  sont  toutes  entourées  de  dattiers;  ce  sont  les  premières  de  l’Ouad  Iteris  qui  en  possè¬ 
dent;  plus  haut,  cet  arbre  ne  croît  pas  :  au-dessus  de  Tahamdount,  les  oliviers,  les  grenadiers,  les 
figuiers  sont  les  seules  essences  qui  poussent  sur  les  bords  de  la  rivière  :  au-dessous  de  ce  qçar,  pas  un 
lieu  habité  où  il  n’y  ait  des  palmiers. 

Ni  Juifs,  ni  marché. 

Distances  :  de  Timzgit  au  Taderoucht  comme  d’Asfalou  à  Aït  Mohammed, 
de  Timzgit  à  Aït  Brahim  comme  de  Taourirt  à  Tinrir. 

Qçar  Kebir  Ait  Brahim  fait  face  à  Qçar  Ait  Brahim. 

De  Qçar  Kebir  Ait  Brahim  à  Tahamdount,  400  mètres. 

TADEROUCHT.  —  Au-dessous  de  ces  4  qcars,  séparée  d’eux  par  un  court  désert,  se  trouve,  sur  l’Quad 
Reris,  l’oasis  de  Taderoucht;  elle  se  compose  d’un  certain  nombre  de  qçars  échelonnés  sur  les  deux 
rives  du  cours  d’eau,  au  milieu  d’une  bande  continue  de  palmiers.  Voici  les  noms  de  ces  localités, 
dans  l’ordre  où  on  les  trouve  en  descendant  la  rivière  : 


Moui  (Qebala) . 

Aourir  (marabouts) . 

Irerrn  n  Cherif  (Qebala) . 

El  Hara  (marabouts  et  Qebala)  .... 
Qcirat  Sidi  Abd  Allah  ou  Ali  (marabouts 

Taziat  (Beràber).  .  .  .' . 

Zenba  (marabouts) . 

El  Bordj  (marabouts) . 


rive  droite, 

200  fusils. 

rive  gauche, 

50 

rive  gauche, 

20 

rive  gauche, 

00 

rive  gauche, 

10 

rive  gauche, 

80 

rive  gauche , 

30 

rive  gauche, 

50 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


300 

Aucun  lien  n'existe  en  temps  habituel  entre  les  divers  qçars  du  Taderoucht.  Chacun  vit  isolément, 
administré  par  son  chikh  el  aam. 

Langue  tamazirt. 

Pas  de  marché. 

Un  mollah. 

Distances  :  du  Reris  au  Taderoucht  comme  de  Tinrir  à  El  Ilara  (Todra). 
d’El  Bordj  à  Moui  comme  de  Taourirt  à  Tinrir. 

RE  RIS.  —  Au-dessous  du  Taderoucht,  séparée  de  lui  par  un  court  désert,  se  trouve,  sur  le  cours 
de  la  même  rivière,  la  grande  oasis  du  Reris.  C’est  une  longue  ligne  de  qçars  échelonnés  sur  les  bords 
de  l’Ouad  Reris,  au  milieu  d’un  ruban  d’épaisses  plantations  de  dattiers.  Voici  l’énumération  de  ces 
qçars,  dans  l’ordre  où  on  les  trouve  en  descendant  le  cours  d’eau;  ils  sont  tous  sur  la  rive  droite  : 


Maggaman  (Berâber). 

30  fusils. 

Ait  Iahia  ou  Otman  (Berâber). 

400 

Gelmima  (Berâber). 

250 

Kherraza  (Berâber). 

50 

Aït  Mouch  (Chellaha  indépendants). 

50 

Takatirt  (Berâber). 

40 

Bou  Tnefit  (Chellaha  indépendants). 

150 

Sidi  Mohammed  ou  El  Hasen  (marabouts). 

30 

Gaouz  Aït  Sidi  Amer  (marabouts). 

25 

Aït  Sidi  Amer  (marabouts). 

50 

Cheurfa  Aqqa  (cherifs). 

50 

Ifsahen  (Chellaha  indépendants). 

100 

Ait  Iaqob  (Chellaha  indépendants). 

40 

Aït  Sidi  Ali  (marabouts). 

30 

Aït  Sidi  Amer  (marabouts). 

30 

Amtoz  (Chellaha  indépendants). 

40 

Aït  Mouh  ou  Iahia  (Chellaha  indépendants). 

80 

Khelil  (Chellaha  indépendants). 

50 

Tourza  (marabouts). 

Tous  ces  qçars  sont  au  bord  même  de  l'ouad,  arrosés  par  la  conduite  dite  sagia  talitia,  «  canal 
inférieur  ».  Il  y  a  encore  5  localités,  situées  à  quelques  centaines  de  mètres  du  cours  d’eau,  sur  la 
même  rive,  alimentées  par  un  autre  canal,  sagia  fouqania,  «  canal  supérieur  ».  Elles  sont  unies  en  un 
seul  groupe  et  fort  rapprochées  les  unes  des  autres;  elles  se  trouvent  vis-à-vis  d’Aït  Iahia  ou  Otman 


et  de  Gelmima.  En  voici  les  noms  : 

Irerrer  (Chellaha  indépendants).  50  fusils. 

Tiouanin  (Chellaha  indépendants).  40 

Zerrara  (Chellaha  indépendants).  40 

Ait  Ketto  (Chellaha  indépendants).  100 

Ait  Hart  (Chellaha  indépendants). 


Les  habitants  du  Reris  sont  indépendants;  chaque  qçar  appartient  à  ceux  qui  l’habitent.  Tous  s’ad¬ 
ministrent  isolément,  comme  dans  le  Ferkla.  L’organisation  en  est  uniforme  :  ils  ont  chacun  leur  chikh 
el  aam.  Aucun  lien  ne  les  unit  entre  eux;  ils  ne  se  joignent  qu'en  cas  de  guerre. 

Les  dattiers  du  Reris  produisent  des  bou  feggouç  et  îles  bou  souaïr. 

Langue  tamazirt. 

Deux  marchés  :  tenîn  et  khemîs  à  Ait  Iahia  ou  Otman. 

Deux  mollahs. 

Distance  :  de  Maggaman  à  Tourza  comme  d’Asfalou  à  Iadouan  (Todra). 


BASSIN  DK  L  OUAI)  ZIZ. 


30 1 


IV.  —  Localités  entre  les  ouads  Todra  et  Reris. 


Entre  les  ouads  Todra  et  Reris,  se  trouvent  trois  petites  localités;  ce  sont,  dans  l’ordre  où  on  les 
trouve  en  allant  du  Todra  à  Oui  Touroug  : 

Taddart  n  Oumira.  —  Petit  qçar  situé  entre  le  Todra  et  le  Reris,  à  quelque  distance  au  sud  du  talus 
de  roche  rose  qui  borde  le  nord  de  la  plaine  entre  ces  deux  oasis.  Population  mélangée  d’Aït  Atta  et 
d’Aït  Melrad.  40  fusils.  Point  de  cours  d’eau;  les  jardins  sont  arrosés  par  des  sources.  On  laisse  ce 
qçar  à  main  gauche  en  allant  du  Ferkla  au  Reris  et  on  ne  l’aperçoit  pas  du  chemin. 

Distances  :  de  Taddart  n  Oumira  au  Ferkla  comme  d'El  Khorbat  à  Oulad  Mammer. 

de  Taddart  n  Oumira  au  Ferkla  comme  2  fois  de  Taourirt  (Todra)  à  Asfalou  (Todra). 
de  Taddart  n  Oumira  au  Todra  comme  2  fois  de  Taourirt  (Todra)  à  Ait  Iidir  (Dàdes). 
de  Taddart  n  Oumira  au  Iîeris  comme  2  fois  de  Taourirt  (Todra)  à  Timatreouin. 

El  Mkhater.  —  Petit  qçar  entouré  de  palmiers  situé,  entre  le  Ferkla  et  le  Iteris,  près  de  Taddart  n 
Oumira. 

Zaouïa  Sidi  El  Houari.  —  Petite  zaouïa  située  au  milieu  de  la  plaine,  entourée  de  jardins  sans  pal¬ 
miers;  l’eau  qui  l’alimente  provient  des  sources  de  Taddart  n  Oumira  et  est  amenée  par  des  canaux. 
On  passe  auprès  d’elle  en  allant  du  Ferkla  au  Reris. 


V.  —  Qçars  du  Sarro. 


Toute  la  région  s’étendant  au  nord  du  Todra ,  de  cette  oasis  à  l’Oussikis ,  est  inhabitée.  C’est  une 
contrée  montagneuse  et  déserte. 

Au  sud  du  Todra,  au  contraire,  dans  le  Petit  Atlas  qui  porte  encore  le  nom  de  Sarro,  il  existe  plu¬ 
sieurs  localités. 

Le  Sarro,  qui  s’étend  du  Mezgîta  au  Dàdes  et  qui  se  prolonge  jusque  auprès  du  Ferkla,  ne  va  pas  plus 
loin  vers  l’est.  Au  delà  du  Ferkla,  ou,  comme  je  le  crois,  le  Petit  Atlas  expire,  ou  du  moins  il  cesse 
de  porter  le  nom  de  Sarro.  Il  existe  plusieurs  qçars  dans  les  flancs  de  cette  chaîne  :  on  les  appelle  les 
qçars  du  Sarro;  en  voici  les  noms  : 

Tagdielt  Ait  Bou  Daoud.  —  Ce  sont  trois  tirremts  qui  ne  sont  point  habitées  d’une  manière  continue, 
et  où  les  Ait  Bou  Daoud  emmagasinent  leurs  biens  tandis  qu’eux-mêmes  vivent  sous  la  tente.  Tag¬ 
dielt  est  arrosée  par  des  sources;  elle  se  trouve  à  la  lisière  sud  de  la  vaste  plaine  d’Anbcd,  dans  un 
repli  de  la  montagne. 

Distances  :  de  Tagdielt  à  Imiter  comme  de  Taourirt  à  Timatreouin. 

de  Tagdielt  à  Tiilit  comme  de  Taourirt  à  Timatreouin. 

Ait  Merset.  —  Une  seule  qaçba  appartenant  aux  Ait  Merset,  fraction  des  Ait  Ounir.  Elle  est  arrosée 
par  des  sources.  Elle  est  située  dans  un  fond,  sur  les  premières  pentes  du  Sarro. 

Distances  :  d’Aït  Merset  à  Tagdielt  comme  d’imiter  à  Timatreouin. 

d’Aït  Merset  à  Imiter  comme  d’imiter  à  Foum  el  Qous. 
d’Aït  Merset  à  Tiilit  comme  d’imiter  à  Taourirt. 

Qçtbat  llemsan.  —  Elles  se  composent  de  4  tirremts.  Des  sources  les  alimentent;  un  cours  d’eau  se 
trouve  auprès,  mais  il  n’a  d’eau  que  lorsqu’il  pleut. 

Distances  :  de  Qcîbat  llemsan  à  Ait  Merset  comme  de  Taourirt  à  Foum  el  Qous. 
de  Qcîbat  llemsan  à  Imiter  comme  de  Taourirt  à  Foum  el  Qous. 
de  Qcibat  llemsan  à  Taourirt  comme  2  fois  de  Taourirt  à  Timatreouin. 
de  Qcîbat  llemsan  à  Tiilit  comme  2  fois  de  Taourirt  à  Timatreouin. 

46 


i;i-:conn\iss\nce  vu  m.yroc. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


3R2 

Ti  n  lourkan.  —  Elle  est  formée  d’un  grand  qçar  et  de  4  tirremts.  Elle  appartient  à  des  Ait  Atta  de 
diverses  fractions,  Ignaouen,  Ait  b  ou  Iknifen,  Ait  Iazza.  Des  sources  l’alimentent.  De  là  part  un  che¬ 
min  qui  se  rend  au  Dra,  par  le  Tazarin  :  deux  jours  de  marche  de  Ti  n  lourkan  au  Tazarin,  deux  au¬ 
tres  de  Tazarin  au  Qtaoua. 

Distances  :  de  Ti  n  lourkan  à  Qcîbat  Ilemsan  comme  de  Taourirt  à  Foum  el  Qous. 
de  Ti  n  lourkan  à  Tiilit  comme  de  Taourirt  à  Ait  Iidir  (Dâdes). 
de  Ti  n  lourkan  à  Taourirt  comme  de  Taourirt  à  Imiter. 

Irerman  Azdar.  —  Elle  est  formée  de  4  tirremts  et  habitée,  comme  Ti  n  lourkan,  par  des  Ait  Atta 
de  diverses  fractions.  Des  sources  l’alimentent. 

Distances  :  d’Jrerman  Azdar  à  Ti  n  lourkan  comme  2  fois  de  Taourirt  à  Asfalou. 
d’Irerman  Azdar  à  Taourirt  comme  de  Taourirt  à  Imiter. 
d’Irerman  Azdar  à  Qcîbat  Ilemsan  comme  de  Taourirt  à  Foum  el  Qous. 

Point  de  dattiers  dans  le  Sarro;  à  tous  les  qçars  que  nous  venons  de  citer,  il  y  a  pour  toute  verdure 
quelques  cultures  de  céréales  et  de  maigres  jardins,  comme  à  Imiter. 

Pas  de  marché,  ni  de  Juifs. 


3°.  —  BER  A  BER. 


Les  Berâber,  dont  le  nom  est  si  célèbre,  sont  une  grande  tribu,  la  plus  puissante  du  Maroc.  Elle 
couvre  de  ses  tentes  le  vaste  quadrilatère  compris  entre  l’Ouad  Ziz,  l'Ouad  Dâdes  et  TOuad  Dra,  pos¬ 
sède  une  foule  de  qçars  sur  ces  trois  cours  d’eau  et,  dépassant  ces  limites,  s’étend  au  nord  sur  des 
portions  du  versant  septentrional  du  Grand  Atlas.  Au  sud,  aucune  tribu  ne  la  borne  :  ses  campements 
s'avancent  jusqu’au  seuil  du  Grand  Désert,  ses  rezous,  terreur  du  Sahara,  le  parcourent  jusqu'au  Sou¬ 
dan.  Gomme  les  Ida  ou  Blal,  les  Berâber  font  métier  d’escorter  et  de  piller  les  caravanes  sur  la  route 
de  Timbouktou.  A  Test  et  à  l’ouest,  ils  débordent  en  quelques  points  au  delà  des  fleuves  qui  leur  ser¬ 
vent  de  frontières  naturelles,  et  s’étendent  au  nord-est  sur  le  haut  cours  du  Gir,  au  sud-ouest  jus¬ 
qu’aux  Ida  ou  Blal. 

Les  Berâber  sont  Imaziren  et  ne  parlent  que  le  tamazirt.  Un  certain  nombre  sont  sédentaires  ;  la 
plupart,  de  beaucoup,  sont  nomades.  Ils  se  divisent  en  deux  grandes  branches,  les  Ait  Atta  et  les  Ait 
Iafelman;  chacune  d’elles  se  subdivise  elle-même  en  de  nombreuses  fractions.  En  temps  ordinaire,  ces 
fractions  se  gouvernent  isolément,  tout  petit  groupe,  tout  qçar  ayant  son  chikh  el  aam,  magistrat  élu, 
se  renouvelant  chaque  année,  possesseur  d’une  autorité  fort  limitée.  En  cas  d’affaire  grave,  on  se  con¬ 
certe,  soit  dans  les  différentes  parties  d’une  fraction,  soit  plusieurs  fractions  ensemble,  soit  tout  un 
groupe,  soit  la  totalité  des  Berâber  :  alors  on  s’assemble  partout,  on  nomme  des  députés  qui  se  réunis¬ 
sent  en  djemaaa  générale,  délibèrent  et  décident.  En  1882,  rassemblée  générale  des  Berâber  s’est,  dit-on, 
réunie;  elle  était  composée  de  délégués  de  toutes  les  fractions  et  formait  un  total  de  près  de  1000  per¬ 
sonnes.  Ce  fait  a  lieu  rarement  ,  car  presque  toujours  la  discorde  règne  parmi  les  Berâber  :  lors  de 
mon  passage,  Ait  Atta  et  Ait  Iafelman  étaient  en  hostilités,  et  les  Ait  Atta  étaient  divisés  entre  eux.  En 
cas  de  guerre  générale,  les  Berâber  élisent  un  chikh  unique  dont  l’autorité  est  illimitée;  dans  les  guer¬ 
res  particulières,  chaque  parti  agit  de  même. 

Voici  la  décomposition  des  Berâber  : 


BASSIN  DE  L’OUAD  ZIZ. 


363 


Ait  Zemroui.. 


Aït  b  ou  Iknifen  (Dra,  Oussikis,  Tazarin,  désert)  . 

Ilemsan  (Ternata,  Dàdes,  désert) . 

Ignaouen  (Qtaoua,  Dâdes,  désert) . 

Ait  Aïssa  ou  Brahim  (auxquels  appartiennent  les 
Izknasen)  (Fezouata,  Dàdes,  désert) . 


1  500  fusils. 
300 
500 

500 


Aït  Ounir  (Dra,  Dàdes,  désert) .  800 


Aït  Atta . 


Aït  Hachchou  J 


Kheb 


Berâber 


Ait  Isfoul  (Fezouata,  Dàdes,  désert) . 

Aït  Bou  Daoud  (Qtaoua,  Dâdes,  Tazarin,  désert). 

Ait  Khelifa  (Igli,  Oui  Touroug,  au-dessous  du 

Ferkla) . 

Ouchchan  (aux  environs  du  Tafilelt)  . 

Aït  El  Fersi  (au-dessous  du  Todra).  . 

Ait  Ounbegi  (ils  portent  aussi  le  nom  d’Aït 
bach  (ou  Kliebbas)  (Dra,  Reteb,  désert). 

Aït  Iazza  (qçar  au  sud  du  Todra,  désert). 

Aït  ou  Allai  (desquels  font  partie  les  Aït  Alouan , 

les  Aït  b  Oulman,  les  Imsouffa) . 

Izligen  (Qtaoua) . 

Les  Aït  Hediddou  n'ont  pas  d’autres  qçars  que 
ceux  qui  ont  été  mentionnés  plus  haut;  très 
grand  nombre  de  tentes;  3000  fantassins  et 
600  chevaux. 

Aït  labia  (ils  ne  possèdent  comme  qçars  que  ceux  qui  ont  été  mentionnés  plus 
haut,  mais  ont  un  très  grand  nombre  de  tentes.  Ils  s’étendent  jusqu’aux  Aït 
Seri  et  jusque  près  des  Ichqern,  sur  les  pentes  nord  de  l’Atlas.  Leur  terri¬ 
toire  est  tout  entier  en  montagne.  4000  fantassins  et  40  chevaux). 

Les  Ait  Melrad  habitent  le  haut  cours  de 
l'Ouad  Dàdes,  tout  l’Ouad  Reris,  les 


1  000 
500 

150 

200 

30 

2000 

1500 

2000 

80 


Aït  Hediddou 


Aït  Brahim 
Aït  Amer. . 
Aït  Iazza... 


Aït  Iafelman 


Aït  Melrad 


Aït  Mhammed . 

Aït  Amer  ou  Mançour 

Aït  Ioub . 

Aït  Mesri . 

Irbiben . . 


déserts  montagneux  avoisinant  cette 

rivière  et  le  Ferkla;  leur  limite  sud 

est  presque  partout  le  talus  de  roche 
rose  qu’on  voit  d’imiter  au  Todra  et 
de  là  au  Reris.  Les  Aït  Melrad  sont 
très  nombreux. 

Aït  Ali  ou  Brahim  (campant  vers  Tounfid). 

Aït  Izdeg  (ils  possèdent  en  qçars  ceux  qui  ont  été  mentionnés  et  ceux  qui  le 

seront  plus  bas  dans  les  bassins  du  Gir  et  de  la  Mlouïa;  de  plus,  ils  ont  un 

très  grand  nombre  de  tentes.  3000  fantassins  et  500  chevaux). 

Aït  Aïssa  bou  Hamar  (résidant  sur  l’Ouad  Gir  et  dans  ses  environs;  qçars  et 
tentes;  2000  fantassins  et  200  chevaux). 

Aït  Kratikhsen  (habitant  vers  le  Ferkla  et  vers  Asif  Melloul). 

Aït  Aïach  (ils  ont  des  qçars  sur  l’Ouad  Ait  Aïach  et  des  tentes  auprès  de  cette 
rivière,  de  l’Ouad  Outat  Aït  Izdeg  et  de  la  Mlouïa.  Ils  sont  limitrophes  des 
Béni  Mgild.  800  fantassins  et  40  chevaux). 


i".  —  ITINÉRAIRES. 

I.  —  DU  TADEROUCHT  AL  ZIZ.  —  Il  existe  un  chemin  menant  du  Taderoucht  au  district  du 
Ziz.  Du  Taderoucht  on  gagne  El  Haroun  (qçar  isolé,  sans  palmiers,  appartenant  aux  Aït  Melrad;  30  fu¬ 
sils).  D’El  Haroun  on  passe  à  El  Bordj  (qçar  isolé,  sans  palmiers,  appartenant  aux  Aït  Melrad;  20  fusils). 
D’El  Bordj  on  va  à  Zaouïa  Sidi  Bou  Qil,  dans  le  district  du  Ziz.  Entre  ces  divers  points,  la  région  qu’on 
traverse  est  montagneuse  et  déserte. 

Distances  :  du  Taderoucht  à  El  Haroun  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Aït  Otman. 
d'El  Haroun  à  El  Bordj  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Aït  Otman. 
d’El  Bordj  à  Zaouïa  S.  Bou  Qil  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Tamerrakecht. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


364 

II.  —  DU  TODRA  AU DRA  PAR  LE  TAZARIN.  —  Il  y  a  5  jours  de  roule.  Voici  l’itinéraire  qu’on 


suit  : 


Ie'-  ow.  —  Du  Todra  au  Sarro.  On  fait  gîte  dans  un  des  qçars  du  Sarro,  Ti  n  Iourkan  ou  Irerman 
Azdar,  par  exemple.  On  a  marché  jusque-là  dans  le  désert. 

2°  jour.  —  Du  qçar  où  l’on  a  passé  la  nuit  à  Foum  Aserts.  On  donne  ce  nom  à  un  klieneg  désert  où 
campent  en  hiver  des  Ait  Atta.  Une  rivière  le  traverse;  elle  a  habituellement  de  l'eau  dans  son  lit;  au¬ 
cun  lieu  habité  n’est  sur  son  cours.  Ce  second  jour  encore,  on  marche  sans  cesse  dans  le  désert. 

3 *  jour.  —  De  Foum  Aserts  au  Tazarin.  Chemin  désert  toute  la  journée. 

Le  Tazarin  est  une  longue  oasis,  plus  grande  et  plus  peuplée  que  le  Todra,  mais  lui  ressem¬ 
blant  d’ailleurs  de  tout  point  :  une  double  chaîne  de  qçars  s’échelonne  sur  les  deux  bords  d’une  ri¬ 
vière,  au  milieu  d’un  ruban  de  palmiers.  Une  partie  des  localités  du  Tazarin  appartient  à  des  Ghellaha 
indépendants,  l’autre  à  des  Ait  Atta  de  diverses  fractions,  Ait  Bou  Daoud,  Ait  ou  Allai,  Ait  b  ou  Iknifen. 

Les  principaux  qçars  du  Tazarin  sont,  en  descendant  l’ouad  :  Ikhf  n  Orri ,  Ait  Saïd,  Qcîba  Ait  Bou 
Daoud,  Qcîba  Ignaouen,  Ait  Abbarioul,  Tamda,  Ait  Sidi  Msad,  Ait  Gennoun,  Ida  Khennioun. 

Langue  tamazirt. 

Marché  permanent  à  Ait  Abbarioul.  C’est  le  seul. 

Pas  de  Juifs.  Mellah  détruit  à  Ait  Abbarioul. 

4e jour.  —  Du  Tazarin  à  Foum  Tizi  n  Dra.  Il  n’y  a  pas  un  lieu  habité  sur  le  chemin  du  Tazarin  au  Dra; 
tout  le  trajet  se  fait  dans  le  désert.  On  n’est  plus  ici  dans  la  chaîne  du  Sarro;  ou  en  est  sorti  au  Taza¬ 
rin.  Foum  Tizi  n  Dra  est  un  point  d’eau  :  pas  de  rivière,  mais  une  source  :  ce  lieu  est  fréquenté  en 
hiver  par  des  Ait  Atta  nomades;  le  reste  de  l’année,  il  est  désert. 

5e  jour.  —  De  Foum  Tizi  n  Dra  au  Qtaoua. 


Distances  :  de  Ti  n  Iourkan  à  Foum  Aserts  comme  deux  fois  de  Taourirt  à  Timatreouin. 


de  Foum  Aserts  au  Tazarin  comme  deux  fois  de  Taourirt  à  Timatreouin. 
de  Foum  Tizi  n  Dra  au  Qtaoua  comme  de  Taourirt  à  Ait  lidir. 


5°.  —  SOURCES  DE  L’OUAD  GIR. 


OUAD  GIR  —  L  (  )uad  Gir  prend  naissance.au  Djebel  Chouf  Agmar,  près  du  Djebel  El  Abbari. 
Voici  les  premiers  qçars  qu’on  rencontre  sur  son  cours,  en  le  descendant  à  partir  de  sa  source  : 

RIVE  DROITE  ! 


Tiouzzagin  (Ait  Izdeg). 
Tit  n  Ali  (Qebala). 
Mogger  (Qebala). 


RIVE  GAUCHE  : 


Talbarit  (Qebala). 
El  Heri  (Qebala). 
Tagrirt  (Qebala). 


1 00 
300 
10(1 
000 
400 
150 
50 
00 
100 


00  fusils. 


Tizgi  n  Gerrama  (Ait  Izdeg). 


Toulal  (Ait  Izdeg). 


Mellaha  (Ait  Izdeg). 

Batnou  (Ait  Aïssa  Bou  Hamar). 
Irara  (Qebala). 

Keddoucha  (Ait  Aïssa  Bou  Hamar). 
El  Geraan  (Ait  Aïssa  Bou  Hamar). 


que  qçar  en  appartient  à  ses  habitants,  Qebala,  Ait  Izdeg  ou  Ait  Aïssa. 
Langue  tamazirt. 

Pas  de  marché. 


Deux  mellahs. 


BASSIN  DE  L’OUAD  VA/. 


365 


Distances  :  de  Tiouzzagin  à  Mogger  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Ait  ou  Alil. 

de  Talharit  à  El  Geraan  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Qçar  es  Souq. 
de  Talharit  à  Mogger,  quelques  centaines  de  mètres. 

De  Mellah  Tiallalin  on  peut  aller  directement  à  Talharit.  Entre  ces  deux  points  s’étend  une  vaste 
plaine  déserte  que  nous  avions  à  notre  droite  en  traversant  le  district  du  Tiallalin;  elle  s’étend  jus¬ 
qu’à  l'Ouad  Gir  et  porte  le  nom  d’Outa  n  Sema. 

Distance  :  de  Mellah  Tiallalin  à  Talharit  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Ait  Otman. 


Il  y  a  un  chemin  conduisant  du  district  du  Gir  à  Misour,  en  remontant  la  vallée  de  l’Ouad  Gir. 


AFFLUENT.  —  Parmi  ses  affluents,  l’Ouad  Gir  en  reçoit  un  dont  la  source  n’est  pas  éloignée  de  la 
sienne  :  c’est  l'Ouad  Béni  Mesri.  Nous  allons  dire  quelques  mots  de  son  cours  supérieur. 

Ouad  Béni  Mesri.  —  Il  prend  sa  source  aux  crêtes  du  Grand  Atlas.  11  arrose  plusieurs  qçars  dans 
la  partie  haute  de  son  cours;  voici  les  principaux,  dans  l'ordre  où  on  les  trouve  en  descendant  : 

El  Bour  (Qebala) . rive  droite,  100  fusils. 

Aït  Iahia  ou  Aïssa  (marabouts) . rive  droite,  100 

Ait  Aïssa  ou  Ali  (Qebala) . rive  gauche ,  30 

Takhoualt  (Qebala) . rive  droite,  120 

Ait  Heddou  (Aït  Aïssa)  (Berâber) . rive  droite,  50 

Aït  Mohammed  (Aït  Aïssa) . rive  droite,  100 

Bou  Chiba  (Aït  Aïssa) . rive  gauche,  30 

Tirza  (Aït  Aïssa) . rive  droite  ,  00 

Béni  Tzit  (Qebala) . rive  gauche ,  300 

Aït  latin  (Qebala) . rive  droite,  80 


Ces  divers  qçars  n’ont  entre  eux  aucun  lien  politique  :  chacun  appartient  à  ses  habitants,  Qebala,  ma¬ 
rabouts  ou  Ait  Aïssa.  Ceux  qui  sont  compris  entre  Ait  Iahia  ou  Aïssa  et  Tirza,  ces  deux  localités  inclu¬ 
ses,  portent  le  nom  collectif  de  Béni  Mesri. 

Langue  tamazirt. 

Marché  permanent  à  Béni  Tzit. 

Un  mellah. 

Pour  se  rendre  de  Qçâbi  ech  Cheurfa  à  El  Bour,  on  gagne  d’abord  Tanslemt;  puis  on  franchit  l’Atlas 


et  on  descend  à  El  Bour. 


Distances  :  de  Tanslemt  à  El  Bour  comme  d’Aït  Çaleh  au  Gers, 
de  Aït  latin  à  Aïn  Chaïr  2  jours. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


366 


VI. 


BASSIN  DE  L'OUAD  MLOUIA. 


U’.  —  COURS  DE  LA  MLOUIA. 


La  Mlouïa  prend  sa  source  dans  le  désert  appelé  Khela  Mlouïa,  sur  le  territoire  des  Béni  Mgild. 
Puis  elle  coule  durant  assez  longtemps  en  arrosant  les  terres  de  cette  tribu. 

Elle  les  quitte  au  point  où  elle  reçoit  l’Ouad  Outat  Ait  ïzdeg;  ce  confluent  est  la  limite  entre  les 
Béni  Mgild  d’une  part,  les  Ait  Ioussi  et  les  Ait  ou  Afella  de  l’autre  :  ceux-ci  possèdent  la  rive  droite  du 
Heure,  ceux-là  ont  la  gauche.  Dans  cette  partie  de  son  cours,  la  Mlouïa  se  déroule  au  milieu  d’une  large 
plaine;  elle  a  déjà  beaucoup  d’eau,  mais  ses  rives  sont  à  peu  près  désertes  :  des  tribus  entre  lesquelles 
elle  coule,  la  première  n’a  aucun  établissement  sur  ses  bords,  ni  même  dans  sa  vallée,  et  ne  vient  que 
rarement  planter  ses  tentes  ou  faire  paître  ses  troupeaux  le  long  de  ses  eaux;  la  seconde,  peu  nom¬ 
breuse,  possède  quelques  qçars  dans  la  vallée,  mais  n’en  a  qu’un  sur  les  rives  mêmes  du  fleuve;  ce 
qçar,  Abouli  (50  fusils;  rive  droite) ,  est  situé  à  peu  de  distance  au-dessous  du  confluent  de  l’Ouad  Outat 
Ait  ïzdeg.  Abouli  est  le  seul  point  habité  du  cours  de  la  Mlouïa  entre  ce  confluent  et  Qçàbi  echCheurfa. 

Au-dessous  d’Ahouli ,  après  avoir  coulé  dans  le  désert ,  en  formant  limite  entre  les  Ait  Ioussi  et  les 
Ait  ou  Afella,  la  Mlouïa  se  borde  subitement  de  cultures,  de  jardins  et  de  qçars  :  c’est  le  district  de 
Qçàbi  ech  Cheurfa.  A  cet  endroit  le  fleuve  coule  au  fond  d’une  tranchée,  profonde  d’environ 40  mètres 
et  large  de  1500.  C'est  cette  tranchée  qui,  remplie  sans  interruption  de  plantations  et  de  jardins  sur 
une  longueur  de  plus  de  15  kilomètres  et  semée  de  nombreux  qçars,  forme  le  district  de  Qçàbi  ech 
Cheurfa.  Celui-ci  ne  s’étend  pas  ailleurs  et  se  compose  des  seules  rives  du  fleuve,  sans  déborder  dans 
sa  vallée.  Des  deux  côtés  du  district,  la  vallée,  de  plus  en  plus  plate  et  de  plus  en  plus  large,  est  occu¬ 
pée  par  les  mêmes  tribus  qu’un  peu  plus  haut,  Aïl  Ioussi  à  gauche,  Ait  ou  Afella  à  droite.  Le  district 
les  sépare  comme  les  séparaient  auparavant  les  eaux  du  fleuve. 

Après  être  sortie  de  Qçàbi  ech  Cheurfa,  et  avant  d’entrer  dans  le  désert,  la  Mlouïa  arrose  encore  deux 
qçars  :  ils  font  suite  au  district  d’El  Qçàbi,  mais  n'en  dépendent  pas;  ce  sont,  d’abord  Tamdafelt  (rive  gau¬ 
che  ;  120  fusils),  puis  plus  bas  Izerran  (rive  droite  ;  30  fusils).  Le  premier  appartient  aux  Aït  ou  Afella,  le 
second  aux  Aït  ïzdeg.  Les  rives  du  fleuve,  au  fond  de  l’encaissement  où  il  coule,  ne  cessent  pas  un  ins¬ 
tant,  entre  Qçàbi  ech  Cheurfa  et  Tamdafelt,  comme  entre  Tamdafelt  et  Izerran,  d’être  garnies  de  cul¬ 
tures.  Quant  à  la  vallée,  elle  appartient  toujours,  d'un  côté  aux  Aït  Ioussi,  de  l’autre  aux  Aït  ou  Afella. 

Au-dessous  d’Izerran,  la  Mlouïa  rentre  dans  le  désert;  elle  continue  à  couler  entre  deux  tribus  :  les 
Aït  Ioussi  sont  encore  à  gauche;  mais  ce  sont  les  Oulad  Khaoua  qui  occupent  à  présent  la  rive  droite  : 
ils  succèdent  ici  aux  Aït  ou  Afella.  La  Mlouïa  est  toujours  dans  sa  tranchée,  de  même  largeur  et  de 
même  profondeur  qu’à  Qçàbi  ech  Cheurfa,  mais  déserte;  les  riantes  cultures  y  sont  remplacées  par 
d'épais  taillis  de  tamarix  au  milieu  desquels  serpentent,  avec  mille  détours,  les  eaux  jaunes  du  fleuve. 
D’Izerran  à  Misour,  la  Mlouïa  coule  ainsi,  entre  les  deux  mêmes  tribus.  Sur  ce  long  espace,  sa  vallée, 
immense  plaine,  est  habituellement  déserte  du  côté  des  Aït  Ioussi,  semée  de  quelques  campements  du 


BASSIN  DE  L’OUAD  MLUU1A. 


367 


côté  des  Oulad  Ivhaoua.  Son  cours  n’a  que  deux  points  habités,  deux  qçars  situés  assez  loin  l'un  de 
l'autre,  isolés  chacun  sur  ses  bords,  où  ils  coupent  un  instant  le  long  ruban  de  tamarix;  tous  deux  ap¬ 
partiennent  aux  Oulad  Kbaoua  ;  ils  se  nomment,  l’un  Megdoul,  l’autre  El  Bridja.  Le  premier  est  le 
plus  haut,  il  est  situé  sur  la  rive  droite  et  se  compose  de  40  maisons  ;  El  Bridja  est  à  onze  kilomètres 
plus  bas,  sur  la  rive  gauche;  elle  a  à  peine  13  ou  20  feux.  Le  bois  de  tamarix  qui  remplit  l’encaisse¬ 
ment  du  lleuve  porte,  entre  Megdoul  et  El  Bridja,  le  nom  de  Raha  Oumm  el  Lefa. 

Ainsi  coule  la  Mlouïa  jusqu’à  Misour.  Ce  lieu  est  un  groupe  de  10  à  12  qçars  entourés  d’admirables 
jardins,  situé  au  conlluent  de  la  Mlouïa  et  de  l’Ouad  Souf  ech  Ghcrg,  tributaire  de  sa  rive  gauche.  Les 
qçars  de  Misour  sont  tous  sur  l’Ouad  Souf  ech  Cberg,  à  l’exception  d’un  seul,  Igli,  qui  se  trouve  sur  la 
Mlouïa.  Il  s’élève  sur  sa  rive  gauche,  un  peu  au-dessous  du  confluent;  c’est  une  localité  importante, 
pouvant  lever  300  fusils.  Elle  est  située  au  bord  même  du  fleuve,  au  fond  de  la  tranchée  où  il  a  coulé 
jusqu’ici  et  où  il  continuera  à  être  jusqu’à  Outat  Oulad  el  Hadj. 

A  hauteur  de  Misour  finissent  les  territoires  des  Ait  Ioussi  et  des  Oulad  Kbaoua.  En  les  quittant,  la 
Mlouïa  entre  sur  celui  des  Oulad  el  Hadj;  cette  puissante  tribu  occupe  tout  le  fond  de  sa  vallée,  sur 
les  deux  rives  :  la  vallée  est  ici  une  plaine  immense,  nue  et  déserte,  triste  région  rappelant  les  Hauts 
Plateaux  d’Algérie.  Le  fleuve  coule  au  milieu,  caché  au  fond  de  son  encaissement,  que  remplissent  tou¬ 
jours  des  tamarix  touffus.  Il  demeure  ainsi  de  Misour  à  Outat  Oulad  el  Hadj.  Sur  cette  portion  de  son 
cours,  il  baigne  un  seul  lieu  habité,  Touggour,  petit  village  situé  sur  sa  rive  même,  du  côté  gauche  : 
le  hameau  se  compose  d’environ  30  habitations,  occupées  par  des  cherifs,  descendants  de  Moulei  Iaqob 
ben  Selîman,  et  d’une  qoubba,  mausolée  de  ce  saint.  Touggour  est  située  à  peu  près  à  mi-distance  de 
Misour  à  Outat  Oulad  el  Hadj.  Elle  coupe  ainsi  la  longue  ligne  de  tamarix  qui,  au-dessus  et  au-dessous 
d’elle,  garnit  l’excavation  du  fleuve,  en  deux  parties  presque  égales.  Elles  ont  chacune  leur  nom  :  de 
Misour  à  Touggour,  c’est  Raba  Sidi  Abd  el  Ouahad,  ainsi  appelée  d’une  qoubba  qui  s’y  trouve  ;  de 
Touggour  à  Outat  Oulad  el  Hadj ,  c’est  Raba  el  Aricb. 

Outat  Oulad  el  Hadj  est  un  groupe  d’environ  30  qçars  unis  entre  eux  et  enveloppés  par  de  superbes 
jardins;  il  est  situé  au  confluent  de  la  Mlouïa  el  de  l'Ouad  Chegg  el  Ard,  son  tributaire  de  gauche.  Les 
jardins  de  cette  sorte  d’oasis  touchent  au  lleuve,  mais  aucune  localité  n’est,  sur  son  cours;  toutes  sont 
sur  l’Ouad  Chegg  el  Ard. 

Au-dessous  d’Outat  Oulad  el  Hadj ,  la  Mlouïa  demeure  encore  longtemps  sur  le  territoire  des  Oulad 
el  Hadj.  La  vallée  tout  entière  leur  appartient  jusqu’au  petit  centre  d’Oulad  Hamid.  Dans  cette  nou¬ 
velle  portion,  la  vallée  et  les  rives  de  la  Mlouïa  sont  un  peu  différentes  de  ce  qu’elles  étaient  aupara¬ 
vant.  La  vallée  est  toujours  une  vaste  plaine,  mais  elle  est  moins  large  :  elle  avait  plus  de  30  kilomètres 
à  hauteur  de  Misour,  elle  n’en  a  que  20  à  El  Outat  et  ne  cesse  de  se  rétrécir  jusqu’à  Oulad  Ilamid.  Elle 
reste  déserte,  avec  çà  et  là  de  rares  campements  de  nomades.  Quant  au  fleuve,  à  partir  d’El  Outat,  il 
n’est  plus  encaissé  et  coule  au  niveau  de  la  plaine  ;  plus  de  tamarix  sur  ses  bords.  Encore  désert  pen¬ 
dant  une  grande  partie  de  son  cours,  il  se  garnit  de  qçars  de  distance  en  distance;  ces  qçars  sont,  en 
le  descendant  :  Oulad  Jerrar  (rive  droite;  20  fusils),  Bardad  (rive  gauche;  40  fusils),  Oulad  El  Hasen 
(rive  droite;  40  fusils),  Ez  Zaouïa  (rive  droite;  40  fusils),  Oulad  Sidi  Ben  Aïada  (rive  gauche;  30  fusils), 
Zerzaïa  (rive  gauche;  80  fusils),  Oulad  Sidi  Bou  Iaqob  (rive  droite;  30  fusils),  Oulad  Hamid  (petite 
qaçba  entourée  de  tentes  et  de  buttes  réparties  sur  les  deux  rives  du  fleuve;  200  fusils).  Il  y  a  environ 
47  kilomètres  d’El  Outat  à  Oulad  Jerrar.  Les  autres  localités  s’échelonnent  au-dessous,  ayant  tantôt 
peu ,  tantôt  beaucoup  de  distance  entre  elles.  Les  qçars  d’Oulad  Sidi  Ben  Aïada  et  d’Oulad  Sidi  Bou 
Iaqob  sont  peuplés  de  marabouts,  celui  de  Zerzaïa  de  Qebala,  les  autres  d’Oulad  el  Hadj.  Tous  appar¬ 
tiennent  à  celte  tribu.  Les  espaces  qui  les  séparent  sont  déserts,  excepté  d’Oulad  Sidi  Bou  Iaqob 
à  Oulad  Hamid;  entre  ces  deux  points,  les  bords  du  fleuve  sont  sans  interruption  garnis  de  cultures. 

En  sortant  du  territoire  des  Oulad  el  Hadj ,  la  Mlouïa  passe  à  Refoula.  G’esf  une  petite  qaçba  entou¬ 
rée  d’un  certain  nombre  de  tentes  qui,  comme  celles  d’Oulad  Hamid,  comme  celles  du  Za,  de  l'Ouad 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


308 

Mesegmar,  sont  là  constamment,  aussi  fixes  que  des  maisons.  Refoula  appartient  aux  Hallaf,  bien  que  le 
gros  de  cette  tribu  soit  plus  bas,  séparé  d’elle  par  les  Houara.  D'Oulad  Hamid  à  Refoula,  les  bords 
du  fleuve  ne  cessent  d’être  couverts  de  cultures. 

De  Refoula,  la  Mlouïa  entre  sur  le  territoire  des  Houara.  Cette  tribu  en  occupe  les  deux  rives  et  par¬ 
court  la  vaste  plaine  au  milieu  de  laquelle  elle  coule.  La  vallée,  après  s’être  beaucoup  rétrécie  aux  en¬ 
virons  d’Oulad  llamid,  resserrée  entre  les  monts  des  Riata  et  les  monts  Debdou,  s’élargit  ensuite  subi¬ 
tement  :  les  montagnes  font  place  à  d’immenses  plaines,  le  Tafrâta,  l’Angad,  le  Joli,  le  Raret;  le  fleuve 
coule  à  leur  niveau;  on  ne  voit  plus  de  limite  à  sa  vallée.  C’est  dans  ces  plaines,  sur  les  deux  rives  de 
l’ouad,  que  campent  les  Ilouara.  Nomades,  ils  n’ont  que  deux  établissements  lixes  au  bord  du  fleuve; 
ce  sont  deux  qaçbas,  Gersif  (ou  Agersif)  et  Oulad  Hammou  ou  Mousa.  La  première,  très  ancienne, 
mais  délabrée  aujourd’hui,  commande  un  gué  important;  elle  appartient  à  la  fraction  des  Oulad  Me- 
saoud  ;  la  seconde  est  à  une  certaine  distance  au-dessous  de  la  première;  toutes  deux  sont  sur  la  rive 
gauche.  A  défaut  d’habitations  lixes  sur  la  Mlouïa,  les  Houara  y  ont  un  certain  nombre  de  tentes  et 
beaucoup  de  cultures.  Ils  ont  divisé  le  cours  du  fleuve  entre  leurs  diverses  fractions;  chacune  en  pos¬ 
sède  un  (ronron,  où  elle  laboure  au  bord  de  l’eau  et  où  elle  campe  pendant  une  partie  de  l’année; 
voici,  en  descendant  l’ouad,  en  quel  ordre  les  fractions  des  Houara  s’y  succèdent  :  Atamna,  Oulad  Se- 
dira,  Mezarcha,  Zergan,  Oulad  Mesaoud,  Oulad  Hammou  ou  Mousa.  Tant  que  la  Mlouïa  est  sur  le  ter¬ 
ritoire  des  Houara,  et  depuis  Refoula,  les  deux  côtés  ne  cessent  d’en  être  garnis  de  cultures. 

Des  Houara,  la  Mlouïa  passe  chez  les  Hallaf;  ce  sont  encore  des  nomades;  ils  occupent  les  deux 
rives  du  fleuve  et  les  plaines  qui  le  bordent.  Chez  eux,  pas  une  seule  construction  sur  son  cours;  mais 
il  ne  cesse  d’être  garni  de  cultures  tout  le  temps  qu’il  demeure  sur  leur  territoire.  Celui-ci  succédant 
immédiatement  au  territoire  des  Houara,  les  plantations  ne  s’interrompent  pas  entre  les  deux  tribus  : 
ainsi  depuis  Oulad  Sidi  Bou  Iaqob,  chez  les  Oulad  el  Hadj,  jusqu’au  point  le  plus  bas  des  Hallaf,  les 
deux  rives  de  la  Mlouïa  sont  constamment  cultivées.  Comme  les  Houara,  les  Hallaf  ont  partagé  le  cours 
du  fleuve  entre  leurs  diverses  fractions;  voici,  en  le  descendant,  dans  quel  ordre  elles  s’y  suivent  : 
Oulad  Rehou,  Medafra,  Oulad  Sidi  Mohammed  bel  Hoseïn  (cherifs),  Oulad  Mahdi,  El  Arba,  Oulad  So¬ 
liman. 

En  sortant  de  chez  les  Hallaf,  la  Mlouïa  entre  chez  les  Béni  Oukil.  C’est  une  tribu  de  marabouts, 
n’ayant  que  des  tentes,  mais  installés  toujours  aux  mêmes  lieux  et  ne  quittant  pas  les  bords  du  fleuve 
dont  ils  possèdent  les  deux  rives.  Ils  se  divisent  en  trois  fractions  :  chacune  d’elles  campe  groupée  en 
un  point  déterminé  du  cours  de  la  Mlouïa.  Ces  trois  points  sont  espacés  à  environ  13  kilomètres  les 
uns  des  autres;  on  n’a  pu  me  dire  le  nom  de  la  fraction  qui  est  le  plus  haut,  la  seconde  s’appelle  El 
Khorb,  la  plus  basse  Oulad  çl  Bacha.  Entre  ces  trois  groupes,  comme  entre  le  premier  et  la  frontière 
des  Hallaf,  le  fleuve  est  désert  ;  plus  de  cultures  sur  ses  bords. 

Au-dessous  des  Béni  Oukil,  la  Mlouïa  coule  dans  le  désert  jusqu’à  son  embouchure  dans  la  Méditer¬ 
ranée;  dans  cet  espace,  ni  lieu  habité  ni  plantations  sur  ses  rives.  Cette  dernière  portion  de  son 
cours  est  étroitement  resserrée  entre  deux  chaînes  de  montagnes,  l’une  à  droite  habitée  par  les  Béni 
Iznaten,  l’autre  à  gauche  occupée  par  les  Kebdana. 

Distances  :  de  Qaçba  el  Makhzen  (Qçâbi  ech  Cheurfa)  au  confluent  de  la  Mlouïa  et  de  l’Ouad  Outat  Ait  Izdeg 
comme  de  Kerrando  à  Nezala. 

de  Qaçba  el  Makhzen  (Qçàbi  ech  Cheurfa)  au  qçar  le  plus  haut  du  district  comme  d’Aït  Çaleh  à 
Mellah  Tiallalin. 

de  Qaçba  el  Makhzen  (Qçâbi  ech  Cheurfa)  au  qçar  le  plus  bas  du  district  comme  2  fois  d’Aït 
Çaleh  à  Mollah  Tiallalin. 

de  Qaçba  el  Makhzen  (Qçàbi  ech  Cheurfa)  à  Ahouli  comme  d’Aït  Çaleh  au  Gers. 

de  Qaçba  el  Makhzen  (Qçâbi  ech  Cheurfa)  à  Megdoul  comme  d’Aït  Otman  à  Mellah  Tiallalin. 

de  Qçâbi  ech  Cheurfa  à  Izerran  comme  d’Aït  ou  Alil  à  Mellah  Tiallalin. 

de  Megdoul  à  El  Bridja  comme  d’El  Bridja  à  Misour. 

du  confluent  de  la  Mlouïa  et  de  l’Ouad  Souf  ech  Cherg  à  Igli  comme  d’Aït  ou  Alil  à  Mellah  Tiallalin. 


BASSIN  DG  L’OUAD  MLOÜIA. 


369 


d'Igli  à  Touggour  comme  du  Gers  à  Nezala. 
de  Touggour  à  Outat  Oulad  el  Hadj  comme  du  Gers  à  Nezala. 
d’El  Arzan  à  Oulad  Jerrar  comme  d’Aït  Otman  à  Qçar  es  Souq. 
d’Oulad  Jerrar  à  Bardad  comme  d’Aït  Çaleh  à  Mellah  Tiallalin. 

Oulad  El  Hasen  est  en  face  de  Bardad. 

Ez  Zaouïa  touche  Oulad  El  Hasen. 

de  Reggou  à  Oulad  Sidi  Ben  Aïada  comme  de  Qçar  es  Souq  à  Ait  Otman. 
de  Feggouç  à  Zerzaïa  comme  d’Aït  Otman  à  Tamerrakecht. 
de  Zerzaïa  à  Oulad  Hamid  comme  d’El  Bridja  à  Misour. 

d’Oulad  Sidi  Bou  Iaqob  à  Oulad  Hamid,  la  moitié  de  la  distance  d’Oudjda  à  Lalla  Marnia. 
d'Oulad  Sidi  Bou  Iaqob  à  Gersif  comme  du  Za  à  Qaçba  el  Aïoun. 
de  Debdou  à  Gersif  comme  du  Za  à  Qaçba  el  Aïoun. 

d’Oulad  Seliman  au  groupe  le  plus  haut  des  Béni  Oukil,  la  moitié  de  la  distance  d’Oudjda  à  Lalla 
Marnia. 

du  groupe  le  plus  haut  des  Béni  Oukil  à  El  Khorb,  la  moitié  de  la  distance  d’Oudjda  à  Lalla 
Marnia. 

d’El  Khorb  à  Oulad  el  Bacha,  la  moitié  de  la  distance  d'Oudjda  à  Lalla  Marnia. 

Après  avoir  décrit  dans  son  ensemble  le  cours  de  la  Mlouïa,  nous  allons  étudier  séparément  les  trois 
importants  groupes  de  qçars  qui  se  trouvent  l’un  sur  ses  rives  mêmes,  les  deux  autres  tout  près  d’el¬ 
les  :  Qçàbi  ech  Gheurfa,  Misour,  Outat  Oulad  el  Hadj. 


Qçâbi  ech  Cheurfa. 

Ce  district  se  compose  d'un  certain  nombre  de  qçars,  tous  situés  sur  les  rives  de  la  Mlouïa;  en  voici 
les  noms,  dans  l’ordre  où  on  les  rencontre  en  descendant  le  fleuve  : 


Oulad  Teïr  (Qebala) . rive  droite,  30  fusils. 

Tarzout  (cherifs  et  Haratîn) . rive  droite,  120 

Oulad  Arzin  (cherifs  et  Haratîn) . rive  droite,  25 

Qçar  Djedid  (cherifs  et  Haratîn) . rive  droite ,  GO 

El  Qçâbi  (cherifs  et  Haratîn) . rive  droite,  150 

Chegg  el  Ouad  (cherifs  et  Haratîn) . rive  gauche,  30 

El  Mektoufa  (cherifs  et  Haratîn) . rive  gauche,  20 

Saïda  (Ait  Tserrouchen) . rive  droite,  50 

Aït  Blal  (Aït  Izdeg) . rive  droite ,  50 

Akhsab  (Aït  Izdeg) . rive  gauche,  30 


Le  district  appartient  aux  cherifs  qui  l'habitent  :  eux  seuls  y  possèdent  la  terre  et  ont  part  à  l’admi¬ 
nistration.  Dans  quelques  endroits,  tels  que  Saïda  et  Aït  Blal,  ils  louent  la  terre  à  des  étrangers,  mais 
sans  l’aliéner.  Jadis  indépendants  du  sultan,  ils  se  sont  soumis  à  lui  sans  résistance  en  1877.  Depuis 
ce  temps,  ils  ont  un  qaïd ,  résidant  à  El  Qçâbi ,  dans  une* qaçba  appelée  Qaçba  el  Makhzen.  Mais  celui-ci 
ne  s’ingère  point  dans  leurs  affaires  locales;  il  est  peu  respecté  des  cherifs,  qui  plus  d  une  fois  ont 
répondu  à  ses  demandes  par  des  coups  de  fusil.  De  tout  temps  le  district  a  eu  une  debiha  sur  les  Ait 
Izdeg  :  il  l’a  aujourd’hui  encore  et  continue,  bien  que  blad  el  makhzen,  à  leur  payer  tribut. 

Les  cherifs  de  Qçâbi  ech  Cheurfa  sont  originaires  du  Tafilelt;  ils  appartiennent  à  deux  rameaux  de 
la  branche  des  Alaouïa,  ceux  des  Oulad  Moulei  Hachein  et  des  Oulad  Moulei  Ali. 

L’arabe  et  le  tamazirt  sont  également  en  usage  dans  le  district.  La  plupart  des  habitants  parlent 
les  deux  langues. 

Marché  permanent  dans  la  localité  d’El  Qçâbi;  c’est  le  seul  du  district. 

Un  mellah. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


370 


Misour. 


Misour  est  un  district  indépendant,  formé  d’un  certain  nombre  de  qçars  qui  s’élèvent  auprès  du  con¬ 
fluent  de  l'Ouad  Souf  ech  Cherg  et  de  la  Mlouïa;  il  est  divisé  en  deux  parties  distinctes,  l’une  située 
sur  les  rives  de  l’Ouad  Souf  ech  Cherg,  l’autre  sur  celles  de  la  Mlouïa.  La  première,  Misour  propre¬ 
ment  dit,  est  de  beaucoup  la  plus  considérable  ;  elle  se  compose  de  tous  les  qçars  du  district  à  l’exception 
d’un.  La  seconde  est  formée  de  la  seule  localité  d’Igli.  Nous  avons  déjà  indiqué  la  position  d’Igli  ;  nous 
ne  parlerons  donc  que  de  la  portion  de  Misour  placée  sur  l’Ouad  Souf  ech  Cherg.  Celle-ci  ne  forme  qu’un 
seul  îlot  de  verdure  où  sont  disséminés  les  neuf  qçars  qui  la  composent  ;  voici  les  noms  de  ces  der¬ 
niers,  dans  l’ordre  où  on  les  trouve  en  descendant  la  rivière  : 

Oulad  Bou  Hafra . 

Oulad  Bou  Jejia . 

Oulad  Selîman . rive  droite , 

El  Gara  (ce  sont  3  tours  construites  sur  une 
éminence  :  on  les  emplit  de  tireurs  en  temps 
de  guerre  ;  elles  sont  inhabitées  pendant  la 

paix) . rive  droite, 

Oulad  Sereïr  (située  sur  une  colline) . rive  droite, 

Gebdour . rive  droite, 

El  Ilarsa . 

Bou  Kenzt . rive  droite, 

Oulad  Sidi  Bou  el  Alam . rive  droite, 


i  composent 

;  voici  les 

rive  droite, 

15  fusils. 

rive  droite , 

60 

rive  droite , 

80 

rive  droite , 

rive  droite , 

100  fusils. 

rive  droite, 

50 

rive  droite, 

30 

rive  droite, 

300 

rive  droite , 

50 

Les  cinq  premiers  qçars  sont  très  rapprochés  les  uns  des  autres;  ils  portent  le  nom  collectif  d’Oulad 
Abbad.  Les  4  derniers  sont  plus  espacés;  ils  portent  le  nom  d’Oulad  Bou  Tîb. 

Misour  est  indépendant  et  du  sultan  et  des  tribus  voisines.  Chaque  qçar  s’y  administre  isolément, 
sans  aucun  lien  avec  les  autres. 


La  population  de  Misour  se  compose  partie  d’Arabes,  partie  de  marabouts.  On  n’y  parle  que  l’arabe. 

Pas  de  marché. 

Un  mellah. 

Distances  :  d’Oulad  Bou  Hafra  à  l’Ouad  Souf  ech  Cherg  comme  d’Aït  ou  Àlil  à  Kerrando. 

d’Oulad  Bou  Jejia  à  l’Ouad  Souf  ech  Cherg  comme  d’Aït  ou  Alil  à  Kerrando. 

d’Oulad  Selîman  à  l’Ouad  Souf  ech  Cherg  comme  d’Aït  ou  Alil  à  Kerrando. 

d’El  Gara  à  l’Ouad  Souf  ech  Cherg,  200  mètres  de  plus  que  d’Aït  ou  Alil  à  Kerrando. 

d’Oulad  Sereïr  à  l’Ouad  Souf  ech  Cherg,  200  mètres  de  plus  que  d’Aït  ou  Alil  à  Kerrando. 

d’Oulad  Bou  Hafra  à  Oulad  Bou  Jejia,  500  mètres. 

d’Oulad  Bou  Jejia  à  Oulad  Selîman,  200  mètres. 

d’Oulad  Bou  Jejia  à  El  Gara,  200  mètres. 

d’Oulad  Selîman  à  Oulad  Sereïr,  200  mètres. 

d’El  Gara  à  Oulad  Sereïr,  200  mètres. 

d’Oulad  Bou  Hafra  à  Oulad  Selîman,  700  mètres. 

de  Gebdour  à  l’Ouad  Souf  ech  Cherg  comme  d’Aït  ou  Alil  à  Kerrando. 

d’El  Ilarsa  à  l’Ouad  Souf  ech  Cherg  comme  d’Aït  ou  Alil  à  Kerrando. 

de  Bou  Kenzt  à  l’Ouad  Souf  ech  Cherg  comme  d’Aït  ou  Alil  à  Kerrando. 

Oulad  Sidi  Bou  el  Alam  est  sur  la  rive  même  de  l’Ouad  Souf  ech  Cherg. 

d’Oulad  Selîman  à  Gebdour,  1 000  mètres. 

de  Gebdour  à  El  Ilarsa,  1500  mètres. 

d’El  Ilarsa  à  Bou  Kenzt,  000  mètres. 

d'El  Ilarsa  à  Oulad  Sidi  Bou  el  Alain,  2000  mètres. 

d'Oulad  Bou  Hafra  à  l’Ouad  Mlouïa  comme  de  Tamerrakecht  à  Ait  Çaleli. 

d’Oulad  S.  Bou  el  Alain  à  Igii  comme  d’Aït  Çaleh  au  Gers. 


BASSIN  DE  L’OUAD  MLOUIA. 


.371 


Outat  Oulad  El  Hadj. 


Outat  Uulad  el  Hadj ,  ou  El  Outat,  comme  on  l’appelle  le  plus  souvent,  est  un  groupe  d’une  tren¬ 
taine  de  qçars  situés  sur  les  rives  de  l’Ouad  Chegg  el  Ard  auprès  de  son  confluent  avec  la  Mlouïa.  Ces 
qçars  sont  enveloppés  et  unis  par  de  superbes  vergers  qui  font  du  groupe  un  seul  îlot  de  verdure.  El 
Outat  appartient  aux  Oulad  el  Hadj,  sur  le  territoire  desquels  elle  est  située,  el  n’est  peuplée  que  d’eux, 
à  l’exception'  de  quelques  localités  habitées  par  des  marabouts.  Voici  les  qçars  qui  la  composent,  dans 
l’ordre  où  on  les  trouve  en  descendant  l’Ouad  Chegg  el  Ard  : 


Oulad  El  Fedil . rive  droite,  6  fusils. 

Oulad  Abd  el  Malek . rive  gauche,  20 

Mellah  el  Ihoud . rive  droite,  30 

Oulad  El  Bekri . rive  gauche,  20 

El  Angab  (2  qçars) . rive  droite,  30 

El  Hamouziin . rive  droite,  30 

Zaouïa  Sidi  Abd  el  Ouahad. . rive  gauche,  40 

El  Harar . .  .  rive  droite,  50 

Oulad  Mellouk  (groupe  de  12  qçars) . rive  droite,  300 

Cheurfa  Qouaret  (Oulad  Moulei  Iaqob;  3  qçars).  .  .  .  rive  droite,  50 

Cheurfa  Touggour’(Oulad  Moulei  laqob ;  3  qçars).  .  .  rive  droite,  50 

Zaouïa  Sidi  Abd  el  Ouahad . rive  gauche,  40 

Zaouïa  Sidi  Oumbarek  (marabouts  de  Kenadsa) .  .  .  rive  gauche , 

Kechchacha  (2  qçars) . rive  droite ,  30 

Béni  Bou  Hi . .  rive  gauche,  150 


Ces  localités  sont  toutes  situées  sur  la  rivière  même  ou  très  près  d’elle,  à  l’exception  d'Oulad  AI e  1  - 
louk;  les  12  qçars  qui  composent  ce  groupe,  presque  contigus  les  uns  aux  autres,  s’élèvent  à  environ 
2  kilomètres  de  la  rivière  et  des  autres  qçars;  ils  leur  sont  unis  par  des  jardins  et  sont  compris  dans 
l’ilot  général  d’El  Outat.  Oulad  Mellouk  est  alimentée  par  des  canaux  dérivés  de  l’Oulad  Chegg  el  Ard. 

El  Outat,  étant  aux  Oulad  el  Hadj ,  suit  leur  sort,  et  chaque  qçar  suit  celui  de  la  fraction  à  laquelle  il 
appartient.  En  ce  moment,  la  tribu  est  insoumise  au  sultan.  Les  Oulad  el  Hadj  sont  de  race  et  de  langue 
arabe;  mais  beaucoup  d’habitants  d’El  Outat  savent  aussi  le  tamazirt. 

Point  de  marché  à  Outat  Oulad  el  Hadj. 

Un  mellah. 

On  considère  souvent  comme  faisant  partie  d’Outat  Oulad^el  Hadj  le  groupe  isolé  d’El  Arzan  :  il  se 
compose  d’environ  10  qçars  (300  fusils)  entourés  de  jardins.  C’est  un  îlot,  séparé  de  celui  d’El  Outat  et 
distant  de  lui  de  5  kilomètres;  il  appartient  aussi  aux  Oulad  el  Hadj  et  est  de  tout  point  analogue  à 
celui  dont  on  le  regarde  comme  un  complément. 

Distances  :  d’Oulad  El  Fedil  à  Kechchacha  comme  de  Mellah  Tiallalin  au  Gers. 

d’El  Arzan  à  l’Ouad  Chegg  el  Ard  comme  d’Aït  Çaleh  à  Ait  ou  A I i I . 
d’El  Arzan  à  Kechchacha  comme  d’Aït  Çaleh  à  Kerrando. 

Zaouïa  Sidi  Abd  el  Ouahad  est  en  face  d’El  Hamouziin. 

Béni  Bou  Hi  est  en  face  de  Kechchacha. 


2°.  _  VALLÉE  DE  LA  MLOUIA. 


La  vallée  de  la  Mlouïa  est  en  général  très  large;  voici  les  aspects  qu’elle  prend  successivement. 

Nous  ne  savons  point  ce  qu  elle  est  dans  sa  partie  haute,  chez  les  Béni  Mgild. 

Du  confluent  de  l'Ouad  Outat  Ait  Izdegà  El  Bridja,  elle  a  une  largeur  uniforme  d’environ  10  kilomè- 


372 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


très.  C’est  une  vaste  plaine,  unie  au  milieu,  en  pente  légère  sur  les  deux  bords,  bornée  à  gauche  par  le 
pied  du  Moyen  Atlas ,  à  droite  par  le  Grand  Atlas. 

A  El  Bridja,  la  vallée  s’élargit  beaucoup  ;  à  Misour,  elle  atteint  sa  plus  grande  largeur,  environ  32  ki¬ 
lomètres.  De  là  à  Oulad  Hamid,  c'est  une  immense  plaine,  unie  et  nue,  appelée  du  nom  du  fleuve, 
Mlouïa;  elle  est  bornée  à  gauche  par  le  Moyen  Atlas,  haute  muraille  sombre  aux  crêtes  neigeuses;  à 
droite  par  le  Rekkam,  mouvement  de  terrain  à  peine  sensible  apparaissant  comme  une  ligne  jaune  à 
l’horizon  :  le  Rekkam  est  une  succession  de  côtes  très  douces  et  de  plateaux  très  bas,  formant  dans 
leur  ensemble  une  longue  rampe  ondulée,  de  pente  très  faible,  au  sommet  de  laquelle  commence, 
sous  le  nom  de  Dahra,  la  vaste  région  des  Hauts  Plateaux.  Le  Rekkam  a  son  origine  au  Grand  Atlas, 
se  dirige  à  peu  près  du  sud  au  nord,  et  se  prolonge  jusqu’aux  monts  Debdou.  De  Misour  à  Oulad  Hamid, 
la  vallée  va  en  se  rétrécissant  d’une  façon  insensible,  mais  continue.  A  Outat  Oulad  el  Hadj ,  elle  n'a  plus 
que  20  kilomètres;  à  Oulad  Hamid,  elle  est  beaucoup  plus  étroite.  Aux  environs  de  ce  point,  le  lleuve 
traverse  un  kheneg.  C’est  la  trouée  par  laquelle  il  perce  le  Moyen  Atlas;  là,  le  Rekkam  a  disparu  :  des 
deux  côtés  du  fleuve,  s’élèvent  les  hautes  murailles  de  la  chaîne  où  il  se  fraie  un  passage,  après  en  avoir 
si  longtemps  longé  le  pied.  A  droite  du  kheneg,  le  Moyen  Atlas  porte  le  nom  de  Djebel  Debdou.  A  sa 
gauche,  il  n’a  pas  de  nom  spécial;  c’est  la  partie  de  la  chaîne  occupée,  à  quelque  distance  du  fleuve, 
par  les  Béni  Ouaraïn. 

A  cet  étranglement  de  la  vallée  succède  une  plaine  :  sur  la  rive  droite ,  c’est  le  vaste  désert  de  Ta- 
frâta,  commençant  près  d’Oulad  Hamid  et  se  prolongeant  jusqu’au  pays  de  Za;  sur  la  rive  gauche,  c’est 
la  vallée  de  l’Ouad  Melillo  :  celui-ci  coule  entre  le  Moyen  Atlas  et  la  chaîne  des  Riata  et  se  jette 
dans  la  Mlouïa  à  Gersif. 

Cette  plaine  est  suivie  d’une  autre,  qui  est  séparée  de  la  première  par  une  ligne  de  coteaux  très  bas 
unissant  le  Djebel  Riata  à  la  chaîne  des  monts  Mergeshoum,  Béni  Bou  Zeggou  et  Zekkara,  son  prolon¬ 
gement;  le  fleuve  perce  ces  hauteurs  presque  insensibles  vers  les  confins  des  Houara  et  des  Hallaf,  et 
entre  dans  la  nouvelle  plaine  qui  porte  à  droite  le  nom  d’Angad,  à  gauche  ceux  de  Jell  d’abord,  de 
Raret  ensuite  :  la  plaine  de  Jell  et  celle  de  Raret  sont  séparées  par  une  chaîne  de  collines  peu  élevées, 
le  Gelez.  L’Angad,  le  Tafrâta,  le  Jell,  le  Raret  sont  de  vastes  surfaces  unies  et  désertes  s’étendant 
très  loin  à  l’est  et  à  l’ouest,  et  bornées  dans  ces  directions  par  des  mouvements  de  terrain  peu  élevés 
qu’on  n’aperçoit  pas  de  la  Mlouïa;  rien,  pendant  que  le  fleuve  parcourt  ces  plaines,  ne  détermine  les 
limites  de  sa  vallée. 

L’Angad  et  le  Raret  finissent  au-dessous  des  dernières  tentes  des  Béni  Oukil.  Là  le  fleuve  rentre  en 
montagne.  Sa  vallée,  jusqu’à  la  mer,  demeure  resserrée  entre  les  flancs  d’une  haute  chaîne  au  milieu 
de  laquelle  il  s’est  percé  un  passage;  cette  chaîne,  prenant  les  noms  des  tribus  qui  l’habitent,  s’appelle, 
à  droite  de  la  Mlouïa,  Djebel  Béni  Iznâtcn,  à  gauche  Djebel  Kebdana. 

Après  avoir  dessiné  à  grands  traits  la  vallée  de  la  Mlouïa,  nous  allons  énumérer  les  qçars  qui  s’y  trou¬ 
vent,  situés  dans  le  fond  ou  sur  les  flancs,  sans  être  sur  le  cours  du  fleuve  ni  sur  ceux  de  ses  affluents. 
11  y  en  a  fort  peu  dans  le  fond,  mais  un  certain  nombre  sur  les  premières  pentes  des  chaînes  qui  le 
bordent.  Nous  les  diviserons  en  cinq  classes  : 

1°  Qçars  des  Ait  ou  Afella. 

2°  Qçars  au  pied  du  Grand  Atlas. 

3°  Qçars  du  Rekkam. 

•iü  Qçars  des  premières  pentes  du  flanc  gaucbe  de  la  vallée  (Moyen  Atlas). 

5°  Qçars  du  Djebel  Debdou  (Moyen  Atlas). 


BASSIN  DE  E’OUAD  MLÜUIA. 


373 


1"  Qçars  des  Aït  ou  Afella. 


Ils  sont  au  nombre  de  trois,  tous  situés  dans  le  fond  de  la  vallée,  entre  le  Grand  Atlas  et  la  Mlouïa: 
ce  sont  : 

Zebznt.  200  fusils. 

Bou  Aïach  (arrosée  par  un  ruisseau  sortant  du  Djebel  Aldoun  dans  le  Grand  Atlas).  30 
Entrit  (arrosée  par  des  sources).  15 

Nous  les  avons  vus  tous  trois  en  allant  du  col  de  Telremt  à  Qçâbi  ech  Cheurfa:  les  deux  premiers 
étaient  à  l'ouest  de  notre  route,  le  dernier  à  l’est. 

Distances  :  de  Qaçba  el  Makhzen  (El  Qçâbi)  à  Entrit  comme  d’Aït  Çaleh  à  Kerrando. 
d’Entrit  à  Bou  Aïach  comme  d’Aït  Çaleh  à  Kerrando. 
de  Qaçba  el  Makhzen  à  Zebzat  comme  d’Aït  Otman  à  Mellah  Tiallalin. 


2  Qçars  au  pied  du  Grand  Atlas. 


Voici  leurs  noms,  dans  l’ordre  où  on  les  rencontre  en  longeant  le  pied  du  Grand  Atlas,  de  l’ouest  iï 
l’est  : 

Zriouila  (Aït  Tserrouchen  et  Aït  Izdeg).  20  fusils. 

Bertat  (Aït  Izdeg).  200 

Ges  localités  sont  arrosées  par  des  sources;  elles  appartiennent  aux  tribus  que  nous  venons  de  citer. 
Dans  chacune,  la  population  se  compose  partie  d’individus  de  la  tribu  qui  possède  le  qçar,  partie  de 
Qebala. 

Ni  marché,  ni  Juifs  en  aucun  de  ces  points. 

Distances  :  de  Qaçba  el  Makhzen  (El  Qçâbi)  à  Zriouila  comme  d’Aït  Çaleh  au  Gers, 
de  Zriouila  à  Bertat  comme  d’Aït  Çaleh  à  Mellah  Tiallalin. 
de  Bertat  à  Aïat  (Ouad  Ouizert)  comme  d’Aït  Otman  à  Mellah  Tiallalin. 
d’Aïat  à  Bou  Sellam  comme  d’Aït  Çaleh  au  Gers, 
de  Bou  Sellam  à  Tagenza  comme  du  Gers  à  Nezala. 
de  Tagenza  à  Azdad  comme  d’Aït  Otman  à  Aït  Çaleh. 
de  Qaçba  el  Makhzen  à  Azdad ,  un  jour  1/2  de  marche, 
de  Tagenza  à  Tanslemt  comme  d’Aït  Otman  à  Qçar  es  Souq. 
de  Tanslemt  à  Talsit  comme  de  Qçar  es  Souq  à  Mellah  Tiallalin. 
de  Talsit  à  Anoual  comme  de  Nezala  à  Qçâbi  ech  Cheurfa. 

Les  cinq  points  d’Azdad,  de  Talsit,  d’Anoual ,  de  Tagenza  et  de  Tanslemt,  dont  il  est  parlé  ici, 
sont  des  localités  du  Dahra  ou  du  pied  du  Grand  Atlas.  Azdad  est  un  groupe  de  3  qçars  appartenant 
aux  Aït  Tserrouchen  :  200  fusils.  Talsit  est  un  groupe  indépendant  de  3  qçars  contigus,  habités  par  des 
marabouts  de  Sidi  Ben  Abd  Allah;  il  est  situé  sur  une  rivière  de  même  nom  que  lui,  dont  le  reste  du 
Cours  est  à  sec  et  désert:  300  fusils.  Anoual  est  un  qçar  de  (10  fusils,  peuplé  d’Aït  Tserrouchen  et  de 
marabouts;  il  compte  dans  le  Dahra  (1).  Tagenza  est  un  qçar  de  HO  fusils,  peuplé  moitié  d’Aït  Izdeg, 
moitié  d’Aït  Tserrouchen,  et  dépendant  des  deux  tribus;  il  est  situé  sur  un  petit  cours  d’eau  de 
même  nom  que  lui  dont  le  reste  du  cours  est  désert.  Tanslemt  est  un  qçar  isolé  de  100  fusils,  habité 
par  des  Qebala;  ceux-ci,  comme  les  autres  Qebala  de  la  région,  sont  vassaux  des  puissantes  tribus 
voisines  et  indépendants  du  sultan;  Tanslemt  est  sur  une  petite  rivière  dont  le  reste  du  cours  est  dé¬ 
sert. 


(1)  «  Anoual,  ou  Zaouïa  Anoual  se  compose  de  î>0  à  60  maisons  habitées  par  des  cheurfa  des  Oulad  Moulei  Ali  ben  Amer  (Idrissin) 

•  appartenant  aux  Ait  Tserrouchen.  Ils  descendent,  comme  les  marabouts  de  Kenadsa,  de  Moulei  Abd  Allah  el  Rezouani  (enterré  à 

•  Merrâkech).  Mais  ils  sont  berbérisés  et  parlent  tamazirt  plus  qu’arabe.  Us  ont  quelques  maigres  cultures  dans  les  pierres,  arro- 
"  sées  par  des  fontaines  et  par  l’ouad  dit  des  Oulad  Ali.  Cette  rivière  tombe  dans  l’Ouad  Ait  Aïssa  à  KhenegC.ro,  à  environ  x  kilomè- 
■.  très  au  sud  de  la  zaouïa.  »  (Renseignement  fourni  par  M.  Pilard.) 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


37  '< 


3  Qçars  du  Rekkam. 

Ils  sont  au  nombre  de  quatre,  contigus  les  uns  aux  autres,  et  enveloppés  dans  une  même  ceinture 
de  jardins.  Ce  groupe  se  nomme. 

Tiissaf.  300  fusils. 

La  population  de  Tiissaf  est  composée  de  marabouts  des  Oulad  Sidi  Aïssa;  ces  religieux  sont  regar¬ 
dés  comme  formant  une  des  fractions  des  Oulad  el  Hadj. 

Une  grande  daïa  alimente  ce  lieu. 

Distances  :  de  Tiissaf  au  lit  de  la  Mlouïa  comme  d’Aït  Çaleh  au  Gers. 

Tiissaf  est  à  peu  près  en  face  de  Tirnest  par  rapport  à  la  Mlouïa. 


4  Qçars  sur  les  premières  pentes  du  flanc  gauche  de  la  vallée. 


Ils  forment  cinq  groupes,  situés  sur  les  premières  pentes  du  Moyen  Atlas,  dans  la  région  de  cette 
chaîne  comprise  entre  Misour  et  Oulad  Hamid.  En  voici  les  noms,  dans  Tordre  où  on  les  trouve  en 


suivant  les  premières  pentes  du  Moyen  Atlas  du  sud  au  nord  : 

Almis  (un  seul  village;  Chellaha).  250  fusils. 

Tirnest  (10  qçars;  Oulad  el  Hadj).  600 

Reggou  (5  qçars;  Chellaha).  400 

Qçar  el  Mallemin  (1  qçar;  Chellaha),  12 

Feggouç  (2  qçars;  marabouts  des  Oulad  Sidi  Iaqob).  80 


Tous  ces  points  sont  arrosés  par  des  sources  et  entourés  de  jardins  fertiles.  Tirnest,  Reggou,  Feg¬ 
gouç  ont  chacun  leurs  qçars  contigus  et  groupés  au  milieu  d'un  seul  ilôt  de  verdure,  comme  Misour 
et  El  Outat.  Almis  et  Reggou,  bien  que  peuplés  de  Chellaha,  sont  constamment  alliés  aux  Oulad  el 
Hadj.  Qçar  el  Mallemin  dépend  des  Oulad  el  Hadj.  A  Tirnest,  ils  forment  la  majorité  des  habitants  et 
sont  les  maîtres.  Ni  marché,  ni  Juifs  dans  aucune  de  ces  localités. 

Almis  est  fort  riche;  ce  village  possède  à  lui  seul  100  chevaux. 

Distances  :  d’Almis  à  Outat  Oulad  el  Hadj  comme  d’Outat  Oulad  el  Hadj  à  Misour. 
d’ Almis  à  Misour  comme  de  Megdoul  à  Misour. 
d’Almis  à  Tiouant  comme  de  Megdoul  à  Misour. 

de  Tirnest  à  Mellah  el  Ihoud  (Outat  Oulad  el  Hadj)  comme  de  Megdoul  à  Misour. 
de  Tirnest  à  El  Arzan  comme  d’Aït  Çaleh  à  Kerrando. 

de  Tirnest  à  Oulad  Ali  (Ouad  Chegg  el  Ard)  comme  de  Qçabi  ech  Cheurfa  à  Megdoul. 

de  Tirnest  à  Reggou  comme  de  Megdoul  à  Misour. 

de  Reggou  à  Oulad  Jerrar  comme  d’El  Bridja  à  Misour. 

de  Reggou  à  l'Ouad  Mlouïa  comme  de  Qçar  es  Souq  à  Aït  Otman. 

de  Reggou  à  Oulad  S.  Ben  Aïada  comme  de  Qçar  es  Souq  à  Ait  Otman. 

de  Reggou  à  Qçar  el  Mallemin  comme  de  Kerrando  au  Gers. 

de  Qçar  el  Mallemin  à  l’Ouad  Mlouïa  comme  d’Aït  Çaleh  au  Gers. 

de  Qçar  el  Mallemin  à  Feggouç  comme  d’Aït  Çaleh  à  Kerrando. 

de  Feggouç  à  Reggou  comme  de  Megdoul  à  Misour. 

de  Feggouç  à  l'Ouad  Mlouïa  comme  d'Aït  Çaleh  à  Kerrando. 


5°  Qçars  du  Djebel  Debdou. 


On  appelle  Djebel  Debdou  la  portion  du  Moyen  Atlas  qui  s'étend  de  Sidi  Ali  ben  Abd  er  Rabman  d 
Admer  à  Sidi  Ali  ben  Samah  d  Oulad  Amer,  c’est-à-dire  de  la  Mlouïa  à  l'Ouad  Za. 


BASSIN  DE  L'OUAD  MLOU1A. 


375 


Ce  massif  renferme  un  assez  grand  nombre  de  qçars  et  de  villages;  on  leur  donne  le  nom  général 
de  Ilaouz  Debdon.  Ils  peuvent  se  diviser  en  trois  groupes  : 

I.  Villages  de  la  vallée  de  l’Ouad  Debdou. 

II.  Rechida  et  qçars  voisins. 

III.  Villages  des  Boni  Riis. 

Nous  allons  dire  un  mot  des  deux  premiers  groupes;  le  troisième  est  situé  sur  un  affluent  de  la 
Mlouïa  dont  il  sera  parlé  plus  bas. 

/.  VILLAGES  DE  LA  VALLÉE  DE  L’OUAD  DEBDOU.  —  L’Ouad  Debdou  n’est  qu’un  ruisseau 
qui  se  perd  dans  le  désert  de  Tafrâta,  sans  atteindre  la  Mlouïa.  Les  villages  de  sa  vallée  se  composent 
d’abord  de  ceux  qui  sont  situés  au  fond;  ce  sont,  en  descendant  : 

Debdou  (300  familles  Israélites  et  100  musulmanes).  .  .  rive  droite,  100  fusils. 

Qaqba  Debdou  . . rive  droite,  50 

Qoubbouin . rive  droite,  15 

El  Mes  alla.  . . rive  gauche,  100 

Bon  Aïach . rive  gauche,  10 


ensuite  de  ceux  qui  se  trouvent  à  mi-côte  des  lianes;  ce  sont,  en  descendant  la  vallée  : 


Sellaout . .  .  . flanc  droit,  50  fusils. 

Flouch . flanc  gauche,  30 


Ces  7  villages,  avec  les  deux  groupes  de  tentes  des  Béni  Fâchât  (contigu  à  Sellaout;  flanc  droit; 
150  fusils)  et  des  Béni  Ouchgel  (en  aval  du  précédent;  flanc  droit;  30  fusils),  groupes  qui,  situés  au¬ 
près  de  sources,  de  jardins,  de  cultures,  sont  aussi  invariables  dans  leurs  positions  que  des  villages, 
forment  ce  qu’on  appelle  le  pays  de  Debdou,  El  Debdou. 

Le  Debdou  est  soumis  au  sultan  et  dépend  du  qaïd  de  Tàza  (en  ce  moment  Abd  Allah  Ech  Cher- 
radi);  mais  celui-ci  n'y  a  placé  ni  lieutenant,  ni  mkhaznis,  ni  aucun  représentant  de  l’autorité;  il  se 
borne  à  venir  en  tournée  tous  les  ans  ou  tous  les  deux  ans,  et  à  envoyer  de  temps  en  temps  quelques 
mkhaznis  lever  l’impôt  sur  les  Musulmans.  Chose  curieuse,  le  qaïd  de  Tàza  n’a  sous  ses  ordres  directs 
que  les  Musulmans  du  Debdou;  les  Israélites,  fort  nombreux  dans  le  district,  dépendent  non  de  lui, 
mais  d’un  des  hachas  de  Fâs,  Ould  Ba  Mohammed;  c’est  à  ce  dernier  qu’ils  remettent  tous  les  ans 
le  montant  de  leur  tribut. 

Les  habitants  du  Debdou  s’administrent  donc  eux-mêmes  et,  pour  les  difficultés,  s’en  réfèrent  à 
Tàza.  On  les  désigne  sous  le  nom  d’Abel  Debdou.  Ce  semble  être  une  population  mêlée,  Arabes  et 
Chellaha,  ces  derniers  dominant.  La  langue  est  pour  les  uns  l’arabe,  pour  les  autres  le  tamazirt. 

Marché  permanent  au  village  de  Debdou  et,  de  plus,  souq  el  khemts  dans  la  même  localité. 

Un  mellali. 

II.  RECHIDA  ET  QÇARS  VOISINS.  —  Ce  second  groupe  se  compose  d’un  certain  nombre  de 
qçars  isolés  les  uns  des  autres,  situés  ceux-ci  sur  les  pentes,  ceux-là  au  pied  du  revers  occidental  du 
Djebel  Debdou;  ils  sont  beaucoup  plus  près  de  la  Mlouïa  que  les  précédents  et  sont  situés  sur  le  flanc 
même  de  sa  vallée.  Voici  leurs  noms,  dans  Tordre  où  on  les  rencontre  en  descendant  celle-ci  : 


Admer  (marabouts  de  Sidi  Ali  ben  Abd  er  Rahman). 

100  fusils. 

Béni  Khelften. 

150 

Rechida  (marabouts). 

200 

Alouana. 

30 

Les  habitants  de  Rechida  et  d’Admer  sont  marabouts.  Ils  font  partie,  ainsi  que  les  gens  de  Béni 
Khelften,  des  Oulad  el  lladj,  dont  les  Ahcl  Rechida  et  les  Oulad  Admer  sont  deux  fractions.  Mais  en  ce 
moment  ils  sont  en  guerre  avec  le  reste  de  leur  tribu.  Celle-ci  est  insoumise;  eux  obéissent  au  sultan; 
d’où  querelle. 

Rechida  est  un  grand  et  beau  qçar,  situé  à  mi-côte  du  Djebel  Debdou,  dans  un  lieu  escarpé.  Sources 
abondantes,  grands  jardins,  beaux  oliviers. 


MECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


376 


Béni  Khelften  est  au  pied  de  Rechida,  dans  la  position  de  Debdou  par  rapport  à  Qaçba  Debdou. 
Admer  est  au  sud  de  Béni  Khelften  ;  des  sources  l’arrosent. 

Alouana  se  trouve  dans  un  repli  de  la  montagne,  au  nord-ouest  de  Debdou. 

Admer,  Béni  Khelften,  Rechida,  Alouana,  sont  soumis  au  sultan  et  dépendent  du  qaïd  de  Tâza. 

Distances  :  d’ Admer  à  Béni  Khelften,  le  tiers  de  la  distance  de  Lalla  Marnia  à  Oudjda. 

d’Admer  à  Oulad  Sidi  Bou  Iaqob,  la  moitié  de  la  distance  de  Lalla  Marnia  à  Oudjda. 
de  Rechida  à  la  Mlouïa,  la  distance  de  Lalla  Marnia  à  Oudjda. 
de  Rechida  à  Béni  Riis,  la  moitié  de  la  distance  de  Lalla  Marnia  à  Oudjda. 
de  Debdou  à  Béni  Riis,  la  moitié  de  la  distance  de  Lalla  Marnia  à  Oudjda. 

Béni  Khelften  est  au  pied  de  Rechida. 


3".  —  AFFLUENTS  DE  LA  MLOUÏA. 


La  Mlouïa  reçoit  un  grand  nombre  d’affluents.  Yoici  les  principaux  d’entre  eux,  dans  l’ordre  où  on 
les  rencontre  en  descendant  le  fleuve  : 

Ouad  Outat  Ait  Izdeg,  se  jetant  sur  sa  rive  droite  aux  confins  des  Béni  Mgild  et  des  Ait  ou  Afella. 

Ouad  Ouizert,  se  jetant  sur  sa  rive  droite  entre  Megdoul  et  El  Bridja. 

Ouad  Souf  ech  Cherg,  se  jetant  sur  sa  rive  gauche  à  quelques  mètres  au-dessus  d'Igli. 

Ouad  Tiddarin,  se  jetant  sur  sa  rive  droite  à  1  000  mètres  au-dessous  d’Igli. 

Ouad  Tiouant,  se  jetant  sur  sa  rive  gauche  entre  Touggour  et  Outat  Oulad  el  Hadj. 

Ouad  Medfa  Keddou,  se  jetant  sur  sa  rive  droite  entre  Touggour  et  Outat  Oulad  el  Hadj. 

Ouad  Chegg  el  Ard,  se  jetant  sur  sa  rive  gauche  à  Outat  Oulad  el  Hadj. 

Ouad  Béni  Riis ,  se  jetant  sur  sa  rive  droite  dans  la  fraction  des  Atamna  (Houara). 

Ouad  Melillo,  se  jetant  sur  sa  rive  gauche  à  Gersif. 

Ouad  Messoun,  se  jetant  sur  sa  rive  gauche  dans  la  fraction  des  Oulad  Rehou  (Hallaf). 

Ouad  Za,  se  jetant  sur  sa  rive  droite  dans  la  plus  haute  des  3  fractions  des  Béni  Oukil. 

Ouad  el  Qceb,  se  jetant  sur  sa  rive  droite  chez  les  Béni  Oukil,  au-dessous  du  Za. 

OUAD  OUTAT  AIT  IZDEG.  —  Cette  rivière  prend  sa  source  dans  le  Grand  Atlas  au  Djebel  El 
Aïachi.  Elle  arrose  sur  son  cours  le  district  d’Outat  Ait  Izdeg;  le  reste  du  temps,  elle  coule  dans  le  dé¬ 
sert.  Voici  les  qçars  dont  se  compose  Outat  Ait  Izdeg,  dans  l’ordre  où  on  les  trouve  en  descendant 
l’ouad  : 

RIVE  DROITE  : 


Tatteouin. 

60  fusils 

Afelilou  (2  qçars). 

150 

Tissouit. 

20 

Asellim  (2  qçars). 

150 

Ait  ou  Afella  (3  qçars). 

100 

Ikher  Imzioun. 

60 

RIVE  GAUCHE  : 

Berrom. 

100  fusils 

Tabnattout. 

50 

Semmoura. 

60 

Bou  Zmella. 

60 

Ait  Otman  ou  Mousa. 

150 

Teccaouit. 

100 

Ces  divers  qçars  ne  forment  qu’un  seul  groupe  et  sont,  sur  chaque  rive,  unis  entre  eux  par  des  cul¬ 
tures.  Ils  appartiennent  aux  Ait  Izdeg.  Ceux-ci  en  sont  la  seule  population.  La  localité  d’Aït  ou  Afella 
dépend  de  la  fraction  de  ce  nom. 

Le  district  étant  la  propriété  des  Ait  Izdeg,  il  va  de  soi  qu’il  est  indépendant  du  sultan  et  qu’on  y 
parle  le  tamazirt. 


BASSIN  DE  L’OUAD  MLOUIA. 


377 


Marche  permanent  (le  samedi  excepté)  à  Bon  Zmella.  C’est  le  seul  d’Outat  Ait  Izdeg. 

Deux  mellahs. 

Distances  :  de  Tatteouin  à  Ikher  Imzioun  comme  de  Mellah  Tiallalin  à  Ait  ou  Alil. 

Berrom  est  en  face  d’Asellim. 

Ikher  Imzioun  est  en  face  d’Aït  Otinan  ou  Mousa. 

d'Outat  Ait  Izdeg  au  confluent  de  FOuad  Outat  Ait  Izdeg  et  de  la  Mlouïa  comme  de  Mellah 
Tiallalin  à  Qçar  es  Souq. 

AFFLUENT.  —  L’Ouad  Outat  Ait  Izdeg  reçoit  un  affluent,  l’Ouad  Ait  Aiach,  se  jetant  sur  sa  rive  gau¬ 
che  à  une  certaine  distance  au-dessous  du  district  d’Outat  Ait  Izdeg. 

Ouad  Ait  Aiach.  —  Il  prend  sa  source  au  Djebel  El  Aïachi  et  arrose  en  descendant  quatre  qçars  ap¬ 
partenant  aux  Ait  Aiach;  le  reste  de  son  cours  est  désert.  Voici  les  quatre  qçars,  dans  l'ordre  où  on 
les  trouve  en  descendant  la  rivière  : 


Ait  Tiferrahin .  rive  droite,  50  fusils. 

Ait  Tourast . rive  droite,  50 

Ait  Ben  Ali . rive  gauche ,  50 

Ansegmir . rive  gauche,  150 


Les  deux  derniers  qçars  sont  en  face  des  deux  premiers;  ils  ne  forment  tous  quatre  qu’un  seul 
groupe;  les  jardins  sont  unis  sur  chaque  rive  du  cours  d’eau. 

Les  Ait  Aiach  sont  une  fraction  des  Ait  Iafelman.  C’est  dire  qu’ils  sont  indépendants  et  parlent  le 
tamazirt.  Ils  composent  la  seule  population  des  4  qçars  de  l’Ouad  Ait  Aiach. 

Ni  marché,  ni  Juifs  dans  aucun  d’eux. 

Distances  :  du  confluent  de  la  Mlouïa  et  de  l’Ouad  Outat  Ait  Izdeg  à  celui  de  FOuad  Outat  Ait  Izdeg  et  de 
l’Ouad  Aït  Aiach  comme  de  Qçar  es  Souq  à  Ait  Otinan. 
de  Qaçba  el  Makhzen  (El  Qçâbi)  à  Ansegmir  comme  de  Nezala  à  El  Qçàbi. 

OUAD  OU1ZERT.  —  11  prend  sa  source  dans  le  Grand  Atlas,  au  sommet  appelé  Ikhf  n  Irir  (Djebel 
Gir).  Plusieurs  qçars  se  trouvent  sur  son  cours;  les  voici,  dans  l’ordre  où  on  les  rencontre  en  le 
descendant  : 

Aïat  (3  petits  qçars  :  Qcira  Cheurfa;  Qcîra  Ait  Attou  ;  Qcira  Sidi  Ben  Hachem).  60  fusils. 

Bou  Sellam  (5  petits  qçars  :  Qçar  Toual,  rive  gauche;  Qcîra  Sidi  Mohammed 
bel  Bachir,  rive  gauche;  Qcîra  ech  Cheurfa,  rive  gauche;  Qçar  Oulad  Moulei 


El  Jlasen,  rive  droite;  Qçar  Ousebri,  rive  droite).  200 

Tisana . rive  gauche,  10 

Tikoutamin  (2  qçars  :  Haselfa;  Oulad  Dehou).  50 

Ouizert  (3  qçars  :  Oulad  Dehou;  Oulad  Ious;  Oulad  Abbou) . rive  droite,  150 


Ces  localités  sont  échelonnées  sur  la  rivière,  assez  loin  les  unes  des  autres.  Aucun  lien  ne  les  unit. 
Entre  elles,  au-dessus  et  au-dessous,  le  cours  de  l’ouad  est  désert. 

Aïat  est  peuplée  de  cherifs  et  d’Aït  Tserrouchen,  Bou  Sellam  de  Qebala,  Tisana  de  Qebala,  Tikouta¬ 
min  et  Ouizert  d’Oulad  Khaoua. 

Distances  :  d’Aïat  à  Bou  Sellam  comme  d’Aït  Caleh  au  Gers. 

de  Bou  Sellam  à  Tisana  comme  d’Aït  Caleh  au  Gers, 
de  Tisana  à  Tikoutamin  comme  d’Aït  Çaleh  à  Aït  ou  Alil. 
de  Tikoutamin  à  Ouizert  comme  d’Aït  Caleh  à  Aït  ou  Alil. 
d'Ouizert  à  Megdoul  comme  d’Aït  Caleh  à  Aït  ou  Alil. 
d'Ouizert  à  Megdoul  comme  de  Mellah  Tiallalin  au  Gers. 

d'Ouizert  au  confluent  de  FOuad  Ouizert  et  de  la  Mlouïa  comme  d’Aït  Caleh  à  Kerrando. 
d'Ouizert  à  Igli  comme  d’Aït  Otinan  au  Gers. 

de  Megdoul  au  confluent  de  FOuad  Ouizert  et  de  la  Mlouïa  comme  d’Aït  Otinan  au  Gers. 
OUAD  SOLt  ECU  CHERG.  —  Il  prend  sa  source  dans  le  Moyen  Atlas,  sur  le  territoire  des  Ait 
Ioussi.  11  arrose  deux  qçars  avant  d’arriver  à  Misour;  ce  sont,  en  descendant  la  rivière  : 

Qcîra  Aït  Hamed  ou  Seliman.  40  fusils. 

El  K seat.  40 

De  là  il  passe  à  Misour,  qui  a  été  décrit  plus  haut. 

ULCONNAISSANCË  AU  MAROC.  iS 


378 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Qcîra  Ait  Hamed  ou  Selîman  et  El  Kseat  sont  habités  par  des  Ait  Ioussi  et  appartiennent  à  cette  tri¬ 
bu.  Ces  deux  qçars  sont  isolés  l’un  de  l’autre;  entre  eux,  au-dessus  et  au-dessous,  le  cours  de  la  ri¬ 
vière  est  désert. 

Distances  :  de  Misour  à  El  Kseat  comme  d’Aït  Otman  à  Kerrando. 

d’El  Kseat  à  Qcîra  Aït  Hamed  ou  Selîman  comme  du  Gers  à  Aït  Çaleh. 

OU  AD  TIDDARIN.  —  11  prend  sa  source  dans  le  Grand  Atlas.  Tout  le  cours  en  est  désert. 

OU  AD  TIOUANT.  — 11  prend  sa  source  dans  le  Moyen  Atlas,  au  Djebel  Tiouant.  Cette  montagne, 
où  Ton  trouve  du  sel,  est  située,  par  rapport  à  la  Mlouïa,  au-dessus  de  Touggour.  A  son  pied,  la  ri¬ 
vière  arrose  quelques  villages  qui  composent  le  district  de  Tiouant.  Ce  sont  les  seuls  lieux  habités  de 
son  cours,  .qui  tout  le  reste  du  temps  est  désert.  Voici  les  noms  de  ces  villages,  dans  Tordre  où  on  les 
rencontre  en  descendant  l’ouad  : 

Bou  Hennoun . .  rive  droite,  80  fusils. 

Aït  Hammou . rive  gauche,  150 

Aït  Aïssa . .  .  rive  gauche,  80 

Aït  Baroukh . rive  gauche,  120 

Aït  ou  Iahian  (2  petits  villages  se  faisant  face,  l'un  sur  la  rive  droite, 

l’autre  sur  la  rive  gauche) .  150 

Ces  localités  ne  forment  qu’un  seul  groupe;  leurs  cultures  se  touchent  sur  les  deux  rives  du  cours 
d’eau.  A  elles  cinq,  elles  composent  tout  le  district  de  Tiouant. 

Les  gens  du  Tiouant  sont  toujours  alliés  aux  Oulad  el  lladj.  Ils  sont  Chellaha  et  sédentaires.  Leur 
langue  est  le  tamazirt.  Point  de  relations  avec  le  sultan. 

Ni  marché,  ni  Juifs  sur  leur  territoire. 

L’Ouad  Tiouant  a  toujours  de  l’eau  dans  son  lit. 

Distances  :  de  la  Mlouïa  à  Aït  ou  Iahian  1/2  jour  de  chemin. 

de  la  Mlouïa  à  Aït  ou  Iahian  comme  d’Aït  Otman  à  Kerrando. 

d’Aït  Hammou  à  Aït  ou  Iahian  comme  de  Mellah  Outat  Oulad  el  lladj  à  Kechchacha. 

Aït  Hammou  et  Bou  Hennoun  se  font  face. 

OU  AD  IUEDFA  KEDDOU.  —  Il  prend  naissance  dans  le  Pahra.  Tout  le  cours  en  est  désert.  De  sa 
source  à  son  confluent  avec  la  Mlouïa,  il  y  a  environ  2  jours  de  marche. 

OU  AD  CHEGG  EL  ARD.  —  La  source  en  est  dans  le  Moyen  Atlas.  Avant  d’arriver  à  Outat  Oulad 
el  Hadj ,  il  arrose  plusieurs  villages.  En  voici  les  noms,  dans  Tordre  où  on  les  trouve  en  descendant  la 


rivière  : 

Oulad  Bou  Rilas  (bien  qu’isolé,  ce  village  compte  avec  les  Béni  Hassan),  rive  droite, 

Béni  Hassan  (4  villages;  1  sur  la  rive  gauche,  3  sur  la  rive  droite).  .  .  GOO  fusils. 

Oulad  Ali  (4  villages) . rive  gauche ,  200 

Béni  Haïoun  (2  villages) . rive  droite ,  200 

Oulad  Saïd . rive  gauche ,  30 

De  là  il  descend  à  Outat  Oulad  el  Hadj. 


Ces  diverses  localités  sont  espacées,  à  distance  les  unes  des  autres;  entre  elles,  le  cours  de  la  rivière 
est  désert. 

Des  villages  situés  sur  l’Ouad  Chegg  el  Ard  au-dessus  d’Outat  Oulad  el  Hadj,  quatre,  Béni  Hassan, 
Oulad  Ali,  Béni  Haïoun,  Oulad  Saïd,  ont  chacun  leur  organisation  séparée  et  n’ont  aucun  lien  entre 
eux.  Oulad  Bou  Rilas  est  peuplée  de  gens  de  Boni  Hassan  et  dépend  do  cette  localité.  Ces  divers  centres 
ont  pour  habitants  des  Chellaha  sédentaires  n’appartenant  à  aucune  tribu.  Ils  sont  la  plupart  du  temps, 
mais  non  toujours,  alliés  aux  Oulad  el  Hadj.  Leur  position  géographique  les  met,  pour  certaines 
choses,  dans  la  dépendance  de  cette  tribu.  Elle  est  la  seule  avec  laquelle  ils  puissent  faire  le  commerce  : 
d’elle  leur  viennent  et  les  huiles  et  les  grains.  11  y  a  bien,  à  travers  la  montagne,  des  chemins  vers  Eàs 
et  vers  Tàza;  mais  ils  sont  très  difliciles  et  on  ne  les  prend  pas.  Cependant  ces  villages  n’ont  pas  de 
debiha  sur  les  Oulad  el  Hadj  :  ils  ne  sont  vassaux  d’aucune  tribu.  Au  temps  où  les  Oulad  el  lladj 


BASSIN  DE  E’OUAD  MEOUIA. 


379 


étaient  soumis  au  sultan,  ils  s’étaient  rangés  sous  l’autorité  deleurqaïd.  Depuis  que  les  Oulad  el  Hadj 
ont  secoué  le  joug,  eux  aussi  ont  repris  leur  indépendance. 

Ni  marché,  ni  Juifs  dans  aucune  de  ces  localités. 

Langue  tamazirt. 

La  rivière  a  en  toute  saison  de  l’eau  jusqu’à  Outat  Oulad  cl  Hadj;  au  printemps  et  au  moment  des 
pluies,  les  eaux  atteignent  la  Mlouïa;  le  reste  de  l'année,  elles  sont  absorbées  par  les  irrigations  d’El 
<  tutat. 

Distances*  :  d’Outat  Oulad  el  Hadj  à  Oulad  Saïd  comme  d’Aït  Blal  à  Megdoul. 

d’Oulad  Saïd  à  Béni  Haïoun  comme  de  Mellah  El  Outat  à  Kechchacha. 
de  Béni  Haïoun  à  Oulad  Ali  comme  de  Megdoul  à  Misour. 
d’Oulad  Ali  à  Béni  Hassan  comme  d’El  Bridja  à  Misour. 
de  Béni  Hassan  à  Oulad  Bou  Rilas  comme  de  El  Bridja  à  Misour. 

OUAD  DENI  DUS.  —  Il  prend  sa  source  dans  le  Djebel  Debdou.  Sur  son  cours  se  trouve  le  grand 
village  de  : 

Oulad  Ben  el  H oui,  sur  les  2  rives  de  l’ouad;  400  fusils. 

Cette  localité  appartient  aux  Béni  Itiis,  fraction  des  Oulad  el  Hadj.  Nous  l’avons  traversée  en  allant 
à  Debdou.  C’est  le,  seul  lieu  habité  qui  soit  sur  la  rivière  ;  le  reste  de  son  cours  est  désert. 

AFFLUENT.  —  L’Ouad  Boni  Itiis  reçoit  un  affluent,  l’Ouad  Oulad  Otman,  se  jetant  sur  sa  rive  droite 
à  1  kilomètre  environ  au-dessous  d’Oulad  Ben  el  Houl. 

Ouad  Oulad  Otman.  —  Il  prend  sa  source  dans  le  Djebel  Debdou.  Sur  ses  bords  se  trouvent  trois  pe¬ 
tits  villages  très  rapprochés  entre  eux,  portant  le  nom  collectif  de  : 

Oulad  Otman . rive  droite ,  200  fusils. 

Pas  d’autre  lieu  habité  sur  cette  rivière.  Le  reste  de  son  cours  est  désert.  Oulad  Otman,  comme  Ou¬ 
lad  Ben  el  Houl,  appartient  aux  Béni  Itiis.  Les  habitants  de  ces  deux  endroits  composent  toute  la  frac¬ 
tion.  Les  Béni  Riis  sont  soumis  au  sultan  et  dépendent  du  qaïd  de  Tâza. 

Nous  avons  traversé  Oulad  Otman  en  allant  à  Debdou. 

OUAD  MELILLO.  —  11  prend  sa  source  dans  le  Djebel  Béni  Ouaraïn  et  se  jette  dans  la  Mlouïa  à 
Gersif. 

OUAD  MESSOUN.  —  11  prend  sa  source  dans  le  Bif ,  du  côté  des  Gezennaïa;  puis  il  traverse  le  Fhama, 
plateau  ondulé  s’étendant  entre  les  monts  du  Bif  et  ceux  des  Biata;  ensuite  il  entre  dans  la  plaine  de 
Jell,  où  il  reste  jusqu'à  son  confluent  avec  la  Mlouïa.  Un  seul  établissement  fixe  sur  ses  bords  :  c'est  Qaçba 
Messoun,  située  dans  le  Fhama  et  appartenant  aux  Houara.  Tout  le  reste  de  son  cours  est  désert  ou  oc¬ 
cupé  passagèrement  par  des  nomades.  Les  eaux  de  l’Ouad  Messoun  sont  salées. 

Distances  :  de  Qaçba  Messoun  à  Tâza  comme  de  Lalla  Marnia  à  Oudjda. 

de  Qaçba  Messoun  à  Gersif  comme  de  Taourirt  (Ouad  Z  a)’  à  Qaçba  el  Aïoun. 

OUAD  Z  A.  —  II  prend  sa  source  dans  la  partie  du  Dahra  parcourue  par  les  Ait  Bou  Ouchchaouen, 
auprès  d’un  groupe  de  puits  appelé  Tisreïn.  Pendant  plusieurs  journées ,  son  cours  se  poursuit  dans  le 
Dahra,  c’est-à-dire  sur  un  immense  plateau  désert. 

Il  y  reste  jusqu’à  Tegafeït.  De  sa  source  à  ce  point,  il  n’a  qu’un  seul  lieu  habité  sur  ses  bords, 

Qaçba  Ras  cl  Aïn  Béni  Matar.  100  fusils. 

Sauf  ce  petit  qçar,  isolé  dans  la  plaine  solitaire,  l’Ouad  Za  est  désert  jusqu’à  Tegafeït.  Là  il  change 
brusquement  d’aspect.  Le,  Dahra  cesse;  la  rivière  entre  dans  une  étroite  vallée,  resserrée  entre  le  Dje¬ 
bel  Boni  Bou  Zeggou  à  droite,  le  Djebel  Oulad  Amer  et  le  Djebel  Mergeshoum  à  gauche.  Les  bords, 
arides  jusque-là,  se  couvrent  de  champs  et  de  jardins,  et  resteront  tels  jusqu’au  confluent  de  la  rivière 
avec  la  Mlouïa;  de  Tegafeït  à  ce  point ,  l’Ouad  Za  n’est  qu’un  long  verger  :  c’est  cette  riche  partie  de 
son  cours  qu’on  appelle  bladZa.  Elle  se  divise  en  deux  portions  :  la  première,  de  Tegafeït  à  Qaçba  Béni 
Qoulal  ;  l’Ouad  Za  reste  en  montagne ,  resserré  entre  les  deux  massifs  (pie  nous  avons  nommés  ;  la  deuxiè¬ 
me,  de  Béni  Qoulal  à  la  Mlouïa;  il  coule  en  plaine,  ruban  vert  se  déroulant  le  long  des  sables  de  l’Angad. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


380 

Tant  qu'il  est  en  montagne,  l’Ouad  Za,  Rien  que  garni  de  superbes  cultures,  n’est  pas  très  peuplé. 
Les  tribus  auxquelles  appartiennent  champs  et  jardins,  tribus  qui  ne  vivent  que  sous  la  tente,  habitent 
le  flanc  de  sa  vallée  et  non  le  fond.  Nous  parlerons  plus  tard  de  ces  tribus.  Dans  cette  partie,  le  Za  n'a 
que  quelques  tentes  dispersées  au  milieu  des  cultures,  et  deux  villages  : 

Tegafeït.  100  fusils. 

Qaçba  Béni  Qoulal.  50 

Mais  aussitôt  qu’il  entre  en  plaine,  il  devient  très  habité.  Les  Kerarma,  qui  possèdent  cette  dernière 
partie  de  son  cours,  résident  sur  ses  rives  mêmes,  leurs  tentes  disséminées  au  milieu  des  cultures.  Ils 
n’ont  point  de  maisons;  il  n’existe  que  deux  constructions  dans  cette  portion  du  Za  : 

Dar  Chikh  Ech  Chaoui. 

Taourirt  (appelée  aussi  Qaçba  Moulei  Ismaïl). 

On  voit  donc  que  le  cours  de  l’Ouad  Za  se  divise  en  deux  parties  distinctes  :  l’une,  de  sa  source  à  Te¬ 
gafeït ,  aride,  inculte,  déserte  ;  l’autre,  de  Tegafeït  à  son  confluent  avec  la  Mlouïa,  cultivée,  garnie  de 
jardins,  aussi  riche  que  la  précédente  était  désolée,  aussi  verdoyante  qu’elle  était  aride.  Ces  deux  por¬ 
tions  sont  si  différentes  l’une  de  l'autre  que  les  indigènes  donnent  à  chacune  un  nom  particulier.  De  Tis- 
reïn  à  Ras  el  Aïn  Béni  Matar,  ils  appellent  la  rivière  Ouad  Charef;  de  Ras  el  Aïn  Béni  Matar  à  la  Mlouïa, 
ils  la  nomment  Ouad  Za.  Ils  n’étendent  jamais  la  signification  de  ces  deux  termes  et  n’emploient  pas 
l’un  pour  l’autre.  Le  point  de  Bas  el  Aïn  Béni  Matar,  qu’ils  ont  choisi  comme  marquant  le  lieu  de  chan¬ 
gement  dans  la  manière  d’être  de  l’ouad,  est  remarquable  à  un  double  titre  :  c’est  le  premier  lieu  ha¬ 
bité  qui  se  trouve  sur  le  cours  de  la  rivière  depuis  sa  source,  et  c'est  à  partir  de  là  que  l'Ouad  Za 
a  de  l’eau  d’une  façon  permanente;  au-dessus  de  ce  point,  il  n’a  que  des  redirs  qui  se  remplissent  au 
moment  des  pluies  ;  au-dessous,  il  a  de  l’eau  partout,  en  toutes  saisons.  De  ce  dernier  fait  vient  le  nom 
de  Bas  el  Aïn  donné  à  la  qaçba  des  Béni  Matar. 

Distances  :  de  Tisreïn  à  Ras  el  Aïn  Béni  Matar  comme  de  Misour  à  Debdou. 

de  Tisreïn  à  Debdou  comme  de  Taourirt  (Kerarma)  à  Lalla  Marnia. 

de  Ras  el  Aïn  Béni  Matar  à  Tegafeït  comme  de  Dar  Ech  Chaoui  à  Qaçba  el  Aïoun. 

de  Tegafeït  à  Qaçba  Béni  Qoulal  comme  de  Qaçba  el  Aïoun  à  Oudjda. 

de  Qaçba  Béni  Qoulal  à  Taourirt  (Kerarma)  comme  la  1/2  distance  de  Lalla  Marnia  à  Oudjda. 
de  Taourirt  (Kerarma)  au  confluent  de  l’Ouad  Za  et  de  la  Mlouïa  comme  de  Lalla  Marnia  à 
Oudjda. 

POINTS  HABITÉS  DU  COURS  DU  ZA.  —  Voici  quelques  détails  sur  ces  localités,  déjà  énumérées,  et  au 
nombre  de  5  seulement  : 

Bas  el  Aïn  Béni  Matar  est  une  qaçba  appartenant  par  moitié  aux  Béni  Matar  et  aux  Mhaïa.  Elle  est  sur  la 
rive  de  l’ouad,  au  milieu  du  désert,  en  plein  Dahra.  11  s’y  trouve  une  source  très  abondante  et  ne  ta¬ 
rissant  jamais,  dont  les  eaux  forment  l’Ouad  Za. 

Tegafeït  est  un  village  appartenant  à  un  marabout  qui  l’habite,  Ould  Sidi  Hamza. 

Qaçba  Béni  Qoulal.  Elle  se  compose  d’une  enceinte  où  les  Béni  Qoulal  serrent  leurs  grains  et  d’un  certain 
nombre  d’habitations.  Elle  appartient  aux  Béni  Qoulal. 

Dar  Chikh  Ech  Chaoui.  C’est  une  maison  unique,  demeure  de  Chikh  Ben  Ech  Chaoui,  qaïd  des  Kerarma. 

Taourirt.  C’est  une  qaçba  construite  par  Moulei  Ismaïl;  elle  est  en  partie  ruinée  et  sert  aux  Kerarma 
à  emmagasiner  leurs  grains.  Nous  avons  vu  Taourirt,  ainsi  que  Dar  Chikh  Ech  Chaoui,  en  allant  de 
Debdou  à  Qaçba  el  Aïoun. 

TRIBUS  DU  COURS  DE  L’OUAD  ZA.  —  De  sa  source  à  Ras  el  Aïn  Béni  Matar,  l’Ouad  Za,  coulant  dans  le 
Dalira,  traverse  les  terres  de  parcours  de  toutes  les  tribus  qui  fréquentent  ce  désert,  mais  n’arrose  en 
particulier  aucune  d’elles.  Nous  ne  parlerons  pas  ici  de  ces  tribus,  dont  il  sera  question  plus  bas  on 
même  temps  que  du  Dahra.  Les  tribus  possédant  des  terres  sur  les  rives  de  l’Ouad  Za  sont  les  sui¬ 
vantes,  dans  l’ordre  où  on  les  trouve  en  descendant  la  rivière  :  Oulad  Amer,  Béni  Chebel,  Oulad  el 
Midi,  Béni  Qoulal,  Kerarma.  Les  quatre  premières  habitent  dans  le  massif  du  Djebel  Oulad  Amer  et  du 


BASSIN  DE  L'OUAD  MLOUIA. 


38 1 


Djebel  Mergeshoum;  la  portion  de  l’Ouad  Za  comprise  entre  Tegafeït  et  Qaçba  Béni  Qoulal  leur  appar¬ 
tient.  La  dernière  possède  les  rives  du  Za  de  Qaçba  Béni  Qoulal  à  la  Mlouïa,  et  les  habite.  Toutes  cinq , 
bien  que  sédentaires,  vivent  sous  la  tente.  Pas  de  Juifs  dans  aucune  d’elles.  Deux  marchés  :  Souq  el 
Arbaa  Béni  Qoulal  et  Souq  et  Tenîn  Kerarma.  Ce  dernier,  qui  se  tient  iï  Dar  Ech  Chaoui,  est  fort  im¬ 
portant. 

Oulad  Amer.  —  Tribu  séparée,  soumise  au  sultan,  du  ressort  du  qaïd  Ilamada  des  Béni  Bou  Zeggou.  Elle 
habite  le  massif  du  Djebel  Oulad  Amer,  situé  à  gauche  de  l’Quad  Za.  Langue  tamazirt.  1000  fusils. 
50  chevaux. 

Distance  :  de  Debdou  aux  Oulad  Amer  comme  d’Oudjda  à  Lalla  Marnia. 

Béni  chebel.  —  Tribu  séparée,  soumise  au  sultan,  sous  l’autorité  du  qaïd  Ilamada  des  Béni  Bou  Zeggou. 
Elle  habite  le  Djebel  Mergeshoum  situé  ;\  gauche  de  l’Ouad  Za.  Langue  tamazirt.  70  fusils. 

Oulad  el  Midi.  —  Tribu  séparée,  soumise  au  sultan,  dépendant  du  qaïd  Ilamada  des  Boni  Bou  Zeggou. 
Elle  habite  le  Djebel  Mergeshoum.  Langue  tamazirt.  200  fusils. 

Béni  Qoulal.  —  Tribu  séparée,  soumise  au  sultan,  du  ressort  du  qaïd  Ilamada  des  Béni  Bou  Zeggou. 
Elle  habite  le  Djebel  Mergeshoum  et  les  rives  du  Za,  où  elle  possède  Qaçba  Béni  Qoulal.  Langue  tama¬ 
zirt.  150  fusils. 

Kemrma.  —  Tribu  séparée.  Elle  est  soumise  au  sultan,  qui  lui  a  donné  pour  qaïd  son  propre  chikh  hé¬ 
réditaire,  Ben  Ech  Chaoui,  résidant  à  Dar  Chikh  Ech  Ghaoui.  Elle  habite  les  bords  de  l’Ouad  Za  entre  le  con¬ 
tinent  de  cette  rivière  avec  la  Mlouïa  et  Qaçba  Béni  Qoulal.  Dar  Chikh  Ech  Chaoui  et  Taourirt  lui  ap¬ 
partiennent.  Langue  arabe.  500  fusils. 

AFFLUENT.  —  L’Ouad  Za,  au-dessus  de  Bas  el  Ain  Boni  Matar,  dans  la  portion  de  son  cours  où  on 
l’appelle  Onad  Charef,  reçoit  l’Ouad  el  Aououdj  venant  de  l’est  et  se  jetant  sur  sa  rive  droite.  Cet  af¬ 
fluent  est  une  rivière  sans  eau,  comme  l’Ouad  Charef. 

OU  AD  EL  QCEB.  —  Il  prend  sa  source  dans  le  Djebel  Béni  Iala,  perce  la  chaîne  des  Béni  Bou  Zeg¬ 
gou  et  des  Zekkara,  traverse  le  désert  d’Angad,  où  il  passe  auprès  de  Qaçba  el  Aïoun,  et  enfin  se  jette 
dans  la  Mlouïa.  Cette  rivière  n’a  d’eau  que  les  années  pluvieuses  et  pendant  quelques  jours. 

Distances  :  de  Qaçba  el  Aïoun  au  Djebel  Béni  Iznâten  comme  de  Lalla  Marnia  à  Oudjda  ou  un  peu  moins, 

de  Qaçba  el  Aïoun  au  Djebel  Béni  Iala  comme  de  Qaçba  el  Aïoun  à  Oudjda. 

de  Qaçba  el  Aïoun  au  Djebel  Béni  Bou  Zeggou,  5  heures  de  marche, 

de  Qaçba  el  Aïoun  au  Djebel  Zekkara,  5  heures  de  marche. 

Le  Djebel  Béni  Iala,  où  l’Ouad  el  Qceb  prend  sa  source,  est  au  sud  des  djebels  Boni  Bou  Zeggou  et 
Zekkara,  à  hauteur  du  milieu  environ  de  la  chaîne. 

AFFLUENT.  — -  L’Ouad  el  Qceb  reçoit  un  affluent,  l’Ouad  Mescgmar,  prenant  sa  source  dans  le  Djebel 
Béni  Bou  Zeggou  et  se  jetant  sur  sa  rive  gauche. 


4°.  —  TRIBUS  DE  LA  VALLÉE  DE  LA  MLOUIA. 


Les  tribus  qui  occupent  ou  parcourent  la  vallée  de  la  Mlouïa  sont,  en  la  descendant  :  les  Béni 
Mgild,  les  Ait  Aïach, les  Ait  ou  Afella,  les  Oulad  Khaoua,  les  Ait  Ioussi,  les  Ait  Tserrouchen,  les  Oulad 
el  I lad  j ,  les  Houara,  les  Ilallaf  et  les  Béni  Oukil.  Nous  allons  dire  un  mot  de  chacune  d’elles. 

DENI  MOI  LD.  — Puissante  tribu  limitée  au  nord  par  les  Béni  M  tir,  à  l’est  par  les  Ait  Ioussi,  à 
l’ouest  par  les  Zaïau  et  les  Akebab,  au  sud  par  trois  fractions  des  Ait  lafelman,  les  Ait  labia,  les  Ait 
Aïach  et  les  Ait  Izdeg.  Les  Béni  Mgild  sont  indépendants;  ils  sont  de  race  et  de  langue  tamazirt. 

AIT  AI  AC  H.  —  Us  sont  Beràber  et  forment  une  des  fractions  des  Ait  lafelman.  Ils  sont  limités  au 
nord  par  le  Djebel  El  Aïachi,  à  l’est  par  Ait  Izdeg  et  les  Ait  ou  Afella,  à  l’ouest  par  les  Ait  labia  (autre 
fraction  des  Ait  lafelman)  et  les  Béni  Mgild,  au  sud  par  les  Béni  Mgild.  Les  Ail  Aïach  sont  partie  sé- 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


33  2 

dentaires,  partie  nomades,  ces  derniers  étant  les  plus  nombreux.  Ils  ne  possèdent  que  4  qçars  et  des 
tentes. 

Les  4  qçars  sont  ceux  qui  se  trouvent  sur  l’Ouad  Ait  Aïach;  la  population  en  est  de  300  fusils. 

Les  tentes  sont  dans  la  vallée  de  l’Ouad  Ait  Aïach,  sur  l’Ouad  Outat  Ait  Izdeg  au-dessous  du  con¬ 
fluent  des  deux  rivières,  et  parfois  sur  la  Mlouïa  au-dessous  du  confluent  de  l’Ouad  Outat  Ait  Izdeg. 

Les  Ait  Aïach  forment  800  fusils  et  40  chevaux. 

Ils  sont  indépendants. 

Langue  tamazirt,  comme  tous  les  Berâber. 

Ni  marché,  ni  Juifs. 

AIT  OU  AF  ELLA.  —  Les  Ait  ou  Afella  sont  une  subdivision  des  Ait  Izdeg.  Ils  sont  bornés  au  nord 
par  la  crête  supérieure  du  Grand  Atlas,  au  sud  par  la  Mlouïa  et  le  district  de  Qçâbi  ech  Cheurfa,  à  -l'est 
par  les  Oulad  Khaoua  et  les  Ait  Tserrouchen,  à  l’ouest  par  le  district  d’Outat  Ait  Izdeg,  les  Ait  Aïach 
et  les  Béni  Mgild. 

Les  Ait  ou  Afella  sont  sédentaires  et  n’habitent  que  des  qçars  ;  leurs  principaux  qçars  sont  : 

Dans  la  plaine  entre  le  Grand  Atlas  et  la  Mlouïa  :  Zebzat,  Bou  Aïach,  Entrit. 

Sur  la  Mlouïa  :  Ahouli  et  Tamdafelt. 

Sur  l’Ouad  Outat  Ait  Izdeg  :  Ait  ou  Afella. 

Ces  six  qçars  contiennent  environ  460  fusils  :  les  Ait  ou  Afella  en  forment  600.  Point  de  chevaux. 

Bien  que  fraction  des  Ait  Izdeg,  les  Ait  ou  Afella  ne  comptent  pas  actuellement  avec  eux.  Ils  en  sont 
séparés  politiquement.  Depuis  l’installation  d’un  qaïd  à  Qçâbi  ech  Cheurfa,  les  Ait  ou  Afella  sont  sou¬ 
mis  au  sultan.  Le  reste  des  Ait  Izdeg  est  resté  indépendant.  De  là,  séparation  et  hostilités. 

Ni  marché,  ni  Juifs. 

OULAD  KHAOUA.  —  Ils  sont  une  fraction  des  Oulad  el  Hadj;  mais,  comme  les  Ait  ou  Afella,  et 
depuis  plus  longtemps  qu’eux,  ils  sont  séparés  de  leur  tribu  d’origine.  Ils  sont  bornés  au  nord  par 
la  Mlouïa  et  les  Oulad  el  Hadj,  et  à  l’ouest  par  les  Ait  ou  Afella;  au  sud  et  à  l’est,  ils  s’étendent  jusqu’au 
pied  du  Grand  Atlas  et  du  Rekkam,  où  commencent  les  terres  des  Ait  Tserrouchen:  cette  tribu,  qui  oc¬ 
cupe  ces  deux  massifs,  les  limite  ainsi  de-deux  côtés. 

Les  Oulad  Khaoua  sont  partie  sédentaires,  partie  nomades;  ceux-ci  sont  les  plus  nombreux. 

Leurs  qçars  sont  au  nombre  de  quatre  :  deux  sur  la  Mlouïa,  Megdoul  et  El  Bridja  ;  deux  sur  l’Ouad 
Ouizert,  Tikoutamin  et  Ouizert.  A  eux  quatre,  ils  contiennent  230  à  260  fusils. 

Leurs  tentes  sont  dispersées  dans  la  plaine,  au  sud  de  la  Mlouïa  et  près  de  l’Ouad  Ouizert. 

Ils  forment  600  à  700  fusils.  Ils  ont  environ  30  chevaux. 

Appartenant  aux  Oulad  el  Hadj,  les  Oulad  Khaoua  sont  de  race  el  de  langue  arabe.  Politiquement, 
ils  sont,  avons-nous  dit,  séparés  de  leur  tribu.  Cette  séparation  date  de  très  loin.  11  y  a  bien  des 
années,  les  Oulad  Khaoua,  ayant  eu  des  querelles  avec  les  autres  fractions  des  Oulad  el  Hadj,  les  aban¬ 
donnèrent  et  s’allièrent  aux  Ait  Izdeg;  leur  union  avec  les  Ait  Izdeg  dure  toujours  depuis  cette  épo¬ 
que;  aujourd’hui  encore,  bien  que  d’origine  étrangère,  ils  comptent  comme  faisant  partie  de  cette 
tribu.  Lors  de  l’installation  d’un  qaïd  à  Qçâbi  ech  Cheurfa,  ils  ont  fait  leur  soumission  au  sultan;  de¬ 
puis  ce  temps,  ils  sont  blad  el  makhzen;  le  qaïd  d'El  Qçâbi  les  a,  ainsi  que  les  Ait  ou  Afella,  dans  son 
ressort.  Le  fait  de  leur  soumission,  contrairement  à  ce  qui  est  arrivé  pour  les  Ait  ou  Afella,  ne  les  a 
point  brouillés  avec  les  Ait  Izdeg.  Ils  leur  sont  toujours  étroitement  unis. 

Ni  marché,  ni  Juifs. 

AIT  IOUSSI.  - —  C’est  une  grande  tribu  chleuha  occupant  toute  la  région  qui  s’étend  entre  Qçâbi 
ech  Cheurfa  et  Sfrou.  Elle  est  bornée  au  nord  par  Sfrou,  au  sud  par  la  Mlouïa,  à  l’ouest  par  les  Béni 
Mgild,  à  l’est  par  les  Béni  Ouarain,  les  Ait  Tserrouchen  el  les  Oulad  el  Hadj. 

Les  Ait  Ioussi  se  divisent  en  trois  fractions  à  peu  près  d’égale  force  : 

Rerraba  (au  sud  de  Sfrou). 


BASSIN  DE  LU  U  AD  MLUU1A. 


:J8B 

Aït  Helli  (au  sud  des  Rerraba). 

Ait  Mesaoud  ou  Ali  (au  sud  des  Ait  Helli,  entre  la  Mlouïa  et  le  Djebel  Oumra  Djeniba). 

Ils  sont  soumis  au  sultan  et  ont  trois  qaïds,  un  pour  chaque  fraction.  Ils  sont  de  race  et  de  langue 
tamazirt.  Partie  sédentaires,  partie  nomades,  ils  ont  des  villages  et  des  tentes. 

Ni  marché,  ni  Juifs  sur  leur  territoire. 

Les  Ait  loussi  sont  une  tribu  de  montagne  :  ils  possèdent  à  la  vérité  une  grande  plaine,  la  moitié 
de  la  vallée  de  la  Mlouïa  sur  une  longue  étendue;  mais  ils  n’y  descendent  presque  jamais  :  de  loin  en  loin, 
on  y  voit  apparaître  quelques-uns  de  leurs  douars  ou  de  leurs  troupeaux;  mais  ils  ne  font  que  passer  et 
bientôt  regagnent  les  hauteurs.  Tout  le  reste  de  leur  territoire  est  montagneux;  les  diverses  chaînes 
qui  le  traversent  sont  nommées  indifféremment  Djebel  Ait  loussi.  Les  principales  d’entre  elles  sont  le 
Moyen  Atlas  et  celle  que  nous  appelons  chaîne  Oulmess-Riata.  On  y  remarque  aussi  le  plateau  mon- 
tueux  du  Fezaz,  qui  sépare  les  Aït  loussi  des  Béni  Mgild. 

Moyen  Atlas.  —  Cette  haute  chaîne,  dont  nous  avons  vu  au  mois  de  mai  presque  toute  la  crête  cou¬ 
verte  de  neige,  commence  au  sud  du  Tàdla  et  se  prolonge  par  les  monts  Debdou  jusqu’aux  Hauts  Pla¬ 
teaux  où  elle  expire.  Dans  sa  portion  comprise  entre  les  Béni  Mgild  et  la  Mlouïa,  on  y  remarque  trois 
sommets  principaux  :  à  l’ouest,  le  Djebel  Tsouqt,  sur  le  territoire  des  Ait  loussi;  à  l’est,  le  Djebel 
Oulad  Ali  (portant  aussi  les  noms  de  Djebel  Béni  Hassan,  de  Djebel  Tirnest  et  de  Djebel  Oulad  el  Hadj), 
occupé  partie  par  de  petits  groupes  isolés  de  Ghellaha,  partie  par  les  Oulad  el  Hadj  ;  entre  les  deux,  le 
Djebel  Oumm  Djeniba,  dont  le  versant  ouest  est  habité  par  les  Aït  loussi,  le  versant  est  par  les  Ait 
Tserrouchen.  Entre  le  Djebel  Tsouqt  et  le  Djebel  Oumm  Djeniba,  la  chaîne  est  toute  sur  le  territoire 
des  Ait  loussi;  du  Djebel  Oumm  Djeniba  au  Djebel  Oulad  Ali,  le  versant  septentrional  en  appartient 
aux  Béni  Ouaraïn,  le  versant  méridional  aux  Ait  Tserrouchen. 

Le  chemin  de  Qçàbi  ech  Cheurfa  à  Fàs,  par  Sfrou,  passe  entre  le  Djebel  Tsouqt  et  le  Djebel  Oumm 
Djeniba.  Sur  cette  route  se  remarque  la  data  d’Ifrah,  grand  étang  situé  dans  la  montagne. 

Chaîne  Oulmess-Riata.  —  Commençant  à  l’ouest  d’Oulmess,  se  continuant  dans  le  Djebel  Riata  et  se  pro- 
longeant  jusqu’en  Algérie  par  les  monts  Béni  Bon  Zeggou  et  Zekkara,  cette  chaîne  traverse  le  territoire 
des  Ait  loussi  au  nord  de  la  précédente ,  à  laquelle  elle  est  à  peu  près  parallèle.  Entre  les  Ai  t  loussi  et  la 
Mlouïa,  elle  appartient,  le  versant  nord  aux  Riata,  le  versant  sud  aux  Béni  Ouarraïn. 

Fezaz.  —  C’est  un  plateau  élevé,  montueux ,  allant  du  Moyen  Atlas  à  la  chaîne  Oulmess-Riata;  sa 
direction  est  perpendiculaire  à  celle  de  ces  deux  chaînes  entre  lesquelles  il  est  comme  un  trait  d’union. 
11  forme  limite  entre  les  Aït  loussi  et  les  Béni  Mgild. 

AIT  TSERROUCHEN.  —  Les  Ait  Tserrouchen  sont  une  puissante  tribu  tamazirt  composée  de  deux 
grandes  fractions,  l’une  sédentaire,  l’autre  nomade.  Les  Ait  Tserrouchen  sont  connus  sous  trois  noms  : 
on  les  appelle  indifféremment  Ait  Tserrouchen,  Mermoucha,  et  Oulad  Moulei  Ali  ben  Amer;  ils  se  font 
donner  ce  dernier  nom  parce  qu’ils  prétendent  descendre  du  cherif  Moulei  Ali  ben  Amer  qui  serait  leur 
souche  commune  (1). 

Particularité  rare,  les  deux  fractions  des  Ait  Tserrouchen  vivent  complètement  isolées  l’une  de  l’an¬ 
tre,  sans  aucune  relation  ensemble,  leurs  territoires  séparés  par  d’autres  tribus.  L’une  d’elles  habite 
le  versant  sud  du  Moyen  Atlas,  la  seconde  le  revers  nord  du  Grand  Atlas  et  le  Dahra.  Toute  la  vallée 
de  la  Mlouïa,  avec  ses  vastes  plaines  et  les  tribus  qui  les  occupent,  les  séparent.  Ces  deux  fractions  ne 
sont  pas  moins  différentes  de  mœurs  qu'isolées  de  territoires  :  la  première  est  composée  de  monta¬ 
gnards  sédentaires,  la  seconde  de  nomades.  Nous  allons  les  étudier  l’une  après  l’autre. 

Les  Ait  Tserrouchen  du  nord  sont  bornés  :  à  l’ouest,  par  les  Ait  loussi  ;  au  sud.  par  la  plaine  déserte,  ap¬ 
partenant  aux  Ait  loussi,  qui  forme  la  vallée  de  la  Mlouïa  de  Oçàbi  ccli  Cheurfa  à  Misour;  à  l’est,  par 


(1)  «  l.cs  Aït  Tserrouchen  sont  entièrement  à  la  dévotion  des  marabouts  de  Kenadsa,  qui  ont  riiez  eux  plusieurs  zaouïas  et  dont 
»  les  grandes  familles  de  la  tribu  disent  être  parentes.  «  (Renseignement  fourni  par  M.  Pilard.)  On  a  vu  par  une  note  précédente 
que  les  descendants  de  Moulei  Ali  ben  Amer  et  les  marabouts  de  Kenadsa  avaient  une  origine  commune. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


381 


les  groupes  isolés  de  Chellaha  qui,  d’Almis  à  Feggouç,  occupent  les  dernières  pentes  du  Moyen  Atlas, 
le  long  de  la  vallée  de  la  Mlouïa;  au  nord,  par  les  Béni  Ouaraïn  :  la  ligne  de  faîte  du  Moyen  Atlas  forme 
frontière  entre  cette  dernière  tribu  et  les  Ait  Tserrouchen  du  nord.  Ceux-ci  sont  donc  entièrement 
cantonnés  dans  le  massif  montagneux  que  forme  le  versant  sud  du  Moyen  Atlas  et  que  limite  à  l'est 
et  au  sud  la  vallée  de  la  Mlouïa.  Cotte  fraction  est  sédentaire  et  n’habite  que  des  villages.  Elle  peut 
lever  environ  2  000  fusils.  Point  de  Juifs  sur  ses  terres. 

Les  au  Tserrouchen  du  sud  occupent  le  revers  septentrional  du  Grand  Atlas  au  nord  des  Oulad  Khaoua, 
les  deux  versants  de  la  chaîne  à  l'est  de  cette  tribu,  et  une  partie  du  Dahra.  La  plupart  d’entre  eux 
sont  nomades  ;  cependant  ils  possèdent  un  certain  nombre  de  qçars.  Ces  qçars  sont  :  Azdad  (3  qçars) 
et  El  Kaf,  sur  le  revers  nord  du  Grand  Atlas,  Taoura,  non  loin  de  Tanslemt,  qui  leur  appartiennent 
en  entier;  Zriouila,  Aïat,  Tagenza,  situés  dans  la  même  région,  qu’ils  habitent  en  commun  avec 
d’autres  tribus;  do  plus  ils  résident  dans  la  localité  de  Saïda,  dans  le  district  de  Qçâbi  ech  Cheurfa,  et 


ont  quelques  individus  dispersés  dans  les  qçars  de  Béni  Mesri. 

Voici  la  décomposition  des  Ait  Tserrouchen  du  sud  : 

Ait  Saïd  (nomades,  vivant  habituellement  entre  Béni  Tzit  et  Talsit).  200  fusils. 

Ait  Bou  Ouchchaouen  (ou  Ait  Bou  Oussaouen)  (nomades,  vivant  habituellement  près 

d’Anoual ,  dans  le  Dahra).  1000 

Ait  Saïd  ou  El  Hasen  (nomades,  vivant  dans  le  Dahra).  200 

Aït  Heddou  ou  Bel  Hasen  (nomades,  vivant  dans  le  Dahra).  200 

Aït  Bou  Mariem  (mi-sédentaires,  mi-nomades ,  possèdent  Azdad  et  ont  des  tentes).  000 
Aït  Ali  Bou  Mariem  (mi- sédentaires,  mi-nomades,  quelques-uns  d’entre  eux  sont 

dispersés  dans  les  qçars  de  Béni  Mesri.  Les  autres  vivent  sous  la  tente).  80 

Aït  Ben  Ouedfel  (mi-sédentaires,  mi-nomades,  possèdent  le  qçar  de  Taoura  et  des  tentes).  120 
Aït  Haseïn  (nomades,  vivant  aux  environs  de  l’Ouad  Gir).  800 

Aït  Hammou  Bel  Hasen  (nomades,  vivant  dans  le  Dahra).  GO 

Poinl  de  marché,  ni  de  Juifs  chez  eux. 


Tous  les  Aït  Tserrouchen  sont  indépendants  et  sans  relation  avec  le  sultan.  On  a  cru  quelquefois 
que  les  Ait  Tserrouchen  étaient  une  fraction  des  Aït  Iafelman;  c’est  une  erreur  :  les  Aït  Tserrouchen 
ne  sont  point  des  Berâber.  Ils  forment  une  tribu  à  part.  Ils  sont  Chellaha.  Leur  langue  est  le  tama- 
zirt. 

OULAD  EL  HADJ.  —  Puissante  tribu  arabe,  moitié  nomade,  moitié  sédentaire;  elle  occupe  les 
deux  rives  de  la  Mlouïa  et  la  vaste  plaine  qui  en  forme  la  vallée  depuis  Misour  jusqu’à  Oulad  Hamid. 
Plusieurs  des  qçars  situés  sur  les  premières  pentes  du  Moyen  Atlas  lui  appartiennent;  les  autres  son! 
ses  alliés.  Enfin  elle  possède  le  Rekkam  et  une  partie  du  Djebel  Debdou.  Les  Oulad  el  Hadj  sont  Ara¬ 
bes  de  race  et  de  langue.  Autrefois  ils  étaient,  de  nom  plutôt  que  de  fait,  soumis  au  sultan  et  avaient 
un  qaïd  nommé  par  lui.  Depuis  1882,  ils  ne  reconnaissent  plus  ni  sultan  ni  qaïd  et  sont  indépendants. 

Voici  leur  décomposition  : 


Toual  (nomades) . 100  fantassins. 

Oulad  Bou  Qaïs  (nomades,  toujours  unis  aux  Toual) . 100  fantassins. 

Oulad  Sidi  Aïssa  (marabouts  sédentaires,  habitant  Tiissaf) .  300  fantassins. 

Oulad  ltamid  (nomades  et  sédentaires;  ces  derniers  habitent  Oulad  Hamid 

sur  la  Mlouïa) .  300  fantassins. 

Ahel  Tirnest  (sédentaires,  habitant  le  groupe  de  qçars  de  ce  nom)  ....  600  fantassins. 

Oulad  Jerrar  (nomades  et  sédentaires;  ces  derniers  habitent  divers  qçars 

de  la  Mlouïa) .  800  fantassins. 

Oulad  Daoud  (nomades,  ils  campent  dans  le  voisinage  de  Debdou)  ....  200  fantassins. 

Béni  Riis  (sédentaires,  habitant  des  villages  dans  le  Djebel  Debdou).  .  .  .  600  fantassins. 

Ahel  Rechida  (marabouts  sédentaires,  habitant  Rechida  et  Béni  Khelften).  350  fantassins. 

Oulad  Admer  (marabouts  sédentaires,  habitant  Admer) .  100  fantassins. 

Oulad  El  Bekri  (nomades  et  sédentaires  habitant  à  Outat  Oulad  el  Hadj).  .  120  fantassins. 


30  cavaliers. 
40  cavaliers. 


40  cavaliers. 


GO  cavaliers. 
30  cavaliers. 


30  cavaliers. 


BASSIN  DE  L’OUAD  MLOUÏA. 


385 


Oulad  Abd  el  Kerim  (sédentaires,  habitant  dans  les  qçars  d’Oulad-  El 

Fedil,  Oulad  Abd  el  Malek,  El  Angab,  El  Hamouziin,  etc.) .  90  fantassins. 

EPArzan  (sédentaires,  habitant  le  groupe  de  qçars  de  ce  nom) .  250  fantassins.  50  cavaliers. 

Oulad  Mellouk  (sédentaires,  habitant  les  qçars  de  ce  nom) .  300  fantassins. 

Béni  Bou  Hi  (sédentaires,  habitant  Outat  Oulad  el  Hadj) .  150  fantassins. 

El  Harar  (sédentaires,  habitant  le  qçar  de  ce  nom  à  Outat  Oulad  el  Iladj).  50  fantassins. 

El  Kechchacha  (sédentaires,  résidant  dans  la  localité  de  ce  nom  à  El  Outat).  30  fantassins, 

enfin,  et  pour  mémoire  seulement  : 

Oulad  Khaoua .  650  fantassins.  30  cavaliers. 

Cette  dernière  fraction  des  Oulad  el  Hadj  s'est  séparée  de  ses  frères  et  n’a  plus  de  commun  avec  eux 
que  l’origine  ;  elle  compte  depuis  longtemps  avec  les  Ait  Izdeg. 

Trois  autres  fractions,  les  Béni  Riis,  les  Ahel  Rechida  et  les  Oulad  Admer,  sont  en  ce  moment  en 
dehors  du  concert  des  Oulad  el  Hadj.  Pendant  que  ceux-ci  sont  insoumis,  elles  reconnaissent  le  sultan 
et  obéissent  au  qaïd  de  Tâza. 

Il  n’y  a  qu’un  mellah  chez  les  Oulad  el  Hadj,  celui  d’El  Outat. 

Deux  marchés,  tous  deux  à  Oulad  Hamid,  tlâtaet  djemaa. 

BOU  ARA.  —  Tribu  nomade  se  disant  de  race  arabe.  La  langue  en  est  l’arabe.  La  principale  instal¬ 
lation  et  les  cultures  les  plus  importantes  en  sont  sur  les  deux  rives  de  la  Mlouïa,  entre  Refoula  et  le 
gros  des  llallaf.  Elle  cultive  aussi  dans  le  Fhama.  Ce  sont  les  seuls  labourages  qu’elle  possède.  Quant 
à  ses  troupeaux,  elle  les  fait  paître  dans  l’Angad,  dans  le  Fhama,  dans  le  Jell  et  jusque  dans  le  Dahra. 

Les  Houara  ne  vivent  que  sous  la  tente,  mais  ils  ont  trois  qaçbas  qui  leur  servent  de  magasins;  ce  sont  : 

Gersif  (ou  Agersif),  sur  la  Mlouïa. 

Qaçba  Oulad  Hammou  ou  Mousa,  sur  la  Mlouïa. 

Qaçba  Messoun,  sur  l’Ouad  Messoun. 

Les  Ilouara  sont  une  forte  tribu,  ils  peuvent  lever  1500  fantassins  et  300  chevaux.  Ils  se  décom¬ 
posent  en  6  fractions  : 

Atamna,  Oulad  Sedira,  Mezarcha,  Zergan,  Oulad  Mesaoud,  Oulad  Hammou  ou  Mousa. 

Les  Houara  sont  soumis  au  sultan  et  ont  quatre  qaïds  ;  ceux-ci  sont  en  ce  moment  : 

Ali  El  Hamar,  gouvernant  les  Atamna. 

Mbammed  bel  Hadj  El  Ivorradi,  gouvernant  les  Oulad  Sedira  et  les  Mezarcha. 

Chikh  Tîb  El  Hafi,  gouvernant  les  Zergan  et  les  Oulad  Mesaoud. 

Mbammed  ould  Qaddour  ben  Djilali,  gouvernant  les  Oulad  Hammou  ou  Mousa. 

Deux  marchés,  le  khemîs  et  le  h  ad  de  Gersif.  Point  de  mellali;  des  Israélites  do  Debdou  viennent, 
sans  emmener  leur  famille,  passer  une  partie  de  l’année  dans  la  tribu  pour  trafiquer. 

HALLAF.  —  Tribu  nomade,  de  race  et  de  langue  arabe.  Elle  se  divise  en  deux  groupes  :  les  Ahel 
Refoula  et  les  Hallaf  proprement  dits.  Les  premiers  ont  une  qaçba  sur  la  Mlouïa,  Refoula,  et  habitent 
à  l’entour  sous  la  tente.  Ils  forment  environ  100  fusils. 

Les  seconds,  qu’on  désigne  seuls  lorsqu’on  prononce  le  nom  de  Hallaf,  occupent  les  deux  rives  de  la 
Mlouïa  entre  les  Houara  et  les  Béni  Oukil  :  là  sont  toutes  leurs  cultures  et  leurs  tentes;  leurs  trou¬ 
peaux  paissent  dans  les  plaines  voisines.  Ils  ne  possèdent  aucune  construction.  Cotte  tribu  peut  lever 
400  fantassins  et  100  chevaux.  Elle  se  décompose  en  0  fractions,  savoir  : 

Oulad  Rehou,  Medafra,  Oulad  Sidi  Mbammed  bel  Hoseïn  (cherifs),  Oulad  Mahdi,  El  Arba,  Oulad 
Seliman. 

Los  Abel  Refoula  elles  Hallaf  proprement  dits  formenttoute  la  tribu  des  Hallaf.  Toutefois  les  Kerarma 
(tribu  de  l’Ouad  Za)  sont  considérés  comme  frères  des  Hallaf  et  comme  Hallaf  d’origine  ;  en  cas  (b1 
guerre,  ils  leur  sont  toujours  alliés. 

Les  Hallaf,  ceux  de  Refoula  comme  les  autres,  sont  soumis  au  sultan.  Ils  n’ont  point  do  qaïd  parti¬ 
culier.  Tous  dépendent  du  qaïd  des  Kerarma. 

RECONNUSSVNCE  UJ  MAROC.  ,U 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


380 

Point  dp  marché.  Quelques  Juifs  de  Debdou  viennent  trafiquer  dans  la  tribu,  mais  il  n’y  a  poinl  de 
mellah. 

BENI  OUKIL.  —  Tribu  de  marabouts.  Ils  sont  de  mœurs  sédentaires,  bien  que  vivant  sous  la  tente. 
Us  habitent  trois  points  du  cours  de  la  Mlouïa  entre  les  Hallaf  et  l’embouchure  du  fleuve.  Leurs  campe¬ 
ments  sont  en  des  lieux  invariables,  au  milieu  de  leurs  cultures  et  de  leurs  jardins.  Aucune  construc¬ 
tion.  Ils  forment  environ  200  familles;  point  de  chevaux  ni  de  fusils  chez  eux;  ils  ne  possèdent  que 
des  chapelets. 

Ils  se  divisent  en  3  fractions.  On  n’a  pu  me  dire  le  nom  de  la  première  ;  les  2  autres  s’appellent  : 

El  Kborb,  Oulad  El  Bacha. 

Les  Béni  Oukil  reconnaissent  le  sultan,  mais,  en  qualité  de  marabouts,  n'ont  point  de  qaïd  et  no 
paient  pas  d’impôt. 

Ni  marché,  ni  Juifs  chez  eux. 


5°.  —  PLAINES  ENTRE  LA  MLOUIA  ET  FAS. 


Une  des  choses  remarquables  de  la  géographie  du  Maroc  oriental  est  la  large  trouée  qui  forme  une 
voie  naturelle  entre  l’Algérie  et  Fàs.  De  Lalla  Marnia  à  cette  capitale,  le  chemin  est  constamment  en 
sol  uni.  C’est  une  succession  de  plaines  que  la  Mlouïa  coupe  en  deux  parties.  Nous  allons  donner  quel¬ 
ques  renseignements  sur  chacune  d’elles,  en  commençant  par  la  contrée  comprise  entre  la  Mlouïa  et 
Fàs. 

La  région  plate  s’étendant  entre  la  Mlouïa  et  Fàs  se  compose  d’abord  de  deux  plaines  désertes,  celle 
de  Jell  et  celle  de  Raret,  situées  l’une  et  l’autre  sur  la  rive  du  fleuve,  la  première  au  sud  de  la  seconde; 
puis  d’un  plateau  bas  et  ondulé,  le  Fhama,  servant  de  ligne  de  partage  entre  le  bassin  de  la  Mlouïa  et 
celui  du  Sebou;  enfin  de  la  vallée  de  l’Ouad  Innaouen,  affluent  du  Sebou. 

.Tell.  —  C’est  une  plaine  déserte  que  parcourent  en  hiver  et  au  printemps  les  troupeaux  des 
Ilouara.  Elle  a  pour  limites  :  au  nord,  le  Gelez,  ligne  de  collines  très  basses  qui  la  sépare  du  Raret; 
à  l’est,  la  Mlouïa;  à  l’ouest,  le  plateau  du  Fhama;  au  sud,  la  chaîne  des  monts  Riata,  fort  abaissée  en 
ce  point  et  qui,  aux  environs  de  la  Mlouïa,  disparaît  complètement  pour  reprendre  plus  loin  avec  un 
autre  nom  sur  la  rive  droite  du  fleuve. 

Le  Jell  est  arrosé  par  l'Ouad  Messoun,  qui  y  entre  au-dessous  de  Qaçba  Messoun  et  y  demeure  jusqu’à 
son  confluent  avec  la  Mlouïa. 

Raret.  —  Plaine  déserte  ayant  pour  limites  :  au  nord,  le  Djebel  Qelaïa  et  le  Djebel  Kebdana;  à  l’est, 
la  Mlouïa;  à  l’ouest,  le  Djebel  Metalsa;  au  sud,  les  collines  du  Gelez  qui  la  séparent  du  Jell.  Dans  le 
désert  de  Raret  campe  la  tribu  nomade  des  Béni  Bon  labia. 

Le  Djebel  Metalsa  est  situé  à  l'ouest  de  Qaçba  Iselouan. 

Le  Djebel  Qelaïa  se  trouve  au  nord  de  Qaçba  Iselouan  et  à  l’ouest  du  Djebel  Kebdana. 

Les  Béni  Bon  labia,  appelés  aussi  Béni  Bon  Ialii,  sont  une  tribu  nomade  ne  quittant  point  le  désert  de 
Raret.  Ils  comptent  800  fantassins  et  60  chevaux.  Ils  sont  soumis  au  sultan  et  gouvernés  par  un  qaïd 
nommé  par  lui.  Mohammed  bel  llirch.  Leur  langue  est  le  tamazirt. 

Fhama.  —  Plateau  ondulé,  désert  la  plus  grande  partie  de  l’année,  cultivé  en  quelques  points  par 
les  Ilouara  et  parcouru  par  leurs  troupeaux.  Il  a  pour  bornes  :  au  nord,  les  montagnes  du  Rif  (massifs 
des  Gezennaïa  et  des  Metalsa);  à  l’est,  la  plaine  du  Jell;  à  l’ouest,  le  confluent  de  l’Ouad  Bon  el  Djerf 
et  de  l’Ouad  el  Arba,  dont  la  réunion  forme  lTnnaouen;  au  sud,  les  monts  des  Riata. 

Le  peu  d’élévation  de  ce  plateau  en  rend  l’accès  et  le  parcours  si  faciles  qu'il  prolonge  plutôt  qu’il 
ne  coupe  les  plaines  voisines.  Ce  n’est  qu'un  dos  peu  accentué  séparant  les  bassins  de  la  Mlouïa  et  du 
Sebou. 


BASSIN  ÜE  L’OUAD  JM  LU  El  A. 


;j87 

Il  est  arrosé  par  deux  cours  d’eau,  l’Ouad  Bou  el  Djerf,  l’une  des  sources  de  l’Innaouen,  et  l’Uuad 
Mossoun,  tributaire  de  la  Mlouïa. 

(Jaçba  Messoun,  localité  appartenant  aux  llouara,  est  située  dans  le  Fhama. 

Ouad  Innaoüen.  —  Cette  rivière,  dont  nous  avons  parcouru  et  décrit  la  vallée  entre  Tàza  et  Fàs,  se 
jette  dans  le  Sebou  un  peu  au-dessus  de  Hadjra  ech  Cberifa.  Elle  est  formée  de  la  jonclion  de  deux 
cours  d’eau,  l’Ouad  Bou  el  Djerf  et  l’Ouad  el  Arba,  qui  se  réunissent  à  2  heures  de  marche  au-dessus 
du  continent  de  l’Ouad  Tàza  et  de  TOuad  Innaoüen. 

Ouad  Bou  el  Djerf.  —  Il  prend  sa  source  dans  la  portion  orientale  des  monts  Riata,  traverse  ensuite 
le  Fhama  et  se  joint  enfin  à  l’Ouad  el  Arba  à  peu  de  distance  de  Tàza. 

Ouad  el  Arba.  —  La  source  s’en  trouve  dans  les  montagnes  du  Rif,  au  massif  du  Djebel  Brânes,  ainsi 
nommé  de  la  tribu  des  Brànes  qui  l’habite.  11  arrose  les  terres  de  cette  tribu,  puis  entre  dans  celle  des 
Miknâsa.  C’est  après  l’avoir  traversée  qu’il  s’unit  à  TOuad  Bou  el  Djerf. 

AFFLUENTS  DE  L’OUAD  INNAOÜEN.  —  En  outre  des  affluents  que  nous  avons  mentionnés  dans 
notre  itinéraire,  TOuad  Innaoüen  reçoit  les  quatre  suivants  : 

Ouad  Bou  Helou,  se  jetant  sur  sa  rive  gauche  à  Adjib  ech  Cherif,  point  situé  chez  les  lliaïna,  à 
l’extrémité  du  Djebel  Riata. 

Ouad  Bou  Zemlal,  se  jetant  sur  sa  rive  gauche  au-dessous  du  précédent,  dans  la  tribu  des  lliaïna. 

Ouad  Leben,  se  jetant  sur  sa  rive  droite  au-dessous  des  deux  premiers,  dans  la  tribu  des  lliaïna. 

Ouad  El  Hadar,  se  jetant  sur  sa  rive  droite  à  peu  de  distance  de  son  confluent  avec  le  Sebou. 

Ouad  Bou  Helou.  —  Rivière  assez  considérable  descendant  du  Djebel  Béni  Ouaraïn  et  arrosant  le 
territoire  des  Riata. 

Ouad  Bou  Zemlal.  —  Cours  d’eau  peu  important,  prenant  sa  source  dans  le  Djebel  Béni  Ouaraïn. 

Ouad  Leben.  —  Assez  grande  rivière  descendant  des  montagnes  du  Rif,  et  ayant  presque  tout  son  cours 
sur  le  territoiré  des  Hiaïna. 

Ouad  El  Hadar.  —  Assez  grande  rivière  qui  prend  sa  source  dans  le  Djebel  Brànes.  Elle  arrose  la  tribu 
des  Brànes,  puis,  laissant  les  Miknâsa  au  sud,  entre  dans  le  territoire  des  Tsoul  qu’elle  traverse.  De  là 
elle  passe  chez  les  lliaïna  et,  au  point  où  elle  se  jette  dans  TOuad  Innaoüen,  forme  frontière  entre  eux 
et  les  Oulad  Djema. 

Ainsi  qu’on  le  voit,  cette  longue  bande  plane  s’étendant  entre  la  Mlouïa  et  Fàs,  et  formée  du  Jell, 
du  Raret,  du  Fhama  et  de  la  vallée  de  TOuad  Innaoüen,  est  bordée  au  nord  et  au  sud  par  deux  chaînes 
de  montagnes  :  monts  du  Rif  au  nord,  monts  des  Riata  au  sud.  L’une  et  l’autre  sont  habitées,  et  la 
population  y  est  même,  dit-on,  très  dense.  Les  monts  du  Rif  sont  occupés  par  plusieurs  tribus,  d’im¬ 
portance  diverse,  de  mœurs  sédentaires,  toutes  Imaziren  de  langue  et  de  race,  quelques-unes  sou¬ 
mises,  la  plupart  indépendantes.  Les  monts  des  Riata  sont  habités,  sur  leur  versant  nord  par  les  Riata, 
sur  leur  versant  sud  par  les  Béni  Ouaraïn.  Nous  allons  dire  un  mot  de  cette  dernière  tribu. 

Béni  Ouaraïn.  —  Grande  tribu  chleuha  limitée,  au  nord,  par  les  Riata  et  les  lliaïna;  à  l’ouest,  par  les 
Ait  Ioussi;  à  Test,  par  les  petits  groupes  isolés  de  Chellaha  qui  garnissent  la  vallée  de  la  Mlouïa  au  pied 
de  son  liane  gauche;  au  sud,  par  les  Ait  Tserrouchen.  Les  Béni  Ouaraïn  ne  parlent  que  le  tamazirt.  De 
mœurs  sédentaires,  ils  habitent  tous  des  villages.  Ils  vivent  indépendants  au  fond  de  leurs  montagnes, 
sans  avoir  eu,  depuis  un  temps  immémorial,  aucune  relation  avec  les  sultans. 

Point  de  marché,  ni  de  Juifs  sur  leur  territoire  :  ils  font  peu  de  commerce;  cependant  ils  ont  d’excel¬ 
lentes  laines ,  que  les  marchands  de  Sfrou  vont  acheter  chez  eux. 

On  compte  plus  d’une  journée  de  marche  pour  aller  de  Sfrou  aux  Béni  Ouaraïn. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


388 


6°.  —  PLAINES  ENTRE  LA  MLOUIA  ET  LALLA  MARNIA. 

Cos  plaines  sont  au  nombre  de  deux  :  celle  de  Tafrâta  et  celle  d’Angad.  L’une  et  l’autre  touchent  à  la 
Mlouïa;  la  première  est  au  sud  de  la  seconde.  Voici  quelques  indications  sur  chacune  d’elles. 

Tafrata.  — A’aste  plaine  désorte  ayant  pour  limites  :  au  nord,  l'Ouad  Za;  à  l’est,  les  monts  Mer- 
geshoum  et  Oulad  Amer;  à  l’ouest,  la  Mlouïa;  au  sud,  les  monts  Debdou.  Le  désert  de  Tafrâta  n’ap¬ 
partient  à  aucune  tribu;  mais  Houara,  Chedja,  Hallaf,  et  parfois  même  Oulad  el  lladj ,  viennent  y  faire 
paître  leurs  troupeaux  lorsque  la  verdure,  après  les  pluies,  y  apparaît  sur  le  sol  nu  d’ordinaire. 
Aucune  rivière  n'arrose  le  Tafrâta;  on  y  trouve  quelques  daïas,  de  très  rares  sources,  des  lits  de 
ruisseaux. 

Angad.  —  Vaste  plaine  déserte  ayant  pour  limites  :  au  nord,  le  Djebel  Béni  Iznâten  ;  à  Test,  les  hau¬ 
teurs  qui  bordent  la  Tafna;  à  l’ouest,  la  Mlouïa  et  l’Ouad  Za;  au  sud,  le  Djebel  Béni  Bou  Zeggou  et  le 
Djebel  Zekkara.  Ce  désert,  le  plus  étendu  de  ceux  dont  nous  venons  de  parler,  est  sillonné  d’un  grand 
nombre  de  cours  d’eau;  souvent  desséchés  pendant  plusieurs  années,  de  grandes  pluies  en  font  durant 
quelques  heures  des  torrents  impétueux.  Plaine  aride  et  nue  la  plupart  du  temps,  TAngad  se  couvre, 
dans  les  périodes  pluvieuses,  d'une  végétation  abondante,  pâturages  précieux  pour  les  nomades. 

11  n’existe  que  deux  lieux  construits  dans  le  désert  d’Angad  :  Oudjda  et  Qaçba  el  Aïoun.  Mais  trois 
tribus  nomades  y  ont  leurs  campements,  les  Mhaïa,  les  Chedja  et  les  Angad. 

Mhaïa.  —  Tribu  nomade,  parlant  l’arabe.  Les  tentes  et  les  troupeaux  en  sont  partie  dans  le  Dahra, 
partie  dans  TAngad.  Les  Mhaïa  sont  continuellement  en  mouvement  ,  circulant  dans  TAngad,  dans  le 
Dahra,  allant  de  l’un  à  l’autre;  la  stérilité  de  ces  contrées  les  force  à  des  changements  incessants  pour 
nourrir  leurs  troupeaux. 

Les  Mhaïa  peuvent  lever  environ  2000  fusils.  Ils  sont  soumis  au  sultan  depuis  la  campagne  que  lit 
celui-ci  en  1876.  Un  qaïd,  qui  leur  fut  donné  alors,  les  gouverne;  il  s’appelle  Bou  Bekr,  a  une  maison 
à  Oudjda,  et  vit  habituellement  sous  latente  dans  TAngad. 

Ni  marché,  ni  Juifs. 

Chedja.  —  Petite  tribu  nomade,  de  race  et  de  langue  arabe.  Elle  ne  compte  pas  plus  de  100  fusils. 
Comme  les  Mhaïa,  et  pour  les  mêmes  motifs,  elle  est  constamment  en  voyage,  parcourant  tantôt  TAn¬ 
gad ,  tantôt  le  Tafrâta,  tantôt  le  Dahra.  Son  quartier  général  est  TAngad;  c'est  là  qu’elle  est  le  plus 
souvent.  Jadis  indépendante,  elle  s’est  soumise  au  sultan  lors  de  l’expédition  de  1876.  Elle  a  depuis  ce 
temps  un  qaïd,  Si  Hamida,  qui  réside  à  Qaçba  el  Aïoun. 

Ni  marché,  ni  Juifs. 

Angad.  —  Petite  tribu  nomade,  parlant  l’arabe.  Comme  les  précédentes,  elle  est  presque  toujours 
errante,  mais  ses  terrains  de  parcours  ne  s’étendent  guère  au  delà  de  TAngad.  Elle  peut  lever  environ 
400  fusils.  Autrefois  libre  et  renommée  pour  ses  brigandages,  ainsi  d’ailleurs  que  les  Chedja  et  les 
Mhaïa,  elle  est,  depuis  l’expédition  de  1876,  soumise  au  sultan  et  gouvernée  par  un  qaïd;  son  qaïd 
actuel  s’appelle  Ould  Bou  Terfas  et  vit  dans  la  tribu. 

Les  Angad  se  décomposent  en  quatre  fractions  : 

Oulad  Serir. 

Mezaouir. 

Oulad  Ali  ben  Telha. 

Houara  Angad. 

Ni  marché  ,  ni  Juifs. 

Le  désert  d’Angad  est,  avons-nous  vu,  bordé  au  nord  et  au  sud  par  deux  longues  chaînes  de  monta¬ 
gnes.  Prenant  les  noms  des  tribus  qui  les  habitent,  elles  s’appellent,  Tune,  Djebel  Béni  Iznâten,  l'autre, 


BASSIN  DE  L'U  U  AD  ML0U1A. 


389 


d’abord  Djebel  Béni  Bou  Zeggou,  puis  Djebel  Zekkara.  Nous  allons  dire  un  mot  des  Béni  Iznâten,  des 
Béni  Bou  Zeggou  et  des  Zekkara. 

Béni  iznâten.  —  Riche  et  puissante  tribu  habitant  la  chaîne  de  montagnes  qui  s’étend  entre  l’Angad  et 
la  Méditerranée,  de  la  frontière  algérienne  à  la  Mlouïa.  Elle  est  citée  dans  la  plupart  des  ouvrages  fran¬ 
çais  sous  le  nom  altéré  de  Béni  Snassen.  C'est  une  tribu  sédentaire,  de  race  et  de  langue  tamazirt.  Elle 
a  été  longtemps  libre  et  était,  il  y  a  quelques  années  encore,  gouvernée  en  toute  indépendance  par  son 
chikh  héréditaire.  Le  dernier  fut  Hadj  Mimoun  ben  El  Bachir,  célèbre  et  encore  populaire  dans  toute 
la  contrée  par  sa  puissance,  ses  richesses,  et  par  la  justice  de  son  gouvernement.  Dans  une  des  pre¬ 
mières  années  de  son  règne,  Moulei  El  Hasen,  avec  l’aide  du  moqaddem  de  la  zaouïa  de  Moulei  Edris 
de  Fâs,  s’empara  par  trahison  de  sa  personne  et  le  jeta  en  prison.  11  espérait  amener  par  là  la  soumis¬ 
sion  des  Béni  Iznâten;  mais  elle  ne  se  fit  pas  :  ils  vécurent  dans  l’anarchie  jusqu’au  moment  où  le  sul¬ 
tan,  en  1876,  vint  avec  son  armée  à  Oudjda.  Ils  se  décidèrent  alors  à  le  reconnaître.  Il  les  subdivisa  en 
quatre  commandements;  à  la  tête  de  chacun  fut  placé  un  qaïd  à  qui  ils  obéissent  depuis  tant  bien  que 
mal. 

Béni  Bou  Zeggou.  —  Tribu  sédentaire  bien  que  n’ayant  que  des  tentes.  Celles-ci  sont,  comme  chez  les 
Kerarma,  installées  au  milieu  de  cultures,  en  des  lieux  invariables.  Les  Béni  Bou  Zeggou  habitent  la 
chaîne  de  montagnes  à  laquelle  ils  ont  donné  leur  nom,  entre  le  Dahra  et  l’Angad;  de  plus,  ils  s’éten¬ 
dent  à  son  pied  sur  la  lisière  de  l’Angad  et  occupent  dans  cette  plaine  le  cours  entier  de  l’Ouad  Meseg- 
mar.  C’est  une  tribu  tamazirt,  de  langue  comme  de  race.  Elle  compte  1200  fantassins  et  120  chevaux. 
Indépendante  jusqu’en  1876,  elle  s’est  à  cette  époque  soumise  au  sultan,  au  moment  de  l’expédition 
d’Oudjda.  Moulei  El  Hasen  donna  le  titre  de  qaïd  à  son  chikh  héréditaire,  Hamada.  Celui-ci  la  gouverne 
depuis  lors,  réprimant  le  vol  et  le  brigandage  avec  une  ardeur  extrême,  qu’égale  seulement,  dit-on, 
celle  qu’il  mettait  ,  avant  sa  soumission,  à  les  pratiquer  lui-même. 

Point  de  Juifs  chez  les  Béni  Bou  Zeggou. 

Zekkara.  —  Petite  tribu  sédentaire.  Elle  vit  dans  des  villages.  C’est  une  tribu  de  montagne  tout  en¬ 
tière  cantonnée  dans  le  tronçon  de  chaîne  qu’elle  occupe  et  auquel  elle  a  donné  son  nom.  Elle  ne 
compte  que  200  fantassins  et  n’a  point  de  chevaux.  Elle  est  tamazirt  de  langue  comme  de  race.  Les 
Zekkara  sont  soumis  au  sultan  depuis  la  campagne  de  1876.  Ils  sont  gouvernés  par  un  chikh  qui  dépend 
du  qaïd  d’Oudjda. 


7°.  —  DAHRA. 


Dahra  est  le  nom  que  porte  la  région  des  Hauts  Plateaux  dans  sa  partie  marocaine.  Le  Dahra  esl  li¬ 
mité,  au  nord,  par  les  monts  Debdou  et  Oulad  Amer  et  par  un  long  talus  montagneux  (pii  le  sépare  de 
l’Angad,  talus  dont  les  djebels  Béni  Bou  Zeggou  et  Zekkara  sont,  les  degrés  inférieurs  ;  à  l’est,  par  la  fron¬ 
tière  algérienne;  à  l’ouest,  par  le  Rekkam;  au  sud,  par  les  dernières  pentes  du  Grand  Atlas  el  le  bassin 
du  Gir. 

De  tout  point  pareil  aux  Hauts  Plateaux  de  la  province  d’Oran,  le  Dahra  est  une  vaste  étendue  déserte, 
au  sol  uni,  dure  sans  être  pierreuse,  aride,  sans  autre  végétation  que  l’halfa  qui  la  couvre  en  entier, 
sans  autre  eau  que  celle  de  rares  puits  creusés  à  grands  intervalles,  souvent  à  plus  d’une  journée  de 
marche  l'une  de  l’autre.  Encore  les  puits  sont-ils  fréquemment  à  sec  ou  comblés,  et  si  l’on  y  trouve  de 
l’eau,  elle  est  presque  toujours  saumâtre.  Tels  sont  ces  steppes  désolés  où  cependant,  comme  dans 
ceux  d’Algérie,  vivent  des  tribus  nomades.  Elles  n’y  ont  point  de  territoire  fixe  :  toujours  en  mouve¬ 
ment,  changeant  constamment  de  place  pour  donner  de  nouveaux  pâturages  à  leurs  troupeaux,  elles 
parcourent  le  Dahra  en  tous  sens,  tantôt  groupées,  tantôt  éparpillées,  tantôt  côte  à  côte,  tantôt  loin  les 
unes  des  autres.  Cependant  certaines  tribus  sont  plus  souvent  au  sud,  d’autres  se  tiennent  généralement 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


3'JO 

dans  le  nord.  Les  premières  sont  celles  qui  ont  leurs  qçars  et  leurs  dépôts  de  grains  au  pied  du  Grand 
Atlas,  les  secondes  celles  dont  les  magasins  sont  près  du  revers  septentrional  du  plateau,  ou  dans 
l’Angad. 

Les  tribus  du  sud  sont  : 

Ait  Tserrouchen ,  Boni  Gil,  Oulad  Sidi  Ali  Bou  Chnafa,  Oulad  Sidi  Mhammed  ben  Hamed. 

Celles  du  nord  sont  : 

Béni  Matar,  Mhaïa,  Chedja. 

Les  deux  dernières  n’y  sont  qu’une  partie  de  l’année  et  n’y  ont  qu’une  portion  de  leurs  tentes;  elles 
vont  et  viennent,  se  partageant  entre  le  Pahra  et  l’Angad. 

Ces  sept  tribus,  les  unes  imaziren,  les  autres  arabes,  sont  toutes  nomades.  Celles  du  sud  sont  indé¬ 
pendantes,  celles  du  nord  sont  soumises  au  sultan. 

Les  Béni  Matar  forment  une  très  petite  tribu  :  ils  ne  comptent  que  150  fusils.  Us  sont  nomades,  mais 
possèdent,  de  moitié  avec  les  Mhaïa,  un  qçar  où  ils  serrent  leurs  grains,  Qaçba  Ras  el  Aïn  Béni  Matar 
(Ouad  Za).  Ils  sont  soumis  au  sultan  et  dépendent  du  qaïd  des  Mhaïa. 

Les  Béni  Matar  parlent  l’arabe.  Point  de  Juifs  chez  eux. 

Le  Pahra  est  sillonné  par  plusieurs  rivières;  mais  ces  rivières  ne  coulent  jamais  ;  elles  n’ont  que 
des  redirs  qui  se  remplissent  à  la  saison  des  pluies. 

11  existe  quelques  qçars  dans  la  région  méridionale  de  ce  désert,  auprès  des  dernières  pentes  du 
Grand  Atlas  et  vers  les  sources  des  affluents  du  Gir.  Mais  ils  sont  peu  nombreux.  Ce  sont,  soit  dps 
zaouïas,  soit  des  dépôts  de  grains  appartenant  à  des  tribus  nomades  du  Pahra.  Les  plus  connus  sont 
Talsit,  Anoual,  et  surtout  Aïn  Chair. 


8°.  —  ITINÉRAIRES. 


1°  DE  TAZA  A  DE IWOIJ.  —  De  Tàza  à  Qaçba  Messoun,  3  heures  et  demie  de  marche.  De  Qaçba 
Messoun  à  Gersif,  une  demi-journée.  De  Gersif  à  Debdou  ,  un  jour. 

2°  DE  DEBDOU  A  SEBDOU.  —  On  monte  sur  le  sommet  du  Djebel  Debdou  :  il  est  couronné  par 
un  vaste  plateau  pierreux,  couvert  de  grands  arbres,  arrosé  de  nombreuses  sources;  ce  plateau  s’ap¬ 
pelle  Gada  Debdou.  On  y  marche  un  espace  égal  à  la  distance  de  Lalla  Marnia  à  Oudjda;  sol  uni,  dur, 
boisé.  On  se  trouve  alors  à  la  limite  du  plateau  :  on  quitte  la  Gada  et  on  entre  dans  le  Pahra.  La  forêt 
cesse  et  fait  place  aux  longs  steppes  couverts  d’halfa.  Après  3  journées  et  demie  de  marche  faites 
dans  le  Pahra  et  3  nuits  passées  dans  ce  désert,  on  arrive  à  Sebdou,  le  soir  du  quatrième  jour. 

3°  DE  DEBDOU  A  MELILLA.  —  De  Debdou  à  Taourirt  (Ouad  Za),  1  jour.  De  Taourirt  à  Mouàzen 
Sidi  Bel  Khîr,  i  jour.  De  Mouàzen  Sidi  Bel  Khîr  à  Melilla,  une  forte  demi-journée. 

1  &  jour.  —  Cette  partie  du  trajet  a  été  faite  par  nous  et  décrite  plus  haut. 

2°  jour.  —  On  traverse  la  Mlouïa  entre  Taourirt  et  Mouàzen  Sidi  Bel  Khîr.  Elle  est  à  une  distance  de  ce 
dernier  point  égale  à  celle  qui  sépare  Oudjda  de  Lalla  Marnia.  De  Taourirt  au  fleuve,  on  est  dans  le 
désert  d’Angad,  du  fleuve  à  Mouàzen  Sidi  Bel  Khîr  dans  celui  de  Raret.  Mouàzen  Sidi  Bel  Khir  est  un 
lieu  inhabité,  simple  point  d’eau  dans  la  plaine. 

3e  jour.  —  Entre  Mouàzen  Sidi  Bel  Khîr  et  Melilla ,  à  mi-distance  entre  les  deux  points ,  se  trouve  sur  le 
chemin  une  localité,  Qaçba  Iselouan.  Jusque-là  on  a  continué  à  marcherdans  le  Raret.  Cette  qaçba  en  mar¬ 
que  la  ün.  On  est  désormais  au  bord  de  la  mer  et  dans  la  tribu  des  Qelaïa.  Qaçba  Iselouan  est  à  une 
demi-heure  de  la  mer.  De  ce  point  à  Melilla,  on  longe  le  rivage  en  ayant  constamment  la  Méditerranée  à 
main  droite  et  le  Djebel  Qelaïa  à  main  gauche. 

Qaçba  Iselouan  est  la  résidence  du  qaïd  des  Qelaïa;  elle  est  arrosée  par  un  petit  cours  d’eau,  le  seul 


BASSIN  DE  L’OUAD  MLOUIA. 


301 


que  l'on  traverse  de  la  journée  :  il  s’appelle  Ouad  Chlouk  et  se  jette  près  de  là  dans  la  mer.  Les  eaux 
en  sont  salées. 

Les  Qelaïa  sont  une  tribu  tamazirt  sédentaire;  ils  sont  soumis  au  sultan.  Leur  territoire  est  voisin 
de  celui  des  Kebdana,  tribu  de  même  race  et  de  mœurs  semblables;  les  Kebdana  sont  soumis  et  ont  un 
qaïd ,  Ould  Harfouf. 

Distance  :  de  Mouâzen  Sidi  Bel  Khîr  à  Melilla  comme  d’Oudjda  à  Lalla  Marnia. 

4°  D'OU DJDA  A  PAS.  —  Des  cavaliers  bien  montés  mettent  cinq  journées  pour  aller  d’Oudjda  à  Fâs. 

ier jour.  —  D'Oudjda  à  Qaçba  el  Aïoun. 

2e  jour.  —  De  Qaçba  el  Aïoun  à  Gersif.  (On  traverse,  sans  s’y  arrêter,  le  pays  de  Za.) 

3»  jour.  —  De  Gersif  à  Qaçba  Miknâsa.  (C'est  une  petite  qaçba  fort  mal  construite.  On  passe,  chemin 
faisant,  sous  les  murs  de  Qaçba  Messoun.) 

4 «jour —  De  Qaçba  Miknâsa  aux  Hiaïna. 

5 e  jour.  —  Des  Hiaïna  à  Fâs. 


FIN  DE  LA  SECONDE  PARTIE. 


APPENDICE. 


REflONN\ISS\Nr.F  \r  >l\ROr. 


50 


APPENDICE 


LES  ISRAÉLITES  AU  MAROC. 


Los  Israélites  du  Maroc  se  divisent  en  deux  classes  :  ceux  des  régions  soumises  au  sultan,  Juifs  de 
blad  el  makhzen;  ceux  des  contrées  indépendantes,  Juifs  de  blad  es  sîba. 

Les  premiers,  protégés  des  puissances  européennes,  soutenus  par  le  sultan,  qui  voit  en  eux  un  élé¬ 
ment  nécessaire  à  la  prospérité  commerciale  de  son  empire  et  à  sa  propre  richesse,  tiennent  par  la  cor¬ 
ruption  les  magistrats,  auxquels  ils  parlent  fort  haut,  tout  en  leur  baisant  les  mains,  acquièrent  de  gran¬ 
des  fortunes,  oppriment  les  Musulmans  pauvres,  sont  respectés  des  riches,  et  parviennent  à  résoudre 
le  problème  diflicile  de  contenter  à  la  fois  leur  avarice,  leur  orgueil  et  leur  haine  de  ce  qui  n'est  pas 
juif.  Ils  vivent  grassement,  sont  paresseux  et  efféminés,  ont  tous  les  vices  et  toutes  les  faiblesses  de  la 
civilisation,  sans  en  avoir  aucune  des  délicatesses.  Sans  qualités  et  sans  vertus  ,  plaçant  le  bonheur  dans 
la  satisfaction  des  sens  et  ne  reculant  devant  rien  pour  l’atteindre,  ils  se  trouvent  heureux  et  se  croient 
sages.  Les  Juifs  de  blad  es  sîba  ne  sont  pas  moins  méprisables,  mais  ils  sont  malheureux  :  attachés  h  la 
glèbe,  ayant  chacun  leur  seigneur  musulman,  dont  ils  sont  la  propriété,  pressurés  sans  mesure,  se 
voyant  enlever  au  jour  le  jour  ce  qu’ils  gagnent  avec  peine,  sans  sécurité  ni  pour  leurs  personnes  ni 
pour  leurs  biens ,  ils  sont  les  plus  infortunés  des  hommes.  Paresseux,  avares,  gourmands,  ivrognes, 
menteurs,  voleurs,  haineux  surtout,  sans  foi  ni  bonté,  ils  ont  tous  les  vices  des  Juifs  de  blad  el  makhzen, 
moins  leur  lâcheté.  Les  périls  qui  les  menacent  à  toute  heure  leur  ont  donné  une  énergie  de  caractère 
inconnue  à  ceux-ci,  el  qui  dégénère  parfois  en  sauvagerie  sanguinaire  (1). 


I.  —  Israélites  de  blad  el  makhzen. 


Le  Juif  se  reconnaît  à  sa  calotte  et  à  ses  pantoufles  noires  :  il  ne  lui  est  pas  permis  de  les  porter  d'une 
autre  couleur.  Dans  la  campagne,  il  peut  aller  à  âne  et  à  mulet,  mais  s'il  rencontre  un  religieux  ou  une 
chapelle,  il  met  pied  à  terre  ou  fait  un  détour.  Aux  péages  el  aux  portes,  il  est  soumis  à  une  taxecomme 
les  bêtes  de  somme.  En  ville,  il  se  déchausse  et  marche  à  pied  ;  les  rues  voisines  de  certains  sanctuaires 
lui  sont  interdites.  Il  demeure  hors  du  contact  des  Musulmans,  avec  ses  coreligionnaires,  dans  un  quar¬ 
tier  spécial  appelé  mellah  :  le  mellah  est  entouré  de  murs;  une  ou  deux  portes  lui  donnent  entrée;  on 
les  ferme  à  8  heures  du  soir.  Dans  le  mellah,  le  Juif  est  chez  lui  :  en  y  entrant,  il  remet  ses  chaussures, 
et  le  voilà  qui  s’enfonce  dans  un  dédale  de  ruelles  sombres  et  sales  ;  il  trotte  au  milieu  des  immondices , 
il  trébuche  contre  des  légumes  pourris,  il  se  heurte  à  un  âne  malade  qui  lui  barre  le  chemin  ;  toutes  les 
mauvaises  odeurs  lui  montent  au  nez:  des  sons  discordants  le  frappent  de  toutes  parts  ;  des  femmes  se 

(l)  J'écris  des  Juifs  du  Maroc  moins  de  mal  que  je  n’en  pense;  parler  d’eux  favorablement  serait  altérer  la  vérité.  Mes  observa¬ 
tions  s’appliquent  à  la  masse  du  peuple  :  dans  le  mal  général,  il  existe  d’heureuses  exceptions.  A  Fâs,  à  Sfrou  ,  à  Meknûs,  a  Taxa , 
à  Taxenakht,  à  Debdou,  en  d’autres  lieux  encore,  j’ai  vu  des  Israélites  donner  l’exemple  de  la  vertu.  I.e  grand  rabbin  de  F  à  s  était, 
aux  yeux  des  Musulmans  mêmes,  un  des  hommes  les  plus  justes  de  son  temps.  Mais  ces  modèles  sont  rares  et  on  les  imite  peu. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


396 


disputent  d’une  voix  aigre  dans  les  maisons  voisines,  des  enfants  psalmodient  d'un  ton  nasillard  à  la 
synagogue.  11  arrive  au  marché  :  de  la  viande ,  des  légumes,  beaucoup  d’eau-de-vie ,  quelques  denrées  com¬ 
munes,  tels  sont  les  objets  qu’on  y  trouve  ;  les  belles  choses  sont  dans  la  ville  musulmane.  Le  Juif  fait 
ses  achats  et,  reprenant  sa  route,  il  gagne  sa  maison;  s’il  est  pauvre,  il  se  glisse  dans  une  chambrette  où 
grouillent,  assis  par  terre,  des  femmes  et  des  enfants  :  un  réchaud,  une  marmite  forment  tout  le  mo¬ 
bilier;  quelques  légumes  la  semaine,  des  tripes,  des  œufs  durs  et  un  peu  d’eau-de-vie  le  samedi,  nour¬ 
rissent  la  famille.  Mais  notre  Juif  est  riche.  Au  moment  où  il  pousse  la  porte  noire,  surmontée  de  mains 
pour  préserver  du  mauvais  œil,  qui  ferme  sa  demeure,  il  pénètre  dans  un  monde  nouveau.  Voici  le  jour,  la 
propreté,  la  fraîcheur,  la  gaieté.  Il  entre  dans  une  cour  carrée  entourée  de  deux  étages  de  galeries  donnant 
accès  aux  chambres.  Le  ciel  apparaît,  d’un  bleu  ardent.  Les  derniers  rayons  du  soleil  font  briller 
comme  des  miroirs,  au  faîte  de  la  maison,  les  faïences  coloriées  dont  tout  est  revêtu,  murs,  colonnes, 
sol  de  la  cour,  plancher  des  chambres.  Une  odeur  de  bois  de  cèdre  remplit  et  parfume  la  demeure.  Des 
enfants  rentrant  de  l’école  jouent  et  crient.  Des  femmes,  bras  nus  et  poitrine  découverte,  vêtues  d’une 
jupe  de  couleur  éclatante  et  d’une  petite  veste  de  velours  brodée  d'or,  un  mouchoir  de  soie  sur  la  tête, 
se  délassent  et  causent,  assises  dans  la  cour.  Au  fond  des  chambres,  des  vieillards,  à  figure  pâle,  à 
longue  barbe  blanche,  attendent,  le  livre  à  la  main,  l'heure  de  la  prière  du  soir.  Dans  les  galeries,  des 
servantes,  accroupies  près  des  réchauds,  apprêtent  le  repas.  Il  y  a  trois  ou  quatre  pièces  à  chaque  étage  : 
elles  sont  immenses,  très  élevées,  à  plafonds  de  bois  de  cèdre,  à  grands  murs  blancs  garnis  dans  le  bas 
de  faïences  ou  de  tentures;  portes,  placards,  plafonds,  toutes  les  boiseries  sont  peintes  d’or  et  de  cou¬ 
leurs  éclatantes.  Peu  de  meubles  :  deux  vastes  armoires  tenant  la  largeur  entière  de  la  chambre  à  ses 
deux  extrémités;  au-dessus  de  chacune,  un  lit  de  fer;  à  terre  des  matelas,  des  tapis,  des  coussins;  sur 
les  murs,  quatre  ou  cinq  pendules  dont  aucune  ne  marche  et  autant  de  grandes  glaces  couvertes  de 
rideaux  de  mousseline  pour  les  protéger.  Dans  chacune  de  ces  pièces  vit  une  famille  entière  ,  le  père, 
ses  épouses,  ses  enfants  non  mariés,  ses  hôtes.  C’est  une  animation ,  un  bourdonnement  continuel;  ce 
sont  aussi,  entre  femmes,  des  disputes  de  toute  heure.  «  La  femme  querelleuse,  »  dit  Salomon,  «  est  sem¬ 
blable  à  un  toit  d’où  l’eau  dégoutte  sans  cesse  au  temps  d’une  grosse  pluie  ».  11  faut  avoir  habité  avec 
des  Juifs  pour  bien  comprendre  ce  proverbe.  Tout  à  coup  le  silence  se  fait,  les  femmes  parlent  bas  ,  les 
enfants  se  taisent.  Le  soleil  vient  de  se  coucher.  Chaque  homme  se  lève  et,  se  plaçant  devant  un  mur, 
récite,  en  se  balançant,  sa  prière  :  tantôt  il  remue  les  lèvres  en  silence,  tantôt  il  psalmodie  à  mi-voix;  le 
voici  qui  fai L  une  inclination  profonde,  la  prière  est  finie;  les  causeries  éclatent  de  nouveau  :  à  table, 
le  dîner  est  prêt.  Le  Juif  a  un  hôte  ;  il  s’assied  avec  lui  sur  un  lapis  ou  sur  des  coussins ,  le  reste  de  la  fa¬ 
mille  mange  à  part,  dans  un  coin.  On  place  une  petite  table  devant  les  deux  hommes,  on  apporte  le  thé  ; 
il  y  a  du  thé  à  l’ambre,  à  la  verveine,  à  la  menthe;  on  en  boit  trois  tasses,  puis  se  succèdent  un  potage 
très  épicé,  des  quartiers  de  mouton  bouilli,  des  boulettes  de  viande  hachée  au  piment,  des  tripes  et  du 
foie  au  piment,  un  poulet,  des  fruits  contits  dans  le  vinaigre,  d’autres  frais;  c’est  un  repas  distingné.  Une 
carafe  pleine  d'un  liquide  incolore  est  entre  les  deux  Juifs;  ils  s’eu  versent  de  grands  verres  et,  tout  en 
mangeant,  en  boivent  un  litre  à  eux  deux;  on  pourrait  croire  que  c’est  de  l’eau  :  c’est  de  l’eau-de-vie. 
Au  milieu  du  dîner  entrent  trois  musiciens;  deux  sont  des  Juifs;  ils  portent,  le  premier,  une  flûte, 
l’autre,  une  sorte  de  guitare  ;  le  dernier  est  musulman,  il  chante.  Les  chansons  sont  si  légères  qu’on  n’en 
peut  rien  dire,  pas  même  les  litres.  Les  instruments  accompagnent.  Les  femmes  et  les  enfants  répètent  les 
refrains  et  battent  des  mains  en  cadence.  Le  bruit  attire  les  voisins  ;  bientôt  on  est  vingt-cinq  ou  trente 
en  cercle  autour  des  artistes.  (Juel  contraste  entre  ce  pauvre  chanteur  musulman  et  les  Juifs  qui  l’en¬ 
tourent!  lui,  beau,  la  ligure  éveillée,  spirituelle,  grands  yeux  expressifs,  dents  superbes,  cheveux  bien 
plantés  et  rasés,  barbe  courte,  bien  fait,  souple,  mains  et  pieds  charmants,  et,  quoique  misérable,  bril¬ 
lant  de  propreté.  Eux,  laids,  à  l’air  endormi,  presque  tous  louchant,  boiteux  ou  borgnes,  crevant  de 
graisse  ou  maigres  comme  des  squelettes,  chauves,  la  barbe  longue  et  crasseuse,  mains  énormes  et  ve¬ 
lues,  jambes  grêles  et  arquées,  pas  de  dents,  et,  même  les  riches,  d'une  saleté  révoltante. 


LES  ISRAELITES  Aü  MAROC. 


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Les  Juifs  sont  très  laids  au  Maroc.  Les  femmes,  avec  des  traits  réguliers  ,  ont  si  peu  de  physionomie, 
des  yeux  si  éteints,  le  visage  si  pâle,  qu’il  n’en  est  guère  d’agréables,  même  de  quatorze  à  dix-lmit  ans. 
Les  hommes,  quelquefois  bien  dans  leur  extrême  jeunesse,  sont  affligés  de  bonne  heure  de  mille  infir¬ 
mités  et  sont  vieillards  avant  d’avoir  atteint  l’àge  mûr.  Les  difformes,  borgnes,  boiteux  ou  autres,  sont 
si  nombreux,  dans  les  villes  surtout,  qu’ils  y  forment  le  quart  peut-être  de  la  population.  A  quoi  attri¬ 
buer  une  laideur  et  une  décrépitude  à  ce  point  générales  et  excessives?  Est-ce  à  une  malpropreté  ex¬ 
trême,  à  une  hygiène  défectueuse  ,  à  des  mariages  prématurés  et  entre  proches  ?  La  nourriture  est  insuf¬ 
fisante  chez  les  pauvres,  immodérée  et  composée  uniquement  de  viandes  chez  les  riches.  Tout  le  monde 
fait  un  usage  démesuré  d’alcool;  on  en  boit  en  mangeant  et  entre  les  repas;  un  litre  par  jour  est  la 
moyenne  d’un  grand  nombre  (1).  Les  femmes  mêmes  en  prennent  plus  ou  moins.  Le  samedi  surtout,  on 
en  absorbe  une  quantité  prodigieuse  :  il  faut  en  avaler  assez  au  déjeuner  pour  dormir  ensuite  d’un  trait 
jusqu’à  la  prière  de  4  heures.  Le  Juif  marche  peu ,  ne  se  promène  point  ;  il  ne  sort  du  mellah  que  pour 
aller  à  la  ville  vaquer  à  ses  affaires  et  ne  voyage  que  pour  un  motif  grave.  S’il  n’est  obligé  de  gagner  sa  vie 
par  un  travail  assidu,  il  se  couche  à  11  heures,  se  lève  à  10,  et  fait  souvent  la  sieste  dans  la  journée.  On 
se  marie  entre  aussi  proches  parents  que  l’on  peut.  Un  Israélite  qui  a  des  neveux  dont  l’age  convient  à  ce¬ 
lui  de  ses  filles  ferait  injure  à  son  frère  et  tort  à  lui-même  en  ne  les  demandant  pas  comme  gendres. 
Les  unions  sont  d’une  précocité  presque  incroyable,  surtout  dans  les  villes  de  l’intérieur;  les  jeunes 
filles,  ou  plutôt  les  petites  filles,  s’y  marient  entre  six  et  huit  ans,  les  garçons  vers  quatorze  ans.  A  qui 
demande  la  cause  d’un  tel  usage,  on  répond  qu’un  homme  de  quatorze  ans  a  besoin  de  se  marier  et 
que,  pour  lui  appareiller  sa  compagne,  il  faut  la  prendre  très  jeune  ;  d’ailleurs,  pour  les  filles  c’est 
chose  indifférente  :  qu’est-ce  qu’une  femme?  «  Kerch,  chouïa  djeld  itmetted.  »  Si  la  manière  de  vivre 
des  Juifs  est  peu  propre  à  leur  conserver  la  santé,  malades  ils  se  soignent  d’une  façon  déplorable.  J’ai 
vu  régner  à  Fàs  une  épidémie  de  rougeole  qui,  dans  le  seul  mellah,  enlevait  quatre  et  cinq  enfants 
par  jour.  On  ne  séparait  pas  les  enfants  sains  des  malades  ;  tous  étaient  atteints  les  uns  après  les  autres. 
On  les  nourrissait  de  melons  et  de  pastèques  :  puisqu’ils  avaient  la  fièvre,  il  fallait  les  rafraîchir.  Heu¬ 
reusement,  point  de  remèdes.  J’en  vis  pourtant  administrer  quelquefois.  Un  jour,  à  Dcmnât,  un  pau¬ 
vre  Israélite  avait  ses  cinq  enfants  malades,  il  était  inquiet,  la  fièvre  était  ardente;  à  tout  prix,  il  fallait 
tenter  de  la  calmer.  11  possédait  dans  une  vieille  caisse  divers  paquets  contenant  des  remèdes  variés  de 
provenance  européene  ;  ils  étaient  de  dix  ou  douze  sortes;  il  sortit  ces  médicaments,  prit  un  peu  de 
chacun ,  mêla  le  tout,  en  fit  cinq  parts  égales  et  les  distribua  à  ses  enfants.  Ils  n’en  sont  pas  morts  ! 

Les  Israélites,  qui,  aux  yeux  des  Musulmans,  ne  sont  pas  des  hommes,  à  qui  les  chevaux,  les  armes 
sont  interdits ,  ne  peuvent  être  qu’artisans  ou  commerçants.  Les  Juifs  pauvres  exercent  divers  mé¬ 
tiers;  ils  sont  surtout  orfèvres  et  cordonniers;  ils  travaillent  aussi  le  fer  et  le  cuivre,  sont  marchands 
forains,  crieurs  publics,  changeurs,  domestiques  dans  le  mellah.  Les  riches  sont  commerçants,  et 
surtout  usuriers.  En  ce  pays  troublé ,  les  routes  sont  peu  sûres ,  le  commerce  présente  bien  des  risques  ; 
ceux  qui  s’y  livrent  n’y  aventurent  qu'une  portion  de  leur  fortune.  Les  Israélites  préfèrent  en  abandon¬ 
ner  aux  Musulmans  les  chances,  les  travaux  et  les  gains,  et  se  contentent  pour  eux  des  bénéfices  sûrs 
et  faciles  que  donne  l’usure.  Ici  ni  peine  ni  incertitude.  Capitaux  et  intérêts  rentrent  toujours. 
Un  débiteur  est-il  lent  à  payer?  On  saisit  ses  biens.  N’cst-cc  pas  assez?  On  le  met  en  prison.  Meurt-il? 
On  y  jette  son  frère.  Il  suffit  pour  cela  de  posséder  les  bonnes  grâces  du  qaïd  ;  elles  s’acquièrent 
aisément  :  donnez  un  léger  cadeau  de  temps  en  temps,  fournissez  à  vil  prix  les  lapis,  les  étoffes  dont 
a  besoin  le  magistrat,  peu  de  chose  en  somme,  et  faites  toutes  les  réclamations,  fondées  ou  non  ;  vous 
êtes  écouté  sur  l’heure.  Il  ne  reste  alors  qu’à  prendre  le  titre  de  rebbi ,  à  demeurer  longtemps  au  lit  et 
longtemps  à  table,  et  à  encaisser  tranquillement  l’argent  des  (joui ,  en  rendant  grâce  au  Dieu  d’Israël. 


(I)  l.es  Juirs  fabriquent  eux-mêmes  cette  eau-de-vie,  qu’ils  appellent  maliia;  ils  la  font,  dans  le  nord, de  cire  ou  de  raisins  secs; 
dans  la  montagne,  de  ligues;  dans  le  Sahara,  de  dattes.  Dans  les  villes,  la  maliia  s’achète  par  caralesau  marché;  dans  les  campagnes, 
chaque  maison  distille  tous  les  jeudis  ce  qu’il  lui  faut  pour  la  semaine. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


3!>K 

Les  Juil's  do  blad  el  makhzen  dépendent  des  seuls  gouverneurs  du  sultan  et  leur  paient  un  impôt. 
Ceux  qui  ont  quelque  fortune  sont  sous  la  protection  d’une  puissance  européenne  ;  les  uns  l’obtiennent 
par  un  séjour  vrai  ou  Actif  en  Algérie,  la  plupart  l’achètent  des  agents  indigènes  que  les  nations  possè¬ 
dent  dans  les  villes  de  l’intérieur.  Ces  agents,  peu  ou  point  soldés,  se  font  souvent  de  gros  revenus  par 
de  mauvais  moyens. 

Les  Israélites  du  Maroc  parlent  l’arabe.  Dans  les  contrées  où  le  tamazirt  est  en  usage,  ils  le  savent  aussi  ; 
en  certains  points  le  tamazirt  leur  est  plus  familier  que  l’arabe,  mais  nulle  part  ce  dernier  idiome  ne 
leur  est  inconnu.  Tous  les  Juifs  lisent  et  écrivent  les  caractères  hébreux  ;  ils  ne  connaissent  point  la  lan¬ 
gue,  épellent  leurs  prières  sans  les  comprendre,  et  écrivent  de  l’arabe  avec  les  lettres  hébraïques.  Les 
rabbins  seuls  ont  appris  la  grammaire  et  le  sens  des  mots  et,  en  lisant,  entendent  plus  ou  moins.  Les 
rabbins  sont  nombreux;  sur  cinq  ou  six  Juifs,  il  y  en  a  un.  Ils  se  distinguent  par  leur  coiffure  :  ils  s’envelop¬ 
pent  la  tête  d’un  long  mouchoir  bleu  qui  encadre  leur  figure  et  dont  la  poin  te  retombe  sur  leurs  épaules. 
Le  titre  de  rabbin  équivaut  à  celui  de  bachelier;  sur  dix  rabbins,  un  à  peine  peut  ofücier;  le  rab¬ 
bin  ofüciant,  ou  rabbin  sacrificateur ,  a  pour  principal  service  d’égorger  suivant  le  rite  les  animaux 
destinés  à  la  nourriture  des  üdèles;  puis  il  dit  les  prières  à  la  synagogue  ,  apprend  à  lire  aux  enfants, 
dresse  les  actes.  On  lui  donne  une  légère  rétribution  et  des  morceaux  déterminés  des  animaux  qu’il  tue. 
Les  villes  renferment  plusieurs  synagogues  et  de  nombreux  officiants.  Il  n’est  pas  de  village  ayant  six  ou 
sept  familles  israélites  qui  n’ait  sa  synagogue  et  son  rabbin.  Les  Juifs  qui  n'ont  point  de  sacrilicateur 
sont  soumis  à  diverses  privations,  telles  que  celle  de  ne  pouvoir  manger  de  viande.  Ceux  qui  vont  isolé¬ 
ment  trafiquer  parmi  les  Musulmans  s’en  passent  parfois  durant  six  ou  huit  mois.  Les  Israélites  du  Maroc 
observent  avec  la  dernière  rigueur  les  pratiques  extérieures  du  culte.  Mais,  comme  nous  l’avons  dit,  ils 
ne  se  conforment  en  rien  aux  devoirs  de  morale  que  prescrit  leur  religion  :  non  seulement  ils  ne  les  sui¬ 
vent  pas ,  mais  ils  les  nient.  Ils  appellent  sagesse  la  ruse ,  le  mensonge ,  la  violation  des  serments  ;  jus¬ 
tice  la  vengeance,  la  haine,  la  calomnie;  prudence  l’avarice  et  la  lâcheté;  la  paresse,  la  gourmandise, 
l’ivrognerie  sont  d’heureuses  facultés  données  par  Dieu  aux  mortels  pour  leur  faire  supporter  les  peines 
de  la  vie.  Les  Juifs  sont  les  enfants  bien-aimés  du  Seigneur  :  qu'ils  lui  rendent  les  hommages  dus,  qu’ils 
prient,  qu’ils  jeûnent,  qu’ils  observent  le  sabbat  et  les  fêtes,  qu’ils  mangent  seulement  la  nourriture  licite, 
qu’ils  se  lavent  et  se  baignent  quand  il  faut,  et  ils  seront  toujours  chéris  de  Dieu  ;  ils  peuvent,  pour  les 
autres  choses,  se  permettre  ce  qui  leur  plaît.  Haï  soit  le  reste  des  hommes  !  Il  est  maudit  pour  l’éternité. 
Le  jour  n’est  pas  loin  où  le  Messie,  tant  de  fois  annoncé,  viendra  et  mettra  le  monde  sous  les  pieds  du 
peuple  d’Israël.  Que  dis-je?  Le  voici  peut-être.  Rebbi  Abnir ,  grand  rabbin  de  Fâs,  a  reçu  des  lettres  d’ɬ 
gypte  :  le  prétendu  ma'hdi ,  annoncent-elles,  n’est  point  musulman,  mais  juif;  c’est  le  Messie  ;  il  chasse 
les  chrétiens  comme  l'aquilon  dissipe  la  pluie.  «  Qu’ainsi  périssent,  ô  Seigneur,  tous  vos  ennemis  : 
mais  que  ceux  qui  vous  aiment  brillent  comme  le  soleil  lorsque  ses  rayons  éclatent  au  matin.  » 

II.  —  Israélites  de  blad  es  sîba. 


Tout  Juif  de  blad  es  siba  appartient  corps  et  biens  à  son  seigneur,  son  sid.  Si  sa  famille  est  établie 
depuis  longtemps  dans  le  pays,  il  lui  est  échu  par  héritage,  comme  une  partie  de  son  avoir,  suivant  les 
règles  du  droit  musulman  ou  les  coutumes  imaziren.  Si  lui-même  est  venu  se  fixer  au  lieu  qu’il  occupe, 
il  a  dû ,  aussitôt  arrivé,  se  constituer  le  Juif  de  quelqu'un  :  son  hommage  rendu  ,  il  est  lié  pour  toujours, 
lui  et  sa  postérité,  à  celui  qu’il  a  choisi.  Le  sid  protège  son  Juif  contre  les  étrangers  comme  chacun  dé¬ 
fend  son  bien.  Il  use  de  lui  comme  il  gère  son  patrimoine,  suivant  son  propre  caractère.  Le  Musulman 
est-il  sage,  économe?  Il  ménage  son  Juif,  il  ne  prend  que  le  revenu  de  ce  capital;  une  redevance  an¬ 
nuelle,  calculée  d  après  les  gains  de  la  saison,  est  touL  ce  qu’il  lui  demande;  il  se  garde  d’exiger  trop,  il 
ne  veut  pas  appauvrir  son  homme  ;  il  lui  facilite  au  contraire  le  chemin  de  la  fortune  :  plus  le  Juif  sera 
riche,  plus  il  rapportera.  Il  ne  le  moleste  pas  dans  sa  famille,  ne  lui  prend  ni  sa  femme  ni  sa  fille,  alin 


LES  ISRAELITES  AU  MAROC. 


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qu'il  ne  cherche  pas  à  échapper  à  la  servitude  par  la  fuite.  Ainsi  le  bien  du  sid  s’accroît  de  jour  en  jour, 
comme  une  ferme  sagement  administrée.  Mais  que  le  seigneur  soit  emporté ,  prodigue ,  il  mange  son  Juif 
comme  on  gaspille  un  héritage:  il  lui  demande  des  sommes  excessives;  le  Juif  dit  ne  pas  les  avoir;  le 
sid  prend  sa  femme  en  otage,  la  garde  chez  lui  jusqu’à  ce  qu’il  ait  payé.  Bientôt  c’est  un  nouvel  ordre 
et  une  nouvelle  violence  ;  le  Juif  mène  la  vie  la  plus  pauvre  et  la  plus  misérable,  il  ne  peut  gagner  un 
liard  qui  ne  lui  soit  arraché,  on  lui  enlève  ses  enfants.  Finalement ,  on  le  conduit  lui-même  sur  le  mar¬ 
ché,  on  le  met  aux  enchères  et  on  le  vend,  ainsi  que  cela  se  fait  en  certaines  localités  du  Sahara,  mais 
non  partout;  ou  bien  on  pille  et  on  détruit  sa  maison  et  on  le  chasse  nu  avec  les  siens.  On  voit  des  vil¬ 
lages  dont  tout  un  quartier  est  désert.  Le  passant  étonné  apprend  qu’il  y  avait  là  un  mellah  et  qu’un  jour 
les  sids,  d’un  commun  accord,  ont  tout  pris  à  leurs  Juifs  et  les  ont  expulsés.  Rien  au  monde  ne  protège 
un  Israélite  contre  son  seigneur;  il  est  à  sa  merci.  Veut-il  s'absenter,  il  lui  faut  son  autorisation.  Elle 
ne  lui  est  pas  refusée,  parce  que  les  voyages  du  Juif  sont  nécessaires  à  son  commerce;  mais  sous  aucun 
prétexte  il  n’emmènera  sa  femme  ni  ses  enfants  ;  sa  famille  doit  rester  auprès  du  sid  pour  répondre  de 
son  retour.  Veut-il  unir  sa  fdle  à  un  étranger  qui  la  conduira  dans  son  pays,  force  est  au  fiancé  de  la 
racheter  du  seigneur  au  prix  qu’il  plaira  à  ce  dernier  de  fixer;  la  rançon  varie  suivant  la  fortune  du 
jeune  homme  et  la  beauté  delà  jeune  fille.  J’ai  vu  à  Tikirt  une  jolie  Juive  qui  venait  de  l’Ouarzazât; 
pour  l’emmener,  son  mari  avait  payé  400  francs,  grosse  somme  en  un  mellah  où  l’homme  le  plus  riche 
possède  en  tout  1  500  francs.  Le  Juif,  tout  enchaîné  qu'il  est,  peut  s’affranchir  et  quitter  le  pays,  si  son 
sid  l’autorise  à  se  racheter;  le  plus  souvent  celui-ci  repousse  sa  requête;  si  parfois  il  consent,  c’est 
lorsque  le  Juif,  par  suite  d’opérations  commerciales,  a  la  majeure  partie  de  safortune  hors  de  son  atteinte. 
Il  fixe  alors  le  prix  du  rachat,  soit  en  bloc  pour  toute  la  famille,  soit  pour  chaque  membre  en  parti¬ 
culier  :  la  somme  exigée  est  la  plus  grande  partie  de  la  fortune  présumée  du  Juif.  Le  marché  conclu,  la 
rançon  payée,  le  Juif  est  libre  ;  il  déménage  avec  les  siens  sans  être  inquiété  et  va  s’établir  où  bon  lui 
semble.  S’il  ne  veut  ou  ne  peut  donner  ce  qu’on  lui  demande,  si  toute  proposition  est  rejetée  de 
parti  pris,  et  s’il  a  la  ferme  volonté  de  s’en  aller  coûte  que  coûte,  il  ne  lui  reste  qu’un  moyen,  la  fuite. 
Il  la  prépare  d’avance  ,  l’exécute  dans  le  plus  grand  secret.  Une  nuit  sombre,  il  sort  à  pas  de  loup  suivi 
de  sa  famille;  tout  dort  :  on  ne  l’a  pas  vu.  Il  arrive  à  la  porte  du  village.  Des  bêles  de  somme,  une  es¬ 
corte  de  Musulmans  étrangers  l’attendent.  On  monte,  on  part,  on  fuit  à  toute  vitesse.  Courant  la  nuit,  se 
cachant  le  jour,  évitant  les  lieux  habités,  choisissant  les  chemins  détournés  et  déserts,  on  gagne  d’un 
pas  rapide  la  limite  du  blad  el  makhzen;  là  enfin  on  respire  :  on  n'est  en  sûreté  complète  qu’arrivé  dans 
une  grande  ville.  Le  Juif  qui  se  sauve  est  en  danger  mortel.  Son  seigneur,  dès  qu’il  apprend  son  départ, 
se  jette  à  sa  poursuite;  s’il  le  rejoint,  il  le  tue  comme  un  voleur  qui  lui  emporte  son  bien.  Lorsque  la 
fuite  a  réussi,  le  Juif  évitera,  lui  el  ses  descendants,  pendant  plusieurs  générations,  d'approcher  même 
de  loin  de  son  ancienne  résidence;  il  s’en  tiendra  au  moins  à  trois  ou  quatre  journées,  et  là  même  il 
sera  inquiet.  J’ai  vu  des  Israélites  de  plus  de  cinquante  ans,  dont  le  père  s’était  enfui  de  Mhamid  el 
Rozlân  avant  leur  naissance,  regarder  comme  périlleux  de  passer  à  Tanzida  et  à  Mrimima,  où  ils  pou¬ 
vaient,  disaiënt-ils,  rencontrer  des  Berâber  et  être  pris  par  eux.  En  quelque  endroit  qu’un  sid  retrouve 
son  Juif  ou  un  rejeton  de  celui-ci,  il  met  la  main  sur  lui.  11  est  des  exemples  d'Israélites  dont  l'aïeul 
s’était  sauvé  et  qui ,  à  plus  de  quatre-vingts  ans  de  distance,  ont  été  ramenés  enchaînés  au  pays  de  leurs 
ancêtres  par  le  descendant  de  leur  seigneur.  Ce  droit  permet  parfois  d’étranges  choses.  Un  jour  arri¬ 
vèrent  au  Dàdes  deux  rabbins  quêteurs  de  Jérusalem.  Comme  ils  passaient  sur  un  marché  ,  un  Musulman 
leur  saute  à  la  gorge  :  «  Ce  sont  mes  Juifs,  s’écrie-t-il.  Je  les  reconnais.  11  y  a  quarante  ans ,  tout  jeunes 
encore,  ils  s'enfuirent  avec  leur  père.  Enfin  Dieu  me  les  rend  !  Qu’il  soit  loué  !  »  Les  pauvres  rabbins 
de  se  récrier  :  depuis  dix  générations  leurs  familles  habitaient  Jérusalem.  Jamais  eux-mêmes  n’avaient 
quitté  la  ville  sainte  avant  cette  année,  et  plût  au  ciel  qu’ils  n’en  fussent  jamais  sortis  !  «  Que  Dieu  mau¬ 
disse  votre  voleur  de  père!  Je  jure  que  je  vous  reconnais  et  que  vous  êtes  mes  Juifs.  »  Et  il  les  emmène 
chez  lui.  Il  ne  leur  rendit  la  liberté  qu’au  prix  de  800  francs,  que  paya  pour  eux  la  communauté  de  Tiilil. 


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RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Dans  les  tribus  dont  l’organisation  est  démocratique,  chez  les  Berâber  par  exemple,  chaque  Israélite 
a  un  seigneur  différent.  Dans  celles  qui  sont  gouvernées  par  un  chef  absolu,  comme  le  Mezgîta,  le  Ta- 
zeroualt,  les  Juifs  appartiennent  tous  au  chikh  et  n'ont  pas  d’autre  sid  que  lui.  Aux  lieux  où  le  chikh 
existe,  mais  avec  une  autorité  limitée,  à  Tazenakht,  chez  les  Zenàga,  le  Juif  lui  doit  un  tribut  annuel, 
ne  peut  déménager  sans  se  racheter  de  lui,  mais  n’en  appartient  pas  moins  à  un  seigneur  particulier  qui 
a  sur  lui  les  droits  ordinaires. 

La  contrée  où  j'ai  vu  les  Israélites  les  plus  maltraités  et  les  plus  misérables  est  la  vallée  de  l’Ouad  el 
Abid,  d’Ouaouizert  à  Tabia.  J’y  ai  trouvé  des  Juives  enfermées  depuis  trois  mois  chez  leur  seigneur 
parce  que  le  mari  ne  pouvait  payer  certaine  somme.  Là  les  coutumes  fixent  à  30  francs  l'amende  du  Mu¬ 
sulman  qui  a  tué  un  Juif.  11  les  doit  au  sid  du  mort,  et  n’a  d’autre  peine  ni  d’autre  dommage.  Dans  cette 
région,  les  Israélites  ne  font  point  de  commerce  :  dès  qu’ils  possèdent  quelque  chose,  on  le  leur  arrache  ; 
ils  ne  peuvent  être  orfèvres  :  l'argent  manque;  tous  sont  cordonniers.  Traités  comme  des  brutes,  le 
malheur  en  a  fait  des  êtres  sauvages  el  féroces  ;  ils  se  battent,  se  blessent,  se  tuent  journellement;  à  Ait  ou 
Akeddir,  j’ai  vu  un  matin  entrer  à  la  synagogue  un  homme  qui  venait  d’égorger  son  neveu  dans  une 
querelle  et  s’en  vantait;  personne  ne  lui  lit  de  reproche,  la  chose  était  commune.  Moi-même,  j’ai,  deux 
fois  en  quinze  jours,  failli  être  assassiné  dans  cette  contrée,  par  des  Juifs  d’Ouaouizert  entre  ce  village 
et  Qaçba  Béni  Mellal,  par  des  Juifs  d’Aït  ou  Akeddir  dans  leur  mellah  même.  La  première  fois,  j’étais 
parti  avec  un  zetat  musulman  et  une  caravane  d'Israélites  d’Ouaouizert.  Bientôt  je  vis  mon  Musulman 
donner  des  signes  d'inquiétude;  il  me  prit  à  part  et  me  rapporta  que  les  Juifs  tenaient  entre  eux  des 
propos  inquiétants  et  semblaient  comploter;  ils  s’obstinaient,  malgré  lui,  à  vouloir  prendre  un  chemin 
désert  qui  ne  pouvait  nous  conduire  qu’à  une  embuscade.  Tout  à  coup  se  profila,  au  sommet  d’une 
croupe,  la  silhouette  de  plusieurs  cavaliers.  «  Ce  sont  des  Ait  Seri  ennemis  de  ma  tribu  !  Les  Juifs  nous  ont 
trahis.  »  Je  tourne  bride.  Les  Israélites  veulent  me  retenir.  Mais  ils  n'osent  employer  la  force  en  pré¬ 
sence  de  mon  Musulman.  Je  reprends  à  toute  vitesse,  avec  lui,  la  direction  de  Qaçba  Béni  Mellal. 
A  peine  étais-je  dans  la  bourgade,  que  j’appris,  par  des  parents  de  mon  zetat,  que  les  Juifs  de  la  caravane 
avaient  fait  pacte  la  veille  avec  des  Ait  Seri  :  ceux-ci  devaient  attaquer  et  tuer  le  zetat.,  pendant  qu’eux- 
mêmes  m’égorgeraient  et  me  pilleraient.  Je  ne  partis  que  plus  tard  de  Qaçba  Béni  Mellal ,  avec  une 
escorte  de  Musulmans,  el  sans  Juifs  du  pays.  La  seconde  fois,  on  s’ameuta  contre  moi  à  Ail  ou  Akeddir, 
et  la  majorité  du  mellah  demanda  à  grands  cris  ma  tête.  Une  scène  tumultueuse  eut  lieu  à  la  synago¬ 
gue,  on  jura  que  je  ne  sortirais  pas  vivant  du  lieu.  Le  sang-froid  et  la  fermeté  de  mon  hôte  me  sauvè¬ 
rent.  Il  se  montra  prêt  à  me  défendre  les  armes  à  la  main  et  empêcha  les  violences  immédiates.  Il  y 
eut  encore  des  scènes  orageuses  dans  la  journée  :  on  me  croyait  chargé  d'or  et  il  semblait  que  ma  mort 
dût  enrichir  le  mellah  entier;  cette  idée  affolait  tous  ces  misérables.  Mon  hôte  me  fit  évader  le  lende¬ 
main  avant  le  jour  avec  un  Musulman  de  confiance.  Ce  ne  fut  qu’en  ces  deux  points,  à  Bou  cl  Djad  et  à 
Tatta,  que  les  Israélites  me  firent  courir  de  graves  dangers.  A  Bou  cl  Djad  et  à  Tatta,  ils  me  devinèrent, 
me  trahirent  et  excitèrent  contre  moi  les  Musulmans,  par  flatterie  pour  ces  derniers,  sans  me  mena¬ 
cer  eux-mêmes.  Sur  l'Ouad  el  Abid,  ils  n’avaient  pas  soupçonné  ma  religion  ;  j'étais  un  frère  étranger  et 
riche  qu’ils  voulaient  faire  disparaître  pour  prendre  son  bien.  Il  n’y  a  aucune  peine  ni  pour  le  meurtre 
ni  pour  le  vol.  Une  nuit  que  j’étais  à  Quaouizert,  couché  à  la  synagogue  (t)  avec  dix  ou  douze  autres 
personnes,  un  voleur  m’éveilla  en  fouillant  dans  mon  bagage,  je  parvins  à  le  saisir,  on  apporta  de  la 
lumière;  je  demandai  ce  qu’on  allait  faire  du  prisonnier  :  «  Le  lâcher  ;  »  puis  on  alluma  les  lampes  et 
l’on  chanta  des  prières  pour  se  tenir  éveillé.  Dans  ces  pays,  les  Juifs  d’un  village  ont-ils  une  querelle 
avec  ceux  d'un  autre,  on  s’arme  des  deux  côtés,  on  prend  rendez-vous  et  on  se  livre  bataille. 


(t)  Dans  tout  te  Maroc,  les  grandes  villes  exceptées,  les  synagogues  servent  d'auberge  :  on  y  dort,  on  y  mange,  on  s’v  enivre, 
m  y  tue  des  poulets,  on  y  lait  la  cuisine;  on  y  trafique  cl  on  y  vend  comme  au  marché. 


LES  ISRAÉLITES  AU  MAROC. 


îOI 


III.  —  Répartition  des  Juifs  au  Maroc. 


Les  Juifs  sont  répartis  d’une  manière  inégale  dans  les  diverses  parties  du  Maroc.  Ils  semblent  être 
cantonnés  surtout,  d'une  part  dans  les  ports  et  les  grandes  villes  du  blad  el  makhzen,  de  l'autre  dans 
le  massif  du  Grand  Atlas  et  sur  les  cours  d'eau  qui  descendent  du  versant  méridional  de  cette  chaîne. 

Il  y  a  très  peu  d' Israélites  dans  le  Rif;  ils  y  étaient  nombreux  autrefois;  de  mauvais  traitements 
les  ont  chassés  dans  ce  siècle,  les  uns  vers  Fâs,  les  autres  vers  Tlemsen  et  Debdou.  Les  deux  prin¬ 
cipaux  mellahs  du  Rif  sont  à  cette  heure  ceux  de  Tafersit  et  de  Ghechaouen. 

De  Tanger  à.  Agadir  lrir,  point  déport  sur  l'Océan  où  les  Juifs  ne  forment  une  partie  importante 
de  la  population. 

Sur  les  divers  cours  d’eau  qui  se  jettent  dans  l'Atlantique  au  nord  du  Sebou,  un  seul  mellah,  ce¬ 


lui  d’El  Qçar. 

Bassin  de  l’Ouad  Sebou.  —  Il  n’y  existe  d’Israélites  qu'en  cinq  points,  à  Fàs  (800  familles),  à  Meknâs 
400  familles),  à  Sfrou  (350  familles),  àTàza  (50  familles),  àQaçba  Miknâsa  (15  familles).  Dans  les  gran 
des  tribus  qui  occupent  le  cours  supérieur  du  fleuve  et  de  ses  affluents,  Béni  M tir ,  Béni  Mgild,  Ait 
loussi,  BeniOuaraïn,  il  n'y  en  a  point. 

Bassin  de  l’Ouad  Boa  Regreg.  —  11  ne  renferme  aucun  mellah.  Pas  de  Juifs,  ni  chez  les  Zaïan ,  ni 
chez  les  Zemmour  Chellaha,  ni  chez  les  Zaïr. 


Ait  Atab 
Ait  Aiad 


1 


Itou  Harazen.. 


Deinnàt. 


Zemràn . 


Glaoua . 


î  Tagmout. . 
I  Zarakten.. 
(  Enzel.  .  . 


30  fam. 
15 
20 


Mesfioua. 

Riraïa. . . 
Gentafa  . 


(gant) 


Bassin  de  l’Ouad  Oumrn  er  Rebia.  —  Très  peu  d'établissements  israélites  sur  la  rive  droite  du  fleuve  : 
un  grand  nombre  sur  les  affluents  de  gauche  qui  prennent  leur  source  dans  le  Grand  Atlas.  Les  princi¬ 
paux  sont  : 

/  Bou  el  Djad .  50  fam. 

Tàdla .  Qaçba  Tâdla .  30 

(  Qaçba  Béni  Mellal  ....  75 

^  Takiout .  20 

Doukkala .  ,  ,  OA 

I  El  Arbaa .  20 

Ait  Atta  d  Amalou.  —  Ouaouizert .  35 

Ait  ou  Akeddir .  50 

I  I  ad  Ait  Atab .  20 

f  Ikadousen .  30 

.  20 

Djemaaa  Entifa .  50 

Bezzou .  20 

Entifa .  {  Tisoukennatin  (1) .  15 

Desra  (2) .  10 

'l’abia .  10 

Ait  b  Ououlli.  —  Ait  Brahim .  30 

B  Ougemmez.  — Ait  Ouriad .  15 

Ait  Abbes .  30 

j  Ait  Tagella .  20 

(  Bou  Harazen . 20 

I  Deinnàt . 250 

\  Idili .  30 

I  Ait  Mazzen .  20 

\  El  Hamedna  (3) .  20 

Srarna.  —  El  Qlaa .  120 

(  Zaouïa  Sidi  Reliai .  25 

(  Oulad  Mancour .  15 


Bassin  de  l’Ouad  Tensifl.  —  Les  Juifs  y  ont  peu 
de  centres  sur  la  rive  droite,  mais  ils  en  possèdent 
sur  les  affluents  de  gauche  du  fleuve.  Voici  quel¬ 
ques-uns  d’entre  eux  : 

Merrâkech . 

Rhamna.  —  Tamellalt . 

Tasremout  (Ait  Ta, 

Tamazzens.  .  . 

IgnisNeïn..  . 

Debra . 

Tahennaout .  . 

'l'assellount. .  . 

El  Gentafi. 
adirt  el  Boni 


a 

20 
30 
40 
30 
30 
16 
20 
100 
30 
20 

Sous.  —  Les  bords  de  ce  fleuve 
sont  une  des  contrées  du  Maroc  où  les  Israélites 
sont  les  plus  nombreux.  Sur  ses  affluents  de  droite 
il  s'en  trouve  aussi,  mais  moins.  Il  n’en  existe  à 


Gergoura. 
Amsmiz.  — 


\  Dar 
I  Ta] 
-  Eres. 
Amsmiz. 


Tisgin.  —  Tisgin 


Asif  el  Mal . 

Bassin  de  l'Ouad 


600  fam. 
20 
30 

95 


(1)  Village  situé  au  pied  du  Grand  Allas  à  l  heure  el  demie  de  Tnbia.  Dans  mon  itinéraire  je  l'ai  laissé  à  main  gauelie. 
(3)  Petit  village  entre  Bezzou  et  Taliia. 

(3)  Village  silué  au  pied  du  Grand  Allas,  entre  Idili  et  Dcmuât. 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


51 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


402 


peu  près  point  sur  les  affluents  de  gauche.  Voici 
la  plupart  des  mellahs  de  ce  bassin  : 


Ait  Tameldou. 


Iouzioun. . .  . 

Aït  Tedrart . 

Ait  Oubial  . . 
Ait  Otman.- 
Zagmouzen . 


Aït  Ialiia. 


Seketàna 


Rhala 


Menâba. 


Indaouzal . 


Ouaounzourt . 

10 

Mezgemmat . 

.  .  10 

Asareg . 

Amzarko . 

.  .  40 

Igidi . 

10 

Arled . 

.  .  10 

Aït  Ouartasat  .... 

2 

Tamjerjt . 

.  .  20 

Aït  Tougda . 

.  .  3 

lgourdan  . 

4 

Araben  . 

.  .  3 

Innraraklit . 

.  .  20 

Ait  Leti . 

.  .  15 

Idergan . 

.  .  20 

Tabia . 

.  .  10 

Aoullous . 

.  .  5 

Tamalout . 

2 

Ait  Sin . 

.  .  3 

Tagouïamt . 

.  .  4 

gmout . 

.  .  8 

Iril  n  Oro . 

.  .  50 

Taourirt . 

.  .  10 

Taourirt  el  Ilad  .  .  . 

.  .  10 

Arfaman . 

.  .  12 

Argoummi . 

.  .  2 

Imi  n  Ougni . 

.  .  10 

Timasinin . 

.  .  2 

Timersit . 

0 

Aoulouz . 

.  .  30 

Amerli . 

.  .  20 

Igedad . 

.  .  4 

Aderdour  . 

.  .  20 

Aït  Oumbarek  .... 

2 

Aït  Ioub  ...... 

.  .  15 

Oulad  Hasen . 

.  .  15 

Oulad  Brahil . 

.  .  15 

Souatat . 

.  .  5 

Oulad  Bralrim.  .  .  . 

.  .  4 

Agedal . 

.  .  10 

Ida  Gouilal . 

.  .  10 

Igli . 

.  .  40 

IdaouQaïs.  .  .  . 

Tinzert . 

.  .  20 

Tamast .  .  . 

.  .  10 

Aït  n  Ougeïda.  . 

.  .  5 

Asseïn . 

Louleiza. .  .  . 

.  .  15 

Timdouin .... 

Arazan  . 

.  .  20 

Oulad  Bou  Ris.  .  .  . 

Oulad  labia. . . 

Ait  Semmeg  (Ouadel  Amdad).  —  Touloua. 


Ouneïn.  —  Adouz . .  20 

Taroudant . 300 

Sahel  Marocain.  —  Peu  de  Juifs.  Ils  sont  groupés 
en  quelques  points  clairsemés  dont  voici  les  prin 
paux  : 

Chtouka . 


j  Dar  Ben  Dleïmi 
(  Tamaliht. .  .  . 
Zarar  Ida  Oultit.  —  Ouizzân.  .  . 

Tazeroualt.  —  Ilir . 

Ouad  Noun . 


30 

60 

50 

70 

40 


Bassin  de  iOuad  Dra.  —  Les  Israélites  sont  en 
grand  nombre  dans  la  vallée  du  fleuve  et  dans 
celles  de  ses  affluents  supérieurs^  il  y  en  a  peu 
dans  le  reste  du  bassin.  Voici  la  plupart  des  mel¬ 
lahs  : 


Assaka  (Ouad  Iounil). 


Irris. . 

Timsal. 

Angelz. 


8 
20 
30 

Tizgi  (Ouad  Iounil).  —  Tizgi .  25 

2 
8 

12 
10 

2 

.  20 

6 
1 

Tabougoumt .  20 


Aït  Zaïneb. 


Telouet. 


Tazleft . 

Aït  Aïssa . 

Tadoula . 

Imzouren . 

El  Mel'lah . 

Tikirt . 

Aït  Hammou  ou  Ali. 
Aït  Baddou . 


Tidili. 


muni 


Ikhzaina. . . 
Aït  Touaïa. 
Aït  Marlif. .  . 


Ouarzazàt. . . 


Imaounin . 

Timjoujt . 

Sour . 

Dir . 

Igadaïn  . 

Ilrman . 

Timzrit . 

Asell . 

Iril . 

Tagnit . 

Afella  Isli . 

Taskoukt . 

i  Tourtit . 

l  Amasin . 

Taoura . 

I  Almid . 

|  Tagdourt  n  Touda. 

/  Tamasint . 

i  Zaouïa  Sidi  Otman. 

\  Tabount . 

<  Tigemmi  Djedid.  . 

Taourirt . 

Tenmasla . 

Aït  Kedif . 


15 

15 

10 

8 

6 

5 
2 
3 
8 
2 

6 
5 
2 
8 
2 

15 

7 

18 

5 

6 
2 

15 

20 

10 


LES  ISRAÉLITES  AU  MAROC. 


m 


Aït  Amer 


Zenâga 


Tazenakht.  .  . 
Aït  Ali  ou  Ious 
Aït  Mesri  .  .  . 
Tamarouft.  .  . 
Azdif . 


Tammasin.  —  Enzel 
Irels. — Irels..  .  . 


Dâdes 


Imgoun 


j  Tiilit . 

I  Aït  ou  Ez  Zin..  .  . 

i  Tirremt  Izouralen 
\  Hammou  ou  Iahia. 
(  , Iberrousen . 


Imerrân 


iTarganada. . 
Igli  Aït  Zarar 
Timicha.  .  . 

\  Tindout.  .  . 


Mezgîta 


Rebat . 

Asellim  Agdz. . 

Agdz . 

Tamnougalt.  . 
Asellim.  .  .  . 


Aït  Seddrât.  —  El  Hara 
Ait  Zeri.  —  Timesla. .  . 


Tinzoulin 


Ternata 


Qaçba  el  Makhzen . 

Rebat . 

Akhellouf . 

Béni  Zouli . 

Tarrelil . 

Astour.  ...... 

El  Maneouria. .  .  . 
El  Aroumiat.  .  .  . 


Fezouâta.  —  Amzrou. . 


Qtaoua 


Béni  Haïoun 
Béni  Sbih .  . 


Mhamid  el  Rozlàn.  —  Oulad  Hamed.. 

Alougoum.  —  Tirremt . 

Zgid.  —  El  Mhamid . 


Aït 


55 

o 

25 

19 
18 

2 

2 

60 

20 

15 

8 

10 

8 

4 

40 

G 

6 

20 

40 

10 

3 

8 

30 


20 

10 

20 

10 

15 

30 

20 

20 

40 

50 

40 

6 

2 


Tatta.  —  Tintazart .  14 

Aqqa.  —  Tagadirt .  12 

Tamanart.  —  Agerd .  20 


Bassin  de  l'Ouad  Ziz.  — Voici  l’énumération  des 


principaux  mellahs  qui  s’y  trouvent  : 

Tiallalin.  —  Qcira  el  lhoud .  30 

Qçar  es  Souq.  —  Qçar  es  Souq .  G0 

Reteb  (un  mellah) .  30 

Tizimi  (2  mellahs) .  45 

Tafilelt  (5  mellahs) . 200 


Zaouïa  Sidi  Hamza  (Ouad  Zaouïa  Sidi  Ham- 
za) . 


I  Asfalou.  .  . 
\  Taourirt.  .  . 
Aït  Ourjedal. 
Tinrir.  .  .  . 


Ferkla.  —  Asrir 
Reris . 


Bou  Tnefit 
Gelmima  . 


Taderoucht. —  El  Hara 


100 

30 

10 

30 

50 

12 

30 

20 


Haut  bassin  de  l'Ouad  Gir.  —  On  y  rencontre 
quelques  Juifs  : 

Tit  n  Ali .  25 

Tizgi  n  Gerrama .  30 

Béni  Tzit .  20 


Bassin  de  l’Ouad  Mlouïa.  — Très  peu  d’Israélites; 
il  n’y  en  a  qu’aux  six  endroits  suivants  : 


Bou  Zmella . 

Outat  Ait  Izdeg.. 

(  Ait  Otman  ou  Mousa  . 

Qçàbi  ech  Cheurfa.  —  El  Qçâbi . 

Misour.  —  Oulad  Bou  Jejia . 

Outat  Oulad  el  Hadj.  —  Mellah  el  lhoud. 
Debdou.  —  Debdou . 


30 

80 

60 

10 

30 

300 


Entre  le  bassin  de  la  Mlouïa  et  la  frontière  algé¬ 
rienne ,  un  seul  mellah,  celui  d'Oudjda. 


LISTE 


DES 

OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES 

FAITES  AU  MAROC  AU  COURS  DU  VOYAGE 
(Juin  1883- Mai  1884) 

ET 


TABLEAU  DES  LATITUDES  ET  LONGITUDES 

DES  POINTS  DÉTERMINÉS  ASTRONOMIQUEMENT  PAR  CES  OBSERVATIONS. 


I.  Liste  des  Observations. 


Tétouan.  —  24  juin  1883  ,  5  h.  soir. 

Maison  de  Jacob  Danan  (mellah).  Angle  lior.  du  soleil. 
Chronomètre  :  4h  19m  20s  Hauteur  :  53°  48'  00" 

21  02  53  07  10 

22  31  52  30  00 

24  01  51  55  40 

25  35  51  18  20 

Erreur  instrumentale  :  bord  supérieur  -f-  0°  31'  50" 

bord  inférieur  —  0  31  00 

Tétouan.  —  24  juin,  10  h.  soir. 

Maison  de  Jacob  Danan.  Hauteur  de  la  Polaire. 
Chronomètre  :  9h  29“  Hauteur  :  69°  18'  30" 
42  69  25  10 

55  69  32  00 

Tétouan.  —  25  juin,  7  h.  1/4  matin. 

Maison  de  Jacob  Danan.  Angle  horaire  du  soleil. 
Chronomètre  :  6h  45"1  54s  Hauteur  :  57°  20'  40'' 
48  19  58  19  30 

50  02  59  01  00 

51  36  59  38  10 

53  33  60  25  50 


Tétouan.  —  26  juin,  7  h.  matin. 

Maison  de  Jacob  Danan.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  :  O11  38”  43s 

Hauteur 

:  54°  25' 

40 

40  30 

55  07 

30 

41  50 

55  40 

10 

43  09 

56  1 1 

20 

44  41 

56  48 

20 

Tétouan.  —  26  juin 

,  5  h.  1/2 

soir. 

Maison  de  Jacob  Danan.  Angle  horaire  du  soleil. 

Chronomètre  :  4h  51 m  51 s 

Hauteur 

:  40°  55' 

40' 

53  41 

40  12 

30 

55  07 

39  38 

40 

56  35 

39  04 

10 

58  10 

38  27 

20 

Tétouan.  —  27  juin  , 

7  h.  1/2  matin. 

Maison  de  Jacob  Danan.  An 

gle  horaire  du  soleil. 

(  ’hronomètre  :  6'“  52,u  36s 

Hauteur  : 

:  59".  53' 

30" 

54  42 

60  47 

30 

56  16 

61  25 

50 

58  09 

62  09 

00 

59  35 

62  44 

00 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


40G 


Tétouan.  —  27  juin,  5  h.  soir. 

Maison  de  Jacob  Danan.  Angle  horaire  du  soleil. 
Chronomètre  :  4h  29“  lls  Hauteur  :  49°  51'  50" 

30  53  49  11  20 

32  18  48  30  40 

33  40  48  04  30 

35  18  47  20  00 

Tétouan.  —  1er  juillet,  7  h.  1/2  matin. 

Maison  de  Jacob  Danan.  Angle  horaire  du  soleil. 
Chronomètre  :  7h  01 m  50s  Hauteur  :  03°  21'  40" 


03 

37 

04 

05 

40 

05 

15 

04 

44 

20 

00 

40 

05 

21 

30 

08 

45 

66 

10 

00 

12 

39 

07 

45 

05 

14 

14 

08 

23 

00 

15 

32 

68 

55 

10 

17 

05 

09 

32 

00 

18 

19 

70 

03 

00 

Fas.  —  28  juillet,  8  h.  1/4  matin. 

Maison  de  S.  Ben  Simhoun.  Angle  horaire  du  soleil. 
Chronomètre  :  Gh  48m  41 s  Hauteur  :  83°  27'  00" 


51 

39 

84 

42 

00 

54 

20 

85 

47 

20 

50 

31 

80 

43 

20 

58 

39 

87 

34 

30 

Fas.  —  28  juillet,  4  h.  1/2  soir. 

Maison  de  S.  Ben  Simhoun.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  :  2h  46“  54s 

Hauteur  :  57° 

32' 

00' 

49 

35 

50 

25 

50 

52 

04 

55 

24 

30 

50 

22 

53 

30 

45 

Taza.  —  1er  août,  arrêt  du  chronomètre. 

Taza.  —  5  août,  3  h.  matin. 

Maison  de  Bou  Douma  (mellah).  Hauteur  de  la  Polaire. 
Chronomètre  :  lh  34 111  Hauteur  :  71°  02'  30" 

40  71  04  30 

2h  00  71  07  00 


Tétouan.  —  1er  juillet,  4  h.  1/2  soir. 
Maison  de  Jacob  Danan.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  : 

3h  40“ 

23s 

Hauteur  :  06° 

54' 

40' 

48 

51 

05 

54 

50 

50 

54 

05 

00 

00 

52 

34 

04 

25 

10 

53 

43 

03 

56 

40 

58 

43 

01 

55 

50 

4h  00 

00 

61 

24 

30 

01 

33 

00 

47 

40 

03 

10 

60 

09 

30 

04 

19 

59 

41 

20 

Tétouan.  - 

2  juillet,  arrêt  du  chronomètre. 

Fas. 

—  20  juillet,  7  h.  matin. 

Maison  de  Samuel  Ben  Simhoun  (mellah).  Ang 

le  h. 

du 

Chronomètre  : 

5h  14“  45s 

Hauteur  :  45° 

04' 

20' 

10 

32 

45 

47 

20 

18 

00 

40 

23 

50 

20 

29 

47 

24 

40 

22 

42 

48 

20 

00 

25 

20 

49 

26 

40 

Fas. 

—  27  juillet 

,4h.  1/2  soir. 

Maison  de  S.  Ben  Simhoun. 

Angle  horaire  du  soleil 

Chronomètre  : 

3h  02“ 

31s 

Hauteur  :  51° 

21' 

50' 

03 

55 

50 

40 

10 

05 

14 

50 

14 

45 

06 

40 

49 

30 

40 

08 

33 

48 

52 

40 

10 

22 

48 

08 

50 

11 

27 

47 

40 

40 

Erreur  instrumentais 

:  + 

0°  31'  45" 

— 

0°  3)  00 

Fas.  —  12  août,  7  h.  3/4  matin. 

Maison  de  S.  Ben  Simhoun.  Angle  horaire  du  soleil. 
Chronomètre  :  Gh  10'“  40s  Hauteur  :  70°  20'  40" 

12  37  70  43  10 

14  08  71  20  15 

16  09  72  11  50 

17  28  72  43  00 

18  38  73  12  50 

Fas.  —  13  août,  8  h.  1/4  matin. 

Maison  de  S.  Ben  Simhoun.  Angle  horaire  du  soleil. 


04“ 

21s 

Hauteur  :  07° 

12' 

40' 

05 

49 

67 

49 

50 

07 

54 

08 

41 

50 

09 

34 

69 

24 

10 

11 

15 

70 

04 

10 

12 

52 

70 

39 

40 

14 

23 

71 

23 

00 

15 

38 

71 

53 

20 

10 

56 

72 

25 

15 

18 

18 

72 

59 

50 

Erreur  instrumentale  :  -f-  0°  32'  00" 

—  0"  31  30 

Fas.  —  13  août,  4  h.  1/4  soir. 

Maison  de  S.  Ben  Simhoun.  Angle  horaire  du  soleil. 


37“ 

15s 

Hauteur  :  50° 

42' 

55' 

39 

21 

49 

49 

40 

41 

26 

48 

59 

00 

42 

39 

48 

28 

30 

44 

00 

47 

54 

30 

45 

41 

47 

12 

30 

46 

54 

40 

43 

05 

49 

55 

45 

28 

00 

51 

27 

44 

50 

40 

52 

58 

44 

12 

05 

LISTE  DES  OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES. 


10 


Fas.  —  19  août,  8  h.  1/4  matin. 

Maison  de  S.  Ben  Simhoun.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  :  6h  05m  45s 

Hauteur  :  00° 

42' 

30 

07 

48 

67 

35 

30 

09 

21 

08 

13 

40 

11 

07 

08 

57 

40 

12 

52 

09 

41 

20 

10 

09 

71 

01 

50 

21 

11 

73 

04 

10 

22 

41 

73 

42 

40 

23 

55 

74 

10 

50 

24 

59 

74 

39 

00 

20 

45 

75 

21 

00 

Chronomètre  :  4h  20“  35s  Hauteur  : 

08° 

43' 

40' 

29 

00 

09 

45 

20 

29 

59 

70 

07 

10 

30 

52 

70 

28 

50 

31 

54 

70 

53 

40 

34 

33 

71 

59 

00 

35 

43 

72 

27 

10 

30 

49 

72 

54 

30 

37 

52 

73 

19 

30 

Erreur  instrumentale 

:  +  0°  32'  00" 

—  0°  31  30 

Fas.  —  2 2  août,  3  h.  1/2  soir. 


Fas.  —  19  août,  3  h.  1/2  soir. 

Maison  de  S.  Ben  Simhoun.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  :  2h  00“  385  Hauteur  : 

62° 

58' 

40" 

02 

48 

02 

02 

10 

04 

14 

61 

29 

20 

05 

45 

00 

49 

40 

07 

31 

00 

10 

00 

08 

40 

59 

39 

10 

10 

03 

59 

03 

30 

11 

12 

58 

33 

30 

12 

41 

57 

50 

50 

14 

06 

57 

23 

00 

15 

46 

56 

41 

50 

Erreur  instrumentale 

:  +  0°  31'  55" 
—  0°  31  20 

Sfrou.  — 

20  août,  4  h.  soir 

Maison  de  David  Aoulil.  Angle  horaire  du  soleil. 

Chronomètre  :  lh  50m  08s  Hauteur  : 

04° 

03' 

10" 

57 

42 

03 

24 

10 

58 

50 

02 

50 

20 

2 11  00 

05 

02 

24 

30 

01 

10 

01 

58 

20 

02 

13 

01 

33 

00 

03 

30 

01 

00 

30 

04 

21 

00 

39 

20 

Erreur  instrumentale  :  +  *1°  32'  00" 

—  0°  31  30 


Fas.  —  21  août,  arrêt  du  chronomètre. 
Fas.  —  22  août,  7  h.  3/4  matin. 


Maison  de  S.  Ben  Simhoun. 

Angle  horaire  du  soleil. 

Chronomètre  :  4h  10“ 

IB 

Hauteur  :  02° 

01' 

10" 

11 

09 

02 

24 

30 

12 

10 

02 

49 

40 

13 

17 

03 

17 

20 

14 

42 

03 

52 

40 

10 

15 

04 

30 

30 

17 

14 

04 

54 

40 

18 

11 

05 

18 

10 

19 

50 

05 

58 

10 

23 

38 

07 

27 

30 

24 

31 

07 

53 

40 

25 

28 

08 

10 

50 

Maison  de  S.  Ben  Simhoun.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  :  llh  57 IU 

25* 

Hauteur  :  68° 

38' 

30' 

58 

40 

08 

08 

00 

59 

40 

07 

43 

00 

12h  00 

28 

67 

23 

40 

01 

33 

00 

50 

20 

05 

32 

05 

18 

40 

00 

37 

64 

52 

00 

07 

41 

04 

20 

00 

08 

38 

04 

02 

10 

10 

12 

03 

23 

40 

11 

37 

02 

48 

40 

12 

53 

02 

17 

20 

13 

52 

01 

53 

00 

15 

43 

01 

07 

15 

16 

35 

00 

45 

50 

18 

09 

00 

07 

10 

19 

14 

59 

40 

30 

20 

40 

59 

05 

10 

21 

33 

58 

43 

00 

22 

18 

58 

24 

20 

23 

15 

58 

00 

50 

Ûulmess.  —  2  septembre,  arrêt  du  chronomètre. 
Bou  ei.  Djad.  —  7  septembre,  9  h.  matin. 


Maison  de  Mousi  Alloun.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  :  lh 

35 1,1 

55* 

Hauteur 

:  78° 

13' 

05" 

37 

58 

79 

02 

10 

39 

31 

79 

38 

10 

41 

07 

80 

14 

20 

42 

14 

80 

41 

IO 

44 

00 

81 

22 

50 

Bou  el  Djad. 

—  7 

septembre,  3  h. 

1/2 

soir. 

Maison  de  Mousi 

Alloun. 

Angle  horaire  du  soleil. 

Chronomètre  :  8U 

10“  04 s 

Hauteur  : 

:  07° 

43' 

05" 

17 

32 

07 

07 

00 

18 

38 

00 

40 

50 

19 

57 

00 

08 

35 

21 

10 

05 

30 

20 

Erreur  instrumentale  :  -f-  0°  32'  00" 

—  0"  31  40 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


408 


Bou  el  Djad.  —  0  septembre,  1  h.  matin. 
Maison  de  Mousi  Alloua.  Hauteur  de  la  Polaire. 


Zaouia  Si  ni  Rehal.  —  9  octobre. 
Synagogue.  Hauteurs  circumméridiennes  du  soleil. 


5h  1 1 m 

Hauteur  :  67° 

58' 

20" 

(  hronomètre  :  2h  25“ 

14* 

Hauteur  :  103°  21' 

30" 

22 

08 

02 

00  • 

20 

30 

24 

40 

30 

08 

04 

30 

27 

30 

27 

20 

40 

68 

08 

30 

29 

12 

30 

20 

0h  02 

08 

10 

30 

30 

40 

33 

40 

15 

68 

12 

10 

31 

59 

35 

30 

29 

68 

13 

30 

32 

52 

30 

50 

Bou  el  Djad.  —  12  septembre,  8  h.  1/4  matin. 
Maison  de  Mousi  Alloua.  Angle  horaire  du  soleil. 


10“ 

40 s 

Hauteur  :  66° 

59' 

20' 

11 

58 

07 

30 

00 

13 

11 

07 

59 

00 

14 

22 

68 

27 

35 

15 

30 

68 

53 

40 

10 

57 

69 

29 

00 

Erreur  instrumentale  :  +  0°  32'  00" 

—  0°  31  25 

Bou  eu  Djaü.  —  12  septembre,  3  h.  1/2  soir. 
Maison  de  Mousi  Alloua.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  :  8h  31“ 

04 s 

Hauteur  :  58° 

22' 

10' 

32 

01 

57 

58 

45 

33 

14 

57 

29 

20 

35 

09 

50 

43 

00 

36 

45 

56 

06 

30 

laouizert.  —  29  septembre, 

arrêt  du  chronomètr 

Déminât.  —  5  octobre 

,  3  h.  3/4  soir. 

Grande  synagogue, 

.  Angle  horaire  du  soleil. 

Chronomètre  :  Gh  28“ 

29s 

Hauteur  :  49° 

55' 

30' 

30 

13 

49 

10 

50 

31 

06 

48 

56 

00 

32 

12 

48 

30 

00 

33 

20 

48 

03 

10 

Erreur  instrumentale 

:  +  0° 

32'  20" 

—  0° 

31  40 

Demnat.  —  7  octobre,  3  h.  1/2  soir. 

Grande  synagogue. 

Angle  horaire  du  soleil. 

Chronomètre  :  6h  10m 

00* 

Hauteur  :  53° 

28' 

10' 

17 

11 

53 

01 

15 

18 

38 

52 

28 

40 

19 

30 

52 

00 

20 

20 

45 

51 

39 

30 

22 

05 

51 

08 

4.) 

23 

24 

50 

39 

00 

Zaouia  Sioi  Rehal.  —  9  octobre,  9  h.  1/4  matin. 
Synagogue.  Angle  horaire  du  soleil. 


11'1  53“  43*  Hauteur 

:  09° 

41' 

00' 

50 

08 

70 

30 

25 

57 

10 

70 

51 

50 

58 

11 

71 

12 

20 

59 

15 

71 

33 

55 

12“  01 

19 

72 

15 

50 

02 

18 

72 

35 

30 

33  48 
30  25 

39  30 

40  17 
49  40 
51  2! 


37 

41 


50 

00 


42  35 


) 

40 


41 

36 

32 

29 


Tagmout  (Glaoua).  —  10  octobre,  3  h.  soir. 
Synagogue.  Angle  horaire  du  soleil. 
Chronomètre  :  5h  52m  50*  Hauteur  :  01°  00' 
54  05  60  32 


15 

00 

10 

30 


50" 

30 


54 

55 

00 

14 

15 

50 

18 

59 

43 

50 

57 

34 

59 

15 

50 

59 

05 

58 

41 

40 

Gh  00 

18 

58 

14 

40 

01 

17 

57 

52 

40 

Erreur  instrumentale 

:  +  0°  32'  30" 

— 

0°  32  00 

Tagmout 

.  - 

12  octobre. 

Synagogue.  Hauteurs  circumméridiennes  du  soleil. 

Chronomètre  :  2h  26“ 

23* 

Hauteur  :  101° 

37' 

40' 

27 

47» 

40 

35 

29 

24 

43 

35 

31 

04 

45 

50 

32 

57 

48 

35 

34 

20 

49 

55 

37 

38 

51 

25 

40 

25 

51 

10 

41 

38 

50 

30 

43 

07 

49 

15 

44 

27 

48 

20 

45 

42 

47 

00 

40 

51 

45 

10 

48 

10 

43 

30 

49 

48 

40 

10 

51 

28 

36 

05 

52 

58 

32 

40 

54 

18 

29 

10 

Tikirt  (Aït  Zaïneb) 

.  —  19  octobre. 

Maison  de  Mousi  Animer.  Haut1*  circummérid.  du  s, 

Chronomètre  :  2h  15“ 

28* 

Hauteur  :  97° 

00' 

55' 

17 

40 

14 

15 

19 

34 

18 

50 

21 

32 

23 

50 

23 

18 

27 

50 

LISTE  DES  OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES. 


409 


Chronomètre  :  2U  26m 

12s  Hauteur  :  97° 

32' 

35' 

29 

10 

36 

10 

32 

55 

39 

00 

37 

35 

38 

50 

40 

28 

36 

30 

42 

48 

35 

00 

44 

22 

32 

20 

45 

48 

29 

40 

47 

14 

27 

20 

49 

36 

21 

50 

52 

03 

15 

20 

53 

52 

08 

50 

Erreur  instrumentale 

:  +  0°  32' 

35" 

—  0°  32 

10 

Tikirt.  —  19  octobre,  2  h.  3/4  soir. 

Maison  de  Mousi  Ammer.  Angle  horaire  du  soleil. 

Chronomètre  :  5U  35 1,1 

43s  Hauteur  :  61° 

27' 

55' 

37 

09 

60 

56 

55 

38 

32 

60 

28 

40 

40 

08 

59 

54 

40 

41 

41 

59 

21 

30 

Tikirt.  —  24  octobre,  9  h.  1/4  matin. 
Maison  de  Mousi  Ammer.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  :  llk  59m  00s 
12h  00  07 
01  19 
02  48 
03  43 
04  43 
05  48 


Hauteur  :  06°  28'  50" 

66  49  20 

67  12  25 
67  39  40 

67  56  00 

68  14  10 
68  35  00 


Tazenakht.  —  28  octobre,  9  h.  matin. 

Maison  d’Abraham  Ben  Oukhkha.  Angle  horaire  du  s. 
Chronomètre  :  12h  04m  04s  Hauteur  :  66°  36'  10" 


05 

16 

66  57 

55 

06 

58 

67  28 

45 

08 

06 

67  49 

05 

09 

23 

68  12 

10 

10 

28 

68  31 

00 

18 

27 

70  49 

25 

20 

01 

71  16 

40 

21 

38 

71  44 

25 

22 

51 

72  04 

45 

24 

16 

72  28 

10 

25 

11 

72  43 

40 

26 

25 

73  04 

05 

Tazenakht.  —  28  octobre,  8  h.  soir. 

Maison  d’Abraham  Ben  Oukhkha.  Hauteur  de  la  Polaire 

Chronomètre  :  10h  49m 

Hauteur  :  63°  07' 

30" 

llh  02 

12 

55 

16 

19 

10 

31 

25 

10 

46 

30 

30 

59 

34 

30 

12h  17 

39 

20 

36 

reconnaissance  au 

MAROC. 

43 

00 

Tazenakht.  —  29  octobre,  9 

h.  1/4  matin. 

Maison  d’Abraham  Ben 

Oukhkha. 

Angle  horaire  du 

Chronomètre  :  llh  55m  16s  Hauteur  :  63° 

27' 

00' 

56 

43 

63 

53 

50 

57 

40 

64 

11 

35 

58 

44 

64 

31 

40 

59 

33 

64 

47 

20 

12h  00 

32 

65 

05 

05 

01 

42 

65 

26 

40 

02 

35 

65 

42 

15 

03 

18 

65 

55 

45 

04 

05 

66 

09 

40 

05 

48 

66 

40 

25 

07 

33 

67 

12 

35 

08 

22 

67 

27 

20 

09 

35 

67 

48 

30 

11 

05 

68 

15 

05' 

12 

20 

68 

36 

55 

13 

21 

68 

55 

15 

Erreur  instrumentale  :  +  0°  32'  30" 

—  0»  32  05 


Tazenakht.  —  29  octobre. 

Maison  d’Abraham  Ben  Oukhkha.  Hautrs  circum.  du  s. 
Chronomètre  :  2h  25m  07s  Hauteur  :  91°  24'  25" 


27 

42 

25 

55 

31 

28 

28 

10 

33 

10 

28 

10 

34 

05 

28 

10 

35 

32 

27 

30 

37 

36 

26 

10 

39 

18 

24 

15 

40 

35 

23 

00 

41 

23 

21 

55 

Tazenakht.  —  30  octobre,  9  h.  matin. 
Maison  d’A.  Ben  Oukhkha.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  :  llh  59m  08s  Hauteur 

:  64° 

11' 

40' 

12h  00 

40 

64 

40 

00 

03 

01 

65  ' 

23 

00 

04 

44 

65 

53 

55 

06 

32 

66 

26 

00 

07 

15 

66 

CG 

00 

50 

08 

35 

67 

02 

30 

09 

43 

67 

22 

30 

11 

00 

67 

45 

00 

11 

42 

67 

57 

40 

14 

19 

68 

42 

45 

16 

33 

69 

21 

05 

17 

20 

69 

34 

45 

Tazenakht.  —  31  octobre,  9  h. 

matin. 

Maison  d’A.  Ben  Oukhkha.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  :  12h  01 m 

03s  Hauteur 

:  64° 

20' 

10 

02 

46 

64 

51 

25 

03 

36 

65 

06 

55 

04 

36 

65 

24 

50 

05 

54 

65 

47 

50 

07 

05 

66 

08 

15 

52 

410 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Chronomètre  :  12h 

08  m 

26* 

Hauteur  :  66° 

32' 

30" 

09 

21 

66 

48 

50 

10 

42 

67 

12 

45 

11 

32 

67 

26 

30 

12 

36 

67 

45 

15 

13 

39 

68 

03 

00 

14 

43 

68 

22 

00 

15 

53 

68 

42 

00 

16 

40 

68 

55 

10 

17 

32 

69 

10 

00 

19 

03 

69 

35 

40 

Tazenakht.  - 

1er 

novembre,  9  h.  matin. 

Maison  d’A.  Ben  Oukhkha.  . 

Angle  horaire  du  soleil. 

Chronomètre  :  1111 

57m 

35* 

Hauteur  :  62° 

50' 

10" 

59 

15 

63 

20 

00 

59 

58 

63 

33 

15 

12h  00 

55 

63 

50 

50 

02 

47 

64 

24 

10 

03 

41 

64 

40 

35 

04 

40 

64 

58 

35 

05 

22 

65 

11 

25 

06 

16 

65 

27 

30 

07 

03 

65 

41 

05 

07 

43 

65 

53 

00 

08 

26 

66 

05 

10 

09 

35 

66 

25 

20 

10 

17 

66 

37 

45 

12 

04 

67 

08 

00 

12 

52 

67 

22 

10 

Tazenakht.  —  5  novembre,  9  h.  1/2  matin. 
Maison  d’A.  Ben  Oukhkha.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  :  12h  00m 

45s  Hauteur 

:  62° 

00' 

20' 

01 

50 

62 

19 

00 

02 

42 

62 

34 

30 

03 

42 

62 

52 

30 

04 

52 

63 

13 

05 

05 

55 

63 

30 

10 

07 

08 

63 

53 

05 

08 

13 

64 

10 

45 

09 

06 

64 

26 

20 

10 

09 

64 

44 

40 

10 

57 

64 

58 

10 

12 

25 

65 

22 

40 

13 

32 

65 

42 

20 

14 

34 

66 

01 

00 

15 

49 

66 

18 

50 

16 

49 

66 

30 

00 

18 

08 

66 

54 

50 

20 

03 

67 

29 

30 

21 

13 

07 

48 

40 

22 

08 

08 

04 

20 

23 

22 

08 

24 

00 

24 

30 

08 

41 

10 

25 

35 

08 

58 

30 

26 

30 

69 

13 

50 

27 

50 

69 

34 

00 

Tazenakht.  —  9  novembre,  9  h.  1/2  matin. 
Maison  d’A.  Ben  Oukhkha.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  :  12l1  12m  23s 

Hauteur  :  63° 

31' 

20" 

14 

13 

64 

01 

30 

16 

06 

64 

31 

30 

17 

18 

64 

50 

50 

18 

22 

65 

09 

00 

19 

48 

65 

31 

40 

21 

13 

65 

53 

45 

22 

35 

66 

15 

55 

24 

06 

66 

39 

50 

25 

22 

66 

59 

50 

26 

56 

67 

24 

05 

28 

20 

67 

44 

20 

29 

50 

68 

07 

20 

31 

16 

68 

28 

35 

32 

35 

68 

49 

00 

34 

40 

69 

20 

20 

36 

19 

69 

43 

50 

37 

31 

70 

00 

55 

Agadir  Tisint.  —  15  novembre,  2  h.  1/2  soir. 

Maison  dite  Dar  ez  Zenâgi. 

Angle  horaire  du  soleil. 

Chronomètre  :  4h  52m 

20s 

Hauteur  :  62° 

26' 

20" 

53 

17 

62 

10 

20 

54 

30 

61 

50 

10 

55 

35 

61 

32 

00 

56 

36 

61 

14 

35 

57 

30 

60 

59 

25 

Tintazart  (Tatta).  — 

20  novembre,  10  h.  matin. 

Maison  de  Nessim  Abi  Serour  (mellah).  Angle  hor.  du  s. 

Chronomètre  :  12h  21®  03s 

Hauteur  :  61° 

58' 

20" 

22 

57 

62 

27 

35 

24 

23 

62 

49 

45 

25 

31 

63 

07 

15 

26 

49 

63 

27 

05 

27 

55 

63 

43 

35 

29 

30 

64 

07 

30 

31 

18 

64 

33 

20 

32 

17 

64 

48 

15 

33 

15 

65 

02 

45 

34 

31 

65 

21 

10 

Erreur  instrumentale 

:  + 

0°  32'  45" 

—  O"  32  20 

Tintazart.  —  20  novembre. 

Maison  de  N.  Abi  Serour.  Ilautrs  circummérid.  du  s. 


Chronomètre  :  2h  25m 

55s 

Hauteur  :  80°  44' 

35" 

28 

20 

46 

25 

30 

27 

47 

50 

31 

43 

48 

55 

33 

20 

49 

20 

34 

35 

49 

20 

36 

35 

48 

05 

38 

10 

47 

10 

39 

15 

45 

50 

40 

38 

44 

45 

41 

45 

43 

05 

43 

17 

41 

30 

LISTE  DES  OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES. 


411 


Tintazart.  —  20  novembre,  2  h.  soir. 


Maison  de  N.  Abi  Serour. 

Angle  horaire  du  soleil. 

Chronomètre  :  4U  40m 

50s 

Hauteur  :  64° 

23' 

10" 

42 

50 

63 

53 

00 

44 

12 

63 

32 

00 

45 

17 

63 

15 

20 

46 

16 

62 

59 

55 

47 

12 

62 

45 

00 

48 

11 

62 

29 

50 

49 

40 

62 

06 

05 

50 

50 

61 

47 

20 

51 

47 

61 

31 

40 

53 

01 

61 

11 

50 

Mader  Soultan.  — 

26  novembre,  2  h.  matin. 

Hauteur 

de  la  Polaire. 

Chronomètre  :  4h  57m 

Hauteur  :  59° 

19' 

50" 

5h  13 

59 

10 

20 

24 

59 

0.3 

20 

Tintazart.  —  30  novembre,  3  h.  soir. 
Maison  de  N.  Abi  Serour.  Angle  horaire  du  soleil. 
Chronomètre  :  5h  55m  17s  Hauteur  :  39°  41'  20" 

56  23  39  20  05 

57  1 1  39  04  00 

58  06  38  45  30 

59  16  38  22  40 

6  00  14  38  03  35 

Erreur  instrumentale  :  +  0°  32'  40" 

—  0°  32  05 

Agadir  Tisint.  —  19  décembre,  9  h.  1/2  soir. 
Maison  de  Hadj  Iselman.  Hauteur  de  la  Polaire. 


Chronomètre  :  llh  44m 

Hauteur  :  62° 

12' 

40" 

57 

62 

09 

00 

12h  16 

62 

03 

00 

36 

61 

54 

50 

49  30“ 

61 

48 

40 

lu  02 

61 

42 

30 

17 

61 

35 

00 

Agadir  Tisint.  —  20  décembre,  10  h.  3/4  matin. 

Maison  de  Hadj  Iselman.  An 

tgle  horaire  du 

soleil. 

Chronomètre  :  lh  17m  22s 

Hauteur  :  66° 

11' 

30" 

18  50 

66 

25 

55 

19  55 

66 

35 

35 

21  09 

66 

47 

05 

24  32 

67 

18 

30 

25  28 

67 

27 

15 

26  20 

67 

34 

55 

27  28 

67 

44 

35 

33  25 

68 

33 

20 

34  23 

68 

41 

05 

35  32 

68 

49 

50 

36  26 

68 

56 

30 

37  28 

69 

04 

40 

38  52 

69 

14 

40 

Erreur  instrumentale  :  -f-  0°  32'  50" 

—  0»  32  20 


Agadir  Tisint.  —  20  décembre,  1  h.  1/4  soir. 
Maison  de  Hadj  Iselman.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  :  3h  39m 

.33“ 

Hauteur  :  69° 

46' 

35" 

42 

41 

69 

21 

30 

43 

28 

69 

14 

40 

44 

21 

69 

09 

00 

46 

13 

68 

51 

35 

4h  03 

13 

66 

11 

30 

04 

50 

65 

53 

10 

05 

36 

65 

45 

35 

06 

35 

65 

35 

15 

07 

50 

65 

22 

50 

08 

40 

65 

11 

45 

09 

28 

65 

03 

35 

Agadir  Tisint.  —  25 

décembre , 

10  h.  1/2 

matin. 

Maison  de  Hadj  Iselman. 

Angle  horaire  du  soleil. 

Chronomètre  :  lk  10m 

48“ 

Hauteur  :  64° 

51' 

40" 

12 

32 

05 

09 

40 

14 

35 

65 

30 

45 

15 

34 

05 

40 

30 

16 

46 

65 

52 

50 

17 

35 

66 

01 

00 

18 

42 

66 

11 

30 

Agadir  Tisint.  — 

■  25 

décembre,  2  h.  soir. 

Maison  de  Hadj  Iselman. 

Angle 

horaire  du  soleil. 

Chronomètre  :  4h  31 m  10“ 

Hauteur  :  64 

J  05' 

50" 

33 

15 

60 

39 

00 

34 

13 

60 

25 

35 

35 

20 

60 

11 

00 

35 

56 

60 

02 

45 

36 

46 

59 

51 

30 

37 

55 

59 

37 

10 

38 

55 

59 

22 

10 

39 

44 

59 

11 

00 

Afikouraiien  (llalen).  —  18  janvier  1884,  10  h.  matin 
Maison  de  Mohammed  ou  Addi.  Angle  horaire  du  soleil 


Chronomètre  :  12h  45m  15s 

Hauteur  : 

61° 

05' 

45" 

46  43 

61 

27 

50 

47  40 

61 

41 

50 

49  00 

62 

01 

30 

50  29 

62 

23 

05 

56  36 

63 

39 

25 

58  11 

64 

11 

:  55 

59  15 

64 

26 

50 

lh  00  42 

64 

56 

35 

Erreur  instrumentale  :  +  6 

«  33'  00" 

—  0 

>  32  25 

Afikouraiien.  — 

18  janvier 

Maison  de  M.  ou  Addi.  Hautrs 

circummérid.  du 

soleil 

Chronomètre  :  2h  32“  26“ 

Hauteur  : 

77° 

4P 

30" 

34  04 

77 

46 

05 

36  08 

77 

51 

10 

38  08 

77 

55 

25 

40  15 

77 

59 

20 

42  39 

78 

02 

30 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


m 


Chronomètre  :  2h  45“ 

14* 

Hauteur  :  78° 

05' 

40" 

47 

40 

78 

07 

25 

49 

49 

78 

09 

15 

52 

55 

78 

09 

45 

55 

30 

78 

08 

35 

57 

57 

78 

07 

05 

00 

35 

78 

05 

10 

02 

25 

78 

02 

25 

05 

33 

77 

57 

40 

08 

38 

77 

51 

10 

13 

34 

77 

38 

50 

15 

12 

77 

33 

50 

17 

12 

77 

27 

00 

Afikourahen.  — 

-  18 

janvier,  2  h.  soir. 

Maison  de  M.  ou  Addi.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  :  4h  50“ 

48* 

Hauteur  :  04° 

22' 

351 

52 

03 

64 

04 

15 

53 

03 

63 

50 

40 

54 

22 

63 

31 

35 

55 

31 

63 

15 

10 

50 

32 

63 

00 

25 

57 

42 

62 

43 

30 

58 

45 

62 

27 

30 

59 

58 

62 

09 

20 

5h  01 

27 

61 

47 

20 

02 

17 

61 

34 

40 

03 

20 

61 

17 

20 

04 

47 

60 

56 

15 

Mogador.  —  30  janvier,  9  h.  1/4  matin. 

Hôtel  Sadia.  Angle  horaire  du  soleil. 
Chronomètre  :  12h  41“  32s  Hauteur  :  61°  39'  20" 


oiiroiiumtîir e  . 

42 

43 

IlclULCUI  . 

01 

OJ 

57 

iC\J 

55 

44 

23 

62 

23 

15 

45 

33 

62 

41 

55 

46 

55 

63 

02 

50 

48 

39 

63 

29 

30 

49 

50 

63 

47 

35 

50 

55 

64 

03 

55 

52 

06 

64 

21 

40 

53 

25 

64 

40 

45 

Mogador.  — 7  février,  9  h.  3/4  matin. 
Hôtel  Sadia.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre 


20“ 

45s 

Hauteur  :  59° 

44' 

10 

22 

30 

60 

14 

50 

26 

43 

61 

29 

30 

28 

54 

62 

07 

50 

31 

28 

62 

51 

25 

32 

48 

63 

14 

40 

33 

52 

63 

32 

15 

34 

48 

63 

47 

45 

36 

24 

64 

14 

45 

37 

39 

64 

35 

40 

39 

36 

65 

07 

45 

41 

21 

65 

30 

30 

42 

28 

65 

54 

45 

Chronomètre  :  12h  45“ 

30* 

Hauteur  :  66° 

42' 

40 

47 

25 

67 

13 

50 

48 

28 

67 

30 

30 

49 

48 

67 

51 

20 

51 

02 

68 

10 

45 

Erreur  instrumentale  :  +  0°  32'  40" 

—  0°  32  15 


Mogador.  —  7  février,  2  h.  1/4  soir. 
Hôtel  Sadia.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre 


4h 

59“ 

08s  Hauteur  : 

:  69° 

46' 

20" 

5h 

02 

30 

68 

53 

50 

05 

04 

68 

14 

05 

06 

46 

67 

47 

10 

09 

36 

67 

01 

35 

11 

33 

66 

29 

00 

14 

05 

65 

47 

40 

16 

18 

65 

10 

35 

19 

30 

64 

16 

20 

23 

21 

63 

11 

00 

Mogador.  —  13  février,  9  h.  1/4  matin. 
Hôtel  Sadia.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  :  12*1  09“  22* 

Hauteur  :  59° 

31' 

45" 

10 

48 

59 

58 

40 

12 

00 

60 

20 

55 

13 

05 

60 

41 

35 

14 

30 

61 

08 

30 

15 

57 

61 

35 

25 

17 

07 

61 

56 

50 

18 

05 

62 

15 

00 

19 

23 

62 

38 

30 

21 

13 

63 

11 

55 

23 

01 

63 

45 

00 

25 

59 

64 

38 

05 

27 

15 

65 

00 

40 

28 

19 

65 

19 

55 

29 

45 

65 

45 

05 

31 

12 

66 

10 

25 

Erreur  instrumentale 

:  +  0° 

32'  40" 

—  0n 

32  30 

Mogador.  —  13  février,  2  h.  1/2  soir 

. 

Hôtel  Sadia.  An 

gle  horaire  du  soleil. 

Chronomètre  :  5U  17“ 

08* 

Hauteur  :  67° 

49' 

05" 

18 

26 

67 

27 

35 

19 

43 

67 

04 

45 

20 

55 

66 

43 

05 

22 

19 

66 

18 

30 

23 

32 

65 

57 

30 

25 

08 

65 

28 

30 

26 

18 

65 

06 

15 

27 

32 

64 

45 

00 

32 

25 

63 

14 

55 

33 

36 

62 

52 

55 

34 

40 

62 

33 

20 

36 

05 

62 

06 

50 

37 

18 

61 

44 

10 

LISTE  DES  OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES. 


513 


Mogador.  —  25  février,  9  h.  matin. 

Hôtel  Sadia.  Angle  horaire  du  soleil. 
Chronomètre  :  12h  05“  48s  Hauteur  :  65°  46'  55” 

07  24  66  19  00 

08  42  66  45  00 

09  56  67  09  30 

15  32  68  58  15 

17  17  69  31  15 

18  16  69  51  20 

19  11  70  08  45 


Agadir  Tisint.  —  5  avril,  9  h.  matin. 

Maison  de  Hadj  Bou  Rhim.  Angle  horaire  du  soleil. 
Chronomètre  :  4h  08“  31 5  Hauteur  :  87°  00'  00” 

09  51  87  32  30 

10  48  87  55  00 

11  50  88  19  45 

12  50  88  44  20 

14  00  89  12  00 

Agadir  Tisint.  —  5  avril,  2  h.  1/2  soir. 


Mogador.  —  25  février,  3  h.  soir. 
Hôtel  Sadia.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  :  5h  58“ 

20s 

Hauteur  :  59° 

54' 

20” 

59 

46 

59 

23 

25 

6k  01 

09 

58 

54 

20 

02 

40 

58 

22 

10 

08 

01 

56 

26 

50 

09 

01 

56 

05 

45 

10 

30 

55 

33 

25 

11 

51 

55 

04 

20 

Mogador. — 

9  mars,  9  h.  matin. 

Hôtel  Sadia.  Angle  horaire  du  soleil 

Chronomètre  :  12h  08' 

u  00s 

Hauteur  :  75° 

24' 

40" 

09 

45 

76 

00 

35 

11 

28 

76 

35 

40 

13 

30 

77 

17 

25 

15 

19 

77 

54 

55 

17 

04 

78 

29 

50 

18 

20 

78 

55 

25 

20 

40 

79 

42 

45 

Mogador.  —  9  mars 

,  3  h.  1/2  soir. 

Hôtel  Sadia.  Angle  horaire  du  soleil 

Chronomètre  :  5h  58“ 

58s 

Hauteur  :  64° 

42' 

45" 

6  00 

35 

64 

08 

40 

01 

41 

63 

42 

40 

03 

00 

63 

13 

10 

04 

48 

62 

31 

00 

06 

11 

62 

01 

25 

07 

57 

61 

20 

40 

09 

33 

60 

43 

10 

Mogador.  —  10  mars,  arrêt  du  chronomètre. 

Agadir  Tisint.  - 

—  2  avril,  8  h.  matin 

Maison  de  Iladj  Bou  Rhim.  Angle  horaire  du  soleil. 

Chronomètre  :  3h  17“ 

21s 

Hauteur  :  63° 

57' 

45” 

18 

42 

64 

32 

00 

19 

40 

64 

56 

10 

20 

35 

65 

19 

20 

21 

40 

65 

47 

05 

Maison  de  Hadj  Bou  Rhim.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  :  9h  40“ 

22s  Hauteur 

:  90° 

56' 

25” 

41 

32 

90 

29 

30 

42 

35 

90 

04 

05 

43 

40 

89 

37 

35 

45 

35 

88 

50 

35 

46 

45 

88 

22 

40 

47 

45 

87 

57 

55 

48 

52 

87 

31 

30 

Tazenakht.  — 

9  avril ,  4  h.  3/4  soir. 

Maison  d’Abraham  Ben  Oukhkha.  Angle  horaire  du  s 

Chronomètre  :  llu  45“  41s  Hauteur 

:  38° 

35' 

45" 

46 

49 

38 

07 

05 

47 

49 

37 

40 

55 

49 

00 

37 

10 

20 

50 

02 

36 

43 

25 

51 

05 

36 

16 

20 

Tazenakht.  —  10  avril,  7  h.  1/2  matin. 


Maison  d’A.  Ben  Oukhkha.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  :  2 11  45“  54s  Hauteur 


47 

48 

49 

50 

51 


21 

27 

35 

34 

43 


66° 

55 

56 

56 

57 
57 


21'  05" 
58  20 


26 

55 

20 

50 


40 

50 

50 

10 


Tazenakiit.  —  10  avril ,  4  h.  1/2  soir. 

Maison  d’A.  Ben  Oukhkha.  Angle  horaire  du  soleil. 


17“ 

23s 

Hauteur  :  50° 

54' 

25 

18 

51 

50 

16 

55 

19 

43 

49 

54 

55 

21 

06 

49 

19 

10 

21 

57 

48 

57 

10 

22 

49 

48 

35 

00 

Tazenakht.  —  12  avril,  7  h.  3/4  matin. 


Agadir  Tisint.  —  2  avril,  5  h.  soir. 

Maison  de  Iladj  Bou  Rhim.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  :  llh  23“ 

40" 

Hauteur  :  47° 

12' 

25" 

24 

41 

46 

45 

40 

25 

41 

46 

19 

50 

26 

27 

46 

01 

05 

27 

41 

45 

28 

45 

Maison  d’A.  Ben  Oukhkha.  Angle  horaire  du  soleil. 
Chronomètre  :  2h  55“  21s  Hauteur  :  60°  30'  40" 

56  30  60  59  40 

57  11  61  17  30 

57  45  61  32  40 

58  20  61  47  15 

59  11  62  08  20 


414 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Tazenakht.  —  12  avril,  4  h.  3/4  soir. 

Maison  d’A.  Ben  Oukhkha.  Angle  horaire  du  soleil. 
Chronomètre  :  llh  25™  58s  Hauteur  :  47°  34'  OU" 

27  11  47  02  40 

27  55  46  44  20 

28  43  46  23  20 

20  23  46  06  05 

30  18  45  42  45 

Tamnougalt  (Mezgîta).  —  15  avril,  5  h.  1/4  soir. 

Mellah.  Angle  horaire  du  soleil. 
Chronomètre  :  llh  40™  23s  Hauteur  :  36°  35'  50" 

50  23  36  10  40 

50  58  35  55  35 

51  58  35  20  30 

52  36  35  13  40 

Tamnougalt.  —  18  avril,  1  h.  1/4  matin. 

Mellah.  Hauteur  de  la  Polaire. 
Chronomètre  :  8h  00™  Hauteur  :  50°  00'  50" 
08  50  04  10 

17  50  07  35 

23  50  00  40 

20  50  1 1  40 

35  50  13  45 

Tamnougalt.  —  18  avril,  7  h.  1/2  matin. 

Mellah.  Angle  horaire  du  soleil. 
Chronomètre  :  2k  48™  13s  Hauteur  :  62°  02'  40" 

40  00  62  26  55 

50  02  62  40  50 

50  45  63  08  15 

51  45  63  33  25 

52  30  63  53  20 

Tamnougalt.  —  18  avril,  5  h.  soir. 

Mellah.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  :  1  lh  36™  44s  Hauteur 

:  42° 

31' 

00" 

37  48 

42 

03 

20 

38  34 

41 

43 

30 

30  26 

41 

21 

30 

40  04 

41 

04 

30 

40  48 

40 

46 

10 

41  30 

40 

28 

15 

Erreur  instrumentale  :  -f-  0°  32'  00" 

—  0°  31  45 

Tamnougalt.  —  20  avril ,  7  h. 

matin. 

Mellah.  Angle  horaire  du  soleil. 

Chronomètre  :  2h  11™  20s  Hauteur 

:  47° 

14' 

40" 

12  01 

47 

32 

15 

12  37 

47 

47 

50 

13  11 

48 

02 

10 

13  47 

48 

18 

00 

14  23 

48 

32 

35 

Tiilit  (Dâdes).  —  23  avril,  4  h.  1/2  soir. 
Mellah.  Angle  horaire  du  soleil. 


Chronomètre  :  llh  13™  37s  Hauteur  :  52°  30' 

15" 

14 

27 

52 

17 

40 

15 

16 

51 

56 

40 

15 

59 

21 

38 

25 

16 

37 

51 

22 

10 

17 

22 

51 

02 

55 

Tiilit  (Dâdes).  - 

-  24  avril , 

7  h.  matin. 

Mellah.  Angle  horaire  du  soleil. 

Chronomètre  :  2h  13™ 

55s  Hauteur  :  50°  48' 

20" 

14 

40 

51 

07 

45 

15 

15 

51 

22 

45 

15 

49 

51 

37 

15 

16 

19 

51 

49 

50 

16 

53 

52 

04 

30 

Taourirt  (Todra).  - 

-  27  avril , 

3  h.  1/2  matin. 

Mellah.  Hauteur  de  la  Polaire. 

Chronomètre  :  10h  011 

a  00s  Hauteur  :  61° 

59' 

40" 

08 

30 

62 

05 

45 

17 

30 

62 

11 

20 

26 

00 

62 

16 

50 

33 

00 

62 

22 

00 

43 

30 

62 

29 

00 

Taourirt  (Todra). 

—  27  avril,  8  h.  matin. 

Mellah.  Angle  horaire  du  soleil. 

Chronomètre  :  3h  05™ 

05s  Hauteur  :  74° 

49' 

20" 

07 

07 

75 

41 

00 

07 

55 

76 

01 

10 

08 

50 

76 

24 

10 

09 

52 

76 

50 

30 

10 

45 

77 

12 

50 

11 

47 

77 

38 

55 

Erreur  instrumentale 

:  +  0°  32' 

15" 

—  0»  31 

35 

Taourirt  (Todra). 

—  27  avril ,  4  h.  1/2 

soir. 

Mellah.  Angle  horaire  du  soleil. 

Chronomètre  :  111*  13* 

“  31s  Hauteur  :  52° 

28' 

30" 

14 

32 

52 

03 

05 

15 

23 

51 

41 

00 

16 

05 

51 

23 

20 

16 

45 

51 

07 

40 

17 

29 

50 

47 

45 

18 

09 

50 

30 

50 

Asrir  (Ferkla).  - 

-  30  avril , 

7  h.  matin. 

Mellah.  Angh 

3  horaire  du  soleil. 

Chronomètre  :  2h  14™ 

55s  Hauteur  :  55° 

30' 

50" 

16 

22 

56 

08 

15 

17 

06 

56 

26 

30 

17 

45 

56 

43 

20 

18 

19 

56 

58 

20 

19 

25 

57 

25 

40 

LISTE  DES  OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES. 


415 


Gelmima  (Reris).  — 30  avril,  5  h.  1/2  soir. 
Mellah.  Angle  lioraire  du  soleil. 


Chronomètre  :  12h  08™  26s  Hauteur  : 

:  28° 

49' 

35" 

10 

03 

28 

08 

20 

10 

46 

27 

50 

25 

12 

56 

26 

56 

40 

14 

09 

26 

25 

50 

15 

14 

25 

58 

35 

Gelmima  (Reris).  —  30  avril,  10  h.  soir. 
Mellah.  Hauteur  de  la  Polaire. 
Chronomètre  :  4h  43m  00s  Hauteur  :  60°  40'  40" 

54  30  49  30 

5h  09  00  48  50 

18  30  48  40 

30  00  48  00 

Mellah  Tiallalin.  —  4  mai,  5  h.  1/4  soir. 
Angle  horaire  du  soleil. 

Chronomètre  :  1 1 h  49“  35s  Hauteur  :  36°  40'  00" 

50  25  36  19  10 

51  26  35  53  45 

52  15  35  33  40 

52  53  35  17  05 

Mei.laii  Tiallalin.  —  5  mai,  3  h.  1/2  matin. 
Hauteur  de  la  Polaire. 

Chronomètre  :  10h  18™  00s  Hauteur  :  64°  03'  05" 
26  30  08  45 

50  00  24  05 


Qaçba  el  Makhzen  (Qçâbi  ech  Cheurfa).  —  6 mai, 5  h.  s. 
Maison  du  qaïd.  Angle  horaire  du  soleil. 
Chronomètre  :  llh  20™  42s  Hauteur  :  49°  16'  25" 

21  45  48  49  50 

22  19  48  35  50 

22  51  48  22  25 

23  24  48  09  10 

Qaçiîa  el  Makhzen  (Qçâbi  ech  Cheurfa).  —  7  mai,  3  h.m. 
Maison  du  qaïd.  Hauteur  de  la  Polaire. 


Chronomètre  :  9h 

34™ 

305 

Hauteur 

:  64° 

49' 

30" 

43 

30 

64 

56 

15 

51 

30 

65 

01 

05 

59 

00 

65 

06 

00 

m 

06 

30 

65 

11 

10 

16 

30 

65 

18 

10 

OüTAT  OULAD  El 

.  Hadj.  - 

-  11  mai, 

3  h.  matin. 

Mellah. 

Hauteur 

de  la  Polaire. 

Chronomètre  :  9h 

32™ 

■  30s 

Hauteur 

:  66° 

02' 

10" 

39 

30 

07 

05 

44 

30 

09 

45 

52 

30 

15 

25 

10h 

03 

00 

23 

20 

12 

30 

29 

50 

II.  —  Tableau  des  latitudes  et  longitudes. 


NOMS  DES  LIEUX. 

LATITUDE  NORD. 

LONGITUDE  OUEST. 

Tétouan . 

35» 

34' 

12" 

Tâza . 

34 

12 

54 

Sfrou . 

7» 

04' 

30" 

Demnât . 

9 

11 

15 

Zaouïa  Sidi  Rehal . 

31» 

38' 

45" 

9 

33 

45 

Tagmout  (Glaoua) . 

31 

25 

07 

O 

25 

0(1 

Tikirt  (Ait  Zaïneb) . 

30 

57 

00 

9 

09 

45 

Tazenakht . 

30 

34 

40 

9 

18 

45 

Agadir  Tisint . 

29 

54 

08 

9 

28 

30 

Tintazart  (Tatta) . 

29 

38 

12 

9 

58 

30 

Mader  Soultân . 

29 

22 

16 

Afikourahen  (Ilalen) . 

30 

04 

50 

11» 

17' 

30" 

Tamnougalt  (Mezgîta) . 

30 

40 

43 

8 

26 

00 

Taourirt  (Todra) . 

31 

32 

00 

7 

33 

00 

Gelmima  (Reris) . 

31 

41 

05 

6 

58 

00 

Mellah  Tiallalin . 

32 

15 

06 

6 

24 

45 

Qacba  el  Makhzen  (Qcàbi  ech  Cheurfa) . 

32 

50 

14 

6 

27 

30 

Outat  Oulad  el  Hadj . 

33 

21 

28 

Les  latitudes  et  longitudes  de  ce  tableau  ont  été  calculées  par  M.  de  Villedeuil,  calculateur  du  mi¬ 
nistère  de  la  guerre,  qui  a  bien  voulu  me  rendre  ce  service. 


416 


R  ^CONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Les  observations  astronomiques  faites  au  cours  du  voyage  ont  été  exécutées  avec  un  sextant,  un 
horizon  à  huile  et  un  chronomètre.  Le  sextant  avait  été  construit  par  M.  Lorieux;  l’erreur  instrumen¬ 
tale,  insignifiante  au  départ,  ne  varia  pas  sensiblement.  Le  chronomètre  était  de  M.  Bréguet;  la  mar¬ 
che  en  demeura  régulière,  les  résultats  qu’il  fournit  furent  bons;  mais  sa  délicatesse  même  le  rendait 
fragile  :  des  mouvements  violents  de  ma  montre  l’arrêtèrent  plusieurs  fois. 


TABLEAU 


DES 


FAITES  AU  MAROC  AU  COURS  DU  VOYAGE 
(Juin  1883-  Mai  1884). 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

THERMOMÉTRIQUES. 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

Port  de  Gibraltar  (pont  du  pa- 

quebot). 

10  Juin  1883 

5Ü  S 

7G3.1 

Qui 

Tanger. 

21 

9“  M 

21  "7 

pur. 

0 

De  Tanger  à  Tétouan. 

0 

3h33"‘  S 

703.7 

(1)  2 

U 

0 

4“  15 

7G3.1 

5 

» 

» 

4h48 

758.2 

63 

» 

» 

5» 

739.9 

42 

» 

» 

5n33 

755 

98 

0 

0 

6“ 

759 

33 

» 

» 

6h20 

756 

88 

» 

0 

6U33 

755 

99 

« 

0 

7b20 

756.2 

85 

0 

0 

7'‘40 

700 

H 

0 

-2~2 

4"30  M 

734.8 

114 

0 

0 

3"03 

733 

133 

» 

0 

5h37 

743 

260 

Fondoq. 

« 

0 

5b45 

741.3 

240 

(1)  Les  altitudes  ont  été  calculées  par  M.  Raymond,  à  qui  je  dois  de  vifs  remerciements  pour  ce  travail.  Voici,  sur  la  manière  dont  il  a  pro¬ 
cédé,  les  éléments  qui  lui  ont  servi  et  l’approximation  obtenue,  une  note  qu’il  a  composée. 

«  Pour  la  détermination  des  altitudes,  on  a  fait  usage  d’im  petit  baromètre  anéroïde  construit  avec  soin  et  compensé  des  variations  de  la 
«  température.  Cet  instrument  a  été  considéré  comme  exact  au  départ,  mais  il  est  résulté  de  comparaisons  faites  par  le  voyageur,  avec  deux 
«  autres  baromètres,  que  vers  le  milieu  d’août  1883  il  a  éprouvé  un  dérangement  qui  lui  a  fait  marquer  2mm  en  plus;  cette  erreur  instrumentale 
«  s’est  conservée  jusqu’à  la  fin  du  voyage.  On  a  tenu  compte  de  cette  correction  ,  ainsi  que  de  celle  due  à  l’oscillation  diurne  du  baromètre,  que 
«  l’on  a  supposée  être  de  2mm,  dans  les  régions  explorées. 

«  Les  calculs  des  altitudes  ont  été  faits  en  employant  la  formule  de  Laplace  et  en  négligeant  les  décimales  peu  importantes. 

«  La  détermination  de  la  pression  au  niveau  de  la  mer,  à  chacune  des  observations,  a  constitué  une  des  difficultés  principales  pour  l’exac- 
«  titudc  des  calculs.  Pour  avoir  les  hauteurs  du  baromètre  au  niveau  de  la  mer,  on  a  fait  usage  des  observations  relatées  dans  le  Bulletin 
«  météorologique  du  gouvernement  de  l’Algérie  et  dans  le  Bulletin  météorologique  international. 

«  Tant  que  le  voyageur  a  été  dans  le  voisinage  des  eûtes,  les  données  des  Bulletins  ont  pu  être  utilisées  avec  profit,  mais  dans  l’intérieur  du 
«  Maroc  la  tâche  a  été  plus  difficile  et  les  valeurs  obtenues  pour  certains  jours  se  sont  peut-être  éloignées  de  la  vérité  de  plusieurs  milli- 
«  mètres.  Du  rêste,  quelques  altitudes  ont  pu  être  vérifiées  et,  dans  les  localités  où  le  voyageur  a  passé  plusieurs  fois,  on  a  pris  des  moyennes 
«  qui,  dans  certains  cas,  ont  servi  à  corriger  les  hauteurs  des  points  voisins  qui  ont  paru  défectueuses. 

«  Nous  ferons  aussi  remarquer  que,  pendant  le  cours  de  ce  voyage,  la  pression  au  niveau  de  la  mer  a  presque  toujours  été  bien  au-dessus 
«  de  7G2m“,  nombre  admis  pour  la  hauteur  barométrique  de  ce  pays  au  niveau  de  la  mer. 

«  Nous  pensons  que  les  erreurs  principales  proviendront  de  la  difficulté  de  se  rendre  compte  de  la  pression  atmosphérique  au  niveau  de  la 

«  mer,  et  de  la  correction  ■  ^  2  (t  -f-  l')  de  la  formule  de  Laplace,  qui  a  été  laissée  le  plus  souvent  à  l’appréciation  du  calculateur,  la  tempéra- 

«  ture  n’ayant  pu  être  notée  aussi  souvent  que  les  hauteurs  barométriques.  » 

Les  observations  de  température  ont  été  faites  avec  des  thermomètres  fronde  et  des  thermomètres  à  minima  construits  parM.  Tonnelet. 

53 


Kt'CONN  V1SSANCE  AU  MAROC. 


418 


R UGONNAISS  ANCU  AU  MAROC. 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

THERMOMÉTRIQUES . 

CIEL. 

NUAGES. 

De  Tanger  à  Tétouan  (suite). 

2-2  Juin  1883 

G"06m  M 

735 

355“ 

)> 

D 

6"15 

739.7 

2!)2 

» 

» 

7“  1-2 

755 

114 

» 

» 

7h55 

7G0 

60 

» 

» 

8"35 

7G1 

50 

» 

» 

9h03 

705 

10 

» 

» 

10"-20 

705.3 

10 

Tétouan  (mellali  ;  1er  étage). 

» 

1"  S 

759.4 

GO 

23»8 

nébuleux. 

4 

» 

» 

6h 

759.2 

» 

21»5 

nébuleux. 

9 

»> 

23 

nuit. 

» 

19"  Min. 

» 

» 

9h  M 

759.4 

n 

20°7 

nébuleux. 

10 

» 

» 

1"  S 

759.2 

» 

2-2» 

nébuleux. 

10 

» 

» 

6“ 

758.5 

» 

21° 

nébuleux. 

7 

-24 

nuit. 

»» 

19°  Min. 

» 

» 

9"  M 

757.8 

• 

20°7 

nébuleux. 

10 

" 

» 

1"  S 

757 

» 

23°3 

pur. 

3 

0 

6"30m 

756.9 

» 

21°3 

pur. 

0.5 

“ 

2.*> 

nuit. 

» 

16"2  Min. 

» 

X' 

9"  M 

758.-2 

» 

25» 

pur. 

0 

» 

» 

1"  S 

757.6 

» 

29°5 

pur. 

0 

» 

» 

71,30m 

757 . 4 

» 

22°5 

pur. 

0 

» 

20 

nuit. 

. 

14°  Min. 

» 

» 

11"  M 

757 . 5 

. 

31» 

pur. 

0 

* 

» 

1"  S 

757 . 2 

» 

32° 

pur. 

0 

» 

Gh 

757 . 4 

» 

26» 

pur. 

0 

» 

27 

nuit. 

. 

13°5  Min. 

» 

» 

9"  M 

758.-2 

. 

26"3 

pur. 

0 

» 

1"  S 

758 . 4 

« 

27»6 

pur. 

0 

» 

»> 

G" 

758.-2 

» 

25° 

pur. 

0 

» 

28 

nuit. 

. 

14°  Min. 

w 

» 

9"  M 

758.7 

» 

26° 

pur. 

0 

» 

» 

l"30m  S 

757.9 

» 

26»5 

pur. 

0 

» 

6h 

757.9 

» 

23» 

pur. 

0 

» 

20 

nuit. 

h 

14»  Min. 

» 

- 

9"30“  M 

759.1 

» 

24"3 

pur. 

0 

» 

» 

1"  S 

759 

» 

27°2 

pur. 

0 

" 

" 

6“ 

759.1 

» 

23» 

pur. 

0 

» 

30 

nuit. 

» 

14»  Min. 

■ 

» 

9"  M 

700 

28° 

pur. 

0 

* 

» 

1"  S 

759 

31° 

pur. 

0 

• 

" 

Üh 

758.3 

» 

25»G 

pur. 

0 

* 

1er  Juillet. 

n  uit. 

» 

19°2  Min. 

• 

" 

5"  M 

» 

couvert. 

10 

» 

» 

9" 

758.7 

• 

24»5 

assez  pur. 

3 

" 

“ 

1"  S 

757.  G 

» 

25° 

assez  pur. 

0.5 

■ 

* 

G" 

750.5 

1» 

21  °2 

pur. 

0 

* 

2 

nuit. 

» 

19»  Min. 

» 

8 

5"  M 

» 

couvert. 

10 

• 

• 

6"30“ 

755.8 

21  °2 

De  Tétouan  à  Checliaouen. 

■ 

8"3om 

76-2 

5 

pur. 

0 

■ 

• 

9»-25 

750.2 

129 

■ 

8 

10"25 

734.2 

317 

» 

8 

11"13 

745. G 

185 

" 

8 

11  "4-2 

738 

273 

» 

■ 

t-2"39  S 

74-2 

-2-26 

* 

8 

çjli 

725.8 

4-21 

pur. 

0 

» 

8 

-2,,:,o 

700.4 

657 

» 

- 

4"03 

702 

713 

• 

■ 

4"  10 

707 

051 

* 

8 

4"55 

708.5 

634 

OBSERVATIONS. 


Col  du  Fondoq. 


Pont  de  l’Ouad  Bou  Çfiha. 


OBSERVATIONS  METEOROLOGIQUES  FAITES  AU  MAROC  EN  1883-1884. 


419 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

THERMOMÉTRIQUES. 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

De  Tétouan  à  Chechaouen 

(suite). 

2  Juillet  1883 

5" 

s 

712 

591 m 

B 

B 

5"50m 

712 

591 

B 

» 

6"35 

721.8 

468 

pur. 

0 

De  Chechaouen  à  Tétouan. 

3 

6"  10 

M 

709.6 

620 

pur. 

0 

» 

a 

6"30 

705 

684 

> 

» 

7"35 

738.7 

279 

B 

» 

8h30 

738 

288 

B 

a 

8"53 

736.6 

304 

■ 

a 

10" 

723.3 

468 

pur. 

0 

Pont  de  l’Ouad  Bou  çfiha  (déjà 

De  Tétouan  à  Et  Qçar. 

4 

10"50 

M 

762.3 

10 

pur. 

0 

1  passé). 

• 

2"34 

s 

734.2 

355 

Col  du  Fondoq  (déjà  passé). 

■ 

» 

3" 

740.6 

260 

Fondoq  (déjà  rencontré). 

1) 

G11 

pur. 

0 

Même  lieu.  Température  de 

la  source  du  Fondoq  :  17°. 

» 

5 

3"  45 

M 

740.3 

» 

16°1 

couvert. 

10 

Même  lieu. 

» 

5"24 

754.8 

96 

• 

5h45 

747 

190 

18°5 

assez  pur. 

0 

B 

» 

0"33 

753.2 

120 

H 

7  "43 

759 

60 

» 

0"10 

762 

28 

■ 

a 

9"53 

762.3 

25 

B 

. 

11  "05 

754 

120 

n 

B 

12"08 

s 

762.8 

20 

. 

lh 

764.1 

B 

B 

1"15 

762 

28 

B 

» 

1  "57 

762.3 

25 

B 

3"02 

756.2 

90 

- 

3  "45 

756.8 

80 

assez  pur. 

7 

G 

5"03 

M 

758 

65 

B 

6"30 

756.1 

90 

B 

7  "57 

760.4 

40 

« 

9" 

759 

60 

B 

10"10 

762.3 

20 

22°8 

pur. 

3 

» 

B 

11"15 

763.8 

6 

■ 

a 

12"50 

s 

760.9 

35 

27° 

pur. 

4 

a 

. 

1"45 

762.9 

10 

B 

a 

2"55 

761.3 

30 

El  Qçar  (centre  delà  ville  ;  rez- 

de-chaussée). 

• 

5" 

762.4 

20 

pur. 

0 

» 

7 

11  "30 

M 

761.6 

» 

pur. 

0 

» 

4" 

s 

760.9 

« 

pur. 

0 

10"30 

763.7 

B 

8 

4h 

M 

762 

» 

D’El  Qçar  à  Fàs. 

5"20 

763.2 

9 

0"l0 

761.3 

29 

7"  40 

756 

90 

■ 

8"  10 

755 

100 

8"40 

755.6 

95 

28°5 

très  pur. 

0 

10"2J 

753 

125 

11  "07 

750.7 

150 

Température  d’une  source  : 

23°. 

12"45 

s 

755 

100 

33"5 

pur. 

0 

1"45 

756.8 

80 

3"  10 

754 

108 

Chemmaha. 

7" 

. 

25°3 

pur. 

0 

Id. 

0 

4" 

M 

754.8 

B 

18°7 

Id. 

4"45 

759.6 

40 

5"40 

758 

67 

5"55 

760.1 

43 

C"30 

756 

90 

27° 

pur. 

9.5 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


420 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

o: 

H 

P 

O* 

5 

H 

vM 

O 

£ 

M 

w 

H 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

D’El  Qçar  à  Fis  (suite). 

9  Juillet  1883 

7h25ra 

M 

752.3 

130“ 

B 

» 

8"43 

7G2.1 

20 

» 

n 

9"30 

758.2 

65 

» 

1 1  "20 

756 

90 

». 

» 

1"35 

S 

761 

30 

» 

» 

2"05 

760.2 

35 

35» 

très  pur. 

8 

Douar  près  de  l'Ouad  Ouerra. 

» 

» 

8" 

B 

24°8 

pur. 

8 

id. 

» 

10 

fi" 

M 

762 

» 

assez  nébuleux. 

10 

Même  lieu.  Pluie  fine. 

» 

» 

5"  40 

760.7 

45 

La  pluie  cesse. 

» 

» 

G"  18 

754.8 

110 

pur. 

6 

». 

» 

7  "25 

753.3 

123 

» 

»» 

7"40 

757 

81 

» 

» 

9"10 

756 

92 

» 

» 

9"45 

753.8 

118 

27°2 

pur. 

9 

»» 

» 

10"34 

757.8 

71 

» 

» 

12"30 

s 

743 

242 

» 

» 

1"05 

752 

129 

31  "2 

pur. 

5 

»» 

» 

01142 

752.5 

133 

n 

»» 

3"27 

756 

92 

>» 

» 

3"47 

758.1 

68 

» 

» 

4"04 

757.7 

70 

Douar  sur  l’Ouad  Sebou. 

»• 

•  », 

7  h 

» 

26°3 

pur. 

2 

Id. 

» 

11 

4"30 

M 

759.1 

» 

19°5 

10 

ld. 

»» 

»» 

5"  15 

755 

108 

,» 

» 

G"  10 

749.7 

170 

P 

P 

G"42 

745.8 

217 

» 

» 

7  "30 

732.3 

379 

n 

P 

7"57 

725.3 

•461 

» 

P 

8"38 

734.8 

349 

» 

9"  45 

733 

369 

25° 

assez  pur. 

0 

» 

» 

11  "08 

720 

526 

» 

»> 

11  "37 

705.3 

712 

. 

P 

12"15 

s 

718.7 

546 

B 

• 

1"05 

735.!) 

331 

pur. 

0 

» 

P 

1"30 

726.7 

440 

P 

» 

1"40 

730 

387 

Fàs  (centre  du  niellait  ; 

1er  étage). 

1"30 

S 

727.1 

390 

très  pur. 

0 

■ 

13 

1" 

s 

» 

très  pur. 

0 

» 

14 

8" 

M 

731 . 4 

très  pur. 

0 

» 

» 

7h 

S 

731 

p 

» 

13 

8"15 

M 

731 

P 

pur. 

0 

» 

» 

9" 

s 

731.7 

B 

très  pur. 

0 

" 

IG 

nuit. 

P 

22°5 

Min. 

» 

» 

7h 

M 

732 

. 

très  pur. 

0 

» 

P 

i" 

s 

731 .2 

B 

35°S 

très  pur. 

0 

» 

P 

9h 

732.9 

B 

très  pur. 

0 

» 

17 

nuit. 

. 

22°9 

Min. 

» 

» 

9" 

M 

733.3 

B 

2!)°3 

très  pur. 

0 

" 

* 

1" 

s 

732 

B 

35°3 

très  pur. 

0 

* 

» 

7" 

731 

« 

33°3 

très  pur. 

0 

" 

18 

nuit. 

23“3 

Min. 

■ 

7'1 

M 

731 . 4 

28°3 

très  pur. 

0 

"  / 

» 

1h 

s 

730.3 

35°2 

très  pur. 

0 

" 

» 

5h 

728.7 

» 

33» 

très  pur. 

0 

• 

19 

nuit. 

21  "7 

Min. 

» 

7" 

M 

729.2 

» 

26°5 

très  pur. 

0 

* 

* 

11" 

727.3 

30°2 

très  pur. 

0 

* 

• 

1" 

S 

726.3 

34"1 

très  pur. 

0 

" 

» 

5h 

725. 6 

P 

30°8 

très  pur. 

0 

* 

» 

10" 

727.8 

P 

25" 

très  pur. 

0 

m 


OBSERVATIONS  MÉTÉOROLOGIQUES  FAITES  AU  MAROC  EN  1883-1884. 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

CO 

W 

tD 

O* 

5 

va 

2 

o 

2 

H 

m 

H 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

Fâs  (centre  du  niellai]  ; 

1"  étage)  (suite). 

20  Juillet  1883 

nuit. 

390"' 

18"3 

Min. 

a 

7h 

M 

728.7 

B 

21° 

très  pur. 

0 

» 

a 

il» 

728.7 

. 

26°2 

pur. 

0 

» 

B 

1» 

S 

728.2 

» 

29° 

très  pur. 

0 

a 

» 

5" 

727.9 

B 

28°4 

très  pur. 

0 

a 

2t 

nuit. 

B 

1 8'6 

Min. 

a 

a 

7" 

M 

730.8 

. 

22°3 

très  pur. 

0 

» 

a 

lh 

s 

729.9 

B 

29°1 

très  pur. 

0 

» 

B 

5h 

730.1 

B 

279 

très  pur. 

0.5 

• 

» 

9" 

732.2 

. 

très  pur. 

0 

» 

22 

nuit. 

B 

18"9 

Min. 

« 

B 

7" 

M 

733.1 

B 

20" 

nébuleux. 

10 

» 

U 

10" 

733.2 

» 

22°3 

assez  pur. 

3 

. 

. 

2i» 

s 

732 

. 

05 

c 

& 

pur. 

0 

» 

5" 

731.2 

» 

25°8 

pur.  . 

0 

23 

nuit. 

.  • 

I8°l 

Min. 

B 

7h 

M 

732.9 

19°1 

nébuleux. 

10 

B 

10" 

732.8 

» 

21°2 

pur. 

0 

» 

1" 

S 

730.6 

» 

2G°5 

très  pur. 

0 

Température  d’Aïn  et  Touta 

B 

(source)  :  18°5. 

a 

B 

S" 

729.2 

B 

26°2 

très  pur. 

0 

a 

21 

7h 

M 

B 

très  pur. 

0 

» 

i» 

S 

très  pur. 

2 

» 

» 

5" 

» 

très  pur. 

0 

25 

10" 

M 

728 

26°3 

pur. 

0 

1» 

S 

727.3 

33  "5 

pur. 

3 

» 

5" 

727.1 

33»2 

pur. 

7 

„ 

9h 

729.4 

» 

28°  1 

pur. 

2 

2  f> 

nuit. 

B 

22°8 

Min. 

G"30 

M 

728.8 

B 

27" 

un  peu  nébuleux. 

2 

B 

a 

10" 

729.6 

B 

32» 

assez  nébuleux. 

6 

B 

a 

1" 

s 

729 

B 

36» 

nébuleux. 

?> 

B 

5" 

736 

32° 

nébuleux. 

10 

» 

27 

nuit. 

23°2 

Min. 

B 

a 

10" 

M 

730.8 

B 

32°5 

nébuleux. 

1 

B 

a 

1" 

S 

730 

B 

37» 

nébuleux. 

4 

B 

B 

5" 

729 

B 

35» 

un  peu  nébuleux. 

1.5 

B 

» 

9h 

731.4 

B 

32° 

pur. 

0 

B 

28 

nuit. 

B 

25» 

Min. 

B 

» 

6"30 

M 

731.3 

B 

20°5 

très  pur. 

2 

B 

B 

10" 

731.8 

B 

29°7 

très  pur. 

0 

B 

1" 

s 

731 

B 

33°5 

pur. 

2 

. 

5h 

730.3 

B 

31  "4 

pur. 

6 

B 

9h 

731.9 

B 

26°3 

pur. 

2 

20 

0"30 

M 

731 

B 

1 8"5 

très  pur. 

0 

De  Fâs  à  Tâza. 

7"1S 

736.8 

318 

B 

8"15 

748.2 

180 

Pont  de  l’Ouad  Sebou. 

B 

10" 

719.5 

526 

B 

11  "20 

731.4 

380 

12" 

s 

738.7 

293 

très  pur. 

0 

12"25 

737 

313 

1"50 

7 44 . 7 

217 

3"55 

713 

235 

4"55 

741 

257 

très  pur. 

0 

Cite. 

B 

30 

5" 

M 

741 

» 

très  pur. 

0 

id. 

a 

5"18 

742 

245 

B 

5"S0 

731 

366 

B 

9h 

738 

283 

a 

Il  "30 

733.2 

340 

422 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

THERMOMÉTRIQUES. 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

De  Fàs  à  Tâza  (suite). 

30  Juillell883 

12»25“ 

s 

712.3 

600m 

P 

P 

12»55 

720.4 

420 

» 

» 

1»25 

720.0 

418 

» 

, 

2»51 

709.8 

623 

» 

» 

3hlS 

713.8 

573 

assez  pur. 

10 

» 

> 

3»25 

716 

548 

» 

» 

4h 

709.2 

631 

Tâza  (mellali;  1er  étage). 

. 

6" 

710 

020 

assez  pur. 

10 

» 

31 

7h 

M 

P 

pur. 

2 

» 

• 

10h 

. 

pur. 

0 

» 

* 

1" 

S 

P 

assez  pur. 

8 

Tonnerre  et  pluie  légère  de 

’’ 

* 

" 

assez  pur. 

10 

3  heures  à  4  heures  S. 

•» 

10» 

P 

assez  pur. 

10 

» 

1  Août. 

7" 

M 

P 

pur. 

0 

» 

n 

10» 

« 

pur. 

0 

» 

» 

5» 

s 

» 

pur. 

0 

» 

2 

7» 

M 

• 

assez  pur. 

10 

• 

« 

10» 

» 

assez  pur. 

5 

, 

» 

1" 

s 

» 

assez  pur. 

8 

* 

p 

5h 

. 

assez  pur. 

10 

« 

» 

10» 

P 

assez  pur. 

10 

3 

8» 

M 

» 

pur. 

6 

» 

10» 

P 

pur* 

0 

P 

1» 

s 

» 

très  pur. 

0 

• 

O*1 

» 

très  pur. 

0 

» 

4 

6» 

M 

» 

très  pur. 

0 

» 

1» 

S 

» 

très  pur. 

0 

P 

0» 

» 

très  pur. 

0 

» 

5 

7» 

M 

» 

très  pur. 

0 

p 

1» 

S 

712.5 

» 

très  pur. 

0 

» 

p 

0» 

P 

très  pur. 

0 

» 

c 

û»30 

M 

713.4 

P 

très  pur. 

0 

De  Tâza  à  Fâs. 

p 

11»25 

729 

401 

» 

1» 

S 

P 

très  pur. 

0 

p 

6» 

P 

très  pur. 

0 

» 

7 

4M2 

M 

728 

413 

» 

« 

5»30 

7.32 

365 

» 

» 

6»36 

712 

008 

» 

n 

8»01 

703.2 

720 

» 

p 

8»39 

720 

437 

» 

» 

8»37 

721.2 

497 

» 

» 

2»23 

s 

710.5 

559 

» 

» 

2»51 

720.3 

436 

» 

» 

3»15 

725 

449 

» 

D 

3»53 

730 

317 

p 

» 

5hos 

724.3 

461 

p 

P 

5»39 

736 

317 

P 

» 

0»08 

720 

436 

» 

» 

6»  17 

730 

389 

P 

6»23 

726 

437 

» 

■ 

7» 

» 

très  pur. 

0 

!  » 

8 

4»08 

M 

713 

419 

Fâs  (centre  du  mellali; 

lor  étage). 

» 

1»30 

s 

730.2 

390 

pur. 

0 

P 

■ 

6»30 

730.2 

31  °8 

assez  pur. 

0 

» 

9 

nuit. 

» 

21°3 

Min. 

» 

» 

9h 

M 

730 

p 

29°2 

pur. 

0 

* 

• 

i» 

s 

728.3 

» 

34°3 

pur. 

0 

■ 

» 

5» 

727 

» 

33°3 

pur. 

0 

• 

9h 

728.2 

p 

28°3 

un  peu  nébuleux. 

2 

OBSERVATIONS  METEOROLOGIQUES  FAITES  AU  MAROC  EN  1883-1884. 


423 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

ai 

« 

Cf 

5 

H 

va 

o 

« 

a 

K 

Eh 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

Fàs  (centre  du  mellah; 

tor  étage)  (suite). 

10  Août  1883 

nuit. 

390"' 

22° 

Min. 

- 

» 

7" 

M 

727.7 

» 

25° 

assez  nébuleux. 

2 

■ 

. 

10" 

726.5 

» 

29° 

assez  nébuleux. 

0 

■ 

» 

1» 

S 

725.7 

» 

33“a 

assez  nébuleux. 

8 

» 

- 

6" 

720.3 

. 

30“3 

nébuleux. 

io 

■ 

II 

nuit. 

» 

23“  4 

Min. 

» 

* 

7h 

M 

727.9 

P 

28° 

assez  pur. 

0 

• 

■ 

1» 

s 

726.7 

32°8 

un  peu  nébuleux. 

10 

» 

• 

3" 

725.7 

» 

37“ 

assez  pur. 

8 

■ 

■ 

6“ 

727.3 

34“ 

assez  pur. 

0 

“ 

1-2 

nuit. 

» 

26“2 

Min. 

■ 

• 

7"30mM 

730 

» 

31  “a 

très  pur. 

2 

»* 

- 

11“ 

729.7 

» 

30“8 

1res  pur. 

0 

» 

- 

s 

729.7 

» 

38“8 

très  pur. 

0 

» 

» 

5“ 

729 

• 

37“8 

très  pur. 

0 

■ 

» 

9“ 

729.0 

» 

33“ 

très  pur. 

0 

- 

13 

nuit. 

P 

28° 

Min. 

* 

» 

7h 

M 

730.9 

. 

31  “2 

très  pur. 

0 

- 

» 

10“ 

730.3 

» 

38“ 

très  pur. 

0 

* 

» 

2>i 

s 

» 

38° 

très  pur. 

0 

- 

» 

4“ 

» 

39°2 

» 

*  » 

4“40 

» 

39“7 

» 

. 

5“45 

728.9 

» 

38“ 

très  pur. 

0 

• 

» 

10*30 

730.7 

. 

29° 

très  pur. 

0 

» 

14 

u  u  i  t. 

P 

23»2 

Mi  n. 

■ 

» 

7“ 

M 

731.9 

» 

28“ 

léger1  nébuleux. 

0 

» 

. 

10“ 

731.1 

P 

34“ 

nébuleux. 

0 

» 

» 

1“ 

s 

730.5 

» 

30“ 

nébuleux. 

1 

» 

» 

5“ 

730 

P 

34“2 

assez  nébuleux. 

1 

• 

» 

10“ 

731.9 

. 

28“ 

nébuleux. 

G 

» 

la 

nuit. 

» 

22' *8 

Min. 

» 

. 

7“30 

M 

731.9 

» 

25“3 

nébuleux. 

2 

» 

* 

11“ 

730.2 

» 

33“7 

nébuleux. 

2 

• 

- 

1“ 

S 

729.3 

» 

35“ 

nébuleux. 

i 

■ 

* 

7“ 

731.1 

. 

29°7 

assez  pur. 

0 

10 

nuit. 

» 

20“3 

Min. 

** 

P 

7“ 

M 

731.8 

P 

22°7 

assez  pur. 

0 

» 

11“ 

731.2 

» 

30"4 

pur. 

0 

■ 

P 

1“30 

s 

729.9 

» 

32"3 

pur. 

0 

7“30 

729.9 

» 

26°9 

pur. 

3 

11“ 

730.2 

P 

23"3 

pur. 

1 

17 

nuit. 

p 

18“2 

Min. 

8“ 

M 

729.7 

n 

23“3 

légèr1  nébuleux. 

0 

11“ 

728.9 

» 

30"2 

légèr1  nébuleux. 

0 

1“30 

s 

727.8 

» 

32“3 

léger1  nébuleux. 

0 

5“ 

726.9 

» 

32°2 

léger'  nébuleux. 

0 

18 

nuit. 

» 

22“ 

Min. 

7“ 

M 

728.1 

p 

24°2 

nébuleux. 

0 

11“30 

727.3 

» 

31“7 

nébuleux. 

0 

1“30 

s 

720.7 

> 

33“  I 

nébuleux. 

0 

S“ 

726.2 

p 

32°2 

nébuleux. 

0 

11“ 

728.1 

p 

25"0 

léger1  nébuleux. 

1 

1*J 

nuit. 

p 

22”3 

Min. 

7“ 

M 

728.4 

p 

23“8 

12“ 

S 

727.7 

p 

34“ 

léger1  nébuleux. 

0 

2>» 

720.9 

» 

35°2 

léger1  nébuleux. 

0 

■ 

5“30 

720.7 

34°5 

léger1  nébuleux. 

0 

■ 

P 

8“ 

728.7 

. 

30° 

légèr1  nébuleux. 

0 

P 

‘20 

nuit. 

» 

23° 

Min. 

De  Fàs  à  Sfrou. 

• 

4“53 

M 

732.9 

330 

|  Pont  de  l’Ouad  cl  Adam. 

424 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

THERMOMÉTRIQUES. 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

De  Fâs  à  Sfrou  (suite). 

20  Août  1883 

4"58m  M 

726.5 

402,M 

» 

» 

6"05 

720.  G 

476 

» 

* 

7"20 

710.3 

599 

. 

» 

8"22 

703 

686 

B 

»> 

8"40 

G98 

761 

» 

» 

10" 

602.9 

825 

Porte  de  Sfrou. 

Sfrou  (mellah  ;  rez-de-chaussée). 

» 

12"30  S 

691.9 

837 

pur. 

0 

» 

- 

6h 

» 

pur. 

0 

» 

21 

nuit. 

» 

24-3  Min. 

De  Sfrou  à  Fâs. 

4"30  M 

«91. 6 

825 

léger1  nébuleux. 

0 

Porte  de  Slrou  (passée  préce- 

demment). 

Fus  (centre  du  mellah; 

1er  clage). 

>* 

9h30 

728.3 

390 

B 

» 

11“ 

727.8 

» 

3o°4 

légèr'  nébuleux. 

0 

« 

» 

2h  S 

726.3 

» 

37» 

nébuleux. 

0 

> 

» 

5'* 

726.8 

» 

35"7 

nébuleux. 

0 

» 

» 

11  "30 

729.6 

B 

20° 

nébuleux. 

10 

» 

nuit. 

» 

24°l  Min. 

» 

» 

0"  M 

729.7 

26°7 

léger1  nébuleux. 

3 

» 

» 

10" 

729.1 

» 

30°5 

pur. 

0 

■ 

■ 

1"  S 

727.3 

» 

34° 

pur. 

0 

» 

» 

5" 

727.8 

» 

32°9 

pur. 

2 

*> 

» 

t>"30 

727.3 

B 

* 

De  Fàs  au  pont  de  l’Ouad  cl 

5"45 

731.5 

330 

Pout  de  l’Ouad  el  Adam  (déjà 

Adam. 

• 

passé). 

Fâs  (centre  du  mellah  ; 

1er  étage). 

■ 

8"30 

729.7 

390 

28  °2 

pur. 

0 

» 

23 

nuit. 

» 

22°4  Min. 

B 

» 

4"  M 

729.1 

» 

De  Fâs  à  Mekuâs. 

» 

5" 

729.3 

387 

très  pur. 

0 

B 

» 

12"  S 

717 

560 

très  pur. 

0 

Meknâs  (mellah  ;  rez-dc- 

chaussée). 

" 

5" 

718.8 

535 

très  pur. 

0 

» 

24 

nuit. 

» 

17»7  Min. 

» 

» 

10"30  M 

718.7 

» 

27  "7 

légèr'  nébuleux. 

0 

- 

* 

1"  S 

717.3 

» 

31" 

pur. 

0 

• 

* 

5" 

717.6 

• 

25°6 

pur. 

0 

25 

nuit. 

» 

16"8  Min. 

■ 

» 

7"30  M 

718.4 

» 

20°6 

légèr'  nébuleux. 

1 

• 

11" 

718.2 

» 

28° 

légèr'  nébuleux. 

9 

» 

» 

2  "30  S 

718.1 

■ 

30°6 

léger'  nébuleux. 

8 

* 

» 

7h 

719 

» 

24°5 

nébuleux. 

10 

» 

2G 

nuit. 

» 

21  "3  Min. 

■ 

* 

7"  M 

720.1 

» 

25°2 

pur. 

0 

» 

» 

12"  S 

719.3 

» 

33“2 

pur. 

0 

> 

27 

0"  M 

719.2 

» 

pur. 

0 

» 

» 

1 0"30 

720.7 

B 

De  Meknâs  à  Dou  cl  Djâd. 

- 

11  "10 

719.2 

535 

pu  r. 

0 

» 

» 

1  "23  S 

716.5 

560 

■ 

■ 

2"20 

728.0 

413 

» 

» 

3" 

735.2 

341 

" 

*> 

4" 

738.3 

305 

» 

» 

•;"30 

746 

210 

* 

» 

5"35 

746.3 

207 

* 

» 

7" 

très  pur. 

0 

» 

28 

5"50  M 

723.2 

486 

( 

Souq  et  Tlâta  ez  Zcmmour. 

* 

* 

7hot; 

724 

480 

nébuleux. 

10 

Quelques  gouttes  de  pluie 

( 

dans  la  matinée. 

* 

B 

12"  S 

»  ; 

nébuleux. 

10  I 

Même  lieu. 

» 

» 

4" 

721.6  | 

■  1 

1 

Id. 

OBSERVATIONS  METEOROLOGIQUES  FAITES  AU  MAROC  EN  1883-1881, 


125 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

THERMOMÉTRIQUES. 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

De  Meknàsà  Bon  eIDjàd  (suite). 

"28  Août  1883 

5» 

S 

710.7 

523 1,1 

» 

» 

6“ 

740.0 

209 

nébuleux. 

10 

Moulei  Ez  Zai|i. 

» 

29 

5h 

M 

741.2 

. 

assez  pur. 

0 

Id. 

» 

» 

12" 

S 

pur. 

0 

Id. 

■  » 

'> 

0“ 

» 

pur. 

0 

Id. 

» 

30 

5» 

M 

740.3 

» 

très  pur. 

0 

Id. 

» 

» 

5"30m 

743.7 

234 

M 

» 

6"45 

712 

021 

» 

» 

10"  13 

690.7 

885 

H 

» 

1" 

s 

696 

822 

très  pur. 

0 

» 

1"15 

090 

898 

Moulei  Abd  el  Ouahad. 

t> 

6“ 

» 

très  pu r. 

0 

Id. 

» 

31 

4"50 

M 

<>90 

» 

Id. 

» 

5"35 

077.7 

1 .033 

» 

0"05 

072 

1.131 

pur. 

0 

» 

G"  40 

080 

949 

» 

7"58 

009.5 

1.157 

■ 

» 

0"20 

005 

1.230 

Ait  Omar. 

» 

» 

11" 

. 

pur. 

1 

Id. 

» 

• 

0" 

s 

• 

pur. 

4 

id. 

1  Septembre. 

7 11 

M 

» 

pur. 

0 

Id. 

» 

î» 

s 

» 

pur. 

1 

kl. 

» 

» 

6h 

» 

pur. 

3 

Id. 

2 

4"30 

M 

002 

» 

13"5 

kl. 

6"45 

0<>0 

1.290 

pu  r. 

0 

8"30 

700 

778 

. 

8h55 

704.  4 

728 

9"38 

078 

1.057 

10"18 

074 

1.108 

10"43 

078 

1.057 

11  "23 

070.3 

1.100 

D 

1"1.3 

s 

078 

1 .0*57 

pur. 

# 

2"20 

093 

854 

* 

3" 

080.2 

953 

Ait  Mouloud. 

6h 

• 

pur. 

0 

kl. 

3 

5h 

M 

080.3 

» 

pur. 

0 

Id. 

• 

u" 

* 

pur. 

0 

Id. 

6h 

s 

» 

pur. 

0 

kl. 

\ 

.3" 

M 

089.3 

» 

très  pur. 

0 

kl. 

(>"2.3 

085 

990 

• 

7" 

698 

825 

* 

7"I0 

090.5 

851 

• 

8'» 

091 

914 

Ait  El  Mali. 

» 

u" 

. 

très  pur. 

0 

kl. 

a 

O'1 

s 

» 

très  pur. 

0 

kl. 

.» 

5"30 

M 

708 

090 

3". 30 

710 

<><>5 

9h 

700 

789 

10"23 

08 '* 

991 

11" 

<>82 

1 .025 

pur. 

1 

Qçar  Béni  Zemmour. 

• 

3" 

s 

. 

pur. 

1 

kl. 

0 

nuit. 

» 

13° 

Min. 

bl. 

» 

10"25 

M 

078.8 

» 

assez  pur. 

1 

1(1. 

• 

11  "07 

089 

904 

Bou  el  Djàd  (mellah  ;  l"1,  étage). 

V 1 

S 

098 

803 

assez  pur. 

1 

7 

nuit. 

» 

2i* 

Min. 

8"45 

M 

<>99.2 

. 

25  0 

pur. 

0 

3" 

S 

098.2 

. 

31"4 

pu  r. 

0 

• 

8 

nuit. 

- 

20° 

Min. 

10" 

M 

701 .3 

• 

pu  r. 

0 

» 

») 

S 

701.1 

• 

32 '3 

pur. 

0 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


426 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

THERMOMÉTRIQ  UES . 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

Bouel  Djàd  (mellali  ;  1"'  étage) 

(suite). 

8  Sept.  1883 

5" 

s 

700.8 

803"' 

32°7 

pur. 

0 

■ 

9 

7" 

M 

703 

» 

20" 

pur. 

0 

» 

» 

4“ 

S 

701.7 

» 

31**5 

pur. 

0 

* 

» 

5“ 

700.7 

» 

31"8 

très  pur. 

0 

» 

lu 

nuit. 

» 

21  "1 

Min. 

» 

" 

8h30'“  M 

703.8 

» 

28"  1 

pur. 

0 

» 

» 

1“ 

s 

702.3 

» 

31"8 

pur. 

1 

« 

» 

5" 

702.8 

» 

32°4 

pur. 

2 

» 

11 

nuit. 

» 

20°7 

Min. 

* 

» 

7“ 

M 

704.1 

» 

27  "3 

assez  pur. 

3 

» 

» 

3"30 

S 

702.9 

» 

33**9 

pur. 

3 

" 

» 

5ll30 

703.8 

» 

32" 

pur. 

4 

» 

1-2 

nuit. 

» 

Min. 

» 

" 

7" 

M 

704.2 

27°2 

légèr*  nébuleux. 

4 

» 

» 

4" 

S 

702.8 

» 

32"5 

pur. 

4 

» 

» 

4“ 

702.5 

31°5 

pur. 

4 

». 

13 

nuit. 

19" 

Min. 

» 

» 

7“ 

M 

702.9 

» 

24“ 

très  pur. 

0 

" 

» 

12“ 

s 

701 .7 

» 

28°2 

liés  pur. 

4 

» 

» 

(iu 

700.8 

a 

28°4 

très  pur. 

6 

» 

14 

nuit. 

» 

49° 

Min. 

• 

» 

8" 

M 

701.2 

» 

24**7 

très  pur. 

i 

» 

» 

3Ü 

S 

694 

» 

29°3 

très  pur. 

0 

» 

» 

7"30 

700.8 

» 

23"3 

très  pur. 

2 

»' 

15 

nuit. 

“ 

19" 

Min. 

> 

• 

9"45 

M 

702.2 

» 

26° 

nébuleux. 

0 

» 

1**15 

s 

701 

» 

28” 

nébuleux. 

10 

» 

» 

4" 

701 

» 

27° 

nébuleux 

10 

• 

lu 

6“ 

M 

702.9 

** 

22**3 

légèr1  nébuleux. 

0 

» 

» 

10'* 

703.8 

20°5 

assez  pur. 

2 

» 

17 

3"15 

M 

704.5 

a 

DeBou  el  Djàd  à  QaçbaB.  Mellal. 

» 

5**20 

712.2 

673 

» 

» 

6  "29 

718 

604 

» 

» 

(1**33 

721.3 

565 

» 

» 

6"59 

722.5 

553 

■ 

» 

7**02 

721.5 

554 

Qaçba  Tùdla. 

» 

9“ 

721.4 

a 

ld. 

» 

■ 

Tl" 

** 

très  pur. 

0 

Id. 

’ 

» 

5" 

s 

a 

très  pur. 

0 

ld. 

» 

18 

7“ 

M 

720.9 

a 

très  pur. 

0 

ld. 

■ 

» 

h" 

» 

très  pur. 

0 

ld. 

» 

» 

7“ 

S 

719 

« 

très  pur. 

3 

ld. 

» 

- 

il** 

719.1 

a 

très  pur. 

0 

ld. 

» 

lu 

5**30 

M 

719.9 

a 

ld. 

» 

» 

(i"15 

722 

528 

■ 

• 

7"07 

717 

579 

très  pur. 

0 

» 

- 

8"15 

716 

591 

» 

» 

8"35 

714.5 

010 

» 

* 

10" 

709 

677 

* 

- 

12**20 

S 

711 

653 

» 

» 

1"12 

709.3 

077 

très  pur. 

0 

» 

- 

1"53 

708 

690 

» 

» 

2"15 

702.5 

753 

» 

• 

2"58 

703.5 

741 

» 

» 

3  "03 

701.9 

753 

Ait  Saïd. 

■ 

*• 

(i“ 

. 

très  pur. 

0 

ld. 

* 

20 

9“ 

M 

683.5 

1.004 

Montagne  dominant  Ait  Saïd. 

» 

» 

10" 

702.9 

753 

liés  pur. 

0 

Ait  Saïd. 

» 

» 

11"  12 

707 

702 

» 

• 

12" 

s 

713 

507 

OBSERVATIONS  METEOROLOGIQUES  FAITES  AU  MAROC  EN  1883-1884. 


427 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

CO 

w 

GQ  g, 

Ph  2 

£>  g 

S  'S 

FJ  <7 

P  O 
<1  3 

M  g 

m 

H 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

Qaçba  Béni  Mellal  (rez-de- 

chaussée). 

20  Sept.  1  xx.'i 

t2"43“1  S 

713.8 

500"' 

très  pur. 

0 

• 

• 

6h 

» 

très  pur. 

0 

a 

21 

7"  M 

» 

très  pur. 

0 

a 

» 

3"  S 

» 

28°2 

très  pur. 

0 

» 

» 

10» 

717.4 

» 

très  pur. 

0 

» 

7 11  M 

719.2 

» 

très  pur. 

0 

. 

» 

12"  S 

717.3 

» 

très  pur. 

0 

» 

» 

4" 

717.3 

» 

très  pur. 

0 

» 

B 

10» 

718.7 

» 

très  pur. 

0 

» 

23 

7»30  M 

710.2 

» 

très  pur. 

0 

| 

» 

12"  S 

717.0 

» 

très  pur. 

0 

» 

» 

6" 

a 

très  pur. 

0 

» 

21 

7»  M 

718.9 

très  pur. 

0 

» 

» 

12"  S 

717.0 

.» 

28  °5 

très  pur. 

0 

; 

». 

0" 

710.3 

» 

pur. 

0 

a 

a 

10» 

718.3 

« 

très  pur. 

0 

a 

23 

6»  M 

717.8 

» 

très  pur. 

0 

De  Qaçba  B.  Mellal  à  Ouaouizert. 

» 

6"58 

712 

052 

» 

n 

7"  17 

700.7 

788 

a 

» 

7  "30 

705 

738 

. 

a 

8»20 

704 

750 

1  • 

a 

8"50 

098 

826 

• 

„ 

9"37 

666 . 2 

1.236 

. 

n 

9"47 

669 

1.190 

„ 

10»  43 

050 

1.448 

» 

„ 

Il  "06 

644. 4 

1.529 

i  » 

11»  10 

663 

1.275 

1  » 

12»30  S 

686 

077 

» 

» 

12»52 

680 

950 

Ouaouizert  (niella h  ;  rez-de- 

chaussée). 

» 

12»56 

684.7 

1 .007 

N 

0" 

» 

très  pur. 

6 

2 0 

7»  M 

687.3 

a 

très  pur. 

0 

» 

n 

4»  S 

08 4 . 4 

» 

pur. 

0 

27 

7»  M 

687.4 

a 

nébuleux. 

3 

a 

1»  S 

683.9 

a 

nébuleux. 

*> 

„ 

5" 

083.7 

a 

légèr'  nébuleux. 

1 

a 

28 

7»  M 

085.1 

a  * 

nébuleux. 

fj 

» 

11» 

683.5 

» 

nébuleux. 

8 

5»  S 

683.2 

„ 

léger'  nébuleux. 

4 

20 

7»  M 

683.7 

a 

pur. 

0 

» 

„ 

1"  S 

081.8 

a 

pur. 

0 

a 

a 

10» 

681.7 

n 

pu  r. 

i 

• 

30 

5"53  M 

681.9 

a 

De  Ouaouizert  à  Demnût. 

a 

0" 

086.3 

950 

assez  pur. 

1 

a 

7»  12 

681 

970 

Souq  el  Had  Ait  Bou  Zid. 

a 

1»  S 

a 

pur. 

0 

Id. 

» 

3"55 

682.9 

B 

Id. 

4"îi0 

095.7 

805 

bit  de  l’Ound  el  Abid. 

» 

5"25 

689.5 

880 

pur. 

0 

Dar  Ibrahim. 

1  Octobre. 

5»  M 

690.7 

B 

Id. 

i> 

5»50 

008 

790 

* 

7" 

088 

017 

pur. 

0 

n 

8"30 

701 .6 

753 

a 

10"22 

702.2 

745 

» 

10»  10 

700.7 

725 

pur. 

0 

Ait  ou  Akeddir. 

V 

:;»  s 

a 

pur. 

0 

Id. 

•2 

nuit. 

a 

10°  Min. 

ld. 

a 

10»  M 

702.6 

B 

nébuleux. 

0 

Id. 

» 

s»  s 

|  702.1 

a 

nébuleux. 

10 

Id. 

428 


MECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

THERMOM  ETRIQUES. 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

De  Ouaouizert  à  Demnât  (suite). 

3  Oct.  4883 

nuit. 

725ra 

8"5 

Min. 

Ait  ou  Akeddir. 

B 

» 

3" 

S 

700.2 

B 

très  pur. 

0 

Id. 

> 

» 

5"30“ 

706.  \ 

» 

très  pur. 

0 

id. 

• 

» 

9" 

707.8 

» 

très  pur. 

0 

id. 

>' 

4 

nuit. 

B 

6°5 

Min. 

Id. 

» 

»> 

4h52 

M 

707.5 

» 

Id. 

* 

» 

5"35 

609 

892 

» 

B 

0"25 

702.4 

857 

• 

» 

7"12 

701.3 

808 

très  pur. 

0 

** 

» 

9"  10 

717.3 

680 

» 

B 

9"  45 

722 

622 

» 

» 

9»52 

718.5 

008 

» 

» 

1 1  “07 

717.2 

670 

" 

» 

]£>h 

s 

705 

805 

■ 

• 

4  "12 

698.5 

884 

très  pur. 

0 

» 

B 

2"45 

695.2 

912 

» 

» 

2"55 

097.5 

876 

• 

» 

3h 

696 

900 

Djeniaaa  Entila. 

» 

« 

6h 

» 

très  pur. 

0 

Id. 

» 

n 

SW 

M 

696 

« 

Id. 

■ 

B 

6h43 

674.3 

1.100 

très  pur. 

0 

» 

b 

6"47 

685 

1.020 

» 

B 

9"30 

707 

728 

» 

. 

10"45 

701 

795 

** 

« 

42h 

s 

695 

804 

très  pur. 

0 

» 

B 

42h4S 

686.3 

972 

» 

B 

12"40 

690.4 

923 

Demnût  (niellai)  ;  rez-de- 

chaussée). 

» 

1  "30 

682.3 

1 .015 

• 

• 

4"30 

682.7 

» 

21“ 

très  pur. 

0 

» 

6 

nuit. 

B 

7°5 

Min. 

" 

- 

7" 

M 

684 

B 

très  pur. 

3 

» 

» 

4" 

s 

078.7 

très  pur. 

1 

» 

" 

44" 

677.8 

» 

nébuleux. 

10 

» 

7 

nuit. 

*  » 

10“ 

Min. 

■ 

8“ 

M 

070.3 

B 

11°7 

très  nébuleux. 

10 

» 

12» 

S 

675.3 

» 

10“5 

très  nébuleux. 

10 

• 

4"30 

674 

B 

18°2 

nébuleux. 

4 

» 

7" 

674.6 

» 

15° 

pur. 

8 

8 

nuit. 

» 

10“ 

Min. 

» 

» 

4" 

M 

675 

B 

nébuleux. 

10 

» 

7» 

675.6 

B 

nébuleux. 

9 

De  Demnût  à  Tikirl. 

* 

8"50 

084.8 

896 

• 

9"55 

686.5 

873 

» 

41" 

088 

800 

» 

12"35 

s 

691 

823 

- 

2"03 

695.8 

702 

» 

» 

3"23 

093.7 

775 

» 

6" 

698.4 

715 

pur. 

9 

Zaouïa  S.  Reliai. 

!» 

8"30 

M 

701.3 

» 

pur. 

6 

Id. 

» 

12" 

s 

701.5 

B 

légèr*  nébuleux. 

7 

Id. 

» 

12"40 

701.5 

B 

Id. 

» 

» 

42"58 

702 

701 

» 

2"-45 

692 

822 

» 

3" 

689.4 

870 

Enzel. 

■ 

» 

9" 

690.3 

». 

pur. 

5 

Id. 

- 

10 

5» 

M 

088.7 

B 

pur. 

8 

Id. 

- 

» 

S"4S 

688.7 

B 

Id. 

» 

» 

0"18 

680.7 

894 

• 

. 

8"30 

660.5 

1 .219 

• 

* 

9»45 

652 

1.334 

OBSERVATIONS  METEOROLOGIQUES  FAITES  AU  MAROC  EN  1883-1884. 


429 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

T  HElt  MOM  ÉTRIQUÉS. 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

l)e  Demnât  à  Tikirt  (suite). 

10  Oct.  1883 

10"  15"'  M 

666.5 

1 .143'" 

a 

» 

11M5 

651.2 

1.368 

Tagmoul. 

» 

• 

11  "30 

651 .2 

1» 

très  pur. 

2 

Kl. 

» 

4h  S 

651 

» 

pur. 

1 

Ici. 

il 

7"  M 

» 

assez  pur. 

5 

Kl. 

» 

1"  S 

» 

nébuleux. 

7 

Id. 

» 

6h 

» 

nébuleux. 

8 

Kl. 

» 

12 

3"  M 

650.6 

» 

10" 

nébuleux. 

6 

Kl. 

» 

6h45 

651 

• 

10°5 

nébuleux. 

6 

Kl. 

» 

1"  s 

649.3 

• 

légèr1  nébuleux. 

i 

Kl. 

» 

i"30 

650.  T 

• 

assez  pur. 

i 

Id. 

13 

7"  M 

■ 

pur. 

0 

Kl. 

» 

» 

1"  S 

» 

pur. 

0 

Id. 

u 

. 

10" 

651 .3 

» 

12" 

pur. 

0 

Id. 

» 

1  \ 

5"15  51 

650.9 

» 

Id. 

* 

B 

7  "32 

618 

1.818 

» 

9"0S 

627.5 

1.683 

» 

» 

10"25 

627.3 

1.684 

. 

» 

1"08  S 

598.2 

2.081 

» 

» 

2"23 

585 

2.281 

* 

4"13 

560.4 

2.634 

4"45 

670 

2.330 

n 

7" 

604 

2.011 

pu  r. 

1 

Ait  Baddou. 

13 

6"35  51 

00  i 

» 

assez  nébuleux. 

ï 

Id. 

» 

7  "44 

60!) 

1.942 

„ 

8"25 

600.2 

2.067 

» 

12"10  S 

627 

1.697 

„ 

1" 

622 

1.764 

» 

1  "55 

621.8 

1 .766 

B 

3" 

634.3 

1 .570 

Tizgi. 

B 

0"30 

034.5 

» 

nébuleux. 

9 

Id. 

10 

7"  51 

636.8  • 

» 

nébuleux. 

8 

Ici. 

II" 

637.5 

• 

nébuleux. 

10 

Kl. 

1h  S 

637.3 

19"2 

nébuleux. 

9 

Kl. 

5" 

638.1 

B 

assez  nébuleux. 

6 

Kl.  De  2"  à  4"  S,  forte  pluie. 

17 

7"  51 

641.3 

B 

10°4 

assez  pur. 

0 

51ême  lieu. 

11" 

640.8 

» 

19"8 

assez  pur. 

0 

Kl. 

4"30  S 

639.8 

* 

20° 

assez  pur. 

0 

Id. 

18 

2h  M 

640.6 

» 

12" 

assez  pur. 

0 

Id. 

» 

7" 

640.7 

• 

12"2 

pur. 

0 

Kl. 

» 

» 

10"30 

641.0 

■ 

Id. 

12"  S 

648 

1.463 

2  "05 

654 . 8 

1.362 

4  "05 

660 

1.303 

4"35 

661 . 4 

1 .272 

Tikirt  (mellah;  1er  étage). 

B 

4"45 

660 

1,313 

pur. 

2 

19 

9h  M 

661.7 

» 

assez  pur. 

0 

4h  S 

6*58 . 3 

. 

23°7 

assez  pur. 

2 

De  5"  à  5"  3/4,  pluie  légère  et 

* 

5" 

* 

10 

quelques  coups  de  tonnerre. 

De  8"  à  10",  quelques  gouttes 

■ 

9h 

661.3 

nébuleux. 

10 

de  pluie. 

20 

nuit. 

9"8  Min. 

B 

7"  51 

059 

a 

11° 

assez  pur. 

0 

» 

U  "30 

658.2 

a 

22°7 

assez  pur. 

1 

B 

4"  S 

656.3 

a 

19°2 

assez  pur. 

3 

. 

6h 

a 

18"3 

assez  pur. 

8 

. 

10"30 

658 . 4 

pur. 

0 

*21 

nuit. 

8 "2  Min. 

B 

7  "30  51 

657 . 2 

B 

I2"4 

léger'  nébuleux. 

0 

• 

12"  S 

655.9 

a 

24°5 

léger'  nébuleux. 

U 

130 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


NOMS  DF.S  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

THERHOMÉTRIQUES. 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

Tikirt  (mellah;  l"r  étage)  (suite). 

21  Oct.  -1883 

4»  S 

634.2 

1.313™ 

ç>4°2 

assez  nébuleux. 

0 

» 

» 

9h 

655  .  0 

» 

13» 

assez  pur. 

0 

» 

nuit. 

» 

7"5  Min. 

« 

» 

6"45m  M 

655 . 4 

» 

8°7 

assez  pur. 

0 

» 

» 

10»30 

655 . 4 

» 

21  "1 

nébuleux. 

9 

• 

» 

8"30  S 

6.37.2 

» 

nébuleux. 

10 

De  3  à  4"  S,  pluie  légère. 

23 

n  uit. 

» 

8°3  Min. 

» 

« 

7  "43  M 

639 

» 

12" 

assez  pur. 

0 

■ 

« 

I1'  S 

657 . 3 

» 

26°7 

assez  nébuleux. 

7 

5" 

6-58 .7 

21  "5 

légèr1  nébuleux. 

v> 

De  1"  à  3",  quelques  gouttes 

de  pluie. 

» 

» 

9"30 

« 

13°9 

pur. 

0 

» 

24 

nuit. 

» 

8°2  Min. 

» 

» 

8"  M 

662.1 

» 

13» 

nébuleux. 

0 

» 

» 

1"  S 

600 

• 

24°8 

nébuleux. 

9 

s" 

600 

23°2 

très  nébuleux. 

9 

De  1"  à  3",  quelques  gouttes 

de  pluie. 

» 

» 

il" 

660.7 

» 

assez  nébuleux. 

i 

» 

2‘» 

nuit. 

« 

10"  Min. 

» 

*> 

6"30  M 

060 

» 

12» 

nébuleux. 

9 

De  Tikirt  à  Tazenakht. 

» 

9"1S 

631 

1.338 

» 

■ 

H  "30 

651 .5 

1.343 

Tagenzalt. 

n 

» 

lh  S 

630.9 

)» 

24° 

nébuleux. 

10 

Id.  De  12"30  àl",  pluie  légère. 

» 

» 

1  "23 

646 

1.423 

» 

» 

2"05 

641.3 

1.486 

» 

» 

3"  10 

630 

1 .035 

» 

» 

3"55 

642 

1 . 476 

» 

» 

4"30 

647.3 

1.410 

Irels. 

» 

» 

5"30 

647.2 

» 

20» 

nébuleux. 

6 

kl. 

» 

20 

7"30  M 

647.3 

» 

15° 

léger*  nébuleux. 

2 

ld. 

» 

» 

8h30 

648.3 

» 

Id. 

» 

» 

8"30 

648.8 

1 .373 

» 

» 

9"  23 

637.3 

1.517 

» 

» 

10“20 

630.8 

1 .347 

» 

» 

1"33  S 

646.3 

1.412 

» 

» 

3"38 

643.8 

1 . 438 

Tazenakht  (mellah, 2e  étage). 

» 

K  h 

1.502 

légèr*  nébuleux. 

9 

» 

27 

8h  M 

» 

nébuleux. 

10 

De  11"  à  12",  quelques  gouttes 

» 

» 

12h  S 

643.3 

* 

21°4 

nébuleux. 

10 

de  pluie. 

» 

» 

4» 

642.4 

» 

19"3 

nébuleux. 

8 

De  3  à  3"  1/2,  pluie  abondante. 

1 

Pendant  la  soirée,  il  tombe  de 

» 

» 

7h 

» 

nébuleux. 

10 

temps  en  temps  quelques 

gouttes  de  pluie. 

» 

» 

n" 

» 

nébuleux. 

10 

» 

28 

2"  M 

642.8 

» 

très  nébuleux. 

10 

Quelques  gouttes  de  pluie. 

» 

» 

nuit. 

» 

13"8  Min. 

» 

» 

7  "30 

643.8 

17" 

nébuleux. 

10 

» 

» 

1h  S 

643 

» 

22°5 

très  nébuleux. 

10 

» 

» 

5h 

042.  4 

t» 

20°2 

nébuleux. 

3 

» 

» 

9"30 

643 

» 

pur. 

0 

» 

20 

nuit. 

» 

8»  Min. 

» 

» 

7  "  M 

642.5 

» 

12° 

pur. 

0 

» 

» 

1"  S 

041.7 

» 

23"! 

assez  pur. 

fi 

» 

» 

5h 

641 

» 

19°2 

assez  pur. 

5 

» 

» 

9h 

641 .3 

» 

pur. 

1 

» 

30 

nuit. 

» 

11»7  Min. 

» 

» 

7"  M 

639.9 

» 

12"8 

assez  pur. 

O 

» 

» 

9" 

639.6 

» 

nébuleux. 

8 

» 

» 

lh  S 

038.8 

» 

21  "2 

légèr*  nébuleux. 

5 

OBSERVATIONS  METEOROLOGIQUES  FAITES  AU  MAROC  EN  1883-1881, 


431 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

THERMOMÉTRIQUES. 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

Tazenakht  (mellali  ;  2°  étage) 

De  3  à  5“,  quelques  gouttes  de 

(suite). 

30  Oet.  1883 

5U  S 

038.6 

1 . 502"* 

17°2 

nébuleux. 

8 

pluie. 

» 

» 

9» 

039 

» 

nébuleux. 

0 

» 

31 

nuit. 

» 

11°6  Min. 

» 

7“  M 

639 

» 

12"0 

assez  nébuleux. 

9 

Quelques  gouttes  de  pluie  de 

temps  a  autre. 

» 

» 

9“ 

038.8 

» 

17° 

assez  pur. 

') 

» 

1“  S 

» 

assez  pur. 

» 

» 

5" 

636.7 

» 

16° 

légèr'  nébuleux. 

» 

» 

91* 

638.4 

» 

nébuleux. 

8 

De  O11  à  711  1/2,  forte  pluie. 

>* 

1  Novembre. 

nuit. 

» 

8"5  Min. 

» 

» 

7“  M 

038.4 

» 

10°5 

pur. 

1 

0 

9“ 

038.7 

» 

très  pur. 

1 

Vers  l'V  quelques  coups  de 

" 

lü  S 

636 . 7 

w 

17"8 

assez  pur. 

7 

tonnerre. 

» 

» 

5“ 

638.2 

» 

ii» 

nébuleux. 

10 

De  4"  30m  à  511  30m,  pluie  line. 

» 

» 

9h 

639.1 

» 

assez  pur. 

3 

» 

nuit. 

» 

6°4  Min. 

» 

» 

7 11  M 

638.7 

» 

9°8 

assez  nébuleux. 

4 

» 

» 

9» 

638.9 

U 

légèr1  nébuleux. 

9 

» 

» 

1“  S 

636.8 

» 

101’ 

assez  nébuleux. 

10 

» 

» 

?>U 

» 

15°3 

légèr1  nébuleux. 

7 

» 

W 

9Ü 

V 

nébuleux. 

8 

Très  forte  pluie  de  1“  1/2 

* 

3 

nuit. 

» 

7°3  Min. 

à  2“  1/4  M. 

■ 

• 

7l1  M 

637.6 

■ 

1 0°2 

très  pur. 

0 

» 

9“ 

638 

» 

très  pur. 

1 

- 

• 

l1'  s 

636.6 

» 

17  “7 

assez  nébuleux. 

7 

» 

■ 

3" 

636 . 1 

» 

13’8 

nébuleux. 

10 

Petite  averse  de  5 11  à  5“  1/4. 

• 

■ 

9“ 

630.4 

» 

assez  nébuleux. 

4 

. 

4 

nuit. 

» 

9»  Min. 

- 

■ 

7“  M 

637.3 

» 

ti’i 

très  nébuleux. 

9 

Pluie  fine  de  1»  à  8"  M. 

» 

» 

1“  S 

» 

très  nébuleux. 

8 

De  1  à  5h,  plusieurs  courtes 

* 

* 

5" 

038.1 

» 

Il  “3 

très  nébuleux. 

8 

averses  avec  quelques  grêlons. 

Pluie  fine  de  5"  à  9h  ;  fréquentes 

» 

* 

9" 

039.3 

• 

très  nébuleux. 

10 

et  fortes  averses. 

• 

î; 

nuit. 

» 

5°5  Min. 

Pluie  abondante  de  10h  S  à  10u  M. 

• 

* 

7"  M 

042.5 

. 

7"3 

très  pur. 

0 

■ 

* 

9“ 

» 

très  pur. 

0 

• 

• 

lu  s 

642.7 

» 

17° 

pur. 

6 

» 

» 

5h 

» 

très  pur. 

1 

» 

» 

9h 

643 

» 

très  pur. 

0 

» 

6 

nuit. 

» 

7l,8  Min. 

n 

» 

7*  M 

042.5 

» 

9"t 

très  nébuleux. 

10 

Pluie  fine. 

Pluie  fine:  n’a  pas  cessé  de- 

• 

» 

9“ 

644.3 

’ 

très  nébuleux. 

10 

puis  le  matin. 

. 

» 

1“  S 

643 

• 

1  *°3 

très  nébuleux. 

10 

La  pluie  a  cessé  à  1111. 

De  1"  à  6",  pluie  fine  avec  li  é- 

• 

• 

6“ 

042.2 

. 

très  nébuleux. 

10 

quentes  interruptions  et  re- 

prises. 

• 

. 

9" 

64 1 . 7 

» 

nébuleux. 

10 

- 

7 

nuit. 

» 

9°9  Min. 

- 

» 

7 11  M 

641.3 

>> 

Il» 

assez  nébuleux. 

10 

» 

» 

9“ 

» 

assez  nébuleux. 

10 

» 

» 

1“  s 

640.7 

• 

1  4"  4 

assez  nébuleux. 

10 

. 

» 

?;» 

640 

, 

11°7 

très  nébuleux. 

10 

Pluie  line  depuis  5“  du  soir. 

« 

» 

9“ 

640. 4 

» 

très  nébuleux. 

10 

Forte  pluie  depuis  K“. 

8 

nuit. 

7 "9  Min. 

Forte  pluie  de  ü‘‘  du  S  à  3Ü  M. 

« 

* 

7 11  M 

640.3 

9°4 

pur. 

5 

RECONNAISSANCE  AC  MAROC. 


432 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

THERMOMÉTRIQUES. 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

Tazenakht  (mellah;2“  étage) 

(suite). 

8  Nov.  1883 

9" 

M 

641 

1.502'" 

12° 

très  pur. 

3 

• 

» 

» 

1" 

s 

639.3 

» 

16°8 

pur. 

4 

» 

» 

5“ 

G40.7 

» 

I4°8 

très  pur. 

0.5 

» 

» 

9h 

641.3 

» 

très  pur. 

0 

» 

9 

nuit. 

» 

8°3 

Mil). 

» 

» 

7 11 

M 

64-2.7 

» 

10°5 

pur. 

1.5 

» 

» 

9"30'“ 

pur. 

2 

» 

i» 

S 

G41 .  4 

» 

17o 

pur. 

3 

- 

- 

5» 

641.4 

» 

16°2 

très  pur. 

0.5 

• 

• 

9h 

. 

très  pur. 

0 

- 

10 

nuit. 

» 

9° 

Min. 

• 

• 

7" 

M 

643.2 

» 

U°5 

nébuleux. 

9 

» 

• 

1“ 

s 

64-2.1 

. 

16° 

assez  pur. 

5 

» 

» 

5» 

64-2.8 

» 

14°7 

pur. 

2 

» 

» 

9» 

642.9 

» 

pur. 

0.5 

» 

11 

nuit. 

» 

G° 

Min. 

» 

* 

7“ 

M 

643.8 

• 

9» 

assez  pur. 

1 

" 

» 

9" 

644.3 

» 

très  pur. 

1 

* 

■ 

1" 

S 

G  43 . 4 

» 

16°9 

pur. 

3 

» 

» 

5" 

643 

1 4°8 

assez  pur. 

<2 

» 

' 

9h 

644.2 

» 

pur. 

i 

» 

1-2 

nuit. 

» 

6° 

Min. 

■ 

■ 

7" 

M 

64-2.7 

» 

7°5 

très  pur. 

4 

» 

» 

10" 

643.2 

>. 

assez  pur. 

5 

De  Tazenakht  à  Tisint. 

» 

11"15 

641 

1.511 

» 

» 

11"45 

640.2 

1.524 

» 

» 

1 1  "55 

642 

1.498 

■ 

* 

12"08 

S 

640.3 

1 .523 

* 

* 

1"55 

640 

1.527 

assez  pur. 

5 

* 

3"38 

637.5 

1.550 

Tamarouft. 

» 

• 

5" 

» 

assez  pur. 

5 

id. 

* 

* 

9" 

» 

très  pur. 

0 

Id. 

* 

13 

7“ 

M 

636.3 

» 

pur. 

i 

Ul. 

» 

» 

8"07 

G35.7 

1 .  5o5 

» 

» 

8"45 

634.9 

1.568 

■ 

■ 

9"35 

<«1.7 

1.608 

» 

» 

9"50 

626.7 

1.674 

» 

> 

12"15 

s 

670.9 

1 . 104 

» 

• 

l11 

Iégèr*  nébuleux. 

5 

- 

" 

4"4S 

680.5 

979 

“ 

■ 

7  "33 

698 

770 

pur. 

0 

" 

* 

11  "4.3 

704 

665 

très  pur. 

0 

Tanzida 

• 

l  4 

7" 

M 

705.5 

» 

pur. 

0 

Id. 

» 

» 

9" 

709.1 

614 

Niveau  de  l’Ouad  Tisint. 

Tisint  (Agadir;  1er  étage). 

• 

9"55 

709.1 

(il  4 

» 

• 

1" 

s 

» 

pur. 

0 

» 

* 

4“ 

707.7 

» 

iégèr*  nébuleux. 

7 

» 

* 

7h 

» 

assez  nébuleux. 

G 

» 

15 

7  h 

M 

■ 

pur. 

0 

» 

Oh 

s 

708.5 

» 

pur. 

2 

» 

$h 

708 

» 

19"4 

assez  nébuleux. 

5 

» 

9" 

709.9 

» 

19° 

assez  nébuleux. 

10 

* 

i  o 

nuit. 

. 

1  4°8 

Min. 

• 

7" 

M 

709 

. 

15"3 

assez  nébuleux. 

10 

• 

9"30 

710.9 

» 

nébuleux. 

10 

De  Tisint  à  Tatla. 

10" 

708 

626 

- 

io"2S 

706.7 

(>38 

* 

10"35 

709.5 

602 

■ 

1"2»17 

S 

704.7 

661 

• 

1"08 

703.7 

673 

très  nébuleux. 

10 

OBSERVATIONS  MÉTÉOROLOGIQUES  FAITES  AU  MAROC  EN  1883-1884. 


433 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

THERMOMÉTRIQUES. 

CIEL. 

m 

W 

cb 

<1 

OBSERVATIONS. 

l)o  Tisint  à  Talta  (suite). 

10  Nov.  1883 

lh27n 

s 

701 .7 

720m 

Qaçba  el  Djoua. 

» 

» 

5h 

» 

très  nébuleux. 

10 

Id. 

» 

17 

4h 

M 

» 

très  nébuleux. 

10 

Id.  Pluie  fine  de  3"30m  à  5"  M. 

. 

» 

7“ 

702 

» 

pur. 

0 

Même  lieu. 

• 

» 

lh 

s 

700.7 

» 

très  pur. 

0 

Id. 

» 

8h 

très  pur. 

0 

Id. 

» 

18 

5"30 

M 

703.4 

» 

pur. 

0 

Id. 

» 

» 

5"50 

703.4 

» 

Id. 

. 

» 

6"05 

703.8 

707 

» 

» 

7h 

702.3 

718 

- 

» 

7 11 55 

695.8 

803 

» 

» 

8"45 

703 

694 

• 

» 

9"15 

706.5 

670 

pur. 

0 

» 

» 

11  "09 

703 

718 

» 

» 

ll"53 

697.5 

778 

» 

» 

12h40 

s 

697 

790 

• 

. 

1»14 

695 

815 

pur. 

0 

» 

» 

1"34 

093.2 

844 

Col  Aqqa  Izen. 

» 

» 

1"44 

695.2 

815 

Ligne  de  partage  des  eaux. 

• 

» 

3"35 

680 

924 

» 

4"25 

702.5 

718 

« 

» 

4"50 

707 

671 

Tatta  (Tintazart;  mellali; 

1"  étage). 

« 

5"20 

709 

025 

pur. 

0 

. 

» 

y* 

709.7 

» 

pur. 

0 

>» 

11) 

7" 

M 

712.1 

» 

13°5 

assez  pur. 

1 

» 

» 

9"30 

714 

» 

assez  pur. 

0 

• 

. 

1" 

S 

712.5 

» 

21  "4 

pur. 

0 

» 

» 

5» 

712.3 

» 

19" 

pur. 

0 

- 

■ 

9“ 

713.8 

» 

pur. 

1 

» 

20 

nuit. 

» 

9" 

Min. 

» 

» 

7" 

M 

715.8 

» 

11" 

très  pur. 

0 

» 

0 

10" 

710.7 

» 

très  pur. 

0 

. 

» 

1" 

s 

714.6 

» 

21°2 

très  pur. 

0 

- 

» 

5" 

714.6 

)) 

18°6 

très  pur. 

0 

» 

» 

9“ 

710.1 

» 

très  pur. 

0 

. 

-21 

nuit. 

» 

9° 

Min. 

» 

» 

7" 

M 

715.1 

» 

10°5 

très  pur. 

0 

» 

. 

10" 

716.3 

» 

très  pur. 

0 

» 

» 

1" 

S 

715.1 

» 

21" 

très  pur. 

0 

» 

» 

5" 

714 

» 

très  pur. 

0 

- 

« 

9" 

715.2 

» 

très  pur. 

0 

* 

22 

nuit. 

» 

10° 

Min. 

. 

» 

7" 

M 

715.7 

• 

12"7 

très  pur. 

0 

De  Tintazart  à  Adis  et  retour. 

K 

9"20 

714.6 

651 

• 

» 

9"  46 

713.9 

663 

Tatta  (Tintazart;  mellali; 

l*r  étage). 

» 

4" 

s 

714.8 

625 

. 

» 

s" 

714.2 

• 

I7"0 

pur. 

0 

» 

23 

nuit. 

» 

10" 

Min. 

• 

» 

7" 

M 

714.7 

» 

12" 

assez  pur. 

3 

. 

» 

10" 

715.7 

» 

nébuleux. 

9 

• 

• 

1" 

s 

713 

» 

19°3 

nébuleux. 

9 

• 

- 

5" 

712.3 

» 

assez  nébuleux. 

6 

- 

24 

nuit. 

» 

10° 

Min. 

• 

• 

7h 

M 

712.7 

» 

12° 

nébuleux. 

8 

• 

» 

i" 

s 

» 

nébuleux. 

10 

• 

■ 

51* 

• 

assez  pur. 

2 

» 

• 

9“ 

» 

assez  pur. 

0 

- 

23 

nuit. 

* 

10*2 

Min. 

■ 

» 

7" 

M 

711  .7 

• 

12° 

nébuleux. 

0 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


43  î 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

THERMOMÉTRIQUES. 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

Talta  (Tintazart;  mellali  ; 

1er  étage)  (suite). 

25  Nov.  1883 

H‘3S"M 

711 .7 

025m 

assez  pur. 

8 

De  Tatta  au  Mûder  et  retour. 

» 

H  "58 

712.5 

6.30 

» 

» 

12' "28  S 

714 

615 

• 

» 

12"35 

71G.fi 

578 

» 

- 

2"00 

710.7 

544 

assez  pur. 

8 

» 

* 

2h40 

721.4 

520 

« 

» 

2"58 

721.7 

516 

» 

» 

4"55 

725.2 

472 

pur. 

0 

» 

» 

9" 

très  pur. 

0 

» 

20 

2"  »I 

très  pur. 

0 

» 

6h 

720.1 

423 

très  pur. 

0 

» 

» 

(ih22 

730 

416 

» 

» 

8"30 

720.8 

420 

» 

11  "12 

720.3 

430 

très  pur. 

0 

Tatta  (Tintazart;  mellali; 

V  étage). 

» 

5"50  S 

710.4 

025 

assez  pur. 

9 

» 

» 

9" 

» 

assez  nébuleux. 

9 

n 

27 

7"  M 

713.3 

* 

assez  nébuleux. 

10 

» 

» 

10" 

715 

» 

assez  nébuleux. 

9 

De  Talta  à  Aqqa  et  retour. 

» 

2"15  S 

712.4 

625 

» 

2"4S 

713.3 

613 

>1 

* 

2h*)2 

714.0 

002 

» 

» 

3"02 

712.8 

025 

» 

» 

3"  Il 

714.0 

005 

» 

» 

3"27 

713. G 

610 

» 

» 

4"17 

716.7 

577 

» 

» 

5"  10 

718.2 

501 

Ouad  Talta. 

» 

» 

9“ 

très  pur. 

0 

» 

28 

2"  M 

léger1  nébuleux. 

8 

- 

» 

7h 

716.7 

570 

nébuleux. 

10 

Aqqa. 

» 

» 

8"02 

718.2 

555 

» 

» 

8"50 

720.5 

524 

• 

» 

11  "4.3 

716.5 

573 

nébuleux. 

10 

» 

» 

1"  S 

720 

530 

nébuleux. 

10 

2"02 

717.8 

501 

!  Ouad  Tatta,  au  même  point 

que  hier. 

Tatta  (Tintazart;  mellali; 

1"  étage). 

. 

5"ss 

711.1 

025 

nébuleux. 

10 

» 

K 

9h 

712 

n 

assez  nébuleux. 

0 

» 

20 

7"  M 

712.8 

» 

assez  nébuleux. 

3 

» 

0 

10" 

713.7 

» 

assez  nébuleux. 

7 

» 

1) 

1"  S 

712.7 

» 

20°  4 

nébuleux. 

10 

» 

» 

5ll 

712.8 

» 

nébuleux. 

8 

■ 

» 

0" 

714 

. 

pur. 

0 

» 

3n 

nuit. 

» 

11»5  Min. 

» 

» 

7"  M 

715.3 

» 

1  4°7 

pur. 

S 

» 

» 

1h  S 

714.6 

» 

20°4 

pur. 

3 

. 

• 

»jh 

713.5 

» 

18°6 

pur. 

3 

» 

• 

9“ 

714.3 

• 

pur. 

1 

• 

1  Décembre 

nuit. 

» 

0°  Min. 

■ 

» 

7"  M 

715.0 

» 

10  2 

pur. 

0 

» 

» 

1»  S 

714.2 

» 

22° 

très  pur. 

0 

■ 

» 

fi" 

713.7 

» 

très  pur. 

0 

2 

nuit. 

» 

8"7  Min. 

» 

» 

7"  M 

712 

» 

10" 

assez  pur. 

0 

» 

1"  S 

708.3 

n 

assez  nébuleux. 

0 

» 

5  ii 

700.8 

» 

assez  nébuleux. 

2 

3 

7"  M 

711.0 

. 

assez  nébuleux. 

0 

» 

1"  S 

710.7 

• 

assez  pur. 

0 

• 

713.8 

• 

assez  pur. 

0 

OBSERVATIONS  METEOROLOGIQUES  FAITES  AU  MAROC  EN  1883-1884. 


435 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

THERMOMÊTRIQUES. 

CIEL. 

m 

w 

0 

<1 

« 

OBSERVATIONS. 

Tatta  (Tintazart  ;  mellal); 

1er  étage)  (suite). 

4  Déc.  1883 

7"  M 

715.8 

0-25"' 

assez  pur. 

0 

N 

» 

1“  S 

713.9 

» 

pur. 

0 

1  » 

» 

5» 

714.4 

pur. 

0 

» 

5 

7"  M 

713.9 

» 

pur. 

0 

* 

» 

1"  S 

713.4 

» 

très  pur. 

0 

» 

» 

5“ 

71-2.8 

• 

très  pur. 

0 

* 

6 

7 11  M 

71-2.8 

» 

Il" 

très  pur. 

0 

» 

» 

101' 

71-2 

» 

pur. 

0 

1 

» 

1"  S 

711.8 

» 

19°5 

assez  nébuleux. 

10 

■ 

■ 

5" 

711 

. 

nébuleux. 

10 

■ 

7"  M 

709.7 

« 

9°5 

assez  pur. 

0 

l  * 

• 

11" 

708.7 

• 

légèr'  nébuleux. 

1 

» 

• 

1"  S 

706.5 

» 

pur. 

0 

» 

5" 

700.3 

- 

pur. 

0 

» 

8 

7“  M 

» 

nébuleux. 

9 

» 

» 

!"  S 

705 

» 

nébuleux. 

9 

» 

» 

5" 

» 

assez  pur. 

0 

- 

9 

7"  M 

712.7 

» 

pur. 

0 

• 

10" 

71-2. -2 

» 

1 1"8 

pur 

0 

- 

1"  S 

711.-2 

n 

pur. 

0 

* 

3" 

710.  \ 

» 

pur. 

0 

Tatta  (Toug  er  Kilt  ;  l01,  étage). 

- 

4**12"i 

707 

665 

» 

6“ 

* 

pu  r. 

0 

to 

7"  M 

71-2.3 

» 

assez  nébuleux. 

5 

» 

1"  S 

711.5 

» 

nébuleux. 

9 

• 

5h 

711.3 

» 

assez  nébuleux. 

6 

» 

9h 

71-2. -2 

. 

nébuleux. 

9 

11 

nuit. 

» 

7“  Min. 

« 

7"  M 

71-2.6 

» 

7°2 

pur. 

0 

• 

10" 

713.8 

» 

n" 

pur. 

0 

« 

1"  S 

71-2.3 

» 

13°4 

pur. 

0 

» 

* 

51. 

71-2.1 

» 

l-2"7 

pur. 

0 

» 

» 

9h 

713.3 

• 

10"3 

pur. 

0 

» 

1-2 

nuit. 

» 

7 “G  Min. 

7"  M 

714 

» 

8" 

très  pur. 

0 

» 

11“ 

714.-2 

» 

13° 

pur. 

0 

» 

1"  S 

713 

« 

assez  pur. 

3 

• 

5" 

71-2.3 

13"3 

assez  pur. 

3 

0" 

713 

» 

assez  nébuleux. 

8 

13 

nuit. 

» 

9°5  Min. 

- 

7"  M 

713.3 

» 

9°9 

assez  pur. 

6 

» 

10" 

714.3 

» 

13°4 

léger'  nébuleux. 

3 

» 

1"  S 

71-2.4 

» 

15°4 

assez  nébuleux. 

7 

- 

5" 

711.5 

13°4 

nébuleux. 

8 

« 

9“ 

71-2. -2 

1 1°8 

assez  nébuleux. 

\ 

14 

nuit. 

10»4  Min. 

• 

7"  M 

7 1-2. -2 

U"8 

nébuleux. 

10 

• 

10" 

713. -2 

1 4°7 

nébuleux. 

10 

» 

1"  S 

711.5 

10"2 

nébuleux. 

10 

» 

711.7 

nébuleux. 

10 

• 

» 

9“ 

71-2. -2 

15° 

nébuleux. 

10 

15 

nuit. 

» 

11"  Min. 

* 

- 

7"  M 

71-2.3 

1-2° 

nébuleux. 

10 

• 

1“  S 

711.3 

18'» 

nébuleux. 

10 

• 

5" 

71-2.1 

M 

10"4 

nébuleux. 

10 

10 

nuit. 

• 

1-2»  Min. 

» 

7"  M 

710. 1 

■ 

13» 

nébuleux. 

10 

. 

10" 

710.3 

1 8°-2 

assez  nébuleux. 

10 

» 

1"  S 

708 

-20 

assez  nébuleux. 

10 

> 

5" 

707 

18" 

assez  nébuleux. 

10 

I 

liKCONNAISSANCE  AU  MAROC. 


436 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

THERMOMÉTRIQUES. 

CIEL. 

NUAGES. 

Tatta  (Toug  er  Rih;  1er  étage) 

(suite). 

17 

Déc.  1883 

7  h 

M 

703 

665m 

nébuleux. 

10 

De  Tatta  à  Tisint. 

» 

7"53'“ 

700.7 

047 

» 

» 

8  "20 

704 

082 

» 

» 

9"  10 

702.7 

695 

• 

■ 

11"13 

697 

767 

• 

» 

12"22 

S 

092.0 

813 

» 

* 

12"33 

090.3 

8  44 

» 

18 

12"30 

S 

693.7 

720 

* 

• 

2"03 

097.3 

674 

» 

» 

9" 

697.4 

» 

12° 

très  nébuleux. 

10 

Tisint  (Agadir;  1er  étage). 

19 

11  "30 

M 

703.3 

014 

» 

» 

1" 

S 

703.4 

1) 

-12°5 

nébuleux. 

7 

• 

■ 

3" 

704.3 

« 

10"8 

assez  pur. 

2 

» 

« 

9" 

703.3 

» 

pur. 

0 

» 

20 

nuit. 

» 

5°6 

Min. 

» 

" 

7" 

M 

706.0 

» 

6° 

pur. 

2 

■ 

» 

10" 

700.3 

• 

11°6 

pur. 

3 

» 

» 

1Ü 

S 

703.4 

*> 

13°1 

pur. 

5 

» 

» 

5" 

703.9 

» 

11°S 

pur. 

3 

» 

21 

nuit. 

» 

6°6 

Min. 

■ 

» 

7" 

M 

707.3 

» 

6°  7 

très  pur. 

0 

» 

» 

10" 

708.7 

u» 

très  pur. 

2 

» 

» 

ih 

s 

707.5 

>* 

13°4 

pur. 

8 

» 

> 

5" 

707.2 

» 

12"8 

pur. 

3 

- 

’IH 

nuit. 

» 

8° 

Min. 

• 

» 

7" 

M 

709.2 

• 

8-0 

légèr1  nébuleux. 

6 

» 

« 

1" 

s 

709 

» 

13°3 

assez  pur. 

6 

» 

» 

3" 

711.1 

» 

12*5 

pur. 

3 

- 

23 

nuit. 

» 

8° 

Min. 

- 

» 

7" 

M 

711.2 

• 

8"5 

très  pur. 

0.5 

» 

» 

10" 

712.7 

» 

11  <'5 

pur. 

4 

• 

- 

1" 

S 

711.4 

» 

14°3 

pur. 

2 

* 

» 

3" 

711.9 

14°4 

assez  pur. 

9 

• 

nuit. 

» 

9° 

Min. 

» 

» 

7h 

M 

713.9 

>» 

9"8 

assez  pur. 

2 

» 

10" 

714.1 

• 

13°2 

légèr1  nébuleux. 

7 

» 

» 

1" 

S 

712.7 

» 

15°8 

assez  nébuleux. 

9 

» 

» 

5" 

712.8 

» 

15°5 

assez  nébuleux. 

8 

» 

» 

9" 

713.6 

» 

assez  nébuleux. 

9 

- 

23 

nuit. 

» 

9°6 

Min. 

» 

» 

7  u 

M 

713.3 

» 

10°5 

pur. 

3 

- 

» 

n" 

713.5 

» 

15°3 

très  pur. 

1 

» 

» 

<£h 

s 

744.6 

» 

15°7 

très  pur. 

2 

» 

» 

5h 

714.7 

» 

15°2 

très  pur. 

2 

» 

» 

u" 

715 

» 

très  pur. 

0 

» 

2  6 

7 11 

M 

710.8 

» 

très  pur. 

0 

De  Tisint  à  Mrimima. 

» 

9"30 

718 

600 

• 

» 

10"02 

719.4 

584 

■ 

» 

11  "22 

718.8 

598 

. 

. 

12"10 

s 

719.7 

584 

» 

» 

12"18 

716.9 

621 

» 

» 

12"33 

710 

704 

» 

» 

12"32 

721.4 

563 

Mrimima  (rez-de-chaussée). 

■ 

2"03 

722.3 

508 

très  pur. 

0 

» 

27 

7" 

M 

723 

» 

très  pur 

0 

OBSERVATIONS. 


Ligne  de  partage  des  eaux 
(passée  déjà  le  18  Novembre). 
Col  Aqqa  Izen  (passé  déjà 
le  18  Novembre). 

Qaçba  el  Djoua.  Une  pluie  fine 
tombe  sans  cesse  depuis  8"  M 
Tril.  La  pluie  fine  continue 
jusqu’à  2"  S;  à  2",  elle  se 
change  en  pluie  abondante. 
Même  lieu. 


OBSERVATIONS  METEOROLOGIQUES  FAITES  AU  MAROC  EN  1883-1881. 


137 


DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

THERHOHÉTIi  IQUES . 

CIEL. 

NUAGES. 

27  Déc.  1883 

lh  S 

722.1 

508“ 

très  pur. 

0 

• 

5h 

721 

» 

très  pur. 

0 

» 

9" 

721.2 

» 

très  pur. 

0 

28 

7»  M 

721.9 

. 

très  pur 

0 

» 

1"  S 

720.9 

» 

assez  pur. 

0 

* 

fi» 

721.2 

» 

assez  pur. 

3 

29 

7»  M 

722.2 

. 

assez  pur. 

9 

» 

1»  S 

720.3 

assez  pur. 

7 

» 

fi» 

720.2 

» 

légèr*  nébuleux. 

9 

» 

9» 

720.9 

» 

pur. 

0 

30 

7»  M 

720.4 

» 

très  pur. 

0 

» 

10» 

721 .3 

très  pur. 

0 

» 

1»  S 

718.8 

•• 

pur. 

0 

» 

fi» 

718.3 

» 

assez  pur. 

9 

31 

7»  M 

721.3 

» 

assez  nébuleux. 

9 

. 

1»  S 

720.5 

» 

assez  nébuleux. 

10 

• 

5h 

721.0 

” 

nébuleux. 

10 

1  Janv.  1884 

7»  M 

723.9 

■ 

assez  pur. 

9 

a 

10» 

724.1 

a 

très  pur. 

0 

» 

1»  S 

722.8 

» 

très  pur: 

0 

. 

5“ 

722.5 

- 

très  pur. 

0 

'i 

7»  M 

725 

» 

assez  pur. 

7 

» 

1»  S 

723.3 

» 

pur. 

0 

fi» 

722.9 

» 

pur. 

0 

3 

7»  M 

723.8 

» 

pur. 

0 

10» 

723.3 

» 

assez  pur. 

5 

» 

1»  S 

722.2 

■ 

pur. 

3 

fi» 

722.2 

» 

18°7 

pur. 

1 

\ 

8»  M 

724.2 

*> 

11° 

assez  pur. 

8 

2»15™  S 

713.7 

014 

O'1 

715.3 

» 

pur. 

0 

\\ 

7»  M 

» 

très  pur. 

0 

1»  S 

- 

pur. 

4 

11» 

716.4 

» 

assez  nébuleux. 

9 

o 

7»  I\1 

719 

nébuleux. 

10 

1»  S 

710 

légèr1  nébuleux. 

8 

fi» 

716.7 

» 

17°1 

nébuleux. 

10 

9» 

717 

» 

nébuleux. 

10 

7 

7»  M 

710.7 

- 

assez  pur. 

5 

» 

1»  S 

715.7 

» 

17» 

assez  pur. 

8 

. 

JJIl 

715.4 

. 

16»5 

assez  pur. 

10 

8 

8»  M 

710.9 

- 

assez  pur. 

4 

1“  S 

715 

. 

18» 

pur. 

2 

fi» 

714.8 

» 

17° 

pur. 

0 

10» 

715.4 

- 

assez  nébuleux. 

9 

9 

nuit. 

» 

il»  Min. 

8»  M 

710 

» 

11°9 

nébuleux. 

10 

1»  S 

715.2 

17° 

assez  nébuleux. 

10 

■ 

5" 

714.7 

■ 

15“8 

nébuleux. 

10 

9» 

10» 

10 

7»  M 

nébuleux. 

10 

#  • 

9» 

nébuleux. 

10 

NOMS  DES  LIEUX. 


Miïmima 

(suite). 


(rez-de-chaussée) 


Tisint  (Agadir;  1 


ez-de-chaussée). 


De  Tisint  à  Alikouralicn. 


OBSERVATIONS. 


^  Quelques  gouttes  de  pluie 
f  tombent  depuis  midi  1/2. 

|  Pluie  violente  depuis  2»  S. 

,  La  pluie  a  duré  toute  la  soirée 
'  d’hier  et  toute  la  nuit  jusqu’à 
/  0"  1/2  M. 


Une  pluie  fine  commence  et 
dure  jusqu’à  10“  S. 

La  pluie  fine  se  change  en 
pluie  violente,  qui  dure  jus¬ 
qu’à  3"  M. 

La  pluie,  qui  avaitccssé  depuis 
3h  M,  reprend,  mais  légère. 

La  pluie  cesse. 


438 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

THER5IOMÉTRIQUES. 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

DeTisintà  Alikouralien  (suite). 

10  Janv.  1881 

1" 

s 

assez  pur. 

3 

» 

» 

5h 

assez  pur. 

0 

! 

» 

7h 

assez  pur. 

0 

Tarla. 

* 

11 

9h 

M 

712.7 

675*» 

légèr1  nébuleux. 

10 

id. 

- 

* 

1“ 

S 

710.1 

» 

assez  pur. 

0 

Id. 

■ 

■ 

k  h 

710.7 

. 

pur. 

0 

Id. 

» 

1-2 

8" 

M 

712.5 

» 

très  pur. 

0 

Id. 

» 

- 

1" 

S 

711.7 

» 

pur. 

0 

Id. 

» 

» 

5" 

711.4 

» 

pur. 

5 

Kl. 

« 

» 

7 '‘30™ 

711.3 

» 

Id. 

» 

» 

9"55 

709 

700 

très  pur. 

0 

» 

« 

10"50 

704.5 

742 

» 

13 

12" 

M 

093.8 

874 

» 

12"20 

695 

862 

» 

» 

1» 

692.2 

897 

» 

» 

l'-OO 

091.3 

907 

» 

** 

1"35 

093.0 

871 

» 

» 

2"25 

695 

803 

» 

» 

6h55 

689.8 

923 

» 

» 

7h 

très  pur. 

0 

» 

» 

8"20 

081 

1.040 

Lieu  d’une  halte. 

» 

» 

12"  15 

S 

679.8 

» 

très  pur. 

0 

51ême  lieu. 

» 

« 

1" 

681 

1.034 

- 

» 

2h25 

059.2 

1 .319 

» 

» 

3"20 

008.8 

1 .182 

: 

» 

4"25 

670 

1.094 

» 

* 

4"37 

676 

1.094 

» 

• 

5"30 

682 

1.021 

très  pur. 

0 

» 

» 

0"50 

680 

1.043 

Tizgi  Ida  ou  Baloul. 

» 

14 

9“ 

M 

681 .2 

» 

9° 

très  pur. 

0 

Id. 

» 

- 

1“ 

s 

079.8 

» 

13”4 

très  pur. 

0 

Id. 

* 

» 

5" 

079.3 

» 

12° 

très  pur. 

0 

Id. 

* 

13 

7" 

M 

680.2 

» 

5°6 

assez  pur. 

9 

Id. 

- 

» 

10"20 

681.2 

1 .070 

» 

» 

l"-25 

S 

008 

1 .230 

! 

» 

3"25 

654 

1 . 400 

, 

>* 

3h43 

650 

1 . 448 

Tidgar. 

i 

" 

5h 

» 

pur. 

3 

Id. 

» 

10 

7" 

51 

649.9 

» 

pur. 

1 

Id. 

• 

* 

10" 

617  3 

1.873 

• 

» 

10"30 

621 

1.833 

» 

» 

H  "55 

021 . 1 

1.819 

•> 

» 

12  "20 

S 

618.9 

1.860 

> 

* 

12"46 

644.7 

1.912 

très  pur. 

0 

“ 

1"52 

625 

1 .772 

- 

» 

3"03 

634.9 

1.037 

» 

>• 

3"32 

038.2 

1 .580 

Azararad. 

• 

* 

5h 

» 

très  pur. 

0 

Id. 

» 

17 

7" 

51 

639.4 

» 

4°6 

très  pur. 

0 

Id. 

» 

» 

8"10 

640.5 

1.543 

• 

• 

8"3’> 

645 

1 . 194 

- 

8"43 

643 

1.510 

. 

» 

9  "23 

651 .8 

1 . 100 

» 

» 

10"25 

655.8 

1.349 

> 

* 

11  "07 

664 

1 .247 

» 

» 

12"45 

S 

67 1 .5 

1 . 1 46 

» 

» 

lh09 

65  4 

1.375 

très  pur. 

0 

» 

- 

21,20 

698 

820 

* 

» 

3"30 

708 

706 

» 

» 

i"37 

687.6 

947 

Alikouralien  (1"  étage). 

• 

5U55 

088.2 

967 

très  pur. 

0 

* 


OBSERVATIONS  MÉTÉOROLOGIQUES  FAITES  AU  MAROC  EN  1883-1884.  439 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

THERMOMÉTRIQUES. 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

Afikourahen  (rr  étage)  (suite). 

18  Janv.  1881 

7" 

M 

689 

967"’ 

très  pur. 

0 

! 

1h 

s 

688.8 

» 

15" 

très  pur. 

0 

» 

» 

5“ 

688.5 

» 

1,0 

très  pur. 

0 

» 

10 

7h 

M 

689.7 

» 

7°3 

très  pur. 

0 

» 

» 

1" 

s 

688.7 

» 

1  4°7 

très  pur. 

0 

! 

» 

5“ 

689.4 

P 

10" 

très  pur. 

0.5 

» 

20 

7" 

M 

690.2 

P 

8°2 

très  pur. 

0 

D’Afiknurahon  à  Mogador. 

• 

10“45m 

705.5 

772 

» 

» 

11  “06 

693 

930 

! 

» 

12h 

S 

710.7 

713 

» 

« 

12h52 

715.7 

655 

H 

» 

1“33 

717 

643 

» 

» 

3“15 

722 

584 

» 

» 

3“55 

742.7 

344 

• 

» 

4h20 

744.6 

321 

» 

» 

4“  40 

740.5 

354 

très  pur. 

0 

Taourirt  ou  Selîman. 

I. 

21 

7“ 

M 

742.9 

P 

très  pur. 

0 

kl. 

N 

» 

8“30 

742.9 

P 

kl. 

n 

» 

8“55 

750.9 

264 

» 

» 

10“15 

756 

208 

» 

» 

11  “33 

758 

180 

très  pur. 

0 

» 

.. 

3“20 

s 

761.3 

142 

N 

. 

5“  10 

767 

75 

très  pur. 

0 

Gîte. 

22 

6“35 

M 

769.8 

.. 

très  pur. 

0 

Id. 

» 

7  “30 

771.8 

10 

„ 

» 

8“35 

771.2 

21 

Dar  Sidi  Ahd  Allah. 

» 

» 

1h 

S 

» 

très  pur. 

0 

kl. 

» 

» 

oh 

. 

très  pur. 

0 

kl. 

» 

28 

9“05 

M 

770.8 

)) 

très  pur. 

0 

Id. 

# 

11“ 

772.  \ 

0 

Au  niveau  de  la  mer. 

» 

p 

1  “03 

s 

7<i6 

73 

très  pur. 

0 

p 

p 

3  “33 

748 

270 

Gîte. 

■ 

6“ 

« 

très  pur. 

0 

kl. 

2  V 

7  “20 

M 

747.8 

» 

très  pur. 

0 

Id. 

p 

9  “25 

770.4 

0 

Au  niveau  de  la  mer. 

1“30 

s 

723 

530 

très  pur. 

0 

p 

«“ai 

765.3 

34 

très  pur. 

0 

Gîle. 

25 

7“45 

M 

766.4 

» 

très  pur. 

0 

Id. 

p 

8“55 

747.2 

245 

p 

1“ 

S 

740 

336 

très  pur. 

0 

p 

5“ 

734 

420 

très  pur. 

0 

Dar  Hadj  Ahd  el  Malek. 

20 

toute 

In 

» 

très  pur. 

0 

Id. 

journée. 

27 

7“05 

M 

738 

P 

très  pur. 

0 

kl. 

p 

8  “33 

747 

277 

11  “0.7 

7<X).2 

120 

p 

12“ 

s 

753 

210 

très  pur. 

0 

p 

12“35 

736.5 

590 

» 

1“30 

733 

436 

n 

3“ 

717 

277 

, 

4“  17 

750.7 

232 

5“ 

700 

131 

p 

0“ 

749 

242 

très  pur. 

0 

Gîte. 

28 

7  “35 

M 

750 

» 

très  pur. 

0 

Id. 

p 

8  “15 

750 

175 

• 

p 

11“10 

764.2 

87 

• 

p 

11  "35 

7<>6 

65 

Mogador  (t'r  étage). 

p 

6" 

s 

10 

très  pur. 

0 

20 

toute 

In 

p 

très  pur. 

0 

journée. 

30 

nuit. 

1 

• 

8"3  Min 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC 


440 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

THERMOMÉTRIQUES. 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

Mogador(l"  étage)  (suite). 

30  Janv.  1884 

7h 

M 

707.6 

IOm 

9°5 

pur. 

0 

» 

» 

1» 

s 

767.2 

» 

très  pur. 

0 

» 

» 

H" 

707.2 

très  pur. 

o. 

» 

31 

7h 

M 

707.8 

» 

très  pur. 

0 

1 

» 

1“ 

S 

767.7 

» 

très  pur. 

0 

* 

■ 

5h 

767.9 

. 

très  pur. 

0 

■ 

1  Février. 

nuit. 

- 

lus 

Min. 

» 

» 

7h 

M 

767.7 

» 

13"3 

très  pur. 

0 

■ 

» 

i» 

s 

767.6 

* 

17» 

très  pur. 

0 

" 

» 

5h 

767.3 

* 

15»7 

pur. 

2 

• 

nuit. 

» 

10°7 

Min. 

Il  a  plu  un  peu  pendant  la  nuit. 

» 

« 

8" 

M 

707.3 

» 

13» 

nébuleux. 

10 

■ 

)» 

1" 

s 

705.0 

» 

14°2 

assez  pur. 

3.5 

• 

» 

5h 

764.8 

. 

14» 

assez  pur. 

8 

! 

3 

nuit. 

» 

7"3 

Min. 

i 

*• 

8" 

M 

762.4 

» 

10"4 

pur. 

i 

» 

» 

lh 

s 

701.2 

» 

15» 

pur. 

i 

» 

- 

5h 

760.9 

14" 

assez  pui . 

2 

» 

4 

nuit. 

» 

9°4 

Min. 

» 

. 

8" 

M 

761 

» 

Il  "5 

nébuleux. 

10 

» 

» 

1" 

s 

758.8 

» 

17"4 

très  nébuleux. 

10 

« 

» 

5" 

757.7 

» 

15°1 

très  nébuleux. 

10 

» 

nuit. 

> 

11°5 

Min. 

■ 

» 

8» 

M 

760 

■ 

12° 

très  nébuleux. 

10 

Il  pleut  à  torrents  depuis  3h  M. 

La  pluie  continue;  elle  n’a 

» 

» 

u 

S 

700.:; 

» 

12°3 

très  nébuleux. 

10 

pas  cessé  depuis  8h  M. 

» 

» 

pjh 

760.0 

» 

12"3 

nébuleux. 

9 

La  pluie  a  continué  jusqu’à  3h. 

» 

6 

nuit. 

» 

10"8 

Min. 

Pluie  de  minuit  à  3"  M. 

• 

» 

8" 

M 

760.7 

» 

11°9 

assez  pur. 

3 

» 

» 

1" 

S 

759.9 

» 

17"2 

assez  nébuleux. 

8 

■ 

. 

5h 

759.8 

» 

15°7 

assez  nébuleux. 

8 

» 

7 

nuit. 

11» 

Min. 

» 

» 

8" 

M 

760.9 

» 

13" 

pur. 

0 

» 

» 

1i, 

s 

760.3 

* 

16» 

très  pur. 

2 

» 

8 

nuit. 

10°5 

Min. 

» 

« 

8" 

M 

703.1 

» 

12°5 

assez  nébuleux. 

7 

» 

» 

1" 

s 

763.5 

» 

18" 

légèr'  nébuleux. 

6 

. 

» 

5h 

764.7 

» 

16° 

assez  nébuleux. 

3 

» 

9 

nuit. 

» 

il» 

Min. 

» 

* 

7h 

M 

764.6 

» 

13» 

assez  nébuleux. 

7 

» 

» 

i'> 

s 

764.8 

• 

20" 

nébuleux. 

5 

- 

• 

s» 

764.2 

» 

18°4 

nébuleux. 

5 

» 

10 

nuit. 

» 

13"7 

Min. 

- 

« 

7h 

M 

764 

»> 

15"3 

très  nébuleux. 

10 

» 

• 

lh 

s 

762.9 

» 

18"7 

très  nébuleux. 

10 

» 

» 

5h 

762.1 

» 

15"8 

nébuleux. 

8 

■ 

H 

nuit. 

• 

13"8 

Min. 

7h 

M 

70 1 

14"8 

très  nébuleux. 

0 

Brume  épaisse  durant  la  ma- 

tinée  jusqu’à  U'1. 

* 

» 

1" 

s 

700 

» 

17" 

très  nébuleux. 

4 

* 

* 

5» 

759.7 

15"8 

très  nébuleux. 

10 

« 

12 

nuit. 

» 

11  "7 

Min. 

■ 

■ 

7h 

M 

761 

. 

14° 

assez  nébuleux. 

8 

* 

* 

i» 

s 

701.4 

16»8 

légèr*  nébuleux. 

2 

» 

• 

5h 

761.7 

» 

14»5 

nébuleux. 

i 

» 

13 

nuit. 

» 

9°1 

Min. 

■ 

• 

7" 

M 

703.7 

» 

9°3 

très  pur. 

0 

» 

» 

lh 

s 

703.9 

» 

10"8 

pur. 

0 

- 

- 

8h 

763.9 

» 

1 4"3 

pur. 

0 

• 

14 

nuit. 

» 

8°7 

Min. 

■ 

■ 

7" 

M 

7(>3.7 

• 

9°5 

assez  pur. 

0 

OBSERVATIONS  METEOROLOGIQUES  FAITES  AU  MAROC  EN  1883-1884. 


441 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

CG 

w 

P 

H 

vW 

3 

O 

'?• 

P 

K 

H 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

Mogador  (l''r  étage)  (suite). 

14  Fév.  1884 

5»1 

s 

701 .3 

10'" 

13°3 

léger1  nébuleux. 

8 

» 

15 

nuit. 

» 

t-2'6 

Min. 

» 

» 

8“ 

M 

739 . 4 

» 

15"3 

nébuleux. 

10 

• 

» 

lb 

S 

757 . 3 

B 

17"9 

nébuleux. 

8 

. 

» 

5K 

756.5 

B 

15"7 

nébuleux. 

7 

to 

nuit. 

12°1 

Min. 

11  a  plu  pendant  une  grande 

partie  de  la  nuit. 

» 

» 

7“ 

M 

753.2 

n 

12"8 

nébuleux. 

10 

• 

» 

4 11 

S 

73-2.1 

» 

16n8 

nébuleux. 

8 

5b 

12"8 

nébuleux. 

40 

Pluie  légère  depuis  4h  1/2  S; 

elle  dure  jusqu’à  0h  S. 

11  a  plu  pendant  une  grande 

* 

17 

nuit. 

» 

9°  4 

51in. 

partie  de  la  nuit. 

» 

. 

7 11 

M 

750 . 7 

„ 

9°7 

très  nébuleux. 

10 

Pluie  fine. 

U  a  plu  pendant  une  grande 

* 

“ 

î1* 

S 

752.8 

# 

1 4"7 

nébuleux. 

7 

partie  de  la  matinée. 

» 

• 

;>" 

755 

» 

12"8 

assez  nébuleux. 

2 

■ 

18 

nuit. 

B 

7"7 

Min. 

» 

* 

7h 

M 

757.0 

» 

7°9 

1res  pur. 

1 

• 

4h 

S 

737.7 

B 

I7"4 

très  pur. 

1 

- 

• 

5h 

757.7 

B 

14° 

très  pur. 

1 

» 

III 

nuit. 

B 

12" 

Min. 

Une  pluie  fine  tombe  depuis 

» 

» 

7 11 

M 

760.7 

" 

12° 

très  nébuleux. 

10 

2h  M. 

n 

» 

i " 

S 

763 

„ 

17°7 

très  nébuleux. 

10 

La  pluie  a  cessé  à  10u  51. 

n 

» 

5“ 

763.4 

B 

1 4°7 

très  nébuleux. 

9 

» 

"20 

nuit. 

B 

10" 

Min. 

» 

» 

7ll 

M 

765 

» 

11° 

très  pur. 

0 

» 

• 

toute 

la 

n 

très  pur. 

0 

journée. 

. 

*2! 

nuit. 

B 

9"3 

Min. 

- 

» 

7*i 

M 

764.7 

» 

10"3 

très  pur. 

0 

» 

. 

i" 

S 

763.8 

» 

17" 

assez  pur. 

0 

. 

» 

0» 

763.8 

B 

1  4°0 

assez  pur. 

0 

. 

nuit. 

B 

U" 

Min. 

» 

» 

9h 

M 

763.2 

B 

12°5 

pur. 

i 

. 

» 

1» 

s 

763.3 

B 

18°9 

pur. 

1 

» 

» 

S'1 

763.3 

» 

15"8 

léger1  nébuleux. 

1 

» 

"23 

nuit. 

» 

10"2 

Min. 

. 

» 

7" 

M 

764.2 

» 

I0"8 

légèr1  nébuleux. 

1 

» 

» 

1" 

S 

764.7 

B 

13°8 

assez  nébuleux. 

0 

» 

. 

5h 

764.7 

» 

15° 

pur. 

0 

- 

"24 

nuit. 

» 

n» 

51  i  n . 

B 

• 

7“ 

M 

765.6 

» 

12°9 

assez  pur. 

8 

» 

a 

i“ 

S 

765.5 

B 

18"3 

assez  pur. 

7 

n 

» 

5“ 

765.  4 

B 

13»7 

légér1  nébuleux. 

1 

n 

■23 

nuit. 

B 

9° 

Min. 

.  « 

7  h 

51 

763.1 

B 

î)°2 

très  pur. 

0 

4“ 

S 

764.9 

18" 

pur. 

0 

5“ 

764.8 

» 

13"8 

pur. 

0 

"26 

nuit. 

. 

9"1 

Min. 

7  U 

51 

764.5 

B 

12"4 

nébuleux. 

9 

4» 

S 

764.2 

» 

19»3 

nébuleux. 

6 

5h 

764.4 

» 

16" 

assez  nébuleux. 

5 

27 

nuit. 

> 

11“3 

Min. 

7I1 

51 

763.2 

• 

12"  4 

pur. 

10 

5» 

s 

. 

46" 

pur. 

8 

28 

nuit. 

» 

10"8 

Min. 

B 

711 

51 

760.8 

B 

13“  4 

assez  pur. 

7 

» 

5h 

S 

. 

16" 

assez  pur. 

8 

Forte  averse  de  21'  à  2h  1  2  s. 

2î) 

nuit. 

* 

10"3 

Min. 

RECONNAISSANCE  AL'  MA  IKK 


442 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


w 

CO  g 

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NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

Ph 

0 

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CIEL. 

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OBSERVATIONS. 

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<1 

ü 

a  § 

<1 

w 

a 

m 

H 

Mogador  (l"r  étage)  (suite). 

29  Fév.  1884 

1»  s 

7G2.2 

10'“ 

18**5 

assez  pur. 

i 

» 

» 

5» 

702.1 

» 

14» 

pur. 

0 

5  Mars 

toute  la 

très  nébuleux. 

10 

il  pleut  à  torrents  pendant 

journée. 

toute  la  journée. 

» 

13 

toute  la 
journée. 

■ 

pur. 

0 

De  Mogador  à  Tisint. 

14 

ü"  s 

pur. 

5 

» 

15 

toute  la 
journée. 

pur. 

3 

toute  la 

* 

tu 

assez  nébuleux. 

5 

matinée. 

” 

toute  l’a¬ 
près-midi. 

10 

Forte  pluie  toute  l’après-midi 
et  toute  la  soirée. 

* 

17 

toute 
la  nuit. 

10 

Forte  pluie  toute  la  nuit. 

» 

toute  la 
matinée. 

10 

Forte  pluie  toute  la  matinée. 

» 

» 

12"40'“  S 

725 

420 

Dur  Hadj  Abd  el  Malek  (lieu 

déjà  traversé). 

* 

” 

4"05 

731 

330 

4"33 

737.7 

240 

Zaouïa  S.  Mb  i  ad  ou  Ouclichen 

” 

5“ 

732 

330 

8 

Plusieurs  averses  pendant 
l’après-midi. 

18 

toute 

Même  lieu.  Forte  pluie  toute 

la  nuit. 

* 

10 

la  nuit. 

„ 

lü"15  M 

731.7 

10 

Même  lieu.  Forte  pluie  toute 

la  matinée. 

11 

• 

S»  S 

731 

» 

nébuleux. 

G 

Même  lieu.  Pluie  jusqu’à  4"  S. 

" 

10 

7"  M 

733 

» 

assez  pur. 

2 

Môme  lieu. 

» 

8**40 

733.8 

» 

Même  lieu. 

» 

» 

9h12 

739 

2G8 

» 

» 

9**50 

732.1 

337 

• 

» 

10**55 

747.4 

233 

* 

» 

12**05  S 

702 

0 

assez  pur. 

5 

Au  niveau  de  la  mer. 

" 

■ 

5"45 

7  GO 

33 

assez  pur. 

5 

Fondoq. 

“ 

20 

5'*  M 

pur. 

0 

» 

« 

11'* 

pur. 

0 

* 

* 

5h  S 

pur. 

0 

bar  Sidi  labia. 

» 

21 

7'*  M 

7G0.8 

22 

pur. 

0 

Id. 

- 

8**55 

700.7 

23 

■ 

« 

11  "20 

757.2 

55 

» 

» 

2"23  S 

752.7 

111 

- 

- 

3**22 

752.5 

113 

* 

* 

4"  15 

751.9 

120 

* 

• 

Gb 

750 . 4 

145 

pur. 

0 

Oulad  Segeïr. 

» 

22 

7**  M 

» 

pur. 

0 

ld. 

* 

» 

U" 

» 

assez  pur. 

4 

ld. 

» 

» 

5h  S 

» 

assez  pur. 

8 

Id. 

* 

23 

5"  40  M 

74G.4 

». 

nébuleux. 

8 

Id. 

» 

» 

7**15 

7  45 

1G8 

> 

■ 

7**35 

744.8 

170 

» 

• 

11**30 

741 

213 

nébuleux. 

10 

» 

» 

2**35  S 

73G.7 

258 

Lite. 

nébuleux. 

.0 

ld.  Pluie  violente  de  il"  1/4  M 

5h 

" 

à  4"  S. 

" 

24 

0"  M 

73G.7 

» 

assez  nébuleux. 

10 

Même  lieu. 

* 

» 

n"so 

730 

340 

• 

» 

1  "50  S 

724.5 

390 

» 

*> 

3**55 

718 

478 

• 

4**50 

715 

513 

OBSERVATIONS  METEOROLOGIQUES  FAITES  AU  MAROC  EN  1883-188U 


H3 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

œ 

m  S 
M  g 

gg 

M  vL: 

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ALTITUDES. 

ce 

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Ph  S 

0  tf 

g  1 

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<1  a 

«  g 

H 

f- 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

De  Mogador  à  Tisint  (suite). 

2i  Mars  1884 

6“05™  S 

710 

572m 

assez  nébuleux. 

5 

Douar  Oumbarek  ou  Dehen. 

25 

toute  la 

assez  nébuleux. 

4 

Id. 

journée. 

« 

26 

5»or;  m 

710 

» 

assez  pur. 

3 

Id. 

»» 

5h52 

714 

525 

» 

G“15 

713.8 

527 

» 

8“30 

709 

584 

» 

11  “12 

694 

765 

« 

12“40  S 

083 

899 

• 

1“30 

674.3 

998 

a 

1“54 

667 

1.098 

» 

» 

2“50 

644 

1.394 

N 

a 

3"30 

655 

1.231 

» 

7“35 

660 

1.293 

pur. 

0 

Amzoug. 

27 

4“50  M 

669 

a 

assez  pur. 

4 

Id. 

a 

5“45 

656.2 

1.226 

a 

» 

7"07 

636 

1.500 

o 

a 

7 '‘"20 

631.8 

1 .552 

» 

n 

9h 

622.5 

1.673 

» 

a 

9“33 

610.2 

1.849 

» 

» 

11  "33 

632.5 

1.339 

» 

12“  S 

617 

1 .755 

assez  pur. 

6 

>, 

1“20 

604 

1.934 

B 

2  "10 

616.3 

1 . 755 

3“  13 

624 

1.660 

» 

3  “49 

623 

1.673 

„ 

n 

4“30 

630.7 

1.566 

n 

‘>“30 

<>39 

1.439 

assez  pur. 

8 

28 

6“55  M 

645 

1.394 

assez  pur. 

5 

„ 

7  “30 

652.3 

1 .283 

a 

8“03 

651.2 

1.297 

Ilir. 

a 

1“  S 

. 

assez  pur. 

3 

Id. 

» 

• 

5h 

a 

assez  pur. 

6 

Id. 

toute  la 

2!) 

a 

assez  pur. 

5 

1(1. 

journée. 

30 

7“  13  M 

» 

assez  pur. 

3 

Id. 

n 

9“ 

633.3 

1 .260 

Il  “30 

666.5 

1.090 

„ 

12“  S 

668.6 

1.063 

„ 

12“  13 

669.4 

1.050 

„ 

12“36 

6<  îo.o 

1 .080 

pu  r. 

0 

„ 

2“13 

675 

980 

, 

2'»  45 

676.7 

950 

3“30 

<>81 .8 

880 

a 

3“ 

pu  r. 

0 

31 

3“  M 

pur. 

0 

Tisint  (Agadir  ;  rez-de-chaussée). 

a 

11“ 

614 

pur. 

0 

a 

v 

3“  S 

a 

pur. 

0 

toute  la 

1  Avril 

journée. 

• 

très  pur. 

0 

toute  la 

2 

a 

très  pur. 

0 

journée. 

toute  la 

3 

a 

très  pur. 

journée. 

toute  la 

très  pur. 

4 

• 

journée. 

toute  la 

• 

5 

a 

très  pur. 

journée: 

• 

» 

Il “03  8 

706.2 

» 

De  Tisint  à  Tazenaklit. 

6 

S“23  M 

<>84 

906 

pur. 

0 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


444 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

HAUTEURS 

ai 

H 

Ë> 

O1 

5 

H 

va 

o 

r-i 

tf 

K 

K 

E-i 

CIEL. 

NUAGES. 

De  Tisint  à  Tazenakht  (suite). 

fi  Avril  1884 

6h 

M 

679.3 

954™ 

» 

» 

ll»33ra 

675.8 

1.007 

» 

« 

11 '>45 

668.7 

1.090 

» 

« 

d2h 

s 

670 

1.079 

pur. 

0 

« 

- 

2h 

636.3 

1.511 

» 

» 

3h10 

619 

1 .755 

» 

» 

4h 

622 

1.715 

« 

» 

4"52 

606 

1.935 

» 

» 

5"25 

618.7 

1.759 

» 

» 

0"30 

615 

1.814 

» 

. 

7h 

612 

1 . 857 

pur. 

0 

« 

7 

7 '>05 

M 

611. 2 

» 

» 

» 

8M0 

598 

2.059 

» 

» 

!)h07 

614 

1.835 

» 

0125 

616.5 

1.797 

• 

41“ 

J» 

pur. 

2 

» 

5» 

s 

» 

pur. 

i 

S 

8" 

M 

615.8 

» 

pur. 

0 

* 

» 

8h45 

ti"21.5 

1.725 

» 

9"12 

621.6 

1.715 

» 

10"15 

623.9 

1.685 

« 

11  "37 

628.8 

1 .618 

* 

12"30 

s 

632 

1 .577 

» 

» 

1" 

632 

1.577 

« 

» 

2"37 

635 

1.537 

» 

» 

3"48 

636.3 

1.511 

Tazenakht  (1er  étage). 

4"20 

638 

1.502 

pur. 

2 

» 

9 

n  uit. 

» 

9°3 

Min. 

» 

« 

7" 

M 

636.5 

» 

14" 

pur. 

9 

•• 

» 

1" 

s 

635.7 

» 

23°5 

pur. 

7 

• 

• 

5h 

635.3 

» 

20°5 

pur. 

0 

• 

10 

nuit. 

» 

6"7 

Min. 

»  * 

» 

7h 

M 

637.6 

» 

9°7 

très  pur. 

2 

» 

» 

i" 

s 

637 . 4 

» 

23"7 

assez  pur. 

7 

» 

» 

5" 

637.3 

» 

20"7 

léger1  nébuleux. 

9 

» 

11 

nuit. 

» 

8"6 

Min. 

» 

» 

7  h 

M 

637.7 

» 

ll"5 

nébuleux. 

7 

» 

« 

i" 

s 

636.3 

» 

2  i°4 

très  nébuleux. 

6 

• 

« 

5" 

635 . 5 

»> 

20°7 

très  nébuleux. 

5 

» 

1-2 

nuit. 

« 

8"8 

Min. 

« 

» 

7  h 

S1 

633.8 

n 

1 1°4 

pur. 

0 

. 

» 

lh 

s 

632.7 

n 

17°6 

pur. 

i 

• 

« 

5  h 

632.9 

» 

12"7 

pur. 

i 

« 

13 

7  u 

M 

631.7 

» 

0° 

pur. 

0 

• 

» 

1» 

s 

636 

» 

pu  r. 

0 

De  Tazenakht  à  Tamnougalt. 

» 

2>'52 

639.3 

1 . 410 

» 

» 

3h44 

636 . 4 

1 . 455 

» 

n 

4h0S 

631 

1.538 

» 

» 

4"3S 

628 

1.586 

. 

» 

5"03 

635 . 3 

1.484 

» 

» 

5"30 

630.4 

1.556 

» 

» 

fih18 

630.7 

1 . 552 

pur. 

0 

» 

14 

2"02 

M 

622.8 

1 .696 

. 

» 

5"48 

610.6 

1.872 

• 

» 

6"38 

622 

1.725 

• 

» 

fi"43 

621 

1.738 

• 

» 

8"20 

660.8 

1.208 

• 

* 

Tl" 

. 

pur. 

" 

» 

f»1* 

s 

661 

» 

16°7 

très  pur. 

« 

15 

7  h 

M 

660.4 

- 

pur. 

» 

" 

8"  10 

661.3 

> 

OBSERVATIONS. 


Cite. 


Takdiclit. 

Id. 

Id. 

Id. 


Tesaouant. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 


OBSERVATIONS  METEOROLOGIQUES  FAITES  AU  MAROC  EN  1883-188*. 


440 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

c/5 

w 

03  e„ 

Ph  ~ 

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H  S 

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W  05 

l-H  B 

B 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

De  Tazenaklit  à  Tamnougalt 

15  Avril  1884 

9"07ra  M 

G63.2 

1.169™ 

(suite). 

» 

» 

11  "38 

070.3 

1.080 

» 

* 

12M0  S 

07 1 .5 

1.008 

» 

» 

1"01 

673 

1.055 

très  pur. 

0 

» 

» 

673.9 

1.043 

Tamnougalt  (rr  étage). 

. 

2"  40 

671. 8 

1.079 

» 

» 

6h 

671.6 

» 

19°2 

très  pur. 

0 

» 

16 

71'  M 

671.6 

« 

12°3 

pur. 

0 

« 

» 

G»  S 

G70.8 

B 

18"7 

pur. 

3 

» 

17 

lh  S 

G70 

B 

22°5 

assez  pur. 

5 

. 

» 

5" 

G70.3 

B 

17*5 

assez  pur. 

6 

* 

18 

10"  M 

» 

très  pur. 

0 

» 

* 

3»  S 

672 

» 

19" 

très  pur. 

0 

» 

19 

G'1  M 

673 

» 

10° 

pur. 

0 

» 

» 

1"  S 

672.8 

» 

27° 

très  pur. 

0 

. 

» 

5h 

672. 3 

» 

23" 

très  pur. 

0 

» 

20 

7"  M 

675 

» 

13" 

assez  pur. 

0 

De  Tamnougalt  au  Todra. 

» 

1"57  S 

675.5 

1 .050 

» 

» 

4"25 

677.2 

1.023 

» 

» 

4"48 

675.7 

1.041 

pur. 

0 

Tirremt  Ali  d  Ait  El  Hasen. 

• 

21 

5"15  M 

075.7 

* 

pur. 

0 

Id. 

» 

5"35 

677.6 

1.019 

» 

B 

6"33 

670.3 

1 . 130 

B 

7  "08 

668 

1.174 

» 

9"55 

621 

1.794 

B 

10"40 

618 

1.835 

» 

11  "20 

605 . 5 

2.002 

» 

12"0G  S 

608 

1.974 

B 

■12"30 

000.4 

1.946 

1" 

603 

2.045 

assez  pur. 

5 

B 

1  "40 

597 

2.137 

„ 

3"07 

592.4 

2.179 

Gîte. 

H 

B 

5" 

B 

nébuleux. 

10 

ld. 

B 

7" 

assez  pur. 

0 

ld. 

G"  M 

591.5 

B 

très  pur. 

0 

ld. 

„ 

7"15 

592.1 

» 

Id. 

B 

8h18 

584.3 

2.280 

„ 

10M3 

620 

1.780 

B 

10"24 

617.5 

1.814 

» 

10"31 

621 

1.772 

B 

10".‘ 12 

618 

1.814 

B 

H" 

620 

1.786 

B 

H  "09 

618.5 

1.800 

D 

11"31 

627 

1.600 

u 

» 

12"04  S 

620.5 

1.772 

très  pur. 

0 

» 

12"17 

624.1 

1.731 

. 

1"1S 

618.9 

1 .800 

. 

1"33 

021.2 

1.772 

B 

1"38 

619.1 

1.798 

B 

3"0ü 

627.4 

1  .(>77 

B 

3"31 

•  632 

1 .623 

• 

3"47 

632 

1.623 

• 

4"47 

636.7 

1 .532 

très  pur. 

0 

Timichcha. 

23 

G"  M 

638.4 

B 

très  pur. 

0 

ld. 

B 

9"30 

635.3 

1 .558 

• 

H  "57 

032.5 

1.616 

Tiilit. 

» 

1"  S 

» 

assez  pur. 

Id. 

» 

fl" 

• 

assez  pur. 

10 

ld. 

24 

nuit. 

» 

5°4  Min. 

ld. 

r 

0"  M 

620.7 

» 

7" 

assez  pur. 

1 

Id. 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


440 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

a; 

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ALTITUDES. 

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H 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

UoTamnnugalt.au  Todra  (suite). 

24  Avril  1884 

8h33m  M 

629.9 

1 .616"' 

Tiilit. 

» 

» 

9"  40 

629 

1.030 

” 

■ 

12h20  S 

624.9 

1.685 

1 

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623.0 

1 .093 

pur. 

0 

Ait  Iidlr. 

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5h 

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pur. 

0 

Id. 

4"50  M 

624.0 

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Id. 

** 

» 

4"58 

620.2 

1.750 

* 

• 

6"26 

625.7 

1.080 

pur. 

0 

» 

* 

7h.-»r> 

632 

1.612 

» 

• 

8"35 

034.3 

1.581 

• 

» 

10"20 

637.8 

1.526 

- 

» 

IM 

&Î8.4 

1 .517 

» 

12"30  S 

638 

1.522 

pur. 

0 

■ 

■ 

1"07 

641 

1 . 483 

» 

» 

3"53 

643.6 

1 . 476 

Todra  (Taourirt;  lor  étage). 

< 

4"28 

641 

1 . 466 

très  pur. 

0 

toute  la 

» 

26 

» 

très  pur. 

0 

journée. 

toute  la 

» 

27 

» 

très  pur. 

0 

journée. 

8 

28 

6"  m 

048.3 

» 

très  pur. 

0 

» 

» 

l"  s 

p 

pur. 

8 

» 

3"20 

644.3 

p 

Du  Todra  au  Tiallalin. 

» 

6h47 

632.8 

1 . 427 

pur. 

4 

Tadafals. 

p 

29 

6"15  M 

652.2 

» 

Id. 

» 

« 

6"40 

654.3 

1.389 

» 

» 

7  h  22 

655.8 

1.375 

» 

» 

9h 

657.3 

1.349 

■ 

» 

H  MS 

663.6 

1.271 

" 

■ 

1  "27  S 

665.7 

1 .239 

très  pur. 

0 

Asrir. 

» 

« 

6h 

» 

très  pur. 

0 

Id. 

, 

30 

6"  M 

669 

» 

très  pur. 

0 

Id. 

» 

7h55 

009.3 

p 

Id. 

» 

» 

8"S9 

669.8 

1.220 

» 

« 

10"53 

668 

1.252 

» 

» 

1  "37  8 

667.9 

1  .249 

très  pur. 

0 

Gel  mi  ma. 

» 

6" 

. 

très  pur. 

0 

Id. 

» 

1  Mm 

4"  10  M 

070 

p 

pur. 

0 

Id. 

" 

« 

4"  19 

670.7 

1.236 

» 

« 

4"S7 

071.7 

1 .222 

• 

» 

6"08 

672 

1.219 

» 

6"SS 

670.7 

1.230 

• 

7"3S 

663 

1.339 

• 

9  »i  25 

667 

1.288 

» 

» 

10"S0 

669.7 

1.249 

» 

» 

11  "23 

670.8 

1.230 

» 

12"  10  S 

670.6 

1.238 

■ 

* 

1  "30 

603 

1.314 

pur. 

2 

» 

•* 

2h21 

667 

1.288 

» 

» 

3h58 

666.9 

1.265 

» 

• 

4"20 

666.8 

1.260 

Qçar  es  Souq. 

» 

• 

5h 

P 

léger*  nébuleux. 

10 

Id. 

" 

2 

0"4S  M 

669.6 

P 

Id. 

* 

> 

7  "33 

670 

1.255 

Pluie  fine  de  6"  à  7"  M. 

» 

- 

8"33 

668.8 

1 .273 

■ 

• 

10"0S 

642 

1.629 

» 

» 

1  "4S  S 

660.5 

1.377 

» 

3"20 

657 . 4 

1.416 

Tiallalin  (Qçîba  el  Ilioud). 

5"0S 

653.8 

1 . 469 

assez  pur. 

4 

toute  la 

p 

10 

Pluie  violente. 

journée. 

OBSERVATIONS  METEOROLOGIQUES  FAITES  AU  MAROC  EN  1883-1881. 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

ALTITUDES. 

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H 

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«  £ 

P  S 

a  ^ 

P  O 

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M  « 

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H 

H 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

toute 

Tillalin  (Qçîba  cl  llioud)  (suite). 

i  Mai  1881 

la  nuit. 

1 . 409m 

10 

Pluie  violente. 

» 

jusqu’à 

10 

Pluie  violente  ;  elle  s’arrête  à  4“. 

4“  S 

» 

» 

4“  S 

» 

nébuleux. 

10 

» 

< 

5h 

V 

assez  nébuleux. 

5 

» 

5 

5“30'“  M 

630.3 

» 

très  pur. 

0 

buTiallalin  àQçàbi  ecli  CheuiTa. 

* 

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1 .  468 

» 

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645 

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1“15  S 

635 

1.694 

très  pur. 

0 

• 

» 

4  “36 

6-28.8 

1.762 

• 

» 

2“S5 

632.-2 

1 .707 

* 

* 

3“30 

630.5 

1 .735 

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» 

4“  10 

6-28 

1 .775 

* 

• 

4“40 

6-25.5 

1.801 

très  pur. 

0 

Nczala. 

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4“30  M 

6-27 

» 

très  pur. 

0 

kl. 

• 

* 

6“  13 

6-2-2. 1 

1.870 

■ 

• 

8“28 

607.6 

2.067 

• 

» 

8“47 

603.8 

2.425 

■ 

■ 

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608.5 

2.053 

» 

» 

9“15 

600 

2.182 

» 

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617 

1.940 

» 

» 

10“  40 

630.5 

4.740 

» 

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1-2  “(H  S 

644.8 

1.542 

très  pur 

0 

- 

» 

12“0G 

647 

1.515 

« 

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12“50 

652.6 

1.423 

• 

» 

-2“37 

650.6 

1.435 

»  . 

» 

3“38 

663.5 

1.260 

» 

» 

3“47 

667.6 

1.208 

Qyàbi  ecli  Clicurfa  (Qaçba  el 

> 

4“ 

667.8 

1.211 

Makhzen). 

» 

0“ 

» 

très  pur. 

0 

7 

7“  M 

671 

» 

très  pur. 

0 

• 

4“  S 

660.7 

très  pur. 

0 

- 

3“ 

669.5 

» 

très  pur. 

0 

8 

5“  M 

072 

B 

très  pur. 

0 

» 

» 

3“50 

672 

« 

bc  Qçàbi  ech  Clicurfa  à  Debdou. 

■ 

6“03 

672.7 

1.199 

» 

6“40 

671.7 

1.211 

» 

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675 

1.180 

» 

ghgg 

675.4 

1.181 

» 

14  “05 

677.5 

1.134 

- 

12“15  S 

07-2.5 

1.199 

» 

12“57 

674.4 

1.173 

pur. 

3 

. 

4  “37 

67  4 . 7 

1 . 169 

» 

3“04 

670.5 

1 . 109 

. 

3“33 

670.1 

1 . 1 14 

. 

3“38 

681 . 1 

1.089 

B 

» 

4“33 

070.7 

1.106 

assez  pur. 

0 

Misour  (itou  Kenzt).  Quelques 

B 

7“25 

683 

1.070 

1  gouttes  de  pluie  entre  5“  1/2 

et  6“  S. 

B 

9 

4“35  M 

683 

» 

Même  lieu. 

B 

5“47 

684 

1.058 

très  pur. 

0 

» 

7  "45 

684 

1.058 

B 

8“47 

085.9 

1.033 

40“30 

688 

1 .008 

4  1  “  1 5 

680 

005 

l-2“03  S 

600 

082 

très  pur. 

0 

1-2“  10 

<588  7 

005 

12“40 

688.2 

1.001 

3“40 

680 . 5 

1.010 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


'i  *8 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQUES. 

— - - - - 

ALTITUDES. 

- - - - - 1 

HAUTEURS 

THERMOMÉTRIQÜES. 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

De  Qçâbi  ech  Cheurl'a  à  Del> 

9  Mai  1 88  4 

5h10nl  S 

087 . 4 

989™ 

très  pur. 

0 

Oulat  Oulad  cl  Hadj  (El  Mollah). 

dou  (suite). 

» 

iU 

7"  M 

689 

» 

très  pur. 

0 

Id. 

» 

» 

lu  S 

» 

pur. 

3 

Id. 

« 

» 

6h 

>, 

assez  pur. 

8 

Id. 

• 

» 

7  h 

» 

pur. 

0 

Id. 

» 

11 

6"  M 

687.2 

» 

pur. 

0 

Id. 

» 

» 

1»  S 

» 

pur. 

4 

Id. 

* 

» 

5“ 

» 

pur. 

5 

Id. 

** 

1-2 

3h58  M 

080 

» 

Id. 

■ 

> 

4"48 

680.7 

938 

» 

5"33 

602.3 

901 

pur. 

0 

» 

S"54 

603.8 

888 

7h15 

089.8 

939 

» 

* 

8"25 

089.2 

947 

9"37 

689.2 

947 

" 

Il  "23 

083 

1 .026 

* 

1  S 

082.3 

1.033 

• 

1"12 

083.4 

1.021 

pur. 

4 

» 

,, 

3"08 

684.8 

1.001 

» 

4"04 

688 

903 

» 

5"05 

608 

838 

assez  nébuleux. 

10 

Gîte. 

» 

13 

4"S5  M 

693 

878 

» 

5"43 

090.0 

903 

* 

* 

6"02 

678 

1.067 

nébuleux. 

4 

• 

» 

11  "43 

044.7 

1.490 

» 

» 

12"  S 

040 

1.566 

„ 

, 

1"23 

1 . 439 

nébuleux. 

10 

Une  pluie  line  tombe  depuis 

midi. 

3"03 

633.5 

1 .618 

De  midi  à  3"30  S,  pluie  fine 

avec  courtes  interruptions. 

» 

’ 

3"13 

079.7 

1 .010 

- 

„ 

S"20 

678 

1 .060 

nébuleux. 

10 

Oulad  Ben  el  Houl. 

” 

11 

G"  12  M 

678 

» 

kl. 

» 

G"30 

677 

1 .080 

nébuleux. 

8 

» 

8"30 

637 

1.608 

Pluie  légère  de  8"  à  0"  M. 

» 

<J"28 

670.3 

1 . 137 

Debdou  (rez-de-chaussée). 

10" 

074.7 

1.131 

» 

» 

1"  S 

nébuleux. 

8 

" 

» 

5“ 

» 

assez  nébuleux. 

5 

» 

15 

7"  M 

074.3 

» 

nébuleux. 

40 

Température  de  la  source 

principale  de  Debdou  :  13"3. 

„ 

1"  S 

10 

La  pluie  commence  à  8"  M  el 

dure  toute  la  journée. 

!  ” 

0“ 

10 

La  pluie  continue  toute  la  soirée 

• 

10 

7"  M 

672.3 

nébuleux. 

10 

Pluie. 

„ 

1"  S 

10 

Depuis  le  matin,  il  lombe  de 

fréquentes  averses. 

i 

La  pluie  continue  loule  la 

* 

6h 

» 

10 

journée  avec  des  inlerrup- 

lions. 

” 

17 

7"  M 

• 

nébuleux. 

10  I 

Quelques  gouttes  de  pluie. 

1"  S 

nébuleux. 

8  \ 

Une  ou  deux  courtes  averses 

j 

pendant  la  matinée. 

” 

oh 

» 

nébuleux. 

6 

,  » 

18 

7  "30  M 

070.9 

» 

assez  nébuleux. 

4 

De  Debdou  à  Oudjda. 

8  "33 

081.2 

994 

» 

» 

10"02 

092.5 

803 

» 

11  "08 

693.9 

842 

» 

• 

1"03  S 

700.4 

755 

pur. 

2 

"  1 

2"  10 

705 

707 

OBSERVATIONS  MÉTÉOROLOGIQUES  FAITES  AU  MAROC  EN  1883-188-4. 


44!) 


NOMS  DES  LIEUX. 

DATES. 

HEURES. 

HAUTEURS 

BAROMÉTRIQÜB8. 

ALTITUDES. 

03* 

a 

en  Ç, 

Ch  « 

§  1 

g  O 

W  g 

CIEL. 

NUAGES. 

OBSERVATIONS. 

De  Debüou  à  Oudjda  (suite). 

18  Mai  1884 

3"33m  s 

703.5 

710"' 

» 

» 

3".'i  1 

710 

043 

» 

4ll50 

720 

324 

» 

» 

5h31 

721  .H 

500 

■ 

» 

5"S0 

721 

512 

• 

. 

5"35 

724 

470 

» 

» 

(>"03 

723 

495 

lissez  pur. 

3 

Tanin  irt. 

« 

10 

3»  M 

724.3 

8 

assez  nébuleux. 

10 

Id. 

- 

G1' 

720.  H 

515 

» 

» 

t 11 13  S 

723.2 

404 

• 

» 

1  "30 

7111 

525 

» 

3  "03 

70G 

083 

» 

« 

3"5l 

703 

720 

» 

*»h22 

704 

70.8 

* 

3"2<i 

702 

732 

nébuleux. 

10 

bile. 

- 

-20 

3"  13  M 

701 .3 

» 

Id.  De  (>"  S  à  3"  si  pluie  line. 

» 

li'MO 

099.9 

745 

nébuleux. 

m 

- 

« 

7 11 VI» 

G92.2 

832 

. 

a 

Il  "13 

703.7 

090 

• 

8 

n"32 

098 

744 

Qai.ha  cl  Aïoun. 

- 

. 

1"  s 

n 

nébuleux. 

10 

Id. 

» 

. 

;-h 

» 

nébuleux. 

10 

Id. 

Même  lieu.  Il  a  plu  a  torrents 

" 

-21 

il  u  il. 

» 

durant  toute  la  nuit,  de- 

puis  B1'  8. 

G'*  .M 

095 

'  Mémo  lieu.  Il  pleut  avec  vio- 

lence. 

1  "  S 

090 

^  Même  lieu,  il  pleut  avec  force 

!  depuis  le  malin. 

7" 

097 

nébuleux. 

10 

.Même  lieu.  La  pluie  a  cessé 

a  l>"  S. 

22 

ti"27  SI 

700.0 

8 

Même  lieu. 

» 

7"33 

702.2 

729 

• 

<J"23 

097 

794 

8 

10"  13 

097 

794 

« 

1 1  "30 

097 

794 

• 

1  "07  8 

093. 4 

831 

nébuleux. 

0 

8 

1  "38 

700 

750 

• 

^li 

703 

719 

» 

2''.'»2 

701.3 

732 

» 

3"  10 

099.8 

759 

Oudjda. 

" 

4"2l 

700 

083 

nébuleux. 

10 

.)  / 


KICCONN  MSSWi:  VI  M\l(Of 


NOTE 


SUR  L  K  S  M  YTÉR1AUX  QUI  OU  SERVI  A  DRESSER  L'ITINÉRAIRE 

DU  VOYAGE. 

Les  matériaux  qui  oui  servi  à  tracer  l'itinéraire  de  mon  voyage  sont  : 

1"  Les  positions  de  Tanger,  d’Agadir  Irir  et  de  Mogador,  données  par  les  cartes  marines;  la  position 
d'Ll  Orar,  déterminée  astronomiquement  par  M  M.  François  et  de  La  Porte  ;  la  position  de  Fàs,  déterminée 
astronomiquement  par  Ali  Bey  et  vérifiée  par  MM.  François  et  de  La  Porte  ;  la  position  d’Oudjda,  fournie 
par  la  carte  de  l'Algérie  dressée  en  France,  en  187(1,  au  Dépôt  de  la  Guerre;  la  longitude  de  Tétouan, 
donnée  par  Tofina. 

2°  Les  points  dont  j’ai  moi-même  déterminé  astronomiquement  les  positions,  savoir  : 

En  latitude  et  en  longitude  :  Zaouïa  Sidi  Reliai,  Tagmout  (Glaoua),  Tikirt,  Tazenakhl,  Agadir  Tisint, 
Tintazart,  Afikourahen ,  Tamnougalt,  Taourirt  (Todra),  Gelmima,  Ocira  el  lhoud  (Tiallalin),  Qaçba  el 
Makhzen  (Qçâbi  ech  Cheurfa).  En  latitude  :  Tétouan,  Tâza,  Mader  Soultân,  Outat  Oulad  el  Hadj.  En 
longitude  :  Sfrou  et  Demnât. 

3°  Mon  cheminement  et  mes  tours  d’horizon  faits  à  la  boussole.  (Tout  mon  itinéraire  a  été  relevé  à 
la  boussole.) 

Sur  deux  points,  je  suis  en  désaccord  avec  les  observations  faites  avant  moi.  Je  n'admets  ni  la  latitude 
de  Tétouan  proposée  par  Tofina,  ni  la  position  de  Tâza  donnée  par  Ali  Bey. 

J’adopte  pour  Tétouan  la  latitude  fournie  par  mes  observations  astronomiques,  latitude  qui  concorde 
avec  mon  levé  à  la  boussole  et  avec  ceux  de  M.  Tissot. 

Pour  Tâza,  la  longitude  déterminée  astronomiquement  par  Ali  Bey  place,  selon  moi,  la  ville  trop  à 
l’est;  elle  la  met  à  une  distance  de  Fàs  qui  me  parait  exagérée  et  inadmissible.  L’erreur  me  sembla  évi¬ 
dente  dès  mon  arrivée  à  Tâza;  j’y  pris  plusieurs  angles  horaires  du  soleil,  dans  l’espoir  de  la  corriger; 
malheureusement,  des  arrêts  du  chronomètre  rendirent  ces  observations  inutiles.  De  retour,  la  construc¬ 
tion  de  mon  itinéraire  montra  que  je  ne  m’étais  pas  trompé  :  Tâza  d’Ali  Bey  était  trop  vers  l’est  ;  jamais, 
placée  ainsi,  je  n’eusse  pu  y  parvenir  dans  le  temps  que  je  mis.  En  relisant  Ali  Bey,  je  vis  que  sa  lon¬ 
gitude  avait  été  observée  dans  des  conditions  peu  favorables,  le  même  jour  qu’une  latitude  où  il  recon¬ 
nut  dans  la  suite  une  erreur  de  2F.  En  outre,  l’erreur  (pie  je  crois  exister  dans  la  longitude  de  Tâza  a 
été  trouvée,  égale  et  de  même  sens,  dans  celle  d’Oudjda,  qu’Ali  Bey  détermina  quelques  jours  plus  lard. 
Je  rejette  donc  cette  longitude  et  j’adopte  provisoirement  celle  que  fournit  mon  levé. 

Ali  Bey  détermina  aussi  la  latitude  de  Tâza.  11  y  fit,  à  peu  de  distance,  deux  observations  qui  présen¬ 
tent  un  écart  de  2F.  Cette  différence  jette  des  doutes  sur  leur  exactitude.  J'ai  pris  à  Tâza  plusieurs 
hauteurs  de  l’étoile  polaire;  les  résultats  qu’elles  ont  fournis  concordent  entre  eux  et  avec  mon  itinéraire 
à  la  boussole.  J’adopte  comme  latitude  celle  qui  ressort  de  mes  observations  astronomiques. 


INDEX 


DES  NOMS  GÉOGRAPHIQUES 


CONTENUS 


DANS  LE  VOLUME  ET  DANS 


L’ATLAS. 


Aachoun.  278. 

A  ban.  324. 

Abernous.  288.  290. 

Achahod.  277. 

Achakski.  320. 

Achil  Sidi  Bou  labia.  274. 

Achlach. 

Achoul  Sidi  Bou  Iaqob.  359. 

Adaha.  278. 

Aderbaz.  291. 

Aderdour  (Ida  ou  Gemmed).  330.  332.  .333. 

402.  ! 

(Ilalen). 

(Imadiden).  329. 

Adis  (kbeneg).  143.  143.  147.  158.  310.311. 
(qçar).  128.  143.  144.  143.  310.  311. 

320.  338.  133. 

Admcr.  243.  373.  370.  384. 

Adnan.  199.  200. 

Adouz  (Ait  Ououlouz).  330. 

(Houara). 

(Ouneïn).  335.  3.37.  402. 

Adrar  (oasis du  Saliel  méridional).  154.  150. 

340. 

Adrar  n  Deren.  9.3.  90.  98.  323. 

n  Iri.  82.  83.  84. 

Adreg.  108.  281.  284. 

Adres.  304. 

Adrer.  320. 

Afanour.  353. 

Afclilou.  370. 

Afella  n  Asif  Vit  Ouarrda).  281 . 
n  Asif  (Mezgita).  287. 
n  Dra.  211.  280.  284.  287. 


Cartes. 


7.  8 

13. 

14. 


11.  12. 


III. 

10. 

10. 

12. 


s. 


10. 


A 


■  |  Carte 

Afella  I fri  (désert).  277. 

Isli.  278.  402. 

\fikouraben.  120.  179.  180.  181.  185.  340. 

341.  411.  412.  415.  437.  438.  439.  450. J  II.  12 
Afra  (Ilalen).  180.  340.  11.  12 

(Mezgita).  21 1 . 

(Tatta).  144.  145.  309.  310.  311.  338. 
Fouqania.  144.  309. 

Oulad  es  Soultàn.  291.  292. 

Aftis.  ;  17. 

Agadir  n  Abbou.  332. 

Afra.  309. 

Ait  llaseïn.  331. 

Ait  Teççaout.  337. 

Aqqa  Iren.  200. 
el  Bour.  331*. 

Djedid.  328. 
el  llena.  309. 

Iberqaqen  Fouqani.  178.314.  |  11. 

Iberqaqen  Tabtani.  31 4.  !  II. 

n  Iblaz.  330.  334. 

Ida  ou  Ska.  j  11. 


Irir.  22.  28.  99.  100.  120.  179.  184. 

185.  293.  339.  340.  401.  450. 
n  Ousekti.  330. 

(  )uzrou.  120.  151 .  313. 
er  Remel.  331 .  .332. 

Sidi  El  Hoseïn.  342.  34.3. 


Tisint.  117. 

120.  121. 

120.  127.  128. 

134. 

137.  158. 

159.  105.  171. 

200. 

201.  202. 

203.  300.  300. 

307. 

310.  .315. 

316.  317.  318. 

320. 

343.  410. 

41 1. 413.  415. 

432.  430. 

417.  143.450 

12.  21 
10. 


9.  21. 


RECONNAISSANCE  AC  MAROC. 


# 


î.y> 


Agadir  Zagmouzen.  A.' 7. 

Agaouz  (Ouad  Tifnout.).  322. 

(Qcar  es  Souq).  331. 

Agdal.  282. 

Agdour  (Aït  Marlif).  279. 

(Ida  ou  Gemmed).  330. 

Kik.  337. 

Agdz  (Mezgîta).  212.  284. 285.  287.  288.  291. 

403. 


(Seketâna).  329. 

Aït  ou  Asrar.  322. 

Igouramen.  322. 

Agedal.  331.  402. 

Agellouz.  310. 

Agelmim.  282. 

Agendi.  325. 

Agent.  300.  304. 

Agerd  (Aït  Ououlouz).  330. 

(Tamanart).  310.  317.  403. 

(zaouïa).  275. 

Aït  Zaïneb.  273. 
n  Oudrer.  320. 
n  Ougadir.  321.  322.  32.3. 
n  Oulili.  306. 

Oumerri.  273. 
n  Ouzrou.  200.  201.  207. 
n  Zarar.  325. 

Agergour.  337. 

Agersaf.  335. 

Agersif.  308.  309.  372.  370.  379.  385.  390. 

391. 

Agerzaggen.  309.  31 0. 

Agilan.  277. 

Aginan  (district).  305.  300.  320. 

(Aït  Zaïneb). 

Agjgal.  311.  320. 

Aglagal  (Ouad  Aoullous).  320.  330. 

(Tattak  311. 

Aglou.  344.  345. 

Agmour.  304. 

Agna. 

Agni  (Fezouata).  293. 

(Id  ou  Illoun).  320. 

(Ouad  Agni).  114.  115.  127.  199.304 
(col).  100.  1 14.  1 15.  110.  202.  282.  304 
n  Fad.  333.  334. 

Agoubalou.  345. 

Agoudal.  329. 

Agouidir.  300.  309. 

Agoundis.  323.  338. 

Agouti.  275. 

Agred.  302. 

Agroud.  ,301 . 

Agrour.  292. 

Abel  Debdou.  249.  375. 

Ed  Doula.  33. 


Cartes. 


9. 


S. 


11. 

9.  21. 
9.  21. 


Abel  Ferkla.  350. 

Kechchachâ  v.  Kechcliaclia. 
El  Mliamid.  302.  304. 
el  Ouad.  33. 

Ouad  Iserki.  276. 

Rechida.  243.  375.  384.  385. 


Refoula.  385. 

Sabeq.  62. 

Sous.  202. 

Tahar.  33. 

Tirnest.  384. 

Zerberrachi.  262. 

Ahouraïn.  261. 

Ahansal.  200.  204.  267. 

Ahouli.  360.  308.  382. 

Aïgou.  310. 

Aïlkemt.  27 1 . 

Aïnach.  295.  304. 

Aït  Abbarioül.  304. 

Abbes.  76.  260.  205.  401. 

Abbou  (Ouad  Dâdes).  271. 

(Seketâna).  329. 

Aha.  350. 

Alla.  277. 

Allioun.  282. 

Anter.  120.  151.  312. 

Aqqo  (Fezouata).  292. 

Aqqo  ou  Ali.  21 1 .  271 . 

Alla  (fraction  des  Beràber).  09. 221 . 223. 

224.  226.  269.  286.  293. 
297.  298.  352.  357.  358. 
301.  362.  303.  304. 
Atta  (district  de  FOuad  Dâdes).  208. 

209.1 

Alla  d  Ainalou.  49.  08.  09.  71.  72.  259. 

200.  200.  401.1 

Attou.  350. 

Azouafid.  346. 

\bd  Allah  (tribu  du  Sahel).  345. 

(Aït  Messat).  264.  205. 

(Aït  Seddràt).  21 1 .  288. 
(llalen).  340.  341. 

(Menâba). 

(Ouad  Iriri).  279. 
ou  Mliind.  334. 
ou  Mimoun.  290.  290. 

A  bd  en  Nour.  202. 

Abd  el  Ouali  (fraction).  262. 

(village). 

Alnl  el  Ouirt.  328. 

Abd  es  Selam.  262. 

Achcha.  355. 

Aïach .  303.  377.  381.  382. 

Aïad.  49.  73.  74.  265.  401. 

Âïcht.  327.  329. 

Aïssa  (Aït  Seddràt).  288. 


0. 


i.i. 


15. 


17. 

7. 


15. 


0.  21. 
17. 


8.  15. 
14. 

14. 


0. 

0. 


I N  U  i:  X  DES  NOMS  OKOCKAI'IIKJI'KS. 


Aït.  Aïssa  i Aït  Zaïneb).  27/.  402. 

Cartes.  I 

S. 

Aït  Bazmad.  334. 

(Menâba).  331.  332. 

Bella.  346. 

(Ouad  Aït  Messat).  260. 

Ben  Ali.  377. 

(Ouad  El  Qabia).  301. 

Mancour.  336. 

(Tiouant).  378. 

Nacer  (Ferkla).  356. 

Hou  llamar.  363.  364.  365. 

Nacer  (Tatta).  310. 

ou  Ali.  365. 

Ouedfel.  384. 

ou  Brahim  (fraction  des  Aït  Atta). 

Saïd.  273. 

292.  205.  363. 

Bihi.  261. 

ou  Brahim  (qçar).  295. 

Blal.  238.  369.  379. 

A  la.  261. 

Bou  Allai.  270. 

Ali  (Aït  b  Ougemmez).  260. 

Achra.  317.  345. 

(Ilalen).  340.  341. 

Amran  (tribu).  342.  344.345. 

(qaçba).  287. 

8. 

Amran  (zaouïa).  216.  270. 

Bou  Mariera.  384. 

Amran  (zaouïa).  270. 

ou  Brahim.  363. 

Bekr  (Aït  Semmeg).  335.  336. 

ou  Haseïn.  289. 

Bekr  (Aït  Seri).  262. 

ou  labia.  270. 

15. 

Bekr  (Dâdes.  Aït  llammou).  270. 

ou  lous.  282.  403. 

Bekr  (Dâdes.  Arba  Mia).  271. 

ou  Iqqo.  347.  348. 

Bekr  (Dâdes.  Arba  Mia).  271. 

ou  Selîman.  263. 

Bekr  (zaouïa).  270. 

Alou  ou  Brahim.  262. 

Daoud  (fraction  des  Aït  Atta).  267. 

ou  El  Ilasen.  262. 

295.  361.  363.  364. 

Alouan.  201.  295.  297.  298.  363. 

Daoud  (Ilalen). 

Amer  (confédération).  91 .  106.  111.  114. 

Daoud  (Tazarin).  364. 

280.  282.  303.  319.  403. 

8.  0.  21 . 

Delai.  268.  269.  274. 

(tribu).  106. 

Fedaïl.  120.  151.  312. 

(fraction  des  Ait  llediddou).  363. 

llioualat.  346. 

(fraction  des  Ilalia).  339. 

13. 

Harazen.  76. 265.  401. 

(qçardesAït  llediddou).  347.  34s. 

Heddou. 270. 

(Tiallalin).  350. 

17. 

labia  (tribu).  167.  305.  306.  320. 

ou  Mancour.  363. 

labia  (Todra).  355. 

Aouda.  349. 

lazza.  334. 

Arbi.  289. 

Iousef.  270. 

Arbi  (qaçba).  288. 

Izzem.  .359. 

Aritan.  355. 

el  Khial.  348. 

Asem.  356. 

Kbtir.  279. 

Atab.  49.  73  .  74.  75.  90.  230.  260.  264. 

Mariera.  384. 

265.  267.  401. 

6.  21. 

Meshaoul.  273. 

b  ou  Iknifen.  267  .  293.  294.  358.  362. 

Mbind.  94.  278. 

363.  364. 

Ouchchaouen.  379.  384. 

b  Ougemmez.  76.  260.  261.  264.  401. 

Oujjan.  355. 

1/  Oulman  (fraction  des  Aït  ou  Allai). 

Oussaouen.  384. 

363. 

Ouzellif.  347.  1448. 

(Aït  Zaïneb).  277. 

8. 

Tahammart.  389. 

(Dâdes).  270. 

15. 

Zid.  49.  69.  71.  72.  73.  74.  90.  260. 

(Todra) .  355. 

16. 

427. 

b  Oumal.  270.  271. 

15. 

Boudder.  154. 

b  Ououlli.  76.  77.  260.  265.  267.  401 . 

Boubou.  317. 345. 

Ba  Haman.  154. 

Brahim  (tribu  du  Sahel).  345. 

Baddou.  85.  86.  278.  402.  429. 

7. 

(fraction  des  Ait  llediddou). 

Bah  a.  355. 

363. 

Baba  ou  Bihi. 

12. 

(fraction  des  Qetaïa).  261. 

Bakhous. 272. 

(Aït  b  Ououlli).  401 . 

Baroukh.  378. 

(Ait  Melrad).  359. 

Barra.  355. 

(Imiter).  358. 

IIEGOXXAISSA.NGE  AL'  .MAIiOG. 


Aït  Brahim  (Semgat).  359. 

(Tiallalin).  350. 

Caïb  ou  Otman.  355. 

Caleh  (subclivis.  des  Béni  Zemmourj 

261 

(Tiallalin).  349.  350.  351.  352 
353.354.  365.  368.  369.  370 
371.  373.  3,74.  3,77.  378 
(Todra).  355. 

<  ’heggout.  346. 

Chergouout.  346. 

<  Ihiama. 

Daoud  (Aït  Abd  el  Ouali).  262. 

(Aït  Ouirra).  262. 

(Imerrân).  274. 
ou  Azzi.  358. 
ou  Bon  Hïa.  263. 
ou  lousef.  263. 

Del  l  ia.  329. 

Djama.  334. 

Djellal.  120.  151.  312. 

Djemel.  346. 

Ersal.  283. 

El  Feqih.  349. 

Fers.  277. 

El  Fersi.  363. 

Genad.  355. 

Gendou.  273. 

Gennoun. 364. 
llani.  358. 

llaroun  (Dàdes).  270.  271. 

Isaffen.  314. 
llachchou.  223.  363. 
el  lladj  El  llasen.  290. 
el  lladj  Saïd.  348. 
llahou.  350. 

Ilamed  (Aït  Bella).  346. 

(Dàdes).  270. 
i Ida  ou  Blal).  154. 

(Ouad  Imgoun).  275. 

(Ounzin).  306. 
ben  Am  ara. 
ou  Soliman,  377.  378. 

Ilamid.  .338. 

Ilammi  (Aït  Seri).  262. 

(Todra).  355. 

llammou  (Dàdes).  269.  270. 

(Oulad  labia  du  Dra).  206. 

207.  284.  285.  304. 
(Tiouant).  378. 

Bel  llasen.  384. 
el  lladj.  348. 
ou  Ali  (Imerrân).  276. 
ou  Ali  (Telouet).  278.  102. 
ou  Fekou.  273. 
ou  labia.  275. 


17. 


14. 


10. 


/. 


s. 


15. 

11. 


17. 


16. 

15. 


i  Aït  llammou  ou  Maneour.  263. 

ou  Saïd  (AïtSeddràt).  288. 289. 
ou  Saïd  (Aït  Seri).  263. 
ou  Saïd  (Ouad  Xezala).  232. 
Harkat.  47. 

Hart.  360. 

Ilarz  Allah.  154. 

El  llaseïn  (Aït  Djemel).  346. 

Llaseïn  (Aït  Tserrouchen).  384. 

El  llaseïn  (Ida  ou  Blal).  154. 

(Dàdes).  270. 

El  llasen  (Aït  Djemel).  346. 

(Aït  labia).  271. 

(Aït  Seri).  262. 
ou  Ali.  355. 
llasen  ou  Daoud, 
el  llazen.  196.  338. 

Hebibi.  262. 

Heddou  (Assaka).  277. 

((  )uad  Béni  Mesri).  365. 
(Seketâna).  329. 
ou  Bel  llasen.  384. 

Hediddou  (fraction  des  Aït  Iafelman). 

232.  347.  348.  358.  363. 
(district).  347.  353. 

lledin.  323. 
llelli.  383. 

Ijeqqou.  350. 

Ilerbil  (ld  Brahim).  317.  345. 

(Tamanart).  316.  317. 

Iloseïn.  128.  144.  .309.  320. 

Iafelman.  220.  276.  347.  .349.  352.  353. 

3.)/.  362.  363.  3/  /.  381 . 384. 

Iahi.  261. 

labia  (tribu).  327.  328.  334.  337.  402. 
(fraction  des  Aït  Iafelman).  353. 

363.  381. 

(Ouad  Dàdes).  215.  216.  268.  269. 

27 1 .  272.  275. 

(Tiallalin).  350. 

(Todra).  355.  358. 
ou  Aïs>sa.  365. 

Ali.  276. 

Khalifa  (Tiallalin).  350. 
Khalifa  (Ziz).  348.  349. 
Otman.  360. 

Iasin  (Aït  Bella).  346. 

(Tatta).  309.  310.  311. 320. 
latin.  365. 

Iaïcb.  259. 
la  la.  355. 

laqob  (Ouad  Zaouïa  Sidi  llamza).  353. 

354. 

(Reris).  360. 
laiioub  (Aït  Seri).  262. 
lazza  (fraction  des  Aït  Al  ta  1.357. 362. 363. 


fartes-. 


S. 


17. 


15. 


16. 

8.  15. 

10.  14.  21. 

6. 


15.  21. 
17. 

16. 


17. 


INDEX  DES  NOMS  CEUDIi AI’IIKJEES. 


Vît  lazza  (fraction  des  Ait  Hediddou).  303. 

Cartes. 

Aït  Kharroub.  348. 

Ichcho.  262. 

Khebbach.  363. 

Iferd.  325.  320. 

Khebbas.  363. 

Igmad.  271 . 

15. 

Kheddou.  262. 

Iidir  (fraction  des  Ait  Seddràt).  286. 

Khelfoun.  288.  266. 

(Dàdes).  217.  218.  216.  205.  270. 

Khelifa.  357.  363. 

275.  301.  362.  304.  440. 

15.  21. 

Khelift.  205. 

liggas,  164.  332.  333.  334. 

14.  21. 

Kliouzoud.  283. 

ljja.  311. 

Kbozman  (qcar).  230.  346.  350. 

Ijjou.  355. 

(mont). 

llloul.  317.  345. 

El  Khrodj.  287. 

llougaïm.  341. 

Leti.  323.  320.  402. 

lmejjat.  310.  317.  342.  345. 

Mafia.  262. 

Imi.  66.  261.  277. 

21. 

Mançour.  305.  306.307. 

Ioub  (fraction  des  Ait  Melrad).  363. 

Maouus.  303. 

(Menàba).  331.  334.  402. 

Mar! if.  279.  280.  284.  326.  402. 

(Semgat).  356. 

El  Mati.  46.  50.  56.  425. 

Ioud.  270. 

15. 

Mazir.  264. 

loudi.  262. 

Mazzen.  401. 

Ioul.  271. 

15. 

Mehelli.  266.  286. 

lous.  334. 

Mejjat.  340. 

lousef  ou  Talil.  280. 

Mekraz.  283. 

loussa.  168. 

Melekt.  288. 

loussi  (tribu).  10.  20.  21 . 38.  36.  02.  10! . 

Melloul  (Ouad  Aït  Tameldou).  324. 

237.  205.  366.  307.  377.  378. 

(Ouad  Igemran).  325. 

381.  382.  383.  387.  401. 

18.  21 . 

Melrad  (fraction  des  Ait  Iafelman).  220. 

(monts).  36.  383. 

4. 

223.  224.  226.  266. 

Iqqo  (Ait  Seri).  262. 

276.  356.  357.  358. 

(Ishil.ien).  272. 

358.  361.  363. 

Irmad  d  Imgoun.  275. 

(district  au-dessus  du  Semgat). 

Irmor  (fraction  des  Ait  Tameldou).  323. 

358. 

(Ouad  Aït  Semgan).  283. 

(district  au-dessous  du  Semgat). 

(Ouad  Tifnout).  321.  326. 

358.  359. 

Isaffen.  313. 

Meraou.  275. 

Isfa  ou  Daoud.  351. 

17. 

Merras.  331. 

Isfoui.  292.  358.  363. 

Merset.  270.  361. 

Isbaq  (fraction  des  Ait  Seddràt).  286. 

Merrar.  275. 

(Aït  Messat).  260.  264.  265. 

Mesaoud  (Aït  Bella).  340. 

(Aït  Seri).  203. 

(Aït  Seri).  262. 

(qçar  de  l’Aït  Seddràt).  388. 

8.  15. 

(Dàdes).  270. 

Ismen.  355. 

(Ouad  lounil).  277. 

Issoumour.  264.  260. 

ou  Ali.  383. 

Izdeg.  227.  228.  232.  230.  237.  241 . 243. 

Mesri  (fraction  des  Ait  Melrad).  303. 

347.  346.  350.  351.  353.  354.  303. 

(Ait  Tameldou).  324. 

304.  300.  369.  373.  .370.  381. 382. 

(Zenàga).  282.  283.336.  403. 

385. 

17. 

Messat.  66.  76.  256.  260.  264.  265.  206. 

Jellal  (tribu).  60.  132.  144.  150.  162. 

267 . 

170.  172.  163.  169.  308.  306. 

Mezal.  340.  341 . 

311.  316.  338. 

10.  21. 

Mezber.  270. 

(El  Qcàbi.  T  al  ta).  331 . 

Mhammed  (Aït  Melrad).  303. 

Jerrar.  345. 

i  fraction  des  Aït  Seri) . 

Kasi  ou  Ali.  270. 

15. 

(village  des  Aït  Seri).  262. 

Kedif.  280.  402. 

263. 

Kerkaït.  261. 

(Ida  ou  Blal).  154. 

Kctto.  360. 

Mimoun. 

Kratikhsen.  363. 

El  Miskin.  350. 

MECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


ï56 


Aït  Moha  ou  Ali.  351. 

Mohammed  (Aït  Messat).  ‘2li4.  207 . 

(Imiter).  358.  15. 

(Ouad  Béni  Mesri).  305. 

(Todra).  223.  355.  357.  358. 

359.  10. 

(zaouïa)  v.  Cheurfa. 

Mouch.  300. 

Moult  ou  Iahia.  300. 

Moulei  Hamed.  221.358. 

Mohammed.  351.  J  17. 

Mouloud.  48.  49.  425.  5. 

Mousa.  261. 


Mousa  el  Hadj.  14. 

ou  Ali  (Aït  Djemel).  340. 
ou  Ali  (district  du  Ziz).  348. 
ou  Daoud  (Id  Brahim).  317.  345. 
ou  Daoud  (Ouad  Imgoun).  274. 
Mousi.  154. 


Mrabet.  301. 
Msount.  323. 
Nbdaz.  279. 


Omar.  46.  48.  425. 

Otman  (tribu).  327.  328.  329.  336.402.! 


(Aït  Zeri).  290.  303.  304. 


(El  Kheneg). 348.  349. 

351 . 354. 

363.  365.  368. 

369.  373. 

374. 

377.  378. 

ou  Mousa.  376.  377. 403. 

Addar.  271 . 

Adrim.  341. 

Afella  (tribu).  236.  237. 

241.  366. 

372.  373. 

376.  381. 

382. 

Afella  (qçar).  376.  382. 

Ahman  (Adis).  143.  310. 

Ahman  (Imerrân).  274. 

Akeddir.  74.  75.  260.  400.  401.  427. 

428. 

Alil.  350.  353.  354.  365. 

368.  370. 

371.  377. 

Allai  (Aït  Atta).  267.  363.  1 

364. 

(Dâdes).  269.  270. 


(Ouad  Msount).  323. 
A  lion.  353.  354. 

Alman.  327. 

Amoumen.  323. 

An  sera.  282. 

Aoudanous.  7<s. 

Azzou.  262. 


u. 


17.  21. 
15. 


17.  18. 


10. 


6. 


17. 

15. 


/ . 


llamidi.  106.  301. 

Iahian.  378. 

Innou.  350. 

Iran  (Aït  ou  Mribet).  152.  315. 

(Tisint).  120.  121.  128.315.  320.  9. 
Isaden.  350. 


Curtep. 

Aït  ou  Mribet.  91.  92.  135.  136.  17)0.  151. 

152.  154.  167.  168.  172.  297. 

298.  299.  313.  315.  316.  317. 

320.344.  10.21. 

Zgid.  279. 

Ez  Zin.  270.  403.  15. 

Ouadaï.  317.  345. 

Ouagrou.  313.  314. 

Ouaham.  260.  261.  267. 

Ouahi  (Semgat).  359. 

Ouahou  (Ouad  Amzarou) .  325. 

Ouartasa.  325.  402. 


Ouarrda.  281.  282.  336. 
Ouasaou  (désert).  332.. 

(Ida  ou  Gemmed).  330. 


Ouassou.  340. 

Ouazerf.  347. 

Oubial.  106.  282.  327.  328.  336.  402. 
Oudinar.  289. 

Ouffi.  289. 

Ougoudid.  264. 

Ougrar.  263. 

Ougzi.  288.  289. 


Ouirra.  66.  262.  263. 

Oujana.  154. 

Oujjin. 

Oulrass.  341.  342. 

Oumazir.  277. 

Oumbarek.  330.  331.  402. 
Oumendil.  314.  315. 

Ounbegi.  153.  363. 

Ounir  (fraction  des  Aït  Atta).  361. 
(Dâdes).  269.  270. 


6.  21. 
8.  15. 


363. 


Ououlouz.  330.  333.  334. 
Ouriad.  260.  401. 
Ourjedal.  222.  355.  403. 
Oureld.  321. 

Ousaden.  262. 

Ousakki.  262. 

O  usai.  355. 

Oussihi.  296. 

Outfaou.  276. 

Ouzana.  355. 

Ouzanif.  106. 

Ouzarar.  325. 

Qaïd  El  Amer.  287. 

El  Qati.  355. 

Qedni.  324. 

Qlaa.  275. 

Er  Kami.  27 1 . 

Ileba  (Qtaoua).  294. 
Kehou  (Tinzoulin).  290. 
Er  Iiiban.  359. 

Er  Riili.  271 . 

Iloba  (Glaoua).  83. 

Kohou  (Imadiden).  329. 


8.  15. 
16. 


15. 

7. 


INDEX  DES  NOMS  GEOGRAPHIQUES. 


457 


Ait  Rohou  (Seketàna  proprement  dits).  329. 
Rouba.  259.  262. 

El  Rouadi.  66. 

Sakt  (fraction  des  Ait  Seddràt).  289. 

(qçar  de  l’Aït  Seddràt).  288. 

Saoun  (Ouad  Dàdes).  269. 

(près  du  Mezgita).  284. 

Sad.  327. 

Saïd  (fraction  des  Ait  Seri).  66.  263. 
(Ait  Tserrouchen).  384. 

(Chtouka).  182. 

(Tazarin).  364. 

(Ziz).  348. 

(village  des  Ait  Seri).  60.  66.  426. 
ou  El  Hasen.  384. 
ou  Heddou. 348. 

Seddràt  (tribu).  24.  90.  92.  136.  164. 

165.  211.  213.  214.  215. 
216.  269.  286.  289.  293. 
(district  du  Dra).  22.  210.  214. 

216.  285.  286.  288. 
289.  292.  403. 
(district  de  l'O.  Dàdes). 268. 269. 
Segmounni.  355. 

Seliman  (tribu).  106.  326. 

(Dàdes).  270. 

(Ida  ou  Gemmed).  330. 
(Semgat).  359. 

Semgan  (district).  106.  283. 

(qçar).  284.  285.  295. 

Semmeg  (tribu.  O'1  Ait  Seinmeg).  140. 

196.  319.  327.  328.  329. 

334.  335. 

(tribu.  0,lel  Aindad).  334. 335. 

402. 

Senan.  355. 

Seri  (tribu).  21.  49.  52.  59.  65.  66.  69. 

259.  262.  263.  264.  363.  400. 
(village  des  Ait  Atab). 

Sidi  Abd  en  Nebi.  297.  298. 

Aïssa.  277. 

Ali  (Reris).  360. 

(Tisint).  320. 
ou  Brahim.  47. 
ou  Haseïn.  260. 

Amer  (Reris).  360. 

(Reris).  .360. 

El  Bordad.  270. 

El  Houari.  356. 

El  iïoseïn(Tatta).  128.144.  309. 320. 
(Zenâga).  v.  Sidi  El  llo- 
seïn. 

Mhind.  320. 

Mohammed  ou  Iousef.  359. 
Mouloud  (Dàdes).  271. 

(Mezgita).  287. 

HIÏCONNUSSVNr.G  VU  MVROf.. 


Ait  Sidi  Msad.  364. 

ou  Brahim.  355. 

Sin.  327.  328.  402. 

Sin  d  Ait  Otman.  327. 

Skri.  321 .  ' 

Slillo.  270. 

Smaïn.  262. 

Tagdourt.  279. 

Tagella.  401 . 

Taggant.  401 . 

Tagmout.  312. 

Taltmanart.  270. 

Tameldou.  279.  321.  322.  323.  324.  325. 

326.  327.  336.  402. 

Tamzout.  260. 

Tarat. 

Tasouseklit.  175.  313.  314. 

Tazarin.  271. 

Tedrarin.  346. 

Tedrart.  96.  282.  326.  336.  402. 

Temouted.  269.  270. 

Tiferrahin.  377. 

Tigdi  Oucbchen.  105.  106.281.283.303. 
Tigga.  283. 

Tikkert.  349. 

Tizert.  313.  314. 

Tots. 

Touaïa.  95.  106.  279.  280.  402. 

Touf  el  Azz.  340.  341. 

Toufaout.  340.  341 . 

Tougda.  325.  402. 

Toumert.  274. 

Touràst.  377. 

Tsegrouchen.  v.  Ait  Tserrouchen. 
Tserrouchen.  21.  369.  373.  377.  381. 

382.  383.  384.  387.  390. 
Taleb.  301.  304. 

Zaïa.  350. 

Zaïneb.  81.  92.  93.  95.  106.  107.  110. 

176.  277.  278.  279.  280.  327.  402. 

Zakri  (Todra).355. 

Zanet.  273. 

Zebbour.  348. 

Zemroui.  223.  363. 

Zeri.  210.  285.  286.  288.  289.  290.  292. 

303.  403. 

Zerrouq.  276. 

Zilal.  355. 

Zkri  (ld  Brahim).  317.  345. 

Zouli  (subdivision  des  Ait  Seddràt).  269. 

289. 

(Tatta).  311.  320. 

Akboub.  270. 

Akchtim  (Indaouzal).  334. 

(Ouad  Tasoukt).  325. 

Akebab.  265.  381 . 

58 


Cartes. 

6. 

11.  12.21. 

6. 

8.  15.  21. 

8.  15.21. 
15. 


6.  21. 
6. 


15. 


15. 

8.  15. 
15. 

15. 

8.  21. 


6. 

8. 

11. 


17.  18.  21. 


7.  8.  21. 


458 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Akreïch.  337.  338. 

Akhellouf.  28G.  290.  292.  296.  403. 
Akherrou. 

Akhmàs  (tribu).  5.  6.  8.  9.  11. 

Akhmâs  (mont).  9.  11. 

Akhsab.  369. 

El  Akhsas.  345. 

Aldoun.  373. 

Alemta.  296. 

Alibou.  349. 

Alla.  337. 

Allegou.  329. 

Almessa.  326. 

Almid.  279. 

Almis.  374.  384. 

Alonzi.  260. 

Alougoum.  106.  301.  302.  304.  403. 
Amadar.  290.  296. 

Amaliz.  328. 

Amalou  (Gers).  349. 

(Indaouzal).  334. 

Amami. 

Amara.  106.  281. 

Amara  (désert). 

Amari  (Indaouzal).  334. 

(Rhala).  331. 

Amasin  (Aït  Ouarrda).  281. 

(Ikhzama).  279.  326.  336.  402. 
Amazzer  (Ouad  Maneour).  325. 
Amazzer  (Ouad  El  Qabia).  301. 
Amdnar.  270. 

Amdzgin.  302.  304. 

Amellagou.  359. 

Amenrirka.  295. 

Amerdoul  (Ouad  Dâdes).  273. 

(Ouad  Dra).  290. 

Aït  Imi.  273. 

Amerli.  330.  402. 

Amerzeggan.  278. 

El  Amgar.  262. 

Amhaouch  (monts).  59.  66. 

Ammeïn.  306.  328.  329.  338. 
Amougger.  359. 

Amsensa.  266. 

Amsmiz  (tribu).  401. 

(village).  401. 

Amtoz.  360. 

Amtrous.  358. 

Amzaourou  (Ilalen).  340. 

(Ouad  Tizgi  n  Mousi).  324. 
(Ouad  Zagmouzen).  327. 
(Todra).  355. 

(Zgid).  301. 

Amzarko.  321.  402. 

Amzou  (Houara).  191. 

(El  Kheneg).  351. 


Amzou  (Zgid).  301. 

Amzoug  (col).  99.  277. 

(village).  196.  443. 

Amzrou.  61. 292.  293.  403. 

Anagam.  296. 

Anamelloul.  31 1 . 

Anamer  (Ounzin).  306. 

Anammer  (Ouad  Zagmouzen).  327. 

Anbed  (plaine).  217.  219.  221.  358.  361. 
Anfergal.  353. 

Anfoug.  211. 

El  Angab. 371 . 385. 

Angad  (plaine).  97.  253.  254.  256.  257.  368. 
372.  379.  381.  385.  388  389.  390 
(tribu).  253.  388. 

Angalf.  283. 

Angelz.277.  402. 

Anisi.  203.  306. 

Ankhessa.  278. 

Anmid.  322. 

Anmiter.  277. 

Anoual .  373.  384.  390. 

Anrouz.  325. 

Anremer.  89.  95.  96.  277.  278. 

Anrerif.  142.  31 1 . 320. 

Ansegmir.  377. 

Ansekki.  279. 

An  sera.  281. 

Ansig.  303. 

Anzi.  335. 

Aoufelgach.  302. 

Aoufour.  322. 

Aouftout.  335. 

Aougeddim. 330. 

Aougeddimt.  338. 

Aougelmim.  318. 

Aouirst.  329. 

El  Aoulad.  263. 

Aoullous.  326.  402. 

Aoulouz.  330.  332.  333.  334.  335.  338.  402. 
Aoumasin.  308. 

Aoumselart.  330. 

Aounkou.  278. 

Aourir  (Aït  Ououlouz).  330.  333. 

(Ida  ou  Gemmed).  330. 
(Taderoucht).  359. 

Aourz  (Ida  ou  Gemmed).  330.  332. 

(Ouarzazàt).  280. 

Aouzrout.  326. 

Aqdim.  347.  348. 

Aqebt.  290.  296. 

Aqqa  (oasis).  22.  35.  100.  120.  121.  126. 

135.  138.  145.  150.  151.  152. 
158.  182.  193.  299.  301.  302. 
308.  312.  313.  314.  320.  338. 

403.  434. 


Cartes. 

17. 

1.  21. 

18. 


18. 


17. 

8. 


15. 


6.  21. 


11.  12. 

16. 

12. 


Cartes. 


21. 

14. 


15.  21. 


20.  21. 
20.  21. 
9. 

9.  21. 


7. 

10. 


10.  21. 


INDEX  DES  NOMS  GEOli RA l’I HOUES. 


459 


Cartes. 

Cortès 

Aqqa  (kheneg).  120.  151.  161.  312. 

10. 

Argemmi  (Ouad  Tlit).  302. 

(col).  151. 

10. 

Argioun.  287.  296. 

(Reris).  360. 

Argoummi  (Imskal).  306.  329.  402. 

(Zgid).  301. 

Aria  ou  Asif.  291 . 

v.  Triq  Aqqa. 

Oudrar.  292. 

Ait  Sidi.  1 17.  138.  299.  304.  305.  306. 

Arled.  402. 

307.  308. 

9. 

Armed  Zagmouzen.  327. 

Igiren.  139.  140.  141.  158.  299.  307. 

Aroraï.  358.  359. 

308.  309.  317.  320.  340. 

10.  21. 

Arbar  (mont).  336. 

Iren.  140.  199.  200.  201.  299.  305. 

(qçar).  279. 

306.  307.  308.  320. 

9.  2). 

Arlal.  300.  304. 

Izen.  307.  310.  433.  436. 

10. 

Arlal  Fouqani.  290. 

Izen  (kheneg). 

10. 

Arled  Fouqani.  321.  323. 

Izenqad.  143.  305.  310.  31 1. 320. 

10. 

Tahtani.  322. 

ou  Chaïb.  151. 

10. 

Asaou  n  Ougellid.  266. 

Tizgi.  354. 

Asaoun.  322. 

Aran.  280. 

Asareg.  321.  402. 

Arazan.  332.  402. 

Asbarou.  351. 

17. 

Arbalou  (Mezgîta).  287. 

Asdrem  (désert).  283. 

(Ouad  Aït  Tameldou).  .324. 

Kik.  337. 

(Ouad  Mançour).  325. 

Asedmer.  328. 

El  Arba  (Hallaf).  368.  385. 

Asell.  278.  402. 

Arba  Mia.  91.  269.  270.  271. 

15. 

Asellim  (Mezgîta).  273.  287.  403. 

8. 

El  Arbaa  (Doukkala).  401. 

(Ouad  Outat  Ait  Izdeg).  376.  377. 

Arbaa  Aït  Abd  Allah.  341. 

Agdz.  287.  403. 

8. 

Ait  Abd  Allah  ou  Mhind.  334. 

14. 

Tahtani.  287. 

Ait  b  Oumal.  271. 

Asemlil  Djedid.  300.  304. 

Aït  liggas. 

14. 

Qedîm.  300.  304. 

Akhellouf.  292. 

Asengar.  304. 

Ammeïn.  306.  329.  338. 

Aserif. 

1.  21. 

Amzrou.  293. 

Aserrin.  270. 

15. 

Aoulouz.  334. 

Asersa.  112.  282. 

8.  9. 

Bdaoua.  13. 

1. 

Aserts.  364. 

Béni  Qoulal.  381 . 

Aserrar.  305. 

Bou  Harazen.  265. 

Asfalou  (Aït  Zaïneb).  277. 

8. 

Doutourirt.  329. 

(Todraj.  272  .  355.  356.  357  .  359. 

llamerin.  191. 

360.  361 .  362.  403. 

Ikadousen.  75. 

Asgig.  308. 

10. 

Imzour.  271. 

15. 

Asif  Adrar  n  Iri. 

7. 

Mentaga.  335. 

Aït  Amer. 

13.  21. 

Ouaoula.  265. 

Aït  Bou  Zoul. 

13.  21. 

Oulad  Djema.  18. 

2.  3. 

Aït  Mezal.  182.  340.  341. 

11.  12.21 

Tabaroucht.  265. 

n  llamerin.  190. 

12.  21. 

Taleouin.  114. 

Ida  ou  Gelloul.  187. 

13.  21. 

ez  Zemmour.  43. 

el  Mal.  401. 

Areg  (Ait  Ouarrda).  281. 

Marron.  58.  87.  88.  89.  93.  96.  277.  278. 

(Telouet).  278. 

279.  284. 

7.8.21. 

Bou  Ajaj.  309. 

Melloul.  348.  363. 

Igni  ii  lmerraden.  306. 

n  Mousi. 

9. 

er  Raoui.  153. 

Oudad.  142.  158.  310.  311. 

10. 

Souir.  299.  309. 

n  Oumaï. 

7. 

Tamesraout. 

9. 

n  Sous  (fleuve).  329. 

Aremd.  287.  296. 

(district).  323. 

Arf  el  Mamoun.  309. 

Tamrakht.  185. 

12.  21. 

Arfaman  (Ait  labia).  327.  328.  334. 

Zi  mer.  326. 

(Zagmouzen).  327.  402. 

1 

Asing.  358. 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


4  GO 


Cartes. 

Cartes. 

Askaoun  (Ouad  Aoullous).  326. 

Atlas  (Petit).  315.  316.  319.  328.  329.  333. 

12.  14.  15. 

(Ouad  Tifnout).  321. 

334.  337.338.340.341.  361. 

21. 

Asmerdan.  310. 

Algérien.  28.  98. 

Asouhad. 291. 

Marocain.  28.  59.  98.  101.  102. 

Asoul.  322. 

Tunisien.  28.  98. 

Asrir  (Ferkla).  224.  356.  .357.  403.  414.  446. 

16.  21. 

Atres.  282. 

(Metrara).  352. 

Atrs  n  Ouafil.  305. 

9. 

Ignaouen.  292. 

Attara.  154. 

llemsan.  291.  292.  293. 

Azagour.  288. 

Assa.  345. 

Azarar  Imi  n  Tels.  198.  199. 

10. 

Assaïn.  334.  402. 

Sidi  Mobammed  ou  Iaqob.  198. 

Assaka  (tribu  du  Sahel).  345. 

Azararad.  178.  438. 

11. 

(Aït  Oubial).  327. 

Azbed.  276. 

(Imerrân).  269.  273. 

Azdad.  373.  384. 

(Indaouzal).  330.  331. 

Azdag.  216.  270.  271. 

15. 

(Ouad  Aït  Tigdi  Ouchchen).  281. 

Azdif.  1 13.  205.  283.  403. 

9.  21. 

282.  283. 

8. 

Azegga.  311. 

(Ouad  Amzarou).  325. 

Azegza.  305. 

(Ouad  El  Gloa).  300.  304. 

Azemmour.  351 . 

17. 

(Ouad  ldermi).  279. 

Azerftin  (kheneg).  151.310. 

10. 

(Ouad  Iounil).  92.  95.  277.  280.  402. 

7.  21. 

Azgaour.  326. 

Ourami.  278. 

Azger  Amrar. 

8. 

Astour.  291 .  292.  403. 

Azgrouz.  338. 

Atferkal.  264. 

Azrar  (tribu).  199.  311. 

10.  14.  21. 

Atlas.  21.  27.  28.  46.  50.  59.  60.  61. 62.  64. 

(col).  100.  196.  197.  199.  308. 

10.  21. 

66.  71.  73.  74.  75.  76.  78.  86.  92.  97. 

Azreg.  279. 

98.  138.  188.  227.  234.  268.  335.  363. 

Azrou  (Imgoun).  275. 

365. 

(Qçar  es  Souq).  351 . 

Atlas  (Grand).  10.  24.  28.  62.  69.  70.  76. 

(Todra).  355. 

16. 

77.  79.  80.  82.  84.  85.  87.  90. 

Azzouz  (ruines). 

8. 

93.  95.  96.  98.  99.  100.  102. 

103.  112.  120.  126.  1.36.  138. 

A 

147.  177.  179.  183.  189.  190. 

213.  214.  218.  219.  220.  221. 

Ababsa.  261. 

224.  225.  226.  228.  231.  233. 

El  Abbarat  (mont).  231. 232. 

17.  21. 

239.  260.  261.  264.  268.  274. 

(défilé).  231.232. 

17. 

275.  276.  277.  278.  319.  321. 

Abbari  (qçar).  354. 

323.  333.  334.  335.  336.  337. 

El  Abbari  (mont).  234.  354.  364. 

21. 

338.  347.  353.  358.  362.  365. 

6.  7.  12.  14. 

Adjib  ech  Cherif.  387. 

372.  373.  376.  377.  378.  382. 

15.  16.  17. 

Moulei  El  Fedil.  46.  47. 

5.  21. 

383.  384.  389.  390.  401 . 

18.21. 

El  Aïachi  (mont).  99.  102.  231.  233.  234. 

(Moyen).  28.  49  .  59.  62.  63.  64.  68. 

239.  353.  376.  377.  381. 

17.  21. 

72.  75.  76.  79.  98.  99.  100. 

Aïat.  373.  377.  384. 

101 . 102.  179.  235. 238.  239. 

El  Aïn  (Aït  Amer).  114.  205. 

9. 

242.  246. 265.  372. 374. 377. 

Ait  Hamed.  282. 

378.  38.3.  384. 

6.  18.  19.  21. 

Aïn  Amezouar.  278. 

(Petit).  28.  81.  82.  95.  96.  98.  100. 

Asgig. 

10. 

101.  102.  106.  112.  114.  115. 

el  Asid.  331. 

116.  117.  121. 126.  138.  140. 

(  'haïr.  365.  390. 

142.  144.  147.  148.  154.  156. 

Chebar.  308. 

166.  167.  177.  179.  183.  189. 

Delai.  308. 

192.  194.  195.  196.  197.  199. 

el  Eikroun. 

1. 

204.207.  211.213.218.219. 

Gramo. 

1. 

220.  223.  225.  282.  285.  300. 

Gramo. 

1. 

301. 302.  303.  306.  307.  308. 

llammou.  251. 

20. 

309.  310.311.312.  313.  314. 

8.  9.  10.  11. 

el  llasin. 

1. 

INDEX  DES  NOMS  GEOGRAPHIQUES. 


Mil 


El  Aïn  Igouramen.  v.  El  Aïn  (Aït  Amer). 
Aïn  Imariren.  58.  187. 
el  Louh.  39.  265. 
el  Melhaï. 

Oufra. 

n  Ougeïda.  331.  335.  402. 

El  Aïn  Ounzin.  306. 

Aïn  es  Seka.  308. 

Skhoun. 

Tib. 

n  Zeggert.  284. 

El  Aïoun  (Ouinm  el  Bordj). 

Aïoun  Chikh  Mohammed  Aqqa  Iren.  200. 
el  Djemaa. 

Sidi  Abd  Allah  ou  Mhind.  160.  343. 
Sidi  Mellouk.  254.  255. 
et  Tin. 

El  Alam  (mont).  9. 

Ali  d  Ait  El  Hasen.  212.  445. 

Ali  Ait  El  Hasen  ou  Saïd.  273. 

Ali  ou  Mousa.  303. 

Alouana.  375.  376. 

Amer  ou  Abd  er  Rahman.  291. 

And  Aït  Mesaoud.  277. 

And  Imzilen.  323. 

Aqba  el  Djemel.  18.  26.  27. 

Izan. 

el  Kharroub.  68. 

Aqoub  es  Soultân.  266. 

Araben.  325.  327.  402. 

El  Araïcli  (ville).  13.  15. 

(province).  4.  13.  15. 

Arib.  153.  154.  164.  167.297.298. 

El  Arich  (forêt).  367. 

El  Aroumiat.  291.  292.  296.  403. 

El  Ârzan.  244.  369.  371. 374.  385. 

A  sara.  262. 

Asasga.  261. 

Atamna.  368.  376.  385. 

El  Azrar.  294. 


Cartes. 


10. 

10. 

9.  10. 
14. 

9. 

4. 

8.  15. 


/. 

4. 


6. 


18. 


19.  21. 


B 


B  Ougemmez.  76.  260.  261.  264.  401. 
Bachkoum.  283.  284. 

Bani.96  101.  102.  114.  115.  116.  117.  119. 

120.  122.  123.  126.  135.  138. 
139.  140.  141.  142.  143.  144. 
146.  147.  151.  152.  154.  156. 
160.  161.  167.  168.  171.  219. 
285.  286.  294.  297.  300.  302. 
303.  304.  .305.  307.  308.  .310. 
311.  312.  313.  314.  315.  316. 

317.  318. 

Bardad.  367.  369. 

Batnou.  364. 


9.  10.  21. 


Bdaoua.  13. 

Bedaan.  277. 

El  Behalil  (village).  20.  24.  37. 

(mont).  20.  39. 

Behenni.  154. 

Beka  Chikh  en  Nalir.  310. 

Bel  Lebhan.  299.  300. 

Ben  Abbou.  331.  332. 

Dleïmi.  346.  402. 

Sifer.  v.  Oulad  Ben  Sifer. 

Béni  Amir.  49.  259.  262. 

Aoun.  262. 

Aouzmer.  5. 

Bataou.  261. 

Bou  Ili  (fraction  des  Oulad  el  Hadi). 

385. 

(qçard'Outat  Oulad  el  Hadj). 

'  371. 

Bou  Iahi.  251.  386. 

Bou  labia  (tribu).  386. 

(monts).  251. 

Bou  Ialmied.  33. 

Qitoun.  33. 

Zeggou  (tribu). 253.  254.  381 . 389. 
(monts).  28.  101.  253. 
372.  379.  381.  383. 
388.  389. 

Brahim.  263. 

Chebel.  380.  381. 

C'hegdal.  262. 

F  achat.  375. 

Gil.  390. 

Renaît.  294. 

Hessousen.  47. 

Haïoun  (Dca).  294.  295.  403. 

Haïoun  (OuadChegg  el  Ard).  378.  379. 
Hamed.  5. 

Hasan  (tribu  du  Rif).  5.  6.  10.  II. 

(monts).  4.  6.  7.  8.  9. 

Hasen.  261. 

Hassan  (Ouad  Chegg  el  Ard).  378. 379. 

(mont).  383. 

I ala  (tribu).  254. 

(monts).  254.  381 . 

Iffous.  351 . 

Imman.  263. 

Iznàten  (tribu).  25.  253.  255.  368.  372. 

389. 

(monts).  253.  257.  368.  372 
381 . 388.  389 

khallouf.  292. 

Klielf.  261. 

Khelften .  375.  376.  384. 

Khîran.  49.  66.  261. 

Mançour.  66.  261. 

Matar.  380.  390. 


Cartes. 

1.  21. 

7. 

4. 

4. 


14. 


1.  21. 


20.  21. 

20.  21. 


1.  21. 
1.  21. 


17. 


20. 

20.  21. 


402 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Béni  Madan.  49.  262. 

Cartes. 

5.  f>.  21. 

Berâber.  362.  363.  365.  381.  382.  384.  399. 

Mehelli.  352. 

400. 

Mellal  (fraction  des  Béni  Madan).  64. 

Berachona.  261. 

68.  70.  259.  262. 

Beradia.  262. 

(bourgade).  28.  38  .  57.  62.  63. 

Beraksa.  66.  261 . 

64.  66.  68.  69.  73.  100. 

Berda.  277. 

400.  401.  426.  427. 

6.  21. 

Ilerda  (Ternata).  291 . 

(qcar).  66. 

Berrom.  376.  377. 

(mont).  59.  69. 

6.  21. 

Bertat.  373. 

Mesri.  365.  384. 

Bettal.  283. 

Mgild.  10.  21.  39.  44.  46.47.67.  101. 

Bettal  Aït  Bou  Daoud. 

259.  265.  363.  366.  371. 

Aït  Saïd. 

376.  381.  382  .  383.  401. 

El  Betha.  295. 

Miskin.  49.  67.  259.  262. 

Bezzaza.  262. 

Mousa.  49.  58.  65.  66.  259.  260.  262. 

Bezzou.  76.  260.  266.  401. 

Mousi.  352. 

Bibaouan.  99.  120. 

Mtir  (tribu).  47  .  67  .  381.  401. 

3.  21. 

Bin  el  Ouidan.  281 . 

(monts).  20.  39. 

3.  21. 

Bir  Chat.  291 . 

Otman.  292. 

el  Ksa.  66. 

Ouaraïn  (tribu).  10.  20.  21.  33.  39. 

Bitgan.  327. 

372.  382.  383.  384.  387.  401. 

21. 

lilad  Dra.  285. 

(monts).  18. 36. 372. 379. 383. 

Za.  252.  379. 

3N7. 

El  Bordj  (Ait  labia).  353. 

(Qçar  es  Souq).  351. 

(Ait  Melrad).  363. 

Ouchgel.  375. 

(Ait  Tigdi  Ouchchen).  104.  105. 

Oujjan.  33. 

106.  283. 

Oujjin.  262. 

(Menâba).  331. 

Oukil.  254.  368.  369.  372.  376.  381. 

(Mezgîta).  287. 

385.  386. 

(Taderouclit).  359.  360. 

Ouriarel.  24. 

Bou  Arbaïn.  299.  308. 

Qoulal  (tribu).  380.  381. 

Abd  Allah.  299. 

(qaçba).  379.  380.  381. 

Aïach  (Aït  ou  Afella).  373.  382. 

Riis.  243.  245.  247.  248.  375.  376.  379. 

(Ed  Debdou).  375. 

384.  385. 

19. 

Ajaj.  309. 

Sbih.  294.  295.  403. 

Aqba.  65. 260. 

Semgin.  294. 

Chaked.  311. 

Snassen.  253.  389. 

Chiba.  365. 

Snous.  101. 

Delai.  301. 

Sqeten.  263. 

el  Djad.  19.  40.  42.  49.  50.  51.  52.  53. 

Tzit.  365.  384.  403. 

54.  55.  56.  57.  58.  63.  66.  77. 

Zemmour  (tribu).  47.  49.  56.  66.  90. 

144.  166.  263.  265.  266.  293. 

261.  263.  266. 

5.  21. 

343.  400.  401.  407.  408.  424. 

(qcar).  50.  51.  52.  425. 

5.  21. 

425.  426. 

Zerouâl.  5.  35. 

Felfoul.  277.  284. 

Zouli.  285.  290.  291.  292.  403. 

Gir.  302. 

Zrandil.  261 . 

Halg.  299. 

El  Benian. 

1. 

Hallal. 

lient  en  Nas.  144.  308. 

10. 

el  Hanna.  341. 

Berâber.  10.  21. 69.  90.  91.  92.  116.  121. 

llarazen.  76.  265.  401. 

124.  126.  132.  135.  1.36.  137. 

Hennoun. 378. 

134.  155.  156.  157.  159.  162. 

Idiren.  350. 

164.  167.  171.  201.  216.  221. 

Igouldan.  279. 

223.  224.  225.  226.  228.  256. 

Iougi. 

264.  266.  269.  276.  286.  289. 

Iqba.  273. 

292.  293.  294.  295.  297.  319. 

Izri.  279. 

352.  .354.  355.  356.  359.  360. 

Jejia.  370. 

Cartes. 


15.16.17. 


7. 


9. 

9. 


21. 


20. 


8.  21. 


5.  21. 


1. 


17. 


18 


INDEX  DES  NOMS  GEOGRAPHIQUES. 


R 13 


Cartes. 

Cartes. 

Bou  Kenzt.  240.  370.  447. 

18. 

Cheba.  351 . 

17. 

Khelal.  291 . 

Chechaouen.  5.  6.  8.  9.  26.  31.  38.  64.  401. 

Mazir.  335. 

418.  419. 

1.  21. 

Mousi  (qçar).  121.  303.  315.  316.  320. 

9. 

Chedja  (tribu  de  la  plaine  d'Angad).  252. 

(collines).  120.  160.  101. 

9. 

253.  254.  255.  257.  388.  390. 

20.  21. 

Nana.  290.  291. 

(environs  de  Fâs).  24. 

3. 

Nou.  295. 

Chegg  el  Ouad.  369. 

17.  18. 

Oudi.  310. 

Chelkha  Djedeïd.  299. 

Oulga.  327. 

Chemmaha.  15.  419. 

2.  21. 

Qandil.  230. 

17. 

Cheradna.  303. 

er  Rebia.  300.  304. 

Cheraga.  5.  15. 

2.  21. 

Rejouan.  24. 

Cherarda.  24. 

3.  4. 

Ri  oui.  299. 

Cheurfa  Ait  Bou  Amran.  270. 

Sellam.  373.  377. 

Mohammed.  273. 

Selman.  294.  295. 

Taltmanart.  270. 

15. 

Seroual.  354. 

17. 

Aqqa.  360. 

Taddout.  333. 

El  Bour.  273. 

Terrar.  275. 

lifar.  275. 

Tizen.  305. 

9. 

Qouaret.  371. 

Tizi.  324. 

Taïrza.  356. 

Tnefit.  360.  403. 

Touggour.  371. 

Zergan.  291.  296. 

Chiadma  (tribu).  188.  339. 

Zeroual.  296. 

(Mljamid  el  Rozlàn).  295. 

Zmella.  376.  377.  403. 

C-hikh  Ait  Oulcheger. 

14. 

Bouddeïr.  146.  308. 

10. 

Amerri.  313.  314. 

Bouour.  330.  331.  332. 

El  Arabi  ben  Otman.  290.  303.  304. 

El  Bour  (Ouad  Béni  Mesri).  365. 

Ech  Chaoui.  250.  252.  254.  380.  381. 

20.  21. 

(Ouad  Ouizert). 

18. 

Kerroum. 

14. 

(zaouïa).  273. 

Mohammed. 

5. 

Bousam.  350. 

17. 

Ould  el  Hadj  lahia.  314. 

11.  21. 

Brànes  (tribu).  387. 

(  houf  Agmar.  364. 

(mont).  387. 

Cliqarna.  346. 

Brasiin.  263. 

Chraa.  261. 

El  Bridja.  239.  240.  244.  246.  367.  368.  369. 

Chtouga.  259. 

371.  372.  374.  376.  379.  382. 

18.  21. 

Chtouka.  22.  126.  177.  178.  179.  181.  182. 

Briouga.  333. 

183.  186.  188.  190.  193.  341.  343. 

c 

345.  346.  402. 

12.  21. 

Çahab  el  Erines.  235. 

17. 

D 

el  Geddim.  235. 

17. 

Dâdes.  22.  78.  91.  95.  99.  100.  101.  158. 

Cedouqa. 349. 

210.  211.  215.  216.  217  .  222.  223. 

Cendouga.  295. 

228.  229.  230.  260.  265.  268.  209. 

Cenhadja  (mont). 

4.  21. 

270.  271.  274.  361.  363.  399.  403. 

15.  21. 

Oull;ourri.  113. 

Dar  Aït  lahia.  274. 

Ceuta.  97. 

Ait  Moulei.  274. 

Chaouïa.  24.  44.  49.  52.  259.  263. 

Beïda.  19.  54.  56.  63. 

Charet.  292. 

Ben  Dieïmi.  346.  402. 

Chaanba.  153. 

Ech  Chaoui.  250.  252.  254.  380.  381. 

20.  21. 

Chaba  Ait  Bou  Bekr. 

15. 

Chikh  Amerri.  313.  314. 

Moulei  Bou  Fers.  296. 

Ech  Chaoui.  v.  Dar  Ech  Chaoui. 

laqob.  296. 

El  Gentafi.  323.  337.  338.  401. 

Ouin  s  Tlit.  213. 

8.  15. 

El  Glaoui.  85.  278. 

Tizza. 

18. 

Hadj  Abd  el  Malek.  186.  439.  442. 

13. 

Chat.  356. 

Hadj  El  Arabi.  184. 

12. 

Chat.  v.  Bir  Chat. 

Ibrahim.  72.  427. 

6. 

RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


464 


Dar  Ijadiden. 

Cartes. 

13. 

El  Mrabtin.  338. 

L)  J 

Ougadir.  321.  322.  323. 

Ould  Sidoïn.  GG. 

Djebaïr.  144.  155.  311. 

el  Qaïd  (Haha). 

13. 

Djebel  Achakski.  326. 

(Telouet).  85.  278. 

Agendi.  325. 

Qaïd  Hamada.  254. 

Ait  Ioussi.  39.  383. 

Sidi  Abd  Allah.  184.  439. 

12. 

Aït  Khozman. 

Sidi  labia.  442. 

Ait  Seri.  259. 

Ez  Zanifi.  10G. 

Akhmâs.  9.  11. 

Debaïa.  285.  28G.  297.  298. 

Aldoun.  373. 

Ed  Debdou  (district).  375.  403. 

19.  21. 

Alemta.  296. 

Debdou  (bourgade).  22.  28.  100.  241. 243. 

Amhaouch.  59.  66. 

244.  245.  24G.  247.  248. 

Anfoug.  21 1 . 

249.  250.  253.  255.  256. 

Anisi.  203. 

258.  269.  375.  37G.  379. 

Anremer.  89.  95.  96.  277.  278. 

380.  381.  384.  385.  38G. 

Aougeddimt.  338. 

390.  395.  401.  403.  447. 

Aqqa  Tizgi.  354. 

448.  449. 

19.  21. 

Arbar.  336. 

(mont).  100.  239.  243.  247.  251. 

Asmerdan.  310. 

257.  3G8.  372.  374.  375. 

Azegga.  311. 

379.  383  .  384  .  388  .  389. 

el  Abbarat.  231.  232. 

390. 

19.  21. 

El  Abbari.  234.  354.  364. 

Debra.  401. 

El  Aïachi.  99.  102.  231.  233.  234. 

Demnât  (ville).  22.  28.  38.  64.  70.  76.  77. 

239.  353.  376.  377.  381. 

78.  79.  96.  100.  260.  261. 

el  Alain.  9. 

265. 266.  267. 276. 401 . 408. 

Bani.  96.  101.  102.  114.  115.  116. 

415.  427.  428.  429.  450. 

7.  21. 

117.  119.  120.  122.  123.  126. 

(province).  76.  77.  401. 

7. 

135.  138.  139.  140.  141.  142. 

Desra.  401 . 

143.  144.  146.  147.  151.  152. 

Dir  (Menâba).  331. 

154.  156.  160.  161.  167.  168. 

Dir  (Tidili).  278.  402.. 

171.  285.  286.  294.  297.  300. 

Dou  Ougadir.  321.  322.  323.  338. 

302.  303.  304.  305.  307.  308. 

Ouzrou.  327. 

310.  311.  312.  313.  314.  315. 

Ouzrou  Zouggar.  333.  334. 

316.  317.  318. 

Douar  (Gers).  349. 

El  Behalil.  20.  39. 

Oumbarek  ou  Dehen.  189.  193.  194. 

Béni  Bou  Iahi.  251 . 

443. 

14. 

Bon  Zeggou. 28. 101.  253.  372. 

Sidi  Abd  Allah.  101. 

379.  381 . 383.  388.  389. 

Doui  Blal.  152.  153.  154.  155. 

Hasan.  4.  6.  7.  8.  9. 

Mnia  (tribu  du  Dahra).  136. 

Hassan.  383. 

Mnia  (environs  de  Fâs).  24. 

•> 

O, 

Iala.  254.  381. 

Ed  Douirat.  285.  290.  296. 

Iznâten.  253.  257.  368.  372. 

Doukkala.  43.  259.  401. 

381 . 388.  389. 

Doutourirt  (Aginan).  305. 

Mellal.  59.  69. 

(Aït  Semmeg).  328.  329. 

Mtir.  20.  39. 

Dra  (contrée).  22.35.69.81.  109.  121.  123. 

Ouaraïn.  18.  36.  372.  379.  387. 

162.  164.  166.  167.  168.  169. 

Snous.  101. 

201.  202.  206.  207.  210.  211. 

Bou  Qandil.  230. 

214.  216.  220.  222.  224.  225. 

Bran  es.  387. 

281.  285.  286.  289.  293.  295. 

Cenhadja. 

297.  298.  303.  304.  343.  362. 

Chouf  Agmar.  364. 

363.  364. 

Debdou.  100.  239. 243.  247. 251 . 257. 

(village  du  Demnât). 

7. 

368.  372.  ::74.  375.  379.  383. 

Draoua.  88.  286. 

384.  388.  389.  390. 

el  Feggouçat.  120.  160.  161. 

Cartes. 


10. 


4. 

17. 


6.  21. 
9.  21. 


17.  21. 
21. 

17.  21. 


9.  10.  21. 
4. 


20.  21. 
1.  21. 


20.  21 
0.  21. 
21. 


17. 

4.  21. 


19. 

9. 


INDEX  DES  NOMS  GEOGRAPHIQUES. 


Mi 


Cartes. 

Cartes. 

Djebel  Gebgeb.  17.  18.  20.  30. 

3.  4.  21. 

Djebel  Tirnest.  383. 

Gelez.  2bl .  372.  386. 

Titouga.  336. 

Gers.  230.  231. 

17. 

Tselfat.  16. 

2.  21. 

Gezennaïa.  386. 

T  soûl. 

4.  21. 

Gir.  377. 

Tsouqt.  99.  100.  235.  383. 

18.  21. 

Hamsaïlikh.  120.  160.  161.300. 

9. 

Zalar.  18.  20.  37.  39. 

3.  4.  21 

Heçai’a.  48.  50.  51. 

5. 

Zekkara.  28.  101. 253.  257. 372.  381 . 

Heddi.  336. 

383.  388.  389. 

20.  21. 

Ida  ou  Ziqi.  120.  177. 

21. 

Zerhoun.  18.  21.  24.  25.  26.  38.  39. 

Idikel.  323. 

40.  47. 

3.  21. 

Iklif  n  Irir.  377. 

Djedân.  154. 

Kebdana.  368.  372.  .386. 

Djedida.  188. 

Kisan.  209.  212.  296. 

8.  15. 

Djemaaa  Kntifa.  76.  265.  266.  401.  428. 

7.  21. 

Kourt.  15. 

2.  21. 

Djema  (Mader  Ida  ou  Blal).  299. 

Megzer. 

1. 

Djemaa  Amerri.  313.  314. 

Mergesboum.  101.  249.  251.  252. 

Amzou.  191. 

253.372.379.  381.  388. 

20.  21. 

llouara. 

12. 

Metalsa.  386. 

Ida  ou  Genadif.  341 . 

Mezedjel.  8.  9. 

1. 

Izalaren.  313. 

Mheïjiba.  160.  101.  164.  166.  208. 

Oulad  Hamid.  385. 

300. 

9. 

Oulad  labia. 

14. 

Miltsin.  99. 

Tinzert.  3.34. 

14. 

Ouichdan.  338. 

Tisergat.  292. 

Oulad  Aïssa.  16. 

2 

Djemoua.  263. 

Ali.  99.  100.  235.  239.  240. 

Djerada  ech  Cheurfa. 

14. 

246.  383. 

21. 

El  Djerf.  357. 

Amer.  379.  380.  381 . 388.  389. 

Djerf  el  Hammam.  310. 

Bou  Zian. 

4. 

el  Hadj.  383. 

I) 

Oumm  Djeniba.  383. 

Ounila.  95. 

21. 

Dalir  er  Ramka.  153. 

Outita.  39.  40. 

3.  21. 

Dahra.  28.  99.  100.  147.  253.  372.  373.  378. 

Qelaïa.  386.  390. 

379.  380.  383.  384.  385.  388  .  389.  390. 

Reggou. 100.  246. 

21. 

Daïa  Ifrah.  383. 

Riata.  18.  27.  28.  29.  31.  33.30.  101. 

102.  251.  368.  372. 

E 

379.  383.  380.  387. 

4.  21. 

Saksad.  323. 

El  Elf.  263. 

Sarsar.  13.  15. 

1.  21. 

Emmigerdan. 

10. 

Sarro.  100.  211.  212.  213.  214.  215. 

Entifa.  49.  75.  76.  77.  230.  260.  264.  265. 

217.  218.  219.  220.  223. 

266.  401. 

6.  7.  21 

227.  267.  269.  276.  289. 

Entrit.  373.  382. 

296.  361.  364. 

8.  15.  16.21. 

Enzel  (Glaoua).  80.  82.  83.  401.  428. 

7.  21. 

Siroua.  95.  96.  102.  108.  112.  204. 

(Ouad  Asdrem).  283.  403. 

279.  281.  282.  283.  326. 

Erhal  (Aqqa).  120.  151.  312. 

10. 

327. 

21. 

(Ouad  el  Feïja).  303. 

Taïmzour.  114.  115.  116.  117.  137. 

Erzagna.  331. 

139.  147.  161.  318. 

9. 

Eufriiu.  310. 31 1 . 

10. 

Tamatout.  267. 

Tarkeddit.  274. 

F 

Tefraout. 

7. 

Terrats.  18.  20.  26l.  37.  39. 

3.  21. 

F  as  (ville).  1.  4.5.  10.  12.  13.  15.  16.  18.  19. 

Teza.  99. 

20.  21.  22.  23.  24.  25.  26.  29.  30. 

■  Tidili.  95.  96.  278. 

7.  21. 

32.  33.  34.  .35.  36.  37.  .38.  39.  40. 

Tifernin.  206. 207. 

8. 

43.  47.  54.  55.  56.  66.  67.  70.  78. 

Tiouant.  378. 

97.  125.  152.  15.3.  155.  158.  164. 

RECON.NUSSVI'ICE  AU  MAROC. 


'<06 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Fàs  (ville).  188. 232.  237.  241 . 243. 250.  255. 
265.  .344.  .375.  378.  383.  386.  387. 
389.  391.  395.  398.  401 .  406.  407. 
419.  420.  421.  422.  423.  424.  450. 
(province).  15.  24. 

Fedoukkes.  308.  320. 

Fedragoum.  280. 

El  Feggara.  285.  304. 

Feggouc  (bassin  de  la  Mlouïa).  369.  374.  384. 
El  Feggouc  (Tinzoulin).  290.  291.296. 

El  Feggouçat.  120.  160.  161.  317. 

El  Feïja.  115.  116.  117.  118.  127.  138.  139. 

140.  154.  156.  201.  202.  297.  300. 
301.  302.  303.  304.  305. 

Ferarma.  154. 

El  Ferfar  (qçar).  330. 

(zaouïa).  330. 

Ferkla.  21.  22.  38.  70.  188.  211.  214.  218. 
219.  220.  223.  224.  225.  226.  354. 
356.  357.  360.  361.  363.  403. 
Fezaz.  102.  383. 

Fezna.  357. 

Fezouata.  210.  285.  286.  291. 292.  293.  294. 

295.  363.  403. 

Fhama.  379.  385.  386.  387. 

Fichtâla  (qaçba).  38.  59. 60.  64.  66.  259.263. 

(environs  de  Fâs).  24. 

Figig.  157.  158.  169. 

Fiirir.  305. 

Fint.  283. 

Flouch.  375. 

Foum  Aqqa.  120.  151.  161.  312. 

Aserts.  364. 

Asgig.  308. 

Azerftin.  151. 
el  Ancer.  60.  62. 
el  Djir. 

.label.  229.  350. 

Meskoua.  151.312.338. 
el  Ouad.  301. 

el  Qous  n  Tazoult.  220.  357.  358. 361 . 

362. 

Riour.  228.  350. 

Tangarfa  (bassin  infér.  duDra).  161. 
Taqqat.  101.  286.  294. 

Tazenakht.  290. 

Ténia  Tafilelt.  296. 

Timeloukka. 

Timrart.  120. 

Tisint.  117.  137.  138.  304.  306.  316. 
Tizi  n  Dra.  364. 

Zgid.  161 . 302. 

Founti.  185. 

Freija.  332. 

F  res.  337.  101. 

Friata.  262. 


Cartes. 


3.  4.  21. 


19.  21. 
9. 

9.  21. 


16.  21. 


6.  21. 


19. 

10. 

10. 

10. 

6. 

20. 

17. 

10. 

19. 

15.  16. 
17. 

9. 


9. 

9. 

9. 

9.  21. 
12.  21. 
14. 


6. 


G 

Gafaï.  348. 

Gaouz.  352. 

Gaouz  Aït  Sidi  Amer.  360. 

El  Gara.  370. 

Gardmit.  356.  357. 

Gada  Debdou.  247.  248  .  249.  390. 
Gebdôur.  370. 

Gebgeb.  17.  18.  20.  24.  36. 

El  Geddara.  300. 

Gelez.  251.  372.  386. 

Gelmima.  226.  360.  403.  415.  446.  450. 

El  Gelob  (près  de  l’Ouad  Za).  251. 

(au  sud  du  Bani).  147.  161.  308. 
Gelob  Mrimima.  161. 

El  Gelob  es  Srir.  161. 

Genadiz.  261. 

Gentafa.  337.  401. 

El  Gentafî.  323.  337.  338.  401. 

El  Geraan.  364.  365. 

Geraga.  339. 

Geraïat.  261. 

El  Gerdan.  191. 

Gergoura.  401. 

Geri  Ourgaz.  352. 

Gerouân.  40. 42. 

Gers  (district).  230.  236.  347.  349.  365.  368. 
369.  370.  371.  373.  374.  377.  378. 
(monts).  230.  231. 

(  iersif.  368. 369.  372.  376.  379. 385. 390.  391 . 
Géryville.  254. 

El  Gerzim.  308. 

Gerzima.  308. 

Gezennaïa  (tribu).  379. 

(monts).  386. 

Gezoula  (famille).  88.  318.  319.  320.  328. 

329. 

(tribu).  319.  329.  336. 

Gigo.  100. 

Gir  (district).  364.  365. 

(mont).  377. 

Glaoua.  77.  81.  85.  92.  99.  109.  110.  124. 

233.  280.  401. 

Glerclia. 

El  Gloa.  300.  304. 

Gouffa.  261 . 

Gounin.  329. 

Griourin.  286. 

Gro.  373. 

Il 

llaïndaken.  278. 

Ilamouziin  (subdivision  des  Oulad  el  Hadj). 

243!  248. 


Cartes. 


19.  21. 

3.  4.  21. 


16.  21. 
20.  21. 
10.  21. 

9.  21. 
9.  21 


3.  21. 

17.  21. 
17. 


7.  21. 

12.  14.  21. 


INDEX  DES  NOMS  GEOGRAPHIQUES. 


167 


El  Hamouziin  (qcar  d’Outat  Oulad  el  Hadj). 

Cartes. 

Hamdaoua.  263. 

371.  385. 

El  Hamedna.  401. 

Hamsaïlikh.  120.  160.  161.  300. 

9. 

Hamerin.  190.  191. 

Haouz  Dcbdou.  375. 

Hamian.  24. 

El  Haroun.  363. 

El  llara  (Ait  labia.  Ouad  Dàdes).  271. 

Haskoura.  70.  96.  260.  274.  276. 

(Aït  Seddrât).  288.  403. 

Hejaoua.  15. 

2.  21. 

(Dàdes).  270. 

Hiaïna.  21.  25.  33.  34.  36.  387.391. 

4.  21. 

(Mezgita).  287. 

llierk.  336. 

(Taderoucht).  359.  403. 

Houara  (Mlouïa).  33. 368.  372.  376.  379.  381 . 

(Ternata).  291. 

385.  386.  387.  388. 

(Tinzoulin).  290. 

(Sous).  22.  189.  190.  191.  193.  194. 

12.  14.  21. 

(Todra).  355.  356.  358.  359.  360. 

Houara  Angad.  388. 

(Ziz).  348. 

Houasen. 261 . 

llara  Agdz.  287. 

H 

Aqlal.  38. 

Imroudas.  275. 

Imziouan.  355. 

El  Hachia.  66. 

el  Khoubz.  291. 

El  Had  (Aït  Atab).  75.  401. 

6. 

Mrabtin.  355. 

El  Had  (Aït  Seddrât).  288. 

Tamkasselt.  288. 

Had  Agdz.  288. 

El  Harar  (fraction  des  Oulad  el  Hadj).  385. 

Ait  Atab.  75.  261.  267.  401. 

6. 

(qcar).  371.  385. 

Ait  Hou  Zid .  71.  427. 

6. 

El  Haratîn.  351 . 

Aït  Mezal. 

11.  12. 

El  llarsa.  370. 

Ait  ou  Alil.  350. 

Haselfa.  377. 

Aoulouz.  334. 

El  Hasen  Mohammed.  311. 

Asrir.  357. 

Hasi  El  Hasen  Mohammed.  311. 

Astour.  292. 

Hebbaren.  47. 

Béni  Haïoun.  295. 

Hebib.  280. 

Béni  Sbih.  295. 

Heçaïa.  48.  50.  51. 

Gersif.  385. 

lleddi.  336. 

Ida  ou  Isaren. 

13. 

lledeb  Bou  Naïla.  299. 

Igli.  334. 

14. 

Helloul.  355. 

Ilir.  342. 

Heloud.  321. 

Imasin.  274. 

Helouqt.  283. 

Imtaoun.  306. 

El  Heri.  364. 

Menizela.  191. 

El  Hibous.  352. 

Seketàna.  306. 

El  Hoch. 

Tamjerjt.  327. 

El  Houaïdj  Imersi.  306.  309. 

Taourirt.  151. 

El  Hout.  275. 

Tirikiou.  329. 

El  Haddan. 299. 

1 

Hadj  Abd  el  Malek.  186  .  4.39.  442. 

13. 

Hadj  El  Arabi.  184. 

12. 

lannout.  154. 

Hadjra  ecb  Cherifa.  17.  18.  387. 

2.21. 

Iattasen.  270. 

El  Hadjra  El  Kahela. 

4- 

ladouan.  355.  330. 

Hafaïa.  191. 

laraben.  273. 

Haha.  22.  24.  28.  58.  73.  98.  153.  155.  170. 

Ibabahen.  354. 

177.  181.  182.  184.  185.  186.  187.  188. 

Ibakellioun.  261. 

189.  190.  339.  313. 

12.  13.  21. 

Ibarahen.  27 1 . 

llaïan.  142.  152.  154.  155.  159. 

Ibararen.  264. 

Haïan  el  Bali.  154. 

tbergnat.  322. 

El  Haïn.  349. 

Iberqaqen  (tribu).  91.  174.  176.  177.  180. 

Haliaf.  368.  372.  376.  381.  385.  386.  388. 

182.  313.  314.  316. 

Hallaf  proprement  dits.  385. 

(col).  100.  177. 

Hamada.  119.  142.  154.  297. 

Iberroussen.  275.  403. 

C:irte*. 


15. 

H. 

15. 


8.  15. 


H). 


15. 

IG. 


11.  21. 

11.  21. 


il  18 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Iberziz.  338. 

Ibousas.  287. 

Ibzazen.  348. 

Ichakoukf.  322. 

Ichqern.  21.  40.  49.  51.  52.  07.  259.  203. 

205.  303. 

Icht  (qçar).  138.  152.  315.  310.  317.  318. 

(kheneg).  315.  318. 

Ichtouken.  v.  Chtouka. 

Id  Brahim.  310.  317.  318.  345. 

Marmouch.  324. 
ou  Illoun.  320.  330. 

Ida  Ali  ou  Hammou.  325. 

Ida  El  Hasen  Ali.  325. 

Khennioun.  304. 
ou  Amrar.  324. 

Aïssi.  339. 

Baaqil.  342. 


.  91 

.  92.  108.  110 

.111 

.  110. 

121. 

12 

3.  124. 

120. 

127. 

128. 

130. 

131. 

132. 

135. 

130. 

137. 

139. 

140. 

141. 

142. 

143. 

144. 

145. 

140. 

147. 

149. 

150. 

152. 

153. 

154. 

155. 

150. 

157. 

158. 

159. 

100. 

101. 

102. 

163. 

107. 

108. 

172. 

173. 

193. 

200. 

250. 

297. 

298. 

303. 

305. 

300. 

307. 

309. 

311. 

320. 

362. 

Zia 

.  339. 

Garsmouk.  342. 

Gelloul.  339. 

Gemmed.  330.  331.  333  .  334. 
Genad.  208.  285. 

Genadif.  340.  341. 

Gert.  180.  IN7.  339. 

Gouilal.  331.  332.  402. 

Isaren.  339. 

Kensous.  309.  311.  312.  313.  319. 
Klielf.  339. 

Leggan.  317.  345. 

Mada.  339. 

Mhammed.  183. 

Qaïs.  331.  332.  335.  402. 

Sexnlal.  310.  345. 

Ska  (fraction  des  llalen).  178.  340. 
Ska  (autre  fraction  des  llalen,  sur 
TO.  lkhoullan).  340. 

Tazert.  277. 

Tift.  330.  333.  334. 

Tints.  313.  314. 

Tromma.  339. 

Zeddar.  336. 

Zenzen.  339. 

Ziqi.  120.  177. 

Zkri.  311.  312.  313. 


Cartes. 


8. 


9.  10.  21. 


13.  21. 


12.  21. 
14.  21. 

11. 


IdaOulstan.  140. 

üultit.  v.  Zarar  Ida  Oultit. 

Idderb.  290. 

Idergan.  322.  402. 
lder.  84.  200. 

Idgich.  315. 

Idikel  (district).  323. 

(mont).  323. 

(village),  v.  Tizi  n  Idikel. 

Idili  (Demnât).  401. 

(Sarro).  211. 

Idrar.  283. 

Idroumen.  139.  318. 

Ifenouan  (qçar).  282. 

(désert  du  bassin  du  Sous).  324. 

325.  327. 

(désert  du  bassin  de  l’Ouad  Ait 
Tigdi  Ouchchen).  302.  304. 
Iferd  Aginan.  305. 

n  Khalifa.  331.  332. 

Ifergan  (Ouad  Saksad).  323. 

Iferran  (Id  ou  Illoun).  320. 

[ferres.  264.  207. 

Ifertioun.  271. 

1  flilt.  278. 

Ifni.  344. 

Ifrah.  383. 

Ifran  (tribu).  310.  317.  345. 

(Imskal).  329. 

Ali  ou  Relio.  273. 

Ifri  (Dàdes).  270. 

(El  Kheneg).  351. 

(Todra).  355. 

Imadiden.  329. 

Madida.  307. 

Ifriouin.  289.  290.  291.  296. 

Ifsahen.  300. 

Ifsfes.  82. 

Igadaïn.  278.  402. 
lgdaoun.  290. 

Igdi  (Ouad  Tizounin).  315.  317. 
jlgedad  (Ida  ou  Gemmed).  330.  402. 

(Ida  ou  Tift).  331 . 
i  lgedman.  358. 
igelmouz.  270. 

Igeinran.  325. 

Iger  n  Kouris.  337. 

n  Znar.  335.  337. 

Igerda.  305. 

Igernan.  270. 

Igertat.  154. 

Igezoulen.  v.  Gezoula. 

Igidar  Ait  Ioub.  v.  Tlâta  Menâba. 

Igidar  et  Tlàta.  v.  Tlâta  Menâba. 

Igidat. 

Igidi  (Ouad  Tifnout).  402. 


Cartes. 

9.  10. 


/. 


9. 

9. 


15. 

17. 

10. 


14. 

12. 


INUliX  DUS  NOMS  (1  FOGBAPtIIQUES. 


469 


Igicli  (kheneg).  161. 

n  Oumaliz.  328. 

Igisel  (Ouad  Agoundis).  338. 

(désert).  324.  336. 

Igjgan.  282. 

Igli  (Ait  llediddou).  347.  348  .  349.  35.3. 
(Glaoua). 

(Menâba).  189.  331.  332.  333.  334.  335. 

336.  402. 

(Mlouïa).  367.  368.  369.  370.  376.  377. 
Ait  Khelifa.  357.  363. 

Aït  Zarar.  276.  403. 

Igmoden.  287. 

Ignan  n  Ikis.  202.  305. 

Ignaouen  (fraction  des  Aït  Atta).  221.  292. 

293.  294.  295. 
362.  363. 

(qçar  du  Todra).  356. 

(qçar  du  Tazarin).  364. 

Igni  n  Imerraden  (désert).  306. 

Igni  s  Neïn.  401. 

Igoudar.  331.  332. 

Igouïaz.  316.  317.  318. 

Igouramen  (Imgoun).  275. 

Igourdan.  325.  402. 

Igourzan.  324. 

Igrikan.  272. 

Ihoukern.  329. 

Ihahan.  170.  339. 

Ihebaren.  263. 
lhedzamen.  355. 

Ihenneïn.  337. 

Ihouzin.  335. 
lifar.  275. 

Ijdouin.  304. 

Ijjoukak.  338. 

Ikadousen.  75.  265.  401. 

Ikandoul.  276. 

Ikazzour.  271. 

Ikeddaren.  271 . 

Ikenafen.  339. 

Ikerouan.  327. 

Ikis  (district).  .323. 

(qçar  sur  l’Ouad  Ignan  n  Ikis).  20.3. 

305. 

(désert).  302.  .304. 

Ikouchoden.  324. 

Ikounka. 

Ikhba.  355. 

Ikhchouan.  294. 

Ikher  Imzioun.  376.  377. 

Ikhf  n  Irir.  377. 

Iklif  n  Orri.  364. 

Ikhfri.  330. 

Ikhoullan.  179.  180.  340. 

Ikhzama.  170.  279.  280.  283.  326.  336.  402. 


Cartes. 

9. 


14.  21. 

18. 


15. 


9. 


12. 

16. 


11.  12. 


Ikhzamen.  170. 

Ilala.  170. 

Ilalen.  22.  91.  120.  170.  174.  177.  178.  180. 
181.  182.  185.  186.  188.  190.  199. 

313.  340.  341. 

Ilerasan  (fraction  des  Ait  Atta).  292.  294. 

363. 

(qçar  du  Sarro).  361.  362. 

(qçar  du  Fezouata).  292. 

Ilemsen  (Ouad  Mançour).  325. 

||  llir  (Ouad  S.  Mohammed  ou  Iaqob).  22.  91. 

194.  198.  199.  200.  308. 
309.  319.  443. 

(Oulad  labia) .  30.3. 

(Tazerouait) .  100.  342.  343.  402. 

Iliz. 

Ilouahen.  271. 

Ilougan.  355. 

Iloukous.  325. 

Ilrman.  278.  402. 

jlmadiden.  .306.  307.  328.  329.  337. 
Imaouen.  172.  312.  313. 
dmaounin.  81.  85.  92.  107.  278.  402. 
Imaraten.  303. 

|  ïmariren  (Gentafa).  337. 

(Haha).  187. 

Imasin  (Imerrân).  269.  273.  274.  276. 
Imazan  (Tiallalin).  350. 

Imazzen  (ruines  dans  la  Feïja).  202. 
Imchisen.  150. 

|  Imdras.  268. 

Jjlmdrer  Fouqani.  281.  336. 

Tahtani.  281.  336. 

(Imejjat.  .331. 

Imel'il.  321.322. 

Imelouan  (Ait  llediddou).  348. 

(Semgat).  359. 

Imentagen.  v.  Mentaga. 

Imerrân  (tribu).  58.  92.  21 1 .  213.  269.  272. 

274.  276.  403. 
(district  de  l’O.  Dâdes).  211.  268. 
269.  272.  273.  274.  276. 

289.  403. 

Imerraoun.  337. 

Imgdal.  337. 

Imgoun  (Ouad  Imgoun).  275.  403. 

(Seketàna).  329. 

Imhaouchen.  262. 

Imi  n  Amoumen.  321.  322.  32.3. 
el  Aïn  (Indaouzal).  334. 
el  Aïn  (Ounzin).  306.  307. 
n  Dra. 

n  Msount.  323. 
n  ou  Aqqa.  310.  338. 

Asif.  335. 

Ougadir  (qçar).  310. 


Cartes. 


11.  12.  21. 


10.  21. 

11. 


16. 


10.  11.  21. 


13. 


17. 

9. 


8.  15.  21. 

21. 


8. 


470 


MECONNAISSANCE  AlT  MAROC. 


Cartes. 

Imi  Ougadir  (kheneg).  310. 

Intliten.  287. 

n  Ougni  (Iinskal).  329.  402. 

loulioul.  300. 

(Ouad  Zagmouzen).  327. 

lounilen.  95.  170.  277. 

Ougni  (Ternata).  290. 

lounzioun.  300. 

n  Tels.  198.  199. 

Iouriken.  208.  284.  285.  288.  293. 

n  Tlit.  302.  303. 

Iourtcgin.  209.  270. 

n  Zgi.  278. 

louzioun.  321.  322.  324.  320.  327.  402. 

Imidel.  337. 

Imider.  327. 

Iqoubban.  291. 

Irazin.  335. 

Imilan.  330. 

Irbiben.  303. 

Imini.  95.  278.  279.  280.  402. 

8. 

Ir errer.  300. 

Imirgel.  327.  328. 

Irezd.  348. 

Imirleïn.  281. 

Irf  n  Irir.  v.  Iklif  n  Irir. 

Imirren.  90.  277.  278. 

lrf  n  Isli.  284. 

Iraiteq.  172.  173.  313. 

10.  11. 21. 

Irf  Ouzelag.  142. 

Imiter  (Ouad  Imiter).  218.  210.  220.  221. 

Irirer.  287.  288. 

205.  357  .  358.  359. 

Irk.  330. 

301.  302.  303. 

15.  21. 

Irounan.  277. 

(Semgat).  359. 

Irsig.  288.  289.  290. 

Imjdoudar  (fraction).  289. 

Irzi.  327. 

(qcar).  288. 

8.  15. 

Irai  n  Rbar.  338. 

Imjijouin.  327. 

Iranim.  300. 

Imougar  (fraction  des  Aït  Isfoul).  358. 

Iranimin.  330. 

(qçar).  358. 

Irara.  304. 

Imoula  (Ouad  Mançour).  325. 

Irels.  103.  104.  100.  108.280.283.300.403. 

(Ounzin).  300.  309. 

Irer  (Ilalen).  340. 

Imoulaten.  153.  154. 

Irerdaïn.  291. 

Imousas.  355. 

10. 

Irerm  Amellal.  274. 

Imraden. 

8.  15. 

17. 

n  Cberif.  359. 

Imri.  350. 

n  Igran.  270. 

Imreld.  281. 

n  Imzil.  270. 

Imrid.  329. 

Melloul.  270. 

Imseggin.  189.  190.  191.  193.  194. 

12.  21. 

n  Tizi.  274. 

Imskal  (fraction  des  Seketâna).  300.  328. 

Irerman  Azdar.  302.  364. 

329.  337. 

Iril  (Imini).  278.  402. 

(Aït  Tameldou).  325. 

(Ouad  Aginan).305. 

Imsouffa.  292.  303. 

(Ouad  Aït  Tameldou).  324. 

Imtaoun.  300.  307.  320. 

el  Abian.  278. 

Imtfian.  311.  320. 

Mechtiggil.  327.  337. 

Imtras.  347. 

n  Oïttôb.  100.  211. 

Imzdouder  (pour  Imjdoudar).  289. 

n  Oro.  320.  327.  328.  332.  333.  337. 

Imzid  Iberqaqen. 

11. 

402. 

Imzil.  328. 

nOuaman.  329. 

Imzour  (Dàdes).  210.  270.  271. 

15.  21. 

n  Tefraout.  329. 

Imzouren.  92.  94.  100.  277.  278.  279.  402. 

8. 

Irir  (Glaoua). 

In  Timmelt.  340. 

(Imiter).  358. 

Incheï.  280. 

(Tamanart).  310.  317.  318. 

Indaouzal.  194.  190.  319.  330.  331.  333. 

n  Azeggar.  287.  288. 

334.  402. 

14.  21. 

el  Hadj.  284. 

Indiout.  283. 

Igidi.  310. 

Ingbi.  351. 

Menougar. 

Inisi  (Ounzin).  300.  307. 

frrem  Aqdim.  273. 

Inkto.  265. 

n  Ououl.  279. 

Inmarakht.  323.  402. 

Irri  (Imskal).  300.  328.  329.  330. 

Inmezzen.  324. 

Irris.  277.  402. 

Insrad.  294. 

|l  salle  n  (tribu).  22.  91.  92.  170.  172.  174. 

Cartes. 

7. 

15. 

8.  15. 

8.  21. 

15. 

8.  15. 

7. 

15. 

8.  15. 

8.  15. 


INDEX  DES  NOMS  UEOGRAI'lllOUES. 


Isaffen  (tribu).  175.  170.  177.  180.  182.  809. 

Cartes. 

Kebdana  (monts).  308.  372.380. 

312.  313.  314.  310. 

11.  21. 

Kechchacha.  371 . 378. 379.  385. 

(Tiallalin).  350. 

17. 

Keddouclia.  304. 

Isbabaten.  153.311.  320. 

El  Kefifat.  191. 

Isbouïa.  345. 

Kenadsa.  371.  373.  383. 

Isektàn.  170. 

Kerarma.  250.  252.  380.  381. 385.  389. 

Iseldeï.  283. 

8. 

Kerazba  Tleuh.  303. 

Iselouan.  380.  390. 

Kerkda.  282. 

Isemdaï. 

7. 

Kerrando.  229.  230.  349.  308.  370.  371 . 373. 

Isendalen.  340. 

374.  377.  378. 

Iserdan.  350. 

17. 

Ketàma.  35. 

Islierin.  323.  324. 

Kik.  337.  338. 

Ishihen.  208.  209.  272. 

15.  21. 

Kiriout.  305. 

Isidan.  285. 

Kisan.  209.  212.  290. 

Isil.  282. 

9. 

lvoudia  Bou  Mousi.  120.  100.  101. 

Ismarin.  355. 

Bou  Tizen.  305. 

Issin  Imariren.  270. 

Khodra.  257. 

Itelouan.  277. 

8. 

El  Mezarreb.  308. 

Itkhisen  (Zenàga).  282. 

Mrimima.  100. 

Izabouben.  350. 

17. 

Oulad  labia.  209. 

Izakenniouen.  292. 

Kouilal.  334. 

Izebban.  348. 

Koulat.  330. 

Izelf  Aït  Melrad.  357. 

Kourt.  15. 

Izerouan.  200. 

Krazza.  262. 

Izerrahen.  350. 

17. 

Krifat.  202. 

Izerran  (Mlouïa).  300.  308. 

El  Kseat.  .377.  378. 

(Tatta).  145. 

10. 

Ksima.  182.  184.  188.  189.  191.  193.  194. 

Izezgir.  284. 

345. 

Izgern.  324. 

K  II 

Izgrouzen.  323. 

Izilal.  v.  Triq  Izilal. 

Khanifra.  47.  203. 

Izknasen.  270.  303. 

15. 

El  Kharbt.  282. 

Izligen  (fraction  des  Ait  Atta).  292.293.303. 

KlielaAdnan.  199.  200. 

(qçar).  292.  293.  294. 

Afella  Ifri.  277. 

Izloufa.  353. 

Aït  Ouasaou.  332. 

Iznàgen.  170. 

Amara. 

Izoukennan.  323. 

Angad.  253.  254.  250.  257.  308.  372. 

Izouralen  Aït  Hammou.  275.  403. 

» 

379.  381.  385.  388.  389.  390. 

Izourar  (plaine).  207. 

Aounkou.  278. 

(col).  200.  207. 

Asdrem.  283. 

(qçar).  348. 

Assaka.  279. 

J 

Assaka  Ourami.  278. 

Azger  Ainrar. 

.label.  229.  350. 

17. 

Aïn  n  Zcggert.  284. 

Jakana.  v.  Tajakant. 

Bachkoum.  283.  284. 

Jell.  308.  372.  379.  385.  380.  387. 

Bou  Igouldan.  279. 

K 

Bou  Izri.  279. 

Bou  Selman.  294.  295. 

El  Kaf.  384. 

Bou  Zeroual.  290. 

Kandoula.  270. 

Dou  Ouzrou  Zouggar.  333.  334. 

El  Kaouka.  204. 

Ifenouan  (bassinde  l'Ouad  Aït  Tigdi 

El  Kaba  (Oulad  labial.  30.3. 

Ouchchen).  302.  304. 

(Ternata).  291.  290. 

Ifenouan  (bassin  de  l'Ouad  Sous). 

El  Kebbaba  (Aqqa).  120.  150.  151.  152.313. 

10. 

324.  325.  327. 

(Mezgita).  287. 

Iger  n  Znar.  335.  337. 

Kebdana  (tribu).  308.  372.  391. 

Igidi  n  Oumaliz.  328. 

Cartes. 


20. 

9. 

17. 


8.  15. 

9. 

20. 

8.  15. 

2.  21. 


12.  21. 


9. 

10. 


8 


20.  21. 


MECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Cartes. 

Cartes. 

Khela  Jgisel.  324.  336. 

Khemis  Béni  Zouli.  292. 

Igni  n  Imerraden.  300. 

Debdou.  375. 

Igrikan.  272. 

Enzel.  81. 

Ikis.  302.  304. 

Gersif.  385. 

Imaouen.  172.  312.  313. 

10.  11.  21. 

Iril  n  Oro.  328. 

Imi  n  Tels.  199. 

Isaffen.  314. 

Irf  n  Isli.  284. 

Oui  ad  Dahou.  191. 

Irir  el  I.ladj.  284. 

Qaçba  Qedîma.  352. 

Iseldeï.  283. 

8. 

Rebat.  290. 

Isidan.  285. 

Sidi  Bou  Abd  Allah.  352. 

Izezgir.  284. 

Sidi  Bou  labia.  217.  270.  271. 275. 

15. 

Jell.  368.  372.  379.  385.  386.  387. 

Sidi  Mohammed  ou  Iaqob.  335. 

el  Klieneg.  292.  294. 

Sidi  Otman.  280. 

Manouïl. 

8. 

Sidi  ou  Aziz.  335. 

Mlouïa.  366. 

Tamnougalt.  288. 

Ouaourmest.  284. 

Tazenakht.  108.  109.  110.  280. 

Ouichdan.  337.  338. 

Tidsi.  340. 

Ouirrân. 

8. 

Tinrir.  356. 

Raret.  368.  372.  386.  387.  390. 

Zaouïa  Sidi  Bou  Qil.  349. 

Ta  n  Amelloul.  281.  282.  336. 

El  Kheneg  (Ouad  Arlal).  300. 

Tafràta.  101.  250.  251.  368.  372. 

(Ouad  Dra).  286.  292.  294. 

375.  388. 

19.  20.  21. 

(Ouad  Ziz).  229.  347.  350.  351. 

17.  21. 

Tala.  284. 

Kheneg  Adis.  143.  145.  147.  158.  310.  311. 

10. 

Talart  Imadid.  306.  328. 

Aqqa  Izen.  307. 

10. 

Tamrart.  279. 

Azerftin.  151.  310. 

10. 

Tamzernit.  323.  324. 

el  Abbarat.  231.  232. 

17. 

Taqqat  Nezala.  354. 

Bent  en  Nas.  144.  308. 

10. 

Taria.  284. 

el  Gerzim.  308. 

Tarouni.  300. 

Gro.  373. 

Tasminert.  296. 

Icht.  315.  318. 

Tasrirt.  281.  282.  305.  306.  328. 

Imi  n  ou  Aqqa.  310.  338. 

336.  337. 

9. 

Imi  n  ou  Asif.  335. 

Tazga  Asdrem.  283. 

Imi  Ougadir.  316. 

Taznout.  306. 

Jabel.  229.  350. 

Teddref.  326.  336. 

Merder  Djeld. 

9. 

Tiddes.  325. 

Tarea.  268.  285.  286.  287.  295. 

8. 

Tifergin.  327. 

Tarq.  353. 

Tifernin.  284. 

Tesatift.  305.  306.  307.  310. 

9. 

Tilqit.  211. 

et  Teurfa.  140.  141.  147.  154.307. 

Tilzir.  284. 

308. 

10.  21. 

Timasinin.  276. 

Zrorha.  146».  308. 

10. 

Timezgida  n  Izrar.  332. 

Kbeouïa  (collines).  299.  311. 

10. 

Timikirt.  280.  281. 

El  Kbeouïa  (Ouad  Zgid).  301.  303. 

Timoures.  325. 

El  Kheroua.  308. 

Tougdin.  306. 

Kherraza  (Reris).  360. 

Khelil.  360. 

El  Kherraza  (Ternata).  291. 

Khemis  Adis.  145. 

Kberzouza.  349. 

Aït  Ali.  341. 

Khesasra.  263. 

Amer.  106. 

El  Khlet  (Ida  ou  Blal).  154. 

labia  ou  Otman.  360. 

El  Khlot  (Cbaouïa).  263. 

Khelift.  265. 

El  Kborb  (Béni  Oukil).  368.  369.  386. 

ou  Alil.  350. 

El  Khorbat  (Ferkla).  356.  357.  361. 

Aqdiin.  348. 

Khrouf.  299.  308. 

Asrir.  357. 

Klisa  (fraction  des  Oulad  labia).  297.  298. 

Béni  Haïoun.  295. 

303. 

Béni  Sbih.  295. 

(qçar).  297.  303. 

INDEX  D  K  S  NOMS  <  1K(3GUA  I  *1 1  loi  i:S. 


Car  Lus. 


Lalla  Marnia.  10.  97.  202.  250.  257.  258. 

309.  370.  379.  380.  381.  380. 

388.  390.  391. 

Lebbou. 

Lebdia.  299. 

Lemdint.  305. 

Lemta.  24. 

Louleïza.  330.  331.  402. 


21. 

17. 


M 


Madida.  307. 

Maggaman.  300. 

Mançour.  325. 

Mançouria.  285.  286.  291.  292.  403. 
Manouïl  (désert). 

Maroc  (ville).  1. 

Masa  (Béni  Khîran).  00. 

Massa.  342.  345. 

Mast.  342.  345. 

Mazagan.  21.  188. 

Mader  Aqqa.  140.  152.  298.  299.  300.  312. 
Icht.  140.  298.  300.  315.  310. 

Ida  ou  Blal.  140.  150.  152.298.299. 

300.  308. 

Imi  Ougadir.  140.  298.  300.  310. 
Soultàn.  140.  147.411.415.434.450. 
Tafràta  Tahtani. 

Tatta.  140.  152.  298.  299.  309.  312. 
Tizgi.  140.  298.  300.  314.  310. 
Madna.  201. 

El  Maïach.  271. 

El  Maïder.  153. 

Mdahi.  154. 

Mechra  el  Bacha. 

Mechra  Hadjra  ecli  Cherifa.  17. 

Medafra.  308.  385. 

Medarra  (Chaouïa).  204. 

Medeiles.  140.  147.  149.  302.  308. 

El  Médina  (Imini).  278. 

Mediouna  (Chaouïa).  204. 

(Metrara).  352. 

El  Megarba.  292. 

Megdoul.  307.  308.  374.  370.  377.379.382. 
Mehdia.  291.  292. 

El  Mehenni.  351. 

El  Mehagen.  308. 

Meknàs.  1.  19.  22.  24.  25.  37.  39.  40.  42. 

43.  40.  50.  07.  73.  75.  252. 
250.  395.  401.  424.  425. 
Mekrez.  131.  142.  17>4.  155. 

Mekrez  el  Hadjer.  154. 

El  Mektoufa.  309. 


10. 

Kl. 

19.  20. 


15. 


2. 

2.  21. 


10. 


3.  21. 


Mekhtara  Ait  Abbou.  227. 

Mêlai.  291.  292.  303. 

Melilla.  250.  390.  391. 

El  Mellah  (Ait  Zaïneb).  94.  278.  402. 

El  Mellah  (Outat  Oulad  el  II ad j ) .  242.  371. 

3.74.  378.  379.  403.  44s. 
Mellah  el  Ilioud  (Outat  Oulad  el  Iladj).  v. 
El  Mellah. 

Qçar  es  Souq.  351. 

Tiallalin.  v.  Qcîra  el  Ilioud. 

Mellah  a.  304. 

Mellab  Ait  Iazza.  357. 

Menâba.  22.  99.  100.  189.  193.  194.  329. 
330.  331.  332.  333.  334.  335.  330. 

402. 

Menizela.  191. 

Mentaga.  334.  335. 

El  Meqatra.  291.  292.  290. 

Mergeshoum.  101.  249.  251.  252.  253.  372. 

379.  381.  388. 

Meris  el  Biod.  00. 

El  Merja.  300.  304. 

Mermoucha.  383. 

Merrâkecli.  1.  21.  22.  24.  54.  50.  03.  05.  00. 

70.  78.  79.  82.  96.  98.  107.  I  14. 
125.  120.  134.  145.  153.  155.  150. 
188.  250.  205.  323.  335.  337.  338. 

342.  344.  373.  401. 

Merder  Djeld.  100. 

El  Mesalla.  375. 

Meslioua.  90.  401. 

Mesgoug.  273.  274. 

Meskis.  17>4. 

Meskoua.  151. 

Messaout. 

Messoun.  379.  385.  380.  387.  390.  391. 
Metalsa.  380. 

Metrara.  227.  232.  293.  343.  347.  352. 
Mezaouir.  388. 

Mezarcha.  308.  385. 

El  Mezarreb.  308. 

Mezdaggen.  340. 

Mezedjel.  8.  9. 

Mezgemmat.  321.  402. 

Mezgida  (Béni  Zemmour).  00. 

Mezgita.  22.  81.  91.  107.  110.  158.  159.  201. 
200.  208.  209.  210.  211.  212.  210. 
284  .  285.  286.  287.  288.  292.  301. 

400.  403. 

Mezizelt.  348.  349. 

Mfasis.  261. 

Mhaïa  (tribu  de  la  plaine  d’Angad).  253. 

380.  388.  390. 

(environs  de  Fâs).  24. 

El  Mhamid  (Dra).  295. 

(Zgid).  301.  302.  403. 


10. 

8. 

18. 


Carte 

21 


19 


14.  21 


20. 


/. 

9. 

19 


21. 


10. 
G.  ’ 


17. 


20. 

3. 


21 


IlliCONNAISSANf.K  VU  MAROC- 


CCI 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Mhamid  el  Rozlân.  159.  210.  211.  268.  283. 

286.  293.  293.  297.  298. 
299.  304.  399.  403. 
El  Ml.iara  (Oulad  Iahia).  332. 

Mharir.  262. 

El  Mharoug.  301. 

El  Mharza.  295. 

Mhaser. 

El  Mhazel.  297. 

Mheïjiba.  160.  161.  164.  166.  208.  300. 
Mhinch  (Zgid).  301.  302. 

Mi'al.  324. 

Miggar  el  Hedid.  328. 

Miknâsa  (tribu).  25.  33.  387. 

(qaçba).  32.  391.  401 . 

Miltsin.  99. 

El  Mirna.  275. 

Misour.  22.  35.  99.  231.  238  .  239.  240.  241. 
242.  243.  244  .  365.  366  .  367.  368. 
369  .  370.  372.  374  .  377  .  378.  379. 

380.  383.  384.  403.  447. 
El  Mkhater  (entre  le  Ferkla  et  le  Reris). 

22(3.  361. 

El  Mkhatir  (Menâba).  334. 

Mlouïa  (désert).  366. 

(plaine).  239.  240.  372. 

Mnia.  263. 

Mogador.  1.21.22.  79.  98.99.  122.  126.  152. 
153.  156.  166.  169.  170.  177.  180. 
181.  182.  184.  185.  186.  187.  188. 
199.  200.  293.  314.  342.  412.  413. 
439.  440.  441.  442.  443.  450. 
Mogger.  364.  365. 

Mouali  el  Ouad.  262. 

Mouâzen  Sidi  Bel  Khîr.  390.  391. 

Moui.  359.  360. 

Moulei  Abd  Allah.  352. 

Abd  el  Oualiad  (douar).  425. 

Abd  el  Qader.  331 . 

Abd  er  Rahman.  33.  35. 

Abd  es  Selam. 

Ali.  330. 

Bakkan. 

Bou  Azza  Amer  Trab.  65. 

Bou  Fers.  296. 

Bou  Iazza.  47.  66.  266. 

Brahim.  358. 

Edris.  24.  25.  389. 

El  Fedil  (adjib).  46.  47. 

Iaqob  (ravin).  296. 

Iaqob  ben  Selîman.  367. 
lousef  d  Ait  Ba  El  Hasen.  273. 
Ismaïl  (qaçba).  250.  251.252.  379. 

380.  381.  390.  449. 
Ez  Zaqi  (douar).  425. 

Mounialou.  321. 


Mouskellal.  351. 

El  Mqadra.  291 . 

Mrabten.  262. 

Mrabtin  Ait  Sidi  Mouloud.  287. 
Hamirin.298. 

Sidi  Ech  Chergi.  287. 

Mrimima.  128.  153.  154.  159.  160.  161.  163. 
164.  165.  166.  167.  168.  169.  189. 
201.  297.  300.  301.  302.  303.  304. 
306.  315.  316.  317  .  318.  339.  342. 

343.  399.  436.  437. 

Msamsa.  263. 

Mzab.  263.  264. 

Mzi.  322.  323.  324. 

N 

Negert.  34. 

Nekeb  Fouqani.  281. 

Tahtani.  281. 

Nesasda.  298.  303. 

Nesoula.  303. 

Nezala.  232.  354.  .368.  369.  373.  377.  447. 
Nkheïla.  301 . 

Nouaser.  261. 

O 

j  Ofra.  309. 

Ofran.  316. 

Ou  Allai.  348. 

Rijimt.  99.  277. 

Ouad  Achakski.  324.  326. 

Adis.  143.  145.  150.  158.  310.  311. 
Adrar  n  Iri.  83.  266. 

Adres.  304. 

Agennoun. 

Aginan.  117.  156.  202.304.  305.306. 
Agmour.  304. 

Agni.  115.  116.  304. 

Agni  Ouremd.  296. 

Agoundis.  337.  338. 

Agraz. 

Ait  Aïach.  363.  377.  382. 

Aïssa.  37.3. 

Aïssa  ou  Daoud.  296. 

Amer.  186.  189. 

Bou  Zoul.  187. 

Hamed.  274. 
el  Hazen.  196.  338. 

Iahia.  353. 

Mançour.  156. 

Meraou.  275. 

Mesri.  324. 

Messat.  72.  260.  264.  267. 

Mezal.  182.  340.  341. 


Cartes. 


/. 

9. 


18.  21. 
16. 


13.  21. 


4.  21. 
4.  21. 

1. 


18. 

20.  21. 


Caries. 


9.  21. 


17.  21. 


21 

10 

7. 

5. 

9. 

9. 


8.  15. 


10.  14.  21 


6.  21. 

11.  12.  21 


INDEX  DES  NOMS  (iGOGIlAPIllOUES. 


Ouad  Aït  Otman.  327. 

Oualiam.  260. 

Oubial.  327. 

Ouzanif.  281. 

Semgan.  283.  284. 

Semmeg  (aff‘  de  l'Od.  Zagmouzen). 

307.  328.  337.  338. 
Tameldou.  321.  324.  325.  326. 
Tedrart.  326.  336. 

Tigdi  Ouchchen.  103.  105.  112. 

206.  281.  283. 

Tougda.  325.  326. 

Akhdeur.  77.  260. 

Alemta  (inférieur).  296. 

(supérieur).  296. 

Alougoum.  301. 

Amaliz.  328.  329. 

Amasin.  279.  336. 
el  Amdad.  196.  335.  337. 

Amelloul.  27.  37. 
el  Amgaz.  50. 

Amoumen.  322.  323.  326. 

Amsensa.  266. 

Amzarou.  324.  325.  326. 

Anbed  Tesatift.  305. 

Aoullous.  324.  326. 

Aqqa.  151.  152.  172.  173.  174.  175. 

188.  300.  312.  313.  314.  316. 
Aqqa  Igiren.  141.  142.  307.  308. 
Iren.  300.  305.  306. 

Izen.  141.  307. 
el  Medfa.  211.  274. 
n  Ourellaï.  211.  215. 
el  Arba.  386.  387. 

Arezaz.  6.  9. 

Arlal.  300.  301. 

Asdrem.  283. 

Asengar.  304. 

Asgig.  146.  147.  308. 

Asmerdan.  310. 

Azerftin.  151 .  310. 

Azgemerzi.  108.  112.  281.  282.  283. 

304. 

Azrar.  197. 

Abd  Allah.  296. 

Âbdi.  296. 

el  Abid.  54.  65.  68.  69.  70.  72.  73.  74. 
75.  76.  100.  102.  259.  260. 
264.  266.  267.  400.  427. 
el  Adam.  423.  424. 

Aïciia.  13. 

Aïn  es  Seka.  308. 
el  Aououdj.  381. 
el  Arous.  260.  265.  267. 
el  Asel.  196. 

b  Ougeminez.  260.  261 . 264. 267.  277. 


Cnrtes. 


8. 


8.  21. 

7. 


14.  21. 
4. 


Ouad  Bachkoum.  283. 

Beht.  42.  43.  46. 

Béni  Mellal.  63. 

Mesri.  365. 

Mhammed.  192. 

Riis.  247  .  248  .  376.  379. 
el  Benian. 

lient  en  Nas.  299.  307.  308.  309. 
El  Betha  el  Beïda.  296. 

Ilou  el  Aouam. 

Çfiha.  3.  418.  419. 

Chaked.  31 1 . 
el  Djerf.  386.  387. 

Fekran. 

Felfoul.  277. 

Cierba.  34. 

Herhour.  31 1 . 

Helou.  387. 

Igouldan.  279. 

Lougeïn.  296. 

Rdim.  258. 


9. 


10.  11.  21. 
10. 

9. 

10. 


Regreg.  48.  50.  401. 
Rzab. 

Srioul.  193.  335.  336. 
Tamat.  299.  307. 


Zemlal.  387. 
el  Bouir.  308.  309. 

Charef.  380.  381. 

Chechaouen. 

Chegg  el  Ard.  243.  244.  246.  367.  371 . 

377.  378. 


Carte®. 


3.  21. 


12.  21, 
19.  21. 
1.  21. 


1. 

1.  21. 


20. 

19. 

14.  21. 


1. 


18.  21. 


15. 


10. 

10. 

8.  9. 

10.  14.  21. 

6.  21. 

Q 

O, 

1.  21. 

14. 


ech  Cheurfa. 

Chlouk.  391. 

Dâdes.  21.  70.  211.  213.  214.  215. 
216.  217.  218.  219.  224.  266. 
268.  269.  270.  271.  272.  273. 
274.  275.  276  .  277.  280.  285. 
289.  293.  .362.  363. 

Daï.  259. 

Debdou.  249.  250.  251.  375. 

Defalia.  313. 

Derna.  59.  60.  63.  259. 

Dra.  10.  21 .  24.  28.  61.  62.  70.  86.  87. 
88.  95.  98.  99.  100.  101.  102. 
108.  1 15.  !  19.  124.  135. 138.  1  K». 
141.  143.  144.  145.  146.  147.  148. 
149.  152.  153.  154.  157.  160. 161. 
168.  177.  188.200.205.206.207. 


1. 


15.  21. 


19. 

lu. 

6.  21. 


209.  210.  211. 212.  213.214.  215. 
216.  224.  227.228.  230.  260.  268. 
277.  280.  281 . 282.  284. 285. 286. 
288. 289.  290.  292.  293.  294.  295. 
297.  298.  299.  300. 302.  303.  307. 
308.  309.  312.  314.315.  316.  317. 
318.  319.  328. 336.  .343.  344.  346. 

362. 402. 


8.  10.  15.  21 


\  7  (  ) 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Unîtes. 

Cartes. 

Ouad  Djebaïr.  310.  311. 

Ouad  Imiter.  219  .  220.  221.  223.  357.  358. 

15.  10.  21 

Djedari.  308. 

In  Timmelt.  340.  341 . 

Djedida.  40. 

3.  21. 

Inmarakht.  322.  323.  326. 

Parer  (affluent  du  Dra).  200. 

Innaouen.  25.  20.  27.  29.  30.  31.  33. 

Parer  (affluent  du  Sous). 

14. 

30.  37.  97.  386.  387. 

4.  21. 

Pas.  ' 

3. 

Iounil.  58.  87.  88.  89.  90.  94.  95.  108. 

el  Pe'ija  (affluent  du  Dra).  290. 

214.  277.  278.  279.  284.  337. 

7.  8.  21. 

(affluentde  l’Ouad  Zgid).  302. 

louzioun.  321. 

303. 

n  I ri.  v.  Ouad  Adrar  n  Iri. 

Ferkla.  354. 

Iriri.  87.  94.  277.  278.  279.  283.  284. 

Fichtâla.  00. 

0. 

320.  .336. 

8.  21. 

el  Pondoq. 

1. 

Irels.  105.  283. 

8. 

Poum  el  Ancer.  00.  03. 

0. 

Isaflen.  312.  319. 

Meskoua.  v.  Ouad  Meskaou. 

Iserki.  274.  270. 

El  G  en  ta  fi.  336.  337. 

Isli.  257.  258. 

20.  21. 

Gir.  21.  99.  102.  108.  233.  302  .  303. 

Isoumaten. 

1.  21. 

304.  365.  384.  389.  390.  403. 

Izgern.  324. 

El  Gloa.  300.  303. 

Izgrouzen.  322.  323.  326.  .338. 

Grenzar.  290. 

Izourzen.  158.  310.  311. 

10. 

Grou.  48.  50.  200. 

5.  21. 

Kebbaba.  120.  151.  152.  313. 

10. 

Hamsaïlikh.  299.  300. 

el  Kerm. 

18. 

el  lladar.  387. 

el  Khel.  33. 

el  llamerin.  190. 

12. 

Ksiksou.  48. 

5.  21. 

el  Hechaïch.  8.  9. 

1. 

el  Kharroub(entre  Tanger  et  Fâs).  13. 

1.  21. 

llenina.  299.  307. 

(entre  Meknâs  et  Oul- 

el  Hericha.  13. 

1.  21. 

mess) . 

O. 

Ibakellioun.  200.  201. 

Kheneget  Teurfa.  141.  140.  147.  149. 

lberqaqen.  175. 170. 178.312.313.314. 

11.  21. 

298.  299.  307.  308. 

10. 

Icht.  300.  315.  310.  318. 

Zrorha.  147.  308. 

10. 

Id  ou  Illoun.  326.  3.30. 

Kheouïa.  311. 

Ida  ou  Gert.  187. 

13.  21. 

Kholkhal. 

5. 

ou  Isaren.  187. 

13. 

Landra. 

i. 

ou  Tromma. 

13.21. 

Eeben.  387. 

Idermi.  94  .  95.  103.  105.  112  .  208. 

Mancour.  324.  325.  326. 

277.  279.  280.  281. 284.  285.  293. 

8.  21. 

Medfa  Keddou.  370.  378. 

Idikel.  322.  323.  320. 

Mehdouina.  40. 

♦» 

Idili.  290. 

Mebadjra.  4.  5.  7. 

i. 

Ifenouan.  282. 

el  Melh  (Asif  Marren).  87.  90.  277. 

7. 

Ifraden.  82. 

7. 

(bassin  de  l'Ouad  Dàdes). 

Igemran.  324.  325.  320. 

276. 

Ignan  n  Ikis.  202.  305. 

9. 

(affluent  de  l’Ouad  Rdàt). 

7. 

Ijariren.  187. 

Melillo.  372.  370.  379. 

ljja.  311. 

Mentaga.  335. 

Ikis  (bassin  du  Dra).  202.  203.  204. 

Merah.  2. 

I.  21. 

(bassin  du  Sous).  322.  323.  320. 

Mergou.  290. 

Iklioullan.  178.  179.  340.  341. 

11.  12. 

Mesegmar.  253.  254.  367  .  308.  381. 

Ilir.  198.  199.  308. 

389. 

20. 

Imariren.  187. 

Meskaou.  151.  299.  312.  310. 

10. 

Imgoun.  271.  274.  275.  270.  277. 

15.  21 . 

Messoun.  58.  370.  379.  385.  386.387. 

Imi  n  ou  Aqqa.  158.  310.  311. 

10. 

Mctlili.  254. 

20. 

Ougadir.  300.  310.  317. 

Mezarreb.  .308. 

n  Tels.  198. 

10. 

Mgerouel. 

1. 

hnider.  295. 

Mbit.  290. 

[mini.  87. 88.  89.  94.  95.  90.  277.  278. 

Mial.  326. 

279. 

el  Miet  (affluent  de  droite  du  Dra). 

Imiteq.  173.  313. 

10. 

296. 

INDEX  DES  NOMS  GEOfiRAPlIlOUES. 


Ouad 


el  Miet  (affluent  de  gauche  du  Dra). 

Cartes. 

Ouad  Samsa. 

290. 

Saksad.  323.  320. 

el  Mkhâzen.  14. 

1.  21. 

Sebou.  10.  12.  17.  21.  24.  20.  27.  39. 

Mlouïa.  10.  21.  33.  58.  97.  99.  100. 

97.  100.  101.  102.  250.  380. 

101.  102.  147.  223.  234.  235. 

.387.  401.  420.  421. 

336.  338.  339.  240.  242.  243. 

Semnara.  191. 

244.  246.  247.  251.  252.  258. 

Sfrou . 

254.  259.  349.  363.  306.  367. 

Sidi  Ben  Sasi.  65. 

368.  369.  370.  371.  372.  373. 

Bon  Iahia.  v.  Achil  Sidi  Bou  labia. 

374.  375.  370.  377.  378.  379. 

Hamza.v.  OuadZaouïaS.  Hamza. 

380.  381.  382.  383.  384.  385. 

Haseïn.  328.  329.  330. 

380.  387.  388.  389.  390.  403. 

17.18.19.21. 

Mohammed  el  Hadj. 

Mrira. 

1. 

Mohammed  ou  Iaqob.  22.  197. 

Msount.  323.  324.  326. 

199.  200.  308.  309. 

en  Nekhla.  0.  7.  11. 

1.  21. 

Nacer.  310. 

Nezala.  231.  232.  234.  354. 

17.  21. 

Rejjou. 

Nfid.  290. 

Siroua.  281 . 

Nfis.  335.  337.  338. 

Souf  ech  Cherg.  240.  242.  307.  308. 

Noun  (district).  35.  70.  91.  101.  123. 

370.  370.  377. 

138.  150.  317.  318. 

Souir. 

344.  345.  346.  402. 

Sous.  22.  24.  28.  81.88.  95.  99.  100. 

Nza.  40. 

3.  21. 

102.  108.  124.  138.  140.  100.  177. 

El  Ouaar.  192. 

14. 

179.  181.  183.  184.  188.  189. 

Ouaouizert.  70.  71. 

0. 

190.  191.  192.  193.  194.  195. 

Ouarour. 

1.  21. 

196.  199.  232.  282.  293.  300. 

Ouerra.  16.  17.  420. 

2.  21. 

307.  309.  316.  317.  318.  319. 

Ouinjgal.  301. 

321.  322.  320.  327.  328.  329. 

Ouizert.  240.  373.  376.  377.  382. 

18.  21. 

330.  332.  333.  334.  335.  336. 

Oulad  Ali.  373. 

341.  343.  344.  345.  340.  401. 

Oulad  Djouat. 

14. 

Ta  n  Amelloul.  281.  330. 

Oulad  Otman.  248.  379. 

Tafna.  253.  388. 

Oulrass.  340.  341.  342.  344.  345. 

Tagmout  (affluent  de  P0<1  Rdât).  v. 

Oumm  cr  Rebia.  21.  24.  49.  54.  57. 

Ouad  Adrar  n  Iri. 

58.  59.  00.  63.  70.  79. 

(affluent  de  PO'1  Dàdes).  21 1. 274. 

100.  102.  259.  200.  205. 

Taïfi. 

200.  277.  401. 

0.  21. 

Talkjount.  193.  335.  330. 

Guneïn.  335. 

T  aman  art.  316. 

Ourjelim.  44. 

3.  21. 

Tamanat.  90.  279. 

Ouseddan. 

20. 

Tamdakht.  277. 

Ousillin.  40. 

O 
•  >. 

Tamellalt.  290. 

Ousreït.  290. 

Tamtsift.  207.  208.  285.  288.  295. 

Outat  Aït  Izdeg.  30.3.  360.  308.  371. 

Tanamrout.  172.  173. 

370.  377.  382. 

Tangarfa  (affluent  du  Dra  moyen). 

Ouzanif.  100. 

213.  290. 

El  Qabia.  300.  301. 

(affluent  du  Dra  inférieur). 

Qaçba  el  Djoua.  118.  138.  139.  304. 

300. 

305. 

9. 

(affluent  du  Sous).  195. 

el  Qceb  (bassin  de  la  Mlouïa).  254. 

Tansikht.  290. 

370.  381. 

20. 

Tanzida.  116.  117.  118.  304.  .305. 

e  1 Q  c  ib  (  af fl  u  e  n  t  d  u  D  r  a) .  299 . 307 . 308 . 

Tanzit.  211. 

el  Qous.  14.  15. 

1.  21. 

Tara  Melloul.  296. 

Rdàt  (entre  Tanger  et  Fâs).  10. 

2.  21. 

Targant  (affluent  de  l'Ouad  Kheneg 

(entre  Demnât  et  Merràkech). 

et  Teurfa).  141.  305.  300.  307.  .308. 

58.  KO.  82.  86.  94.  90.  200. 

7.  21. 

309. 

Reris.  225.  227  .  354.  357  .  358.  359. 

Targant  (affluent  de  l’Ouad  Qaçba  el 

300.  301 .  303. 

10.  21. 

Djoua).  1.39. 

Cartes. 

î. 

2.  4.  21. 
12.  21. 
4. 

1. 

10.  21. 
9. 

18.  21. 

1. 


12.  14.  21. 

1. 

14.  21. 

8. 

8.  1.'). 

14. 

9. 

10. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


178 


Ouad  Tarza.  227. 

Tasminert.  290. 

Tasoukt.  325.  320. 

Tasrirt.  281 . 

Tatta.  58.  143.  150.  171. 299. 

311.  312. 

Tàza.  29.  30.  31.  32.  387. 
Tazarin.  304. 

Tazenakht.  103.  105.  100. 

112.  200.  281. 282. 
Tazeroualt.  342. 

Tazioukt.  335.  337. 

Tazouli.  307. 

Tazrout  Timeloukka.  101. 
Teçcaout.  05.  70.  100.  259. 

Teccaout  Fouqia.  77.  200. 


309. 

338. 


108. 

283. 


310. 

434. 


109. 

204. 


200. 

205. 

205. 


204 

200. 

206. 

207. 


327 

.338, 


Merràkech.  200. 

Tahtia.  79.  260.  200. 
Temgissin.  302.  303. 
et  Tenîn. 

Tensift.  05.  79.  81.  102.  401. 

Tesatift.  141.  307. 

'l'étouan.  4.  7. 

Tichka.  96.  278. 

Tiddarin.  370.  378. 

Tidili.  93.  94.  278. 

Tidsi.  187. 

Tifnout.  321.  322.  323.  324.  320. 

332.  330. 

Timjijt.  106.  112.  205.  282. 

Tiouant.  376.  378. 

Tiouiin.  112.  205.  282. 

Tira  n  Imin.  232. 

Tiranekht. 

Tirrernt.  31 1 . 

4'isint.  58.  117.  118.  120.  101. 

302.303.304.  300. 

Titoula.  83. 

Tittal.  324. 

Tizert.  175.  313.  314. 

Tizgi.  325.  320. 

Tizgi  el  Baratin.  300.  314.  315. 
Iriren.  314. 
n  Mousi.323.  324.  320. 

Tizi  Aït  Imi.  200. 

Aqqa. 

Tizounin.  315. 

Tlit.  302.  303. 

Todra.  219.  220.  221.  222.  223.  224. 
225.  228.  207.  353.  354.  355.  350. 

357.  358.  301. 
Toufasour.  140.  147.  308. 

Toug  er  Rih.  143.  158.  310.  311. 
Tourza  Ait  Sekri.  274. 


100. 

432. 


310, 


Carto 

0.  17 


7.  21 


I.  21. 


21. 

21. 


10. 

21. 


21. 
5.  21. 


9. 


9. 


11.  21. 


10. 


10 

10 


.  21. 


Ouad  Triq  Targant.  139.  305. 

Za.  250.  251.  252.  253.  367.  374.  370. 

379.  380.  381.  385.  388.  390. 
Zagmouzen.  321.  322.  320.  327.  328. 

329.  332.  335.  330.  337 
ZaouïaSidi  JIamza.347.353.  354.  403. 
Zerri.  290. 

Zfal  (zaouïa).  271. 

Zgid.  161. 100.298.299.  300.301. 302. 

303.  300. 

Ziad.  193. 

Ziz.  10.  21.  24.  28.  02.  82.  88.  99. 
RIO.  101.  102.  121.  153.  158.  188. 
209.  21 1 . 218. 221.  222.  223.  220 
227.  228.  229.  230.  231.  232.  234. 
256.  347.  348.  349.  350.  351.  352. 
353.  354.  357.  302.  403. 
Zrorha.  v.  Ouad  Kheneg  Zrorha. 
Ouagginekht.  301. 

Ouaouizert  (village).  28.  68.  09.  70.  71.  72. 

90.  99.  100.  259.  200. 
264.  206.  207.  400.  401. 
408.  427.  428. 

(col).  08.  100. 

Ouaoula.  265. 

Ouaounsemt.  277. 

Ouaounzourt.  321.  322.  323.  402. 
Ouaourmest.  284. 

Ouaouzgert.  325. 

Ouarsdik.  275. 

Ouarzazât.  81 .  270.  279.  280.  281 .  283.  284. 

303.  399.  402. 
Ouarzazât  proprement  dit.  280. 

Ouazen.  271. 

Ouazzân.  2.  53.  103.  100.  293.  343. 
Ouchchan. 303. 

Oudjda.  230.  250.  253.  256.  257.  258.  369. 
370  .  379.  380.  381 .  388.  389.  390. 

391 .  403.  448.  449.  450. 
Ougdour.  279.  324.  330. 

Ougemmez.  v.  B  Ougemmez. 

Ougins.  283. 

Ouichdan.  99.  337.  338. 

Ouin  s  Tlit.  213. 

Ouinjgal.  301. 

Ouirgan.  337. 

Ouirrân  (désert). 

Ouizert.  377  .  382. 

Ouizil.  337.  338. 

Ouizzàn.  342.  345. 

Oujjân.  342. 

Oui  Itgir.  351. 

Touroug.  357. 

<  )ulad  Abbad.  370. 

Abbou.  377. 

Admer.  243. 


Cort 


402 


358.  301.  303. 


375.  384.  385. 


9. 

20. 


9. 

14 


21. 


17.  21 


21. 

21. 


20.  21. 


8 

18 


I.). 


.  21. 


INDEX  DES  NOMS  (JEüüHAI'llIQUES. 


470 


Cartes. 

1 

Oulad  Assoun.  262. 

Oulad  Brahil.  331.  402. 

Abd  Allah  (Béni  Amir).  259.  262. 

Brahim  (Béni  Mousa).  262. 

(Ida  ou  Blal).  154. 

(Béni  Zemmour).  261. 

Abd  el  Kerim.  243.  385. 

(Fezouata.)  292.  293.  29  ». 

Abd  el  Malek.  371.  385. 

(Menàba).  331 .  402. 

Adim.  300. 

(Ourdirra).  261. 

El  Agid.  291. 

Chaïb.  263. 

Aïssa  (tribu).  15.  17. 

2.  21. 

Ohaouf.  298.  303. 

(monts).  16. 

2 

Dahou.(£jous).  191. 

(Oulad  labia).  303. 

Daoud.  384. 

(Smâla).  261. 

Dehou  (Ouizert).  377. 

Ali  (Béni  Amir).  262. 

(Tikoutamin).  377. 

(Ouad  Chegg  el  Ard).  374.  378. 

Deleïm.  157.  346. 

379. 

Doudoun.  154. 

(mont) .  99.  100.235.  239. 240. 241 . 

Dris  (El  Mhamid).  295. 

246.  393. 

21. 

(vallée  du  Sous).  193.  333. 

ben  Telha.  388. 

Djema  (tribu).  18.  24.  387. 

A  marna.  263. 

(Zgid).  301. 

Amer  (tribu).  380.  381. 

20. 

Djerrar  (Zgid).  301.  302.  304. 

(monts) .  379. 380. 38 1 . 388. 389. 

Djouat. 

Arif.  262. 

El  Fedil.  371.  385. 

Arzin.  369. 

Fennan.  66.  261. 

El  Asri.  263. 

Fers.  263. 

Azzouz  (Ourdirra).  261. 

Fteta.  66. 

El  Baclia  (fraction  des  BeniOukil). 

Gaouch.  261. 

368.  369.  386. 

el  Hadj  (tribu).  10.  34.  35.  136.  241. 

(qçar).  291. 

243.  244.  245.  247.  248. 

Bechili.  303. 

367.  368.  371.  374.  375. 

El  Bekri  (fraction  des  Oulad  el  Hadj). 

378  .  379.  381.  .‘182.  383. 

384. 

384.  385.  388. 

El  Bekri  (localité  d’Outat  Oulad  el 

(environs  de  Fàs).  24. 

Hadj).  371. 

(mont) .  383. 

Bel  Qas.  302. 

(Metrara).  352. 

Bella.  154. 

(Ternata).  291. 

Ben  el  lloul.  247.  248.  379.  Ils. 

19.  21. 

llamed  (El  Mffiunid).  295.  403. 

Sifer.  332. 

14.  21. 

llamid  (fraction  des  Oulad  el  Hadj). 

Bhar  el  Kebar.  261. 

384. 

Bhar  es  Srar.  261 . 

(localité  sur  la  Mlouïa).  243. 

Bou  Aïta.  346. 

367.  368.  369.  372.  374. 

Arif.  263. 

384.  385. 

Bekr  (Béni  Mellal).  259. 

Hamida  (Zgid).  301. 

(Chaouïa).  263. 

Hammou  (Ouad  Arlal).  300. 

Hafra.  370. 

(Zgicl).  301. 

Herira.  294. 

Hammou  ou  Mousa  (fraction  des 

IJerrou.  262. 

Houara).  368.  385. 

laoud.  262. 

Hammou  ou  Mousa  (qacba).  368. 385. 

lous.  292. 

Haris.  264. 

Jejia.  370.  403. 

18. 

Hasen  (Béni  Amir).  262. 

Qaïs.  384. 

(Menàba).  331/332.  335.  336.  402. 

Qdir.  301. 

El  Hasen  (Mlouïa).  367.  369. 

Radi.  66.  261. 

llelial.  301.  302.  304. 

Rilas.  378.  379. 

labia  (tribu  du  Dra).  116.  121.  124. 

Ris.  332.  402. 

126.  135.  136.  154.  159.  160.  162. 

fîb.  370. 

163.  167.  171.  201.  206.  207.  285. 

Ziân  (monts).  36. 

4. 

286.  290.  292.  293.  297.  298.  300. 

Zi  ri.  263. 

301.  302.  303.  309.  319.  320. 

8.  9.  21. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


'■80 


Oulad  Iahia  (tribu  du  Sous).  194.  319.  330. 

Cartes.  1 

Oulad  Sereïr  (Ouad  Sous).  190.  191.  192. 

331.  332.  333.  334.  402. 

14.  21. 

194.  442. 

(collines).  209. 

8.  15. 

Serir  (Angad).  388. 

laïc-h  (Béni  Madan).  262. 

Sidi  Aïssa  (Chaouïa).  264. 

Iaqoub.  262. 

Aïssa  (Tiissaf).  374  .  384. 

Ioub  (Ternata).  291. 

Ali  Bou  Chnafa.  390. 

(zaouïa).  291. 

Amer.  298. 

lous.  377. 

Bel  Qasem.  264. 

Iousef  (Béni  Madan).  262. 

Ben  Abd  Allah.  373. 

A 

(Béni  Zemmour).  261. 

Aïada.  367.  369.  374. 

Izenqad.  346. 

Daoud.  263. 

Jellal  (tribu),  v.  Ait  Jellal. 

Bou  el  Alam.  370. 

Jerrar  (fraction  des  Oulad  el  Hadj). 

Amran.  66. 

’  384. 

Iaqob.  367  .  368.  369.  376. 

(localité  sur  la  Mlouïa).  367. 

Chikh  (environs  de  Fâs).  24. 

369.  374. 

El  Houari.  357. 

Kerzab.  303. 

el  Hadj.  264. 

Khaoua.  237.  238.  240.  241 .  243.  246. 

Hamed  ben  Abd  eç  Çadoq.  355. 

366.  367.  377.  381.  382.  384.  385. 

17.  18. 

Iaqob.  374. 

Mahdi.  368.  385. 

Mhammed  bel  lloseïn.  368.  385. 

Mançour.  401. 

7. 

Mhammed  ben  Hamed.  390. 

Mammer  (Béni  Madan).  262. 

Smaïn.  262. 

(Ferkla).  356.  357.  361. 

Smida.  262. 

Mellouk(frac.  des  Oulad  el  Hadj). 385. 

Smir.  261. 

(localité  d’Outat  Oulad  el 

Taoubbalt.  346. 

Hadj).  371. 

18.  19. 

et  Teïma.  191. 

Merah  (Béni  Mousa).  262. 

Teïr.  369. 

(Ouad  Zgid).  301. 

Zahra.  262. 

Mesad.  290.  296. 

Zian  (Béni  Amir).  262. 

Mesaoud.  368.  385. 

(Chaouïa).  264. 

Mhiia.  295. 

Zireg.  263. 

Mhammed.  263. 

Zmam.  262. 

El’ Midi.  380.  381. 

Ould  Fatma  Ilaminou.  306.  309. 

Mnisf.  263. 

Sidi  Malek.  331.  334. 

Moulât.  153.  154. 

Sidoïn.  66. 

Moulei  Ali  ben  Amer  (Ait  Tserrou- 

Oulmess.  28.  46.  48.  101.  102.  383.  407. 

chen).  373.  383. 

Oumbarek  ou  Dehen.  189.  193.  194.  443. 

(Anoual).  373. 

Oumm  el  Aleg.  152.  313.  317. 

Moulei  Iaqob.  371. 

el  Bordj.  144. 

Mousa.  290. 

Djeniba.  383. 

Nabr.  261. 

el  Lefa.  367. 

Nedja.  262. 

er  Remrnan.  274. 

Otman.  379. 

19. 

Oumsedikht.  339. 

Ousa.  291.  292. 

Ouneïn.  335.  337.  338.  402. 

Rehou.  368.  376.  385. 

Ounila.  95.  170.  277. 

Rejia.  262. 

Ounzin.  156. 196. 305. 306. 307. 309. 319. 320. 

Saïd  (Béni  Madan).  262. 

Ourdirra.  49.  261. 

(Chaouïa) .  263. 

Ourika.  208.  276.  285.  286.  287  .  288.  290. 

(Houara). 

12.  21. 

291.  294.  295.  296.  297. 

(Ouad  Chegg  el  Ard).  378.  379. 

Ouriz.  209.  276  .  285.  287  .  288.  290.  291. 

Se.lira.  368.  385. 

294.  295.  297. 

Seliman  (Hallaf).  368.  369.  385. 

Ouriz  Oulad  Megeddem.  290. 

(Misour).  370. 

Ourti.  279. 

Senjej.  263. 

Ousreït.  212. 

Segeïr.  v.  Oulad  Sereïr. 

Oussikis.  70.  96.260.261.  266.267.269.  361. 

Sereïr  (Misour).  370. 

363. 

Cartes. 

12.  21. 


1(3. 


5.  21 
14. 
10. 
10. 


21. 


8. 

S. 


G. 


INDEX  DES  NOMS  liEUGRADlllQlJKS. 


48 1 


Outoura.  227 .  326. 

Outa  Aftis. 

Anbed.  217.  219.  221.  358.  301. 
Angad.  97.  253.  254.  250.  257.  308. 

372.  379.  381.  385.  388.  389.  390. 
Azbed.  270. 

Bou  lougi. 

Bouddeïr.  140.  308. 

I ferres.  264.  267. 

Izourar.  267. 

Jell.  368.  372.  379.  385.  380.  387. 
Mlouïa.  372. 

Raret.  368.  372.  380.  387.  390. 
n  Sema.  305. 

Tafrâta.  101.  250.  251.  368.  372.  375. 

388. 

Tiallalin.  229.  231. 

El  Outat  (pour  Outat  Oulad  el  Hadj).  371. 
Outat  Ait  Izdeg.  100.  376.  377.  382.  403. 
Oulad  el  Hadj.  22.  240.  241. 242.  243. 

244.  240.  307.  309.  371. 
372.  374.  376.  378.  379. 
384.  385.  403.  415.  448. 

450. 

Outita.  39.  40. 

Ouzdiin.  284.  304. 

Ouzzàn.  342. 

() 

X. 

El  Qabia.  301.  304. 

El  Qaçba  (Ait,  Ououlouz).  330. 

(Aqqa).  120.  151. 

(Tidsi).  339. 

Qaçba  Ait  Ali.  287. 

Arbi.  288. 

Herbil.  310.  317. 

el  Aïoun.  22.  250.  253.  254.  255.  256. 
257.  369.  379.  380.  381.  388. 

391.  449. 

Aïoun  Sidi  Mellouk.  v.  Qaçba  el 
Aïoun. 

Ali  ou  Mousa.  303. 

Bel  Kouch.  63. 

Béni  Mellal.  28.  57.  60.  02.  03.  04. 

60.  08.  09.  73.  100.  400. 

401.  426.  427. 
Qoulal.  379.  380.  381. 
Cherarda.  24. 

Chikh  Ould  el  Hadj  Ialpia.  314. 
Debdou.  249.  375.  370. 

Djedida.  352. 

el  Djoua.  91.  128.  137.  138.  139.  140. 
141.  145.  150.200.299.304. 
305.  300.  307.  310.  312.  315. 
318.  319.  320.  433.  430. 


Cartes. 

17. 

15.  21. 
20.  21. 
17. 


Qaçba  Eoum  el  Ouad. 

Eichtàla.  .38.  59.  00.  04.  00.  259.  203. 
Foum  Tazenakht.  290. 

Iselouan.  386.  390. 
el  Kaba.  290. 

el  Makhzen  (Qçâbi  ech  Cheurfa). 
2.33.  2.35.  236.  237.  238.  308. 
309.  373.  377.  415.  447.  450. 
(Tatta).  143.  145.  309. 

310. 


19.  20.  21. 
17.  21. 


(Tinzoulin).  290.  403. 
Mcssoun.  379. 385. 380. 387.  390.  391 . 
Miknâsa.  32.  391.  401. 

Moulei  Ismaïl.  250.  251.  252.  379. 

380.  381.  390.  449. 
Oulad  Ilammou  ou  Mousa.  368.  385. 
Qedîma.  352. 

Ras  el  Aïn  Béni  Matar.  379.  380.  390. 
er  Renda.  294. 


Tàdla.  53.  57.  58.  00.  03.  04.  00.  252. 

259.  203.  401.  420. 


Tadoula. 


18.  19.  21. 
3.  21. 


10. 

8. 


El  Qaçbat.  311. 

Qaïd  Faraji. 

Saïd  ould  Bel  Aid. 

El  Qantra.  260. 

(Ouad  Sidi  Ben  Sasi).  05. 

El  Qçâbi  (pour  Qcàbi  ecb  Cheurfa). 

(localité  de  Qçâbi  ecb  Cheurfa). 
238.  239.  241.  243.  309. 
373.  377.  382.  403. 

(Tatta).  311. 

Qcàbi  ecb  Cheurfa.  10.  22.  39.  47.  02.  70. 

99.  100.  147.  210.  228. 
231.232.235.230.237. 
238. 240. 241 . 243. 244. 


20.  21. 


0.  21. 

11.  21. 
19. 


9.  21. 


205.305.306.368.369. 
373.374.382.383.384. 
403.  447.  448. 

Izligen.  292.  293.  294. 

Oulad  Bou  llerira.  294. 

El  Qçar  (ville).  4.  5.  13.  14.  15.  10.  18.22. 

31.  257.  401.  419.  420.  450. 
Qçar  Ait  Brahim.  359. 

Béni  Mellal.  60. 

Béni  Zemmour.  50.  51.  52.  425. 
Berrani.  352. 

Chair.  299. 

Dekldani.  352. 

Djedid  (Metrara).  352. 

(Qçâbi  ech  Cheurfa).  369. 
(Ternata).  291. 

Ait  Ilammou.  351.  352. 

El  Qçar  el  Kebir  (ville),  v.  El  Qçar. 

(Semgat).  359. 

(Tiallalin).  350. 


Cartes. 

19. 

0.  21. 


17.  18.  21. 
10. 


20.  21. 


0.  21. 

8. 

12. 

12.  14. 

17.  18. 

17.  18.  21. 

1.  21. 

5.  21. 


i  /. 
01 


RECONNAISSANCE  VU  MAROC. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


'(82 


Qçar  Kebir  Ait  Brahim.  359. 

Khsa.  297.  303. 
el  Mallemin.  374. 

Oulad  Moulei  El  Hasen.  377. 

Ousebri.  377. 
el  Qdour.  305. 

es  Souq  (district).  99.  191.  218.  220. 

221.  220.  227.  228. 
229.  230.  232.  347. 
351.  352.  40.3. 
(qçar)  .219. 223. 226. 229. 348. 
351.353.334.305.309. 
373.374.377.403.440. 

Toual.  377. 

Zida.  270. 

El  Qcîba.  142.  145. 

Qcîba  Ait  Aqqo.  292. 

Aïssa  ou  Brahim.  295. 

Bou  Daoud.  304. 

Moha  ou  Ali.  351. 

Moulei  Hamed.  221.  .358. 

Tarat. 

Berda.  291. 

Chiadma.  293. 

Cbikli  El  Arabi  ben  Otman.  290. 

303.  304. 

Ignaouen.  304. 

ci  Ilioud.  v.  Qcîra  el  Ihoud. 

Imougar.  358. 

Moulei  Brahim.  358. 
el  Mqadra.  291. 

Oulad  El  Agid.  291 . 

Oulad  El  Bacha.  291. 

Oulad  Ousa.  291. 

Sidi  Üumbarek.  291. 

Sidi  Zaoui.  295. 

El  Qcîbat  (Ida  ou  Blal).  154. 

El  Qcîbat  (Tatta).  311. 

Qcîbat  Ilemsan.  301.  302. 

Qcîr  ech  Cherif.  350. 

Sidi  Omar.  350. 

Qcira  Ait  Aha.  350. 

Attou.  377. 

Aouda.  349'. 

Hamed  ou  Selîman.  377.  378. 
Alibou.  349. 

ech  Cheurfa  (Aïat).  377. 

ech  Cheurfa  (Bou  Sellam).  377. 

el  Ilioud (Tiallalin). 230.  348.  349.  350. 

3.>1 .  352.  353.  354 
303.  365.  308.  309. 
371. 373.377.  403. 
415.440.447.450. 

El  Mehcnni.  351. 
ou  Ba  El  Hasen.  354. 

Sidi  Ben  Hachem.  377. 


Qcîra  Sidi  Mohammed  bel  Bacliir.  377. 

Tizi  n  Isekfan. 

Qcîrat  Sidi  AM  Allah  ou  Ali .  359. 

Qçour  Asif  Melloul.  348. 

Beïdin.  140.  320. 

Qebala.  349. 

Qelaïa  (tribu).  390.  391. 

(monts).  386.  390. 

Qeradma.  304. 

Qetaïa.  49.  59.  00.  259.  201 .  203. 

Qioud.  302. 

El  Qlaa  (ville).  200.  200.  401. 

(Imgoun).  275. 

(zaouïa).  291.  292.  293. 

Qouaret.  371. 

Qoubba  Moulei  Iaqob  ben  Selîman.  307. 
Moulei  Ismaïl.  120.  121. 

Sidi  Abd  Allah  ou  Djafer. 

Abd  el  Ouahad.  307. 

Aïad  (Ait  Iiggas). 

Aïad  (Menâba). 

Ali  bel  Qasem. 

Ali  ben  Djebira.  143.  144.  310. 
Ali  ou  Azza.  307. 

Amara.  300.  312. 

Bou  el  Alain. 

labia.  270.  274. 

Reja.  332.  333.  338. 
Sekri. 

Daoud.  280. 

Daoud  Tagoummast. 

Haseïn  (Ouad  Sidi  Haseïn). 

328. 

El  Hasen  Ali.  281. 

El  Hoseïn  (Tatta).  144.  299. 

309. 

Ismaïl.  v.  Qoubba  Moulei  Is¬ 
maïl  . 

Mançour  ou  Hamed.  278. 
Mcllouk.  255. 

Mohammed  d  Aït  Hoseïn.  144. 

309. 

ou  Bel  Qasem. 
el  Hadj. 
ou  Dris. 

Mousa  n  Hamerin. 

Saïd. 

Selîman.  00. 

Tarourt.  295. 

Qoubbouin.  375. 

Qtaoua.  210.  285.  280.  293.  294.  295.  302. 

303.  304.  403. 


Er  Rahba  (Qçar  es  Souq).  351. 
Rahba  (Tatta).  31 1 . 


Cartes 

8.  15. 


9.  10. 


5.  6.  21. 
7. 


18. 

9. 
8. 

14. 

14. 

19. 

10. 


18. 

15. 

13. 

10. 


10. 


20. 


8.  15 
1. 

8. 

12. 

12. 


19. 


Cartes. 

19.  21. 

17.  21. 

17.  21. 

10. 

8.  15. 


10. 

17. 

17. 


INDEX  DES  NOMS  GEOGRAPHIQUES. 


'<83 


Rahôna.  5. 

Cnrtcs. 

Riour.  228.  350. 

Ras  el  Aïn  Béni  Matai*.  379.  380.  381.  390. 

Riraïa.  401. 

Dra.  286.  287. 

Romera  (Rif).  25. 

Irir.  311. 

10.  21. 

(environs  de  Fâs).  24. 

Mezgîta.  287. 

El  Rouan em.  301. 

el  Ouad.  155.  166.  170.  189.  193.  317. 

El  Rrouch.  352. 

329.  333.  334.  335. 

14  21. 

Rekkam.  239.  246. 

19. 

S 

Ternata.  289.  290.  292. 

Rebat  (port  de  mer).  19.  21. 

Safi.  339. 

'  (Mezgîta).  286.  287.  295.  403. 

Sahel.  22.  24.  82.  123.  124.  126.  148.  152. 

(Tinzoulin).  290.  403. 

154.  155.  158.  162.  166.  167.  168. 

Aït  Mimoun.  296. 

169.  182.  188.  293.  297.  299.  316. 

el  Hadjer.  291.  296.  303. 

317.  318.  319.  328.  333.  339.  342. 

Rechida.  243.  247.  251.  375.  376.  384. 

19. 

343.  345.  346.  402. 

Refoula.  367.  368.  385. 

Sais.  20.  24.  37.  39.  40. 

Regba.  294. 

Saksad.  323. 

lleggou  (groupe  de  qçars).  369.  374. 

19.  21. 

Sama  (Menûba).  331. 

(mont).  100.  246. 

21. 

Sarsar.  13.  15. 

Regibat.  157.  346. 

Sarro.  100.  211.  212.213.  214.  215.  217.  218. 

Er  Reken  (Ouad  Imgoun).  275. 

219.  220.  223.  227.  2G7. 269.  276.  289. 

Reken  (Ouad  Sidi  Mohammed  ou  Iaqob). 

296.  361. 364. 

308.  320. 

Saïda.  369.  384. 

Rekkam.  147  .  239.  240.  242.  243.  244.  246. 

Sebdou. 390. 

247.  372.  374.  382.  384.  389. 

18.  19.  21. 

Es  Sebt  (Indaouzal).  334. 

Rerraba.  382.  383. 

Sebt  el  Gerdan.  191. 

Reteb.  21.  227.  347.  353.  363.  403. 

el  Kefifat.  191. 

Rb  al  a.  329.  330.  332.  333.  334.  335.  402. 

Tamegrout.  293. 

Rhamna.  79.  259.  401. 

21. 

Sefala  (Mezgîta).  287. 

Rich.  348.  349. 

Sefalat  (Fezouata).  292. 

Rif.  4.  5.  8.  12.  24.  25. 35. 136. 251 . 379.  386. 

Seketàna  (famille).  88.  318.  319.  320.  328. 

387.  401. 

329. 

Rist  Djcdeïd.  147.  148.  150.  156.  299.  307. 

(tribu).  167.  170.  282.  306.  307. 

308. 

10. 

319.  328.  329.  336.  337.  402. 

Rol.ia.  286.  292.  293. 

proprement  dits  (fraction  de  la 

Rouased.  261. 

tribu).  329.  337. 

Roudat.  287. 

Sellaout.  375. 

Sema  (plaine).  365. 

U 

Semgat  (district).  358.  359. 

Raba  el  Arich.  367. 

18. 

Semget.  66.  261. 

Ida  ou  Gert.  186.  187. 

13.  21. 

Seinlal.  354. 

Oumrn  el  Lefa.  367. 

Semmoura.  376. 

Sidi  Abd  el  Ouabad.  367. 

18. 

Semrir.  269. 

Ralil  (district).  280. 

Sénégal.  124. 

(qçar).  280.  284. 

Seroub  (Ouad  Iriri).  279. 

Rarb.  15.  43. 

2.  21. 

(Ouad  Tlit).  302. 

Raret.  368  .  372.  386.  387.  390. 

Serrin.  351. 

Rarm  el  Alain.  66. 

Serrina  (Qcour  Beïdin).  140. 

Reris.  21.  99.  100.  101.  211.  218.  219.  220. 

(Tatta).  31 1 . 

224.  225.  226.  228.  230.  239.  242. 

Sermer.  66. 

349.  358.  360.  361.  363.  403. 

16.  21. 

Sfrou.  10.  18.  19.  20.  21. 24.  28.  35.  37.  38. 

Riata  (tribu).  25.  29.  31.  32.  33.  34  .  35.  36. 

39.  60.  64.  78.  101.  237.  265.  382. 

65.  248. 383.  387. 

4.  21. 

383.  387.  395.  401.  407.  415.  423. 

(monts).  18.  27.  28.29.  31.  33.  36. 101 . 

424.  450. 

102.  251.  368.  372.  379.  383. 

Siaïda.  264. 

.386. 387. 

4.  21. 

Sidi  Abd  Allah.  184.  439. 

48  '( 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


Sidi  Abd  Allah  (douar),  loi. 

Cartes. 

Sidi  Ilaseïn  (Ouad  Sidi  Ilaseïn).  328. 

ou  Ali.  359. 

Ilaseïn  ou  Mhind. 

ou  Djafer. 

8. 

El  Hasen  Ali.  28L 

ou  Mhind  (Ait  Amer).  114. 

El  Hoseïn  (Tatta).  144.  299.  309. 

282. 

9. 

(Tazeroualt).  341. 342.  343. 

ou  Mhind  (Tisint).  121.  100. 

(Zenâga).  282. 

104.  343. 

9. 

lahia  (village). 

Oumbarek  (Aqqa).  151. 

(Dar).  442. 

Oumbarek  (Mrimima).  159. 

lous.  330. 

100.  107.  30.3. 

9. 

Ismaïl. 

Abd  el  Ali  (Qtaoua).  294. 

Malek.  331.  334. 

(Todra).  355. 

Maneour  ou  Ilamed.  278. 

Abd  el  Ouahad  (qoubba).  367. 

El  Medaoui.  311. 

(forêt).  307. 

18. 

Mellouk.  255. 

(zaouïa).  371. 

Merri.  302. 

Abd  er  Rahman.  v.  Moulei  Abd  cr  Rah- 

Mhind  ou  Iaqob.  331. 

man. 

ou  Ouchchen.  442. 

Abd  er  Rahman  (Tamessoult).  203. 

9. 

Mohammed  d  Aït  Hoseïn.  144.  309. 

Aïad  (Aït  Iiggas). 

14. 

bel  Qasem.  62.  6.3. 

Aïad  (Menâba). 

14. 

cl  Hadj. 

Ali  bel  Qasem. 

19. 

ou  Abd  Allah.  287. 

ben  Abd  er  Rahman  d  Admer.  374. 

ou  Bel  Qasem. 

375. 

ou  Bou  Bekr  (Tisint).  121. 

ben  Djebira.  143.  144  .  310. 

10. 

ou  Dris. 

ben  Samah  d  Oulad  Amer.  374. 

ou  El  Hasen.  300. 

ech  Chergi. 

8.  15. 

ou  Iaqob  (Ouad  S.  Moham¬ 

ou  Abd  er  Rahman.  121.  303. 

med  ou  Iaqob).  198. 

ou  Azza.  .307. 

308.  309. 

Amara.  300.  312. 

ou  Iaqob  (Ouad  el  Amdad). 

lien  Abd  Allah.  373. 

09*7 

.  >.>.). 

Nacer  (Tamegrout).  292.  30.3. 

Mouloud  (zaouïa). 

Nacer  (Ternata).  291. 

Mousa.  335. 

Sasi.  65. 

Mousa  n  Hamerin. 

niai.  301. 

Omar  (Ida  ou  Gemmed).  330. 

Bou  Abbed.  00.  200. 

(Tiallalin).  350. 

Abd  Allah.  352. 

Otman.  280.  402. 

el  Alam. 

18. 

ou  Aziz.  335. 

Bekr. 

5. 

Oumbarek  (Outat  Oulad  el  Hadj).  371. 

lahia.  127.  270.  271. 274.  275. 

15. 

(Tâdla).  266. 

Nega.  336. 

(Ternata).  291. 

Nou.  293. 

Reliai.  22.  70.  79.  80.  81. 82.  99.  266. 

Qil.  348.  349.  303. 

401 . 408.  415.  428.  450. 

Iteja.  3.32.  333.  338. 

El  Razi.  153. 

Sekri. 

13. 

Saïd. 

Caleh.  294. 

Selîman.  66. 

Daoud.  280. 

Zaoui.  295. 

Daoud  Tagoummast. 

10. 

Siroua.95.  96.  102.  108.  112.  204.  279.  281. 

Dris  (Ait  Seddrât,).  288.  296. 

282.  283.  326.  327. 

(Dâdes).  211.  271. 

15. 

Smala.  49.  66.  90.  261. 

Felah.  209. 

Smira.  .300.  301 .  .302.  304. 

El  Houari.  226.  301 . 

10. 

Soual.  261. 

el  Hadj  Amer.  355. 

Soualcb.  154. 

Hamed  (Aït  Zaïneb).  278. 

8. 

Sou  a  ta  t.  .331.  402. 

liamed  ou  Mousa.  100.  108.  109.  311. 

Souekh.  299.  312. 

342.  343. 

Souir.  299.  309. 

ilamza.  353.  354.  40.3. 

Soukkan.  154. 

Cartes. 


13.  21. 
10. 

9. 


9. 


20. 

13. 


6. 


8.  15. 
8.  15. 


15. 

12. 


17. 


7.  21. 
12. 


21. 


INDEX  DES  NOMS  GEOGRAPHIOUES. 


w:> 


Sountat.  347 . 

Souq  ol  Arbaa  Aït  Iiggas. 

Bdaoua.  13. 

Béni  Qoulal.  381. 

Oulad  Djema.  18. 
ol  Djemaa  Houara. 

Oulad  Hamid.  385. 

Oulad  Iahia. 

el  I lad  Ait  Atab.  75.  261.  267.  401. 
Aït  Bou  Zid.  71 .  427. 

Ait  Mezal. 

Ida  ou  Isaren. 
el  Mouloud.  168.  169.  342. 

Mrimima.  168.  169.  342. 

S.  Hamed  ou  Mousa.  168.  169.  342. 
et  Tenin  Ida  ou  Mhammed.  183. 

Kerarma.  250.  252.  381. 
Oulad  et  Teïma.  191. 
Todra.  224.  356. 

Touf  el  Azz.  178.  341. 
Tiallalin.  349. 
et  Tlâta  Iliaïna.  35.  36.  43. 

Ksima.  184. 

Oulad  Hamid.  385. 
ez  Zemmour.  42.  43.  424. 
et  Todra.  224.  356. 
ez  Za.  250.  252.  381. 

Sour.  278.  402. 

Sous.  24.  70.  96.  109.  110.  120.  124.  126. 
145.  148.  155.  166.  169.  170.  181.  189. 
190.  192.  19.3.  194.  196.  256.  316.  317. 

.328.  .3.3.3.  342.  343.  346. 


Soussia.  298. 

Srarna.  4*9.  76.  77.  79.  259.  260.  266.  401. 
Stella.  299. 


Cnrto-i. 


2.  3. 
12. 

14. 

6. 

6. 

11.  12. 


20 

12 

16 


3.  21. 
16. 
20. 


7.  21. 


T 


Ta  n  Amelloul  (Mezgîta).  211. 

n  Amelloul  (désert).  281.  282.  336. 
Bou  Abd  Allah.  299. 

Taadadats.  358. 

Taagnit.  321. 

Taaqilt.  288.  289.  290.  296. 

Tabadrieht.  329. 

Tabaouchit.  275. 

Tabarkaït.  348. 

Tabarkhast.  275. 

Tabaroueht.  265. 

Tabcrracht.  347.  348. 

Tabia  (Aït  Tameldou).  321.  322. 
(Iouzioun).  322.  324.  402. 

(Ouad  el  Abid).  75.  76.  400.  401. 
(Todra).  355. 

(Zagmouzen).  327. 

(Ziz).  34s. 


6.  21. 


Tabia  Aqqa  Iren.  200. 

n  Boro  (Ouad  Zagmouzen).  327. 
n  Boro  (Ouad  Zgicl).  302. 

Djedida.  302. 
n  Imaoun.  334. 
en  Nkheïla.  302. 

Tabnattout.  376. 

Tabouarbit.  353. 

I  Tabougoumt.  278.  284.  402. 

Tabount.  280.  402. 

Tabouraht.  277. 

[  Tachbacht  Aït  Isfoul.  356. 

Tachdirt. 

Tadafals.  223.  446. 

Tadakoucht.  152. 

Tadaout  (Tiallalin).  350. 

Taddart.  276. 

Tadellast.  278. 

Tademricht.  280. 

Taderost  (pour  Taderoucht). 

Taderoucht.  227.  358.  359.  360.  363.  403. 
Tàdla  (contrée).  19.  40.  42.  46.  47.  48.  49. 

50.  51.  52.  53.  56.  57.  59. 
62.  63.  64.  65.  66.  67.  68. 
69.  70.  72.  74.  100.  181. 
2.30.  259.  261.  263.  264. 
265.  266.  278.  383.  401 . 
(qaçba).  53. 57.  58.  60.  63.  64.  66.  252. 

259.  263.  401. 426. 

Tadmamt.  326. 

Tadoula.  92.  106.  278.  402. 

Tadja.  280. 

Tafellount.  195.  331 . 

Tafergalt.  287. 

Tafersit.  401. 

Tafilelt.  20.  21.  22.  39.  47.  153.  154.  156. 

157.  167.  168.  169.  227.  2.32.  286. 
293.  297.  347.  353.  357.  363.  369. 

40.3. 

Tafoudeït.  44.  45.  48. 

Tafounent.  105.  106.  283. 

Tafraout. 

Tafraout  n  Iraden. 

Tafrâta.  101.  250.  251.  368.  372.  375.  388. 
Tafrent  (Aït  Abd  el  Ouirt).  328. 

Tafrent  (Aït  Ouarrda).  281. 

Tafrouqt.  302. 

Tafroust.  290.  296. 

Tafrout.  v.  Triq  Tafrout. 

Tagadirt  (Aqqa).  120.  151.  403. 

(Imseggin). 

(Ouad  Mançour).  325. 

(Ouad  Tlit).  302. 

Aït  Atto.  281. 

Aït  Daoud.  281. 

Ait  Hamed  ou  Hoummou.  330. 


Cartes. 


8. 

16. 

14. 

16. 

17. 


16.  21. 


5.  6.  21. 

6.  21. 


8. 


14.  21. 


8. 

14. 

9. 

19.  20.  21. 


10. 

12. 


MECONNAISSANCE  AU  MAROC, 


W(1 


Tagadirt  el  Bour.  337.  338.  401. 
n  Ouonddiz.  331 .  332. 
n  Tafoakt.  330. 

Tagdielt  Ait  Bou  Daoud.  361. 

Tagdourt  n  Touda.  270.  284.  402. 

Tagemt.  300. 

Tagendout.  330. 

Tagendouzt.  277. 

Tagentout  (Ouad  Aït  Tigdi  Ouchclien).  106. 

283. 

Tagentaft.  337. 

Tagenza  (Dâdes).  270. 

(Dahra).  373.  384. 

(Ida  ou  Gemmod).  330.  334. 
(Ouad  Zagmouzen).  327.  328.  320. 
Tagenzalt.  103.  104.  284.  430. 

Tagergint.  301. 

Tagergoust  (Aït  Ououlouz).  330. 

(Zagmouzen).  327. 

Tagerra.  105. 

Tagersift.  348.  340.  353.  354. 

Tagherot.  00. 

Tagjdit.  327. 

Taglaout.  320. 

Tagmadart.  202.  203. 

Tagmout  (Aït  Otman).  327.  328.  320.  402. 

(Glaoua).  80.  82.  83.  84.  206.  401. 

408.  415.  420.  450. 

(Isaffen). 

(Ouad  Tatta).  300.  310.  31 1.  312. 

310. 

Tagnit  (Imini).  278.  402. 

(Qçar  es  Souq).  351. 

Aït  Moho.  271. 

Ba  llammou  d  Aït  Taleb.  271.  274. 
Tagouïamt  (Aït  Oubial).  327.  402. 

(Ouad  Iriri).  270. 

Tagoulemt.  335. 

Tagoummast.  355. 

Tagounsa.  355. 

Tagoust.  331. 

Tagrioualt.  325. 

Tagrirt.  304. 

Tagzart.  211. 

Tagzirt.  50.  04.  08.  250. 

Tahennaout.  401 . 

Tahalla.  3.30. 

Tahamdount.  350. 

Taïfst  (Aït  Zaïneb).  277. 

(Ounzin).  300.  307. 

Taïmzour.  114.  115.  110.  117.  137.  130.  147. 

101. 318. 

Taïrza.  350. 

ïaïssa.  321.  322.  324.  320. 

Tajakant.  144.  153.  107.  188.  297. 

Tajegjit.  277. 


Cartes. 


8. 


15. 


8.  21. 


14. 


7.  21. 


17. 

15. 

15. 


0 


14. 


0. 


/. 


Takatert  (rive  droite  du  Dra).  272.  287.  204. 

205. 

Aït  Ikhelf  (rive  gauche  du  Dra). 

287. 

Takatirt  (Reris).  .360. 

Takclitamt.  327. 


Cartes. 


8. 


8.  15. 


Takdicht.  204.  205  .  444. 
Takemmou.  335. 

Takerrat.  277. 

Takiout.  401 . 

I  Taksit. 

Takhelil.  291. 

Takherri  (Gentafa).  337. 

(Ouad  Tifnout).  322. 
Takhoualt.  305. 
iTala.  284. 

Tala  Moumen.  337. 
j  Talalt.  350. 

Talart  Imadid.  300.  328. 

Talat  (Ouad  El  Qabia).  301. 

Aït  labia  (Mezgîta).  287.  200. 
n  As.  337. 
n  Ig.  323.  326. 
n  Ougnal.  324. 
n  Tanout  (Imerrân).  273. 
n  Tiout.  330. 

Talatin  n  Ouadil.  200. 

Taldnount.  145.  311.  320. 

Taleint  Bou  lleddou.  273. 

[  Talella.  338.  ' 

Talemart.  00. 

Talemt. 

Taleouin  (Mezgîta).  287.  290. 

(Ouneïn).  335.  337.  338. 
(Zagmouzen).  327. 
(Zenàga).  114.  283. 
Talesmant. 

Talet.  280. 

Talet  Tefraout. 

Talharit.  304.  365. 

Talilt.  301. 

Talkjount.  193.  333.  335.  330. 
Tallent  Sidi  Hachem.  342. 

Talmest.  200. 

Talmist. 

Talmodat  (Ouad  Timjijt).  282. 
Talmoudat  (Ouad  Tizgi).  325. 
Talmout.  275. 

Talmzit.  287. 

Taloust  (Aït  Amer).  282. 

(Aït  Ouarrda).  281. 

Talsit.  373.  384.  390. 


0. 

7. 

7. 


10.  14. 
8. 


8. 


8. 


14.  21. 

20. 


8. 


Taltgmout  el  Haratîn.  .305.  300. 
Taltnezourt.  327. 

Tamagourt.  348.  349. 

Tamaïoust.  104.  283. 


8. 


INDEX  DES  NOMS  GÉOGRAPHIQUES. 


487 


Tamakoucht.  277. 

Tamalalt.  334. 

Tamaliht.  341.  402. 

Tamalout  (Ouad  Aoullous).  326.  402. 

Aït  Amer  ou  Ali.  326. 
Tamanart.  152.  316.  317.  318.  345.  403. 
Tamanat  (col).  95.  96.  99. 

Tamararsent.  322. 

Tamarouft.  112.  282.  336.  337.  403.  432. 
Tamasint  (Ouarzazât).  280.  402. 

(Todra).  355. 

Tamast.  331 .  332.  334.  402. 

Tamatout.  267. 

Tamazirt  (Ouad  Asdrem).  283. 

(Ternata).  291. 

Tamazount.  350. 

Tamazzens.  401. 

Tamda  (Tazarin).  364. 

Aïtbir.  306.  307. 

Tamdafelt  (Mlouïa).  366.  382. 

(Tiallalin).  350. 

Tamdakht  (Aït  Seddrât): 

(Aït  Zaïneb).  89.  277.  27 N. 
Tamdrart  (Aït  Ououlouz).  330. 

(Ounzin).  305.  306. 

Tamdroust.  337. 

Tamedint. 

Tamegrout.  101.  138.  153.  160.  166.  285. 

286.  287.  292.  293.  303.  335.  343. 
Tamejjout.  99.  323.  338. 

Tamellakout  (Ouad  Asdrem).  283. 

(Ounzin).  306. 

Tamellalt.  401 . 

Tamerrakecht.  229.  348. 349.  351 . 352.  363. 

369.  370. 

Tamerranist.  278. 

Tamerzast.  280. 

Tamesraout.  269.  273. 

Tamesraout  (plaine). 

Tamessoult  (Adis).  143.  145.  158.  310. 

(Ouad  Ignan  n  Ikis).  128.  202. 

203.  305. 

Tametkal.  277. 

Tamgout.  330. 

Tamjerjt  (Aït  Ouarrda).  281. 

(Ouad  Igemran).  325.  326.  327. 

402. 

(Ouad  Tanzida).  304. 

(Ounzin).  306. 

Tamkasselt.  288.  296. 

Tamkasselt  el  Hara.  v.  Ilara  Tamkasselt. 
Tammarouin.  324. 

Tammasin  (district).  100.280.283.  2H4.  403. 
Tammast  (Ouarzazât).  277.  280. 

(Tatta).  311. 

Tammenout.  327. 


Cartep. 

7.  8. 


7.  21. 
9.  21. 


16. 


17. 


17. 

8.  15. 

8. 


10. 


17.  21. 


9. 

10. 

9.  21. 
7. 


8.  15. 


Tamnougalt.  210.  212.  272.  273.  285.  286. 

287.  288.  289.  290.  291.  293. 
294.  295.  296.  297.  403.  414. 
415.  444.  445-.  446.  450. 

Tamrart.  279. 

Tamsellount.  337. 

Tamskourt.  329. 

Tamskrat. 

Tamsoult  (Ouad  Aqqa).  175. 

(Ouad  Aqqa). 

Tamzaourout.  301 . 

;  Tamzernit.  323.  324. 

Tamzerra.  281. 

Tamzout.  291. 

Tanagamt.  291. 

Tanamrout  (col).  172.  173. 

(Mezgîta).  287. 

Tanfekht.  329. 

Tan  fit.  335.  337. 

Tangarfa.  v.  Fomn  Tangarfa. 

Tanger  (ville).  1.  2.  4.  11.  15.  16.  19.  20. 

21.22.36.  46.122.  191.401. 

417.  418.  450. 

(province).  4.  15. 
j  Tanrerift.  353. 

Tansikht.  288. 

Tansita  Fouqania.  303. 

Tanslemt  (qçar).  365.  373.  384. 

(col).  99. 

Tanzida.  116.  117.  .300.  302.  303.  304.  320. 

399.  432. 

Tanzita  (Ternata).  291. 

Tanzmout  (Aït  Seddrât).  288.  289. 

(Glaoua).  266. 

Taouahit.  350. 

Taouahmant.  358. 

Taouarsout.  322. 

Taouinekht.  301. 

Taoura  (Aït  Tserrouchen).  384. 

(Ouad  Iriri).  279.  402. 

Taourart.  332. 

Taourbart.  338. 

Taourirt  (Aït  labia.  Ouad  Dâdes).  216.  271. 
(Aqqa).  120.  151 . 

(Azrar). 

(Imini).  278. 

(Indaouzal). 

(Metrara).  352. 

(Ouad  Mançour).  325. 

(Ouad  Za).  250.  251. 252.  379.  380. 

38  1 .  390.  449. 
(Ouarzazât).  280.  402. 

(Seketàna).  329. 

(Tazenakht).  281. 

(Todra).  220.  221.  222.  223.  265. 

272.  273.  355.  356.  357. | 


Carte.'. 


8.  21. 


11. 

11. 


1.  21. 


9.  21. 


l  /. 
15. 


15. 

10. 

10.  14. 


14. 


20.  21. 


MECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


MSH 


Car  tes. 

Taourirt  (Todra).  358.  359.  300.  301.  362. 

Tarzout  (Qcàbi  ech  Cheurfa).  369. 

364.  403.  414.  415.  450. 

16.  21. 

(Qcar  es  Souq).  351. 

(Zagmouzen).  327.  400. 

(Ternata).  291.  296. 

el  H  ad.  327.  333.  402. 

Imerrân.  269.  273. 

Ibousas  (Mezgîta).  287. 

8.  15. 

Tasdmit.  340. 

n  Imakkeren.  85. 

7. 

Tasdremt  (AïtOuoulouz).  328.  339.  333. 335. 

Izknasen.  279. 

15. 

Taselmant.  106.  277. 

el  Mrabtin.  334. 

Taserga.  327. 

ou  Selîman.  182.  184.  439. 

12. 

Taserlit.  330.  331. 

n  Ouzenag.  302. 

Tasga.  278. 

n  Tilles.  302. 

Tasgedlt.  93.  94. 

Taqqat.  101.286.294. 

Tasgelt. 

'I’aqqat  Nezala.  354. 

Tashmoumt.  330. 

Taqtrant.  332. 

Tasiset.  348. 

Tarea.  268.  285.  286.  287.  295. 

8. 

Taskoukt.  93.  94.  278.  493. 

'l’areddout.  281. 

Tasla  Aït  Braliim.  106.  206.  208.  285.  295. 

Targa  (Qçar  es  Souq).  351.  352. 

Tasminert.  296. 

Aït  Irat.  337. 

Tasoult.  321. 

n  Mimoun.  327. 

Tasremout.  401. 

Targanada.  276.  40.3. 

Tasrekht.  279. 

Targant.  307.  308.  309. 

Tasrent.  328. 

Targant  Ida  ou  Oert.  186.  187. 

13.  21. 

Tasrirt.  281.  282.  395.  396.  328.  336.  337. 

n  Ououdmim.  183. 

12.  21. 

Tassellount.  401. 

Tarhamt.  263. 

Tassoumat.  330.  331.  334. 

Taria  (désert).  284. 

Tassourt.  287. 

Aït  Ali  ou  Moha.  272. 

Tastift  (Ouad  El  Qabia).  301. 

Aït  Amer.  272. 

(Ouad  Zagmouzen).  327. 

Aït  Meraou.  275. 

Tatta  (oasis).  22.  35.  91.  120.  121.  126.  137. 

alasagia  Imerrân.  272. 

128.  130.  132.  135.  137.  138. 

Ben  Sekri.  272. 

141.  142.  143.  144.  145.  148. 

Ilcmsan.  356. 

16. 

150.  151.  153.  154.  156.  158. 

'l’arir  n  Imiter. 

15. 

160.  168.  170.  171.  173.  174. 

Tarjijt.  318. 

180.  193.  256.  293.  297.  298. 

Tarkeddit.  99.  274.  277. 

21. 

302.  308.  309.  310.  311.  312. 

Tarmast.  287. 

315.  318.  319.  320.  337.  338. 

Tarmoucht.  279. 

15. 

340.  343.  400.  403  .  432.  433. 

Tarneouin.  322. 

434.  435.  436. 

Tarokht.  285. 

(kheneg).  151 .  161 . 

Taroudant.  22.  99.  190.  192.  193.  199.313. 

Tatteouin.  376.  377. 

329.  331.  .332.  333.  334.  335. 

Tâza.  19.  25.  26.  29.  30.  31.  32.  33.  35.  38. 

340.  402. 

14.  21. 

69.  64.  241. 249.  375.376.  378. 

Tarouni.  301. 

379.  385. 387.  390.395. 401.  406. 

Tarourt.  295. 

415.  421.  422.  450. 

Tarq.  353. 

Tazalart  (Ilalen).  340. 

Tarribant.  347.  348. 

(Ouad  Nezala).  354. 

Tarza.  227. 

16.  17.  21. 

Tazarin  (district).  22.288.  362.  363.  364. 

Tareroucht.  335. 

(Aït  labia).  353. 

Tarilast.  278. 

(Ouad  Zagmouzen).  327. 

Taria.  171.  172.  173.  309.  319.  438. 

10. 

Tazdert  Eouqani.  327. 

Tarlemt.  339. 

Tahtani.  327. 

Tarramt.  280. 

Tazeggert.  279. 

Tarrat.  322. 

Tazenag.  106. 

Tarrelil.  403. 

Tazenagt  (Metrara).  352. 

Tarrout  (Mezgîta).  286.  287. 

Tazenakht  (district).  196.  281. 

(col).  99. 

(village).  22.  62.  81.  92.  96.  103 

Tarzout  (Ouad  Aït  Sennneg).  328. 

105.  105.  197.  198.  199. 

Cartes. 


8. 

h. 


8.  ai. 


9. 


10.  21. 
10. 


4.  21. 


8.  9. 


INDEX 

DES  NOMS 

GEOGRAPHIQUES. 

Cartes. 

Cartes 

Tazenakht  (village).  1 10.  111.  113.  114.  1  '24. 

Temgissin.  303. 

135.  138.  171.  181.  190. 

Temouddat.  281. 

199.  202.  203.  205.  20G. 

Temsasar.  281. 

216.  280.  281 . 284.  285. 

Temrarerin. 

9. 

288.  300.  301.  304.  327. 

Tenîn  Ait  Bou  Bekr.  335. 

336.  395.  400.  403.  409. 

Aït  Iahia  ou  Otman.  360. 

410.  413.  414.  415.  430. 

Ait  Sin.  328. 

431 .  432.  443.  444.  445. 

Aït.  Tout  el  Azz.  178.  341. 

11. 

450. 

8.  21. 

Aqdim.  348. 

(Ouad  Dra).  296. 

Fl  Aroumiat.  292. 

Tazentout.  89.  94.  277. 

8. 

Ida  ou  Mhammed.  183. 

12.  21 

Tazeroualt  (district  du  Sahel).  70.  107.  168. 

Ilougaïm.  341. 

293.  316.  341.  342.  343. 

Kerarma.  250.  252.  381. 

20. 

344.  345.  400.  402. 

Oulad  et  Teïma.  191. 

12. 

(village). 

6. 

Qaçba  Qedima.  352. 

Tazga  (Imadiden).  329. 

Rebat.  290. 

Asdrem.  283. 

Sidi  Bou  Ahd  Allah.  352. 

Tazgelt.  340. 

Smira.  302. 

Taziat.  359. 

Taourirt  el  1  lad.  328. 

Tazioukt.  335. 

Telouet.  81. 

’l'azleft.  277.  278.  402. 

8. 

Timdouin.  335. 

Taznout  (Tisint).  120.  121.  320. 

9. 

Tinrir.  224.  356. 

16. 

(désert).  306. 

Todra.  v.  Tenîn  Tinrir. 

Tazouli.  306.  307.  320. 

Touf  el  Azz.  178.  341. 

11.  21 

Tazoulit.  311. 

ez  Za.  v.  Tenîn  Kerarma. 

Tazoult  (Imskal).  329. 

Zaouïa  Sidi  Bou  Qil.  349. 

(Ouad  Ait  Taineldou).  324. 

Tenmasla.  280.  284.  402. 

(Ouad  Amzarou).  325. 

Terboula.  267. 

(Tatta) .  310. 

10. 

Terga.  282. 

9. 

(Zenâga).  282.  283. 

9. 

Ternata.  158.  159.  210.  212.  285.  286.  289. 

Tazouqa.  351. 

17. 

290.  292.  293.  303.  363.  403. 

Tazrouft.  353.  354. 

Terrats.  18.  20.  26.  37.  39. 

3.  21. 

Tazrout  (Aït  Ouarrda).  281. 

Tertara. 

5. 

(Ouarzazât).  280. 

Terrisin.  267. 

(Tazenakht).  281.  ' 

8. 

Tesakoust.  279.  284.  336. 

(Fezouâta).  293. 

Tesaouant.  207.  276.  284.  285.  287.  289. 

Fouqania  (Imgoun).  275. 

290.  291.  293.  294.  295.  297. 

Tahtania  (Imgoun).  275. 

304.  414. 

8.  21. 

Timeloukka.  161. 

9. 

Tesatift.  305.  306.  307.  310. 

9. 

Taztout  el  Qatli. 

5. 

Tesfrout.  100. 

n  Sarro. 

15. 

4’esla  Ait  Braliim.  v.  Tasla  Aït  Brahim. 

Tecçaïout.  93.  277.  278. 

8. 

Tétouan  (ville).  1.  3.  4.  5.  6.  7.  9.  10.  II. 

Teççaouit.  376. 

13.  15.  22.  23.  24.  25.  26. 

Teççaout  Ait  Mazzen. 

7. 

34.  70.  405.  406.  415.  417. 

Teddref.  326.  336. 

418.  419.  450. 

1.  21. 

Tefraout  (mont). 

7. 

(province).  4.  15. 

(désert). 

8. 

Teza  (mont).  99. 

Tegafeït  (Ouad  Za).  379.  380.  381. 

Tezzart.  332. 

Tclouet  (district).  70.  81.  85.  86.  94.  107. 

Ti  n  Iargouten.  338. 

108.  109.  266.  276.  278. 

'  n  Iourkan.  362.  364. 

280.  284.  326.  327.  336. 

’l  iallalin  (district).  228.  229.  230.  232.  233. 

402. 

7.  21. 

236.  347.  349.  350.  365. 

(col).  82.  84.  85.  95.  96.  99.  233. 

7.  21. 

403.  446.  447. 

17.  21 

Tel  rem  t  (col).  28.  99.  147.  228.  231.  232. 

(plaine).  229.  231. 

17.  21 

233.  231.  328.  373. 

17.  21. 

Tichgach. 

11. 

Temdaouzgez.  112.  282.  302.  304. 

9. 

Tichka.  95.  96.  99.  278. 

7.  21. 

02 


m 


H  ISCOiN  NAISSANCE  U  MVllOC. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


400 


Tichki.  325. 

Tiddes.  325. 

Tidgar.  176.  314.  438. 

Tidili  (district  sur  l'Ouad  Imini).  278.  279. 

280.  402. 

(mont).  05.  93.  278. 

Tidirmit.  323. 

Tidnes.  334. 

Tidrest.  274. 

Tidsi  (district).  339.  340. 

(village  du  Tidsi).  339.  340. 
(Ternata).  291. 

Tifergin.  327. 

Tifernin  (mont).  200  .  207. 

(col).  100.  207. 

(désert).  284. 

Tiferoui.  277. 

Tiffitra.  354. 

Tiffoultout.  280. 

Tifirt  n  Zarakten. 

Tiflit  (Ouad  Iserki).  274. 

(Ouad  Sous).  330. 

Tifourt  (Zagmouzen).  327. 

(Seketàna.  v.  Tizi).  329. 

Tifrest.  311. 

Tigexnmi  Djedid.  280.  402. 
n  Talart.  330. 

Tazouggart  Ait  El  Haseïn.  273. 
Tigert.  277. 

Tiggint.  290. 

Tigider.  330.  331. 

Tigiselt.  143.  309.  310.  320. 

Tigit  (Mezgîta).  287. 

Aït  b  Oulman.  291.  292. 

Oulad  Chaouf.  291. 

Tigouramin.  337. 

Tigzit.  337. 

Tigzmert.  311. 

Tiidrin  (Amtrous).  358. 

Tiidrin  (Todra).  222.  355. 

Tiiggan.  150.  309.  310.  317.  338. 

Tiiggan  Qedîm.  145. 

Tiilit.  215.  210.  217.  270.  275.  301.  3)2. 

399.  403.  414.  445.  440. 
Tiissaf.  244.  374.  384. 

Tiiti.  143.  158.  171.309.310.311.315.  320. 
Tikirt.  88.  89.  92.  93.  94.  95.  103.  108.  1 10. 
274.  277.  278.  279.  280.  284.  399. 
402.  408. 409. 415. 428.  429.  430.  450. 
Tikoutamin.  377.  382. 

Tikoutar.  355. 

Tikhf'ar.  200. 

Tilioua.  329. 

Tillougit.  200. 

Tilmiouin.  270. 

Tilouin  (Ouad  Todra).  220.  227.  357. 


Cartes. 


il 


7.  21. 


8. 

8.  21. 

7. 

17. 

7. 


7.  8. 

10. 


10. 

10. 

10. 


15.  21. 
19.  21. 
10. 


8.  21. 


Tilouin  Ait  Isfoul.  358. 

Tilqit.  211.  322. 

Tilseklit.  282. 

Tilzir  (qçar).  284. 

(désert).  284. 

iTimasinin  (Imskal).  329.  402. 

(désert).  270. 

Timatreouin  Ignaouen.  219.  220.  221.  205. 

357.  358.  301.  304. 
Timbouktou.  123.  126.  127.  154.  150.  157. 

169.  188.  346.  362. 
Timdouin.  332.  333.  334.  335.  402. 
jTimekkit. 

| Timellilt  (Ouad  lounil).  277. 

(Ouad  Zagmouzen).  327. 
Timeloukka. 

Tiinersit.  329.  402. 

Timesla.  289.  290.  290.  303.  403. 
Timezgida  n  Izrar.  332. 

Timgdal.  325. 

Timi  Ourrt.  200. 

Timicha  (Imerrân).  270.  403. 

Timichcba  (Aït  labia).  215.  271.  445. 

(Ouad  Aït  Semmeg).  328. 
Timicht.  327.  328. 

Timidert.  287. 

Timikert  (Ida  ou  Tift).  330.  331. 

Timikirt  (désert).  280.  281. 

Timiter  (Ouad  Mançour).  325. 

(Ouad  Tifnout).  322.  323.  324. 
Timjdout.  278.  279.  402. 

Timjijt.  282. 

Timkist.  278. 

Timmi.  153. 

Timoula.  358. 

Timountout  Fouqia.  278. 

Tahtia.  278. 

Timoures.  325. 

Timrart.  120. 

'  Timrirt.  350. 

Timsal.  277.  402. 

Timskalt.  290.  296. 

Timstiggit.  275. 
jTimtedit.  274. 

Timtig.  292.  293. 

Timzgit.  359. 

Timzourin.  351. 

Timzourit.  305. 

|  Timzrit.  278.  402. 

Tindouf.  70.  126.  128.  144.  145.  152.  155. 

157.  182.  188.  297.  310. 

Tindout.  270.  403. 


Cartes. 

10. 


15.  10. 


10.  21. 
7. 

9. 


15.  21. 


8.  15 


8.  9. 


9. 

17. 


’inegdid.  291. 

’inegza.  290. 

infat.  300.  328.  329.  330. 
'infou.  293. 


INDEX  UES  NOMS  GEOGHAPIIK )LTES. 


V.ll 


Tingaï.  299.  300.  302.  307. 

Tingbit.  331. 

Tiniril.  211.  287.  293. 

Tinksif.  322.  328. 

Tinmekkoul.  321.  322.  327.  328.  329.  330. 

332.  333.  337. 

Tinnikt.  330.  332. 

Tinrir.  272.  273.  355.  350.  357.  359.  330. 

403. 

Tintazart.  141.  142.  143.  144.  145.  140.  148. 
150.  152.  153.  155.  158.  100.  104. 
108.  297.  299.  310.  319.  320.  338. 
403.  410.  411.  415.  433.  434.  435. 

450. 

Tinzalin.  283. 

Tinzats. 

Tinzer.  321.  322. 

Tinzert  (Id  ou  Illoun).  320. 

(Menàba) .  331.  332.  334.  402. 
Tinzoulin.  22.  159.  100.  103.  104.  105.  210. 

211.  212.  285.  280.  288.  289.  290. 

292.  303.  304.  403. 

Tiouaïouit. 

Tiouanin.  300. 

Tiouant  (district).  374.  378. 

(mont).  378. 

Tiouiin.  282. 

Tiourassin.  89.  277. 

Tiourza.  330. 

Tiout.  333. 

Tiouzzagin.  304.  305. 

Tir.  330.  332. 

Tirdouin.  350. 

Tirest.  327. 

Tirezdet.  348. 

Tirga. 

Tirigiout.  271. 

Tirikiou.  329.  337. 

Tirikht. 

Tirit. 

Tirkt.  331 . 332. 

Tirnest  (groupe  de  qcars).  374.  384. 
(mont).  383. 

Tirza  (Ouad  Béni  Mesri).  305. 

(Ouad  Iounil).  277. 

Tirl'ert.  35(7. 

Tirilasin  (Gers).  349. 

Qedim.  349. 

Tiriourin.  351. 

Tirmert.  318. 

Tirrematin  Ait  n  Aglou.  272. 

Ait  Aïssa  ou  Braliim.  350. 
Igelmouz.  270. 

Tirremt  (Ouad  El  Qabia).  301.  403. 

(El  Qçàbi.  Tatta).  311. 

(Tatta).  311.  320. 


Carte®. 


10.  21. 


10.  21. 
20. 


11. 


14. 

15. 

11. 

14. 

19.  21. 


Tirremt  (Todra).  222.  355. 

Ait  Assa.  273. 

Ait  Alxl  Allah.  273.  274. 

Ait  Ali  ou  labia.  270. 

Ait  b  ou  Iknifen.  350. 

Ait  Braliim.  272  .  273. 

Ait  Haddou  ou  Amr.  273. 

Ait  El  Hasen  (Ait  labia).  271. 

Ait  Hasen  ou  Daoud. 

Ait  Heddou.  272. 

Ait  Heddou  ou  Saïd.  272. 

Ait  Iazza.  350. 

Ait  Iddi  Ikniouin.  273. 

Ait  Kelb  ou  Ouchchen.  273. 

Ait  el  Mallem.  272. 

Ait  Merset.  270. 

Ait  Mezber.  270. 

Ait  Mohammed.  273. 

Ait  ou  Aggoun.  273. 

Ait  ou  Ben  Ali.  272. 

Ait  Oujjin. 

Ait  Sidi  Ali.  272. 

Ait  Temoudout.  272.  273. 

Azarif.  273. 

Aaraben.  273. 

Ali  d  Ait  El  Hasen.  212.  445. 

Ali  Heddou.  272. 

Ben  Zizi.  272. 

Bou  Ouchchan.  273. 

Bou  Tezouerin.  273. 

Fouqania.  350. 

Hamed.  270. 

Hammou  d  Ait  Ali.  273. 

Ioub.  272. 

El  Hasen  dAït  Isso.  273. 

Heddou  Nzaha  (d  Ait  lsso).  272. 
Ibarahen.  272. 

Ibarahen  Tahtia.  272. 

Iderdar.  273. 

Idir  Ait  Temoudout.  273. 
Ifertioun.  271. 

Uni  n  Ichil.  273. 

Isso  ou  Hamed.  272. 

Isso  ou  Mhammed.  272. 

Issoun  ben  Touda.  272. 
Izeggaren.  273. 

Izouralen  Ait  Hammou.  275.  403 
Moulei  Es  Srir.  273. 

Ou  Tmakecht.  273. 

Ouazen.  271. 

Ousfla.  272. 

Qasi.  270. 

Saïd  d  Ait  Ealla.  273. 

Tahtania.  350. 

Taria  ala  sagia  Imerràn.  272. 

I  Tirrist.  207. 


Carte.®. 

10. 


15. 


8.  15. 


15. 

15. 


8.  15. 


8.  15. 


l.). 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


V.)-2 


Cartes. 

Cartes. 

Tirzert.291 . 

Tizgi  n  Ouhakki.  325. 

Tisana.  377. 

n  Ouzaiim.  278. 

Tisenna  s  Amin.  200.  307.  308.  309. 

10. 

es  Selam.  152. 

Tisergat  (Mezgîta). 

8.  15. 

n  Taqqaïn.  321.  322. 

Tisergat  (Ternata).  291.  292. 

Tizgzaouin.  92.  94.  106.  277.  278. 

8. 

Tisfrioui.  306.  307.  309. 

Tizi  (Aït  Amer).  282. 

Tisgedlt  (Metrara).  352. 

Agni.  100.  114.  1 15.  1 16.  202.  282.  285. 

(Qçar  es  Souq).  351. 

304. 

9.  21. 

Tisgin  (tribu).  401. 

Aït  Imi.  99.  261.  277. 

21. 

(village).  401 . 

n  Amzoug.  99.  277. 

21. 

Tisili.  284. 

Aqqa.  151. 

10. 

Tisint  (oasis).  22.  35.  81.  91.  96.  100.  110. 

Azrar.  100.  196.  197.  199.  308. 

10.  21. 

113.  114.  115.  117.  119.  120. 

n  Baroukh.  285. 

121.  122.  123.  125.  126.  127. 

n  Dra.  364. 

128.  130.  132.  134.  137.  138. 

n  Glaoui.  28.  62.  80.  82.  84.  95.  96  98. 

139.  141.  142.  145.  146.  148. 

99.  233.  263. 

7.  21. 

151.  152.  154.  156.  158.  159. 

n  Glouli  (village).  338. 

161.  164.  165.  166.  168.  170. 

n  Haroun.  100.  202.  204.  285.  305. 

9.  21. 

171.  174.  181.  184.  188.  193. 

el  II ad. 

11.  12. 

196.  200.  201.  202.  256.  285. 

Iberqaqen. 100.  177. 

11.  21. 

293.  298.  299.  301.  302.  303. 

n  Idikel  (village).  338. 

304.  305.  306.  307.  308.  315. 

Igidi.  161. 

9. 

317.  318.  319.  320.  339.  432. 

n  Isekan  (qçar).  288. 

8.  15. 

433  .436.  437.  438.  442.  443. 

Izourar.  260.  267. 

444. 

9.  21. 

n  Omrad.  207. 

8. 

(klieneg).  117.  137.  138.  304.  306. 

■ 

Ou  Rijimt.  99.  277. 

21. 

316. 

9. 

Ouaouizert.  68.  100. 

6.  21. 

Tiskmoudin.  140. 

9.  10. 

n  Ougdour.  279.  324.  336. 

Tislit  Aït  Tigdi  Ouchchen.  105.  106.  206. 

n  Ouichdan.  99. 

283. 

8.  21. 

n  Ououlli. 

17. 

Tammasin.  283.  284. 

n  Sous.  333.  334.  338. 

Tisoukennatin.  401. 

n  Taddart.  276. 

Tisreïn.  379.  380. 

n  Tamanat.  95.  96.  99. 

7.  21. 

Tissouit.  376. 

n  Tamejjout.  99.  323.  338. 

Tit  n  Ali.  364.  403. 

Tanamrout.  172.  173. 

11. 

Titouga.  336. 

n  Tanslemt.  99. 

Titoula  Fouqia.  83.  84. 

7. 

n  Tarkeddit.  99.  277. 

21. 

Tabtia.  83. 

7. 

Tarrout.  99. 

Tittal.  324.  3.36. 

n  Telouet.  82.  84.  85.  95.  96.  99.  233. 

7.  21. 

Tizeggarin.  358. 

n  Telremt.  28.  99.  147.  228.  231.  232. 

Tizert.  313.  314. 

233.  234.  236.  373. 

17.  21. 

Tizgelt. 

11. 

n  Terboula.  267. 

Tizgi  (.Mezgîta).  286.  287. 

n  Terrisin.  267. 

(Ouad  Iounil.  District).  87.  91.  92. 

n  Tichka.  95.  96.  99.  278. 

7.  21. 

277.  280.  402. 

7.  21. 

Tifernin.  100.207. 

8.  21. 

(Ouad  Iounil.  Village).  87.88.89.  274. 

n  Tifourt.  329. 

277.  402.  429. 

7. 

n  Tirrist.  267.' 

(Ouad  Tizgi).  325. 

n  Tzgert.  142.  338. 

10. 

(Seketâna).  329.  337. 

Triq  I ri  1  n  Oïttôb.  100. 

8.  15.  21 

(Todra).  355.  356.  359. 

Tizinii.  227.  347.  353.  40.3. 

n  Gerrama.  .364..  40.3. 

Tizimout. 

6.  21. 

elHaratîn.  138.  152.314.315.317,  318. 

Tiznit.  344.  345. 

Ida  ou  Baloul.  171.  173.  174.  175.  181. 

Tizounin.  126.  135.  152.  182.314.  315.317. 

10.  21. 

182.312.  313.  318.  438. 

11.  21. 

Tizourin.  321 . 

Iriren.  315. 

Tizza  (ruisseau),  v.  (  baba. 

n  Mousi.  324. 

Tlâta  A  Ira.  145. 

INDEX  DES  NOMS  GÉOGRAPHIQUES. 


493 


Tlâta  Aït  Aïad.  265. 

Aït  Ioub.  334. 

Ait  ou  Alil.  350. 

Ait  Toufaout.  341. 

Erljal.  151.  152. 

Hiaïna.  35.  36.  43. 

Ilafaïa.  191. 

Imgoun.  275. 

Ksima.  184. 

Menâba.  334. 

Mentaga.  335. 

Ouizzàn.  342. 

Oulad  Hamid.  385. 

Sidi  Mellouk.  255. 

Tabia.  324. 

Tanzmout.  289. 
ez  Zemmour.  42.  43.  424. 

T  le  ha.  295. 

Tlemkaïa.  335.  337. 

Tlemsen  (Algérie).  28.  32.  97.  101 . 249.  250. 

255.  258.  401. 
(Ouad  Bon  Igouldan).  279. 

Tlit.  106.  1 13.  302.  303.  304. 

Tloussa.  330.  331. 

Tlzoui.  325. 

Todra  (oasis).  21.  22.  70.  78.  99.  188.  211. 

214.  216.  217.  218.  219.  220. 
221.  222.  223.  224.  228.  239. 
242.  265.  267.  354.  355.  357. 
358.  361.363.364.  403.  445. 

446. 

(tribu).  354.  355.  356. 
proprement  dit.  221.  354.  355. 
Torch.  261 . 

Torora.  277. 

Touat.  35.  123.  154. 

Toudma.  283. 

Tout'  el  Azz  (fraction).  340. 

(village).  178.  341. 

Toufasour.  308. 

4'oug  el  Khîr  (Gentafa).  337. 

(Iberqaqen).  176. 

(louzioun).  322. 

Tahtani.  322. 

Toug  er  Bill.  142.  143.  144.  145.  153.  155. 

158.  308.  310.  311.  320.  435.  436. 
Tougdin.  306. 

Touggour  (village  isolé).  242.  367.  369.  376. 

378. 

(Outat,  Oulad  el  Hadj).  371. 
Toukhribin.  337. 

Tou! al.  364. 

Toulgdit.  347.  348. 

Toullist.  353.  354. 

Touloua.  335.  402. 

Toumjoujt.  278. 


Cartes. 


1  4  21. 


4.  21. 

12. 

14.  21. 


3.  21. 


21. 


16.  21. 


11. 

11.  21. 


10. 


18. 


Toumlilin.  358. 

Tounfid.  363. 

Touroug.  357.  358.  361.  363. 

Tourtit.  279.  284.  402. 

Tourza  (Reris).  360. 

Ait  Sekri.  274.  275.  276. 

Trit.  128.  139.  299.  305.  306.  307.  .308.  310. 

316.  320.  340.  343.  436. 

4'sabit.  153. 

Tselfat.  16. 

Tsoul.  25.  33.  387. 

Tsouqt.  99.  100.  235.  383. 

Tzgert.  142.  .338. 


Cartes. 


9. 

2.  21. 
4.  21. 
18.  21. 

10. 


Taddart  (Imadiden).  329. 

Taddart  n  Oumira.  361. 

Talat  n  Tarfaqt. 

Tegaga.  15. 

Terf  ed  Del.  302. 

Et  Teurfa.  140.  141.  147.  154.  307.  308. 
Tiba  Marnia.  299. 

'i'itaf.  352. 

Toual.  243.  384. 

Triq  Anfoug.  211. 

Aqqa.  267. 
hlili.  200. 

Iril  n  Oïttob.  100.  211. 

Izilal.  267. 

Tafrout.  267. 

Tagzart.  211. 

Tilqit.  21 1 . 


13. 

1.  2.  21. 
10.  21. 


8.  15.  21. 


Z 

Za.  250.  252.  254.  367.  369.  372.  379.  391. 
Zagmouzen.  306.  319.  327.  328.  329.  102. 
Zaïah.  10.  19.  21.  44.  45.  46.  47.  48.  49.  65. 
66.  67.  90.  101.  191.  259.  263.  264. 

265.  266.  381.  401. 

Zalar.  18.  20.  37.  39. 

Zania.  261. 

Ez  Zaouïa  (Ait  el  Hazen). 

(Aqqa).  120.  151.312. 

(Assaka). 

(Mlouïa).  367  .  369. 

(Ouad  Zagmouzen).  327. 
(Tammasin).  283. 

(Tatta). 

(Tazeroualt).  342.  343. 

(Tidsi).  340. 

(Tisint).  117.  121.  128.  160.  166. 

184.  316.  320.  339. 

(Tizgi). 

Zaouïa  Agerd.  275. 


20. 


3.  4.  21. 

14. 

10. 


Kl. 


9. 

7. 


RECONNAISSANCE  AU  MAROC. 


V.li 


Zaouïa  Ahansal.  200.  264.  2G7. 

Aïnach.  295.  504. 

Ait  Ben  Xacer  (Ferkla).  350. 

(Mezgîta).  287. 
(Tatta).  310. 

Aït  Bou  Amran.  270. 

Ait  Bou  Bekr.  270. 

Aït  Haroun  Isaffen.  314. 

Aït  El  Miskin.  356. 

Ait  Ouaham.  260.  207. 

Aït  El  Rouadi.  06. 

Aït  Sidi  Ali  ou  Haseïn.  200. 

Aït  Sidi  El  Bordad.  270. 

Aït  Sidi  El  Hoseïn.  v.  Zaouïa  S.  El 
Hoseïn. 

Aït  Sidi  Mouloud.  271. 

Aït  Zerrouq.  270. 

Alonzi.  200. 

Amadar.  290.  290. 

Ankhessa.  278. 

Anoual.  373.  384.  390. 

Amer  ou  Abd  er  Rahman.  291. 
el  Baraka.' 291.  292.  290. 

Ben  Abbou.  331.  332. 
el  Berrania.  294.  295. 

Bou  Felf^ll.  277.  284. 
el  Feggouç.  290.  291.  29. ». 
el  Ferfar.  330. 

Fouqania  Sidi  Dris. 
el  Ftah.  291.  295. 

Griourin.  280. 

Igouramen  (Aït  Touaïa).  279. 

(Ouad  Iounil.  Assaka). 

277. 

(Ouad  Iounil.  Tizgi) .  277 . 
Ihezdamen.  355. 

El  Kaouka.  204. 

El  Mati.  153. 

.Moulei  Abd  Allah.  352. 

Abd  el  Qader.  331. 

Abd  er  Rahman.  33.  35. 

Abd  es  Selam. 

Ali.  330. 

Bakkan. 

Edris  (Fàs).  25.  389. 

(Zerhoun).  24.  25. 
Mrabtin  Sidi  Ech  Chergi.  287. 
Ouad  Zfal.  271. 

Oulad  loub.  291. 

Sidi  Aïssa.  204. 

Bel  Qasem.  264. 

Ben  Aïada.  307.  309. 

374. 


Cartes. 


15. 

IL 

10. 


15. 


14. 


/. 

7. 


4.  21. 
4.  21 

1. 


Bou  Amran.  06. 

Bou  Iaqob.  307.  308. 

309.  370. 


Zaouïa  Oulad  Sidi  el  Hadj.  204. 

Hamed  ben  Abd  eç  Ça- 
doq.  335. 

Ouzdiin.  284. 

Qeradma.  264. 
el  Qlaa.  291.  292.  293. 
es  Sagia.  287. 

Sidi  Abd  Allah  ou  Mbind  (A.  Amer). 

114.  282. 
(Tisint). 
121.  100.  104. 
Abd  Allah  Oumbarek  (Aqqa). 

151. 

(Mrimima). 
159.  100.  107.  303. 
Abd  el  Ali  (Qtaoua).  294. 

(Todra).  355. 

Abd  el  Ouabad.  371. 

Abd  er  Rahman.  v.  Zaouïa  Mou¬ 
lei  Abd  er  Rahman. 

Abd  er  Rahman.  (Tamessoult). 

203.  305. 

Aï  ad. 

Ali  ou  Abd  er  Rahman.  121. 303. 
Ali  ech  Chergi. 

Ben  Xacer  (Tamegrout).  292. 

303. 

(Ternata).  291. 

Ben  Sasi.  05. 

Blal.  301. 

Bou  Bekr  (Mezgîta).  280. 

Bou  Xega.  330. 

Bou  Xou.  293. 

Bou  Qil.  348.  349.  303. 

Çaleh.  294. 

Dris  (Aït  Seddrât).  288.  290. 

(Dàdes).  211.  271. 

Felah.  209. 

El  Houari  (Ferkla). 

(entre  Ferkla  el 
Reris).  220.  361. 
el  Hadj  Amer.  355. 

Hamed  (Aït  Zaïneb).  278. 
Ilamed  ou  Mousa.  160.  108 
109.  341.  342.  343 
Hamza.  353.  354.  403. 

Haseïn  ou  Mbind. 

El  Hasen  el  Ioussi.  38. 

El  Hoseïn  (Tazeroualt) .  341. 

342.  343. 
(Zenâga).  282. 

Ious.  330. 

Merri.  302. 

Mhind  ou  Iaqob.  331. 

Mbind  ou  Ouchchen.  442. 
Mohammed  bel  Qasem.  02.  03. 


Cartes. 


16. 


9. 


9 


9. 

14. 

8.  15. 


15 


10. 


10. 


8. 


13.  21. 


9. 


13 

0. 


INDEX  DES  NOMS  GEOGRAPHIQUES. 


V.) 


Zaouïa  Sidi  Mohammed  ou  Abd  Allah.  287. 

Mohammed  ou  Iaqob.  198.  308. 

309. 

Mouloud  Fouqania. 

Mouloud  Tahtania. 

Otman.  280.  402. 

Üumbarek.  371. 

Rehal.  22.  70.  79. 80.  81 . 82.  99. 
2130.  401.  408.  413.  428.  450. 
es  Souq.  287. 

Tamkasselt.  288. 

Tanzita.  291. 

Zarakten.  80.  82.  83.  96.  266.  401. 

Zarar  Ida  Oultit.  341.  342.  402. 

Z  air  (tribu).  21.  46.  47.  49.  66.  67.  264.  401. 

(qçar).  297.  298. 

Zbar.  299. 

Zebzat.  373.  382. 

Zegoura.  293.  296. 

Zekak.  287. 

Zekkara  (tribu).  389. 

(monts).  28.  101.  253.  257.  372 
381.  383.  388.  389. 
Zemmour  Chellaha.  19.  21.  40.  42.  43.  44. 

45.  46.  47.  48.  49.  07.  401. 
Zemràn.  77.  79.  81. 401. 


Zenàga.  22.  90.  91.  107.  108.  109.  110.  111. 
112.  113.  114.  115.  121.  126.  127. 
134.  135.  170.  203.  204.  205.  280. 
282.  303.  304.  305.  307.  308.  319 

400.  403. 

Zenata.  264. 

Zenba.  359. 

Zergan  (llouara).  368.  385. 

(Ternata).  290. 

Zerhoun.  18.  21.  24.  25.  26.  38.  39.  40.  47. 
|Zerrara.  360. 

|  Zerzaïa.  367.  369. 

Zgid  (oasis).  135,  138.  161.  202.  290.  301. 

302.  303.  304.  403. 

(kheneg).  161.  302. 

Zida.  270. 

Zidania.  259. 

!  Ziz  (district).  99.  347.  348.  349.  353.  363. 
j  Zizouan.  66. 

Zouaïa.  299. 

|Zouaïr.  262. 

Zouaïzel.  161. 
jZouaoui.  287. 

I  Zrabia.  331. 

!  Zriouila.  373.  384. 
jlzrorha.  146.  308. 


Cartes. 

8.  15. 


15. 

15. 


7.  21. 

8. 

8.  15. 
7.  21. 


20.  21. 

3.  5.  21 
7.  21. 


Cartes. 


9.  21. 


9.  21. 


10. 


TABLE  DES  MATIERES 


Tagcs. 

Rapport  fait  à  la  Société  de  Géographie  de  Paris  par  M.  Henri  Duveyrier  sur  le  voyage  du  Vicomte 

Charles  de  Foucauld  au  Maroc .  vu 

PREMIÈRE  PARTIE. 

Voyage. 

Avant-propos .  xm 

I.  De  Tanger  à  Meknâs .  1 

II.  De  Meknâs  à  Qaçba  Béni  Mellal .  42 

III.  De  Qaçba  Béni  Mellal  à  Tikirt .  08 

IV.  De  Tikirt  à  Tisint . 103 

V.  Séjour  dans  le  Sahara .  119 

VI.  De  Tisint  à  Mogador .  170 

VII.  De  Mogador  à  Tisint .  188 

VIII.  De  Tisint  au  Dàdes . 202 

IX.  Du  Dàdes  à  Qçàbi  ech  Cheurfa . 218 

X.  De  Qçàbi  ech  Cheurfa  à  Lalla  Marnia . 238 

SECONDE  PARTIE. 

Renseignements. 

I.  Bassin  de  l'Ouad  Oumm  er  Rebia . 259 

II.  Bassin  de  l’Ouad  Dra . 268 

III.  Bassin  de  l’Ouad  Sous . 321 

IV.  Sahel . 339 

V.  Bassin  de  l’Ouad  Ziz . 347 

VI.  Bassin  de  l’Ouad  Mlouïa . 366 

APPENDICE. 

Les  Israélites  au  Maroc . 395 

Liste  des  observations  astronomiques  faites  au  Maroc  au  cours  du  voyage  et  tableau  des  latitudes  et 

longitudes  déterminées  astronomiquement  par  ces  observations . 405 

Tableau  des  observations  météorologiques  faites  au  Maroc  au  cours  du  voyage . 417 

Note  sur  les  matériaux  qui  ont  servi  à  dresser  l’itinéraire  du  voyage . . 450 

Index  des  noms  géographiques  contenus  dans  le  volume  et  dans  l’atlas . 451 

[Photogravures.] 

Tikirt.  —  Demeure  du  chikh .  I 

Chechaouen .  8 

Tigert  (Ouad  Iounil) .  86 

Vallée  de  l’Ouad  Dra.  —  Vue  prise  de  Tamnougalt . 210 


FIN. 


ERRATA 


TEXTE. 

Page  70,  lor  croquis.  Au  lieu  de  Ouad  el  Abip,  lisez  Ouad  el  Abid. 

Page  78,  ligne  30.  Au  lieu  de  Ben  Ali  ou  El  aMhsoub,  lisez  Ben  Ali  ou  El  Mahsoub. 

Page  134,  lignes  22  et  23.  Au  lieu  de  Imi  n  Tels,  lisez  Tisenna  s  Amin. 

Page  144,  lignes  13,  14  et  15.  Au  lieu  de  Ait  Haseïn,  lisez  Ait  Hoseïn. 

Page  175,  ligne  4.  Au  lieu  de  Tinzert,  lisez  Tizert. 

Page  211 ,  ligne  15.  Au  lieu  de  Tanzit  el  Aqqa  n  Ourellaï,  lisez  Tanzit  et  Aqqa  n  Ourellaï. 

Page  211 ,  ligne  20.  Au  lieu  de  Ait  Aqqa  ou  Ali,  lisez  Ait  Aqqo  ou  Ali. 

Page  264,  ligne  31.  Au  lieu  de  Iferres,  lisez  Iferres. 

Page  267,  ligne  4.  Au  lieu  de  Ait  Bou  Iknifen,  lisez  Ait  b  ou  Iknifen. 

Page  267,  ligne  17.  Au  lieu  de  Iferres,  lisez  Iferres. 

Page  270,  ligne  44.  Au  lieu  de  Ait  Ouzzin ,  lisez  Ait  ou  Ez  Zin. 

Page  278,  ligne  5.  Au  lieu  de  Adhaa,  lisez  Adaha. 

Page  278,  ligne  40.  Au  lieu  de  Sidi  Ahmed,  lisez  Sidi  Hamed. 

Page  287,  lignes  46  et  47.  Au  lieu  de  Irerm  Azeggar,  lisez  Irir  n  Azeggar. 

Page  287,  ligne  24.  Au  lieu  de  Ras  Dras,  lisez  Ras  Dra. 

Page  290 ,  ligne  40.  Au  lieu  de  Bou  Nan ,  lisez  Bou  Nana. 

Page  291 ,  ligne  30.  Au  lieu  de  Zaouïa  Amrou  ou  Abd  er  Rahman,  lisez  Zaouïa  Amer  ou  Abd  er  Rahman. 
Page  293,  ligne  2.  Au  lieu  de  Ait  Bou  Iknifen,  lisez  Ait  b  ou  Iknifen. 

Page  294,  lignes  19  et  21.  Au  lieu  de  Ait  Bou  Iknifen,  lisez  Ait  b  ou  Iknifen. 

Page  299,  ligne  15.  Au  lieu  de  Chebka  Djedeïd,  lisez  Chelkha  Djedeïd. 

Page  306,  ligne  21.  Au  lieu  de  Tamjejrt,  lisez  Tamjerjt. 

Page  307,  lignes  38  et  41.  Au  lieu  de  Tisennasamin,  lisez  Tisenna  s  Amin. 

Page  308,  ligne  4.  Au  lieu  de  Tisennasamin,  lisez  Tisenna  s  Amin. 

Page  309,  ligne  18.  Au  lieu  de  Tisennasamin,  lisez  Tisenna  s  Amin. 

Page  324,  ligne  29.  Au  lieu  de  Inmerzen,  lisez  Inmezzen. 

Page  326,  ligne  17.  Au  lieu  de  Iferran,  lisez  Iferran. 

Page  329,  ligne  16.  Au  lieu  de  Tiliona,  lisez  Tilioua. 

Page  330,  ligne  23.  Au  lieu  de  Igedda,  lisez  Igedad. 

Page  334,  ligne  37.  Au  lieu  de  Assoumat,  lisez  Tassoumat. 

Page  337,  ligne  32.  Au  lieu  de  Targa,  Aït  Irat,  lisez  Targa  Ait  Irat. 

Page  339,  ligne  19.  Au  lieu  de  Aït  Amir,  lisez  Ait  Amer. 

Page  355,  ligne  46.  Au  lieu  de  Ikhb,  lisez  Ikhba. 

Page  402,  ligne  9.  Au  lieu  de  Aït  Ouartasat,  lisez  Ait  Ouartasa. 

Page  402,  ligne  42.  Au  lieu  de  Ida  Gouilal,  lisez  Ida  ou  Gouilal. 

Page  402,  ligne  47.  Au  lieu  de  Ait  n  Ougeïda,  lisez  Aïn  n  Ougeïda. 

Page  402,  ligne  30.  Au  lieu  de  Timjoujt,  lisez  Timjdout. 

ATLAS. 


Feuille  14.  Au  lieu  de  Aït  Tiggas ,  lisez  Aït  Iiggas. 

Feuille  14.  Au  lieu  de  Ouad  Bou  Seroual,  lisez  Ouad  Bou  Srioul.